« Le plus vieux métier du monde ». Mille fois répétée, cette expression incarne et représente la place qu'occupe la prostitution dans l'imaginaire collectif : celle d'une activité pour le moins controversée mais pourtant perpétuellement présente. Cet ouvrage examine le monde de la prostitution à Paris au XVIIIe siècle pour tenter de décrypter le mode de fonctionnement du réseau lui-même, dans sa constitution et son organisation, et pour s'interroger sur l'existence possible d'un « métier » de la prostitution au Siècle des Lumières.
Cet ouvrage est à la fois une contribution à l'histoire maritime et à l'histoire antillaise. En s'intéressant aux navigations militaires aux Antilles, les chercheurs réunis ici proposent autant un état des lieux des recherches qu'une nouvelle vision de la présence navale européenne dans l'aire caribéenne. À travers la présence des flottes de guerre ou des unités navales isolées dans les eaux antillaises les auteurs s'intéressent aussi bien aux fonctions des navires qu'aux différents acteurs administrateurs engagés dans le jeu géo-stratégique complexe que se livrent les grands empires dans la Caraïbe au XVIIe, au XVIIIe et au début du XIXe siècles.
La double "canonisation" de Jeanne d'Arc, religieuse et civile, intervient en 1920. Au moment où ce processus est engagé, la République et l'Eglise catholique honorent chacune la future sainte et la libératrice du pays. Les panégyriques de l'époque présentent régulièrement la Pucelle d'Orléans comme animée conjointement par l'amour de Dieu et l'amour de la France. Après une étude sur la formation de la cohésion nationale, l'auteur s'attache à montrer comment les panégyristes présentent le patriotisme de Jeanne d'Arc et nous propose un tour d'horizon de ce patriotisme dans les diverses expressions artistiques.
Ce livre propose une description et une analyse des objets et des moyens du commerce en haute Provence, entre la fin du XVIIe et le milieu du XIXe siècle. Après un panorama général montrant la grande
diversité des produits que la haute Provence met sur les marchés, parfois lointains, et ceux dont elle s'approvisionne à l'extérieur, l'auteur s'attache à l'étude du négoce du gros bétail, en particulier les fameux mulets de Seyne, mais aussi les boeufs de labour produits à la montagne et utilisés dans les champs de basse Provence. L'auteur montre ensuite comment les foires sont les lieux fondamentaux de ces échanges, qui maillent le temps et l'espace d'un réseau connecté par des chemins qui restent longtemps piétons et muletiers.
Costume ou vêtement ? Écrire une histoire portant sur les dessus et dessous vestimentaires en Martinique répond à cette problématique. Si le terme costume semble approprié à bien des égards, le choix du terme de vêtement est plus adéquat dès lors qu'il englobe aussi bien ce qui est dessus que ce qui est dessous. Le système esclavagiste a-t-il empêché ou favorisé la culture des apparences au profit du groupe dominant ? Les groupes sociaux infériorisés, libre de couleur et esclave, ont-ils réussi à contourner ou à détourner les règlements à leur encontre afin de se valoriser socialement ou concurrencer économiquement par le paraître l'autre, le blanc ? S'appuyant sur nombre de sources primaires essentielles, l'ouvrage contribue à la connaissance de l'histoire culturelle de la Martinique.
Guerre et politique. Une relation en apparence bien connue qui, à travers la vie d'Adrien Maurice de Noailles, prend un tour différent, s'incarne. Cet homme oublié par la mémoire collective, issu de la haute noblesse, ce maréchal-duc, ministre de Louis XV, a passé sa vie entre des cabinets politiques et des champs de bataille. Cet homme pluriel au Siècle de Lumières nous permet de mieux comprendre une partie de l'organisation de nos sociétés, un des rôles de l'histoire.
Jean-Pierre Tardieu rapporte ici comment l'expédition organisée en 1792 sur ordre du gouverneur des territoires français de l'océan Indien, pour rapporter depuis Montevideo plus de 10 000 quintaux de blé et ainsi faire face à la disette qui menaçait l'Île Maurice (dite alors Île de France), éveilla dans la ville portuaire du Río de la Plata des sentiments divers - peur du ferment révolutionnaire français et appétits commerciaux - et comment cette expédition se solda par un échec.
Cet ouvrage se penche sur Acapulco et le galion de Manille, en tant qu'éléments incontournables du XVIIème siècle. Peu abordé, Acapulco, riche de son port, a toujours été sous-évalué, renvoyé à un rôle de faire-valoir sans intérêt. En fait, Acapulco fut une porte d'entrée vers l'Asie, mais aussi le lieu d'un vigoureux échange entre les ports d'Amérique centrale et du Sud (principalement avec le royaume du Pérou). Préludant à la mondialisation actuelle, les relations entre Acapulco, Manille, la ville de Mexico et l'Espagne, sont analysées avec brio.
