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République des Lettres
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Toutes les recherches poétiques d'une époque lassée de la rigueur du Parnasse et des suavités symbolistes se retrouvent dans "Alcools". D'instinct, Apollinaire y rejoint la tradition poétique française la plus pure, la plus directe, telle qu'elle s'incarne chez Ronsard et François Villon. Lorsque le poète penché sur la Seine se remémore son amour dans "Le Pont Mirabeau", la beauté grave et bouleversante de la douleur la plus discrète et la plus tragique y cotoie un air de romance populaire. Dans "Marizibill", il associe des strophes bouffonnes et pathétiques. Le mouvement épique de "La Chanson du mal-aimé", qui porte l'incantation à un degré magnifique d'évidence et d'émotion, la nonchalance habile et délicieuse de certains poèmes de circonstance, la résurrection de vieilles légendes rhénanes, attestent la diversité de ce recueil qui rassemble les poèmes écrits entre 1898 et 1913. Aucun livre de cette époque n'a exercé une influence comparable sur la poésie française de la première moitié du XXe siècle, ouvrant la voie à un nouveau lyrisme et inspirant notamment dada et le surréalisme.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Homère. Épopée composée au VIIIe siècle av. J.-C. mais puisée dans une longue tradition de poésie orale, l'"Iliade" traite en 24 chants d'un épisode crucial de la guerre de Troie: Paris, fils du roi de Troie Priam, a enlevé la belle Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte et frère du roi de Mycènes Agamemnon. Sous le commandement de ce dernier, les Grecs organisent une expédition contre Troie pour venger cet affront. Au lieu de traiter toute la guerre de Troie, Homère choisit un épisode bien précis: la colère d'Achille. Autour de cet épisode, il ouvre constamment des perspectives sur l'ensemble de la guerre, et ainsi l'épopée de la colère devient aussi l'épopée de la geste troyenne. L'"Iliade", oeuvre fondatrice de la civilisation occidentale, voit se mêler les grands enjeux de l'existence et de la nature humaine avec une intensité et des effets de complémentarité saisissants. Comme dans l'"Odyssée", le poème dépeint pour la première fois dans l'histoire l'être humain face à un destin qu'il a conscience de devoir accomplir. En outre le héros nous offre l'image inaugurale de quelqu'un qui finit par se reconnaître en l'autre et à voir en lui un homme, fût-il son ennemi. Les personnages, comme des archétypes humains posés une fois pour toutes, n'ont cessé d'inspirer les créateurs de l'Antiquité à nos jours.
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Texte original d'Une Saison en enfer suivie d'une biographie d'Arthur Rimbaud. En 1873, Rimbaud rejoint la ferme familiale de Roche et trace les premiers linéaments d'un "Livre païen" ou "Livre nègre" dont on devine qu'il s'agit de la future Saison en enfer. Après le drame bien connu de ses retrouvailles avec Verlaine au cours desquelles celui-ci le blesse d'une balle de pistolet, il regagne les Ardennes sans assister au procès. De retour au village de Roche, il y achève Une saison en enfer, sorte de "prodigieuse autobiographie psychologique" aux dires de Verlaine, éclairée de phénoménales lueurs et d'intuitions magiques. Tout en reniant l'Occident, le Christianisme et la loi du baptême, tout en se voulant "nègre" s'opposant aux Blancs misérablement civilisés, il mesure ce que la vie lui réserve: ses vingt ans devront entrer dans le monde du travail, connaître la loi du service militaire, participer à la vie du citoyen. Au cours des pages qu'il écrit dans la fièvre, il se cabre contre de telles nécessités, nous donnant ainsi une merveilleuse leçon de violence adolescente au nom d'une poésie à vivre. Dans Alchimie du verbe, il conteste également ce qu'il a pu écrire jusque-là. Imprimé à Bruxelles, grâce aux deniers de sa mère, et sorti des presses de l'Alliance typographique (Poot et Cie), Une saison en enfer ne sera pas distribué. Faute d'argent pour payer l'imprimeur, Rimbaud vient prendre six exemplaires, en dépose un à la prison pour Verlaine, distribue les autres à des amis et laisse le reste (près de 500 exemplaires) dans les locaux de l'imprimerie Jacques Poot où on les retrouvera intacts en 1900.