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Philosophie
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Pour lutter contre les racismes, mieux vaut savoir de quoi on parle lorsqu'on parle de « race ».
Plutôt que de trancher entre origine sociale et origine biologique,
plutôt il faut comprendre la « conception ordinaire de la race ».
Une approche qui concerne aussi bien les racismes que leurs critiques.
« Ce livre est un essai sur la métaphysique de la race. Il cherche à apporter une réponse philosophique à une seule et unique question fondamentale : qu'est-ce que la race chez les êtres humains, si tant est qu'elle existe ? En posant cette question, nous ne supposons pas que nous savons d'emblée si la race est biologique ou sociale. Nous ne supposons pas non plus que nous savons si les races existent ou n'existent pas, ou si la race est réelle ou irréelle. Nous ne supposons pas non plus que la race est une chose et une seule.
» La question se veut totalement ouverte.
» Pour y répondre, nous devons prêter une attention particulière aux différentes façons dont nous parlons de "race" et être conscients que nous sommes souvent confus et embrouillés
à son propos. »
S'attaquant au consensus sur la construction sociale des races, le philosophe afroaméricain Michael Hardimon propose un concept minimal de race n'impliquant que l'existence de différences phénotypiques observables (superficielles) entre les populations et correspondant aux différences d'ascendance géographique - différences souvent détournées par le discours raciste.
Montrant que le concept minimal de race est essentiel pour notre conception ordinaire, cet ouvrage défend un réalisme « déflationniste » à son égard et va à contresens du consensus sur le racisme et sa critique.
Avec rigueur et érudition, l'auteur veut faire progresser le débat au niveau populaire, philosophique et scientifique.
Professeur de philosophie à l'University of California, San Diego, Michael O. Hardimon travaille sur les théories critiques de la race et sur la philosophie allemande du XIXe siècle. Repenser la race est son premier livre traduit en français. -
Ce livre remet en question certaines de nos croyances contemporaines les plus fondamentales, en particulier celle fondée sur le progrès, et rappelle, d'une part, que l'espèce humaine est soumise à la même loi de précarité et de caducité que les autres espèces et, d'autre part, que rien ne garantit que la forme industrielle de production soit biologiquement adaptée à l'être humain.
Ces deux idées pourraient donner l'impression de relever du simple bon sens ; elles n'ont rien de particulièrement choquant ou subversif. Mais elles n'en ont pas moins suscité des réactions négatives surprenantes de la part de tous ceux, scientifiques, économistes, politiciens, intellectuels, qui partagent une conviction commune, que l'on peut appeler « la croyance dans la croissance économique illimitée ».
Quand il s'interroge sur le type de lecteurs qui seraient, au contraire, susceptibles d'apprécier les idées qu'il a développées, l'auteur suggère prudemment deux groupes, qu'il appelle les « conservateurs de la valeur » et les « intellectuels de gauche » - dont il constate, qu'il semble pour tout dire déjà moribond.
La question qui se pose est de savoir qui sont aujourd'hui les intellectuels de gauche. Doit-on encore appeler ainsi des gens qui, s'ils sont plus sensibles que d'autres aux coûts sociaux et humains du progrès, et en particulier aux inégalités qu'il engendre, n'en continuent pas moins le plus souvent à croire à la possibilité et à la nécessité du progrès par la croissance économique illimitée, se contentant pour l'essentiel d'exiger que les fruits de la croissance soient répartis un peu plus équitablement ? -
Pour ne pas en finir avec la nature : questions d un philosophe à l'anthropologue Philippe Descola
Patrick Dupouey
- Agone
- 2 Février 2024
- 9782748905601
Méditant sur le destin de la nature dans le contexte contemporain de son artificialisation toujours plus avancée, Philippe Descola annonce « son décès prévisible, en tant que concept » et la « clôture probable d'un long chapitre de notre propre histoire ». Mais comment définir les « dégâts anthropiques » occasionnés par l'action de l'homme sans faire référence au moins implicitement à ce que cette action modifie et à ce qui est atteint par ces dégâts ? Soit à ce qui, dans le monde, a de loin précédé notre existence, l'a produite et continue de la déterminer : la nature.
Il est tout à fait certain qu'une époque est en train de se clore, caractérisée par une certaine manière de concevoir notre rapport à la nature. Il n'en reste pas moins que nous avons beaucoup de raisons, et des raisons assez solides, de douter que ce à quoi renvoie le mot « n'existe pas », ou encore que la notion de nature n'ait « aucun sens » et ne soit qu'un « fétiche » qui a « fait son temps ». Comme on peut douter qu'il faille « désormais penser sans elle » et qu'user du concept de nature soit, comme le suggérait Pessoa, le symptôme d'« une maladie de nos idées ». Il est ainsi plus urgent de le clarifier de manière critique que de penser par-delà nature et culture.
