Rayons
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
Langues
Formats
Sciences humaines & sociales
-
Marie-Antoinette
Stefan Zweig
- République des lettres
- Les Cahiers Rouges
- 2 Janvier 2024
- 9782824905822
«Écrire l'histoire de Marie-Antoinette, c'est reprendre un procès plus que séculaire, où accusateurs et défenseurs se contredisent avec violence. Le ton passionné de la discussion vient des accusateurs. Pour atteindre la royauté, la Révolution devait attaquer la reine, et dans la reine la femme. Or, la vérité et la politique habitent rarement sous le même toit, et là où l'on veut dessiner une figure avec l'intention de plaire à la multitude, il y a peu de justice à attendre des serviteurs complaisants de l'opinion publique. On n'épargna à Marie-Antoinette aucune calomnie, on usa de tous les moyens pour la conduire à la guillotine; journaux, brochures, livres attribuèrent sans hésitation à la «louve autrichienne» tous les vices, toutes les dépravations morales, toutes les perversités; dans l'asile même de la justice, au tribunal, le procureur général compara pathétiquement la «veuve Capet» aux débauchées les plus célèbres de l'Histoire, à Messaline, Agrippine et Frédégonde.» - Stefan Zweig.
-
«Entre tous les exploits des hardis conquistadores, celui qui fit la plus forte impression sur moi fut le voyage de Ferdinand Magellan, qui partit de Séville avec cinq pauvres cotres pour faire le tour de la terre - la plus magnifique odyssée, peut-être, de l'histoire de l'humanité que ce voyage de deux cent soixante-cinq hommes décidés dont dix-huit seulement revinrent sur un des bâtiments en ruines, mais avec la flamme de la victoire flottant au sommet du grand mât. [...] En faisant le récit de cette odyssée de la façon la plus fidèle possible d'après les documents qu'il m'a été donné de rassembler, j'ai eu constamment le sentiment de raconter une histoire que j'aurais inventée, d'exprimer l'un des plus grands rêves de l'humanité. Car il n'y a rien de supérieur à une vérité qui semble invraisemblable. Dans les grands faits de l'histoire, il y a toujours, parce qu'ils s'élèvent tellement au-dessus de la commune mesure, quelque chose d'incompréhensible; mais ce n'est que grâce aux exploits incroyables qu'elle accomplit que l'humanité retrouve sa foi en soi.» - Stefan Zweig
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henry David Thoreau. Longtemps considéré comme un apôtre de la désobéissance civile, ou tout simplement comme un anti-conformiste, Henry David Thoreau (1817-1862) est aujourd'hui compté parmi les plus grands auteurs américains du XIXe siècle. Après la publication de son célèbre Walden, où la vie dans les bois, il tient de nombreuses conférences dont les textes sont ensuite repris, développés et transformés en essais. C'est le cas de la conférence sur Les droits et devoirs de l'individu par rapport au gouvernement, initialement publiée en 1849 sous le titre de Résistance au gouvernement civil, puis rebaptisé à titre posthume en 1866 La Désobéissance civile par son éditeur. Thoreau rédige ce texte après une nuit passée en prison car, reprochant à l'Etat américain de soutenir l'esclavage des États du Sud et de mener une guerre injuste contre le Mexique pour annexer le Texas, il refuse symboliquement de payer ses impôts. Texte fondateur des concepts de désobéissance civique et de non-violence politique, l'ouvrage affirme le droit inaliénable de tout individu a s'opposer à la loi dès lors qu'il la juge injuste ou dangereuse, et prône la résistance passive en tant que moyen de protestation. Il a depuis sa publication influencé de nombreux mouvements de résistance pacifistes et diverses personnalités comme le Mahatma Gandhi et Martin Luther King. Il reste plus que jamais actuel.
