Le 27 avril 1848, alors que la France abolit l'esclavage pour la seconde fois, le gouvernement accorde dans le même temps une indemnité aux colons « dépossédés » de leurs esclaves. Ils reçoivent, par la loi du 30 avril 1849 et son décret d'application du 24 novembre 1849, 126 millions de francs, en versement direct et en rentes.
La France traverse alors une crise économique et cette indemnité représente 7 % des dépenses publiques. Les législateurs prennent pourtant la décision de la verser : c'est la condition que les anciens propriétaires d'esclaves posent à l'Émancipation générale. Tout en abolissant l'esclavage, la France ne veut ni perdre ses possessions ni supprimer l'ordre colonial.
Cet ouvrage reproduit les discussions qui ont conduit à l'élaboration de cette loi. S'y trouvent les plaidoyers des planteurs, les positions de personnalités telles que Cyrille Bissette ou Victor Schoelcher, les échanges au sein de la commission instituée pour en préparer le règlement et les délibérations parlementaires qui ont suivi. Ces textes permettent de saisir les enjeux de cette indemnisation dont les conséquences sont dénoncées aujourd'hui.
Ce livre présente une étude originale et complète d'un événement pourtant fréquemment étudié : le coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis Napoléon Bonaparte contre les institutions républicaines dont il était le premier président élu au suffrage universel masculin.
Une étude originale parce qu'à la différence de celles qui l'ont précédée, elle ne se limite pas aux organisateurs du coup, le Prince-Président, Morny et Maupas. Elle décrit en effet l'opération et sa contestation dans son ampleur nationale, avec la diversité des situations provinciales. Longtemps ignorés,
les relais locaux sont au cœur du travail de Patrick Lagoueyte qui restitue leur action : préfets, militaires, magistrats, etc.
Une étude complète car elle ne s'intéresse pas seulement aux journées du coup d'État, mais s'étend aux premiers mois qui le suivent. Débordant d'initiatives, le futur Napoléon III jette alors les bases d'une dictature destinée à éradiquer l'opposition républicaine.
Marquée par un recul politique et par une justice d'exception, cette époque est aussi celle d'une accélération de l'entrée de la France dans l'ère de la communication et de la modernité.
La mer entourant les colonies insulaires de la Caraïbe n'a jamais été une barrière et encore moins un obstacle insurmontable, mais au contraire une véritable voie vers les autres colonies. En 1833, alors que la France maintient l'esclavage, l'Angleterre l'abolit et cette décision qui ouvre l'ère des abolitions européennes ultérieures provoque des évasions d'esclaves à partir des colonies françaises de la Guadeloupe et de la Martinique.
Georges Bernard Mauvois (1949-2011), dans cet ouvrage qu'il n'a pas eu le temps de parfaire avant sa disparition, traite de cette question peu documentée par la recherche historique. Patiemment, il a traqué les traces archivistiques qui permettent de retrouver ces figures d'esclaves de la Martinique qui risquèrent leur vie pour rejoindre les colonies anglaises de Sainte-Lucie ou de la Dominique. Bravant les interdictions, les menaces et surmontant leurs peurs, ces hommes et ces femmes ont rejoint, par la mer, ces terres étrangères qui étaient, pour eux, promesse de liberté.
Cette étude, bien qu'inachevée, est un document pour l'histoire car elle jette les bases pour de nouvelles recherches à venir. Sa publication est aussi un hommage à un historien et érudit dont les travaux originaux ont toujours cherché à reconstruire un sujet esclave ou affranchi agissant pour établir ou défendre sa liberté.
Honneur et respect.
Au milieu du XIXe siècle, la marine française, pour contrer les positions anglaises, a passé des traités avec les « rois » des villages de l'estuaire du Gabon et s'est vite attribué la pleine souveraineté sur des territoires de plus en plus étendus. De cette implantation aux allures pacifiques, les rapports des capitaines restituent le processus séquentiel qui renseigne sur ce qui donne à la colonisation sa signification profonde.
Cette chronologie de la bataille de Camerone, construite autour du récit officiel lu dans toutes les unités de la Légion étrangère le 30 avril, est un témoignage de l'héroïsme des légionnaires de la 3e compagnie du Régiment Étranger. Le serment de Camerone a été repris par d'autres unités de la Légion étrangère. L'intégralité des droits d'auteur de ce livre est reversée à l'Entraide légionnaire et à l'Entraide légionnaire.
Cet ouvrage met en scène un dialogue entre « Timée », ancien administrateur colonial à la retraite, et « Ergaste », jeune aspirant à la carrière coloniale. La forme dialoguée permet à Hardy, à travers les questions innocentes d'« Ergaste », de corriger ses présuppositions sur la nature du colonialisme à la française et le travail de l'administrateur, et d'esquisser un portrait plutôt idéalisé de l'oeuvre colonisatrice de la France, le tout à fort caractère autobiographique.
