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Éditions Les Herbes rouges
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.« Ce qui sous-tend tout le livre c'est qu'il faut se travestir pour vivre : se travestir pour survivre, pour exister; on ne peut jamais être soi-même, il faut toujours changer sa personnalité pour vivre dans une société. »- Josée Yvon « Francine pensait à toutes ses amies : les crosseuses, les tuées, les abusées, les stupides, les merveilleuses. » Celles-là et une foule d'autres sont les facettes qui scintillent, les insectes qui grouillent, pris dans l'engrenage des marges, au sein de Travesties-kamikaze. « Toutes les situations et personnages décrits dans ce livre ne font aucunement partie de la fiction et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou mortes ou des lieux réels est voulue et écrite pour les représenter. » Les fragments de récits, de poèmes, les collages qui composent Travesties-kamikaze en font un objet chargé, dégénéré et puissant. La réalité apparaît en gros plan, en morceaux; le fil des événements se dissout dans la nuit et dans l'alcool, dans les viols et les coups de couteau, les drogues et les médicaments. Pour Francine, Gina, Brigitte, Jasmine, la narration furieuse et imagée de Josée Yvon se fait antre, lieu percé de « trous dans le plâtre qui s'effrite, mais confortable, chaud, bizarre, attirant, peut-être une famille ». « Et elle a ajouté : "Je suis une revendication quand je manque de gaz." »
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Nombreuses sont les otages rassemblées en ce lieu - une prison, un hôpital, un bordel ?
En haut, Têtra, « la boss, la maîtresse, la femme aux mille pattes », les surveille en ricanant. Sous son regard attendri mais cruel, les otages font l'amour et la fête, torturent un homme qui a violé une des leurs, accouchent, s'entretuent. L'alcool arrosant les pilules, chacune contemple ses blessures.
Kâlisse, America-Susan, Georgette dite Courgette, Lise « Capotée » Boudreau, Nicole-Nympho et les autres : « elles sont la vraie société, aussi pire, aussi malade, aussi vulnérable ».
La vie était dure dehors ; elle ne l'est pas moins dans cet étrange aquarium. Or « ici au moins, pensait Kâlisse, les lucioles du rire passaient parfois ». -
Tournage de film porno, « Ginette se meurt d'ennui ». Prostituée armée dans les toilettes d'une chambre de motel. Miroirs léchés. Vaginoplastie juste au bon moment « pour se cacher ailleurs qu'au cimetière ou en prison ». Viol d'un adolescent. Party BDSM. Manucure. Drogue mortelle.
« Personne ne peut abuser d'elle, c'est déjà fait. » Abîmées et vengeresses, les « fées mal tournées » rendent les coups. Dans la rue, au bar, à l'hôpital, à la shop de tatouage, elles rassemblent leurs voix discordantes pour devenir inévitables, pour déranger l'ordre qui les gruge.
« Nous docteurs, sorcières et assassines, nous voulons répandre la conscience / comme une malaria fiévreuse et addictive. » Au coeur de Danseuses-mamelouk, Josée Yvon réunit sa milice : trois textes, masses composites de vers et de bouts de récits, cris de guerre, dédales de sens, affection féroce, « une grosse étreinte dans page ».
« Car l'abus est notre seul espoir de prospérité et de jouissance. » -
Abandons ; la maison d'Ophélie
Carole David
- Éditions Les Herbes rouges
- Territoires
- 10 Novembre 2020
- 9782894197622
À propos d'ABANDONS :
Abandon dans la mort, dans l'amour, dans la violence, dans la peur, dans l'alcool: le propos de cette poésie tient dans les faits du quotidien, du réel. Les mêmes attitudes, les mêmes mots se retrouvent d'un poème à l'autre, mais chacun d'entre eux bascule inévitablement dans le rêve ou le fantasme. Abandons révèle des scènes concentrées où l'intensité provient de détails superflus, inattendus, quelque chose qui soudainement serait plus grave que la mort. Peu à peu s'établissent entre ces scènes des liens, des rythmes communs. Ces visions fugitives sont fixées là, tout de suite, sans nécessairement être développées. Le poème est la forme idéale pour qu'on ne puisse oublier ces instants.