Si l'on en croit l'anthropologue Philippe Descola, la pensée moderne de la nature fait partie du problème et non de la solution. En philosophe, Patrick Dupouey interroge cette proposition pour montrer que, bien au contraire, un concept de nature solide reste un outil indispensable pour comprendre les crises que nous traversons, sans sombrer dans les apories du relativisme. L'analyse de ces processus permet de faire émerger des solutions pour une transformation progressiste et coopérative du monde, pour sortir des crises qui caractérisent notre époque.
Longtemps professeur de philosophie en classes préparatoires, Patrick Dupouey est notamment l'auteur d'un « Que sais-je ? » sur La Nature (2023), de La Croyance. Comment savoir ce qu'il faut croire ? (Vrin, 2022) et, en passionné d'alpinisme, de Pourquoi grimper sur les montagnes (Guérin, 2012). -
« Jusqu'au siècle actuel, l'essentiel de l'humanité vivait dans de petites communautés. Ce que chacun faisait pouvait n'affecter qu'un petit nombre de personnes. Mais les conditions ont changé. Nous pouvons produire des effets réels, bien que faibles pour chacun, sur des milliers ou des millions de personnes. Nous pourrions penser que c'est permis parce que les effets sur chaque personne une à une seront infimes ou imperceptibles. Si nous le pensons, ce que nous ferons sera souvent bien pire pour tous pris globalement.
La vérité est-elle déprimante ? Je la trouve libératrice et consolatrice. Quand je croyais que mon existence était celle d'un ego, je me sentais prisonnier de moi-même. Ma vie ressemblait à un tunnel de verre à travers lequel je me déplaçais de plus en plus vite chaque année et au bout duquel se trouvaient les ténèbres. Quand j'ai changé de conception, les parois du tunnel ont disparu. Je vis maintenant au grand air. Il existe encore une différence entre ma vie et celle des autres personnes, mais elle est moindre. Je me soucie moins du reste de ma propre vie et plus de la vie des autres. »
Ce livre est devenu un classique contemporain de l'éthique dont la richesse continue de structurer une bonne partie des débats philosophiques. Grâce à une argumentation tout autant inventive que minutieuse, Derek Parfit met en question nombre de nos idées sur la rationalité, l'éthique ou bien encore la nature des personnes et de nos obligations envers les générations futures.
Chercheur en philosophie à Oxford tout au long de sa vie, le travail de Derek Parfit (1942-2017) a profondément révolutionné l'éthique contemporaine. -
Les niveaux très élevés d'inégalité semblent moralement contestables. Mais les raisons pour lesquelles ils le sont et pour lesquelles il faudrait les réduire ou les éliminer sont-elle si évidentes ? Nous avons donc besoin d'une conception claire des raisons de combattre les inégalités.
« Les individus ont de nombreuses raisons différentes de s'opposer à des formes d'inégalité : des raisons fondées sur leurs effets, sur les relations avec les autres qu'elles impliquent, et sur les institutions qui les engendrent. Ces raisons sont diverses et ne découlent pas toutes d'un unique principe distributif égalitaire. Ce qui les unifie, c'est leur rôle commun dans le processus par lequel les institutions sociales doivent être justifiées auprès de ceux à qui l'on demande de les accepter. »
Par-delà nos raisons d'améliorer le sort des plus démunis, nous avons aussi des raisons de nous opposer à l'inégalité, c'est-à-dire à la différence entre la vie des uns et celle des autres. Ces dernières sont plus énigmatiques, et Thomas Scanlon examine six raisons de ce type. Il montre que l'inégalité peut être contestable parce qu'elle crée d'humiliantes différences de statut ; parce qu'elle donne aux riches des formes de contrôle inacceptables sur ceux qui ont moins ; parce qu'elle sape l'égalité des chances économiques ; parce qu'elle nuit à l'équité des institutions politiques ; parce qu'elle résulte de la violation d'une exigence d'égalité d'attention pour les intérêts de ceux à qui les pouvoirs publics ont l'obligation de fournir certains services ; ou encore parce qu'elle est produite par des institutions économiques inéquitables. Il examine également les objections à la poursuite de l'égalité au motif qu'elle implique une entrave inacceptable à la liberté individuelle, et fait valoir qu'on ne peut ni justifier ni s'opposer à l'inégalité en se fondant sur une notion de mérite.
Disposer d'une conception claire des raisons pour lesquelles les inégalités doivent être combattues permet de faire apparaître en quoi sont contestables les lois et les institutions qui les promeuvent, et pourquoi il peut être justifié de les modifier.
L'une des thèses fortes de ce livre : toutes les inégalités ne s'exposent pas aux mêmes objections, qu'il faut parvenir à distinguer pour fournir à ceux qui veulent les combattre les meilleures raisons de le faire.
