Edition enrichie (avant-propos, commentaire, notes, dossier, chronologie, bibliographie)Pour nous aussi, la doctrine de Rousseau ne saurait être un simple objet de curiosité érudite ou d'intérêt purement philologico-historique. Elle apparaît au contraire, pour peu qu'on ne se contentât point d'en considérer les résultats et qu'on se plongeât dans ses tout premiers présupposés, comme une problématique vivante et très contemporaine. Les questions soulevées par Rousseau, qui les brandit face à son siècle, ne sont en rien obsolètes aujourd'hui, pour nous non plus elles ne sauraient être purement et simplement « réglées ».
Ernst CassirerAux fondements de la pensée moderne, sur laquelle il aura exercé une inßuence décisive, le Contrat social reste l'un des ouvrages les plus importants de Rousseau. Publié en 1762, il dessine les grandes lignes d'un modèle de structuration sociale capable de combiner harmonieusement les valeurs propres à l'« état de nature » avec celles imposées par la vie collective. De là l'idée de « contrat » entre les individus qui, parce qu'ils ne sont soumis qu'à des conventions auxquelles ils ont librement souscrit, « n'obéissent à personne, mais seulement à leur propre volonté ».
Commentaires et notes par Gérard Mairet.
Édition enrichie (Introduction, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)René Descartes peut être considéré comme celui qui a fait définitivement basculer la philosophie dans la modernité, en plaçant au principe de toute connaissance vraie le sujet pensant. Le Discours de la méthode (1637) a été le premier ouvrage publié par Descartes ; autobiographie intellectuelle et texte programme, il condense l'essentiel du message philosophique de son auteur. Descartes invite à méditer son propre parcours intellectuel, guidé par la recherche la plus radicale de la vérité. Prenant appui sur quatre règles de la méthode, il expose, après avoir réservé le cas de la morale, la découverte décisive du «Je pense, donc je suis», dont la clarté et la distinction deviennent
critères de tout ce qui peut être connu. Il nous achemine alors vers la pensée de Dieu et de l'âme, des sciences et de leurs principes, du monde et des corps.
Édition enrichie (Présentation, notes, commentaire de l'oeuvre, chronologie et bibliographie)La plus dure et la pire des contraintes qu'exerce la société réside dans cette puissance qu'elle acquiert non seulement sur nos actions extérieures, mais aussi sur tous nos mouvements intérieurs, sur nos pensées et nos jugements. Ce pouvoir entame toute forme d'autonomie, de liberté et d'originalité de jugement ; ce n'est plus nous qui pensons et jugeons, mais la société qui pense en nous et pour nous. Nous sommes alors dispensés de toute recherche de la vérité, elle nous est glissée dans la main comme une pièce de monnaie déjà gravée. Rousseau décrit cette situation intellectuelle dans son premier écrit philosophique : le Discours sur l'inégalité.
Ernst Cassirer.
Publiés respectivement en 1750 et 1754, les deux Discours répondent à des questions posées par l'académie de Dijon. Le premier - le Discours sur les sciences et les arts - eut un retentissement considérable et valut une immédiate notoriété à Rousseau. Le second - le Discours sur l'inégalité - s'est imposé comme l'un des grands traités de la philosophie politique moderne, suscitant d'innombrables commentaires. Dans des pages désormais classiques, Rousseau jette en philosophe les bases de sa doctrine, notamment l'idée fameuse que tous les maux et les inégalités entre les hommes relèvent d'une seule et même cause : la vie en société.
Commentaires et notes par Gérard Mairet.
Édition enrichie (Présentation, notes et analyse)Socrate est accusé de ne pas croire aux dieux de la cité et de corrompre ainsi la jeunesse. Il argue de son innocence sans le fard et sans le lustre d'une rhétorique pourtant si prisée en son temps. Avec sa désemparante ironie, avec son art consommé de la dialectique, Socrate ne ménage ni ses juges ni l'assistance : il leur démontre sans complaisance leur cécité, morale et politique, comme il s'est efforcé toute sa vie de révéler à ses concitoyens l'incohérence de leurs opinions et de leur conduite. Cette défense de Socrate, telle que nous la rapporte Platon, est une éminente leçon de philosophie, si par philosophie on entend l'accord de soi avec soi, en usant de sa raison, non en vue de vivre ou de fuir la mort, mais en vue de bien vivre.
