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Essais / Réflexions / Ecrits sur la philosophie
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L'ignorance et le mépris de la raison sont des constantes de l'esprit humain. Et l'on retrouve à toutes les époques l'illogisme, le non-sens, le mysticisme, le romantisme, le culte de l'intuition et de l'émotion, le relativisme et les anti-Lumières. Mais depuis longtemps un éclectisme de l'anti-raison tient en France le haut du pavé. Les thèmes de la révolte radicale contre l'universel, la logique et tout ce qui peut ressembler à l'exercice ordinaire de la critique et du jugement s'associent périodiquement à des « retours » à de grandes métaphysiques spéculatives, mais aussi à l'intuition bergsonienne ou à des philosophies de la vie. Le rationalisme véritable s'oppose exactement à toutes ces thèses. Il ne s'identifie pas à la rationalité pratique et technique. Et il affirme le primat de la raison théorique, dont les normes ont le pouvoir de nous guider et sont le meilleur garant de la démocratie.
Véritable synthèse de l'entreprise intellectuelle menée par l'auteur depuis une dizaine d'années, ce livre combine vivacité d'écriture, tranchant argumentatif, mise en perspective historique et propose une palette d'outils intellectuels pour résister aux assauts du Parti de l'anti-raison.
Philosophe, directeur d'études à l'EHESS, spécialisé en philosophie du langage et de la connaissance, Pascal Engel est notamment l'auteur d'À quoi bon la vérité ? (Grasset, 2005, avec Richard Rorty), Va savoir, de la connaissance en général (Hermann, 2007) et Les Lois de l'esprit : Julien Benda ou la raison (Ithaque, 2012). -
Raison & liberté ; sur la nature humaine, l'éducation & le rôle des intellectuels
Noam Chomsky
- Agone
- 26 Avril 2018
- 9782748911459
« L'action politique et sociale doit être animée par une vision de la société future et par des jugements de valeur explicites, qui doivent découler d'une conception de la nature humaine. Si l'esprit humain était dépourvu de structures innées, nous serions des êtres indéfiniment malléables, et nous serions alors parfaitement appropriés au formatage de notre comportement par l'État autoritaire, le chef d'entreprise, le technocrate et le comité central.
Ceux qui ont une certaine confiance dans l'espèce humaine espéreront qu'il n'en est pas ainsi. Je pense que l'étude du langage peut fournir certaines lumières pour comprendre les possibilités d'une action libre et créatrice dans le cadre d'un système de règles qui reflète, au moins partiellement, les propriétés intrinsèques de l'organisation de l'esprit humain. »
Ce livre réunit onze textes de Noam Chomsky pour la plupart inédits en français. Offrant un large panorama de ses idées, il fait apparaître le fil qui relie son socialisme libertaire à son oeuvre de linguiste et à son anthropologie : notre irrépressible besoin de liberté est inséparable de la créativité illimitée du langage qui fait de nous des êtres humains. Chomsky montre comment l'école et l'université pourraient éduquer à autre chose qu'à l'obéissance, les intellectuels de gauche jouer un autre rôle que celui de commissaires du contrôle des esprits, et les mouvements civiques et sociaux imposer des réformes radicales. C'est en héritier des Lumières et de la tradition rationaliste que Chomsky pense et intervient.
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En écrivant ce livre, j'ai essayé de réaliser simultanément deux ambitions : celle de comprendre les raisons qui ont pu faire de Gottfried Keller un des écrivains que Wittgenstein admirait le plus, et celle de préciser ce que j'ai écrit sur les relations que ce philosophe a entretenues avec la religion. Ces deux objectifs convergent car peu de ques- tions sont aussi présentes et aussi centrales dans l'oeuvre du romancier que celle de la re- ligion. De plus, l'espèce de « révélation » que Wittgenstein a eue lorsqu'il est entré en contact avec le texte de la version tolstoïenne de l'Évangile semble avoir marqué de fa- çon profonde sa relation avec le christianisme. Même le Tractatus comporte des formules qui ont parfois une ressemblance assez frappante avec ce que Wittgenstein avait pu lire dans l' Abrégé de l'Évangile. Pour ce philosophe, « le penseur religieux honnête est comme un danseur de corde. Il marche, en apparence, presque uniquement sur l'air. Son sol est le plus étroit qui se puisse concevoir. Et pourtant on peut réellement marcher sur lui ».