Philosophe à Harvard, spécialiste d'éthique et de philosophie politique, Thomas M. Scanlon a publié des travaux de première importance sur la liberté d'expression, l'égalité, la tolérance, les théories de la justice, les théories du contrat social, le bien-être, ainsi sur de nombreuses questions fondamentales de philosophie morale. Parmi ses ouvrages, en français, L'Épreuve de la tolérance. Essais de philosophie politique (Hermann, 2018). -
Histoire du scepticisme : de la fin du Moyen âge à l'aube du XIXe siècle
Richard Popkin
- Agone
- 20 Mars 2020
- 9782748904147
« En contestant les critères traditionnels de la connaissance religieuse, la Réforme pose une question fondamentale et ouvre une boîte de Pandore : comment justifier les fondements de notre connaissance ? Ce problème va déclencher une crise sceptique qui va bientôt affecter l'ensemble du panorama intellectuel de l'Occident. »
Le scepticisme est au principe de la pensée moderne - et partant, de la nôtre -, montre Richard Popkin : loin d'être un âge dogmatique où triomphe une raison souveraine, l'époque moderne émerge avec la redécouverte, au sortir du Moyen Âge, de l'arsenal argumentatif élaboré par les sceptiques de l'Antiquité, en même temps que s'ouvre la crise de l'autorité spirituelle entraînée par la Réforme. Se trouve alors posée, dans toute sa portée politique et religieuse, la question philosophique fondamentale du critère de la vérité.
Aucune analyse de ce courant de pensée, qui double toute l'histoire de la philosophie et constitue une tradition de résistance intellectuelle à toute forme d'idéologie et à tous les dogmatismes, n'a l'ampleur de cet ouvrage, inédit en français. Il plonge dans la vie, les écrits et le monde des figures les plus significatives du scepticisme et de l'anti-scepticisme, de Savonarole et Érasme à Pierre Bayle et David Hume, en passant par Descartes et Spinoza.
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Le juste et le bien : essais de philosophie morale et politique
Jules Vuillemin
- Agone
- 18 Mars 2022
- 9782748904833
Sur la propriété, le bonheur, la paix, la tolérance et l'idée d'une morale sceptique, de Socrate et Pyrrhon à Rawls en passant par Anselme, Descartes et Kant.
Aux religions de salut ont succédé aux XIXe et XXe siècles des religions séculières. Aspirant à se confondre avec le pouvoir civil et politique au lieu de s'en distinguer, ces dernières se sont montrées, et se montrent souvent, plus intolérantes encore que celles qui les ont précédées. Dans ces conditions, traiter aujourd'hui de la tolérance, c'est décrire d'abord la nature de ces religions séculières, de la foi qui les anime, et du mécanisme psychologique auquel elles obéissent. C'est ensuite en examiner les effets sur la vie civile, économique et intellectuelle. C'est rechercher enfin ce qui, de nos jours, fait revivre une hydre qu'on croyait abattue.
De Jules Vuillemin, Pierre Bourdieu disait que « peu connu du grand public, il incarnait une grande idée de la philosophie, une idée peut-être un peu trop grande pour notre temps, trop grande en tout cas pour accéder au public qu'il aurait mérité ».
Développées dans des essais jusqu'ici dispersés et peu accessibles, les idées de Vuillemin sur le Juste et le Bien ont été largement ignorées. En les réunissant, ce volume vise à remédier à ce manque regrettable en proposant des thèses et des analyses d'autant plus précieuses qu'elles permettent de se dégager de certaines apories de la philosophie morale et politique contemporaine.
Professeur au Collège de France (1920-2001), Jules Vuillemin était l'un des philosophes français contemporains les plus brillants et des plus complets de notre époque. Chacune de ses contributions à la discipline - dont Nécessité ou contingence (Minuit) et De la logique à la théologie (Peeters) - peut être considérée comme fondamentale. -
« Le football est un jeu facile à saisir. Mais il possède aussi une profondeur philosophique qui doit être élucidée. Notamment parce que le football est, comme la philosophie, le genre de chose qui occuperait notre temps dans un monde idéal où tous nos besoins matériels seraient satisfaits sans travail et sans effort. Autrement dit, le genre de chose auquel nous attribuons une valeur intrinsèque. »
Stephen Mumford montre que la popularité universelle du football n'a rien d'accidentel et ne s'explique pas uniquement par des facteurs sociaux ou quelque contingence historique : sa popularité tient à la nature même de ce jeu.
En répondant avec une rare clarté aux questions que les discussions passionnées sur le football n'ont de cesse de soulever, Football. La philosophie derrière le jeu permet de mieux comprendre le « beau jeu » : quelle place y occupe la chance ? Quelle est la relation des individualités d'une équipe à ce tout dont elles font partie ? Quelle est la fonction de l'entraîneur et des schémas tactiques ? En quoi le football a-t-il particulièrement à voir avec l'espace ? En quoi consiste la beauté de ce sport ? Quelle est sa relation avec la victoire et la compétition ?