L'histoire de l'installation des premières colonies françaises sur la côte Est de Madagascar aux XVIIe et XVIIIe siècles n'a suscité que peu d'études. Après avoir épluché le courrier administratif et les rapports d'exploration de la période, l'auteur montre que l'échec de ces tentatives est dû à la faiblesse structurelle des établissements français, minés par les hésitations de la politique coloniale et par les conflits internes entre colons et commerçants. Ces éléments vont davantage contribuer à leur échec que les fièvres et l'opposition des autochtones, généralement tenues pour responsables.
Au XVIIe siècle, Vincent de Paul envoie des membres de sa congrégation, les Lazaristes, évangéliser le sud de l'île de Madagascar. Cet ouvrage, qui reprend tous les documents de cette période, permet de mieux connaître la population malgache de cette époque, de voir les divergences qui existaient entre les autorités politiques et les missionnaires et de rendre compte des différents problèmes auxquels ces derniers étaient confrontés.
Saint-Simon, penseur fécond et original, avait prophétisé l'avènement d'une nouvelle société. Devait se substituer à l'ordre ancien le règne des savants, des artistes et des industriels, pour la paix et une prospérité sans précédent. Grâce à la coopération de toutes les classes sociales, « la classe la plus pauvre et la plus nombreuse » sortirait de sa condition. Ses disciples créeront la religion saint-simonienne, dont le versant rationnel et technique sera mis en place sous le Second Empire. Robert B. Carlisle nous raconte la genèse de cette aventure qui influencera notre politique industrielle.
Cet ouvrage propose une approche du phénomène convulsionnaire janséniste en suivant l'histoire d'une secte particulière, celle des "Fareinistes", depuis ses débuts dans l'Ain autour des années 1780, jusqu'à son enracinement à Paris autour d'une prophétesse convulsionnaire, la "soeur Elisée". Les faits et leur contexte historique (entre jansénisme rural et urbain, Révolution française, millénarisme et prophétisme) sont précisément décrits. Un questionnement parcourt l'ouvrage : comment expliquer ces « délires » religieux ? L'approche anthropologique et sociologique, privilégiant les faits de culture et d'histoire, est confrontée avec les théories psychiatriques.
Avant la prise de la Bastille, entre le 10 et le 14 juillet 1789, la population parisienne dévaste et incendie les bureaux de l'octroi, où sont perçues des taxes sur les produits de consommation et qui délimitent le Mur des Fermiers généraux. Les ravages qui se produisent lors de ces attaques soulignent la montée d'une exaspération sociale qui a sa propre autonomie, distincte du mouvement qui se porte sur la Bastille. L'auteur établit que les destructions aux barrières en juillet 1789 s'inscrivent dans le temps long des résistances antifiscales et constituent un soulèvement général aux racines profondes.
L'histoire porte sur Louis XVI un jugement qui reste très souvent négatif, véhiculant la légende d'un roi mou et incapable, fuyant ses responsabilités au profit d'activités manuelles jugées indignes d'un monarque. Ces a priori ont occulté le fait que, loin d'être le benêt de la caricature, Louis XVI possédait une éducation et une culture étonnantes. Passionné de géographie, il a été l'instigateur de l'expédition Lapérouse. Les après-midi de Louis XVI nous révèle un autre visage du roi, à la lumière de ses activités scientifiques et artistiques mais aussi humaines et sociales.
Dans ce livre qui rend hommage à Bachalou Nondichao, célèbre traditionniste béninois, l'auteur retrace l'histoire du Danhomè (Dahomey) sous le règne de Kpengla. Né vers 1735, le prince Yansunu accède au trône le 17 mai 1774. Roi sous le nom fort de Kpengla, il y reste jusqu'à sa mort survenue le 17 avril 1789. Son pouvoir est caractérisé par des guerres menées contre des régions voisinesou plus lointaines, des activités économiques largement dominées par la production agricole et une tolérance religieuse avec la présence du christianisme et de l'islam à Agbomè (Abomey).
Après deux siècles de troubles et d'assujettissement qui marquèrent la région forestière, Gbéngbédou émerge et se constitue en une monarchie de type coutumier. Il s'impose alors comme l'une des forces politiques et militaires émergentes du pays Kissi dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Mais dans une cohabitation forcée avec le colonisateur, l'exceptionnel destin de la monarchie est alors brutalement stoppé dans son évolution. L'épisode d'une « Révolution » impitoyable consacra le drame vécu par ce peuple et marquera le couronnement d'une époque, la fin d'une épopée et la chute d'une dynastie.
