De quelle Russie Poutine est-il le maître ? Pour unifier ce peuple pluriel conquis tour à tour par les Vikings et les Mongols, sans véritable frontière naturelle, aussi européen qu'asiatique, la Russie a fait de ses multiples influences son identité propre, quitte à lui forger des légendes. Mais, en jouant de ce passé, elle s'est enfermée et contrainte dans ses rapports au monde extérieur. Telle est la thèse de Mark Galeotti qui, tout en relatant avec brio l'histoire de ce pays-continent en quelques chapitres enlevés, nous donne les clés pour le comprendre.
Une réflexion passionnante et accessible, jamais coupée de la Russie moderne, pour mieux appréhender la figure de Vladimir Poutine et le poids de l'Histoire dans la crise géopolitique actuelle.
Le pire est arrivé. La Russie est redevenue ce volcan impérial et nationaliste qu'elle fut à différentes reprises au cours de l'histoire. Russie : ce mot claque aujourd'hui comme une gifle cruelle. Mais nous faisons le pari que ce pays ne méritera jamais d'être réduit à une pareille caricature. Il faut aimer la Russie pour décider de rééditer ce volume, l'un des classiques de L'âme des peuples... Nous l'avons fait parce que nous savons combien il est indispensable de surmonter les impressions, les clichés, les accusations dévastatrices, même lorsqu'elles sont fondées. Ce petit livre n'est pas un guide. Il dit ce que le peuple russe est aujourd'hui. Parce que l'on ne comprend rien, du côté de Moscou et de la Volga, si l'on n'a pas le goût de l'âme russe chevillé au corps. Un grand récit suivi d'entretiens avec Tamara Kondratieva (professeure à l'INALCO), Ludmila Oulitskaïa (écrivaine) et Fiodor Loukianov (sociologue et journaliste).
À PROPOS DE L'AUTEUR
Observateur politique assidu de la Russie où il a longtemps vécu, Alain Délétroz était souvent invité à commenter l'actualité dans les médias russes avant la guerre en Ukraine. Passionné de culture russe, son affection pour cet immense pays a guidé son écriture.
Octobre 1917 : dans le tumulte de la Grande Guerre, le coup d'État bolchevique apparaît comme un épisode parmi d'autres. Mars 1953 : la mort de Staline fait la Une des journaux du monde entier. Entre-temps, l'URSS est devenue la seconde puissance mondiale. Le modèle soviétique se pose en concurrent de la démocratie libérale. Il inquiète les uns et fascine des millions d'autres, qui ne connaissent de l'URSS que les images embellies filtrant de ce lointain pays. De la révolution d'Octobre à la mort de Staline en passant par la NEP, le pacte germano-soviétique et la constitution d'un bloc soviétique, Nicolas Werth retrace les premières décennies de l'URSS et pose le problème de la continuité et des ruptures entre la théorie léniniste et la pratique stalinienne.
Embrasser toute l'histoire russe dégage des lignes de force et des permanences structurelles, en dévoilant les réalités complexes d'un État-continent.
Plus de 90 cartes et infographies inédites présentent l'histoire de la Russie, mettant l'accent sur les différentes régions d'un territoire immense et sur les modalités de son contrôle par l'État.
o La Russie impériale, puissance en expansion depuis le XVe siècle, est fragilisée par une modernisation tardive et la guerre ; elle est mise à terre par la Révolution de février 1917
o La Russie soviétique se forge dans une immense violence politique et sociale tout en donnant naissance à un monde nouveau, urbain et industriel
o La période postsoviétique voit la Russie, après un temps de repli et d'incertitudes, tenter de renouer avec sa grandeur passée.
D'Ivan III, «grand-prince de Moscou et de toute la Russie» au XVe siècle, à Vladimir Poutine, président d'un pouvoir central de retour sur la scène internationale, le territoire de la Russie a ainsi connu de nombreuses évolutions.