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Stéphane Mallarmé. C'est sous le titre de "Poésies" que Mallarmé a préparé avant sa mort une édition de ses poèmes. Elle parut peu après, en 1899, chez l'éditeur belge Edmond Deman. Sa fille et son gendre ont ensuite complété l'oeuvre en ajoutant plusieurs inédits dans une nouvelle édition parue en 1913 aux éditions de la Nouvelle Revue Française. Le présent volume reprend le contenu des deux éditions. La date de composition des poèmes va de 1862 à 1898. La plupart ont été publiés à l'origine dans des revues littéraires ("Lutèce", "L'Artiste", "La Plume", "La Revue indépendante", "Le Parnasse contemporain", etc.), parfois en plaquettes, et ont souvent été remaniés à plusieurs reprises. Le recueil s'ouvre sur un "Salut", qui fait de l'aventure poétique une véritable odyssée. Il se ferme symboliquement sur "Mes bouquins refermés". Entre les deux, il organise une cinquantaine de textes autour des deux poèmes majeurs que sont "Hérodiade" et "L'Après-midi d'un faune". Ceux-ci occupent une position charnière entre les textes de jeunesse, plutôt d'inspiration baudelairienne, et ceux de la maturité purement mallarméenne. "Hérodiade", composé en 1865-66, marque une rénovation intellectuelle et esthétique radicale. C'est en creusant le vers d'"Hérodiade" que le poète découvre le néant au regard de quoi Dieu, l'âme et la poésie ne sont que mensonges. Prenant la suite, le monologue de "L'Après-midi d'un faune" présente lui l'envers lumineux de cette révélation à travers la figure du faune musicien devenu chantre de la fiction. Parmi les autres poèmes remarquables, citons notamment "Sainte", "Toast funèbre" (en hommage à Théophile Gautier), "Prose pour des Esseintes", la série des "Éventails", des "Petits airs", celle des "Tombeaux" (d'Edgar Poe, de Charles Baudelaire, de Paul Verlaine), ou encore celle des "Hommages" (à Richard Wagner, Puvis de Chavannes, Vasco de Gama). La poésie mallarméenne met en oeuvre une réflexion sur la poésie et l'écriture. Par la beauté d'un vers qui ne doit plus grand chose à l'éloquence ou au lyrisme romantique, par un art de la suggestion et de la transposition, par la densité d'une écriture qui vise à la rééducation de la lecture, les "Poésies" ont eu et ont toujours une influence décisive sur l'évolution de la poésie et ont fait de Stéphane Mallarmé un des pères de la modernité.
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"L'amour la poésie", ce «livre sans fin», est dédié à Gala, la compagne de Paul Eluard. Nous retrouvons dans les premiers poèmes du recueil l'inspiration amoureuse qui embrase la fin de "Capitale de la douleur". Mais maintenant, l'amour a exorcisé l'univers, conjuré les puissances malfaisantes et rendu «a confiance dans la durée». Dès lors vivre est possible, tout est possible: «Mes rêves sont au monde / Clairs et perpétuels / Et quand tu n'es pas là / Je rêve que je dors je rêve que je rêve.» Apparaissent alors quelques-uns des plus beaux poèmes d'amour de la poésie française, tel entre autres "Je te l'ai dit". Cependant, cette vision d'un monde transparent suscitée par l'amour, ne saurait, de même que l'amour, être immuable, assurée, possédée définitivement. Aussi le recueil contient-il à côté des clairs poèmes du bonheur nombre d'autres poèmes où le désespoir retrouve son ancienne puissance. Mais, au fond même de l'amertume, le poète reste constamment passionné, conscient de l'urgence qu'il y a à exprimer les révoltes encore muettes: «Entendez-moi / Je parle pour les hommes qui se taisent / Les meilleurs.»
