Filtrer
Rayons
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Accessibilité
Gallimard
-
"Je ne suis pas plus religieux que le muguet sauvage.
Pas moins non plus."
Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu'un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m'invite à aller le voir. L'homme tient une auberge au bord d'un lac. J'y mange une omelette, bois un vin de paille. Quand je lui parle des fleurs, mon hôte me conduit au-dessus d'un pré en pente : des dizaines de muguets rouges fraîchement poussés s'apprêtent à incendier la plaine. Je reviens vers mon père, lui demande qui est cet homme. Il me répond que c'est une partie de sa famille dont il ne m'avait encore jamais parlé. Va les voir, me dit-il, apprends à les reconnaître. -
« Les poètes meurent au combat même quand ils meurent dans un lit. Ils livrent bataille toute leur vie. »
Hanté depuis toujours par la mort, dès ses premiers écrits, Christian Bobin paria pour le salut par la poésie, plaçant sa vie « sous une pluie de lettres noires et blanches ». Même le dernier instant du poète - qui meurt juste après avoir achevé son dernier livre - y était vu de façon prémonitoire : « la bouteille d'encre noire renversée dans le fond de l'âme ». Commencé chez lui, au Creusot, en juillet 2022, poursuivi sur son lit d'hôpital durant les deux mois précédant sa mort, le 23 novembre 2022, Le murmure appartient à ces oeuvres extrêmes écrites dans des conditions extrêmes. Dans ce livre ultime, le plus humain des poètes se révèle être aussi le plus héroïque. À l'hôpital, celui dont le rire explosif sonnait comme un défi réalise à la lettre cette parole de Rimbaud : « Je suis de la race qui chantait dans le supplice. »
Le murmure est la trace d'une course entre l'amour et la mort. À la fin c'est l'amour qui gagne, faisant de ce chant un sommet d'humanité. Le destin qui s'achève sur une telle victoire ne s'arrête pas là. Il commence.
De sa voix chaude, Noam Morgensztern restitue toute la beauté du dernier ouvrage, émouvant et poétique, de Christian Bobin. -
Le cancre
il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur -
Voici 99 quatrains écrits ces dernières années, poursuite intense de la méditation poétique de François Cheng, réaffirmation de la vie et du sens dans la confrontation à la mort. Geste "testamentaire", dirait-on si la clarté ne l'emportait pas toujours. On connaît l'art subtil et inégalable de François Cheng : simplicité, fluidité et limpidité ouvrant miraculeusement sur une pensée vaste et profonde. Le mythe d'Orphée est ici interprété et réinventé comme un retournement de la mort vers la vie dans une étonnante synthèse qui met le mythe grec en regard du taoïsme et du christianisme. Cette parole ouverte et généreuse est pour le lecteur comme l'émouvante confidence d'un penseur-poète qui n'a de cesse de célébrer la vie.
-
L'édition de référence des Fleurs du Mal pour réussir l'ORAL du bac de français : explication des textes essentiels au fil de l'oeuvre, les points de grammaire entièrement traités, les mots importants du texte et les exercices d'appropriation pour préparer l'entretien avec l'examinateur.
Peut-on imaginer qu'un poète puisse être condamné pour outrage aux bonnes moeurs? Les poèmes de ce recueil sont-ils à ce point subversifs? Transformer la laideur du monde en merveille poétique, voilà la visée de Baudelaire. L'ennui, le chagrin, le spleen irriguent les vers d'une beauté étincelante. «Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, / Traversé çà et là par de brillants soleils» : quelle puissance évocatrice !