À propos de LA MAISON D'OPHÉLIE :
La maison d'Ophélie explore la frontière qui sépare la vie normale du chaos. Chaque poème a le pouvoir d'investir les objets et les êtres d'une inquiétante étrangeté en suggérant une menace omniprésente cachée au coeur des apparences. Ces poèmes écrits en écho sont à la fois commentaires l'un de l'autre, et jeu de dualité et de résonances. L'imaginaire y contamine peu à peu la réalité. À preuve, ces nombreuses scènes du quotidien qu'un élément suffit à brouiller et à faire basculer dans une autre dimension. -
Comment allons-nous dorenavant ecrire ?
André Roy
- Éditions Les Herbes rouges
- 27 Avril 2021
- 9782894197509
Où convergent les corps désirants, trahis, meurtris? Imaginons un ciel complexe, peuplé d'astres et d'anges, où André Roy leur forge une place à eux.
C'est à même son propre corps que le poète, grand réconciliateur de la beauté et de la détresse, se montre traversé par les passions singulières. Avec Comment allons-nous dorénavant écrire?, il met « de l'ordre dans ses douleurs ».
Porté par la mélancolie autant que par la révolte, ce livre prend une tonalité définitive : « Adieu nuées poèmes calvaires / couleurs des animaux parlures / brûlure des yeux brûlés / je dis adieu à mon écriture ». Or le temps zéro, le temps de la poésie, tourne et se rejoue comme un film au cinéma. -
Dans les années 1990, Denis Vanier a publié aux Herbes rouges une série de recueils
de poèmes à la sobriété brutale. Porter plainte au criminel, livre posthume, est le
dernier de cette série. -
Mitchell s'écroule sur son dactylo, poignardée dans le dos. Par sa fille, la petite Donna.
Autour d'elles, la vieille Berta, sa fille trans Belle et « Bobby l'indienne » reprennent leur partie de cartes. La porte claque, la maison tremble : accourt Laurie, imprimeuse-éditrice de faux billets et amante de la défunte. « Tu as raison, Donna, il faut tuer la personne aimée absolument, trop dangereux. »
Ainsi commence ce livre, une danse désordonnée entre passé et présent, dans une Amérique qui court des plaines glaciales de la Baie-James jusqu'à Chicago.
Elles sont « quelques-unes, une petite gang pas homogène ». Leur singularité est irréductible. La narratrice de ce texte mangé d'images, mi-récit, mi-poème, s'attache à l'une puis à l'autre, s'éclipse à la sortie de prison. Les « lesbiennes-hobos » se liguent et se quittent, se blessent puis se ramassent, et si elles ont un but, ce ne peut être que de « fucker l'organisme entier ».
Maîtresses-Cherokees, troisième livre de fiction de Josée Yvon, ne s'éparpille que pour mieux frapper au coeur. « On met-tu tout le monde sur la panique ? » -
Ici, il y a onze mille ans, la plaine était le fond d'une mer. Avant la mer, une couche de glace épaisse de plusieurs kilomètres écrasait le sol. La glace a fondu, l'eau s'est retirée. C'est fertile, ici: les sables ont cédé la place aux champs de blé d'Inde. À moins que tout n'arrive simultanément?
Dans la plaine, des lettres datées d'un 22 août creusent leurs sillons. «Nous collectionnons les os dont la remontée à travers la terre s'est amorcée.» L'air proche est une cueillette de fossiles. Ce qui remonte - paroles, pensées, impressions, béluga - est sale et impersonnel; il y a de la boue entre les mots. Les phrases agglutinent les débris: «Nous optons pour un mélange de fiction et de terre à jardin.» De ces fragments, extraits de lettres et dialogues émerge un sentiment monstrueux et serein.
Nous, La personne, Moi et Le béluga: un rassemblement hétéroclite et intemporel se tient dans le poème, réalise le souhait, apprend à relire les lettres, à y répondre, et à parler, tout le temps, pour tout le monde. «Ainsi, nous nous réunirons en oubliant de partir.» -
Qu'advient-il de nous lorsque les liens qui nous unissent, longtemps éprouvés, se dissolvent ? Quand « il ne reste qu'une lande soumise / au brouillard, aux aléas des vents orageux, / que l'herbe, les montagnes, les fleuves / et les rochers perdent leur essence, » la poésie au souffle inébranlable de Marcel Labine s'élève, comme surgie d'en dehors du temps.