Edition enrichie (introduction, notes, chronologie et bibliographie)
Le problème de la valeur du vrai s'est présenté à nous, - ou bien est-ce nous qui nous sommes présentés à ce problème ? Qui de nous ici est Oedipe ? Qui la Sphinx ? C'est, comme il semble, un véritable rendez-vous de problèmes et de questions. - Et, le croirait-on ? Il me semble, en fin de compte, que le problème n'a jamais été posé jusqu'ici, que nous avons été les premiers à l'apercevoir, à l'envisager, à prendre le risque de le traiter. Car il y a des risques à courir, et peut-être n'en est-il pas de plus grands.
Friedrich Nietzsche.
C'est d'abord à une radicale remise en question de la vérité que procède Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal (1886). Ce texte d'une écriture étincelante, férocement critique, met en effet au jour, comme un problème majeur jusque-là occulté, inaperçu, celui de la valeur. Il y destitue les positions philosophiques passées et présentes (autant de croyances), et stigmatise, en les analysant un à un, l'ensemble des préjugés moraux qui sous-tendent notre civilisation. L'entreprise, pourtant, n'est pas uniquement négative : elle débouche sur l'annonce, dans le prolongement d'Ainsi parlait Zarathoustra, de « nouveaux philosophes » - « philosophes d'un dangereux peut-être » qui devront désormais assumer l'inflexible hypothèse de la vie comme « volonté de puissance ».
Traduction de Henri Albert, revue par Marc Sautet.
Présentation et notes de Marc Sautet.
Index établi par Véronique Brière - Nouvelle édition.
Edition enrichie (introduction, notes, chronologie et bibliographie)Toute la pensée platonicienne reposait sur une union parfaitement intime entre la vie intellectuelle, morale et politique : la philosophie, par la science, atteint la vertu et la capacité de gouverner la cité. Tout cela se dissocie chez Aristote : le bien moral ou bien pratique, c'est-à-dire celui que l'homme peut atteindre par ses actions, n'a rien à voir avec cette Idée du Bien que la dialectique mettait au sommet des êtres ; la morale n'est pas science exacte comme les mathématiques, mais un enseignement qui vise à rendre les hommes meilleurs, et non seulement à leur donner des opinions droites sur les choses à rechercher ou à fuir, mais à les leur faire effectivement rechercher ou fuir.
Emile Brehier.Oeuvre de maturité, l'Ethique à Nicomaque est le grand texte de la morale aristotélicienne. A partir des notions de Vertu, de Courage, de Justice, de Plaisir, d'Amitié, etc., le philosophe définit l'architecture d'une sagesse à « hauteur d'homme » qui renoue avec l'esprit grec dont Platon s'était partiellement détaché. Le bonheur apparaît comme la « fin » véritable de l'existence, l'action étant alors le
« moyen » propre à l'atteindre. C'est pourquoi on peut dire qu'avec Aristote la morale revient dans le monde et fixe les normes d'un savoir-vivre qui réunit le plaisir et l'ascèse.
Révision de la traduction, commentaires et notes par Alfredo Gomez-Muller.
Edition enrichie (Introduction, notes, index et bibliographie)
Humain, trop humain, avec ses deux continuations, est le monument commémoratif d'une crise. Je l'ai intitulé : un livre pour les esprits libres, et presque chacune de ses phrases exprime une victoire ; en l'écrivant, je me suis débarrassé de tout ce qu'il y avait en moi d'étranger à ma vraie nature. Tout idéalisme m'est étranger. Le titre de mon livre veut dire ceci : là où vous voyez des choses idéales, moi je vois... des choses humaines, hélas ! trop humaines ! [...] On trouvera ce livre sage, posé, parfois dur et ironique. On dirait qu'un certain « intellectualisme » au goût aristocratique s'efforce constamment de dominer un courant de passion qui gronde par en dessous.
Friedrich Nietzsche.
