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Le lézard amoureux
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Jeanne forever met en lumière différents visages de la féminité, en utilisant comme matière première les personnages cinématographiques incarnés au fil du temps par l'actrice Jeanne Moreau. Empreintes de l'aura particulière de celle-ci, de sa présence, de sa vulnérabilité, ces femmes, qui se distinguent par leur nature tantôt forte, tantôt fragile, par leur âge et la place qu'elles occupent dans le monde, se déploient à travers les poèmes de Stéphanie Filion et de Valérie Forgues. Cet ensemble de textes forme une traversée du monde intérieur ainsi qu'un questionnement identitaire sur la condition féminine. Il suggère une belle exploration du lien entre poésie et cinéma, entre réalité et représentation, et du côté éphémère de toute chose, à commencer par la vie.
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Le désir monte, enveloppe les jours. Une relation s'installe, puis dérive. Les instants partagés, les heures arrosées, se diluent. Ils laissent la mémoire flottante, la Magic 8 Ball muette. Soudain, on cherche l'autre, on se fracasse à son absence. Le poète observe ce qui semble voué à disparaître ; la fascination amoureuse, la poésie du quotidien, des mots gravés sur les murs, au détour d'une marche. Il en capture le sacré autant que le trivial, avant de les laisser filer. Diptyque poétique où le dedans et le dehors sont en constante tension, Prophétie en voix off est une flânerie au confluent du souvenir et du présent, entre extase et péril. Le poète se tourne vers l'extérieur, déambule dans la ville qu'il habite, un peu anonyme ; il trace les contours d'une carte où se superpose sa géographie intime.
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Livre de contrastes et d'affrontements, Le jour survit à sa chute raconte la mort. S'y côtoient et s'y enchaînent des territoires intérieurs à embrasser, les violences que l'on reçoit et celles que l'on porte, avant l'inévitable retour de la clarté. La marche en équilibre au coeur de ces dissonances fait de la poésie de Catherine Morency un espace où le regard perce, où mentir est impossible. Puisque « les bêtes nous habitent », que les coups peuvent revêtir différents visages, on porte attention à chaque manifestation des orages, des ombres et des couteaux. Il faut s'armer « pour des luttes souveraines », s'ancrer et suivre la poète dans sa traversée des vertiges.
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Dissection (désir) est un livre de déambulation dans lequel chaque pas déchire les tissus du territoire pour en dévoiler les mécanismes de violence.
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Le coeur pompe. Le coeur est une mécanique. Il est ce muscle qui travaille sans relâche. Paradoxalement, l'organe de la circulation sanguine est culturellement devenu le siège des émotions et de la passion. Coeur mémoire est le lieu de rencontre entre deux femmes, entre deux, voire, trois coeurs. Livre hommage autant que livre de rapprochement, plongée dans les souvenirs et dans les années 1980, entre l'intime et la culture populaire, ce recueil interpelle la force féminine que fut Diane Hébert, première Québécoise à recevoir une double transplantation coeur-poumons. Parce qu'elle a ému le Québec entier, qu'elle ressemble à Lady Di, qu'elle porte le même prénom que la mère de l'autrice, Diane, la Miniature, frappe l'imaginaire de la poète ; elle lui livre, par-delà la mort, le secret de son courage. À travers l'altérité, l'écriture s'ouvre sur un nouvel espace où l'identité continue de se construire, entre les enjeux de force et de vulnérabilité.
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Deux êtres, Charlie et Maxime, sont assaillis par des pulsions de vie et de mort. Leurs voix tissent un dialogue poétique aussi beau qu'inquiétant. Tous deux tentent tant bien que mal de survivre à leur solitude dans un monde oppressant, s'évertuent à résister à leur perte par la violence, apprivoisant le silence comme John Cage l'a fait avec son 4'33. Que reste-t-il lorsqu'on se retrouve seul face à soi-même ? Noir (taxidermie) prend comme point de départ cette question. Les voix entrecroisées de Charlie, de Maxime, mettent de l'avant le désir de résister à leur propre disparition; celui de trouver du relief au silence qui engloutit tout sur son passage. Pour rester en vie, il faut parvenir à entendre quelque chose qui recouvrira ce temps anxiogène. Il faut trouver une manière de donner une teinte au noir dominant qui inonde l'appartement lorsque la nuit arrive.