-
En 1934, après avoir achevé la rédaction de "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale", Simone Weil, à l'époque professeur agrégée de philosophie et militante syndicale et politique (plus anarchiste que marxiste), décide de prendre un congé de l'éducation pour «études personnelles». Dans le cadre de sa réflexion, elle porte en effet son attention sur les conditions de vie, de travail et de développement des ouvriers et souhaite faire l'expérience directe de l'usine. Elle s'engage d'abord comme manoeuvre à l'usine Alsthom, puis devient fraiseuse chez Renault. C'est de cette expérience vécue de deux années (1934-1935) qu'elle rend compte dans "La Condition ouvrière". L'ouvrage est composé de son «Journal d'usine», où elle consigne au jour le jour ses observations, son travail, ses rencontres, ses horaires, ses gains, ses souffrances morales et physiques, et d'un riche ensemble de textes et de lettres où elle dégage la philosophie et la morale de cette expérience. "La Condition ouvrière" est un document brut, sans lyrisme ni sentimentalité, où s'affirme la soif d'attention au présent et la position éthique fondamentale de Simone Weil, celle d'être toujours du côté des opprimés.
-
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Jean-Jacques Rousseau
- République des lettres
- 25 Février 2019
- 9782824904849
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Jean-Jacques Rousseau. Publié en 1755, le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" est le second essai philosophique de Jean-Jacques Rousseau. Dans ce texte célèbre, sur lequel repose toute une partie de la littérature politique moderne, le philosophe établit les fondements de sa doctrine sur l'homme et la société en affirmant que tous les maux et les misères, causes de l'inégalité parmi les hommes, découlent uniquement de l'état social. Les contemporains de Rousseau virent dans cet ouvrage un réquisitoire implacable contre les institutions sociales et politiques de leur temps. Il contient en germe les éléments de la thèse que Rousseau soutiendra plus tard dans le "Contrat Social". Le "Discours sur les sciences et les arts", publié quant à lui en 1751, est l'occasion pour Rousseau d'exposer ses idées où apparaît déjà la base de toute son oeuvre future, à savoir: la nature avait fait l'homme bon, la société l'a fait méchant; l'homme était libre et heureux, la société le rend esclave et misérable; la tare de la société est l'inégalité. Plus l'état social est avancé, plus il est corrompu.
-
Biographie et recueil d'articles du journal de La République des Lettres sur Hannah Arendt. Dossier sur sa vie, sa pensée, son oeuvre, sa judéité, ses relations avec Martin Heidegger, ses écrits sur le nazisme, sur l'impérialisme et sur le sionisme. Qu'a-t-on voulu au juste faire payer à l'auteur des Origines du Totalitarisme et de Eichmann à Jérusalem ?
-
Alain est d'abord un professeur, dont la popularité ainsi que l'influence sur la philosophie et sur l'enseignement de la philosophie en France, ne sont guère comparables au XXe siècle qu'à celles de Henri Bergson, ou autrefois à celles de Jules Michelet ou d'Edgar Quinet. Mais il dédaigne les éclats des maîtres romantiques, et il ne possède, pour s'imposer comme un Bergson, ni l'aisance mondaine ni même une doctrine originale. Un robuste rationalisme, un kantisme étrangement promené à travers d'infatigables observations de choses et de gens, et corrigé par ses observations, voilà toute la philosophie d'Alain. Mais Alain est-il un philosophe ? Bien plutôt un éveilleur d'esprits. Il n'a pas de système à proposer, mais seulement la constante et infiniment diverse leçon de défiance à l'égard des opinions communes et des idées toutes faites.
-
Les grands cimetières sous la lune
Georges Bernanos
- République des lettres
- 17 Février 2019
- 9782824904832
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Georges Bernanos. Publié en 1938 pour dénoncer la répression franquiste de la Guerre d'Espagne, ce pamphlet est aussi un livre charnière dans l'oeuvre de Bernanos. Alors que dans "La Grande peur des bien-pensants" l'écrivain alors farouchement nationaliste et antisémite défendait ses amis politiques (Edouard Drumont, Charles Maurras, Henri Massis,...), il instaure ici le procès "spirituel" de ce courant d'idées et dénonce la collusion entre catholiques et franquistes, s'en prenant non seulement au général Franco mais aussi à tous les "bien-pensants" de l'Église, de Paul Claudel à la Cour de Rome en passant par les prêtres républicains français et les prêtres phalangistes espagnols. Pour Bernanos, il y a derrière la Guerre d'Espagne une imposture religieuse majeure, une rupture entre l'Église de Dieu et les pauvres, une perte de l'idéal chrétien remplacé par la haine sociale et la tyrannie politique qui signe in fine la mort de la chrétienté. D'apostrophes polémiques passionnées en attaques d'une violence verbale inouïe, "Les Grands cimetières sous la lune", présenté par l'auteur comme "le témoignage d'un homme libre", brûle d'amour et de justice.
