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En 1934, après avoir achevé la rédaction de "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale", Simone Weil, à l'époque professeur agrégée de philosophie et militante syndicale et politique (plus anarchiste que marxiste), décide de prendre un congé de l'éducation pour «études personnelles». Dans le cadre de sa réflexion, elle porte en effet son attention sur les conditions de vie, de travail et de développement des ouvriers et souhaite faire l'expérience directe de l'usine. Elle s'engage d'abord comme manoeuvre à l'usine Alsthom, puis devient fraiseuse chez Renault. C'est de cette expérience vécue de deux années (1934-1935) qu'elle rend compte dans "La Condition ouvrière". L'ouvrage est composé de son «Journal d'usine», où elle consigne au jour le jour ses observations, son travail, ses rencontres, ses horaires, ses gains, ses souffrances morales et physiques, et d'un riche ensemble de textes et de lettres où elle dégage la philosophie et la morale de cette expérience. "La Condition ouvrière" est un document brut, sans lyrisme ni sentimentalité, où s'affirme la soif d'attention au présent et la position éthique fondamentale de Simone Weil, celle d'être toujours du côté des opprimés.
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Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Jean-Jacques Rousseau
- République des lettres
- 25 Février 2019
- 9782824904849
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Jean-Jacques Rousseau. Publié en 1755, le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" est le second essai philosophique de Jean-Jacques Rousseau. Dans ce texte célèbre, sur lequel repose toute une partie de la littérature politique moderne, le philosophe établit les fondements de sa doctrine sur l'homme et la société en affirmant que tous les maux et les misères, causes de l'inégalité parmi les hommes, découlent uniquement de l'état social. Les contemporains de Rousseau virent dans cet ouvrage un réquisitoire implacable contre les institutions sociales et politiques de leur temps. Il contient en germe les éléments de la thèse que Rousseau soutiendra plus tard dans le "Contrat Social". Le "Discours sur les sciences et les arts", publié quant à lui en 1751, est l'occasion pour Rousseau d'exposer ses idées où apparaît déjà la base de toute son oeuvre future, à savoir: la nature avait fait l'homme bon, la société l'a fait méchant; l'homme était libre et heureux, la société le rend esclave et misérable; la tare de la société est l'inégalité. Plus l'état social est avancé, plus il est corrompu.
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Biographie et recueil d'articles du journal de La République des Lettres sur Hannah Arendt. Dossier sur sa vie, sa pensée, son oeuvre, sa judéité, ses relations avec Martin Heidegger, ses écrits sur le nazisme, sur l'impérialisme et sur le sionisme. Qu'a-t-on voulu au juste faire payer à l'auteur des Origines du Totalitarisme et de Eichmann à Jérusalem ?
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Alain est d'abord un professeur, dont la popularité ainsi que l'influence sur la philosophie et sur l'enseignement de la philosophie en France, ne sont guère comparables au XXe siècle qu'à celles de Henri Bergson, ou autrefois à celles de Jules Michelet ou d'Edgar Quinet. Mais il dédaigne les éclats des maîtres romantiques, et il ne possède, pour s'imposer comme un Bergson, ni l'aisance mondaine ni même une doctrine originale. Un robuste rationalisme, un kantisme étrangement promené à travers d'infatigables observations de choses et de gens, et corrigé par ses observations, voilà toute la philosophie d'Alain. Mais Alain est-il un philosophe ? Bien plutôt un éveilleur d'esprits. Il n'a pas de système à proposer, mais seulement la constante et infiniment diverse leçon de défiance à l'égard des opinions communes et des idées toutes faites.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Épictète. Traduit du latin, annoté et présenté par Mario Meunier. Comme Socrate, Épictète n'écrivit rien. Ce fut son disciple Flavius Arrien qui, ayant suivi sous Trajan les leçons d'Épictète à Nicopolis, rédigea les notes qu'il avait prises en écoutant son maître. De là sortirent les "Entretiens" d'Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre. De tous ces entretiens, Arrien lui-même en tira ce qui lui parut essentiel, pour le condenser en un petit livre qu'on pût toujours et avoir sous la main et porter avec soi: le "Manuel d'Épictète". Simplicius, qui enseignait à Athènes lorsque les écoles de philosophie païenne furent fermées, en 529, par Justinien, composa un commentaire très développé de ce Manuel. Ce petit livre, dit-il, "est une arme de combat qu'il faut toujours avoir à sa portée, et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir". Admiré par les païens, ce Manuel le fut non moins par les chrétiens. Saint Nil, disciple de saint Jean Chrysostome, puis anachorète, l'adapta, avec d'insignifiantes modifications, à l'usage de la vie des ermites du mont Sinaï, et la règle de saint Benoît elle-même en fit passer plus d'un précepte dans le monachisme occidental. Traduit plusieurs fois en français dès le XVIe siècle, le "Manuel d'Épictète" eut la singulière fortune de faire l'impression la plus vive sur le génie de Blaise Pascal. C'est, en effet, un des livres les plus réconfortants que la pensée grecque nous ait laissés.