La taxidermie, c'est l'art d'avoir l'air vivant même lorsqu'on dépérit.
La taxidermie, c'est tromper la mort. -
divisible par zéro est la chronique d'une rupture annoncée qui fait porter sur le langage son handicap. Tour à tour enragés en silence, scandaleusement zen ou empêchés, ces poèmes tentent de saisir un assemblage d'angles et de lignes, une configuration destinée à la dislocation, pour en extraire quelque neuve tangente improbable. La lecture se fait glissante. Elle se meut, exigeante, étonnante, rythmée par une ponctuation par endroits choquante, portée par une voix qui se démantèle et s'invente.
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Les poèmes qui composent Radiale sont des apprentissages auxquels on ne peut échapper. Dans une maison où la mémoire brûle, sous la tôle froissée qui emporte l'enfance comme l'amour, à chaque dent de lait arrachée, on rêve d'îles où se poser. Il faut s'engager, creuser en soi, porter la chute comme un habit de lumière pour s'en délivrer. Sachant ce qu'on risque de perdre à tout moment, on prie des dieux qui n'existent pas, on revisite les lieux, on se transforme, on écrit. Le coeur branle, ne tient qu'à un fil. Il va tomber ou être arraché. Tour à tour histoire d'une traque et d'un enracinement dans le vide et la matière, c'est encore et surtout une histoire à laquelle il faut croire pour rester en vie.
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Quelque chose continue d'être planté là est un poème agglutinatif. Dans une prose qui allie candeur et précision, il retrace le parcours de la poète, ses allers-retours le long d'une côte asphaltée où les sites panoramiques et les villages se succèdent.
« Quelque chose continue d'être planté là » est la traduction en français du mot innu etapikapau, qui évoque la durée de vie d'un message écrit à même le territoire et qui, trouvé, permet de s'orienter, et non trouvé, continue d'être là, muet jusqu'à ce que quelqu'un le « lise ». Ce livre-poème tâche de retracer ces messages inscrits dans les lieux en s'ouvrant à l'héritage parlé et écrit dans la neige de ceux qui, depuis des siècles, ont parcouru le territoire québécois. -
Particules mélancoliques est un recueil de fragments d'identité déclinés en
poèmes. Écrits à la main et illustrés tantôt de façon abstraite, tantôt
avec un symbolisme hérité de l'enfance, ces poèmes sont tour à tour
introspectifs, joueurs, surréalistes et mélancoliques. Ils abordent les
questions de l'identité de genre, d'un dédoublement qui rappelle
Accompagnement, de Saint-Denys Garneau, de la sortie de l'enfance, de
l'amour et du désir.
On y découvre un je fragile et déterminé, subtil et drôle, qui, s'il
s'appuie sur des références culturelles contemporaines variées (allant
de Xavier Dolan à Nelly Arcan en passant par Vickie Gendreau),
déploie, un trait à la fois, sa propre voix. -
Cet ouvrage tire son origine de l'admiration et de la fascination que le poète voue à l'art performance. Scandés, propulsés, les poèmes se déploient sur la page en suivant des tonalités diverses, mais toujours liées à un profond désir de comprendre la nature de l'attachement qui lie l'homme à l'autre, à travers la passion amoureuse comme dans la haine et la violence qui les habitent. Un recueil vif, tendre et impitoyable à la fois.
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Dans Tout explose, Charles Quimper livre un premier recueil de poésie sous forme de détonateur, élaborant une poétique de l'implosion, mais aussi une méthode bien personnelle selon laquelle chaque poème devient un lieu de récolte, qu'il s'agisse de colliger débris, souvenirs, engrammes, traumas, catastrophes historiques ou imaginées. Tour à tour ancrés dans le désir d'aimer et la crainte de perdre, les textes de ce recueil se déploient entre réminiscence et projection, définis par les traces du passé, de la mémoire et de l'imaginaire.
Cet ouvrage poétique de Charles Quimper nous plonge au coeur de poèmes forts, concrets, d'une justesse troublante. -
Ce recueil gravite autour de la ville réelle et fantasmée de Palmyre (Tadmor). L'écriture du livre a commencé en 2015, lorsque cette
ville et son fameux site archéologique sont devenus le théâtre d'affrontements entre Daesh et les armées alliées du régime syrien.
Les poèmes mettent en scène différentes voix qui habitent la réalité factuelle et fictive de la ville de Palmyre : le site archéologique classé patrimoine mondial, mais également ses quartiers résidentiels, sa prison, son désert, c'est-à-dire des lieux qui n'ont pas la même « aura ».
C'est une architecture de voix à travers le temps : fragiles et intransigeantes, parfois impersonnelles, intimes, psalmodiques,
impératives; celle de l'archéologue, du djihadiste, du touriste... Ces écrits font l'épreuve de la troublante actualité de Palmyre, s'y acharnent, sans but précis. Un acharnement qui tente simplement, malgré tout, d'en conjurer la violence. -
Ne plus planter de ciseaux dans ton cri
Forest Isabelle
- Le lézard amoureux
- 29 Mai 2019
- 9782923398693
Avec Ne plus planter de ciseaux dans ton cri, Isabelle Forest pose un regard cru sur l'état du monde et la fragilité de nos existences. Les poèmes, empreints de colère, de honte et de tendresse, sont tendus comme une toile, entre espoir et constat d'échec. La poète voyage entre un je incarné et multiple, et un nous intime, en constante mutation. À travers la nature, l'amour et la vie qui agonisent, Isabelle Forest questionne le trop-plein devenue partie intégrante de notre réalité, le juxtapose à un certain désarroi. Sous nos yeux se déploie une poésie qui prend racine dans un quotidien apocalyptique d'où émerge, contre toute attente, une forme de paix.
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Premier recueil de Amélie Hébert, Les grandes surfaces explorent, en résonnance avec la poésie de Geneviève Desrosiers et de Marie Uguay, le rapport de la poète avec la ville, qu'elle tente de circonscrire dans de courts textes, pulsés par ses propres interrogations à l'endroit de ses origines mais aussi de son avenir. Les thèmes de la solitude, de l'amour, de la réciprocité mais aussi une certaine dérision sont abordés par l'entremise d'une parole simple, presque prosaïque, parfois ironique et pourtant non dénuée d'un lyrisme sûr, très assumé.
Dans son livre, c'est non seulement sa vision de Montréal que propose Hébert, mais aussi une lumière nouvelle qu'elle jette sur cette dernière, nous incitant à circuler et à revisiter ses grandes artères comme ses banlieues, et à les envisager sous un angle et avec un regard inédits. -
Écrit par Kelly Norah Drukker, poète de la scène émergente anglophone de Montréal, ce très beau recueil témoigne des pérégrinations de l'auteure à travers des territoires éloignés, que la poète parcourt à travers le texte tout en y relayant une expérience très sensible du monde, et son propre rapport aux lieux confidentiels. Que ce soit en déambulant à travers Inis Mor, une petite île de langue irlandaise sise sur la côte ouest galloise, ou par les paysages de la campagne française - dont Drukker nous fait découvrir la beauté un peu paradoxale des Pyréneées - l'auteure y déploie une voix à la fois tendre et acérée, donnant à entendre les gens simples comme les marginaux, se fondant en ces contrées, qu'elle épouse de manière à se marier presque à leurs confins, à sentir battre leur pouls.
Un recueil magnifiquement traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, qui, après avoir traduit 100 romans, se sont attaqués pour la première fois à la poésie, nous offrant ici une version française admirable, en tout point fidèle au recueil original, à sa beauté aride, et à son rayonnement infini. -
Lignes d'effondrement a pris racine lors d'un voyage au Chili que François a effectué à l'hiver 2016. Ce recueil s'intéresse à la notion de territoire et du temps de l'humanité. François s'est penché sur ce que les grands espaces qu'il a visités ont ouvert comme territoire intérieur dans son esprit et dans son coeur. Un espace nouveau s'est aménagé en lui, cette région du monde l'a renvoyé à sa condition d'être humain, humble et minuscule devant le spectacle que la nature livre chaque jour. Il a exploité en quatre volets l'idée qu'il peut y avoir plusieurs fins du monde et que celles-ci se déploient de manière différente dans les régions parcourues.
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Un passé et un présent sont en marche vers leur couplement : Carbone scopique offre une expérience concentrique parfois incantatoire, parfois aride, ferme, féconde ou réelle. Un rassemblement où les impressions mattes se joignent au désir ébloui, à l'hypothétique, aux chutes et aux attrapées pour de lents mouvements gravitationnels. Représentations, sens, vertiges, relations, ambiances, décors et souvenirs sont appelés à se rassembler autour d'une force d'attraction floue, qui s'avère être un vide, apparenté à la mort, mais qui au lieu de déposséder le corps, s'y installe. Dans ces poèmes, chaque révolution est marquée par le dépôt d'une couche de leurs sédiments qui révèlent graduellement la forme du plancher curieux sur lequel ils tiennent.
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Ce recueil se divise en trois parties, chacune d'entre elles évoquant un lieu différent : la ville, la maison et le lieu de vacances. Les poèmes, écrits dans une forme près de l'oralité, explorent les dynamiques d'un duo - un je et un tu interchangeables, presque désidentifiés, évincés d'eux-mêmes - qui vit sa fin par la désertion des lieux. Le motif de l'éviction, récurrent, illustre la précarité des liens dans un monde effréné. L'imagerie surréaliste convoquée par la poète témoigne de son refus d'accorder aux choses un sens définitif : elle cherche ainsi à désaxer les lieux, à les mettre en crise. Chaque poème est un
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Entomographie fouille ce que l'on tait, l'incommunicable, quand les pertes d'équilibre envahissent jusqu'au langage, tente de faire surgir les insectes qui grugent derrière les mots, pour déterrer d'autres paroles.
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En se tournant vers l'enfance nichée en lui, le poète la retrouve ; figure protectrice. Il plonge en elle comme dans la première tranquillité du monde. Il avance sur un chemin en clair-obscur, laisse tout s'échapper ; le vent, le soleil, les photos anciennes. C'est un monde qui se déplie devant lui et qu'il ne cesse de revisiter, dans un état d'ouverture immense. Dans ces poèmes, Jean- Philippe Dupuis embrasse une mémoire fondatrice. Son regard, éclairé d'abord par les commencements, se pose sur les jeux, la nature, les premiers émois amoureux, la mort, comme une caméra se porte sur les moments-clés d'une vie. La poésie sublime ces souvenirs, les rend plus grands, plus vrais, plus sensibles. Elle devient ce lieu où puiser une force première, une puissance qui peut tout encaisser.
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Désencombrements libère l'autrice en encombrant ses lecteur·rices. Masses sensorielles, images inédites, mortier de l'imaginaire et des sens : ces agglomérations matériellement impossibles sont tant une douce revanche sur l'altérité radicale de la matière qu'une ode à sa souveraineté. On apprivoise la profondeur, l'étirement, l'expansion ; on surmonte l'agacement, se laisse fondre dans un temps troué. Ces entités astucieuses n'impliquent ni je, ni tu, ni nous, ni vous ; c'est ce qui les rapproche du règne des choses, mais elles ricochent inévitablement là où l'expérience les travaille.
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Comment nous réconcilier avec notre histoire personnelle sans faire de compromis; reprendre le pouvoir sur notre existence quand on est assailli par le sentiment d'avoir été volé?
Dans le mouvement du passage de la vingtaine à la trentaine, Iris Grondin compose des poèmes inquiétants, lumineux, dans lesquels elle revisite l'enfance, les amours, les cruautés qui se glissent au sein des rapports familiaux, les luttes que l'on mène pour rester debout. La poésie se fait tendre, rude, enragée, profondément féministe. Fourrières cherche à dénouer les noeuds relationnels, revisite le capital symbolique et économique, offre un chant de solidarité aux communautés d'appartenance.