« La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme. Mais il y a peut-être une clé : l'intérêt national de la Russie. » (W. Churchill)
Plus de 100 cartes et infographies pour comprendre les problématiques actuelles et les enjeux pour la Russie.
o Traditions, démographie, retards d'équipements : les faiblesses d'un géant.
o Énergies, industrie spatiale, aéronautique, nucléaire, armée : la puissance russe retrouvée.
o Basculement vers l'Asie et tensions avec l'Europe : la dérive géopolitique du continent.
Crise ukrainienne, évolution des frontières, nouvel équilibre mondial : cet atlas met en perspective les intérêts géostratégiques de la Russie d'aujourd'hui.
Le Parti sous Staline : non pas l'appareil et son sommet, mais, pour une fois, le parti des communistes. On connaît les statistiques des adhérents, mais pourquoi et comment devient-on communiste ? On connaît les grands thèmes de l'idéologie stalinienne, mais quelle formation politique et morale recevait le militant de base ? On connaît les fluctuations de la Ligne générale, mais quelles étaient, au jour le jour, les tâches des militants ? On connaît la lutte au sommet entre Staline et Trotski, mais quel écho cette lutte avait-elle à la base et que représentait le trotskisme pour le militant ordinaire ? On connaît les grands procès de Moscou, mais comment les militants organisaient-ils la chasse aux "éléments politiquement douteux" ou "socialement étrangers" ?
Présentés par Nicolas Werth, voici les textes qui racontent les tâches, les ambitions et les hantises quotidiennes des militants. Autobiographies, interrogatoires, enquêtes, rapports, directives et confessions, souvent tirés des inappréciables Archives de Smolensk, disent l'idéal et la misère de ceux qui avaient rêvé d'inventer l'homme nouveau et de mériter dans l'effort et dans la peine le digne nom de communiste.
En 2014, Vladimir Fédorovski a publié Poutine, l'itinéraire secret, relatant les détails de l'ascension de l'actuel président russe (1952-2000). En même temps, il annonça la parution du deuxième volet de son enquête (2000-2017).
Les derniers événements ont confirmé la pertinence d'une telle publication. La tension internationale, la crise ukrainienne, le retour à une nouvelle guerre froide, la crise syrienne et, dernièrement, l'élection de Donald Trump ont porté la personnalité de Poutine au pinacle. Depuis son arrivée au pouvoir suprême, en 2000, son aura n'a cessé de croître, au point que ce qui passait pour une figure de style est devenu une réalité : Poutine le Tsar.
Par-delà les appréciations et opinions, ce livre d'actualité propose de déchiffrer ce phénomène par le biais de multiples clefs. De l'ensemble surgit, tel un portrait à multiples facettes, le nouveau tsar de toutes les Russies. Y sont analysées sa psychologie, sa carrière de leader politique, mais aussi la géographie et l'histoire de son pays. Poutine devient ainsi un reflet de la Russie elle-même, avec ses hantises, ses faiblesses, ses fantasmes et sa force.
Mais c'est aussi un livre de révélations sur un personnage hors normes, sur son entourage, son système, sa vie personnelle, ses méthodes, sans parler de ses liens avec les oligarques et les services secrets.
Bousculant les idées reçues et l'esprit politiquement correct, Poutine de A à Z dessine le portait inattendu de l'homme fort de la Russie confronté au choc de l'élection de Donald Trump, déterminant pour l'avenir de notre planète.
Historien de l'URSS stalinienne, Nicolas Werth a éprouvé le besoin d'aller sur place, à la recherche des traces du plus grand système concentrationnaire du vingtième siècle. La route de la Kolyma est le récit de cette expédition insolite et fascinante dans l'immense contrée isolée de la Sibérie orientale, à neuf heures de vol de Moscou. Région emblématique du Goulag, la Kolyma, grande comme deux fois la France, est aujourd'hui une région sinistrée, aux villes dépeuplées. Nicolas Werth a rencontré les derniers survivants des camps, mais aussi les membres de l'association Memorial qui luttent pour que cette page sombre de l'Histoire ne soit pas oubliée. Il a sillonné les pistes de la Kolyma, pour tenter de retrouver les vestiges des camps de travail forcé, où les détenus extrayaient, dans des conditions extrêmes, l'or, la grande richesse de la Kolyma. Une quête souvent vaine, tant les traces se sont effacées dans ces terres que l'homme n'a jamais véritablement conquises. Comment appréhender cette civilisation disparue ? Ce voyage à la recherche de la Kolyma perdue est aussi une réflexion sur le métier d'historien.