Commencé en 1876, et achevé au début de 1878, le premier livre de Humain, trop humain, qui comporte 638 aphorismes, a été pour l'essentiel dicté à Peter Gast, alors étudiant à Bâle. Il paraîtra le 30 mai 1878, pour saluer le centième anniversaire de la mort de Voltaire, « l'un des plus grands libérateurs de l'esprit ». Le second livre contient deux écrits distincts, Opinions et sentences mêlées et Le Voyageur et son ombre, qui seront quant à eux publiés l'un en 1879 et l'autre en 1880. Nietzsche s'est désormais libéré des influences qui pesaient sur lui et son radicalisme trouve enfin son expression la plus ferme. Il pourfend la métaphysique traditionnelle, affronte le problème de l'éthique, développe sa critique du christianisme, renforce sa réflexion sur l'art et aborde des sujets aussi divers que le mariage, la femme, les rapports humains, la violence entre les hommes...
Révision de la traduction, notes et commentaires par Angèle Kremer-Marietti.
Kleist, Hlderlin, Nietzsche : trois destinées fulgurantes et sombres, où les éclairs du génie créateur illuminent des vies brèves, en proie à l'excès, à la démesure, à la folie.
Comme il l'a fait dans Trois poètes de leur vie, Stefan Zweig rapproche ici ces figures animées par un même mouvement intérieur. Pour ces errants, à peu près ignorés de leur vivant, la pensée ou la création ne sont pas cette sereine construction d'un idéal d'harmonie et de raison dont Goethe donne l'exemple accompli ; elles ne peuvent naître que dans le corps à corps avec un démon intérieur qui fait d'eux les fils de Dionysos, déchiré par ses chiens.
C'est en romancier, grâce à l'intuition et à la fraternité d'âme, que l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, fasciné par les dimensions les plus mystérieuses de l'esprit humain, mène ces évocations, dont bien des pages sont d'inoubliables morceaux littéraires.
Édition enrichie (Introduction, présentation, notes, commentaires sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)Et afin que notre âme ait ainsi de quoi être contente, elle n'a besoin que de suivre exactement la vertu. Car quiconque a vécu une telle sorte que sa conscience ne peut lui reprocher qu'il n'ait jamais manqué à faire toutes les choses qu'il a jugées être les meilleures (qui est ce que je nomme ici suivre la vertu), il en reçoit une satisfaction qui est si puissante pour le rendre heureux, que les plus violents efforts des passions n'ont jamais assez de pouvoir pour troubler la tranquillité de son âme.
Dernier ouvrage publié par Descartes de son vivant, Les Passions de l'âme (1649) peut faire figure de testament philosophique. On y trouve, en effet, une série de réflexions qui viennent approfondir, préciser, parfois même rectifier les thèses du philosophe sur des points essentiels de sa recherche, en particulier l'élaboration de sa propre morale. La liberté, les rapports de l'âme et du corps, l'affirmation d'un individu moral : tels sont encore, parmi d'autres, les sujets abordés.
Introduction de Michel Meyer.
Présentation et commentaires de Benoît Timmermans.
Edition enrichie (Introduction, notes, biographie et bibliographie)
Le Sophiste fait partie des dialogues fondamentaux de Platon. Réputé technique et métaphysique, difficile à traduire en maints endroits, il est encore peu lu par les non-spécialistes. Il semble au contraire qu'il faille en user avec lui comme Platon en use avec Parménide, c'est-à-dire avoir l'audace de l'affronter. En réalité, Le Sophiste cherche à défaire les complications sophistiques pour rendre possible un logos clair, c'est-à-dire un logos philosophique. Sans prétendre avoir résolu tout ce qui est discuté depuis des années, que cette nouvelle traduction, accompagnée de nombreux commentaires, permette au lecteur de le (re)découvrir.L. M.Introduction, traduction et notes par Létitia Mouze.
Edition enrichie (Introduction, notes, dossier, chronologie et bibliographie)Avec les sophistes, le Logos se trouve coupé de toute relation avec l'Etre transcendant, il devient simplement le discours manié efficacement par l'individu habile et fort pour rendre convaincantes les opinions qu'il a intérêt à inculquer à ceux qu'il veut manipuler à sa guise. De là naît la rhétorique qui fait du verbe un instrument au service de la passion de l'individu ; elle enseigne à manier le discours de façon efficace sans poser le problème de la sincérité ou de la valeur de ce qui est dit.Jean Brun.
