Ils sont allongés sur des lits et parlent de l'Amour et de la Beauté. Leurs discours se succèdent, parfois se répondent : car il y a plusieurs Amours et plusieurs manières de désirer le Beau. À ces hommes vivant en un temps et un lieu où l'éducation des garçons est indissociable de la sexualité qui règle les rapports du maître et du disciple, une étrangère, Diotime, oppose un modèle féminin de la procréation du savoir. À travers elle, Socrate dessine les étapes de l'apprentissage du philosophe capable de se détacher du monde sensible pour devenir l'« amant » par excellence qui guide l'« aimé » dans sa quête du Vrai et du Beau.
Par-delà les interprétations prudentes du Banquet que nous a léguées la tradition philosophique, cette traduction invite à une lecture renouvelée du dialogue : un Banquet parfois extravagant, à l'image de son objet, d'une richesse stylistique exubérante, souvent cru dans son langage, foisonnant enfin dans sa recherche du bonheur véritable.
En 399 avant notre ère, à Athènes, Socrate comparaît devant le Tribunal de la cité. Accusé de ne pas reconnaître l'existence des dieux traditionnels, de créer de nouvelles divinités et de corrompre la jeunesse, il est condamné à mort. De son procès, il nous reste peu de témoignages, mais celui que Platon nous livre dans l'Apologie de Socrate élève au rang de mythe fondateur de la philosophie un fait qui aurait pu demeurer banal au regard de l'histoire. Face à ses juges, Socrate mène sa défense en invoquant la pratique de la philosophie, qui seule fait que la vie vaut d'être vécue.
Plus tard, dans la prison où il attend son exécution, Socrate oppose à son ami Criton, qui lui propose de fuir, le verdict du philosophe : mieux vaut affronter la mort que contrevenir aux lois de la cité et ainsi commettre l'injustice. Si l'on en croit Platon, il fallait que Socrate meure pour que vive la philosophie.
Athènes, 399 avant notre ère. Socrate, citoyen sans fortune ni pouvoir politique, comparaît devant le Tribunal de la cité. Quels sont les faits reprochés ? On l'accuse de ne pas reconnaître l'existence des dieux traditionnels, d'introduire de nouvelles divinités et de corrompre la jeunesse. Face à ses juges, Socrate assure seul sa défense et met en garde les Athéniens : le philosophe est un bienfait pour la cité et celle-ci se condamne elle-même en mettant à mort son héros. Mais le verdict est sans appel : la condamnation à mort.
Élevée au rang de mythe fondateur de la philosophie, l'Apologie de Socrate expose les exigences d'une vie vertueuse telle que la défend Socrate : amour du savoir, souci du vrai, recherche de l'acte et du mot justes.
La vie n'est pas trop courte, c'est nous qui la perdons. Voilà le message que nous adresse Sénèque, dont la sagesse résonne profondément dans nos existences.
Par l'évaluation de ce qu'est une vie vraiment vécue, le penseur antique débusque toutes sortes de futilités qui nous accaparent sans bénéfice. Il dessine ainsi un chemin pour vivre raisonnablement heureux.
Traduit du latin par Xavier Bordes
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Épictète. Traduit du latin, annoté et présenté par Mario Meunier. Comme Socrate, Épictète n'écrivit rien. Ce fut son disciple Flavius Arrien qui, ayant suivi sous Trajan les leçons d'Épictète à Nicopolis, rédigea les notes qu'il avait prises en écoutant son maître. De là sortirent les "Entretiens" d'Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre. De tous ces entretiens, Arrien lui-même en tira ce qui lui parut essentiel, pour le condenser en un petit livre qu'on pût toujours et avoir sous la main et porter avec soi: le "Manuel d'Épictète". Simplicius, qui enseignait à Athènes lorsque les écoles de philosophie païenne furent fermées, en 529, par Justinien, composa un commentaire très développé de ce Manuel. Ce petit livre, dit-il, "est une arme de combat qu'il faut toujours avoir à sa portée, et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir". Admiré par les païens, ce Manuel le fut non moins par les chrétiens. Saint Nil, disciple de saint Jean Chrysostome, puis anachorète, l'adapta, avec d'insignifiantes modifications, à l'usage de la vie des ermites du mont Sinaï, et la règle de saint Benoît elle-même en fit passer plus d'un précepte dans le monachisme occidental. Traduit plusieurs fois en français dès le XVIe siècle, le "Manuel d'Épictète" eut la singulière fortune de faire l'impression la plus vive sur le génie de Blaise Pascal. C'est, en effet, un des livres les plus réconfortants que la pensée grecque nous ait laissés.