En 1613, les Romanov ont été portés sur le trône de Russie à l'issue desiècles tragiques où le pouvoir a été transmis ou conquis par le meurtre. De 1613 à 1917, quinze souverains donttrois femmes ont incarné la dynastie. Les Romanov ont gouverné un empire devenu le pays le plus étendu du monde - ce qu'il est encore en 2013. Cette dynastie exceptionnellement brillante, certains empereurs - Pierre le Grand, Catherine II, Alexandre II - comptent parmi les plus hautes fi gures de l'histoire universelle, a permis à la Russie de devenir une très grande puissance européenne puis mondiale. Pourtant, le sang n'a cessé de couler au pied du trône. De là, trois questions, l'histoire russe a-t-elle créé les conditions de cette violence ininterrompue? Le destin tragique de cette dynastie était-il écrit dans son passé: invasions, cultures, religions diverses qui se mêlaient sur la terre russe? Ce rapport inédit du pouvoir légitime et de la violence conduisaient-ils inéluctablement à la tragédie fi nale et au système totalitaire dont la capacité de durer et la violence furent non moins exceptionnelles ? Historienne de la Russie, Hélène Carrère d'Encausse est membre de l'Académie française depuis 1991 où elle a été élue Secrétaire perpétuel en 1999. Elle a reçu le prix Aujourd'hui pour L'Empire éclaté (Flammarion) en 1978, le prix Louise-Weiss en 1987, et le prix Comenius en 1992 pour l'ensemble de son oeuvre. Sa biographie de Nicolas II (Fayard 1996) a obtenu le prix des Ambassadeurs en 1997.
Le nom de Iejov, ministre du NKVD, la police politique soviétique, est associé pour toujours au moment le plus sinistre de l'histoire russe, celui de la Grande Terreur (1937-1938) et de ses millions de victimes.
Alexeï Pavlioukov a eu accès aux archives centrales du FSB (les services de police politique), habituellement fermées aux chercheurs, et en particulier aux dossiers d'instruction de Iejov lui-même et de ses plus proches collaborateurs, quand ils furent à leur tour arrêtés. Cherchant à se disculper, tous racontèrent dans le détail comment la machine avait été mise en marche sur ordre de Staline, et comment elle avait fonctionné pendant un peu moins de deux ans avec ses quotas de victimes planifiés.
Iejov, personnalité banale, sinon falote, apprenti tailleur, soldat adhérant pendant la révolution au parti bolchevik dont il devient un fonctionnaire, s'élève peu à peu à l'intérieur de l'appareil grâce à une vertu que très vite relèvent ses chefs : l'aptitude à exécuter coûte que coûte les ordres reçus, sans états d'âme autres que la promesse d'une promotion. Petit, timide, piètre orateur, inculte, il serait probablement depuis longtemps oublié s'il était resté un homme de l'appareil du parti responsable des cadres et n'avait pas été, par la volonté de Staline, appelé à s'occuper de la police politique.Le lecteur suit pas à pas cette ascension, puis la chute quand Staline décide de mettre fin à la Grande Terreur et de se débarrasser de ses exécutants.
Iejov fut un rouage essentiel de la Grande Terreur ; sa biographie est en réalité celle d'un système avec la part de hasards, de rencontres, d'opportunités de carrière, de logique bureaucratique et d'effets sanguinaires, dictés tant par l'aveuglement idéologique que par les circonstances d'une réalité qui échappe aux plans et se montre rétive aux programmes. C'est, somme toute, la biographie scrupuleuse d'une criminalité de bureau.