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«Tout esprit créateur est inévitablement amené à entrer en lutte avec son démon, et c'est toujours un combat passionné, héroïque, le plus magnifique de tous les combats. Souvent cette lutte grandiose et mystérieuse dure toute une vie. Elle prend sa forme visible dans l'oeuvre de l'artiste, où vibre le souffle ardent des noces de l'esprit et de son éternel séducteur. C'est chez le créateur qui lui a succombé que le démon réussit à se dégager de l'ombre, devient verbe et lumière; c'est chez lui que s'affirment le plus nettement ses traits passionnés. [...] Nietzsche est de cette race prométhéenne qui force les cadres, brise les barrières de la vie et se détruit elle-même dans la passion et l'excès. [...] Il parle même encore en lui lorsque ces lèvres sont muettes, quand son cerveau est éteint, quand son corps est mourant; jamais l'hôte effroyable qui l'habite n'est plus visible qu'au moment où son âme se déchire, écartelée par l'excès de souffrance, et que la vue y plonge par la déchirure jusque dans les profondeurs les plus intimes.» - Stefan Zweig.
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En 1509, Érasme, quittant l'Italie et traversant les Alpes à cheval pour se rendre en Angleterre, conçoit un brillant divertissement: "L'Éloge de la folie", qu'il rédige en quelques jours une fois arrivé chez son ami Thomas More. L'ouvrage sera imprimé à Paris en 1511 et fera connaître son auteur avant que celui-ci devienne le prince de la République des Lettres et le héros intellectuel de l'Europe entière après la publication de son "Nouveau Testament". Dans un style clair et souple, cette mordante satire humoristique menée "allegro con brio" fait parler la déesse de la Folie qui critique allègrement moines, évêques, théologiens, universitaires, courtisans, petits maîtres et grands de ce monde. "Moi qui vous parle, la Folie, j'ai plus d'un détracteur ici-bas, même parmi les plus fous. Mais on peut les laisser dire sans danger, car ils ne pourront jamais faire que je ne jouisse d'une puissance à nulle autre pareille pour mettre en gaieté les dieux et les hommes." "L'Éloge de la folie" connaîtra un certain succès puis sera mise à l'Index des livres interdits lors de la Contre-Réforme, avant de renaître et de devenir ce classique de l'Humanisme qui aura une influence majeure sur la pensée et la littérature occidentale des cinq derniers siècles. Le texte est suivi d'une biographie et d'une étude de l'oeuvre d'Érasme.
