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Le Quartanier
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Envies puise à la violence qui dresse les femmes contre elles-mêmes et les unes contre les autres. On y lit des poèmes fielleux et tendres, cyniques et affligés, qui racontent des existences inaperçues, éclipsées par la superbe de celles qui ont tout. Isolées, produits d'un contexte qui les dépasse, agitées par un désir vorace, les femmes d'Envies se sabotent, pleurent et se vengent, pensant à voix haute ce que tant d'autres disent tout bas.
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La vie virée vraie est un livre de poèmes minimaux, réduits à l'os. C'est un petit livre très rapide qui cherche à dire l'expérience entière et vertigineuse d'une vie de trente-six ans. Un livre où se rejouent l'enfance, la relation au père, au genre et au sexe, et que parcourt une animalité furtive, insistante - antilope, hirondelle, serpent, crabe, poney. La vie virée vraie embrasse le mouvement de la conscience qui se découvre consciente d'elle-même, pesante, angoissée, désirante, nostalgique d'une certaine sauvagerie - la bête, toujours la bête.
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Quand j'ai emménagé coin Cuvillier et Sainte-Catherine, dans Hochelaga, je pensais avoir tout gâché, tout perdu. Autour de mon appartement, il y avait les ouvrières et les enfants d'autrefois, il y avait les filles de la rue, leur présence comme une menace, mais aussi un mystère, un espoir. Un jour je descendrais les rejoindre, pour de bon.
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Une boîte de carton, une cassette, un téléphone, une radio. Le décor est dépouillé. Le corps est en convalescence, improductif, à l'écart du monde. Du fond de la pièce s'échappent des murmures, bientôt des phrases. Ce ne sont pas des gens. Ce sont des voix à la radio. Pendant des jours, des mois, des années, ces voix trompent la solitude et la douleur.
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Entre le conte de fées enragé et la reprise hallucinée des récits d'apprentissage, entre la forêt de Sainte-Amère-de-Laurentie et la grande ville électrique, La dévoration des fées raconte le sort de la p'tite, de Grand-maman et de Blanche absente. Mais le récit est ravalé par le chant, le mythe, la fantasmagorie, et une poésie féroce et primordiale hante la narration. OEuvre baroque et mal embouchée, La dévoration des fées est traversé de sortilèges crachés ou lyriques, dans une scansion affamée, bourrée jusqu'aux yeux de désir.
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Freak out in a moonage daydream
Nicholas Giguere
- Le Quartanier
- Série QR
- 19 Octobre 2021
- 9782896985401
Tandis que le major Tom attend de mourir dans sa capsule spatiale, l'homme qui a vendu le monde écume eBay en quête d'une santé mentale. Ziggy Stardust et les araignées de Mars, nouveaux messies, proclament que la terre s'est désintégrée il y a cinq ans et que, tous, nous vivons dans une simulation. Schizophrène au visage foudroyé, Aladdin Sane cherche les parcelles de son âme aux quatre coins du globe : Détroit, Paris, Londres, Kether, Malkuth. Halloween Jack, dans les ruines du Manoir Playboy, pulvérise le rêve américain en direct. Un pierrot assis sur un tas d'immondices noue un noeud coulant, comme il l'a appris chez les scouts. Mais David Bowie, lui, ne mourra jamais. Il vit dans ce livre et il vit en moi. Et il se peut que désormais, par ce livre, je vive en lui.