Professeur de philosophie à l'université de Durham en Angleterre, Stephen Mumford est l'un des plus grands métaphysiciens contemporains, spécialiste notamment de la causalité, des forces et des pouvoirs. Il est également philosophe du sport et, depuis son enfance dans la ville minière de Wakefield, passionné de football, jeu auquel il a consacré plusieurs ouvrages. -
« Notre société "de l'information" et "de la connaissance", dans laquelle le marketing et la propagande ont pris des dimensions inédites, est envahie par le bullshit. Politiquement, le but du bullshitter n'est pas tant de plaire aux électeurs que de promouvoir un système dans lequel le vrai n'a plus de place parce qu'il n'est plus une valeur. Or celui qui ne respecte pas la vérité est aussi celui qui admet que seuls le pouvoir et la force sont les sources de l'autorité. Les penseurs post-modernes aiment à dire que l'abandon de la vérité comme valeur laissera la voie libre à d'autres valeurs comme la solidarité ou le sens de la communauté, mais on peut aussi bien dire que le non-respect de la vérité et la promotion du baratin auront comme conséquences le règne du cynisme, le culte du pouvoir et la domination brute des puissants. »
Ni réductible à l'éthique tout court, ni simple branche de l'épistémologie, l'éthique intellectuelle définit les normes qui fondent objectivement la correction des croyances. Dans ce livre, Pascal Engel montre que l'indifférence à leur égard, qu'ont en partage, à l'échelle planétaire, tant de nos politiques, journalistes et universitaires contemporains, représente la forme la plus aboutie du vice intellectuel et sape, dans la cité, la possibilité d'une démocratie véritable.
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L'ignorance et le mépris de la raison sont des constantes de l'esprit humain. Et l'on retrouve à toutes les époques l'illogisme, le non-sens, le mysticisme, le romantisme, le culte de l'intuition et de l'émotion, le relativisme et les anti-Lumières. Mais depuis longtemps un éclectisme de l'anti-raison tient en France le haut du pavé. Les thèmes de la révolte radicale contre l'universel, la logique et tout ce qui peut ressembler à l'exercice ordinaire de la critique et du jugement s'associent périodiquement à des « retours » à de grandes métaphysiques spéculatives, mais aussi à l'intuition bergsonienne ou à des philosophies de la vie. Le rationalisme véritable s'oppose exactement à toutes ces thèses. Il ne s'identifie pas à la rationalité pratique et technique. Et il affirme le primat de la raison théorique, dont les normes ont le pouvoir de nous guider et sont le meilleur garant de la démocratie.
Véritable synthèse de l'entreprise intellectuelle menée par l'auteur depuis une dizaine d'années, ce livre combine vivacité d'écriture, tranchant argumentatif, mise en perspective historique et propose une palette d'outils intellectuels pour résister aux assauts du Parti de l'anti-raison.
Philosophe, directeur d'études à l'EHESS, spécialisé en philosophie du langage et de la connaissance, Pascal Engel est notamment l'auteur d'À quoi bon la vérité ? (Grasset, 2005, avec Richard Rorty), Va savoir, de la connaissance en général (Hermann, 2007) et Les Lois de l'esprit : Julien Benda ou la raison (Ithaque, 2012). -
Dialogues sur la pensee, l esprit, le corps et la conscience
Hacker Peter
- Agone
- 17 Novembre 2021
- 9782748904574
« Richard : La chose est claire ! Avoir un esprit est comparable au fait d'avoir des aptitudes - non à celui d'avoir une maison ou une voiture. Faire quelque chose avec son esprit n'a rien à voir avec le fait de faire quelque chose avec un marteau, mais plutôt avec le fait de réaliser quelque chose grâce à ses talents.
Alan : Tout à fait. Nous ne pensons ni ne raisonnons avec rien - si ce n'est avec un crayon à la main.
Jill : Nous faisons pourtant bien usage de notre esprit lorsque nous pensons.
Richard : Oui, mais pas comme nous utilisons nos jambes pour marcher.
Jill : Nous disons pourtant bel et bien : "Faites usage de votre esprit."
Richard : Ce qui n'a rien à voir avec le fait de dire "Utilisez votre main gauche" mais plutôt avec "Réfléchissez !"
Alan : Exactement. L'esprit n'est pas un organe éthéré, pas plus qu'il n'est un organe matériel. »
Ces dialogues, où l'on croise Socrate, Aristote, Descartes et Locke, s'adressent à ceux qui se demandent quelle est la relation entre le corps et l'esprit, si celui-ci est identique au cerveau, ce qu'est la conscience ou si l'on peut penser sans langage. Progressant avec la plus grande rigueur argumentative, ces conversations n'en sont pas moins un divertissement intellectuel.
Philosophe britannique, spécialiste de l'esprit et exégète de Wittgenstein, Peter Hacker s'est attaqué aux confusions conceptuelles entretenues par les neurosciences. Il est notamment l'auteur d'une anthropologie philosophique en quatre volumes, A Study of Human Nature (2007-2021). -
L'immoralité de la croyance religieuse : l'éthique de la croyance ; la volonté de croire
William Clifford, William James
- Agone
- 21 Juin 2018
- 9782748903164
On connaît le propos que Dostoïevski fait tenir à l'un des frères Karamazov : si Dieu n'existe pas, alors tout est permis. Une idée apparentée est que les croyances religieuses, qu'elles soient vraies ou fausses, permettent aux hommes et aux sociétés qui les entretiennent de s'élever d'une façon inaccessible à celles et ceux qui ne croient pas.