En 1830, la Grèce obtient son indépendance. L'Empire ottoman aux multiples nationalités est en crise. Les Turcs sont chassés d'Alger. Après les trois Glorieuses, Louis-Philippe Ier hérite de cette conquête qu'il va poursuivre. Le débat colonial est ouvert par la presse et les députés discutent âprement. Pour éteindre le brasier, défendre leurs intérêts, protéger les routes commerciales, garantir la sécurité des chrétiens et soucieuses de maintenir l'équilibre européen, les nations interviennent dans la question de l'Orient. La France se taille alors la part du lion en Afrique du Nord.
Longtemps larvé, l'antagonisme entre le Saint-Siège et l'État français se mua, à partir de 1808, en un duel féroce scandé d'épisodes dramatiques comme l'excommunication de Napoléon ou l'enlèvement de Pie VII. Les contributions réunies dans ce livre s'attachent notamment à interroger la manière dont ces évènements ont été vécus par les catholiques de l'Empire. Quelles motivations ont inspiré leur soumission ou leur résistance ? Quels liens peut-on établir avec les oppositions politiques à Napoléon ? Comment cette crise a nourri les controverses internes au catholicisme ?
Dès le seuil du XIXe siècle, lorsque l'abolition officielle de la traite atlantique des esclaves est devenue progressivement effective, l'expansion fulgurante du Danxome sur l'aire d'Ajatado s'est stabilisée en ses nouvelles frontières. Mais la traite clandestine venait de s'organiser et les structures traditionnelles de la vie civile et morale en ont été ainsi renversées. C'est justement à ce moment de crise tragique que la mission chrétienne réussit à s'implanter définitivement sur toute la contrée, en introduisant les germes d'ordre spirituel qui, seuls, permettent un renouveau authentique.
Ce sont ces figures grecques du palikare que présente cet ouvrage : d'abord le klephte (ce bandit des grands chemins), ayant pris les traits d'un vaillant guerrier, encensé par les écrivains, ensuite le personnage plein de bravoure, pour terminer sur la figure parodique du palikare-polisson, qui ne rapelle plus que de loin ses ancêtres glorieux. La gloire se transporte du côté des pitreries et du jeu, un jeu qui garde toutefois, en arrière-plan, la notion de défense de la patrie.
"Le Monde du négoce à Saint-Pierre" est la première étude sociale, culturelle et matérielle consacrée à la fois à l'ensemble des grands entrepreneurs du commerce et à ceux qui débutent dans cette voie tout au bas de l'échelle. Valorisés par l'honorabilité et le prestige de leurs professions, ces individus ont réussi à marquer de leur empreinte la société pierrotine en ayant une influence certaine sur la vie publique de la cité.
La nomination d'Eugène Guillaume (1822-1905) ouvrait l'ère des directeurs qui n'étaient plus nécessairement peintres et dont les compétences administratives, réclamées par la direction des Beaux-Arts, n'avaient plus rien de commun avec le laxisme bon-enfant qui avait régné jusqu'alors. Le grand défaut de Guillaume était un goût forcené pour les distinctions et il travailla sans relâche, lorsqu'il fut à Rome, à obtenir un fauteuil à l'Académie française, qu'il obtint en 1898. Son attention pour la villa Médicis fut assez médiocre lors de son premier mandat. Ensuite, ayant obtenu ce qu'il désirait, il tenta vainement de redresser la situation financière catastrophique dans laquelle se trouvait son établissement. Il n'y parvint pas et sombra dans la sénilité.
Édouard Puyo a contribué grandement à la modernisation de la ville de Morlaix à l'époque haussmannienne, en agrandissant ses accès, en installant les fontaines, en améliorant l'éclairage, en élargissant les places, en édifiant des halles et un abattoir, en agrandissant l'hôpital des Aliénés et, judicieusement, en créant un pont tournant. Son père, Joachim Puyo, a développé le trafic maritime international de ce port morlaisien ainsi que l'industrialisation du beurre. En explorant les archives dans la propriété familiale nommée Bagatelle, située dans le Finistère, Armelle de Lafforest a désiré transmettre à ceux qui s'intéressent au Second Empire, au Siège de Paris et à la ville de Morlaix, la vie de cette époque passionnante et émouvante.
La traite négrière transatlantique a été la cause active de la déportation de plusieurs millions de captifs africains, issus d'univers linguistiques et culturels multiples et multiformes, vers les berges américaines, entre le XVIe et le XIXe siècle. Dans cet ouvrage, l'auteur s'engage dans un dialogue interculturel et linguistique en prenant comme cadre le Brésil, unique pays lusophone d'Amérique. L'exercice consiste à jeter un regard synchronique sur la langue et le patrimoine artistique et culturel de ce pays pour y identifier certaines réalités tangibles d'origine africaine et analyser leur portée, à travers une méthode qui prend appui sur l'histoire.
Ce livre examine les questions de la main-d'oeuvre et de sa contribution à la production agricole. Sont aussi étudiées les actions des syndicats dans différents secteurs de la vie sociopolitique et économique du Cameroun et de l'Afrique. Cet ouvrage est un hommage à Léon Kaptué, universitaire reconnu au Cameroun et à l'étranger. Dès ses premiers travaux scientifiques, il s'est intéressé à l'histoire sociale du travail et de la main-d'oeuvre au Cameroun. Sa thèse de doctorat soutenue en 1988 portait sur « l'expérience syndicale au Cameroun, des origines à nos jours ». Devenu spécialiste de cette question, il n'a cessé de produire les fruits de ses recherches.