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Tu cherches dans l'affreux le petit-lait du monde
la mamelle des rêves son jus noir
tu bouffes de la terre comme une bête angoissée
tu devances la tourbe qui t'ensevelira
et pousse tout un royaume au fin fond de ta gorge
tu presses entre tes crocs les pierres
le sédiment d'histoire le mica des colères
plus tard les pissenlits les faux foins
te pousseront dans les yeux
les restes dans ta bouche rance aux lendemains
de veille
un marc de folies où tu lis les venirs -
Lutterie électrique ; sur une certaine facon de se conduire
Stève Savage, Samuel Rochery
- Le Quartanier
- Série QR
- 27 Octobre 2020
- 9782896984831
Lutterie électrique porte sur des questions de poétique propres à l'oeuvre de Samuel Rochery. Il prend la forme d'un échange entre le poète Steve Savage et l'auteur, afin d'élucider les raisons, parfois simplement les causes, d'une position qui peut s'entendre comme la fabrication d'un instrument de lutte, pour que puisse passer un courant dans la langue, au-delà de ce qu'on range déjà sous le nom de littérature. On y cherchera à savoir comment s'articule l'improvisation à l
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À l'école, quand on nous demandait ce que nos parents faisaient dans la vie, je n'avais rien à répondre, car mes parents ne faisaient rien. Ce n'était pas leur faute. Je ne comprenais pas pourquoi ils avaient fait un enfant. Ils m'ont eue, mais nous avons failli être deux. Souvent je me dis qu'ensemble il aurait été plus facile de vivre avec eux, d'obéir à ceux qui ne désiraient rien créer. À la place, je suis deux. Je ne peux ni te libérer, ni t'avaler pour de bon. J'ai dû apprendre. J'ai grandi avec toi, je suis partie avec toi, vers une lumière que moi seule arrive à voir. Ce n'est pas juste, mais c'était la seule solution.
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Avaleuse d'eau mortelle, aux abois, tombée de la branche, elle cuve au vent son poison, son philtre, sa drogue, son remède, et retrouve au sol son frère guéri par la foudre. Le pacte est scellé et l'odyssée commence, contre la mort toute-puissante criée à l'oreille. Corps lancés, gueule ouverte, dans les forêts, les coulées, les ravins, franchissant les barrages la tête au ciel. Corps excités par une langue addictive et haletante, par une langue qui donne à la vie une soif égale à la sienne. Qui boira la ciguë, qui mourra de la soif, qui vivra verra.
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Le Quartanier réédite Corps étranger, de Catherine Lalonde, qui a remporté en 2008 le prix Émile-Nelligan. Cette oeuvre confronte désir et sauvagerie, lyrisme et prosaïsme, s'adressant à ce qui excède, à l'autre, à ce qui fait mal, la parole s'incarnant au coeur de la rencontre sexuelle. Impossible de ne pas mesurer, plus de dix ans après la parution du livre aux éditions Québec Amérique, toute la puissance de cette langue, inventive et riche d'une tradition poétique québécoise reprise à son compte et au plus près du corps. La poète se donne par nécessité cette langue propre, c'est-à-dire sale, poétique, vulgaire, sublime, la langue de la mauvaise fille mauvaise héritière, dont le corps, la douleur, la jouissance, la mémoire et tant de noms de femme ont un impérieux besoin - pas moins aujourd'hui qu'hier.
Tu prends mes côtes tu les sépares tu manges
mon coeur à mains nues
de vieilles bouchées de légende
salmonellose mon sacrament et tes menteries d'aorte
je regarde ailleurs et tu arraches mes seins
deux pendentifs made in Taïwan
un pour toi un pour moi
souvenirs en forme d'âme cheap
de fleur de lys Dollarama. -
L'enfer de Dante mis en vulgaire parlure
Antoine Brea
- Le Quartanier
- Série QR
- 19 Août 2021
- 9782896983964
Au milieu de l'antif de notre vie
je me paumai en forêt fort obscure,
où y avait plus de droite voie qu'on vît.
Ah ! en causer c'est pas la sinécure
de cette forêt sauvage qui mord.
L'idée m'en refait froid au dos : je jure
que n'est pas plus effroyante la mort !
Mais pour le bon qu'aussi j'y rencontrai,
je dirai ça que je me remémore.