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Victor Segalen. Édition illustrée. Nommé élève interprète de la marine, Victor Segalen arrive à Pékin en juin 1909. Il rencontre à Tien-Tsin Paul Claudel et entreprend avec l'écrivain A. Gilbert de Voisins une grande expédition en Chine centrale et au Japon qui durera neuf mois. De ce séjour, qui s'interrompra avec la guerre en août 1914, naîtront les grandes oeuvres de l'écrivain, dont Stèles (1912), inspiré par les pierres écrites chinoises dont la fonction était à l'origine sacrificielle et funéraire. Ce recueil de quarante-huit poèmes en prose -- de soixante-quatre dans la seconde édition (1914), chiffre correspondant au nombre d'hexagrammes du Yi King -- se présente extérieurement et intérieurement à la chinoise, mais l'exotisme, ici, ne sert que d'alibi. Ni traductions, ni adaptations des inscriptions gravées sur les stèles chinoises, ces poèmes expriment en réalité l'univers secret de Segalen, ses opinions, ses sentiments, ses expériences du voyage, un monde de sensations et de visions qui lui est propre. Par le détour de la Chine, par ce qu'il appelle l'allégorie, ils suggèrent des notions trop pures pour tomber sous la coupe des mots. L'indicible, l'invisible, l'inouï hantent en particulier les stèles du "Milieu" qui terminent le volume et marquent, comme dans la géographie chinoise, le lieu d'un passage spirituel. Victor Segalen a veillé personnellement à l'édition à la chinoise de 1912, tirée à 81 exemplaires, "chiffre qui correspond au nombre sacré (9x9) des dalles de la troisième terrasse du Temple du Ciel à Pékin". Dans une lettre adressée l'année précédente à son ami Claude Debussy, il exposait ainsi son projet: "un recueil de proses courtes et dures, mesurées comme un sonnet", conclues par "un trait expressif" pour faire advenir le "jour de connaissance au fond de soi". Dans une autre correspondance, il précise que les caractères gravés sur les stèles chinoises sont pour lui comme "une trame soudaine figée, qui n'est plus pensée dans un cerveau, mais pensée dans la pierre où ils sont entés. Et leur attitude, hautaine, pleine d'intelligence et de visions anciennes, est un geste de défi à qui leur fera dire ce qu'ils enferment..."
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Eupalinos ou l'architecte, l'âme et la danse : dialogue de l'arbre
Paul Valéry
- République des Lettres
- 7 Juin 2021
- 9782824906096
"Eupalinos ou l'Architecte", "L'Âme et la Danse" et "Dialogue de l'Arbre" de Paul Valéry sont trois dialogues poétiques inspirés par la philosophie antique. "Eupalinos", à l'origine préface à un recueil intitulé "Architectures" (1921), revisite les grands concepts platoniciens (la mimesis, la réminiscence, le philosophe roi, l'ignorance,...). Au royaume des ombres, il met en scène un dialogue entre Socrate, abîmé dans la contemplation du fleuve du Temps, et Phèdre qui lui rappelle le souvenir de l'architecte Eupalinos, ce constructeur du temple d'Artémis qui faisait «chanter les édifices». Socrate médite alors sur la beauté et sur son choix d'être philosophe plutôt qu'artiste. "L'Âme et la danse", écrit de circonstance publié à l'origine dans "La Revue musicale" (1921), doit beaucoup à la «musique des idées» que Stéphane Mallarmé lui a inspiré. Le médecin Éryximaque y dialogue avec Phèdre et Socrate sur la danse et l'orchestique et notamment sur la beauté incarnée dans le corps et le mouvement de la danseuse: «Le corps qui est là veut atteindre à une possession entière de soi-même, et à un point de gloire surnaturel... Mais il en est de lui comme de l'âme pour laquelle le Dieu, et la sagesse, et la profondeur qui lui sont demandés, ne sont et ne peuvent être que des moments, des éclairs, des fragments d'un temps étranger, des bonds désespérés hors de la forme...» Le "Dialogue de l'Arbre", inspiré quant à lui par "Les Bucoliques" de Virgile et écrit sous l'Occupation (1943), est une célèbration à la gloire de l'Arbre. Le dialogue se déroule entre le berger Tityre, qui jouit directement et immédiatement de la présence de l'Arbre, et le philosophe Lucrèce méditant sur le paradis terrestre de la sensualité et de la nature.