D'après le mathématicien et philosophe anglais William Clifford (1845-1879), rien de tout cela n'est vrai. Ainsi qu'il le défend à Londres en 1876 dans une conférence intitulée « L'éthique de la croyance », le déclin de la religion est au contraire l'occasion de rendre l'humanité moralement meilleure. Plus encore : il n'est plus possible de croire sans immoralité.
Son texte deviendra vite un classique ; en 1897, William James (1842-1910), philosophe et psychologue, entreprend de le réfuter. Dans « La volonté de croire », il veut légitimer les croyances les plus improuvables, du moment qu'elles répondent à nos besoins passionnels, tel celui « que le monde soit religieux ».
Historiquement, la réponse de James emporta la conviction de nombreux lecteurs dans sa tentative de concilier science et religion. Mais philosophiquement, il se pourrait bien que Clifford ait eu raison et que son éthique de la croyance d'après laquelle « on a tort, partout, toujours et qui que l'on soit, de croire sur la base d'éléments de preuve insuffisants » s'avère une boussole pour quiconque n'a pas renoncé à « se servir de son entendement ».
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Raison & liberté ; sur la nature humaine, l'éducation & le rôle des intellectuels
Noam Chomsky
- Agone
- 26 Avril 2018
- 9782748911459
« L'action politique et sociale doit être animée par une vision de la société future et par des jugements de valeur explicites, qui doivent découler d'une conception de la nature humaine. Si l'esprit humain était dépourvu de structures innées, nous serions des êtres indéfiniment malléables, et nous serions alors parfaitement appropriés au formatage de notre comportement par l'État autoritaire, le chef d'entreprise, le technocrate et le comité central.
Ceux qui ont une certaine confiance dans l'espèce humaine espéreront qu'il n'en est pas ainsi. Je pense que l'étude du langage peut fournir certaines lumières pour comprendre les possibilités d'une action libre et créatrice dans le cadre d'un système de règles qui reflète, au moins partiellement, les propriétés intrinsèques de l'organisation de l'esprit humain. »
Ce livre réunit onze textes de Noam Chomsky pour la plupart inédits en français. Offrant un large panorama de ses idées, il fait apparaître le fil qui relie son socialisme libertaire à son oeuvre de linguiste et à son anthropologie : notre irrépressible besoin de liberté est inséparable de la créativité illimitée du langage qui fait de nous des êtres humains. Chomsky montre comment l'école et l'université pourraient éduquer à autre chose qu'à l'obéissance, les intellectuels de gauche jouer un autre rôle que celui de commissaires du contrôle des esprits, et les mouvements civiques et sociaux imposer des réformes radicales. C'est en héritier des Lumières et de la tradition rationaliste que Chomsky pense et intervient.
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En écrivant ce livre, j'ai essayé de réaliser simultanément deux ambitions : celle de comprendre les raisons qui ont pu faire de Gottfried Keller un des écrivains que Wittgenstein admirait le plus, et celle de préciser ce que j'ai écrit sur les relations que ce philosophe a entretenues avec la religion. Ces deux objectifs convergent car peu de ques- tions sont aussi présentes et aussi centrales dans l'oeuvre du romancier que celle de la re- ligion. De plus, l'espèce de « révélation » que Wittgenstein a eue lorsqu'il est entré en contact avec le texte de la version tolstoïenne de l'Évangile semble avoir marqué de fa- çon profonde sa relation avec le christianisme. Même le Tractatus comporte des formules qui ont parfois une ressemblance assez frappante avec ce que Wittgenstein avait pu lire dans l' Abrégé de l'Évangile. Pour ce philosophe, « le penseur religieux honnête est comme un danseur de corde. Il marche, en apparence, presque uniquement sur l'air. Son sol est le plus étroit qui se puisse concevoir. Et pourtant on peut réellement marcher sur lui ».
Après Peut-on ne pas croire ? et Que faut-il faire de la religion ?, ce livre est le dernier volet d'une trilogie sur la philosophie de la religion. Pour Bouveresse, ce qui est en jeu, ce n'est pas le jugement à porter sur les dogmes, les croyances, etc., mais le regard à porter sur la foi elle- même comme attitude face à la vie. Les idées de Wittgenstein sont éclairées par leur mise en relation avec les récits et les réflexions de Keller - le plus grand romancier de langue alle- mande de la seconde moitié du XIXe siècle -, et par la confrontation avec Tolstoï, Nietzsche, Ibsen, et quelques autres.
Ce livre n'est issu ni de cours, ni de conférences, et c'est certaine- ment l'un de ses plus personnels.