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Épictète. Traduit du latin, annoté et présenté par Mario Meunier. Comme Socrate, Épictète n'écrivit rien. Ce fut son disciple Flavius Arrien qui, ayant suivi sous Trajan les leçons d'Épictète à Nicopolis, rédigea les notes qu'il avait prises en écoutant son maître. De là sortirent les "Entretiens" d'Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre. De tous ces entretiens, Arrien lui-même en tira ce qui lui parut essentiel, pour le condenser en un petit livre qu'on pût toujours et avoir sous la main et porter avec soi: le "Manuel d'Épictète". Simplicius, qui enseignait à Athènes lorsque les écoles de philosophie païenne furent fermées, en 529, par Justinien, composa un commentaire très développé de ce Manuel. Ce petit livre, dit-il, "est une arme de combat qu'il faut toujours avoir à sa portée, et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir". Admiré par les païens, ce Manuel le fut non moins par les chrétiens. Saint Nil, disciple de saint Jean Chrysostome, puis anachorète, l'adapta, avec d'insignifiantes modifications, à l'usage de la vie des ermites du mont Sinaï, et la règle de saint Benoît elle-même en fit passer plus d'un précepte dans le monachisme occidental. Traduit plusieurs fois en français dès le XVIe siècle, le "Manuel d'Épictète" eut la singulière fortune de faire l'impression la plus vive sur le génie de Blaise Pascal. C'est, en effet, un des livres les plus réconfortants que la pensée grecque nous ait laissés.
-
Militante révolutionnaire libertaire, féministe et franc-maçonne, Louise Michel (1830-1905) est l'une des figures majeures du mouvement anarchiste français. De son enfance dans un château en Haute-Marne à la Commune de Paris, de sa vocation d'enseignante à sa déportation dans les geôles de Nouvelle-Calédonie, de sa lutte infatigable pour la défense des opprimés à l'agitprop du drapeau noir de l'Anarchie, de sa correspondance avec Victor Hugo aux minutes des procès iniques que la République bourgeoise lui intente, celle que les journaux de l'époque surnomment "la Vierge Rouge" évoque ici, dans un style profondément vivant, ses convictions politiques et les souvenirs de sa vie. Document incontournable de l'histoire politique et sociale du XIXe siècle français, ces admirables Mémoires de Louise Michel sont encore et toujours d'actualité.
-
La vie de Paul Lafargue se confond avec la naissance du Socialisme en France et les luttes de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière) dont il est, au même titre que Jules Guesde ou Jean Jaurès, l'une des grandes figures. Après avoir épousé la deuxième fille de Karl Marx, Laura, il achève ses études de médecine et se lance à corps perdu dans le combat politique: organisation de l'Internationale Ouvrière en France et en Espagne, lutte contre les partisans de Mikhaïl Bakounine, tentative pour soutenir en province la Commune de Paris (1871). Il écrit de nombreux articles, publie des brochures de circonstance et traduit les ouvrages de Karl Marx et de Friedrich Engels. C'est en 1880, dans le journal "L'Égalité", qu'il publie en plusieurs livraisons son célèbre "Droit à la paresse". Ce pamphlet anti-capitaliste est une réponse à un ouvrage de Louis Blanc sur le "Droit au travail" de 1848. Pour Paul Lafargue, le droit au travail n'est en réalité qu'un droit à la misère. Violente désacralisation du travail et de la consommation, éloquent éloge du loisir et de l'oisiveté, ce manifeste de haute philosophie sociale détonne par son ton libertaire dans la sévère et rigide littérature socialiste de l'époque.
-
«Tout esprit créateur est inévitablement amené à entrer en lutte avec son démon, et c'est toujours un combat passionné, héroïque, le plus magnifique de tous les combats. Souvent cette lutte grandiose et mystérieuse dure toute une vie. Elle prend sa forme visible dans l'oeuvre de l'artiste, où vibre le souffle ardent des noces de l'esprit et de son éternel séducteur. C'est chez le créateur qui lui a succombé que le démon réussit à se dégager de l'ombre, devient verbe et lumière; c'est chez lui que s'affirment le plus nettement ses traits passionnés. [...] Nietzsche est de cette race prométhéenne qui force les cadres, brise les barrières de la vie et se détruit elle-même dans la passion et l'excès. [...] Il parle même encore en lui lorsque ces lèvres sont muettes, quand son cerveau est éteint, quand son corps est mourant; jamais l'hôte effroyable qui l'habite n'est plus visible qu'au moment où son âme se déchire, écartelée par l'excès de souffrance, et que la vue y plonge par la déchirure jusque dans les profondeurs les plus intimes.» - Stefan Zweig.
-
En 1509, Érasme, quittant l'Italie et traversant les Alpes à cheval pour se rendre en Angleterre, conçoit un brillant divertissement: "L'Éloge de la folie", qu'il rédige en quelques jours une fois arrivé chez son ami Thomas More. L'ouvrage sera imprimé à Paris en 1511 et fera connaître son auteur avant que celui-ci devienne le prince de la République des Lettres et le héros intellectuel de l'Europe entière après la publication de son "Nouveau Testament". Dans un style clair et souple, cette mordante satire humoristique menée "allegro con brio" fait parler la déesse de la Folie qui critique allègrement moines, évêques, théologiens, universitaires, courtisans, petits maîtres et grands de ce monde. "Moi qui vous parle, la Folie, j'ai plus d'un détracteur ici-bas, même parmi les plus fous. Mais on peut les laisser dire sans danger, car ils ne pourront jamais faire que je ne jouisse d'une puissance à nulle autre pareille pour mettre en gaieté les dieux et les hommes." "L'Éloge de la folie" connaîtra un certain succès puis sera mise à l'Index des livres interdits lors de la Contre-Réforme, avant de renaître et de devenir ce classique de l'Humanisme qui aura une influence majeure sur la pensée et la littérature occidentale des cinq derniers siècles. Le texte est suivi d'une biographie et d'une étude de l'oeuvre d'Érasme.
-
Souvent comparé aux réflexions de Jules Michelet sur la nation, ou opposés à celles de Fichte pour ce qui est de la perception allemande sur le même sujet, "Qu'est-ce qu'une nation?" est resté le texte le plus célèbre d'Ernest Renan. Toujours actuel, ce chef d'oeuvre de rhétorique et de science politique a été prononcé lors d'une conférence donnée en Sorbonne en mars 1882. Il apparaît aujourd'hui comme le testament politique de ce maître à penser de la IIIe République. «J'en ai pesé chaque mot avec le plus grand soin», écrira-t-il plus tard: "c'est ma profession de foi en ce qui touche les choses humaines, et, quand la civilisation moderne aura sombré par suite de l'équivoque funeste de ces mots: nation, nationalité, race, je désire qu'on se souvienne de ces pages-là.» S'interrogeant sur les fondements de l'identité nationale, l'auteur de la "Vie de Jésus" constate d'abord dans l'histoire des peuples l'existence d'un droit national à côté du droit dynastique. Développant son propos, il affirme ensuite que ni la race, ni la langue, ni la religion, ni la communauté d'intérêts, ni la géographie ne peuvent définir une communauté nationale. Pour Ernest Renan, «Une nation est une âme, un principe spirituel, [...], une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. [Son] existence est un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie.»
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Élisée Reclus. Grand voyageur ami d'Alexandra David-Neel, éminent géographe auteur d'une Nouvelle géographie universelle en 19 volumes, écologiste et féministe avant l'heure, Élisée Reclus est aussi, avec ses amis Mikhaïl Bakounine et Pierre Kropotkine, l'un des grands penseurs de l'Anarchisme. Convaincu que l'anarchie est la plus haute expression de l'ordre, il ne cessera de propager cet Idéal toute sa vie, malgré ses années de prison et d'exil dûes à son engagement contre le régime de Napoléon III et à sa participation active à l'insurrection de la Commune. En juin 1894, alors que les milieux anarchistes subissent une sévère répression à la suite d'une vague d'attentats, il prononce une conférence à Bruxelles, devant les membres de la loge maçonnique Les Amis philanthropes. Loin de prôner la violence révolutionnaire, mais sans non plus dénoncer les poseurs de bombes, l'auteur expose magistralement ses théories sur l'Anarchie, resituant celle-ci dans une longue tradition de contestation de l'autorité et la posant comme une nécessité historique. Selon lui, de la Préhistoire à Proudhon en passant par la Grèce antique, la Renaissance et les Lumières, l'Anarchie est aussi ancienne que le pouvoir avec ses promesses de bonheur des peuples et sa morale fondée sur le tremblement religieux. Reclus démontre qu'elle n'est en rien une chimère d'énergumènes mais un mouvement inéluctable de la société dans son ensemble, et se réjouit de constater les signes de cette évolution: la mort de Dieu, l'irrespect croissant envers l'Etat, le développement de communautés libertaires, relevant que la science elle-même est anarchiste dans son principe. Le système actuel fondé sur le pouvoir et l'autorité étant intenable, Élisée Reclus est convaincu que le jour de l'Anarchie viendra.
-
Publié à l'aube de l'ère chrétienne, "L'Art d'aimer" d'Ovide est un traité de séduction qui chante la vie de plaisir. Dans les deux premières parties de l'ouvrage, l'auteur révèle à son élève lecteur qui souhaite plaire tout ce qu'il faut savoir pour chercher et entretenir les bonnes fortunes amoureuses et sexuelles. Puis, ayant jusque-là tout considéré du seul point de vue masculin, il s'adresse dans la troisième partie aux femmes pour leur enseigner à leur tour l'art de conquérir des amants et de varier les stratégies de séduction selon leur âge, leur caractère et le degré de leur passion. Mais il serait toutefois injuste de ne voir dans "L'Art d'aimer" qu'un simple manuel de libertinage. C'est aussi un tableau éclairé des moeurs romaines sous Auguste - qui veut alors restaurer la morale romaine et réagir contre l'adultère - et, avant tout, sous son apparence frivole, une profonde méditation sur le coeur humain. Le succès du livre ne se démentira pas au cours des siècles et fera d'Ovide un des maîtres de la pensée et de la sensibilité occidentales.
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Nietzsche. C'est à Turin, en 1888, que Friedrich Nietzsche vit la dernière étape de sa vie consciente. Deux ans après Par-delà le bien et le mal, et immédiatement après Le Cas Wagner, Le Crépuscule des idoles, les Dithyrambes à Dionysos et L'Antéchrist, le philosophe au marteau éprouve un sentiment perpétuel de joie qu'il traduit dans son dernier manuscrit: Ecce Homo, "Voici l'Homme", brève autobiographie philosophique achevée en à peine trois semaines, mais sans doute le livre le plus important pour comprendre sa pensée. Juste avant qu'une crise de démence emporte définitivement sa lucidité, l'auteur du Gai Savoir et de Ainsi parlait Zarathoustra y donne le moyen d'interpréter correctement son oeuvre, ne souhaitant surtout pas qu'on le prenne pour un philosophe ou un idéaliste vertueux élaborant des concepts et cherchant la Vérité. Il y met en avant une casuistique de l'égoïsme comme alternative aux règles posées par la morale et s'y montre, ainsi que dans les lettres qu'il adresse alors à ses amis, comme la synthèse de Dionysos et du Crucifié, où ce qui est avant tout en jeu est l'affirmation inconditionnelle de la vie. En brefs chapitres d'une écriture aussi limpide que virtuose - Pourquoi je suis si sage, Pourquoi je suis si avisé, Pourquoi j'écris de si bons livres, Pourquoi je suis un destin - il nous dit: "Regardez, voici Nietzsche, voici l'Homme, voici Dionysos, voici Dieu !"