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Dans cet essai de poétique, Verlaine présente les «poètes absolus» du Parnasse français des années 1870-1880 qu'il considère comme «maudits» car incompris et ignorés par son temps. Au nombre de six dans la seconde édition augmentée de l'ouvrage (1888), ce sont Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'Isle Adam et le «pauvre Lélian», «celui qui aura eu la destinée la plus mélancolique», c'est-à-dire Verlaine lui-même. Ce fervent éloge de leur poésie, enrichi de précieux extraits, de nombreux commentaires critiques et de diverses anecdotes sur ces auteurs qu'il connaissait tous personnellement, les révéla enfin pleinement au public et ouvrit la voie à une nouvelle ère poétique en France.
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Tout le monde connaît Sappho mais ce n'est pas l'unique poétesse lesbienne antique. Renée Vivien nous présente dans "Les Kitharèdes" d'autres auteures à l'identité féminine rayonnante, rassemblant et traduisant du grec les fragments retrouvés des oeuvres amoureuses de Korinna (Corinne De Tanagre, célébrée dans "Corinne ou l'Italie" de Germaine de Staël), Myrtis (poétesse lyrique qui s'affirma en joutes poétiques devant Pindare), Télésilla (héroïne guerrière), Érinna (dont les strophes sont comparées aux chants d'Homère), Nossis (disciple de Sappho), Praxilla (auteure de chansons à boire), Damophyla de Pamphylie (qui ouvrit une école de poésie pour filles), Anyta (une «Homère féminine» nommée parfois Anyté De Tégée ou Anyta De Mytilène) et Moïrô (poétesse byzantine rangée par Antipatros de Thessalonique parmi les neuf muses terrestres). Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar et de nombreuses autres écrivaines contemporaines, ont loué cette anthologie qui marque une étape importante dans l'histoire de la poésie et du féminisme.
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Au rendez-vous allemand ; poésie et vérité 1942
Paul Eluard
- République des Lettres
- 15 Décembre 2022
- 9782824907338
Les deux recueils "Au rendez-vous allemand" et "Poésie et vérité 1942", publiés clandestinement pendant la Seconde Guerre mondiale, rassemblent les poèmes qui ont été directement inspirés à Paul Eluard par les luttes de la Résistance française. Le sens de "Poésie et vérité 1942", qui s'ouvre sur le superbe et provocant "Liberté", ne peut guère laisser de doute sur le but poursuivi: retrouver sa liberté d'expression pour mieux nuire à l'occupant nazi. «Mais fallait bien que la poésie prît le maquis», écrit-il. Paul Éluard fut le grand poète de la Résistance. Ses poèmes de combat, simples, directs, bouleversants, sont certainement les plus célèbres de son oeuvre et ceux qui firent le plus pour sa gloire. Selon Claude Roy, «De 1940 à 1944, des millions d'hommes et de femmes ont été véritablement amoureux de la liberté. Ils ont lu et compris "Liberté" comme on lit et comprend une déclaration d'amour». Une bibliographie et une biographie de Paul Eluard complètent cette édition.