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l'un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein. -
Le communisme desarmé ; le PCF et les classes populaires depuis les années 1970
Julian Mischi
- Agone
- 8 Février 2016
- 9782748911381
Le communisme a autant été désarmé par ses adversaires socialistes et de droite, dans un contexte d'offensive néolibérale, qu'il s'est désarmé lui-même en abandonnant l'ambition de représenter prioritairement les classes populaires.
Analyse du déclin d'un parti qui avait produit une élite politique ouvrière, ce livre propose une réflexion sur la construction d'un outil de lutte collectif contre l'exclusion politique des classes populaires. Cette revisite de l'histoire récente du PCF relève d'un enjeu majeur pour une gauche de plus en plus coupée des groupes populaires.
S'appuyant sur une enquête de terrain et des archives internes, l'auteur montre comment, au-delà des transformations des milieux ouvriers, les classes populaires sont marginalisées au sein du PCF. En traquant toute divergence interne et en changeant continuellement de ligne, l'appareil central provoque des départs massifs de militants. Prêter attention à ce qui se passe à « la base » rend compte des transformations des manières de militer dans un contexte de fragilisation du mouvement ouvrier.
Sociologue à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), Julian Mischi est notamment l'auteur de : Servir la classe ouvrière. Sociabilités militantes au PCF (PUR, 2010), Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970 (Agone, 2014), Le Bourg et l'Atelier. Sociologie du combat syndical (Agone, 2016). -
« Les grands hommes de l'Allemagne de 1848 étaient sur le point de connaître une fin sordide quand la victoire des "tyrans" pourvut à leur sûreté, les envoyant à l'étranger et faisant d'eux des martyrs et des saints.
Ils furent sauvés par la contre-révolution.
Mais il fallait rappeler quotidiennement à la mémoire du public l'existence de ces libérateurs du monde.
Plus ces rebuts de l'humanité étaient hors d'état de réaliser quoi que ce soit de concret, plus il leur fallait s'engager avec zêle dans un semblant d'activité inutile et claironner en grande pompe des partis imaginaires et des combats imaginaires.
Plus ils étaient impuissants à mener à bien une véritable révolution, plus il leur fallait soupeser cette future éventualité, répartir les places à l'avance et se plonger dans les délices anticipés du pouvoir. »
Lorsque Marx et Engels arrivent à Londres, ils ont été précédés par des compatriotes, militants du « Printemps des peuples », exilés comme eux. Refusant de réfléchir à leur échec pour préparer la révolution de demain, cette poignée d'intellectuels tient le haut du pavé sur une scène déjà médiatique, plus théâtrale que politique. Bouffons et traîtres s'y bousculent, que les auteurs épinglent au milieu de réflexions sur la mobilisation et la recomposition politique du mouvement révolutionnaire qui engendrera l'Internationale.
Écrit entre mai et juin 1852, ce texte n'a jamais été traduit en français. On y retrouve le ton incisif et parfois cruel de Marx lorsqu'il évoque ses contemporains - qui rappellent les nôtres.
Professeure d'histoire contemporaine à l'université de Lille-3, Sylvie Aprile est notamment l'auteure du Siècle des exilés, bannis et proscrits français au XIXe siècle (Éditions du CNRS, 2010) -
éloge de la raison ; pourquoi la rationalité est importante pour la démocratie
Michael Lynch
- Agone
- 26 Avril 2018
- 9782748903591
« Le rationaliste est l'ennemi de l'autorité, des préjugés, de ce qui est traditionnel. Il est porté par la croyance en une "raison" commune à toute l'humanité, en un pouvoir commun d'examen rationnel, qui serait le fondement et la force vive de l'argumentation. Au-dessus de sa porte se trouve inscrit le précepte de Parménide : "Juge par argumentation rationnelle." J'avoue moi aussi garder espoir en la raison. Certes, elle est fragile, nourrie par nos passions et sentiments, et sa flamme prométhéenne doit toujours être entretenue de peur qu'elle ne vacille et s'amenuise. Mais cet espoir est justifié. »
On entend souvent aujourd'hui qu'au fond, la vérité, les faits objectifs n'existent pas, qu'il n'y a pas de points de vue qui soient réellement plus rationnels que d'autres. La raison passe également pour autoritaire et antidémocratique : elle conduirait à l'intolérance, au dogmatisme, au non-respect de la multiplicité des points de vue. Professeur de philosophie à l'université du Connecticut, Michael Lynch répond aux différents arguments avancés contre la raison - de ceux du scepticisme ancien à ceux du relativisme postmoderne - et soutient qu'elle est précisément ce dont les démocraties ont besoin pour être véritablement démocratiques.
