« Mais, continuai-je, qu'entends-tu par amis ? Ceux qui nous paraissent gens de bien, ou ceux qui le sont, quand même ils ne nous paraîtraient pas tels ? Je te demande la même chose des ennemis.
Il me paraît naturel d'aimer ceux qu'on croit gens de bien et de haïr ceux qu'on croit méchants. »
Platon
Un banquet est donné en l'honneur du poète Agathon, chacun des convives va prononcer un discours en hommage à Eros, dieu de l'amour.
Un texte dialectique d'une beauté stylistique incroyable, qui nous plonge dans un autre monde (celui où les esclaves servent à boire et à manger), une autre culture (où l'amour homosexuel n'est pas tabou), une autre mentalité (où Socrate est défini comme celui qui est le seul capable de philosopher après avoir si bu), enfin une autre philosophie (ou l'Amour comme l'idée du Beau, du Bien et du Vrai) : tout le charme de l'ère antique est contenu dans ce chef-d'oeuvre de la littérature philosophique.
D'après une traduction de Victor Cousin, fidèle au texte grec.
Une édition de référence en appui avec Monsieur le professeur de philosophie Jean Baillat, qui intègre une découpe par chapitre du texte de Platon suivant plusieurs séquences essentielles : INTRODUCTION AU BANQUET I ; ; II ; III ; IV - Le discours de Phèdre V - Le discours de Pausanias VI - Le discours d'Eryximaque VII - Le discours d'Aristophane VIII - Le discours d'Agathon IX - LE DISCOURS DE SOCRATE X. Introduction méthodique ; XI. Nature de l'amour ; XII. Dialogue avec Diotime ; XIII. L'origine de l'amour ; XIV. L'Amour comme désir d'immortalité ; XV. L'initiation PARFAITE - Discours d'Alcibiade XVI. L'arrivée d'Alcibiade ; XVII. Éloge de Socrate - CONCLUSION XIII
Nouv. éd. entièrement revue et corrigée.
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Gorgias
Platon (traduction Victor Cousin)
Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
Gorgias est un dialogue écrit par Platon. Il a pour sous-titre « De la rhétorique », mais il ne s'agit pas d'un traité sur l'art d'écrire, parler ou composer un discours : il s'agit d'examiner la valeur politique et morale de la rhétorique. Deux thèses s'affrontent donc : celle de Gorgias, sophiste qui enseigne la rhétorique et considère que « l'art de bien parler » est le meilleur de tous les arts exercés par l'homme, contre celle de Socrate, qui dénonce la rhétorique comme un art du mensonge.
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Accusé d'impiété et de corrompre les jeunes gens, Socrate est condamné à mort en 399 avant J.-C. Lors de son procès, qui mobilise toute la cité d'Athènes, il choisit de se défendre avec l'arme qu'il manie le mieux : le langage. Chérissant la justice au point de ne vouloir s'y soustraire, Socrate refuse de prendre la fuite comme l'en prie Criton, et s'empoisonne à la ciguë.
Dans l'Euthyphron, Socrate interroge et redéfinit la notion de piété, et dans le Criton, celle de devoir. Ces deux textes sont considérés comme des appendices à l'Apologie de Socrate, permettant de comprendre sa condamnation à mort par la république athénienne.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Épictète. Traduit du latin, annoté et présenté par Mario Meunier. Comme Socrate, Épictète n'écrivit rien. Ce fut son disciple Flavius Arrien qui, ayant suivi sous Trajan les leçons d'Épictète à Nicopolis, rédigea les notes qu'il avait prises en écoutant son maître. De là sortirent les "Entretiens" d'Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre. De tous ces entretiens, Arrien lui-même en tira ce qui lui parut essentiel, pour le condenser en un petit livre qu'on pût toujours et avoir sous la main et porter avec soi: le "Manuel d'Épictète". Simplicius, qui enseignait à Athènes lorsque les écoles de philosophie païenne furent fermées, en 529, par Justinien, composa un commentaire très développé de ce Manuel. Ce petit livre, dit-il, "est une arme de combat qu'il faut toujours avoir à sa portée, et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir". Admiré par les païens, ce Manuel le fut non moins par les chrétiens. Saint Nil, disciple de saint Jean Chrysostome, puis anachorète, l'adapta, avec d'insignifiantes modifications, à l'usage de la vie des ermites du mont Sinaï, et la règle de saint Benoît elle-même en fit passer plus d'un précepte dans le monachisme occidental. Traduit plusieurs fois en français dès le XVIe siècle, le "Manuel d'Épictète" eut la singulière fortune de faire l'impression la plus vive sur le génie de Blaise Pascal. C'est, en effet, un des livres les plus réconfortants que la pensée grecque nous ait laissés.