Qui, de l'homme ou de la femme, dirige réellement la vie conjugale et la famille aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Partant de cette interrogation, l'auteur a consulté les archives de près d'un millier de procès en séparations de biens ou de corps ou de divorce, d'où surgissent les émotions, les souffrances et les bonheurs, l'impuissance, les rumeurs, les menaces, les défaillances ou les duperies qui émaillent les vies conjugales brisées. C'est une plongée au coeur du quotidien des Françaises et des Français « ordinaires », depuis le début du règne de Louis XIII jusqu'aux conséquences de la loi révolutionnaire de 1792 autorisant le divorce, qui est proposée ici par l'auteur, documents à l'appui.
La découverte de l'Amérique fut un événement majeur de l'histoire de la chrétienté. Durant tout le XVIe siècle, les Rouennais et les Cauchois s'imposèrent comme des interlocuteurs privilégiés de certains peuples du Brésil ; les Normands finirent par nouer des liens d'amitié avec la tribu des Tupinambas. Les marins ont rapporté croquis et dessins de cette population et de la végétation luxuriante. Les premiers motifs à s'imposer dans la sculpture décorative savante de la Renaissance sont les masques à plumes, que l'on retrouve par exemple sur les riches tombeaux des cardinaux d'Amboise à la cathédrale de Rouen. Croisant récits de voyage, histoire du commerce normand, histoire générale, l'auteur part sur la piste des traces "indiennes" encore jamais étudiées pour ce qui touche au domaine populaire en Normandie.
L'histoire de l'ancienne bibliothèque du Roi est bien connue grâce à la magistrale étude de Léopold Delisle parue au XIXe siècle. À cette époque, le manuscrit anecdote édité ici n'appartenait pas encore
aux collections publiques et L. Delisle n'a pu en avoir connaissance. Il présente trois intérêts majeurs, celui d'avoir été écrit au début du XVIIIe siècle et de faire état de manuscrits aujourd'hui disparus,
celui de mentionner l'état des reliures, elles aussi disparues au XIXe siècle et celui enfin de fournir de précieuses indications de provenance qui manquèrent à Delisle. Jean Boivin, qui entra en 1698 à la bibliothèque du Roi comme commis aux manuscrits, fit ensuite une brillante carrière à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
La dernière biographie en français de Guillaume III remonte à l'année 1880. Son auteur, Arthur de Lort de Sérignan, s'attachait uniquement à la carrière militaire de son modèle. Depuis cet ouvrage, aucun historien français ne lui a consacré de biographie. Ce « mortel ennemi » de Louis XIV méritait-il un tel ostracisme ? Certes, historiens anglais et néerlandais ont depuis longtemps rendu justice à leur grand homme. Il était donc temps de se rapprocher du Prince, d'autant que cet immense épistolier rédigeait en français : Pour que cet homme d'État renaisse, il suffit de le lire.
L'Ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom de l'Ordre de Malte, constitue une organisation chevaleresque des plus importantes dans l'Histoire de l'Europe. Cette recherche, qui puise dans des manuscrits inédits du Vatican, de l'Ordre à Malte et à Rome, de même qu'à d'autres sources inédites à plusieurs endroits en Italie et en Grèce, reconstitue la vie du chevalier-frère Antonio Bosio, brutalement mort en 1530. Interlocuteur priviliégié de l'empereur germanique, du pape, des rois d'Angleterre et de France, il mena une vie digne d'un roman. Et pourtant, personne ne lui avait jusqu'à présent consacré un article ou un livre.
Les relations diplomatiques entre le royaume de Koongo et le Saint-Siège sont riches et très anciennes. L'auteur lève le voile sur ces années florissantes du royaume mais aussi sombres à cause de l'esclavage introduit par les Portugais et les Espagnols.
Une approche purement scientiste du corps n'est pas en mesure de rendre compte ni de la complexité des processus de guérison ni de la frontière entre santé et maladie. L'attitude psychologique du patient joue un rôle aussi important que le remède administré. A travers l'analyse de textes et d'auteurs peu exploités, Roberto Poma se livre à une étude originale et interdisciplinaire visant à clarifier l'étrange rationalité de la médecine magique au seuil des Lumières.
De la fin du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe, le long de la côte de l'actuelle Mauritanie, des escadres de marine et des troupes d'infanterie françaises se sont battues contre les marins et marchands hollandais aussi bien que contre les tribus maures trârzä. L'enjeu de cette guerre, à la fois économique et militaire, était le contrôle du marché de la gomme arabique récoltée sur des bois de la rive droite du Sénégal. Il en allait du profit des compagnies françaises, mais surtout de l'honneur du drapeau et de la gloire du roi. Un moment peu connu aussi bien de l'histoire coloniale et économique française que de l'histoire mauritanienne.