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Publié à l'aube de l'ère chrétienne, "L'Art d'aimer" d'Ovide est un traité de séduction qui chante la vie de plaisir. Dans les deux premières parties de l'ouvrage, l'auteur révèle à son élève lecteur qui souhaite plaire tout ce qu'il faut savoir pour chercher et entretenir les bonnes fortunes amoureuses et sexuelles. Puis, ayant jusque-là tout considéré du seul point de vue masculin, il s'adresse dans la troisième partie aux femmes pour leur enseigner à leur tour l'art de conquérir des amants et de varier les stratégies de séduction selon leur âge, leur caractère et le degré de leur passion. Mais il serait toutefois injuste de ne voir dans "L'Art d'aimer" qu'un simple manuel de libertinage. C'est aussi un tableau éclairé des moeurs romaines sous Auguste - qui veut alors restaurer la morale romaine et réagir contre l'adultère - et, avant tout, sous son apparence frivole, une profonde méditation sur le coeur humain. Le succès du livre ne se démentira pas au cours des siècles et fera d'Ovide un des maîtres de la pensée et de la sensibilité occidentales.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Nietzsche. C'est à Turin, en 1888, que Friedrich Nietzsche vit la dernière étape de sa vie consciente. Deux ans après Par-delà le bien et le mal, et immédiatement après Le Cas Wagner, Le Crépuscule des idoles, les Dithyrambes à Dionysos et L'Antéchrist, le philosophe au marteau éprouve un sentiment perpétuel de joie qu'il traduit dans son dernier manuscrit: Ecce Homo, "Voici l'Homme", brève autobiographie philosophique achevée en à peine trois semaines, mais sans doute le livre le plus important pour comprendre sa pensée. Juste avant qu'une crise de démence emporte définitivement sa lucidité, l'auteur du Gai Savoir et de Ainsi parlait Zarathoustra y donne le moyen d'interpréter correctement son oeuvre, ne souhaitant surtout pas qu'on le prenne pour un philosophe ou un idéaliste vertueux élaborant des concepts et cherchant la Vérité. Il y met en avant une casuistique de l'égoïsme comme alternative aux règles posées par la morale et s'y montre, ainsi que dans les lettres qu'il adresse alors à ses amis, comme la synthèse de Dionysos et du Crucifié, où ce qui est avant tout en jeu est l'affirmation inconditionnelle de la vie. En brefs chapitres d'une écriture aussi limpide que virtuose - Pourquoi je suis si sage, Pourquoi je suis si avisé, Pourquoi j'écris de si bons livres, Pourquoi je suis un destin - il nous dit: "Regardez, voici Nietzsche, voici l'Homme, voici Dionysos, voici Dieu !"
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Publié en 1521, après "Le Prince" qu'il complète, "L'Art de la guerre" traite de science militaire, qui est étudiée ici en détail tant dans ses aspects politiques (réflexion sur le pouvoir, l'armée comme base du problème politique) que techniques (tactiques, armes, etc). Machiavel précise ses idées sur l'absolue nécessité pour un Etat de disposer d'une armée de citoyens. Il oppose à la figure du soldat citoyen, seul vraiment capable de défendre la patrie, celle du soldat mercenaire, et accuse les princes italiens d'avoir ruiné le pays en employant ces milices pour mener leurs guerres. Sur le plan technique, ses considérations sont ce qu'elles peuvent être concernant une armée du XVIe siècle. Certes dépassées aujourd'hui, elles témoignent cependant de la culture militaire de l'auteur et des idées de son temps qui se réfèrent toujours aux systèmes et méthodes des légions romaines. Pour sa démonstration, Machiavel adopte la forme littéraire d'un dialogue cicéronien se tenant dans les jardins de son ami Cosimo Rucellai, où les jeunes Florentins ont l'habitude de se réunir pour discuter politique. Ses amis - Zanobi Buondelmonti, Battista della Palla et Luigi Alamanni - qui fréquentent ces réunions apparaissent comme interlocuteurs dans le livre mais le personnage principal est toutefois Fabrizio Colonna, fameux condottiere de l'époque, auquel Machiavel attribue ses propres réflexions.