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Les Soliloques du pauvre
Jehan Rictus, Jehan-rictus
- République des Lettres
- 6 Mars 2021
- 9782824905914
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Jehan Rictus. Le "pauvre" de Jehan Rictus, trimardeur parisien, loqueteux bohème, gouailleur et poète, est plus proche du vagabond médiéval que du prolétaire contemporain. Mais, en pleine période symboliste et parnassienne, le public fut très sensible au réalisme cynique, aux malédictions désespérées et aux anathèmes anarchistes de ces "Soliloques du pauvre", qui contrastaient fort avec la décadence raffinée alors à la mode. Le héros de ces soliloques - poèmes-chansons monologues écrits dans l'argot populaire des faubourgs parisiens de la Belle époque et destinés à être récités sur scène - est un sans-logis contraint d'errer dans Paris, comme le fut un temps Jehan Rictus lui-même, un gueux, un sans-dents, un marginal de la révolution industrielle qui exprime avec gouaille sa féroce ironie critique mêlée à un profond désespoir. Sceptique sur les "immortels principes", méprisant les démagogues et la bourgeoisie bien vêtue et bien nourrie, il se défie tout autant des professionnels de la bienfaisance, des hypocrites qui battent "T'tambour su' les ventres creux" dont le métier, dit-il, est de "plaind' les Pauv's" en faisant la noce. Ardent anarchiste du début du XXe siècle, Jehan Rictus, que l'on compare souvent à Jean Richepin et à Aristide Bruant, n'est pourtant pas révolutionnaire: trop de fatalisme, trop de scepticisme et trop de dégoût l'en empêchent: "Gn'a rien à faire, gn'a qu'à pleurer". Le présent volume contient les sept grands textes de l'édition finale des "Soliloques du pauvre". "Le Coeur populaire", qui fait parler prostituées, enfants battus, ouvriers, cambrioleurs, etc., contient pour sa part tous les poèmes de l'auteur n'appartenant pas aux "Soliloques": doléances, complaintes, ballades, récits, chants, etc., dont "La Jasante de la Vieille" ("Jasante" veut dire "Prière" en argot), qui reste peut-être son meilleur poème, inspiré par la vision qu'il a eue de la fosse des condamnés au cimetière d'Ivry.
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Comme toute l'oeuvre d'Antonin Artaud, "L'Ombilic des limbes" échappe à toutes les tentatives de critique et de description habituelles. Le recueil comprend cinq poèmes en prose d'une essence indéfinissable, hermétiques souvent, mais tous jaillis de l'authenticité et du plus profond de la souffrance de l'auteur. Artaud y rencontre les amants Héloïse et Abélard puis Paolo Uccello qui se débat "au milieu d'un vaste tissu mental où il a perdu toutes les routes de son âme". Il rédige quelques textes épistolaires sur le cinéma, d'autres poèmes ainsi qu'une mini-pièce de théâtre surréaliste. "Le Pèse-nerfs", publié la même année que "L'Ombilic", est également un recueil de plusieurs textes, lettres et poèmes. Artaud s'y adresse à "vous", ses "amis", son lecteur, son psychiatre, André Breton, une femme (trois "Lettres de ménage"), et bien entendu à Artaud. Tous questionnements et obsessions qui seront également au centre des "Fragments d'un journal d'Enfer" et des textes de "L'Art et la Mort" qui complètent ce volume.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Walt Whitman. Ce volume de soixante poèmes choisis de Walt Whitman ne se veut pas un simple recueil, mais un tout vivant extrait de façon raisonnée du millier de pages de l'édition complète des "Feuilles d'herbe". Le public y trouvera assez de substance pour comprendre ce chef-d'oeuvre de la littérature américaine, en admirer les proportions et la beauté profonde. Composé dans sa première édition d'une douzaine de poèmes, "Feuilles d'herbe" a évolué tout au long de la vie de l'auteur pour compter dans la dernière version publiée quelque 411 poèmes, dont beaucoup ont été réécrits plusieurs fois. "Feuilles d'herbe" est donc le fruit d'un processus complexe, fait de croissance, mais aussi de sédimentation. L'oeuvre entière laisse deviner ses strates successives mais chaque poème est un organisme autonome dont ce recueil a souhaité préserver l'intégrité. Les soixante textes sont suivis d'une biographie de Walt Whitman et d'une étude historique et critique de "Feuilles d'herbe".
