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Ad Solem
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Le train dans le brouillard n'attendra pas minuit
Marie-hélène Lafage
- Ad Solem
- 13 Septembre 2017
- 9782372980814
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Dans le mouvement des lignes ;
Dans le fracas, la tourbe
Des mots
La poésie est souvent fille de l'admiration. Dans ce recueil, la poésie se découvre comme contestation. Avec la distance que permet la langue poétique, Marie-Hélène Lafage prend à témoin « les colporteurs du temps» qui empêchent la parole vraie de résonner dans « les avenues bruyantes de l'ère médiatique, chargés de leur orgueil, de leurs remèdes, miracles seuls capables de mettre fin aux maux du siècle ». La poésie se fait action - désir de transformation issu de la patience endurée devant l'abus des mots, alors que « l'on n'entendait plus partout qu'un vaste rire public entrecoupé de grandes lamentations ; la France était en représentation continuelle ». Ce recueil s'offre comme un espace poétique de liberté. Il déclame l'espérance à l'oeuvre dans la cité, dont chaque poème imprime le motif sur la page, en même temps qu'il invite à partir sur la trace de son origine.
Je suis parti
J'avais
Le pays pour moi seul
L'aube était si blanche,
Le matin
Écrivait un psaume.
Issue d'une formation en khâgne puis en Institut d'Urbanisme, Marie-Hélène Lafage est urbaniste en banlieue. Vice-présidente de l'association Les Altercathos, elle est co-fondatrice du café culturel Le Simone à Lyon. -
C'est comme la parole lorsqu'elle vous traverse. On ne sait rien. On l'écoute.La parole parle" dans le poème. Dans la prière aussi. Il faudrait se la représenter par cette image qu'emploie Janine Modlinger pour évoquer ce geste vers l'autre : la parole comme des "mains du silence". "Tel l'oiseau qui fulgure, tel le regard de l'aimé, quelque chose de ténu et d'insistant nous annonce la Présence". Après Éblouissements, Beauté du presque rien recueille ces éclats de la Présence perçus dans un instant, une rencontre, un visage - un paysage. "Presque rien" : c'est ainsi que nous découvrons le passage de l'Autre, dans l'écart de la distance que la parole cherche à rattraper. Un peu comme Maurice Blanchot, Janine Modlinger invite son lecteur à faire "ce pas au-delà" du nom donné, jusqu'à cet état que l'on appelle prière : pour que dans les "mains du silence" la Parole vienne se poser.Elle s'approche, c'est comme si elle connaissait ce geste depuis toujours.Janine Modlinger a longtemps enseigné à Paris. Son premier recueil, Éblouissements, a paru chez Ad Solem.".
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Le vasteLa nuditéLe peuplementDès l'origine
Ce nouveau recueil de Jean Maison remonte l'alphabet comme on remonte le temps, jusqu'à la première lettre - jusqu'au premier lieu d'où toute histoire procède : A - Eden. Une lettre, un lieu. A-Eden se présente comme un poème liminal. Une parole du seuil, proche de l'origine et pourtant déjà tournée vers l'histoire à dire qui comme se compresse dans la première lettre. Quelle histoire ? Celle de l'homme et de la femme - de l'amour qui donne sa raison d'être à tout.
Ainsi débute le A, par le lignage des voyelles, le verbe insufflé dès l'origine. J'ignore ce que je trouverai dans ce jardin alphabétique, ni même si je serai approché par ce plein ciel libre.Mais allant au cours des jours, par les eaux éphémères du langage, je plonge sans recours dans les flots retrouver le souffle des saisons, le visage éclairé au beffroi de mon abécédaire.
