Filtrer
Rayons
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Éditeurs
Langues
Formats
ABRUPT
-
Suivre les pas d'Orphée, devenir son ombre, son souffle, emprunter sa voix. Aller contre la mort, à sa rencontre, tout contre. Des hautes forêts de Thrace aux marais soufreux des enfers, de la source qui enfanta Eurydice à la rive qui donna naissance à l'orphisme.
Orphée, un nom qui définit la poésie, et dont la destinée se résume au déchirement : déchirer la langue, fouiller sa déchirure, à la manière de sorciers jugeant du foie de leurs victimes, déchirer la chair, pour chercher le désir absent ou réifier ses rêves.
Initiation aux arcanes de l'intériorité, à notre propre obscurité. Formule de l'éternité qui luit sur les lamelles enfouies dans les tombes. Paroles du fond des âges qui résonnent jusqu'ici et maintenant, nous obligeant à nous retourner, à faire face à la fatalité.
Mystères : une série autour du mythe, dont le sens ne s'épuise pas, non parce qu'il serait illusoire et au final absent, mais parce qu'il est mobile et multiple. La réécriture est une résurrection. -
Entendre qui que ce soit parler "sans" le Savoir est un idéal. Ça arrive très peu et de moins en moins : on entend partout partout parler "avec" le Savoir, son petit savoir à soi ou le Grand. On est cernés par des Je-sais. Et comme notre lot commun est plutôt d'être des Sais-pas, on se demande. Qu'est-ce qui se passerait si on n'utilisait plus le Savoir pour se parler ? Si on s'en servait à propos. Depuis où parlerait-on ? Depuis le coeur, le ventre, le sexe, la simple parole ? Ce serait la fin du monde tel qu'il est. Entrer dans Parler sans le Savoir c'est entrer à la fois dans le monde tel qu'il est et dans le monde tel qu'il pourrait être mais qu'il ne sera jamais. Un lieu où la "conscience accablée de l'enfer que se font vivre les humains entre eux", travaillée comme elle l'est dans ce texte, procure en elle-même et se procure à elle-même une évasion possible. C'est une expérience unique. Le monde de Fernand Fernandez est une expérience unique où on entend à la fois ceux qui savent, ceux qui croient savoir, ceux qui ne savent rien, et ceux qui sont libérés de cette obsession : les fous les simplets les malades, mais aussi ceux qui utilisent leur parole tout autrement, parce que leur obsession s'est tournée ailleurs et qu'ils ont trouvé leur liberté propre dans leur propre parole. Si on ne les écoute pas, et avec le respect qui leur est dû, ce n'est pas dommage pour eux c'est dommage pour nous. Et s'il fallait le dire une fois de plus c'est l'occasion : les notions d'intelligence et de bêtise sont vraiment à reconsidérer, quand "la crainte d'avoir l'air bête peut développer une terrifiante bêtise au cube", et que parmi les plus belles intelligences se trouvent celles de ceux qui sont privés de parole. L'existence des voix de Fernandez-homme-orchestre qui sont à l'oeuvre au quotidien depuis des années ne dépend ni de leur publicité ni de leur publication, tant le désir de FF est autre, tant son oeuvre est à l'oeuvre - et sa force donc. FF dit qu'on peut bien lire PSLS comme on veut, y compris comme une espèce de théâtre psychique, si on n'oublie pas qu'il s'agit d'en sortir. Lui-même préfère le nommer "psyence-fiction". Et quand il dit de ce "travail perpétuel" qu'il lui reconnaît "l'ambition de se débarrasser des représentations que porte le langage et qui encombrent" en en "convoquant un maximum pour les identifier", quand il dit que "parler sans le Savoir ne signifie pas parler en ignorant, même si évidemment l'ignorance a aussi voix au chapitre, mais rebondir dans un monde d'hémorragie du langage, un monde où le langage comme vecteur du sens s'autodétruit dans la profusion et l'équivalence des points de vue, où le bavardage et le débat sont devenus une seconde nature, la forme par défaut de la conversation réelle, qui force à se réapproprier le foisonnement souvent toxique des énoncés dans un espace à soi, un espace où faire entendre ses propres voix, ce qui permet d'échapper joyeusement à la noyade", il faudrait aussi ressentir avec lui la charge de celui qui est à l'affût, et travaille à se rapprocher de ce que serait "une vie simple" - une chose très complexe pour qui se méfie du simplisme. Ce travail est un géant pacifique qui dévore lui-même tout ce qui se mange aux alentours avant de nous le rendre, et qui se fout complètement du bon ordre d'aujourd'hui, de tous les bords établis, même le hors-bord. Mais voilà aussi une occasion unique de se demander de quoi on se protège en parlant avec le Savoir ? De quoi a-t-on peur ? Qu'est devenue notre capacité au babil ? À la glossolalie ? Au simple chant ? À l'invention ? Et beaucoup, beaucoup d'autres questions qui heureusement ébranlent nos socles, puisque le frère siamois de Savoir ce n'est ni Donner ni Partager, et ça c'est un malheur terrible mais c'est Pouvoir - ce faux frère qui depuis toujours semble-t-il nous passionne par ici. (clv)
-
Fouiller la moelle ou la langue, jusqu'à mettre les nerfs à vif. Ne jamais rien y expier, mais chercher le néant pour se chercher soi-même. Décomposer les intérieurs de la parole. Et assassiner l'esprit, pour que la vie même se rétracte en un unique point d'une unique durée, et que se déploient seules « la douleur perpétuelle et l'ombre, la nuit de l'âme ».