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Les Lusiades
Luis de Camoes, Luis De Camoens
- République des Lettres
- Poesie Gallimard
- 29 Juillet 2021
- 9782824906171
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Luís de Camões (dit aussi Luis de Camoens). "Les Lusiades" ("Os Lusíadas"), long poème épique en dix chants commencé à Santarém en 1552, continué à Ceuta et probablement achevé à Macao vers 1556 mais publié à Lisbonne seulement en 1572, trois ans après son retour des Indes et un an après la bataille de Lépante, est le chef-d'oeuvre de Camões. Le poème relate les péripéties non seulement de la célèbre expédition maritime qui permit la découverte des Indes par Vasco de Gama en 1497 - la flotte de petits bâtiments rapides, les escales (Canaries, Mauritanie, Cap-Vert, Sierra-Leone, Congo, Cap de Bonne-Espérance, Mozambique, Malabar, etc...), les peuples rencontrés, les intrigues, les batailles, les maladies, les tempêtes, etc. - mais également, grâce au récit de Gama devant le roi de Mélinde, à partir du troisième chant, tous les hauts faits de l'histoire du Portugal qui occupent ainsi un bon tiers du récit. Il s'agit donc bien d'une épopée nationale dans toute l'acception du terme, "Os Lusiadas" signifiant "Les Lusitaniens", en référence à la tradition mythologique selon laquelle Lusus, fils de Bacchus, ayant conquis le pays, laissa son nom à la Lusitanie. "Portugais, nous sommes de l'Occident / Nous allons à la recherche de l'Orient", proclame Camões. Un souffle de sensualité chaude et sensible parcourt l'ensemble des "Lusiades", véritable modèle "scénographique" d'art littéraire baroque. Camões s'y abandonne sans cesse à la volupté des couleurs, de la lumière, des odeurs et des sons. Toute la palette des rouges (rubis, vermillon, écarlate, pourpre, roux,...), toutes les choses étincelantes ou chatoyantes (or, argent, joyaux, cristal, diamant, étoiles, perles, rosée, larmes, fleurs, chevelures, soieries,...), tous les sons alertes (tambours, cymbales, trompettes, cris, artilleries,...) sont l'occcasion du chant pour le poète. Son caractère d'homme de la Renaissance s'y épanouit dans sa plénitude, d'abord dans l'extraordinaire ampleur de l'oeuvre, ensuite par ce mélange, si typique de l'époque, de la mythologie et de l'histoire, du paganisme et de la religion chrétienne, que Camões trouve chez ses inspirateurs italiens. Vénus et Mars y protègent fermement les Portugais mais Bacchus les poursuit d'une hostilité opiniâtre. L'Olympe y est le théâtre de querelles rageuses, et nombreuses sont les menées de divinités adverses, en particulier celles de la mer. Ce recours à la mythologie et l'intervention des dieux païens dans l'ensemble du poème valurent d'ailleurs de sévères critiques à l'auteur. Si "Les Lusiades" sont parfois critiquées comme étant une oeuvre inégale, elles restent cependant encore très vivantes. Évocateur aussi bien de la mer et du déchaînement des grandes forces élémentaires d'un univers sauvage que de l'insinuante douceur de l'exotisme - qu'il est le premier à introduire dans l'esprit européen -, Luís de Camões demeure comme un merveilleux musicien de la nature qui a inspiré et inspire encore de nombreux écrivains. Le Portugal célèbre toujours régulièrement son poète national par des fêtes triomphales.