Au fil du recueil :
o 2 analyses de textes
o 1 commentaire de texte
Le dossier est composé de 8 chapitres :
1 - Histoire littéraire : Romantisme finissant, Parnasse et naissance de la modernité
2 - Charles Baudelaire et son temps
3 - Présentation des Fleurs du Mal
4 - Les mots importants des Fleurs du Mal(douceur/volupté ; bêtise/inquiétude ; beauté/laideur)
5 - Préparation à la dissertation
6 - La grammaire
7 - Groupement de textes : L'alchimie poétique : la boue et l'or
Jean de La Fontaine, «Le chartier embourbé»
Aloysius Bertrand, «L'alchimiste»
Stéphane Mallarmé, «Les fenêtres»
Francis Ponge, «Ode inachevée à la boue» (extrait)
8 - Exercices d'appropriation. -
Lettres à un jeune poète
Rainer Maria Rilke
- Gallimard Audio
- Écoutez lire
- 22 Octobre 2014
- 9782072288517
En 1903, Rainer Maria Rilke répond à une longue missive envoyée par un jeune homme de vingt ans, Franz Kappus, qui est élève officier comme il le fut à son âge. S'ensuit une correspondance qui durera jusqu'en 1908 et qui sera publiée par les soins de Franz en 1929. Nous ne connaîtrons jamais ses lettres, car il ne publiera que celles de Rilke, préférant s'effacer derrière le poète.
-
"Pourquoi le cacher ? Ce n'est pas une poésie facile. Ses difficultés sont à proportion, en nous, des vieilles habitudes de voir et de leur résistance : René Char ou la jeunesse des mots, du monde... Il faut le lire et le relire pour, peu à peu, sentir en soi la débâcle des vieilles digues, de l'imagination paresseuse... Poésie qui se gagne, comme la terre promise de la légende et de l'histoire : celui-là qui y plante sa tente, qu'il soit assuré de s'en trouver plus fort et plus juste."
Yves Berger. -
Ce poème d'Aragon est un "roman achevé", au sens où l'on dit qu'une oeuvre est achevée ; c'est un roman en ce qu'il raconte une aventure du coeur. L'amour, l'expérience, la réflexion sur la vie en constituent les thèmes. Un Roman de la Rose.
Et comme le Roman de la Rose, difficile à analyser, car sa signification est multiple, et la Rose ici, de l'aveu de l'auteur, indescriptible. Peut-être le lecteur en trouvera-t-il la clef dans les épigraphes au poème, l'une tirée du Gulistan ou L'Empire des Roses, de Saadi, l'autre de Roses à crédit, roman d'Elsa Triolet.
Le thème de la Rose, commun à nos poètes médiévaux et à ceux de l'Orient, ne semblera aucunement d'apparition fortuite au coeur du poème que voici, à condition de se rappeler qu'Elsa voit le jour en même temps que ces Roses à crédit. -
"Qu'est-ce que Les Contemplations ? C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, Les Mémoires d'une âme.
Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil ; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu "au bord de l'infini". Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l'abîme.
Une destinée est écrite là jour à jour."
Victor Hugo. -
Capitale de la douleur ; l'amour la poésie
Paul Eluard
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 1 Mars 2019
- 9782072665219
"Parler aux hommes le langage de tous les hommes et leur parler cependant un langage tout neuf, infiniment précieux et simple pourtant comme le pain de la vie quotidienne, nul poète, avant Éluard, ne l'avait fait si naturellement. Transmuer en une sorte d'or vierge l'aspect des joies et des douleurs communes à tous, pour en faire éclater la splendeur unique, Éluard fut capable de cela plus intensément et plus aisément que nul autre. L'amour la poésie, ce titre (que je trouve follement beau), n'est-ce pas la formule exacte qui en coiffant impérieusement la vie permet de la renouveler ? La plupart des poètes ont célébré l'amour. Combien sont-ils, à la réflexion, qui l'aient porté en eux toujours et qui en aient imprégné leur oeuvre à la manière d'Éluard ? Capitale de la douleur, L'amour la poésie, je vois en ces livres des tableaux de la vie commune telle que par l'amour elle est rendue poétique, c'est-à-dire illuminée. Il n'est personne qui, pour un temps bref au moins, n'ait fait l'expérience de pareille illumination, mais les avares et les prudents ont la règle de rabaisser les yeux au plus vite, tandis que la leçon d'Éluard est de substituer définitivement le monde ainsi transfiguré à l'ancien et de s'en mettre plein la vue et plein les doigts sans avoir peur de se déchirer à ses aigus sommets."
André Pieyre de Mandiargues. -
"Il s'agit de savoir si l'on veut faire un poème ou rendre compte d'une chose (dans l'espoir que l'esprit y gagne, fasse à son propos quelque pas nouveau).