Probablement rédigée entre 329 et 323 av. J.-C., la Rhétorique fait partie des textes que l'enseignant Aristote destinait aux étudiants. Rompant avec les traditions de son temps, qui multipliaient les manuels de rhétorique où chacun était censé apprendre l'art de séduire les esprits, le philosophe entend montrer que la maîtrise des techniques du discours peut aussi devenir le moyen, non seulement de favoriser la justice ou de défendre la morale, mais encore d'aider au développement du savoir.
La Rhétorique est l'un des écrits essentiels de la philosophie occidentale.
Présentation de Michel Meyer.
Commentaires de Benoît Timmermans.
Révision de la traduction effectuée par Patricia Vanhemelryck.
Edition enrichie (Introduction, notes, chronologie et bibliographie).Ce qu'il y a de plus important, voire d'essentiel dans l'existence, ce dont tout le reste dépend, sa signification véritable, sa phase critique, sa pointe, se trouve dans la moralité du comportement humain. Mais pour ce qui est de son sens, des modalités, de la possibilité de la chose, voilà les philosophes plongés dans le désaccord total, placés devant un abîme de ténèbres. Il en résulte que s'il est facile de prêcher la morale, il est difficile de la fonder.
Arthur Schopenhauer. Rédigé dans le cadre d'un concours organisé par la Société royale des sciences du Danemark, Le Fondement de la morale a été publié pour la première fois en 1841. Texte charnière, situé entre les deux grandes entreprises philosophiques de Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation (1819) et les Parerga et Paralipomena (1851), il devient ainsi, comme l'a noté son traducteur, l'introduction « la plus naturelle peut-être » à la philosophie schopenhauérienne. On y découvre, en effet, une critique radicale de la métaphysique kantienne, l'affirmation que la « volonté de vivre » l'emporte sur les impératifs nés de la Raison, et que la morale, loin de s'appuyer sur des impératifs abstraits comme la loi ou l'obligation, obéit d'abord à l'ordre des sentiments.
Présentation et notes par Alain Roger.
Traduction d'Auguste Burdeau.
En 1991, Marcel Conche accepta de répondre par écrit à une trentaine de questions posées par la philosophe Lucile Laveggi. « Sur le bonheur, sur l'illusion, sur l'apparence, sur la beauté, sur la guerre et sur la politique, sur la foi et l'incroyance, sur Parménide et tels autres sujets, j'ai répondu avec bonne foi dans les limites de ma perception sincère de la vérité [...]. Je crois que mes évidences d'alors seraient, nuancées et enrichies, encore les miennes aujourd'hui. »
L'ouvrage de I. et P. Hadot constitue une introduction au Manuel d'Epictète, oeuvre stoïcienne majeure du iie siècle de notre ère, ainsi qu'au commentaire du Manuel rédigé trois siècles plus tard par le néoplatonicien Simplicius. Une approche d'ensemble de ces oeuvres, de leurs caractéristiques formelles et doctrinales, ainsi que l'étude de quelques thèmes choisis (la distinction de « ce qui dépend de nous » et de « ce qui ne dépend pas de nous », les paraboles de l'escale et du banquet, le rapport entre religion et philosophie) permettent de cerner des postures philosophiques fondamentales, touchant la question de la piété, celle du destin et du libre arbitre, ou encore de notre rapport aux maux et à la mort. Par là, ce livre à deux voix représente aussi et avant tout une méditation sur le sens fondamental de l'activité philosophique dans l'Antiquité ; comme l'écrivent les auteurs : « En utilisant la méthode exégétique, nous avons eu l'intention de répondre à une interrogation, à la fois historique et existentielle : comment apprenait-on à philosopher dans l'Antiquité ? Car le Manuel et son commentaire par Simplicius peuvent nous apporter de précieux renseignements sur la nature exacte et la pratique de la philosophie antique. »
Nelson Mandela a réussi ce que peu d'êtres humains avant lui étaient parvenus à faire : imposer par la seule force de ses actes et de ses mots un respect unanime, une image de l'homme d'une élévation incontestable, une idée de la politique d'une noblesse rare. Il doit bien y avoir à cela quelques raisons de fond, qu'il serait dommage de voir bientôt enfouies sous les flots de sensations médiatiques. Ce livre est suscité par cette crainte : vite, revenir sur les raisons qui font des actes et des paroles de Nelson Mandela un événement important, avant que le silence et les vacarmes n'ensevelissent dans l'oubli ce qui doit - absolument - en rester. Mandela n'est pas philosophe au sens propre mais, pour l'auteur de ce livre, il est le créateur d'une philosophie en actes d'une grande richesse politique, éthique, juridique. Il faut lire cette philosophie dans son enfance, ses années de militantisme, sa vie en prison, sa façon de gouverner et de créer du droit, son art du dialogue - avec ses pires ennemis parfois. Il y a là de quoi penser une conception inédite de l'émancipation humaine.