-
Cosmogonie est un mot rond, mais ce n'est pas un mot rétréci. Le monde y est bien plus grand que les récits qui le façonnent, mais, à bien y regarder, les cosmogonies parcourent nos heures de gestes simples, se multiplient dans l'instant de nos silences. Elles vont petites et foisonnantes à la rencontre des vies qui les contemplent.
Éloge du doute et de la nuance, l'écriture s'y jette comme le risque qui va à la brisure. De petites cosmogonies pour dire l'attention qui s'en retourne invariablement à ce qui «doit» être moindre. Cahots et soupirs y cherchent une manière d'être au monde. Le déploiement d'une cosmogonie, aussi fragile soit-elle, demeure une tentative : l'appel à faire brèche. -
De ce petit livre on pourrait dire qu'il gomme et dégomme les grands hommes, mais ce n'est pas ça. Il donne et redonne plutôt.
Il donne une place à des femmes écrasées par lesdits grands hommes et dont on ignore même les noms. Il redonne les noms de grandes femmes qui ne se sont pas laissé écraser.
Il donne de la voix aussi. Le plus loin possible de l'autorité et de la « culture-phallus ». Au plus près des êtres et de la nature-ventre. Avec. -
Ce texte en prose est une mémoire vive, une suite d'épiphanies. Sensation d'un récit qui se dessine fait de boucles, de spirales et de courbes. Non pas suites sans principes de construction mais entrelacements complexes. Couleurs, formes, collages, accidents s'inscrivent dans une dynamique du décloisonnement. Une tension entre le discontinu des fragments et le mouvement qui unifie l'ensemble, qui en détache des morceaux pour les travailler, les étudier sous tous les éclairages possibles, suspendre le cours d'une phrase, en retourner le cheminement, en déformer la logique, en fragmenter le sens, en désaccorder la syntaxe et avec elle toute linéarité, privilégiant les écarts de sens et d'images. Le texte est le montage de poèmes pris dans le réel, dont les fragments sont considérés comme surface de travail, espace à explorer.
-
Écriture par anticipations. Écriture pour habitacles. Pour habiter. Un espace masqué qui se découvre en avançant. Et soi en habitacle de ce qui s'y présente. La découverte simple. Point de mire. Simple en désirs. Simple voulant dire clair, la clarté étant l'instrument de la transformation - de soi, du monde, du langage. Y remettre de l'être, et y habiter en parallèle. Et rester fidèle - habitacles sans arrêt. Avec quelque chose en plus. Plus de sens. Plus de vie. De l'air entre les pensées. De l'espace. Comme par la grâce d'une idée fixe.
-
Qatar 2010-2019: 6500 ouvriers migrants seraient morts sur les chantiers de la Coupe du monde de football. De mort naturelle selon les rapports officiels.
Qatar 2022 : finale de la Coupe du monde une semaine avant Noël. Estimation du marché télévisuel : 3,2 milliards de téléspectateurs.