Ce document passionnant nous fait découvrir ces héroïnes qui ont combattues les nazis et ont affronté l'horreur de la Seconde guerre mondiale. À la fois essai méticuleusement documenté et récit romanesque, Les Femmes tireurs d'élite de l'Armée rouge permet de redonner la parole à ces oubliées de l'histoire. À partir de 1942, l'Armée rouge décide de faire appel à de plus en plus de femmes pour compenser ses pertes catastrophiques. Si certaines sont volontaires, la plupart sont en réalité mobilisée d'office. Majoritairement très jeunes, elles se retrouvent auxiliaires dans les états-majors, infirmières, assistantes mitrailleuses et, pour beaucoup, tireuses d'élite. Soumises à un entrainement brutal et intensif d'à peine quelques mois, elles sont ensuite envoyées directement sur le front. Grâce à des archives inédites ainsi que de nombreux entretiens, Liouba Vinogradova retrace leur histoire et nous entraîne à leur côté dans leurs vies quotidiennes au sein des unités, à côtoyer la mort, confrontées non seulement à la violence de la guerre mais également aux discriminations liées à leur sexe.
Entre 1905 et 1922, l'Empire russe a connu une série d'épisodes révolutionnaires qui ont abouti à la chute de l'empire tsariste et à la création de l'Union soviétique. L'ouvrage se consacre à cette quinzaine d'années qui ont métamorphosé la Russie de Nicolas II et le monde tout entier en présentant et analysant les différentes phases du processus révolutionnaire.
Le soulèvement en 1905 contre le régime autocratique des Romanov est le premier de ces événements. Il bouleverse les anciens équilibres et fait entrer le pays dans une profonde crise d'identité politique, entre maintien de l'autocratie et expérience constitutionnelle. L'entrée de l'empire dans la Grande Guerre, les échecs militaires, la crise économique et les grèves aboutissent à la révolution de Février 1917, à l'abdication du tsar et à la formation d'un gouvernement provisoire. Enfin, la révolution d'Octobre 1917 voit la prise du pouvoir par les bolcheviks, l'instauration d'un gouvernement communiste et le début d'une guerre civile qui durera jusqu'en 1922, date de la création de l'Union soviétique.
Cette analyse politique, institutionnelle et économique propose une vision ample de la période et montre la pérennité d'un domaine impérial russe, non pas dissous, mais reconfiguré par les nouveaux maîtres du pays.
De Pierre le Grand à Nicolas II, la Russie s'affirme comme un des acteurs majeurs du concert des nations européennes, empire multiethnique et multiconfessionnel à cheval sur deux continents et objet d'une quête identitaire entre nationalisme, spiritualité orthodoxe et mystique révolutionnaire. Pierre le Grand projette son empire sur la scène internationale et le remodèle, dans une transformation qui s'apparente à une réinvention complète du peuple russe. Puis, sous le sceptre de quatre impératrices, la Russie se porte à la tête des nations civilisées, tandis qu'au XIXe siècle, au contraire, le trône est occupé par des empereurs affichant un style de gouvernement masculin. Sous Alexandre Ier, le rayonnement du pays atteint son apogée avec la victoire remportée sur Napoléon, avant que son successeur, Nicolas Ier, s'attire une hostilité quasi générale dans son rôle de « gendarme de l'Europe ». La défaite de Crimée (1855) ouvre enfin une période de tension extrême. L'alliance avec la France, scellée à la veille du XXe siècle, ainsi que les défis logistiques et militaires auxquels la Russie est confrontée l'amènent au grand tournant d'octobre 1917.
Catherine II de Russie (1729-1796) est l'un des personnages les plus mythiques de l'Histoire russe. Et pourtant cette impératrice n'a pas une seule goutte de sang russe... Rien ne prédestine cette petite princesse allemande, née Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst en 1729 à Stettin en Poméranie, à devenir un jour impératrice de toutes les Russies, héritière spirituelle de Pierre le Grand. Sa vie est un véritable roman avec ses débuts difficiles, de nombreux obstacles jonchés sur son chemin, un couronnement suivi de triomphes militaires et politiques et de grandes déceptions qui parsèment sa vie privée.