Après Peut-on ne pas croire ? et Que faut-il faire de la religion ?, ce livre est le dernier volet d'une trilogie sur la philosophie de la religion. Pour Bouveresse, ce qui est en jeu, ce n'est pas le jugement à porter sur les dogmes, les croyances, etc., mais le regard à porter sur la foi elle- même comme attitude face à la vie. Les idées de Wittgenstein sont éclairées par leur mise en relation avec les récits et les réflexions de Keller - le plus grand romancier de langue alle- mande de la seconde moitié du XIXe siècle -, et par la confrontation avec Tolstoï, Nietzsche, Ibsen, et quelques autres.
Ce livre n'est issu ni de cours, ni de conférences, et c'est certaine- ment l'un de ses plus personnels.
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l'un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein. -
Le communisme desarmé ; le PCF et les classes populaires depuis les années 1970
Julian Mischi
- Agone
- 8 Février 2016
- 9782748911381
Le communisme a autant été désarmé par ses adversaires socialistes et de droite, dans un contexte d'offensive néolibérale, qu'il s'est désarmé lui-même en abandonnant l'ambition de représenter prioritairement les classes populaires.
Analyse du déclin d'un parti qui avait produit une élite politique ouvrière, ce livre propose une réflexion sur la construction d'un outil de lutte collectif contre l'exclusion politique des classes populaires. Cette revisite de l'histoire récente du PCF relève d'un enjeu majeur pour une gauche de plus en plus coupée des groupes populaires.
S'appuyant sur une enquête de terrain et des archives internes, l'auteur montre comment, au-delà des transformations des milieux ouvriers, les classes populaires sont marginalisées au sein du PCF. En traquant toute divergence interne et en changeant continuellement de ligne, l'appareil central provoque des départs massifs de militants. Prêter attention à ce qui se passe à « la base » rend compte des transformations des manières de militer dans un contexte de fragilisation du mouvement ouvrier.
Sociologue à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), Julian Mischi est notamment l'auteur de : Servir la classe ouvrière. Sociabilités militantes au PCF (PUR, 2010), Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970 (Agone, 2014), Le Bourg et l'Atelier. Sociologie du combat syndical (Agone, 2016). -
« Les grands hommes de l'Allemagne de 1848 étaient sur le point de connaître une fin sordide quand la victoire des "tyrans" pourvut à leur sûreté, les envoyant à l'étranger et faisant d'eux des martyrs et des saints.
Ils furent sauvés par la contre-révolution.
Mais il fallait rappeler quotidiennement à la mémoire du public l'existence de ces libérateurs du monde.
Plus ces rebuts de l'humanité étaient hors d'état de réaliser quoi que ce soit de concret, plus il leur fallait s'engager avec zêle dans un semblant d'activité inutile et claironner en grande pompe des partis imaginaires et des combats imaginaires.
Plus ils étaient impuissants à mener à bien une véritable révolution, plus il leur fallait soupeser cette future éventualité, répartir les places à l'avance et se plonger dans les délices anticipés du pouvoir. »
Lorsque Marx et Engels arrivent à Londres, ils ont été précédés par des compatriotes, militants du « Printemps des peuples », exilés comme eux. Refusant de réfléchir à leur échec pour préparer la révolution de demain, cette poignée d'intellectuels tient le haut du pavé sur une scène déjà médiatique, plus théâtrale que politique. Bouffons et traîtres s'y bousculent, que les auteurs épinglent au milieu de réflexions sur la mobilisation et la recomposition politique du mouvement révolutionnaire qui engendrera l'Internationale.
Écrit entre mai et juin 1852, ce texte n'a jamais été traduit en français. On y retrouve le ton incisif et parfois cruel de Marx lorsqu'il évoque ses contemporains - qui rappellent les nôtres.