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Philosophie de la danse
Paul Valéry
- République des lettres
- La Tres Petite Collection
- 19 Septembre 2021
- 9782824906300
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul Valéry. Texte d'une conférence donnée en 1936 par Paul Valéry à L'Université des Annales, en accompagnement d'une prestation de la célèbre danseuse espagnole Antonia Mercé y Luque, dite "la Argentina". Avouant ne pas être lui-même danseur, l'auteur se penche sur la danse comme sujet philosophique, tentant de mettre en mouvement et de chorégraphier les mots et les concepts. "[Dans] cette danse d'idées autour de la danse vivante, j'ai voulu vous montrer comment cet art, loin d'être un futile divertissement, loin d'être une spécialité qui se borne à la production de quelques spectacles, à l'amusement des yeux qui le considèrent ou des corps qui s'y livrent, est tout simplement une poésie générale de l'action des êtres vivants." - Paul Valéry
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"Les Chiens de garde" est un pamphlet impitoyable contre la caste des philosophes académiques de la Troisième République. Sa cible principale est la philosophie abstraite et formelle, qui se dresse comme un paravent devant les jeunes gens, refusant d'ouvrir les yeux sur le monde et prenant pour alibi une quête fallacieuse de la vérité. Paul Nizan dénonce avec vigueur la collusion des élites intellectuelles avec le pouvoir politico-économique en place, ainsi que l'ensemble de valeurs que ces "chiens de garde" défendent dans leurs oeuvres en vue de garder au pouvoir la classe dominante dont ils sont des membres privilégiés, soutenus par l'appareil institutionnel et idéologique lié à l'Etat (Université, Presse, Police, etc). L'auteur d'"Aden Arabie" leur dénie la prétention à oeuvrer au service de l'humanité et leur rappelle que leurs pensées et raisonnements, si élevés soit-ils, ne sont que des produits de leur classe et de leur époque. Brillant, acerbe, lucide et passionné, "Les Chiens de garde" constitue un témoignage irremplaçable sur la vie intellectuelle, sociale et politique du XXe siècle, et son appel vibrant à l'insurrection contre l'ordre établi n'a rien perdu de sa fraîcheur.
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Le rire a une fonction sociale selon Henri Bergson. L'auteur de "L'Énergie spirituelle" fonde sa théorie sur une analyse très fine des différentes catégories du comique: comique des formes, des mouvements, des situations et des mots, des caractères enfin. Un chapitre entier est consacré à ce dernier comique, avec des exemples empruntés surtout au théâtre, qui est le lieu où le comique apparaît à la fois comme une forme de l'art et comme une fonction de la société. Contrairement au drame, qui pénètre en nous par l'analyse de ce que nous sommes en chacun de nous, la comédie extrait de l'humain des types généraux qui nous font rire par leur spectacle et nous rappelle à la règle commune de la vie dans la société. "Le Rire, Essai sur la signification du comique" est l'un des meilleurs livres de Bergson. Son intérêt est à la fois esthétique et philosophique. Son idée du flux de la vie réelle, qui échappe à la connaissance conceptuelle, annonce déjà son futur essai sur "L'Évolution créatrice".
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C'est dans "La Crise du monde moderne" que René Guénon a ordonné toutes les raisons de son aversion pour cette civilisation occidentale moderne dont il est mort complètement séparé après s'être converti à l'islam. Accusation radicale, qui ne s'attaque pas seulement à tel ou tel aspect de la mentalité moderne, mais la rejette tout entière, et sans appel. Tout d'abord, dit-il, le monde moderne est matérialiste: rien n'existe que ce qui peut sentir et toucher. Il ne connaît que la réalité sensible et il est esclave de la superstition du fait, qui l'oblige à refuser tout accès à un monde supérieur. Le monde moderne se veut de plus scientifique, mais cette science n'est plus rattachée, comme dans les sociétés traditionnelles, à des principes métaphysiques. C'est une science profane et non un prolongement de la connaissance absolue. En outre, le monde moderne n'est plus religieux. Même le christianisme est atteint par le matérialisme. Enfin le monde moderne est démocratique et René Guénon ne s'intéresse aux phénomènes politiques qu'en tant que signes de la mentalité générale. Le pouvoir, dit-il, ne peut venir que d'en haut. À travers cette critique radicale du monde occidental, la pensée de René Guénon se trouve ainsi exactement à l'opposé de tous les dogmes et de tous les concepts modernes.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henri Bergson. Entre psychologie, spiritualité et philosophie pratique, "L'Énergie spirituelle" est l'un des plus importants recueil d'essais et de conférences donnés par le philosophe qui influencera, entre autres, A. N. Whitehead, G. M. Mead, Charles Péguy, Marcel Proust, William James, l'existentialisme français, le néo-réalisme américain, l'impressionnisme pictural, le symbolisme, l'hermétisme, et de façon plus générale toute l'épistémologie contemporaine. "Les philosophes qui ont spéculé sur la signification de la vie et sur la destinée de l'homme n'ont pas assez remarqué que la nature a pris la peine de nous renseigner là-dessus elle-même. Elle nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir n'est qu'un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l'être vivant la conservation de la vie; il n'indique pas la direction où la vie est lancée. Mais la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu'elle a gagné du terrain, qu'elle a remporté une victoire: toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création: plus riche est la création, plus profonde est la joie." - Henri Bergson.