Tantôt glorifiée en tant que disciple des Lumières et amie des philosophes français, tantôt vilipendée à cause de l'aggravation du servage ou coupable de régicide, Catherine II est un mythe qui vacille entre légende noire ou dorée. Qu'une femme gouverne. Passe. Élisabeth l'avait précédée. Mais qu'une femme réforme un empire aussi vaste, aussi orthodoxe, aussi archaïque dans ses traditions oligarchiques ! Et qu'elle veuille mener sa vie privée comme un homme suscite un flot de fantasmes et d'affabulations. Trop de liaisons. Trop d'amours. Trop de tapages font d'elle une nouvelle Messaline, qui préfère ses amants - de plus en plus jeunes et beaux - à la transmission du sang pur des Romanov.
Aujourd'hui, Catherine est de nouveau au goût du jour en Russie : son mythe impérial incarne les nouveaux désirs de l'État post-soviétique. C'est elle qui rattache la Crimée à l'Empire russe en 1783 et c'est Vladimir Poutine qui l'annexe de nouveau à la fédération de Russie en 2014...
Derrière cette nébuleuse, l'auteur dresse le portrait tout en finesse d'une femme ordinaire, avec ses joies et chagrins, ses espérances et ses déboires. Visage réel et humain tiré de ses Mémoires, correspondance et écrits.
Vingt ans après la Révolution russe, les fameux « procès de Moscou » (1936-1938) représentent l'acte fondateur du totalitarisme stalinien. En quelques mois, hauts dirigeants et militants de la première heure sont éliminés en nombre à l'issue de procédures kafkaïennes qui préfigurent les « grandes purges » de 1937 et 1938.Tout commence le 1er décembre 1934 avec l'assassinat de Sergueï Kirov, seul rival de Staline en popularité au sein du Comité central. Un mois plus tard, 13 coïnculpés en plus de son meurtrier sont fusillés, au nom d'un improbable complot. Ce premier procès servira de matrice aux suivants : accusation de haute trahison, de sabotage et d'espionnage ; documents à charge créés de toutes pièces par le NKVD ; torture physique et psychologique des prévenus ; orchestration implacable des audiences destinée à les rendre crédibles auprès d'un public trié sur le volet. Il s'agit tout à la fois de se débarrasser de concurrents gênants, de fournir au « Petit Père des Peuples » une mainmise totale sur l'appareil du Parti et d'ériger un paravent médiatique aux exécutions de masse perpétrées dans l'ombre.Enrichi de témoignages et de documents d'archives déclassifiés après la dissolution de l'URSS, cet ouvrage propose un récit poignant de ces procès-spectacles, en intégrant les apports de la recherche historique des dernières décennies. Historien et auteur de documentaires, Alain Frerejean est notamment l'auteur chez Fayard de C'était Georges Pompidou (2011) et chez Perrin de deux biographies croisées : Churchill-Staline (2013) et Staline contre Trotski (2016).
C'est un plaisir rare que cette brillante reconstitution historique doublée d'un polar haletant qui remet en lumière une histoire infamante trop longtemps occultée, une effroyable injustice, dont il est important de prendre conscience : l'affaire Beilis - l'affaire Dreyfus de la Russie tsariste. Simon Sebag Montefiore, auteur des Romanov, 1613-1918À Kiev, entre 1911 et 1913.
Un jour de Mars 1911, le cadavre d'un garçon de treize ans est retrouvé dans une grotte d'un quartier déshérité de Kiev. L'enfant est à demi-nu, son corps est lardé de 47 coups de couteau.