Ces poèmes, phrases disloquées, amples, entêtées, racontent de nombreuses facettes de la même dépossession : ne rien devoir à personne, ne faire aucune promesse, n'obéir qu'à soi-même, vivre détaché, indépendant, bâtard, sans ancêtres à louanger ni legs à préserver. Naître de ses oeuvres, nier la mort, jubiler, « riche de l'admiration que l'on voue / à ceux qui ne regardent pas derrière eux ».
Et disparaître, sans faire de vagues, entre un requiem et un opéra, entre les hurlements du poète forcené et la cohue du métro. -
L'urine des forêts
Denis Vanier, Richard Suicide
- Éditions Les Herbes rouges
- 13 Octobre 2021
- 9782894197981
Dans les années 1990, Denis Vanier a publié aux Herbes rouges une série de recueils à la sobriété brutale. L'urine des forêts, à la fois souvenir de l'amour perdu et abjection quotidienne, est l'avant-dernier de ces livres. Le poète y admet la puissance terroriste du mal qui l'a envahi. Il affirme vivre le plus ancien combat de l'homme.
Ces textes sont ceux de la révolte adolescente, écrits avec les mots lucides de la maturité. -
Nattes : poésie 1971-1977
Philippe Haeck
- Éditions Les Herbes rouges
- Enthousiasme
- 23 Novembre 2021
- 9782894197837
Nattes présente les poèmes écrits par Philippe Haeck entre 1971 et 1977 : ses débuts d'écrivain. Son écriture résonne de citations, réécritures et traductions, dans une intertextualité plus généreuse qu'érudite. Mais surtout, s'y rejoignent les diverses luttes des opprimé·e·s, celles des femmes et des luttes ouvrières, et de nombreux chemins de traverse se dessinent entre l'acte de création littéraire et l'urgence politique.
Pour cette nouvelle édition, l'écrivaine et professeure Laurance Ouellet Tremblay signe une préface qui accueille ces
poèmes qui la renversent, pour les réinscrire dans la brûlante actualité -
Le programme double de la femme tuée
Carole David
- Éditions Les Herbes rouges
- 1 Mars 2022
- 9782894198094
C'est un été ordinaire du XXIe siècle. La canicule écrase Rome, où l'écrivaine pose ses valises. Qu'est-elle venue trouver parmi
les foules de touristes, elle, l'Italienne née déracinée en Amérique, qui ne parle la langue qu'avec hésitation?
Dans les rues de la capitale, à la gare ou au musée, la vie exubérante côtoie le souvenir de mille tragédies. Rome est le théâtre d'une violence répétée, ce cinéma où l'on s'assoit, agitée, pour assister au programme double de la femme tuée.
Au fil de six mois d'errance, la poète parcourt la ville, attentive aux fantômes qui passent. Ce livre pourrait être le compte rendu de sa conversation avec les esprits. C'est un retour sur les lieux du crime, le renouvellement des voeux, un face à face avec un passé qui hante : celui de l'Italie, et aussi l'histoire sanglante des femmes. -
C'est simple, vivre : on se réveille, on se nourrit, on goûte la chaleur du soleil sur son visage.
Or, vivre, c'est aussi absolument compliqué : les pensées tournent inlassablement dans nos têtes, nos corps laissent sur le monde une trace indélébile. Il faut tuer le cochon pour le manger.
Poids lourd se déroule comme une spirale autour de ce dilemme. Dans une langue claire, avec un certain détachement, les poèmes tantôt s'attardent à l'instant présent, tantôt brossent, en quelques vers incisifs, le portrait obsédant des porcs en route vers l'abattoir. Devant l'angoisse de nuire, l'attention tour à tour se fixe et se détourne. -
Manuel de poétique à l'intention des jeunes filles
Carole David
- Éditions Les Herbes rouges
- 4 Décembre 2013
- 9782894194096
En lisant, en vivant, des images apparaissent et disparaissent; on entend des voix, on s'en remet à elles; certaines sont là depuis l'enfance et l'adolescence, d'autres ont surgi dans des moments de bonheur, mais aussi dans des moments où, désespéré, on cherche un ailleurs dans les mots.
En lisant, en écrivant, icônes, études, méditations sont la somme personnelle de l'expérience de la lecture, de la possibilité de rêver et de se forger sa propre image du monde.
Lus, écrits, seule et en silence, fort et devant public, les poèmes de ce manuel célèbrent les figures mythiques et tutélaires penchées sur le berceau des petites filles. De l'espace domestique à l'espace de l'écriture, ces voix se conjuguent en une seule. -
Je suis entrée dans le boisé de mon enfance avec l'intention d'y rester.
J'étais douée pour une existence hasardeuse, je ne m'appartenais plus corps et biens.
Des photographies, des objets perdus ont suffi à me faire disparaître.
J'ai donné un congé définitif aux vies qui m'habitaient.
Je ne sais rien de ce que j'écris.
Ces poèmes sont l'écume de ma chute.
C. D. -
Ils forment une «parade clinquante», ce sont «des armes dangereuses, un baiser / à retardement». Enfants réels ou allégoriques, ils disparaissent sous nos yeux. Pour les attraper au moment crucial, Comment nous sommes nés déploie ses phrases amples, ses vers durs, monnaie qui brille au fond de la fontaine.
Suspendus entre ciel et terre, entre deux époques; au bowling, au centre commercial, au ciné-parc, les personnages de ces poèmes arrivent à la fin de leur histoire. Ici où le merveilleux se défigure, ils tentent d'échapper à l'emprise de ceux qui les aimaient.
«Qui bat des ailes?» Flottant parmi les fantômes, la poète abandonne sa voix à ces créatures sans langage qui, en s'émiettant, la métamorphosent. -
Mourir ne dure qu'un instant. Mais la douleur, lancinante, comme les vagues, recule pour mieux frapper de nouveau, recule et frappe encore.
« Tout cela se passe en une journée. » Une chute à cheval, le fleuve qui recrache un cadavre, « un fantôme à discipliner », une longue promenade à travers les champs, la promesse du repos.
Dans ces poèmes obstinés, Tania Langlais distribue les vers comme les cartes d'un tarot. Une histoire se dessine au gré de leurs agencements. Cette histoire, c'est celle de la dernière journée de Virginia Woolf, « le plus beau suicide / de la littérature anglaise »; celle de Perceval, le mort muet de son roman Les vagues; et c'est aussi autre chose, une souffrance tenace qui ne se dévoile que par éclats.
Au son du galop du cheval qui se répercute dans la mémoire, le temps comprimé déploie ses faces. Tout cela se passe en une journée. -
Nous avions rêvé d'un monde plus humain. Ce rêve a été trahi mais nous n'avons pas dit notre dernier mot.
En dépit des apparences, personne ne trouve normal de tromper, de corrompre et d'anéantir. Personne n'admet l'état de guerre. Nous refusons de nous endormir avec des abuseurs et des amnésiques. Nous résistons, nous nous multiplions. Vous n'avez encore rien vu. -
Les poèmes de José Acquelin se forment d'abord dans le regard curieux, presque naïf que le poète pose sur ce qui l'entoure : «je suis pur parce que je suis rien».
Armé d'un vocabulaire épuré, Acquelin combine sentences, aphorismes et étonnantes images en de courts textes qui célèbrent la pensée dans ses plus intrigants paradoxes.
Ainsi les poèmes s'amusent et invitent à jouer avec eux, mais aussi à contempler le monde, celui-là même qui «ne fait jamais exprès d'être ce qu'il est». Avec autant de lucidité que de tendresse, L'oiseau respirable touche au coeur de l'expérience humaine: «mais de tout ce qu'on a vécu / il reste toujours le ciel». -
L'histoire commence dans les airs, avec le rapt du soleil. Une blessure suffisamment grande pour pousser une fille hors d'elle-même. Dès lors l'avenir semble perdu : « l'horizon quelque part / se jette d'une falaise ». Ce livre, déplié comme une carte routière, retrace le trajet de sa guérison.
Au fil de ces poèmes tout en images vibrantes et en incantations, l'attention descend pour entrer dans le corps, le percer, creuser un terrier. Jusqu'aux racines.
On ne se métamorphose jamais seule, et c'est entourée de celles qui l'ont précédée dans cette marche vers le pouvoir d'être soi que l'héroïne se rebâtit. Celles qui flambent, en brûlant, se transforment : « je souderai mes visages / en un corps vieilli ».
« Il y a une consolation possible », oui, à même cette quête, à même le courage de brûler. Parmi celles qui flambent s'offre comme un baume à celles et ceux qui portent aussi une blessure. -
Supposons une plaine qui s'étend, très grande, avec au-dessus un ciel encore plus grand. Supposons que cette image est une immense toile que le peintre s'est promis de recouvrir. La plaine, le ciel sont le vivant, la pensée. Roger Des Roches s'attaque, dans Faire crier les nuages, à ce paysage large et profond. Après l'intime et le personnel (dixhuitjuilletdeuxmillequatre, Le corps encaisse), l'auteur s'est donné le défi de détourner l'objectif de lui-même pour le diriger sur ce qui l'entoure. Une plaine réelle, un ciel réel. Et devant, derrière, dedans, avec les nuages, malgré eux, des poèmes pour les faire travailler, pour les faire déborder. Faire crier les nuages. C'est à un fourmillement d'images violentes ou subtiles et de brefs récits que le poète convie le lecteur. Un livre animé par un souffle débridé, joueur et puissant comme le vivant, comme la pensée.
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Golgotha est un lieu d'apparitions, espace où se déploie un « je » massif et creux, habité. Constellé d'altérités, il se sonde, se sculpte, remonte ses époques. Il revient du passé le visage dissimulé par un loup, et laisse parler le loup.Le corps, la voix du poète forment un théâtre privé : dans la boîte de son crâne des créatures tonnent de colère, s'offrent comme énigmes ou se replient dans la honte. En orbite entre les mondes, ces présences rappellent que la parole est un sort.Avec des poèmes parfois lapidaires, contondants, parfois logorrhée vertigineuse, Benoit Jutras présente « les humains qui dorment / debout dans les accidents », et demande, envahi : « combien de totems en moi maintenant » ?
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Muette, clouée à sa chaise par le livre de photos de Francesca Woodman ouvert sur ses
genoux, elle écrit. La femme assise se fissure. Les poèmes gigotent, glissent leurs doigts : ils
cherchent à entrer.
Et ils lui parlent. Perchés sur son épaule, les poèmes murmurent un mode d'emploi; il lui font signe. Elle les capte : «J'aime les contorsions sacrées que vous me proposez.» «Tu nous serres trop fort : attention, joujou », protestent-ils.
Alors la voix de la femme assise s'élève contre la leur. Tout en souplesse et en acrobaties
invisibles, La femme assise présente, comme au théâtre, la curieuse conversation d'une
écrivaine avec ses poèmes. -
Dixhuitjuilletdeuxmillequatre. nuit, penser
Roger Des roches
- Éditions Les Herbes rouges
- Territoires
- 12 Février 2019
- 9782894196977
NUIT, PENSER
Toujours, depuis si longtemps, des poèmes: manières de voir ou de vivre, on le dit, mais peut-être aussi, un à un, manières de penser ou de vieillir, maintenant.
Dix mille nuits sans dormir font des poèmes, encore. La nuit - avec tous ces objets qui s'échangent leurs noms et ces souvenirs qu'il faut inventer - fait des poèmes. Des yeux, dans l'obscurité, je cherche des mots qui me suivront jusqu'au lendemain, sans doute dans le bon ordre. Je fume, j'écoute les voix qui sont la mienne quand les autres dorment. Elles sont des poèmes.
DIXHUITJUILLETDEUXMILLEQUATRE
La mort de la mère: ce moment où le fils est anéanti et... libéré.
Rarement la poésie a témoigné de façon aussi personnelle de l'entrée en agonie d'un parent. Quand la mort fait de la mère son pantin, le fils veut fuir ce qui crie entre les murs «gris de la couleur du jour de la chambre de la seule avec / Dieu qui gratte et Dieu qui tire et Dieu qui mord: / douzejuilletdeuxmillequatre».
La mère en allée, la famille envolée avec elle, rien ne reste au poète que sa poésie pour trouver grâce devant leur mémoire.