Professeure d'histoire contemporaine à l'université de Lille-3, Sylvie Aprile est notamment l'auteure du Siècle des exilés, bannis et proscrits français au XIXe siècle (Éditions du CNRS, 2010) -
Le pacifisme et la révolution ; écrits politiques (1914-1918)
Bertrand Russell
- Agone
- 3 Mars 2016
- 9782748911329
« Mon projet - mille fois plus économique et humain que la façon dont on mène actuellement la guerre - est le suivant : que les grandes puissances de l'Europe s'accordent afin que les garçons, lorsqu'ils atteignent dix-huit ans, soient divisés puis parqués en trois classes distinctes, la première comprenant la moitié d'entre eux, les deux autres étant chacune composée d'un quart. La classe constituée d'une moitié de ces garçons sera exécutée, sans douleur, dans une chambre mortelle. Quant aux deux autres classes, les membres de la première seront privés d'un bras, d'une jambe, ou d'un oeil, selon le bon vouloir du chirurgien ; les membres de la deuxième seront exposés jour et nuit à des bruits assourdissants, jusqu'à en provoquer une détresse nerveuse : folie, aphasie, cécité mentale ou surdité. Après quoi ils seront libérés et pourront former la population adulte de leur pays. » (Lettre au Times, 20 avril 1916)
Libéral dissident, Bertrand Russell évolue rapidement vers un socialisme non étatique et anti-autoritaire dont il se fait notamment l'écho devant des publics ouvriers, comme dans le cycle de conférences Political Ideals. Ce livre réunit quarante et un textes, tous inédits en français : conférences, articles de revue, éditoriaux et tracts, qui sont le reflet de ses idées et de son combat.
Bertrand Russell (1872-1970) a été le seul grand philosophe européen à s'opposer à la Première Guerre mondiale, du premier au dernier jour, par le discours et par l'action. Militant à plein temps avec les objecteurs de conscience, il est chassé de son université, interdit de séjour sur une partie du Royaume-Uni, et finalement emprisonné.
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La peur du savoir ; sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance
Paul Boghossian
- Agone
- 26 Avril 2018
- 9782748911473
Le constructivisme est libérateur quand il révèle la contingence de pratiques sociales considérées à tort comme fondées en nature. Mais il s'égare quand il aspire à devenir une théorie générale de la vérité et de la connaissance, où celles-ci ne font plus qu'exprimer les besoins et les intérêts d'une société.
Pourquoi tant de gens se sont-ils laissés tenter par cette application généralisée du constructivisme social ? C'est qu'on acquiert par là un énorme pouvoir : si une connaissance n'est légitimée que par des valeurs sociales contingentes, on peut rejeter tout savoir du moment qu'on ne partage pas les valeurs en question.
Les idées du constructivisme de la connaissance sont étroitement liées à des courants progressistes comme le postcolonialisme et le multiculturalisme : elles fourniraient des armes philosophiques pour protéger les cultures opprimées. Mais, même d'un point de vue strictement politique, ce n'est pas très judicieux. Car, si les puissants ne peuvent plus critiquer les opprimés parce que les catégories du savoir sont inévitablement liées à des perspectives particulières, il s'ensuit également que les opprimés ne peuvent plus critiquer les puissants. Voilà qui menace d'avoir des conséquences profondément conservatrices.
Ce livre réfute avec clarté et simplicité les arguments qui sont au fondement de la pensée postmoderne : nous n'avons aucune raison sérieuse de croire que nos concepts ordinaires de vérité, de connaissance et d'objectivité seraient aujourd'hui disqualifiés, et devraient être abandonnés. Il est complété par une préface qui en souligne les enjeux et des annexes où sont discutées les idées de Bruno Latour, Isabelle Stengers et Michel Foucault sur cette question. -
« S'identifier à une chose ne nous aide pas à trouver son ordre. Lorsque je regarde le ciel bleu et me perds entièrement dans sa contemplation, sans penser à rien, j'éprouve le bleu qui remplit complètement mon esprit : ils ne font plus qu'un. La conception métaphysique de la connaissance a toujours été la conception mystique de l'intuition, du contact direct et intime. Mais éprouver, c'est vivre ; ce n'est pas connaître. Tous les métaphysiciens ont tenté de nous dire ce qu'est le contenu du monde : ils ont cherché à exprimer l'inexprimable. C'est pourquoi ils ont échoué. »
Forme & contenu est un cycle de trois conférences prononcées en 1932. Dans une langue simple et sans présupposer aucune connaissance philosophique, Schlick introduit son lecteur aux questions les plus fondamentales concernant le langage et la connaissance. La clarté et le tranchant de ses analyses conceptuelles font de ce livre une introduction des plus efficaces qui soit à l'exercice honnête et rigoureux de la philosophie. -
Dans la philosophie européenne du XXe siècle, le positivisme logique du cercle de Vienne (1924-1936) est le courant qui a porté le plus loin l'héritage des Lumières. Éradiqué par le nazisme, il est honni depuis plus d'un demi-siècle par les courants irrationalistes et antiscientifiques dominants. « Dans la haine du positivisme, qui n'est souvent pas très différente de celle du mode de pensée scientifique lui-même, on peut aisément percevoir la peur de la vérité et de ses conséquences », écrit Jacques Bouveresse. Bien qu'il n'ait jamais compté lui-même parmi les positivistes, il enseigne leurs idées et les défend pour la clarté, la rigueur et l'honnêteté de leur style de pensée ; pour leur proximité avec les bouleversements de la science contemporaine, et leur insertion dans le mouvement d'émancipation sociale et politique.