« La plupart des mortels, Paulinus, se plaignent de l'injuste rigueur de la nature, de ce que nous naissons pour une vie si courte, de ce que la mesure de temps qui nous est donnée fuit avec tant de vitesse, tarit de rapidité, qu'à l'exception d'un très petit nombre, la vie délaisse le reste des hommes, au moment où ils s'apprêtaient à vivre. »
Sénèque
La tradition nous a légué treize lettres de Platon. La Lettre VII, l'une des seule à être jugée authentique, occupe l'essentiel de sa correspondance. C'est l'un des rares textes où le philosophe s'exprime à la première personne, et évoque sa doctrine philosophique, largement transmise à l'oral.
Cette lettre, adressée aux proches de son disciple et ami Dion de Syracuse, mort assassiné, est le texte d'un homme âgé, qui laisse place à la colère et à la confusion. Entre récit, justification et blâme, le philosophe revient sur ses ambitions et ses échecs, en particulier dans sa mission de conseiller du roi. Tour à tour penseur, coach et gourou, Platon délivre ici une philosophie du quotidien, loin de la pensée rationnelle à laquelle on associe le platonisme.
Né au sein de l'aristocratie athénienne aux alentours de 428/427 avant J.-C., et mort vers 348/347, Platon fut l'élève et le disciple de Socrate. Il fonde à Athènes sa propre école de philosophie, l'Académie, et ses ouvrages écrits (les dialogues, La République, Les Lois, Le Politique) comptent parmi les textes fondateurs de la pensée philosophique occidentale.
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« Tout ce qui peut te rendre bon est en toi. Que te faut-il pour l'être ? Le vouloir. » - Lettre XXX
Sénèque est un philosophe stoïcien romain. Dans cet écrit de 64 ap. J.-C., soit juste quelques années avant sa mort, il nous offre, au fil de ses lettres avec son disciple Lucilius, de nombreuses définitions de l'amitié, ses meilleures doctrines sur la philosophie, ses maximes sur la vie et ses meilleurs conseils pour ne plus craindre la mort. Ce texte constitue une oeuvre remarquable de la philosophie antique et reste d'une actualité déconcertante tant ses mots touchent encore le lecteur d'aujourd'hui.
« Mourir plus tôt ou plus tard est indifférent ; bien ou mal mourir ne l'est pas. » - Lettre LXX
ÉDITION RÉVISÉE AVEC DES NOTES DYNAMIQUES
« Mais si je n'y croyais pas, comme les sages, je ne serais point désemparé. Je sophistiquerais dès lors en déclarant que le souffle de Borée précipite cette nymphe du haut des roches voisines où elle jouait avec Pharmakéia. »
Platon
"Phédon" est un dialogue de Platon écrit vers -383 et qui décrit les derniers moments de Socrate, suite à sa condamnation, et avant son suicide forcé, après absorption de la ciguë. Entouré par ses proches, amis et disciples, Socrate résiste à la tentation de s'échapper, refuse de céder à la crainte de la mort, et expose ses théories sur la séparation du corps et de l'âme intervenant avec la mort. Le corps appartient au monde sensible, sa perte n'a guère d'importance. L'âme est immortelle et, séparée du corps, elle rejoint le monde intelligible, le monde des Idées, c'est-à-dire pour Platon ce qui constitue le monde réel. Profonde réflexion sur le sort du corps et de l'âme, Phédon serait la suite de Apologie de Socrate. Près de vingt siècles avant Montaigne, c'est une étonnante réflexion sur la mort et l'attitude que l'on doit adopter à son égard : «Le vulgaire ignore que la vraie philosophie n'est qu'un apprentissage, une anticipation de la mort.». Cette édition numérique inclut une préface et une biographie originales.
Curiatus Maternus décide de se retirer pour se consacrer à la poésie. Avec trois amis, un dialogue s'engage... Tacite évoque des problèmes fondateurs de l'art des mots : distance entre Anciens et Modernes ; déclin des belles lettres ; tension entre une poésie retirée de la société et l'efficacité politique de l'art oratoire...
Texte-choral, théâtral et plein d'humour, ce Dialogue nous fait bondir de querelles en débats. Libre au lecteur de se faire sa propre opinion quant aux questions posées : qu'attend-on de la parole publique ? L'absence d'adversité l'appauvrit-elle ? Comment apprendre, non à réciter, mais à penser ? Document historique, la société qu'il décrit nous est terriblement familière. On se laisse donc emporter pour élucider une énigme toujours intacte : à quoi servent les mots ?
Tacite, de son vrai nom Publius Cornelius Tacitus, né en 58 et mort en 120 de notre ère, est un écrivain, homme politique et historien romain. Il est même considéré comme l'un des plus grands historiens romains grâce à ses Annales et ses Histoires (Historiae). Racine le décrit comme étant le "plus grand peintre de l'Antiquité", dans l'introduction de Britannicus. Il est également un génie du style en langue romaine. Une langue épurée, concise que tous ses contemporains louent encore aujourd'hui.
BnF collection ebooks - "Or il n'en est pas dans la nature de plus certain ni de plus évident que le mouvement sous toutes ses formes ; et voilà comment la Physique d'Aristote n'est au fond qu'une théorie du mouvement. C'est une étude sur le principe le plus général et le plus important de la nature ; car sans ce principe, ainsi qu'Aristote l'a dit bien des fois, la nature n'existe pas ; elle s'identifie en quelque sorte avec lui."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Epictète fut esclave. Persécuté et régulièrement battu par son maître, il réussit à s'échapper. Puis il enseigna la philosophie au grès de sa route. Libre et fervent représentant de l'art oratoire, il n'a jamais écrit ; mais sa pensée lui a survécu. Le Manuel d'Épictète devint ainsi un ouvrage compilé par Arrien (95-175) qui rapporte la doctrine du philosophe stoïcien Épictète (50-127). Son premier principe étant de n'attacher d'importance qu'à ce qui dépend de nous.
EDITION PEU COMMUNE, dans la traduction effectuée par ANDRÉ DACIER .
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Trois lettres : c'est tout ce qu'il nous reste de l'oeuvre d'Épicure. Son matérialisme vaut pourtant la peine d'être approfondi. Tout entier tourné vers le bonheur, il nous apprend qu'au coeur de celui-ci se trouve la connaissance. Connaissance de soi, du monde et de tout ce qui le compose, mais aussi, et peut-être surtout, connaissance des peurs qui nous entravent - pour mieux nous en libérer.
Voici deux dialogues fondateurs de la pensée de Sénèque.
De la vie heureuse est dédié au frère du philosophe, Gallion, et nous livre à la fois une réflexion sur le bonheur et une critique de l'épicurisme.
Dans De la tranquillité de l'âme, Sénèque répond aux doutes de son ami Sérénus, soucieux de retrouver le repos intérieur. Tout en lui dessinant les contours d'un engagement politique salutaire, il lui prodigue des conseils quant au choix de ses amis, à l'attitude à adopter face à l'adversité, ou au rapport à l'argent.
Le philosophe entend ainsi nous enseigner les valeurs chères aux stoïciens - vertu et détachement - qui jalonnent le chemin d'une vie
heureuse.
Théétète
Platon (traduction Victor Cousin)
Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
Le Théétète présente au moins deux qualités remarquables quand on le compare aux autres dialogues : c'est le seul des dialogues classé à partir de la maturité de l'auteur à être un dialogue aporétique. Autrement dit, le Théétète ressemble plus, de ce point de vue, aux dialogues que l'on regroupe sous le nom de socratiques et que l'on considère comme des dialogues de jeunesse (voir par exemple Lysis). Le Théétète est également l'avant-dernier dialogue à mettre Socrate en scène comme interlocuteur principal - le dernier étant le Philèbe.
Le Théétète est un dialogue de Platon dans lequel Socrate discute avec le jeune Théétète d'Athènes, mathématicien contemporain de Platon et disciple de Théodore de Cyrène, de la définition de la science. Ce dialogue est le premier d'une série de trois (avec Le Sophiste et Le Politique), ou de quatre, si l'on compte Le Philosophe.
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De tous les philosophes antiques, Épicure est peut-être celui dont la pensée a été la plus déformée. Pour y remédier, Walter F. Otto, avec un évident talent d'écrivain, révèle dans cet essai un nouvel Épicure, et rend sa pensée accessible à tous.
Si le fondement de l'épicurisme est la recherche du plaisir, la recette pour y accéder n'est pas celle que l'on pourrait croire : l'épicurisme est une apologie de la simplicité. Mais la véritable singularité d'Épicure réside dans le rapport qu'il entretient avec le divin. Il parvient à faire coexister son matérialisme avec l'absolue certitude de l'existence des dieux. Les dieux épicuriens n'éprouvent pas d'animosité envers les hommes. Ce n'est que dans la conscience de leur indifférence à son endroit que l'homme accomplira sa liberté.
Le philosophe et historien des religions Walter Friedrich Otto (1874-1958) est l'auteur de deux chefs-d'oeuvre, Les Dieux de la Grèce (1929) et Dionysos, le mythe et le culte (1933). Il est l'une des grandes figures de la philologie allemande. Son approche originale du paganisme et des mythes, ancrée dans la vie quotidienne, a permis de renouveler la connaissance de la civilisation grecque. Essais sur le mythe a paru aux éditions Allia (2017).
Parménide
Platon (traduction Victor Cousin)
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Le Parménide est un dialogue écrit par Platon dans la dernière partie de sa vie. Correspondant à un refus du système philosophique qu'il avait soutenu jusqu'alors, cette oeuvre représente un tournant majeur dans la philosophie platonicienne et occidentale en général.
Introduisant au centre de sa réflexion philosophique les termes majeurs de l'Être et de la Participation, futures notions centrales de la philosophie occidentales, Platon souhaite opérer une réflexion sur l'origine véritable des objets réels. Les personnages de ce dialogue sont, dans le prologue : Céphale, Adimante, Glaucon et Antiphon ; dans le dialogue proprement dit : Socrate, Pythodore, Zénon, Parménide, Aristote (ce dernier est qualifié dans le dialogue de « jeune Aristote » et n'a strictement aucun lien de parenté avec Aristote de Stagire (né près de quinze ans après la mort de Socrate) : Ce « jeune Aristote » du Parménide deviendra l'un des Trente lors de la courte tyrannie qui suivit la défaite d'Athènes contre Sparte au terme de la Guerre du Péloponnèse.
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« L'ÉTRANGER.
S'il ne s'y mêle point, il s'ensuit que tout sera vrai ; s'il s'y mêle, l'opinion et le discours seront faux ; car penser ou dire le non-être, c'est proprement se qui fait le faux dans l'esprit et dans le discours. »
Platon
Hippias
Platon (traduction Victor Cousin)
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Les deux Hippias sont nommés de manière évidente d'après l'unique interlocuteur de Socrate. On distingue les deux Hippias par les adjectifs majeur et mineur, qui renvoient à la longueur des textes, bien que l'on ait pu y voir également une indication de la difficulté relative des dialogues. L'Hippias majeur se déroule trois jours avant une conférence que doit donner Hippias, tandis que l'autre Hippias a lieu peu après. Du point de vue dramatique, c'est donc l'Hippias majeur qui précède l'Hippias mineur.
Dans l'Hippias mineur, Socrate soutient la thèse selon laquelle l'homme qui ment ou fait le mal volontairement est meilleur que celui qui le fait involontairement.
Dans L'Hippias majeur, Socrate dispute avec le sophiste Hippias d'Élis de la définition du mot grec (kalon), que traduit de manière imprécise le mot français beau, et qui se dit de « toutes les réalités dont on estime la valeur et l'excellence. »
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Cratyle est un dialogue de Platon sur le langage. La question centrale du Cratyle est simple: le langage est-il un système de signes arbitraitres, c'est-à-dire une simple convention, ou naturels, ou encore le langage est-il la représentation de quelque chose? Une bonne partie du Cratyle se transforme en un exercice d'étymologie.
Par de courts dialogues, Épictète aborde dans ces pages des problèmes très divers auxquels il donne une réponse pratique. Il traite aussi bien de l'amitié, de l'adultère, de l'essence du bien ou de l'ataraxie que de l'inquiétude, du talent oratoire, du point de départ de la philosophie ou de la façon d'appliquer nos idées a priori. S'attaquant aux épicuriens, le philosophe tend à prouver ici que le stoïcisme est bien la philosophie de l'universel. Cette nouvelle traduction offre au lecteur la possibilité de s'en faire une idée plus précise en venant compléter Ce que promet la Philosophie et le fameux Manuel, ouvrages parus dans cette même collection.
Quand on lit Aristote dans son texte, on est frappé par la fréquence du retour d'expressions comme « la science de la chose », « à partir de la chose elle-même », « dans la nature de la chose » ; les physiciens présocratiques n'ont pu deviner l'essence, dit Aristote, que parce qu'ils ont été « poussés par la chose elle-même ». Si ce retour insistant ne se manifeste pas toujours dans la version française du texte, c'est parce que le terme grec de pragma/ recueille en lui tout un faisceau de sens que la traduction fait éclater en termes distincts : se traduit par chose, mais aussi par cause, au sens juridique du terme, et par affaire. recouvre donc le champ des choses naturelles, mais aussi celui de la politique ; qui est l'affaire de tous et la cause d'un chacun, et que les Anciens nommaient « affaires communes » et « chose publique ». Ce sens anthropologique s'est oblitéré de nos jours, si bien que la signification de est beaucoup plus large que celle du vocable moderne de chose.
La largeur du champ de invite à faire porter l'analyse sur l'ensemble de l'oeuvre d'Aristote. Sous son aspect négatif d'abord, avec la critique de là sophistique et du platonisme ; sous son aspect positif ensuite, tel qu'il se déploie en trois perspectives essentielles : la relation de l'homme aux choses par la connaissance ; la nature propre de la chose concrète telle qu'elle subsiste par soi dans la nature ; la réalité politique, qui certes est l'oeuvre de l'homme, mais qui aussi subsiste à l'extérieur de lui dans la Cité d'une manière autonome comme ré-publique.
On sait que les textes publiés par le Stagirite ont été perdus, et que le Corpus est constitué de notes de cours rédigées à des époques différentes. C'est dire que le philosophe méditant les écrits d'Aristote ne peut faire l'économie de considérations philologiques, lesquelles ne sont pas ici surcharge érudite mais font corps avec l'interprétation. Ainsi, l'étude précise de l'évolution d'Aristote dans sa théorie du sentir éclaire la genèse du traité De l'âme et invite à reconsidérer le problème de la date de sa rédaction.
On résume souvent par le mot de « réalisme » l'inspiration de la pensée d'Aristote, réalisme « naïf » ajoutent certains naïfs pour désigner une pensée parfaitement au fait de ses présupposés. Mais si le réalisme se définit comme visée du réel, il se trouve affecté d'une énorme ambiguïté puisque la réalité est ce que tente d'exprimer toute philosophie. Une inspiration philosophique va donc se caractériser par le lieu particulier où elle invente de situer ce réel énigmatique ; si Aristote ramène la philosophie du ciel sur la terre c'est parce que, refusant de voir ce réel dans un monde idéal séparé, il veut lire l'essence dans les choses de ce monde, les . Le recours ici fait, à travers la pensée d'Aristote, au sens ancien de vise à revaloriser la notion de chose, à lui redonner l'ampleur qu'elle a perdue en se bornant à désigner de nos jours l'objet simplement inerte.
Le grand savant allemand Wilamowitz-Moellendorff qualifiait Paul Tannery « d'autodidacte de génie ». Venant d'un des plus grands hellénistes du XIXe siècle, le compliment était de taille. Paul Tannery, ancien polytechnicien, passionné par les textes grecs et latins, fut considéré comme un important historien des sciences et des mathématiques.
Son travail majeur, Pour l'histoire de la science hellène, connu le succès dès sa parution en 1887 et fut réédité en 1930 tant son autorité demeurait forte. Texte important pour qui veut appréhender l'histoire de la science grecque au temps des présocratiques, Pour l'histoire de la science hellène reste encore aujourd'hui une mine de renseignements tant pour les philosophes et les épistémologues que pour un public en quête de redécouvertes des origines philosophiques de notre civilisation. Sans jamais vulgariser ou simplifier, Paul Tannery a cette capacité de permettre au lecteur de circuler dans le monde de l'époque. Mettant en correspondance les penseurs qu'il évoque, Tannery montre comment chacun, à la fois innove mais également se nourrit de la pensée de l'autre, reconstruit, se distingue, à une période où débute la science grecque - arithmétique, géométrique, astronomique - et où prend naissance, ce que plus tard on appellera, la philosophie.
Cet ouvrage essentiel, tant par sa clarté que par sa pédagogie, rend l'histoire de la science grecque compréhensible sans pédanterie. S'appuyant sur la recherche la plus récente concernant la doxographie, cette nouvelle édition, revue et amendée, reprend, en complément, des notices de revues parues à la suite de la première puis de la seconde édition. D'autres notices précisent sa bibliographie et son parcours personnel. Des dossiers complémentaires permettent à la fois d'offrir des vues synthétiques sur certains chapitres et d'ouvrir sur des horizons plus contemporains.