C'est le second terme de l'alternative que mon goût (un goût violent des choses, et des progrès de l'esprit) sans hésitation me fait choisir.
Ma détermination est donc prise...
Peu m'importe après cela que l'on veuille nommer poème ce qui va en résulter. Quant à moi, le moindre soupçon de ronron poétique m'avertit seulement que je rentre dans le manège, et provoque mon coup de reins pour en sortir."
Francis Ponge -
Enfin le royaume ; quatrains
François Cheng
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 21 Février 2019
- 9782072834301
S'il a d'abord été connu du public français par ses ouvrages sur la pensée, l'esthétique et la calligraphie chinoises, ses méditations et ses romans, François Cheng a commencé par publier des poèmes et la poésie n'a cessé d'être l'alpha et l'oméga de son oeuvre. Le succès éditorial exceptionnel de ses deux derniers recueils (La vraie gloire est ici et Enfin le royaume s'explique assurément par l'évidence de leur lyrisme généreux, l'élan et la limpidité de l'écriture, son chant profond qui donne accès à une haute spiritualité imprégnée du taoïsme et cependant proche du coeur et des préoccupations de tout un chacun. «Car vivre / C'est savoir que tout instant de vie est rayon d'or / Sur une mer de ténèbres, c'est savoir dire merci», ces vers par exemple qui expriment un optimisme foncier et lucide résument parfaitement une position existentielle qui apparaît comme un point d'appui pour la conscience occidentale égarée par ses doutes.
-
Pâris, le jeune prince troyen, a enlevé la belle Hélène et la retient derrière les remparts de sa cité. Pour la reprendre, les Grecs assiègent Troie et engagent dans la bataille leurs plus grands héros. Mais les dieux de l'Olympe s'en mêlent, et chacun choisit son camp. Quelle sera l'issue de ce terrible combat?
-
"Rien, en Poésie, ne s'achève. Tout est en route, à jamais.
En d'autres temps, d'autres termes, d'autres élans, la Poésie, comme l'amour, se réinvente par-delà toute prescription.
Ne sommes-nous pas, en premier lieu, des créatures éminemment poétiques ?
Venues on ne sait d'où, tendues vers quelle extrémité ? Pétries par le mystère d'un insaisissable destin ? Situées sur un parcours qui ne cesse de déboucher sur l'imaginaire ? Animées d'une existence qui nous maintient - comme l'arbre - entre terre et ciel, entre racines et créations, mémoires et fictions ?
La Poésie demeurera éternellement présente, à l'écoute de l'incommensurable Vie.'
Andrée Chedid. -
Avec ce livre, au titre qui a tout d'un énoncé manifeste, François Cheng ose de déroutants alliages : l'âpreté et la joie, le silence et la lucidité, la mort et les nuages, les oiseaux et les larmes, l'émoi et les étoiles... C'est qu'à force d'avoir mordu la poussière d'ici-bas les mots n'en finissent plus de renaître. Des âmes errantes ou du phénix, on ne sait qui mène la danse. Mais il suffit de la splendeur d'un soir pour que l'univers entier résonne soudain. Il suffit de la sincérité d'un seul coeur brisé pour que la fulgurante beauté délivre de la fragilité humaine :
Car tout est à revoir,
Tous les rires, tous les pleurs,
Toute la gloire...
Il y a dans ces pages un souffle de vie qui prend à la gorge. Sans doute parce qu'il provient d'une voix sans autre exemple. D'une voix qui éperonne la pensée, avec une acuité foudroyante et douce. La parole de François Cheng est bien celle d'un penseur, d'un poète, d'un sage passionné qui ne craint rien, pas même d'affirmer que "la vraie gloire est ici". -
Ce poème s'appelle "Roman" : c'est qu'il est un roman, au sens ancien du mot, au sens des romans médiévaux ; et surtout parce que, malgré le caractère autobiographique, ce poème est plus que le récit - journal ou mémoires - de la vie de l'auteur, un roman qui en est tiré.
Il faut le lire dans le contexte de l'oeuvre d'Aragon. Il s'agissait ici d'éviter les redites : on n'y trouvera pas le côté politique des Yeux et la Mémoire ou les heures de la Résistance de La Diane française ou du Musée Grévin. Le domaine privé, cette fois, l'emporte sur le domaine public. Même si nous traversons deux guerres, et le surréalisme, et bien des pays étrangers.
Poème au sens des Yeux et la Mémoire, ce Roman inachevé ne pouvait être achevé justement en raison de ces redites que cela eût comporté pour l'auteur. Peut-être la nouveauté de ce livre tient-elle d'abord à la diversité des formes poétiques employées. Diversité des mètres employés qui viendra contredire une idée courante qu'on se fait de la poésie d'Aragon.
Il semble que, plus que le pas donné à telle ou telle méthode d'écriture, Aragon ait voulu marquer que la poésie est d'abord langage, et que le langage, sous toutes ses formes, a droit de cité dans ce royaume sans frontières qu'on appelle la poésie.
Plus que jamais, ici, l'amour tient la première place. -
Le cocu imaginaire offre le premier modèle de ces personnages dont les souffrances vont constituer l'essence de la comédie. Celle-ci donne, avec Arnolphe et Agnès, l'image des rêves, des désirs, des passions qui agitent le corps et le coeur des hommes. Et l'éveil d'Agnès, malgré la soumission où l'a tenue son tuteur, pose directement, à une société qui ne l'avait jamais entendue avec autant d'acuité, la question de l'éducation des filles, et celle de leur liberté. L'École des femmes marque ainsi une date dans l'oeuvre de Molière et dans l'histoire du théâtre lui-même : elle élargit le champ de la comédie à la peinture de l'homme et de la société, et affirme la dignité et la richesse du genre comique.
-
"La coïncidence entre le besoin de projeter ses plus libres fantasmes et, d'autre part, celui d'une "technique poétique" font de Desnos un poète de la surréalité, et donc de la modernité, en même temps qu'un poète qui se rattache à une tradition, celle des grands baroques. C'est là peut-être l'originalité de cette voix si douée qui, avec ses intempérances et ses turbulences, ses écarts, ses inégalités, mais toujours son intensité, est une de celles qui nous forcent le plus manifestement à reconnaître la présence de cette chose spécifique, irréductible, qui s'appelle la poésie. Au reste, et c'est ce qu'il faut dire encore, cette voix était celle d'un homme chez qui le besoin d'expérimenter sous toutes ses formes le langage poétique, allait naturellement avec celui d'expérimenter la vie sous toutes ses formes aussi ; d'un homme qui était plein de passion, curieux et joueur de tout, courageux, généreux et imprudent ; et qui est mort à quarante-cinq ans, dans les circonstances que l'on sait, d'avoir eu ce goût violent de la vie, et donc de la liberté, et d'avoir voulu le pousser jusqu'à ses dernières extrémités."
René Bertelé. -
Dernier recueil publié du vivant d'Aragon, en 1979, Les Adieux et autres poèmes est sans doute l'un des plus beaux de son oeuvre poétique et l'un des plus émouvants : adieux à Elsa disparue, adieux à la vie et au monde, son histoire tourmentée traversée de beautés irréductibles, salut à la poésie à travers un poignant hommage à Hlderlin, salut enfin aux grands peintres compagnons de voyage, Chagall, Picasso, Paul Klee et André Masson. Le chant d'Aragon est ici au plus haut de son lyrisme blessé. Loin de nous la poésie d'Aragon ? Non, jamais plus proche assurément que dans ces vers d'intime douleur où le chant justement jamais ne renonce.
-
Le souci de la terre : Nouvelle traduction des Géorgiques précédée de Faire Virgile par Frédéric Boyer
Virgile
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 30 Mai 2024
- 9782073069825
À quoi peut bien nous servir de nos jours un tel ouvrage, rédigé dans la campagne italienne il y a plus de deux mille ans ? Virgile annonce son projet dès l'ouverture de son oeuvre : traiter des techniques et des arts de la res rustica, la matière agricole : travaux des champs, culture de la vigne, élevage et apiculture.