Les cinq essais réunis dans le présent volume ont été écrits entre 1971 et 2011. On y trouvera à la fois une présentation claire des concepts centraux des positivistes logiques, un éclairage neuf (nourri de la recherche historique la plus récente) sur le contexte culturel et politique de la formation de leurs idées (notamment celles de Rudolf Carnap), et une évaluation philosophique de quelques-unes de leurs thèses fondamentales. -
Essais 1 / Wittgenstein, la Modernité, le Progres et le D
Jacques Bouveresse
- Agone
- 14 Mars 2016
- 9782748911046
Wittgenstein n'a jamais dissimulé son antipathie pour la civilisation contemporaine. Mais, à la différence de beaucoup d'autres, il n'a jamais essayé d'en tirer une philosophie. Il est difficile de trouver un philosophe qui l'ait été davantage que lui dans ses relations avec une époque que, de son propre aveu, il n'aimait pas et dans laquelle, en tout cas, il ne se sentait pas chez lui. L'attitude de Wittgenstein à l'égard du monde contemporain a consisté à éviter la perte de temps et d'énergie que représente le pathos de la protestation, de la dénonciation et de la déploration, dans lequel donnent si volontiers les intellectuels d'aujourd'hui, et à s'accommoder avec le maximum de sobriété et d'efficacité des conditions qui lui étaient imposées pour la tâche qu'il estimait avoir à remplir.
Professeur honoraire au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l'un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein.
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À un moment où l'irrationalisme, le relativisme et l'historicisme radical sont devenus obligatoires pour qui veut être un philosophe de notre époque, il est réellement étonnant que le nom de Spengler n'apparaisse pour ainsi dire jamais. Il est vrai que son cas révèle de façon un peu trop voyante l'existence d'un nietzschéisme de droite (pour ne pas dire plus) : un phénomène dont les interprètes français les plus réputés n'aiment généralement pas beaucoup se souvenir. Le Nietzsche de Spengler fait partie des possibilités et des suites que l'on préfère ignorer hypocritement. De façon générale, l'intermède du IIIe Reich a rejeté dans l'oubli un certain nombre d'antécédents hautement significatifs de l'irrationalisme de la philosophie française contemporaine. On peut se demander si ce n'est pas à ce fait qu'elle doit essentiellement sa réputation d'innocence et de progressisme. Il y a des ancêtres qu'on préfère, autant que possible, ne pas connaître. Mais le mieux est encore de ne pas les avoir.
Depuis les années 1960, Jacques Bouveresse n'a cessé de confronter nos modes philosophiques successives aux idées d'auteurs « peu fréquentés » ou « mal famés » : Gottfried Benn, le poète expressionniste ; Oswald Spengler, le penseur du Déclin de l'Occident ; Karl Kraus, le satiriste ; mais aussi les philosophes de la tradition autrichienne, notamment ceux du Cercle de Vienne ; et bien sûr Robert Musil. Il n'y a pas seulement trouvé des armes dans son combat contre les fausses valeurs du monde intellectuel. Il pose en les lisant une question cruciale pour tout rationaliste : quelle part de vérité peut-on reconnaître à l'irrationalisme ou au nietzschéisme sans risquer de perdre l'essentiel ?
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l'un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein.