« Pour le vin, le parfait ne veut pas dire sublime. Un léger strabisme vinicole peut transformer un agréable nectar : John Malkovich, Barbara Streisand ou, d'après César et pour un autre préjudice esthétique, Cléopâtre ne nous contrediront pas. Un vin lisse peut se révéler ennuyeux, tandis qu'une petite remontée tannique en finale, une légère bosse sur la piste des rondeurs, une pointe d'agressivité en quart de finale, une torsion imprévue de dernière minute et voilà la bouche du buveur surprise et satisfaite, prête à envoyer une demande expresse de récidive au service en charge du lever de coude. »
Jacques Dupont, bien connu pour ses articles sur le vin dans Le Point nous amuse en racontant sa vie de critique. Ses souvenirs épiques de voyages de presse, ses appréciations à propos des étiquettes, ses coups de gueule sur ce que « doit » être un bon vin. Jacques Dupont nous régale de son ton décalé et très drôle, de ses anecdotes brillantes.
Un délice à lire.
Et si, d'ici dix ans, un artiste, par exemple un cinéaste, devenait aussi marginal et anachronique qu'un maréchal-ferrant ?
Et si les acteurs du monde culturel étaient en passe, non de disparaître tels les animaux de la préhistoire, mais pire : de rentrer dans le rang ? Absorbés par le marché ?
Et si ce livre nous indiquait la voie à suivre : une autre écologie de la culture. Celle inspirée par l'agriculture rebelle et le geste fraternel des vignerons naturels. Ces artisans de la terre qui ont repris le rôle contestataire abandonné par les artistes.
Et si ce livre nous appelait à une révolution tranquille et joyeuse ? Le temps de l'insurrection est venu.