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Le pacifisme et la révolution ; écrits politiques (1914-1918)
Bertrand Russell
- Agone
- 3 Mars 2016
- 9782748911329
« Mon projet - mille fois plus économique et humain que la façon dont on mène actuellement la guerre - est le suivant : que les grandes puissances de l'Europe s'accordent afin que les garçons, lorsqu'ils atteignent dix-huit ans, soient divisés puis parqués en trois classes distinctes, la première comprenant la moitié d'entre eux, les deux autres étant chacune composée d'un quart. La classe constituée d'une moitié de ces garçons sera exécutée, sans douleur, dans une chambre mortelle. Quant aux deux autres classes, les membres de la première seront privés d'un bras, d'une jambe, ou d'un oeil, selon le bon vouloir du chirurgien ; les membres de la deuxième seront exposés jour et nuit à des bruits assourdissants, jusqu'à en provoquer une détresse nerveuse : folie, aphasie, cécité mentale ou surdité. Après quoi ils seront libérés et pourront former la population adulte de leur pays. » (Lettre au Times, 20 avril 1916)
Libéral dissident, Bertrand Russell évolue rapidement vers un socialisme non étatique et anti-autoritaire dont il se fait notamment l'écho devant des publics ouvriers, comme dans le cycle de conférences Political Ideals. Ce livre réunit quarante et un textes, tous inédits en français : conférences, articles de revue, éditoriaux et tracts, qui sont le reflet de ses idées et de son combat.
Bertrand Russell (1872-1970) a été le seul grand philosophe européen à s'opposer à la Première Guerre mondiale, du premier au dernier jour, par le discours et par l'action. Militant à plein temps avec les objecteurs de conscience, il est chassé de son université, interdit de séjour sur une partie du Royaume-Uni, et finalement emprisonné.
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La peur du savoir ; sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance
Paul Boghossian
- Agone
- 26 Avril 2018
- 9782748911473
Le constructivisme est libérateur quand il révèle la contingence de pratiques sociales considérées à tort comme fondées en nature. Mais il s'égare quand il aspire à devenir une théorie générale de la vérité et de la connaissance, où celles-ci ne font plus qu'exprimer les besoins et les intérêts d'une société.
Pourquoi tant de gens se sont-ils laissés tenter par cette application généralisée du constructivisme social ? C'est qu'on acquiert par là un énorme pouvoir : si une connaissance n'est légitimée que par des valeurs sociales contingentes, on peut rejeter tout savoir du moment qu'on ne partage pas les valeurs en question.
Les idées du constructivisme de la connaissance sont étroitement liées à des courants progressistes comme le postcolonialisme et le multiculturalisme : elles fourniraient des armes philosophiques pour protéger les cultures opprimées. Mais, même d'un point de vue strictement politique, ce n'est pas très judicieux. Car, si les puissants ne peuvent plus critiquer les opprimés parce que les catégories du savoir sont inévitablement liées à des perspectives particulières, il s'ensuit également que les opprimés ne peuvent plus critiquer les puissants. Voilà qui menace d'avoir des conséquences profondément conservatrices.
Ce livre réfute avec clarté et simplicité les arguments qui sont au fondement de la pensée postmoderne : nous n'avons aucune raison sérieuse de croire que nos concepts ordinaires de vérité, de connaissance et d'objectivité seraient aujourd'hui disqualifiés, et devraient être abandonnés. Il est complété par une préface qui en souligne les enjeux et des annexes où sont discutées les idées de Bruno Latour, Isabelle Stengers et Michel Foucault sur cette question. -
« S'identifier à une chose ne nous aide pas à trouver son ordre. Lorsque je regarde le ciel bleu et me perds entièrement dans sa contemplation, sans penser à rien, j'éprouve le bleu qui remplit complètement mon esprit : ils ne font plus qu'un. La conception métaphysique de la connaissance a toujours été la conception mystique de l'intuition, du contact direct et intime. Mais éprouver, c'est vivre ; ce n'est pas connaître. Tous les métaphysiciens ont tenté de nous dire ce qu'est le contenu du monde : ils ont cherché à exprimer l'inexprimable. C'est pourquoi ils ont échoué. »
Forme & contenu est un cycle de trois conférences prononcées en 1932. Dans une langue simple et sans présupposer aucune connaissance philosophique, Schlick introduit son lecteur aux questions les plus fondamentales concernant le langage et la connaissance. La clarté et le tranchant de ses analyses conceptuelles font de ce livre une introduction des plus efficaces qui soit à l'exercice honnête et rigoureux de la philosophie. -
Dans la philosophie européenne du XXe siècle, le positivisme logique du cercle de Vienne (1924-1936) est le courant qui a porté le plus loin l'héritage des Lumières. Éradiqué par le nazisme, il est honni depuis plus d'un demi-siècle par les courants irrationalistes et antiscientifiques dominants. « Dans la haine du positivisme, qui n'est souvent pas très différente de celle du mode de pensée scientifique lui-même, on peut aisément percevoir la peur de la vérité et de ses conséquences », écrit Jacques Bouveresse. Bien qu'il n'ait jamais compté lui-même parmi les positivistes, il enseigne leurs idées et les défend pour la clarté, la rigueur et l'honnêteté de leur style de pensée ; pour leur proximité avec les bouleversements de la science contemporaine, et leur insertion dans le mouvement d'émancipation sociale et politique.
Les cinq essais réunis dans le présent volume ont été écrits entre 1971 et 2011. On y trouvera à la fois une présentation claire des concepts centraux des positivistes logiques, un éclairage neuf (nourri de la recherche historique la plus récente) sur le contexte culturel et politique de la formation de leurs idées (notamment celles de Rudolf Carnap), et une évaluation philosophique de quelques-unes de leurs thèses fondamentales. -
Essais 1 / Wittgenstein, la Modernité, le Progres et le D
Jacques Bouveresse
- Agone
- 14 Mars 2016
- 9782748911046
Wittgenstein n'a jamais dissimulé son antipathie pour la civilisation contemporaine. Mais, à la différence de beaucoup d'autres, il n'a jamais essayé d'en tirer une philosophie. Il est difficile de trouver un philosophe qui l'ait été davantage que lui dans ses relations avec une époque que, de son propre aveu, il n'aimait pas et dans laquelle, en tout cas, il ne se sentait pas chez lui. L'attitude de Wittgenstein à l'égard du monde contemporain a consisté à éviter la perte de temps et d'énergie que représente le pathos de la protestation, de la dénonciation et de la déploration, dans lequel donnent si volontiers les intellectuels d'aujourd'hui, et à s'accommoder avec le maximum de sobriété et d'efficacité des conditions qui lui étaient imposées pour la tâche qu'il estimait avoir à remplir.
Professeur honoraire au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l'un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein.
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À un moment où l'irrationalisme, le relativisme et l'historicisme radical sont devenus obligatoires pour qui veut être un philosophe de notre époque, il est réellement étonnant que le nom de Spengler n'apparaisse pour ainsi dire jamais. Il est vrai que son cas révèle de façon un peu trop voyante l'existence d'un nietzschéisme de droite (pour ne pas dire plus) : un phénomène dont les interprètes français les plus réputés n'aiment généralement pas beaucoup se souvenir. Le Nietzsche de Spengler fait partie des possibilités et des suites que l'on préfère ignorer hypocritement. De façon générale, l'intermède du IIIe Reich a rejeté dans l'oubli un certain nombre d'antécédents hautement significatifs de l'irrationalisme de la philosophie française contemporaine. On peut se demander si ce n'est pas à ce fait qu'elle doit essentiellement sa réputation d'innocence et de progressisme. Il y a des ancêtres qu'on préfère, autant que possible, ne pas connaître. Mais le mieux est encore de ne pas les avoir.
Depuis les années 1960, Jacques Bouveresse n'a cessé de confronter nos modes philosophiques successives aux idées d'auteurs « peu fréquentés » ou « mal famés » : Gottfried Benn, le poète expressionniste ; Oswald Spengler, le penseur du Déclin de l'Occident ; Karl Kraus, le satiriste ; mais aussi les philosophes de la tradition autrichienne, notamment ceux du Cercle de Vienne ; et bien sûr Robert Musil. Il n'y a pas seulement trouvé des armes dans son combat contre les fausses valeurs du monde intellectuel. Il pose en les lisant une question cruciale pour tout rationaliste : quelle part de vérité peut-on reconnaître à l'irrationalisme ou au nietzschéisme sans risquer de perdre l'essentiel ?
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l'un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein.
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REVUE AGONE n.51 : campagnes populaires ; campagnes bourgeoises
Revue agone
- Agone
- 13 Mai 2016
- 9782748911633
« Quand vous portez un habit et que vous êtes sur un cheval, déjà vous ne voyez pas les choses de la même façon... Quand on est à cheval, on ne voit pas le chemin de la même façon, on ne voit pas la forêt de la même façon, on ne voit donc pas les gens de la même façon non plus. Et je pense qu'il faut être infiniment plus attentif et plus prudent quand on a justement et l'autorité et le cheval et le chapeau à plumes et la trompe et le machin... Vous voyez, je caricature un peu mais il faut faire beaucoup plus attention aux réactions des gens. Il faut pouvoir assumer une certaine légitimité. Et dans la chasse à courre, la légitimité, eh bien, c'est la culture, c'est l'éducation, c'est savoir sonner... » Jean Rives, maître d'équipage du Rallye du Rocher.
Les représentations dominantes des espaces ruraux ignorent ses habitants au profit d'une esthétisation (une nature sans habitants) ou d'une stigmatisation (les ploucs). Vus des villes, ces espaces sont perçus comme des territoires essentiellement agricoles ou comme de simples lieux de détente pour vacanciers et résidents secondaires. Or les campagnes françaises se caractérisent d'abord par la présence massive de classes populaires, la proportion d'ouvriers augmentant à mesure que l'on s'éloigne des villes. Loin d'être des espaces pacifiés et unanimistes, les communes rurales et périurbaines connaissent des logiques de différenciation sociale et des conflits d'usage. A l'image des agriculteurs, groupe éclaté en différentes fractions, les campagnes sont traversées par des rapports de classe et des inégalités sociales. De la bourgeoisie agricole aux ouvriers ruraux, quels sont les groupes sociaux en présence et quelles relations entretiennent-ils ?