Qu'on se rassure, ceci n'est pas vraiment une traduction. Plutôt une variation, une révision. Un hommage et un éclat de rire. Où l'invention langagière, mâtinée d'archaïsmes et d'antépositions loufoques, puise dans l'argot pour composer la « vulgaire parlure », sorte de miroir renversé du « vulgaire illustre » théorisé ailleurs par l'auteur de la Comédie. Une mutation grotesque s'opère ainsi au coeur du texte, qui n'en respecte pas moins la rime tierce et une métrique régulière, et qui au fond, peut-être, ne fait que pousser à son paroxysme le comique de style, sinon de contenu, de l'original. -
Quelque chose se détache du port se déplace à travers les expériences, souvenirs et obsessions du narrateur et les transforme en quelque chose comme une méthode, comme un système de survie, de défense et d'invention. Ce parcours prend diverses formes : aphorismes autistes, récits éclair et disjoints, spéculation allusive, littéralisme, lyrisme saboté où le je s'égare. Ces poèmes sont de fait l'énonciation troublée d'un trouble - de vie, de langage, de pensée.
L'écriture s'occupe donc ici de sens comme on s'occupe d'un problème : on ne le règle pas toujours. Elle délivre du sens en le détachant de son objet, et l'en détachant elle le cache. Du sens rusé au point de se piéger lui-même, de se désorienter, et le lecteur avec. Il est donc souhaitable pour arriver à ses fins de lire comme on déjoue des leurres, en ne prenant pas des vessies pour des lanternes (mais pour des vaisseaux). Esquives et stratégies obliques meuvent ce livre, qui font entrevoir en passant les choses qui défilent, du coin de l'oeil. Ce langage, plus cacheté que secret, plus codé que mystérieux, plus machiné qu'inspiré, n'est pas celui de la quête de soi. C'est celui d'une enquête sur ce qu'écrire déplace pour faire aller mieux. On s'en doute, cet art mineur échappe aux sirènes antagonistes de la révélation et du silence poétiques. Traduction d'une langue par elle-même hors d'elle-même, le narrateur va par glissements, par vagues analogiques, par dérives hors de soi, hors du pathos et des maux, mû par le démon de la dérobade et du rébus. Ce qui veut dire : pas de grande prose; pas de bonne poésie. Plutôt, quelques notes maniaques en vue d'une petite santé, comme détachables d'un carnet d'ordonnances : salades, pharmacopée, mots de passe, avec pour instruments principaux le rasoir du barbier, le bureau du douanier, les clés du concierge, le bateau du chef. Et l'écriture, cheval de Troie auto-immune.
Alain Farah adresse aux lecteurs une lettre de joyeux malaise carabiné, dont ce livre est le timbré porteur, cinq ans après sa parution initiale en 2004. S'il est malaisé d'en accuser réception, même pour l'auteur aujourd'hui qui s'en ouvre en préface, on saura quoi et qui accuser - et lui aussi, semble-t-il, qui n'en pense pas moins. -
la fatigue ordinaire les courriels non lus
et les rhumes interminables
ou qui reviennent toujours je n'ai jamais su
consomment mon énergie ne laissent rien
derrière le rictus de ceux qui s'apprêtent à parler
mais se taisent le visage crispé
racorni par l'effort de ne rien dire
de ne pas se plaindre
de respecter l'interdiction de tout dire
d'un coup en toussant -
Pendant des années j'ai été hanté par les vagues, le ressac, le souvenir d'un corps happé par le fond des eaux. Je cherchais à épuiser une scène dont je n'arrivais pas à revenir. J'ai ainsi habité un rêve qui ne m'appartenait pas, une photographie prise dans les années cinquante, puis oubliée ou perdue avant d'être développée. Quelqu'un en a découvert le négatif par hasard dans une brocante un demi-siècle plus tard. Une femme se tient debout sur la plage. Le soleil tombe, l'horizon est bleu, rose, mauve. La mer roule à ses pieds. La femme regarde au loin. C'est à peine si on voit le profil de son visage. Ce n'est pas vraiment une réponse. C'est une fiction de la disparition, une enquête sur le silence de quelques images que je traîne depuis trop longtemps. C'est un requiem : un chant qui ouvre le calme pour les morts et les vivants.