Retraduire aujourd'hui ce poème, c'était découvrir combien ce texte résonne avec nos préoccupations et notre sensibilité contemporaines : fragilité du vivant et des espaces naturels, lien des hommes à la terre, aux végétaux et aux animaux. Célébrer notre obscure condition terrestre dont nous semblons nous éloigner toujours davantage. C'était revenir à la source de ce texte étrange, qui sous prétexte d'agriculture s'ouvre sur une réflexion beaucoup plus vaste sur l'état du monde. Un livre rédigé dans une période trouble et sanglante, et qui en porte les cicatrices. C'était montrer enfin qu'il s'agissait d'un grand poème sur la beauté autant que sur l'instabilité du monde, la guerre, la pensée de la fin des êtres et des choses, la fuite du temps. -
Journal d'un animal marin : Choix de poèmes (1956-1990)
René Depestre
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 30 Mai 2024
- 9782073061867
Auteur d'une oeuvre considérable en vers et en prose, René Depestre, âgé aujourd'hui de 97 ans, est une figure tutélaire de la littérature des Caraïbes. Écrivain engagé qui a dû fuir Haïti, son pays natal, pour échapper à la dictature, il a longtemps vécu à Cuba épousant la cause révolutionnaire, notamment au côté de Che Guevara. Ami de Césaire et de Glissant, inspirateur du concept de créolité qui se substituera progressivement à celui de négritude, Depestre vit en France depuis les années 1980. L'anthologie Journal d'un animal marin donne à saisir l'étendue et la puissance de sa poésie lyrique. Ce poète de l'effusion et du chant, chantre de "l'érotisme solaire" et de l'élan vital envers et contre tout, emporte le lecteur par son souffle et un flot d'images vigoureuses.
-
Hélène ou le Règne Végétal / Usage interne
René-guy Cadou
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 25 Avril 2024
- 9782073057747
La poésie de René Guy Cadou, limpide et fraternelle, est constamment éclairée par son art exceptionnel de l'image, à la hauteur assurément de celui d'Éluard, même si celui qui fut la figure phare de l'école de Rochefort a récusé l'influence du surréalisme. Mort très jeune à trente et un ans, Cadou a laissé une oeuvre malgré tout importante. Son recueil emblématique, Hélène ou le règne végétal, d'un humanisme fervent et d'une sensualité vibrante, célèbre l'amour comme principe d'existence autant que le lien profond avec la nature. Dans une brillante préface, Adeline Baldacchino donne à mesurer la singularité de ce poète dans son époque et objecte à juste titre à l'image lénifiante de poète rural sentimental dans laquelle il a été trop souvent et injustement enfermé.
-
Aller simple ; l'hôte impenitent
Erri De Luca
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 25 Février 2021
- 9782072879098
Parions que les lecteurs assidus d'Erri De Luca ne s'étonneront pas de son entrée dans la collection Poésie/Gallimard tant sa prose déjà signale constamment en lui le poète. Le présent volume qui reprend les poèmes d'Aller simple (Du monde entier) auxquels nous avons adjoint L'hôte impénitent dans son intégralité, donnera en outre à lire des poèmes inédits spécialement choisis par l'écrivain pour cette édition. Si Aller simple évoque d'abord l'épopée tragique des migrants qui tentent de rejoindre le sol italien et le destin des désespérés qui affrontent la violence de la mer et de l'indifférence, on y lira bien plus qu'un plaidoyer militant. La poésie de De Luca, portée par son humanisme engagé, proche dans sa sobriété et sa ferme clarté de celle de Primo Levi par exemple, trouve aussi son propos, comme son oeuvre en prose, dans l'évocation de la guerre, de l'amour, de la liberté perdue, de la terre d'Italie et n'exclut pas l'expression heureuse de l'existence dans sa sensualité.
-
"Est-ce le fil du langage qui retient le cerf-volant de ce que nous sommes ou est-ce l'envol du cerf-volant qui donne au fil sa tension particulière ? Reste que quelque chose tient et emporte jusqu'à faire apparaître une forme qui n'est pas plus de l'autre que de moi. Mais sûrement en deçà de ce qui s'expose. Ombre pour ombre."
Annie Le Brun.