La traduction, Qatar of the dead, est l'oeuvre de Bill Jenkinson. -
La poésie se fait 99 fois la glaciation en l'urbain, ses campagnes tues. 99 fois la parole qui ne dit pas comment survivre. Mais qui se promène aux alentours de ce qui empêche
-
La langue de la girafe est une écologie poétique du langage, un art du moindre. Dans ce texte dont la trame se structure telle une tapisserie, l'image appartient à l'errance, elle dérive le long des mythes, interroge l'acte même du faire.
« Le monde est rempli de textes, plus ou moins intéressants ; je n'ai aucune envie de lui en ajouter un de plus. » Cet ouvrage de C. Jeanney prend au mot l'affirmation de Kenneth Goldsmith et fait oeuvre de patchwork.
C. Jeanney y a récolté les voix qui oscillaient autour d'elles, le verbe du quotidien, des paroles radiophoniques aux mots éphémères du passant, et les a assemblées en un collage de la langue.
La façon dont ces mots s'assemblent imite l'appareil photographique qui collectionne le fugace. Elle provoque l'émergence d'une sorte d'infra-sens, d'une texture narrative qui laisse surgir des messages souterrains à la langue.
Les mots sont déjà présents dans le réel, foisonnants et bariolés, le plus souvent ignorés, ils flottent insensément, et La langue de la girafe tâche de voltiger dans leur collecte protectrice. La langue s'exprime pleinement par elle-même. Elle ne souhaite pas sa réinvention, mais invite à l'infini de sa recomposition. -
« L'homme n'est pas un loup pour l'homme, il est une tombe. » L'usine ferme ses portes, et son spectacle, et ses poussières d'homme qui volettent insensément, qui se meurent souvent, renaissent en d'autres oppressions. Une prose fragmentée, sans entame ni fin, qui gratte la rouille, quête la dialectique.
-
Cheminement parmi des collections classiques ou insolites - de voix, de noeuds, d'éponges, d'origami... - qui racontent autant l'objet collectionné que le sujet collectionneur. La trouvaille devient trésor, la matière inerte révèle sa magie muette, la vie s'enchante, discrètement, de joies mineures. Manière de créer un monde dans le monde, à sa mesure. D'esquiver le non-sens par une curiosité renouvelée. D'oublier la duplicité des mots et la disparition des êtres dans la persistance modeste des choses. Les objets restent. On peut leur faire confiance. Passeurs entre les vivants et les morts, ils figurent le lien qui vient à manquer. Mais si on leur accorde trop de place, ils commencent à s'animer d'une vie propre...
-
La nuit est une bouche, toutes les nuits sont le corps de l'autre, et dans la bouche, il y a la nuit qui se traverse, le goût des nuits qui souffle et les ombres et les ciels, de la bouche à la bouche, le corps de l'autre qui se cristallise, sa nuit qui s'en va à la rencontre.
-
sur la N113
entre deux ronds-points occupés
dans la douceur du printemps occitan
un cri un chant une prière
contre l'enfer néolibéral patriarcal colonial -
à Marseille
sur le chantier de requalification urbaine
de la Place Jean Jaurès
nous nous vengerons des siècles et nous casserons des verres -
Toco le toucan, oiseau prophylactique, n'a d'autre espoir que de sortir l'Enfance des catacombes. Toco veut sauver l'enfant Rosalia Lombardo, morte d'une pneumonie en 1920 à l'âge de deux ans, et dont le corps momifié est encore aujourd'hui exposé dans les catacombes des Capucins à Palerme. Mais avant que le toucan se penche sur Rosalia, le temps est au règlement de compte, puisque l'époque est aux momies. L'oiseau ne sera pas le jouet de l'humain, de sa taxidermie fétiche, il volera et volera sa langue, y déposera le délire au plus près du verbe. Le toucan saura se faire psychotrope sublingual, pour révéler ce qu'il reste d'avant les mots, ce qu'il y reste encore de joie.
-
Je n'ai pas de mémoire -
zéro octet -
j'ai tout oublié
et ne veux me souvenir de rien
sang
mort
ordure anecdotique
métaphore
autorité
punition
châtiment
honte
culpabilité
je veux qu'on ne me rappelle rien
l'innocence c'est moi -
Il ne faut faire aucun effort pour flotter dans la piscine, et plus s'annonce l'extinction, plus on bronze.
Voyage, sois libre, pars à la rencontre de l'autre, découvre qui tu es vraiment.
Mais quand on est libre, quand on voyage, quand on s'accomplit soi-même, on devient du territoire plein.
Et tout autour de nous crève du manque d'espace.