Jean Maison est poète et herboriste à Saint-Augustin. Son recueil Le Boulier cosmique (Ad Solem, 2014) a reçu le prix de poésie Charles Vildrac. -
Le voyage a sur l'homme cet effetpositif de le détourner de lui-même pour mieux l'yramener, enrichi d'un regard neuf que le monde a traversé deson abondance et de sa diversité.Après Carnetsnomades, Aethiopia et autres soleils, Nathalie Nabert poursuit sonarpentage poétique de l'intériorité. Ce recueil se déploie dans deuxregistres : celui de l'horizon, rendu possible par les steppes deMongolie, et celui de la montagne. Horizontalité et verticalité. Arpentage etascension. Deux topographies - deux typographies : l'espace du monde seretrouve dans l'espace de la parole poétique, comme une réponse à cetteinjonction à «habiter poétiquement le monde». Non pas pour s'y installer, maispour le traverser comme une occasion donnée pour se rejoindre au delà desoi-même. Après la lenteur du pas nomade et l'arrêt devant la beauté du soleilqui ne passe pas, l'espace des steppes donne l'occasion à la langue de NathalieNabert de traduire l'impatience d'un désir plus ancien que le temps.Cavaliers aux visagesGrêlés de pluie.Passagers du temps !Nathalie Nabert est doyen honorairede la faculté des lettres de l'Institut catholique de Paris.
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Matin ou soir
peu importe
les cloches nous ponctuent
En août 2014, en Syrie, Anne-Lise Blanchard découvre les villes fantômes de Qousayr, Homs. Les maisons des quartiers chrétiens ont été incendiées pour empêcher tout retour, une bombe a été placée dans la cathédrale de Homs. Elle écoute les paroles des déplacés en Syrie, des réfugiés au Liban. « Je les recueille comme de précieux fragments d'une vérité dénaturée, d'un quotidien ignoré ». « Nous vivons l'oecuménisme du sang » affirme en juin 2015 le patriarche catholique melkite d'Antioche. Ce sang répandu, comme la dignité rencontrée, Anne-Lise Blanchard avait promis d'en rendre compte. « Le danger sera là bientôt, chez vous, donc il faut être vigilant, éveillé, être vrai. L'Occident est complètement endormi » averti le Père Ephrem, dominicain irakien. De manière bouleversante, Le Soleil s'est réfugié dans les cailloux fait résonner poétiquement cet avertissement.
qu'elles mettent en branle
qu'elles suspendent
nos gestes
avec jubilation
elles traversent emportent
nos corps écrivant
la page du commun ouvrage
Anne-Lise Blanchard nomadise entre les Alpes, Lyon et le Proche Orient où elle oeuvre avec une organisation humanitaire auprès des chrétiens persécutés (SOS Chrétiens d'Orient). -
Je vis les paumes
Plus ou moins jointes
Sans trop savoir lire
Mon propre chemin
«Tranquillement inquiet» : ce nouveau recueil de Jean-Pierre Denis tient tout entier dans cet oxymore. Attitude en même temps qu'interrogation, il veut dire l'ignorance que nous entretenons au sujet de nous-mêmes. «Sens de la vie», «but de l'existence», «réussite». Nous aspirons à la clarté, et en même temps nous composons avec l'hypocrisie qui ménage notre espace vital dans la société. Sans complaisance, Jean-Pierre Denis s'attache à faire tomber ces masques. L'espace ouvert par l'écart des «paumes plus ou moins jointes» constitue le creuset de ce recueil. Son secret aussi. La parole poétique vient nous inquiéter «tranquillement», mais profondément, et non sans ironie. Elle nous invite à l'imprévu - à commencer par ce que le souci de nous-mêmes cache trop souvent à notre regard: notre vie.
Glissant de déni en dépit
À part ces quelques avanies
En somme j'avais tout prévu
Sauf la vie.