« Vieillir est une chance. Vieillir est un avantage. Vieillir est un destin dépendant aussi de son attitude de vie devant l'existant.» Ainsi s'ouvre la préface que Laure Adler donne à l'Éloge de la vieillesse, un court texte philosophique de Cicéron, d'un ton résolument optimiste. De ce guide universel découle une leçon de vie d'une puissance sereine, pour affronter la peur de vieillir et enseigner « la joie de mourir », une « allégresse à tenir la mort en respect et à savoir l'apprivoiser ».
Curiatus Maternus décide de se retirer pour se consacrer à la poésie. Avec trois amis, un dialogue s'engage... Tacite évoque des problèmes fondateurs de l'art des mots : distance entre Anciens et Modernes ; déclin des belles lettres ; tension entre une poésie retirée de la société et l'efficacité politique de l'art oratoire...
Texte-choral, théâtral et plein d'humour, ce Dialogue nous fait bondir de querelles en débats. Libre au lecteur de se faire sa propre opinion quant aux questions posées : qu'attend-on de la parole publique ? L'absence d'adversité l'appauvrit-elle ? Comment apprendre, non à réciter, mais à penser ? Document historique, la société qu'il décrit nous est terriblement familière. On se laisse donc emporter pour élucider une énigme toujours intacte : à quoi servent les mots ?
Tacite, de son vrai nom Publius Cornelius Tacitus, né en 58 et mort en 120 de notre ère, est un écrivain, homme politique et historien romain. Il est même considéré comme l'un des plus grands historiens romains grâce à ses Annales et ses Histoires (Historiae). Racine le décrit comme étant le "plus grand peintre de l'Antiquité", dans l'introduction de Britannicus. Il est également un génie du style en langue romaine. Une langue épurée, concise que tous ses contemporains louent encore aujourd'hui.
"Une grande partie de la vie s'écoule à mal faire, la plus grande à ne rien faire, la vie tout entière à faire autre chose. Quel homme me citeras-tu qui mette un prix au temps, qui estime la valeur du jour, qui comprenne qu'il meurt chaque jour? Mon cher Lucilius, embrasse toutes les heures." (Lettre 1)
Vivre en accord avec le destin, se défaire du superflu, adopter une attitude digne face à la mort et garder, en toutes circonstances, la tranquillité de l'âme : telles sont les leçons que Sénèque enseigne à son disciple Lucilius au fil de cette correspondance pédagogique. Manuel pratique à l'usage de l'apprenti stoïcien, les Lettres à Lucilius (Ier siècle apr. J.-C.) nous exhortent de changer nos habitudes afin de nous changer nous-mêmes, et d'apprendre à mourir - pour essayer de vivre.
Phèdre est un des nombreux dialogues socratiques transmis par Platon. Il y est question de la beauté et de l'amour, entendu comme désir, dans un premier temps, puis de la beauté d'un discours et de la rhétorique dans un second temps. L'amour comme la rhétorique peuvent éléver la beauté de l'âme mais ils peuvent tout aussi bien l'abaisser, en s'attachant seulement au plaisir et à la domination d'autrui. Au contraire, celui qui, à travers l'être aimé ou à travers le beau discours, contemple des idées pures, gagnera en sagesse et en beauté.