C'est la logique de l'encre poussée à sa vraie limite de chose vraie. -
Il est dans ce livre question d'entrer dans une image. Cette image est une vie, un théâtre coupé en deux. Au milieu, il y a une forêt et il y a la nuit. Il y a aussi une rivière et une salle de cinéma. Quelqu'un entre dans la chambre et s'installe devant le miroir pour lire un roman d'amour. Personne d'autre ne vient. Au matin, on ne sait plus très bien comment sortir. On le regrette. On doit dire la vérité. Peut-être est-il temps d'apprendre à vivre. L'idée est belle, et la beauté compte, mais on s'attache facilement à ce qui nous encercle. On cherche une histoire bleue comme le ciel et on écrit un poème interminable. Il faut aller jusqu'au bout. Le rideau est lourd, on n'y arrivera jamais. La douleur est lente. À la fin, un enfant apparaît. C'est mon fils. Il dort dans la clairière.
Vie nouvelle est un livre d'éducation sentimentale. Je l'ai écrit comme on choisit une vie. -
Je lis les nouvelles et un cabinet d'astrologie téléphone, je raccroche, n'ai jamais été croyant, sans doute un défaut, et puis on a déjà assez d'avenir comme ça. Le cancer nous guette, les abeilles en arrachent et l'univers refroidit, mais les amis font des enfants, les aiguilles tournent et j'écris au feutre sur un calendrier neuf. Je lis les pessimistes, je sors quand même. Je marche dans les rues et les parcs, je pense à l'effet Doppler, à Tracy disparue, à ces machins étranges que sont nos corps, aux semaines qu'ils traversent. Né au printemps je serais solaire, né la nuit je reste à la petite lumière, de toute façon je suis Gémeaux : vents, dualité, tout ça. On a beau voyager, on ne quitte jamais l'empire familier, dont de larges régions demeurent inconnues. On saisit des paroles au vol, l'esprit des insomniaques flotte dans le ciel de Rosemont, qui touche au ciel de Trois-Pistoles, au ciel de Lisbonne, à celui de partout enfin, qui s'offre à chacun.
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Croyances partielles, feux de paille, mini orages électriques.
On ne me confie plus de secrets.
Ce qui rime est beau, ce qui ne rime pas est laid.
Je creuse ma ressemblance avec mes parents.
L'aube est une terreur prévisible.
La régression souterraine gagne du terrain.
Pseudo-recueil de vérités, échec total en vérité.
Ça passe, repasse en rêve, relifté : amours, amourettes.
J'aimerais savoir parler.
Boulevard des chagrins : c'est encore trop joli.
Requins, poulets, moineaux : ils sont libres.
Exigences minimales les plus simples non respectées.
Nous n'irons plus au bois. -
Dans ces sept séries de poèmes, qui battent la campagne au milieu de la ville ou du lit défait, François Rioux, laissant cours à cet « esprit des verres chargé de lie » qui hante les bons vers et réchauffe le sang, propose des miniatures narratives fabuleusement prosaïques, dans un style qui passe par où bon lui semble. Scènes d'intérieur aspirées dehors; moments amoureux accélérés; natures mortes pas mortes ou ranimées; histoires où la mémoire décapsulée, les marées et les bêtes, la lumière et les choses disparues viennent en cavale éclair ajouter aux scènes esquissées, avec les chimères et les filles, et toutes les sortes d'amour.
Soleils suspendus se voue ainsi au monde immédiat de l'expérience et de la mémoire vive, à l'imaginaire, et à cette petite langue des puissances triviales et sensuelles - au langage non pas des oiseaux, mais de la poésie, battement des « rares et pauvres lettres ».
Comme chez Eugène Savitzkaya, Patrice Desbiens, Frank O'Hara ou Gérald Godin, ces poèmes disent entre autres que la seule foire d'empoigne qui vaille, ce n'est pas celle opposant anciens et moderne, mais celle qui surgit entre amis ou amants, lecteur et auteur, passé et présent, vie et langage, et qui par l'art de dire vire à la fête secrète, au conciliabule avec le temps et nos doubles.