-
Publié en 1521, après "Le Prince" qu'il complète, "L'Art de la guerre" traite de science militaire, qui est étudiée ici en détail tant dans ses aspects politiques (réflexion sur le pouvoir, l'armée comme base du problème politique) que techniques (tactiques, armes, etc). Machiavel précise ses idées sur l'absolue nécessité pour un Etat de disposer d'une armée de citoyens. Il oppose à la figure du soldat citoyen, seul vraiment capable de défendre la patrie, celle du soldat mercenaire, et accuse les princes italiens d'avoir ruiné le pays en employant ces milices pour mener leurs guerres. Sur le plan technique, ses considérations sont ce qu'elles peuvent être concernant une armée du XVIe siècle. Certes dépassées aujourd'hui, elles témoignent cependant de la culture militaire de l'auteur et des idées de son temps qui se réfèrent toujours aux systèmes et méthodes des légions romaines. Pour sa démonstration, Machiavel adopte la forme littéraire d'un dialogue cicéronien se tenant dans les jardins de son ami Cosimo Rucellai, où les jeunes Florentins ont l'habitude de se réunir pour discuter politique. Ses amis - Zanobi Buondelmonti, Battista della Palla et Luigi Alamanni - qui fréquentent ces réunions apparaissent comme interlocuteurs dans le livre mais le personnage principal est toutefois Fabrizio Colonna, fameux condottiere de l'époque, auquel Machiavel attribue ses propres réflexions.
-
Écrit en 1926, "Marseille, porte du Sud" est l'un des plus beaux reportages d'Albert Londres. Lorsqu'il décide de se rendre dans la cité phocéenne, il a déjà sillonné le monde entier, couvert la Grande Guerre et publié de nombreux grands reportages qui ont fait sensation. Il n'en éprouve pas moins, en parcourant le grand port méditerranéen, une stupéfaction de jeune voyageur. Dans Marseille alors centre de transit de l'empire colonial français, il rencontre des aventuriers, des immigrés, des métis, des commerçants, des prostituées, des trafiquants, des tatoueurs, des drogués, des dockers et des marins de tous les ports et de tous les pays du monde. Le Sud s'ouvre à lui et l'idée du départ imprègne toute la ville.
-
Philosophie de la danse
Paul Valéry
- République des lettres
- La Tres Petite Collection
- 19 Septembre 2021
- 9782824906300
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul Valéry. Texte d'une conférence donnée en 1936 par Paul Valéry à L'Université des Annales, en accompagnement d'une prestation de la célèbre danseuse espagnole Antonia Mercé y Luque, dite "la Argentina". Avouant ne pas être lui-même danseur, l'auteur se penche sur la danse comme sujet philosophique, tentant de mettre en mouvement et de chorégraphier les mots et les concepts. "[Dans] cette danse d'idées autour de la danse vivante, j'ai voulu vous montrer comment cet art, loin d'être un futile divertissement, loin d'être une spécialité qui se borne à la production de quelques spectacles, à l'amusement des yeux qui le considèrent ou des corps qui s'y livrent, est tout simplement une poésie générale de l'action des êtres vivants." - Paul Valéry
-
"Les Chiens de garde" est un pamphlet impitoyable contre la caste des philosophes académiques de la Troisième République. Sa cible principale est la philosophie abstraite et formelle, qui se dresse comme un paravent devant les jeunes gens, refusant d'ouvrir les yeux sur le monde et prenant pour alibi une quête fallacieuse de la vérité. Paul Nizan dénonce avec vigueur la collusion des élites intellectuelles avec le pouvoir politico-économique en place, ainsi que l'ensemble de valeurs que ces "chiens de garde" défendent dans leurs oeuvres en vue de garder au pouvoir la classe dominante dont ils sont des membres privilégiés, soutenus par l'appareil institutionnel et idéologique lié à l'Etat (Université, Presse, Police, etc). L'auteur d'"Aden Arabie" leur dénie la prétention à oeuvrer au service de l'humanité et leur rappelle que leurs pensées et raisonnements, si élevés soit-ils, ne sont que des produits de leur classe et de leur époque. Brillant, acerbe, lucide et passionné, "Les Chiens de garde" constitue un témoignage irremplaçable sur la vie intellectuelle, sociale et politique du XXe siècle, et son appel vibrant à l'insurrection contre l'ordre établi n'a rien perdu de sa fraîcheur.