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Dictionnaire philosophique
Voltaire
- République des lettres
- Folio Classique
- 1 Décembre 2023
- 9782824904795
Le "Dictionnaire philosophique" est un recueil de notes philosophiques rangées par ordre alphabétique condensant l'essentiel des idées philosophiques, morales, politiques et religieuses de Voltaire. De «Abbé» à «Vertu» en passant par «Amour», «Dieu», «Égalité», «Idolâtrie», «Fanatisme» ou encore «Tyrannie», on y trouve dans le plus pur esprit des Lumières des anecdotes, de la théologie, des sciences, de l'histoire, de la musique, des vers ou encore des dialogues qui se révèlent toujours d'actualité plus de deux siècles et demi après leur publication. La doctrine voltairienne contre «L'Infâme» donne une unité à l'ensemble et la forme du «dictionnaire» convient très bien à l'auteur de "Candide". En 1764 paraît d'abord un premier volume de 73 articles intitulé "Dictionnaire philosophique portatif". Publié anonymement, il est condamné, mis à l'index et brûlé par la censure. Vinrent ensuite jusqu'en 1769 plusieurs éditions successives enrichies de nouveaux articles (jusqu'à 118 au total) et intitulées "Questions sur l'Encyclopédie" et "La raison par l'alphabet". Le tout sera enfin fondu en 1785, après la mort de Voltaire, dans le "Dictionnaire philosophique" de la Société Littéraire Typographique de Kehl.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Friedrich Nietzsche. Conçu à Bayreuth en 1876, achevé en 1878, "Humain, trop humain", sous-titré "Un livre pour esprits libres", fut en majeure partie dicté à Peter Gast. La première édition était dédiée à la mémoire de Voltaire. L'ouvrage se présente en trois parties publiées à différentes dates: "Humain, trop humain", "Opinions et Sentences mêlées" et "Le Voyageur et son ombre". Les deux premières parties sont respectivement composées de 638 et 408 aphorismes, la troisième d'un dialogue entrecoupé de 350 aphorismes. Tirant leurs titres de sujets divers, les aphorismes des deux premières sections sont ordonnés en neuf parties devant faire suite aux quatre "Considérations inactuelles" déjà publiées entre 1873 et 1876. Dans la première partie, "Des choses premières et dernières", Nietzsche fait observer que le monde métaphysique constitue, par définition, la plus indifférente des connaissances. À la métaphysique il oppose donc sa propre philosophie, tendant à retrouver, dans tout ce que la pensée a considéré jusque-là d'origine transcendante, une sublimation d'humbles éléments humains. Selon lui, l'origine de l'idée métaphysique est le langage, qui, doublant en quelque sorte la réalité, place un nouveau monde à côté du monde réel. Dans la deuxième partie, "Pour servir à l'histoire des sentiments moraux", il aborde le problème éthique. Nietzsche tient pour essentielle, à l'égard de la morale, la proposition selon laquelle nul n'est responsable de ses actes, à telle enseigne que juger équivaut à être injuste. La troisième partie, "La Vie religieuse" contient en germe les thèmes, développés par la suite dans "L'Antéchrist", de la lutte contre le christianisme, tenu pour une "haute ordure". La quatrième partie, "De l'âme des artistes et des écrivains", entend surtout définir les caractères essentiels de l'art, qui doit, dans ses productions, présenter les caractères d'une immédiate et soudaine révélation. Dans la sixième partie, "L'Homme dans la société", les aphorismes soulignent crûment la vanité et l'égoïsme qui constituent le fond de toute amitié, des luttes, des polémiques et en général de tous les rapports humains. Avec la septième partie, "La Femme et l'Enfant", le philosophe se livre à de pertinentes remarques et observations sur le mariage, l'esprit féminin et l'enfance. "L'homme avec lui-même" constitue le sujet de la neuvième et dernière partie.