Avec ce premier livre au ton déjà distinctif, François Rioux contribue à ce grand art simple d'une poésie narrative et lyrique résolument nord-américaine. Poèmes élusifs et flottants, qui chantent bas et déchantent, cantent et ravissent, comme des soleils vissés à la main, parce qu'il faut bien voir ce qu'on éprouve. -
Tu vis à une époque intéressante, quelle malédiction, ça grouille, ça bruit, tu t'étourdis dans le mauvais film, une rose de papier à la boutonnière. Tout le monde veut te souffler sa petite idée, tu as l'écoute un rien complaisante, tu traînes du papier à musique, au cas où; on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, et tout ce qu'on a c'est le bruit, c'est bien ça? Parle dans la tempête, voir. Une toune dans la tête, si tu la chantes, va-t-elle s'en aller? L'air est plus clair en hiver, alors les sons voyagent mieux, non? Il y aura des questions, tu prendras le métro, faut quand même vivre aussi, tu penses à un sous-marin, le son se diffuse autrement dans l'eau - un jour tu te feras pousser des ailes, tu planeras sur les ondes grises, les ondes bleues.
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Nathalie appartient à un genre séculaire qui montre jusqu'où on peut aller trop loin. J'appelle ce genre onomagraphie. «L'histoire d'un nom, pas la vie d'une personne.» Eaton, Sombrelieu, Allatius, Laërce et bien d'autres, et des plus anciens, s'y sont essayés, racontant l'histoire des Georges, des Jules ou des Jacques. J'ai toujours voulu écrire l'histoire de Steve Savage, le nom nombreux, le vrai nom qui sonne faux, qui est faux, qui sert au lutteur professionnel, au héros de BD, à l'acteur porno. Je trouve sur Internet de quoi me faire une maigre épopée. Avec Nathalie, je trouve mieux. Alors que des Steve Savage, il n'y en a que quelques centaines, les Nathalie, on les compte par milliers. De quoi faire un livre. Grâce à Google, j'ai ainsi compilé des pages et des pages de résultats de recherches. Or Google - ce n'est pas moi qui le dis, c'est le sociologue Gérald Bronner - trace un sillon narratif mythologique. C'est dire qu'il nous raconte des histoires. Toutes les histoires. Nathalie, ma Bovary, c'est moi. Mais c'est toi aussi. Nathalie, c'est ce qui arrive quand un nom propre est un nom commun.
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Un mur, le pied d'un mur, l'angle formé par le sol et ce mur, un angle presque droit, une allumette et le noir, le bruit que fait l'allumette en craquant, un puits, le fond d'un puits, une corde, sa lumière noire, une toute petite corde, un monde à usage unique, la peur, la peur dans le corps, la peur en nuage autour de soi et de l'allumette, la pluie qui tombe, un ongle gratte la paroi, un chien pisse, minuit sonne, le sol manque sous les pieds, la honte, le coeur qui bat, la corde de plus en plus usée, une porte, le ciel quand même, la lune, les morts sont de plus en plus morts, c'est noir, le noeud coule, une allumette craque et le mur s'éloigne à mesure que j'approche.
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C'est par les yeux d'une poignée de narrateurs déroutés qu'on découvre dans ces poèmes la faune des banlieues nord-américaines et les charmes de la complaisance. Une chose est sûre, nos aïeux ont presque entièrement disparu de ces vignettes où règnent l'agitation et le déni. Crise de nerfs d'un parvenu floué, voyages organisés à vocation thérapeutique, dérives d'une pseudo-poète lauréate ou réinvention du téléjournal en reportage choc généralisé, le portrait qui se dessine est celui de l'individu ordinaire captif du spectacle de ses mauvais penchants. Et que faire devant les vexations de toutes sortes, sinon s'en remettre à l'humour et aux drogues douces, histoire d'arracher à l'absurde un peu de sa beauté?
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Pendant un mois, Mathieu Arsenault a fait la tournée des bars et pubs de Chicoutimi et de Jonquière. Assis au comptoir, il a consigné sur son téléphone les moments et les petits événements du nightlife saguenéen, croquant sur le vif chasseurs et shooter girls, karaoké et sambuca flambée - le spectacle d'un réel ordinaire étonnamment riche en images. Le guide des bars et pubs de Saguenay, ce sont les poèmes écrits au long de ces soirées et, placé en regard, un essai dans lequel l'auteur revient sur cette expérience et où se définit, par le recours à la notion de téléphone-carnet, une pratique de poésie directe.