-
Les Règles de la méthode sociologique
Emile Durkheim
- République des lettres
- 2 Novembre 2023
- 9782824905075
Cet enseignement épistémologique du père fondateur de la sociologie est souvent résumé par la formule selon laquelle «il faut considérer les faits sociaux comme des choses». Le projet est à la fois institutionnel et intellectuel. Pour Durkheim, la sociologie ne peut exister comme discipline universitaire autonome que si on accepte de considérer qu'une réalité extérieure aux individus peut faire l'objet d'un discours scientifique. Cette caractérisation du fait social par son extériorité est donc épistémologique et non pas ontologique. Pour étudier les faits sociaux, il est selon lui tout d'abord nécessaire de les définir, afin d'abandonner les «prénotions» du langage courant, qui expriment un rapport idéologique au social: cette étape du travail du sociologue correspond à la délimitation de son objet. Il faut ensuite adopter une approche empirique à l'égard du phénomène délimité, et ordonner les données recueillies en construisant des types sociaux qui vont permettre la comparaison: «On n'explique qu'en comparant», écrit-il. Ces typologies permettent ensuite de rendre compte des variations observées et donc de proposer une théorie explicative du phénomène. Il est enfin indispensable de se livrer à l'«administration de la preuve», en vérifiant la validité de l'explication adoptée par de nouvelles observations. Pour un sociologue comme Pierre Bourdieu, cette exigence de scientificité et la reconnaissance de la spécificité du social aura constitué une rupture d'une audace exceptionnelle dans l'histoire des sciences.
-
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Émile Durkheim. "Le Suicide, Étude de sociologie" d'Émile Durkheim est devenu l'un des plus grands classiques de la littérature sociologique pour deux raisons: tout d'abord par le haut degré de généralité de la théorie élaborée, dans laquelle le suicide ne constitue qu'un indicateur privilégié, ensuite par l'usage brillant qui est fait des statistiques. En étudiant le suicide, Durkheim montre que la société française de son époque souffre d'un important défaut de cohésion sociale. Selon lui, en temps normal, "chaque société est prédisposée à fournir un contingent déterminé de morts volontaires", mais un taux de suicides trop élevé est la preuve d'un grave état pathologique du corps social. La société souffre alors d'un défaut de régulation, qu'il nomme "anomie", forgeant ainsi un concept qui deviendra fécond par la suite dans la recherche sociologique. Outre la religion et l'économie, Durkheim s'attache surtout ici à étudier l'institution familiale, à tel point même que l'on peut considérer "Le Suicide" comme un ouvrage de sociologie de la famille. Il propose un remède au mal: le rétablissement des corporations, et se livre à une analyse statistique de la fréquence du suicide selon l'appartenance à différents groupes sociaux. La théorie élaborée est donc inséparable de la méthode statistique par laquelle il met en évidence le poids respectif des différentes variables. En utilisant les statistiques, Durkheim illustre bien ce que doit être la méthode telle qu'il l'a définie dans "Les Règles de la méthode sociologique". En affirmant de plus quelle place tient l'individu dans la discipline, il démontre aussi que que la sociologie, seule, ne permet pas de comprendre des individus isolés.
-
Le rire a une fonction sociale selon Henri Bergson. L'auteur de "L'Énergie spirituelle" fonde sa théorie sur une analyse très fine des différentes catégories du comique: comique des formes, des mouvements, des situations et des mots, des caractères enfin. Un chapitre entier est consacré à ce dernier comique, avec des exemples empruntés surtout au théâtre, qui est le lieu où le comique apparaît à la fois comme une forme de l'art et comme une fonction de la société. Contrairement au drame, qui pénètre en nous par l'analyse de ce que nous sommes en chacun de nous, la comédie extrait de l'humain des types généraux qui nous font rire par leur spectacle et nous rappelle à la règle commune de la vie dans la société. "Le Rire, Essai sur la signification du comique" est l'un des meilleurs livres de Bergson. Son intérêt est à la fois esthétique et philosophique. Son idée du flux de la vie réelle, qui échappe à la connaissance conceptuelle, annonce déjà son futur essai sur "L'Évolution créatrice".