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D'une érudition vertigineuse, cette "Lettre à un religieux" - écrite en 1942 au Père Couturier, à la veille du départ pour Londres où elle rejoint la Résistance, et quelques mois à peine avant de mourir à l'âge de 34 ans - est l'un des textes majeurs sur la réflexion et le parcours spirituel de Simone Weil. Elle y affirme sa foi en Jésus-Christ mais refuse pourtant d'entrer dans l'Église, y voyant le danger d'une oppression de la vie spirituelle à cause de son organisation terrestre d'origine romaine et estimant en outre qu'elle y trouverait un refuge trop facile qui l'éloignerait d'une expérience religieuse plus profonde du Christianisme. Pour elle, l'Église est catholique de droit mais non de fait. "Quand je lis le catéchisme du concile de Trente, il me semble n'avoir rien de commun avec la religion qui y est exposée. Quand je lis le "Nouveau Testament", les mystiques, la liturgie, quand je vois célébrer la messe, je sens avec une espèce de certitude que cette foi est la mienne, ou plus exactement serait la mienne sans la distance mise entre elle et moi par mon imperfection. Cela fait une situation spirituelle pénible. Je voudrais la rendre, non pas moins pénible, mais plus claire." [...] "La réflexion sur ces problèmes est loin d'être un jeu pour moi. Non seulement c'est d'une importance plus que vitale, du fait que le salut éternel y est engagé; mais encore c'est d'une importance qui dépasse de loin à mes yeux celle de mon salut. Un problème de vie et de mort est un jeu en comparaison."
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henri Bergson. S'appuyant sur des connaissances psychologiques, scientifiques et métaphysiques, Bergson entend montrer ici le rapport entre l'esprit et la matière. Selon lui, la difficulté de résoudre le dualisme entre les deux termes réside dans la conception, commune au matérialisme et à l'idéalisme, qui fait du moral le double du physique car il reste alors impossible d'expliquer ce qu'est la mémoire. Pour Bergson, la perception réside plus dans les choses que dans l'individu. Le rapport existant entre le phénomène et la réalité n'est pas celui de l'apparence avec la réalité mais celui de la partie avec le tout. Entre mémoire et perception existe une différence essentielle de nature et non pas de degré. Le présent n'est pas plus intense que le passé, c'est l'état d'action du corps, tandis que le passé n'agit plus qu'en termes de souvenir s'actualisant en perception. Chaque perception participe de la mémoire. Ainsi est réduit aux limites les plus strictes le problème de l'union de l'âme et du corps. "Matière et mémoire, Essai sur la relation du corps à l'esprit", important par l'affirmation que la vie mentale ne se réduit pas à la vie cérébrale, offre aussi le mérite d'être écrit dans une langue d'une admirable simplicité et d'une grande qualité littéraire.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Karl Jaspers. "Le mot grec "philosophe" ("philosophos") est formé par opposition à "sophos". Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd'hui: l'essence de la philosophie, c'est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu'à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l'enseignement. Faire de la philosophie, c'est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question." - Karl Jaspers