Cet ensemble de textes est, pour l'essentiel, ce que Marcel Conche appelle le « nécessaire retour aux Grecs ». Cela signifie, en substance, penser le monde selon nos seules ressources, celles de la raison, en laissant de côté les idées religieuses (« Dieu », « l'âme immortelle », etc.). Il se trouve que la philosophie moderne (à l'exception notable de Spinoza) a toujours été un mélange de rationalité et de théologie. Dans cet ouvrage, Marcel Conche essaie de renouer avec l'innocence grecque qui tenait la « Nature » - et non le Dieu biblique - pour cause de toutes choses.
Dans l'Antiquité, christianisme et philosophie se font face comme deux voies d'accès à la vérité : l'une, par le moyen de la foi, l'autre, par la recherche rationnelle. Les rapports du christianisme et de la philosophie sont cependant plus complexes. Les néoplatoniciens accordent une place grandissante aux éléments extra-rationnels et en viennent à ne plus considérer la raison comme la seule voie d'accès au savoir. Inversement, les chrétiens reconnaissent une certaine vérité dans la philosophie et lui accordent un rôle préliminaire dans l'acquisition de la sagesse. Souvent convaincus que la révélation biblique est la source du savoir grec, les chrétiens présentent leur religion comme la seule « vraie philosophie ». Ce livre retrace les grandes lignes d'une confrontation qui joua un rôle capital dans la formation de la doctrine chrétienne comme dans la transmission de la culture gréco-romaine. Il amène à réviser certaines idées reçues sur le christianisme et son rapport à la raison.Collection « Antiquité » dirigée par Paul Demont
La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d'impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d'un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d'infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d'existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu'elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu'ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?
Toutes ces questions sont aujourd'hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l'aube des temps, car si la philosophie a un sens, c'est bien en ce qu'elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.
Un siècle après la mort de Nietzsche, notre époque n'a toujours pas examiné en quoi sa philosophie était porteuse d'immenses révolutions. Entre lui et nous, en effet, s'intercalent plusieurs types de parasites : une soeur qui dénatura son héritage, deux guerres et des idéologies qui brandirent son nom pour servir des causes qu'il aurait, à coup sûr, récusées, et, plus gravement, une impressionnante série de lectures de mauvaise foi et d'interprètes mal intentionnés... Tout ceci contribue à produire de Nietzsche une image fausse, floue, dangereuse - qu'il était urgent, à tous égards, de rectifier. C'est à cette tâche que s'emploie Michel Onfray dans ce texte inédit, qui date de 1988. Pour l'auteur hédoniste du Traité d'athéologie - qui a toujours revendiqué ce que sa réflexion devait au Gai savoir -, il s'agit là d'un formidable exposé du nietzschéisme originel et d'une émouvante « reconnaissance de dette » à l'endroit d'un philosophe majeur. D'où cette « introduction à Nietzsche » dont le ton se veut, à la fois, pédagogique et empreint de gratitude.
Partir, emboîter le pas des bergers, c'est expérimenter un genre de panthéisme extrêmement païen et retrouver la trace des dieux anciens [...]. L'élection de la planète tout entière pour son périple vaut condamnation de ce qui ferme et asservit : le Travail, la Famille et la Patrie, du moins pour les entraves les plus visibles [...]. Asocial, insociable, irrécupérable, le nomade ignore l'horloge et fonctionne au soleil ou aux étoiles, il s'instruit des constellations et de la course de l'astre dans le ciel, il n'a pas de montre, mais un oeil d'animal exercé à distinguer les aubes, les aurores, les orages, les éclaircies, les crépuscules, les éclipses, les comètes, les scintillements stellaires, il sait lire la matière des nuages et déchiffrer leurs promesses, il interprète les vents et connaît leurs habitudes. Le caprice gouverne ses projets.