Jean-Pierre Denis est à la fois éditorialiste et poète, auteur de plusieurs recueils chez Ad Solem. -
Ce recueil de Thierry-Pierre Clément trace un itinéraire, celui d'un chemin de vie animé d'un émerveillement constant devant le monde et qui, s'il peut connaître des moments de doute et de chaos, reste ancré dans une espérance profonde. Chaque poème est ici orienté vers la lumière, déjà visible ou encore secrète. L'aube approche, ou c'est l'homme qui s'approche d'elle.Itinéraire qu'on osera dire « mystique », mais ce mot ne doit pas faire peur : le fil qui relie les perles de ces instants poétiques est celui de la vie ordinaire ; seulement, comme le personnage d'un tableau de Vermeer, le poète présente le collier à la lumière et nous invite à nous tourner vers elle, à nous laisser traverser par elle,
obéissant à l'inépuisable sangdes arbres et des chemins
traçant de la mainle geste qui dit ouioui au ventà la parole
Thierry-Pierre Clément vit à Bruxelles. Il a publié un roman et plusieurs livres de poèmes, ainsi que des essais et articles critiques parus en revues. -
En chemin vers Florence. Un regard se perd dans le paysage. Ou plutôt il cherche. Il se cherche comme on cherche un vis-à-vis, un visage ami, un visage aimé. Le visage d'une mère perdue trop tôt et qui transforme la vie en une longue attente. Attente qui alors donne d'autant plus de valeur à chaque rencontre, à chaque présence. Attente qui creuse l'attention néanmoins. Parce que peut-être, ce visage, ce paysage, ce tableau laissent apparaître quelque chose d'inattendu : l'Attendu lui-même. Dans ce nouveau recueil, les poèmes de Janine Modlinger recomposent ce visage disparu. Traversée montre qu'au-delà du désastre, quelque chose d'indestructible demeure.
J'ai promis de ne pas oublierLe désastre, mais d'en faireLe seuilD'où je m'élance.
Janine Modlinger a longtemps enseigné à Paris. Son dernier recueil, Beauté du presque rien, a été publié chez Ad Solem. -
Une lueur troue la murailleLe reconnaîtreEt puis le perdreNe plus le voirSaisir un peuDu feu de joieQu'il vint nous tendreAprès deux recueils psalmiques" (Psaumes du bel amour et Psaumes de l'espérance), Gérard Bocholier découvre dans Nuits cc qui constitue l'horizon poétique en même temps que spirituel de son écriture. Pourquoi "nuits" ? Parce que la vraie Présence se donne dans l'absence -dans une "nuit d'Emmaus" -, dans le retrait qui appelle la parole et la laisse comme suspendue devant ce qui s'est évanoui à peine donné. A peine nommé. "Nuits", parce que c'est à travers l'interstice de nos blessures qu'entre le Consolateur. Promesse de toutes nos résurrections -"nuit de Saul". Là résonne toute parole vraie.Sa voix résonneSi proche encoreGérard Bocholier est le fondateur de la revue Arpa. Son dernier recueil, Psaumes de l'espérance (Ad Solem, 2012) a été couronné par le prix de poésie François Coppé de l'Académie française.".
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Feu vivant né du coeurSi tes mots étaient vraisIls bruleraient la page.Une quête exigeante et inquiète attise la flamme du poète en mal de ciel", claire et sombre à la fois, comme ces beaux arbres que le livre précédent de Anne Goyen, Arbres, soyez, célébrait. Quelque chose de ce que certains écrits spirituels appellent une "âme avancée" résonne dans ce recueil. Une âme touchée par le "souffle d'éternité", qui fait entendre dans ces pages la parole délivrée par son propre souffle en écho - parole qui est un Amen, un Oui d'accueil et d'amour. Le Oui d'Anne Goyen exprime sa confiance, mais aussi s'épanouit dans une espèce de libération. Tout ce qui pouvait alourdir l'âme ou l'encombrer a été écarté. La place est faite. Tout entière elle s'offre à la visite de "l'Hôte", au Visiteur qui ne peut s'installer que dans un parfait berceau de silence.Qu'est-ce de nousQui se creusePour qu'au fin fondVienne habiterL'Hôte ?Après avoir enseigné les lettres classiques, Anne Goyen partage aujourd'hui sa vie entre la poésie et la musique.".