Comment Penser la Commune, penser la réflexion et l'action des actrices et des acteurs la Commune ? Que peut apporter en ce cas, le dialogue de la philosophie avec d'autres disciplines, notamment l'histoire, la science politique et les sciences de l'éducation ? L'ouvrage présente ainsi plusieurs idées-forces de la pensée populaire en actes qui s'exprima lors de la Commune. Leur étude permet de revisiter le républicanisme au prisme d'une philosophie plébéienne qui, aujourd'hui encore, a conservé son potentiel corrosif pour l'ordre social. Cet ouvrage réunit les actes du colloque international tenu à Paris en 2021, à l'occasion du 150e anniversaire de la Commune de Paris.
Ce livre présente la correspondance transatlantique (1803-1821) d'une famille patricienne anversoise, dont la fille cadette surmonta les difficultés de l'émigration, épousant un Américain et s'installant avec lui sur une plantation esclavagiste du Maryland. Leurs lettres se lisent comme un roman. Elles révèlent comment, à la veille de l'existence autonome de la Belgique, ces réfugiés de la Révolution française, descendants du peintre Rubens, aidèrent leur fille à affirmer une spécificité culturelle déjà clairement belge dans la capitale américaine.
Chaumergy, le "Coin du Bois" : de ces quelques arpents de Bresse comtoise, l'auteur cultiva des images enchanteresses. Jusqu'à éprouver le besoin d'explorer l'envers du décor, puisque rien n'avait été raconté d'Eloïse dite "La Lo" -fille-mère devenue rustique et vénérable bisaïeule au mitan du 20ème siècle. L'auteur s'est aidé des archives pour retrouver la trace d'Eloïse et des siens et pour raccommoder les lambeaux de la mémoire familiale, ravivant ainsi sa filiation à d'humbles paysans d'une Belle Epoque qui prend fin en 14-18.
L'édition des « papiers Lapière » offre aux auteurs une occasion privilégiée de revenir sur la révolte militaire de 1895 à Luluabourg-Malandji et son cortège d'expéditions guerrières en éclairant la scène coloniale d'un regard critique sur l'abondante historiographie des événements. Un large examen des matériaux disponibles, tant de source primaire que secondaire, permet également de revenir sur la manière dont les professionnels de l'histoire les ont exploités : « the point of history is to study historians, not to study the past » (Evans 1997).
Du patronage des libérés de prison et des enfants délaissés de Seine-et-Oise à la sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence, de 1876, année de sa naissance, à 1961, année charnière de son développement institutionnel, une association se raconte « au fil du temps ».
Le 23 août 1857, Caen inaugure le canal qui relie son port à la mer. Cet « outil » permet à la ville d'affirmer sa dimension commerciale et à la Basse-Normandie d'engager un renouveau industriel. Il contribue à créer le premier complexe de sidérurgie sur l'eau, fondé sur les réserves de minerai de fer local, les importations de houille anglaise et la fabrication d'acier et de fonte. Pour compléter ce triptyque, la Société navale caennaise est créée en 1903. Caen ne devient pas une ville-port industrielle pour autant. Après s'être adapté pendant plus d'un siècle, le canal a perdu une partie de sa raison d'être au profit d'un nouvel avenir fondé sur le tourisme, avec la création de la passerelle transmanche à Ouistreham en 1986.
Ce livre d'histoire et de sociologie présente l'évolution d'une noble famille tonkinoise, prise dans les tourments de la colonisation et contrainte à l'exil en France. Le lecteur suivra les heurs et les malheurs, la résilience puis la résurrection sociale d'un véritable clan, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à l'année 2018 : les ors d'une vie luxueuse dans le Viêtnam traditionnel, les bouleversements de la colonisation française, les intrusions chinoises et japonaises, la guerre d'Indochine, la ruine, l'exil vers Saïgon puis vers la métropole, l'implantation difficile en banlieue, l'accession à la classe bourgeoise, et la lente reconstitution de la fortune familiale...
Le destin de cette famille culmine dans l'histoire de madame Kiên, fille du patriarche Pham Gia Thuy et serviteur de l'Empereur Bao Daï. Grâce à ses talents mondains et culinaires, cette femme d'affaires inimitable parvint à rassembler autour d'elle le Tout-Paris vietnamien pendant de nombreuses années.
Illustré de nombreux costumes reconstitués, avec des prises de vues à l'Opéra Garnier, au Musée Masséna de Nice ou encore au Vésinet, ainsi que d''accessoires et de documents anciens, l''ouvrage nous mène des bals aux bains de mer et de l''Opéra aux scènes de rue de l''époque. Au-delà d'une savante mise en perspective de la mode féminine, il offre un panorama de la vie des femmes - aussi diverses que la marchande à la toilette, la lavandière, la lionne ou la dame de compagnie de l''impératrice - dans la société de la seconde moitié du XIXe siècle.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.