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Les Contrerimes
Paul-Jean Toulet
- République des Lettres
- Poesie Gallimard
- 19 Novembre 2021
- 9782824906423
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul-Jean Toulet. C'est en février 1921, cinq mois après la mort de Paul-Jean Toulet, que paraissent aux éditions du Divan et chez Émile-Paul frères "Les Contrerimes". Ce recueil, unique dans l'histoire de la poésie française, assurera définitivement la gloire de l'auteur. Comptant quelque soixante-dix contrerimes proprement dites, quatorze chansons, douze dizains et cent neuf coples (strophes), le livre devait paraître initialement en 1913, puis en 1914, à la demande de ses amis poètes de l'École fantaisiste, mais la guerre l'en empêcha. Les contrerimes sont des pièces poétiques d'un mètre tout spécial, formées le plus souvent de trois quatrains construites selon le schéma 8-6-8-6 et rimant à contre-mesure a-b-b-a. Il en résulte un rythme, un élan, une souplesse et une allégresse accentuée encore par l'usage de l'ellipse, impossible à atteindre dans une strophe aux vers égaux. Entre Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Guillaume Apollinaire et Omar Khayyam, l'essentiel de l'inspiration de l'auteur est une méditation sur la fugacité de l'instant éternisée par la perfection de la forme prosodique. Tableaux parisiens du début du XXe siècle, bars d'hôtels disparus, regrets d'une jeunesse enfuie, souvenirs du Béarn, de Paris, de Chine et d'Inde, fumées d'opium qui grésille, Toulet saisit toutes les occasions, y compris érotiques, pour être à la fois tendre et narquois, étrange et ironique, grave et léger. Le charme vénéneux de ses contrerimes réside dans l'intimité profonde de la vie, du souvenir et de la mort. Lors de son décès, Toulet laissa un ultime poème, inachevé: "Ce n'est pas drôle de mourir / Et d'aimer tant de choses / La nuit bleue et les matins roses / Le verger plein de glaïeuls roses / L'amour prompt / Les fruits lents à mûrir... / Enfance, coeur léger." Cette édition est complétée par les trente-huit "Nouvelles Contrerimes" tirées du recueil "Vers inédits" publié au Divan en 1936.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Emily Dickinson. Sans titre, au plus bref de simples distiques, au plus long des ballades d'une dizaine de quatrains, ces quelques 140 poèmes choisis parmi les 1775 de l'oeuvre complète, sont les multiples fragments d'une architecture tout en ruptures et en reprises. Considérée aujourd'hui comme l'un des plus grands poètes américains avec Edgar Poe et Walt Whitman, Emily Dickinson écrit sur la nature, le temps, l'amour, nos angoisses et nos espérances. Il n'y a jamais chez elle de volonté d'écrire autour d'un thème précis même si la séparation et la mort sont au coeur de sa méditation, souvent fort proche de la poésie métaphysique anglaise. Il ne saurait y avoir non plus de poèmes d'inspiration directement biographique pour elle qui souhaitait "Dire toute la vérité mais en oblique". Poèmes-paysages, scènes bibliques, élégies, sonnets ou apostrophes, c'est de manière discontinue mais selon un système d'échos qu'elle écrit ses poèmes, au fil d'impressions récurrentes et de reprises méditatives. C'est bien cette suite poétique qui témoigne le mieux de sa vie à la fois secrète et expansive, grave et moqueuse, discrète mais audacieusement libre, qui fut une constante méditation sur les paradoxes du visible et de l'invisible, de la parole et du silence.
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"Gitanjali, Song Offerings", publié sous le titre "L'Offrande Lyrique", ici dans la traduction française d'André Gide, est sans doute l'oeuvre la plus connue de Rabindranath Tagore, Prix Nobel de littérature 1913. Composé d'une suite de cent trois poèmes en prose, à la fois humble et magnifique fruit des méditations quotidiennes du plus mystique des poètes et du plus poète des mystiques bengalis, le recueil se veut un cantique d'amour, une offrande de prières et de chants à «Celui qui réside en tant que centre de toutes mes activités, mes résolutions, mes peines et mes plaisirs, qui est le point de rencontre de tous les atomes et du vaste univers...» L'amour en effet, compris par Tagore dans sa valeur universelle et dans une vision panthéiste de l'univers telle qu'elle est représentée dans les "Upanishad", et telle qu'elle a été élaborée ensuite par les grands maîtres du «Vedanta», est le principe d'où découle tout bien. Il s'en fait ici le meilleur apôtre avec sa parole lyrique inspirée, l'ampleur de ses images, la lumière, la force et la noblesse de son style.