Bernard-Henri Lévy poursuit, ici, la série de ses Questions de principe. Cette fois, c'est le recueil des années 2012-2018 du « Bloc-notes » qu'il donne à lire. Ces textes sont parus, chaque semaine, dans l'hebdomadaire Le Point - et ont été repris, du Corriere della Sera au País, du Wall Street Journal au Guardian ou au Spiegel et à beaucoup d'autres, dans toutes les langues et sur tous les continents.
Des massacres en Syrie à la guerre d'Ukraine, de l'élection de Trump à celle de Macron, de la montée de l'antisémitisme à la guerre des deux islams, du réveil de l'Iran à la guerre de Libye, ce sont les événements majeurs de notre temps qui se trouvent passés au crible. On y lira aussi des chroniques de livres, des voyages dans l'oeuvre d'écrivains célèbres ou méconnus, des reportages, des portraits pris sur le vif, des réflexions philosophiques. Dans ce tableau d'une époque dans tous ses états, à la façon de l'oeil du cyclone qui reste immobile dans les turbulences du monde, la plume de l'écrivain, à travers ces péripéties, s'enfièvre mais ne tremble pas.
Édition enrichie (Préface, notes, notes complémentaires, glossaire, chronologie et bibliographie)Les lettres de Rousseau que l'on trouvera ici rassemblées font partie intégrante de son oeuvre, et il les a écrites avec le même soin qu'il mettait à ses livres. Ses correspondants sont parfois célèbres, comme Voltaire à qui il adresse la « Lettre sur la providence », le marquis de Mirabeau avec lequel il s'entretient de physiocratie,
ou bien Malesherbes, destinataire des fameuses lettres« autobiographiques ». Mais ce sont aussi des amis, comme la comtesse d'Houdetot à laquelle il adresse une série de six lettres morales ou bien encore des inconnus qui souhaitent recueillir ses conseils.
Philosophiques, ces pages le sont donc au sens le plus large, tant l'écrivain aborde des sujets divers, et sur des modes divers, rédigeant tantôt de véritables petits traités, tantôt des lettres de direction spirituelle et morale. Ce qui se découvre ainsi sur près de trente ans, de 1742 à 1771, ce sont les débats d'une époque et la part essentielle qu'y a prise Rousseau, mais aussi, au-delà même de la pensée qu'il développe, un autoportrait de l'écrivain dans son temps.
Edition de Jean-François Perrin.
Edition enrichie (Présentation, notes, bibliographie et chronologie)Ce traité composé par Aristote (384-322 av. J.-C.), intitulé Les Parties des animaux, représente dans l'histoire de la pensée le premier essai systématique d'une anatomie comparée, menée dans une perspective philosophique. S'appuyant sur des observations fines , établissant des analogies, Aristote s'efforce de fournir une explication raisonnée de l'organisation des animaux en rapportant leurs différences de structure à des différences de fonction. L'auteur développe ainsi une perspective finaliste qui a fait la force et la célébrité de sa biologie et, plus largement , de sa physique. Jalon philosophique et scientifique incontournable, le texte d'Aristote, proposé ici dans son intégralité, a fait l'objet d'une nouvelle traduction qui s'est attachée à restituer la richesse du grec sans sacrifier l'élégance de la langue.Traduction nouvelle, notes et introduction par Frédéric Gain.
INEDIT - NOUVELLE EDITION
C'est en disciple que Michael de Saint Chéron entreprit de « converser avec un Emmanuel Levinas au soir de sa vie ». Conversation pleine de crépuscule et d'espérance, de tendresse et d'admiration. Il y est question de la place du féminin dans son acheminement vers une transcendance de l'altérité, du concept du temps dans la philosophie de Bergson, de Paul Ricoeur, de sa vision de la « fin de l'histoire » à l'heure où s'écroulait l'empire communiste d'Occident. Dans une seconde partie, l'auteur propose une réflexion sur la phénoménologie du visage et la problématique de la déconstruction, de la rupture, dans l'oeuvre de Levinas. Pour ce faire, il interroge les oeuvres de Sartre, Ricoeur, Malraux, mais aussi Kant, Heidegger et Derrida. Une approche résolument novatrice de la pensée du grand philosophe se déploie dans ces pages.