L'Ukraine est alors intégrée à la Russie tsariste et sa population juive soumise aux mêmes règles de ségrégation, interdictions de séjour et humiliations permanentes. Dans ce contexte, les Black Hundreds, organisation violemment antisémite, relancent une vieille rumeur qui voudrait qu'à l'approche des Pâques, les Juifs sacrifient des enfants chrétiens pour mêler leur sang au pain azyme. Et c'est ainsi qu'un coupable est désigné : Mandel Beilis. Ce père de trois enfants, modeste et timide, ouvrier à la briqueterie voisine mène une vie paisible, mais il est Juif.
Le procès commence et ce qui deviendra l'affaire Beilis va prendre un retentissement extraordinaire, mobilisant bientôt tout ce que le Monde compte de Lumières, de Thomas Mann à H.G. Wells, en passant par l'archevêque de Canterbury, Jane Addams, Sir Arthur Conan Doyle ou Anatole France.
Et pendant ce temps, une femme jubile, Vera Cheberyak, machiavélique chef de gang, ravie de voir l'attention de l'opinion se détourner de ses propres activités sanguinaires...
L'épopée du communisme a marqué la vie politique et intellectuelle du xxe siècle. Tout a pourtant commencé par la prise du pouvoir en Russie par un petit groupe d'hommes, les bolcheviks. Appuyé sur des documents d'archives inédits, ce livre nous introduit dans l'intimité inavouable des acteurs principaux de la Révolution russe.
Rejetant l'épique et le monumental au profit de l'intime et de l'humain, ce récit rigoureux prend parfois des allures d'enquête policière, voire de roman d'espionnage alors que tout est pourtant vrai, argumenté, référencé. C'est la grande originalité du livre de Victor Loupan qui nous fait passer des caves de la Tcheka aux salons feutrés de Wall Street, des geôles sibériennes aux cafés à la mode des capitales européennes. En se penchant sur la part invisible de la Révolution russe, il ouvre des portes restées fermées jusqu'ici.
Voyant le nom de Léon Trotski dans les journaux, le maître d'hôtel du célèbre Café central de Vienne s'exclame : « C'est ce gars-là qui a pris le pouvoir en Russie ? Mais il me doit encore de l'argent pour des consommations ! » Au fil des mois passés dans l'intimité souvent choquante de Lénine, de Trotski et d'autres acteurs de la Révolution, nous comprenons vraiment ce qui s'est passé.
Auteur de plusieurs ouvrages de référence consacrés à la Russie et au monde communiste, dont La Révolution n'a pas eu lieu (Robert Laffont), L'Argent de Moscou (Plon), Le Défi russe (Éditions des Syrtes) et Nicolas II, le saint tsar (Presses de la Renaissance), ancien grand reporter au Figaro magazine, Victor Loupan est journaliste et éditeur. Il est l'une des voix les plus connues de Radio Notre-Dame. Grand spécialiste de la Russie, il contribue aux pages « Opinions » du Figaro.
La déflagration de Petrograd provoqua des destinées extrêmes. Des femmes et des hommes se jetèrent à corps perdu dans cette envie révolutionnaire, portant leurs engagements jusqu'à l'incandescence. Beaucoup s'y consumèrent. Voici quatorze portraits de destins exceptionnels, forgés dans la tourmente d'Octobre-17.
Ils ne sont pas tous acteurs de premier plan, mais chacun se saisit de l'événement pour l'amplifier ou pour se construire une vie nouvelle. La future diplomate Alexandra Kollontaï imposa à Lénine la libération des femmes. L'affairiste truand Naftali Frenkel participa à la construction du Goulag. Nestor Makhno organisa le premier grand soulèvement anarchiste. Yakov Blumkine, tout à la fois poète, espion, tueur et martyr de Staline. Jeanne Labourbe, l'institutrice française tuée à Odessa, Larissa Reisner, déesse guerrière de l'Armée rouge, Roman von Ungern-Sternberg, le baron fou de Sibérie, Isaac Babel, l'écrivain juif s'enrôlant comme soldat sur les conseils de Gorki, pour " courir le monde "...