"Phédon" est un dialogue de Platon écrit vers -383 et qui décrit les derniers moments de Socrate, suite à sa condamnation, et avant son suicide forcé, après absorption de la ciguë. Entouré par ses proches, amis et disciples, Socrate résiste à la tentation de s'échapper, refuse de céder à la crainte de la mort, et expose ses théories sur la séparation du corps et de l'âme intervenant avec la mort. Le corps appartient au monde sensible, sa perte n'a guère d'importance. L'âme est immortelle et, séparée du corps, elle rejoint le monde intelligible, le monde des Idées, c'est-à-dire pour Platon ce qui constitue le monde réel. Profonde réflexion sur le sort du corps et de l'âme, Phédon serait la suite de Apologie de Socrate. Près de vingt siècles avant Montaigne, c'est une étonnante réflexion sur la mort et l'attitude que l'on doit adopter à son égard : «Le vulgaire ignore que la vraie philosophie n'est qu'un apprentissage, une anticipation de la mort.». Cette édition numérique inclut une préface et une biographie originales.
Disciple de Platon, précepteur d'Alexandre le Grand, fondateur du Lycée, Aristote est une figure majeure de notre civilisation. Celui que l'on nomme «?le Stagirite?» du fait de sa ville de naissance, Stagire, a pensé et écrit sur tous les sujets?: métaphysique, physique, politique, éthique, poétique, logique... au point de devenir le principal philosophe encyclopédique de l'histoire de la philosophie. Penseur des causes et des fins, inventeur du syllogisme et des catégories, Aristote fait de la philosophie la science suprême englobant toutes les autres. Deux mille trois cents ans après sa mort, force est de constater que sa pensée est encore un passage nécessaire pour qui veut s'initier à la philosophie. Pierre Pellegrin brosse le portrait d'un Aristote éminemment physicien, passionné de biologie et grand observateur des animaux. Il nous offre des clés de compréhension d'un philosophe qui, s'il est parfois remis en question, n'en demeure pas moins «?le Philosophe?» par excellence.
Qu'est-ce qu'une bonne tragédie ? Qu'est-ce qu'une comédie vraiment drôle ? Comment bien comprendre les règles de leur composition ? Quelle est la méthode pour devenir un bon critique littéraire et dramatique ? Les questions posées par la Poétique résonnent avec une acuité particulière dans la Grèce des compétitions théâtrales que connaît Aristote. Mais elles dépassent le contexte antique pour nourrir les réflexions contemporaines liées à la littérature et aux beaux-arts. Plus qu'un manuel technique, cette oeuvre, la plus connue et la plus traduite d'Aristote, est un véritable traité d'esthétique philosophique, analysant le travail du poète sans jamais perdre de vue une idée fondamentale : la maîtrise de son art doit servir le plaisir du récepteur.
Donnée dans une nouvelle traduction qui rend accessible le texte d'Aristote au lecteur d'aujourd'hui, helléniste ou non, la Poétique ouvre le débat sur la signification et la valeur de l'art, et sur son importance pour la vie humaine.
BnF collection ebooks - "Or il n'en est pas dans la nature de plus certain ni de plus évident que le mouvement sous toutes ses formes ; et voilà comment la Physique d'Aristote n'est au fond qu'une théorie du mouvement. C'est une étude sur le principe le plus général et le plus important de la nature ; car sans ce principe, ainsi qu'Aristote l'a dit bien des fois, la nature n'existe pas ; elle s'identifie en quelque sorte avec lui."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Dans le Traité de l'âme, Aristote conduit l'élucidation de ce qu'est la vie jusqu'au coeur du phénomène. En effet, les vivants existent par et pour l'âme. Elle est ce qui permet de naître, de venir à maturité et de déployer ses aptitudes ; elle se rapporte à un corps déterminé qu'elle anime.
Dans cette possibilité dont l'homme a le privilège, l'âme connaît et accède à la présence de toutes choses. C'est pourquoi Aristote affirme qu'elle est " l'ensemble de tout ce qui est ". Sa thèse n'est donc ni une psychologie, ni une biologie, mais bien une ontologie de la vie.
Grâce à cette nouvelle traduction d'Ingrid Auriol, qui remet en question nombre de présupposés et fausses évidences, le propos d'Aristote apparaît enfin dans toute sa beauté. Il permet d'approcher la vertu native de l'un des textes majeurs où les racines de toute la pensée Occidentale apparaissent en pleine lumière. INÉDIT
Trois lettres : c'est tout ce qu'il nous reste de l'oeuvre d'Épicure. Son matérialisme vaut pourtant la peine d'être approfondi. Tout entier tourné vers le bonheur, il nous apprend qu'au coeur de celui-ci se trouve la connaissance. Connaissance de soi, du monde et de tout ce qui le compose, mais aussi, et peut-être surtout, connaissance des peurs qui nous entravent - pour mieux nous en libérer.