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Friedrich Nietzsche. Sous-titré "Réflexions sur les préjugés moraux", "Aurore" compte 575 aphorismes répartis en cinq livres sur "la morale considérée comme préjugé". Bien que ce livre marque le début de sa campagne contre la "moraline" - commencée avec "Humain, trop humain" et poursuivie avec "Par-delà bien et mal" et "Généalogie de la morale" - on n'y rencontre aucune attaque, aucune négation, aucune malignité. "Aurore" est au contraire plein du pressentiment d'une "transmutation de toutes les valeurs" qui enseignera aux hommes à dire "Oui à la vie" en se débarassant du mensonge du moralisme. Bien que méfiant envers les imposteurs moraux, Nietzsche n'entend cependant pas nier la moralité et ne nie pas que des hommes agissent pour des "raisons morales", mais il nie que l'hypothèse sur laquelle ils se fondent ait un fondement réel. Pareillement, il nie l'immoralité. L'idée de "l'innocence du devenir" s'impose au philosophe. Prônant la libération de la pensée, il exprime ici ce que peut avoir d'ennuyeux la culture si on la conçoit sans enthousiasme et en dehors de la vie. Nietzsche avertit d'ailleurs lui-même que son ouvrage n'est pas fait pour être lu du commencement à la fin. Il faut au contraire l'ouvrir souvent "puis regarder ailleurs et ne rien trouver d'habituel autour de soi".
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Ralph Waldo Emerson. "Société et solitude" est le dernier livre de Ralph Waldo Emerson, père du Transcendantalisme. Dans ce volume de douze essais tirés de ses célèbres conférences, il résume l'essence de sa vision du monde en abordant des sujets aussi variés que la conduite de la vie, l'éloquence, l'art, la civilisation, le courage, les livres, la vie domestique, la réussite sociale ou encore la vieillesse. Exaltant un individualisme radical et anticonformiste, sa démarche, faite avant tout d'ouverture, de disponibilité, et pour tout dire d'intelligence, trouve ici un équilibre souvent surprenant entre l'absolutisme et le pragmatisme, la ferveur et le doute, la fulgurance du visionnaire et la lucidité du témoin. A l'instar de son ami Henry David Thoreau, la sagesse des idées qu'il développe dans ce testament philosophique a eu et a encore une grande influence sur la société, sur les coutumes et plus globalement sur l'idéalisme américain.
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Dans cet essai, Bergson propose de comprendre mais aussi de pratiquer la métaphysique. Le philosophe y définit l'intuition comme une sympathie intellectuelle par laquelle il est possible de s'introduire à l'intérieur d'un objet, afin de coïncider avec ce que celui-ci a d'unique et d'inexprimable. Il expose comment seule l'intuition, donnée immédiate de la réalité, permet de réaliser une métaphysique car elle est seule capable de saisir l'absolu et la réalité en soi par-delà toute connaissance conceptuelle symbolique et relative. La durée, notion indissoluble de la vie de la conscience dans laquelle se fondent le présent et le passé, est par exemple un objet uniquement préhensible par l'intuition métaphysique. Cette critique de l'intellectualisme par l'auteur du "Rire" condamne aussi bien l'empirisme et le rationalisme que les théories psychologiques. Pour acquérir l'intuition métaphysique, et donc s'approcher de l'absolu, il est indispensable selon lui d'inverser le sens de la pensée.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Gérard de Nerval. Gérard de Nerval nous relate dans cette nouvelle la vie de l'avocat Raoul Spifame, sosie du roi Henri II de France, qui sombre peu à peu dans la folie jusqu'à se prendre lui-même pour le roi. Enfermé à l'asile d'aliénés de Bicêtre, il fait proclamer, par un autre fou élevé au rang de poète royal, des décrets signés Henri II qui le feront passer à la postérité. "Dans le romantisme, qu'il traverse, et auquel il paraît étranger, Gérard de Nerval semble une apparition, la source autonome de son être et de son oeuvre s'écoule à part, comme s'il était à la fois en avant de son époque et en arrière. Par le rythme de la folie et ses alternances, il ressemble à plusieurs figures de cet art allemand qu'il a cherché à faire aimer." (Pierre Jean Jouve).