En 1939, l'URSS annexe une partie de l'Europe centrale et orientale. Durant la décennie qui suit, un million d'Allemands, de Biélorusses, d'Estoniens, de Lettons, de Lituaniens, de Polonais, de Hongrois, d'Ukrainiens, dont de nombreux juifs, sont arrêtés par familles entières. Les hommes sont envoyés dans des camps de travail, les femmes, les enfants et les plus âgés sont déplacés dans des villages du Grand Nord soviétique, en Sibérie ou dans les steppes kazakhes.
Dans un récit bouleversant, Marta Craveri et Anne Marie Losonczy restituent ce pan longtemps ignoré de l'histoire du Goulag en donnant la parole aux témoins qui n'étaient encore que des enfants ou des adolescents lorsqu'ils furent déportés. La violence, la peur, le danger, la lutte pour la survie ont constitué, des décennies durant, le quotidien de ces jeunes, sans pour autant faire disparaître les joies de l'enfance, les liens d'amitié, la curiosité. Une fois libérés, à compter du milieu des années 1950, parfois beaucoup plus tard, revenant sur leur terre natale devenue étrangère, ces adultes à l'enfance confisquée ont dû reconstruire une vie, une identité. Ils ont su faire face à la suspicion et au silence liés à ces crimes qui peinent encore à trouver une place dans la mémoire collective européenne.
La Russie d'hier et d'aujourd'hui...
De la révolution russe à aujourd'hui, la Russie n'a jamais cessé de fasciner, voire de surprendre. On croît la connaître, mais elle est à la fois proche et lointaine, immense, variée, insaisissable et ne laisse jamais indifférent. Des événements d'Ukraine à la coupe du monde de football de 2018, la Russie, dont 2017 marquera le centième anniversaire de la Révolution d'Octobre, ne quittera pas la une de l'actualité. C'est cette Russie d'hier, d'aujourd'hui et de demain, vivante, réelle, que ce livre décrit en y mêlant faits historiques, évènements marquants, politique et économie, société et vie quotidienne, tout en restituant les couleurs de ce pays, sa culture, sa littérature, sa cuisine, son humour, les sports, la mode, le cinéma. On a dit de Pouchkine qu'il était une " goutte de sang noir tombé sur la neige russe ". Ce livre veut montrer cette âme russe, cette couleur rouge, mot qui signifie en russe à la fois "beau" et "rouge". D'où la Place rouge, la belle place avec son fameux guide "Nathalie" chantée par Gilbert Bécaud...
Ce second volume consacré aux Sites de la mémoire russe poursuit et complète un relevé de la civilisation russe qui s'inspire des Lieux de mémoire de Pierre Nora. Ni articles sociologiques ou anthropologiques, ni encyclopédie, c'est un choix des topoï de la mémoire russe. Lieux et institutions de cette mémoire dans le tome 1, consacré à sa géographie, grandes étapes de son fonctionnement et dysfonctionnement dans ce tome 2, consacré à son histoire.
Le "récit historique russe" naquit au début du XIXe siècle, avec Nicolaï Karamzine. Il est étayé par "l'invention" des Antiquités russes, la série des Chroniques commencée sous Nicolas Ier et poursuivie aujourd'hui, les lettres écrittes sur écorce de bouleaux découvertes depuis 1951 dans les fouilles de Novgorod. Peinture et musique russes ont grandement contribué à ce récit et sont donc amplement traitées, tout comme l'histoire de l'Église et du sentiment religieux.
Le mythe dominant est celui de Pierre le Grand, on verra combien le premier empereur prit soin de le forger lui-même. Mais il y en a bien d'autres : celui de la révolte russe (Stenka Razine, Pougatchov, les décembristes, Octobre 1917), ou "Moscou Troisième Rome". Le corps embaumé de Lénine, la silhouette de Staline réapparue aujourd'hui témoignent des soubresauts de cette mythologie.
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La richesse et la grandeur impressionnantes de cette mémoire se conjuguent avec les crises d'amnésie et d'hypermnésie. Autant de paradoxes plus actuels que jamais pour comprendre la Russie.