Voici deux dialogues fondateurs de la pensée de Sénèque.
De la vie heureuse est dédié au frère du philosophe, Gallion, et nous livre à la fois une réflexion sur le bonheur et une critique de l'épicurisme.
Dans De la tranquillité de l'âme, Sénèque répond aux doutes de son ami Sérénus, soucieux de retrouver le repos intérieur. Tout en lui dessinant les contours d'un engagement politique salutaire, il lui prodigue des conseils quant au choix de ses amis, à l'attitude à adopter face à l'adversité, ou au rapport à l'argent.
Le philosophe entend ainsi nous enseigner les valeurs chères aux stoïciens - vertu et détachement - qui jalonnent le chemin d'une vie
heureuse.
Si l'on prend au sérieux le programme de Lucien (et rien n'indique qu'il ne faille le prendre au mot), son oeuvre se présente comme le lieu d'une expérience tout aussi originale et problématique que celle dont Benjamin a crédité Kafka, en écrivant que celui-ci avait abandonné la vérité (la chose à transmettre) par amour de la transmissibilité. Car Lucien conserve le moyen du dialogue, que Platon faisait servir (en apparence, du moins) à la recherche de la vérité, tout en laissant tomber celle-ci. Si la philosophie est toujours, en dernière analyse, un experimentum veritatis, l'innovation de Lucien consiste à proposer une expérience philosophique désormais déliée de la vérité. (Giorgio Agamben)
De tous les philosophes antiques, Épicure est peut-être celui dont la pensée a été la plus déformée. Pour y remédier, Walter F. Otto, avec un évident talent d'écrivain, révèle dans cet essai un nouvel Épicure, et rend sa pensée accessible à tous.
Si le fondement de l'épicurisme est la recherche du plaisir, la recette pour y accéder n'est pas celle que l'on pourrait croire : l'épicurisme est une apologie de la simplicité. Mais la véritable singularité d'Épicure réside dans le rapport qu'il entretient avec le divin. Il parvient à faire coexister son matérialisme avec l'absolue certitude de l'existence des dieux. Les dieux épicuriens n'éprouvent pas d'animosité envers les hommes. Ce n'est que dans la conscience de leur indifférence à son endroit que l'homme accomplira sa liberté.
Le philosophe et historien des religions Walter Friedrich Otto (1874-1958) est l'auteur de deux chefs-d'oeuvre, Les Dieux de la Grèce (1929) et Dionysos, le mythe et le culte (1933). Il est l'une des grandes figures de la philologie allemande. Son approche originale du paganisme et des mythes, ancrée dans la vie quotidienne, a permis de renouveler la connaissance de la civilisation grecque. Essais sur le mythe a paru aux éditions Allia (2017).
Épicure est le philosophe du plaisir : il proclame, contre les parangons de vertu, que le plaisir est à la fois le but de toutes nos activités et le critère auquel nous reconnaissons qu'elles sont bonnes. Pour nous en convaincre, il fallait qu'il soit un théoricien du juste calcul des plaisirs et des peines, et un penseur de l'amitié, condition de la félicité. Mais aussi un philosophe de la nature - parce qu'il n'y a pas de sérénité possible pour qui vit dans l'ignorance des causes, dans l'angoisse de la mort et dans la crainte superstitieuse des châtiments divins. Il nous enseigne ainsi que la philosophie est un tout, que l'éthique se fonde sur une véritable science du bonheur, et que le savoir lui-même, s'il ne nous rendait pas plus heureux, ne servirait à rien...
Dans ce dialogue empli de sagesse, Caton est désigné comme l'avocat de la vieillesse contre quatre chefs d'accusation : elle empêcherait de briller dans la vie publique, affaiblirait le corps, interdirait les plaisirs et ferait sentir l'approche de la mort. Pour Caton au contraire, la vieillesse est l'âge le plus propice aux oeuvres accomplies de l'esprit, le corps étant délivré de la servitude des sens. Elle prépare l'âme à la libération totale procurée par la mort. Caton suggère une attitude exemplaire et loue l'expérience. Celui qui n'attend que de lui-même n'a rien à craindre des lois de la nature : "La faiblesse convient à l'enfance ; la fierté à la jeunesse ; la gravité à l'âge mûr ; la maturité à la vieillesse : ce sont autant de fruits naturels qu'il faut cueillir avec le temps."
Né en 106 av. J.-C., mort en l'an 43, Cicéron put très jeune démontrer ses talents d'orateur, devenir grand avocat de Rome et connaître la gloire, lors du procès qui conduisit à la condamnation de Caius Verrès, gouverneur concussionnaire de la Sicile. Consul, il écrivit des oeuvres de philosphie politique (De oratore, De re publica et De legibus) et un Brutus. Défenseur d'un idéal de formation universelle, il est souvent placé à l'origine de l'humanisme tel que conçu à la Renaissance.
Socrate est souvent qualifié de « père de la philosophie ». S'il n'en est peut-être pas le fondateur, il est le premier à se détourner de l'étude de la nature et à insister pour que la réflexion philosophique s'intéresse désormais, et exclusivement, aux « affaires humaines ».
En raison de cette stature, et du fait qu'il n'ait jamais laissé d'écrit, on a longtemps cherché dans les oeuvres de Platon, de Xénophon, d'Aristophane ou encore d'Aristote, la trace du vrai Socrate, du Socrate historique. Mais chacun de ces « témoignages » nous offre une figure et une pensée différentes du philosophe. En exposant et expliquant la diversité de ces portraits, la multiplicité des modèles qui lui sont attribués, l'ouvrage montre comment ses disciples ou ses contemporains se sont réappropriés, souvent pour en faire le porte-parole de leur propre doctrine, la figure du premier martyr de l'histoire de la philosophie.
Comment parler des origines ? Comment dire ce que furent la naissance de l'univers, celle de l'homme, celle de la société ? Du Timée au Critias, la réponse ne varie pas : c'est à un discours qui constitue son objet que revient la tâche explicative. D'un côté, la cosmologie du Timée qui cherche les conditions d'une connaissance du monde sensible. De l'autre, le récit de la guerre qui opposa l'Athènes ancienne à l'Atlantide, relaté par deux fois (Timée, Critias) ; ou comment naît un mythe toujours présent à notre imaginaire d'hommes modernes.
Platon raconte ici des histoires et fonde la méthode scientifique. Poète ou philosophe ? Il ne choisit pas. « Ayant été doté des vivants mortels et immortels et ayant atteint ainsi sa plénitude, il est né notre monde, vivant visible comprenant les vivants visibles, dieu sensible, image d'un dieu intelligible, très grand, très bon, très beau, et très parfait, ciel unique qui est le seul de sa race. »
Athènes, Ve siècle avant notre ère. Lors d'une discussion sur la justice, Socrate, Glaucon et Adimante réfléchissent à un modèle de cité idéale. Qu'est-ce qu'une cité juste ? Quel rôle chaque individu doit-il y jouer ? Et par qui doit-elle être dirigée ? À travers cette utopie, Platon formule son programme : communauté des biens, égalité des hommes et des femmes, exercice du pouvoir réservé aux philosophes... Autant de questions politiques, sociales et éducatives qui éclairent d'une lumière crue nos démocraties actuelles.
Le livre Bêta de la Métaphysique examine une quinzaine d'apories consacrées à la science première, à la réalité, à l'être, aux principes qui constituent toutes choses. Ce sont des difficultés, dont Aristote soutient que l'on ne pourra philosopher convenablement, selon les termes du programme qu'il a établi dans le livre Alpha, qu'en les examinant minutieusement. Non pas simplement en leur apportant une réponse, comme d'autres ont pu le faire avant lui, mais en étudiant la manière dont des penseurs ont abordé ces difficultés et dont ils en ont fait des problèmes, avec plus ou moins de succès. La philosophie, montre Aristote en faisant dialoguer et se confronter des opinions philosophiques opposées, trouve son excellence dans son aptitude à poser les bonnes questions et à forger les problèmes à même de satisfaire le désir de connaissance qui est le propre de notre nature.