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Version originale traduite par Charles-René-Marie Leconte de L'Isle. Extrait : le messager-tueur d'Argos obéit. Et il attacha aussitôt à ses pieds de belles sandales, immortelles et d'or, qui le portaient, soit au-dessus de la mer, soit au-dessus de la terre immense, pareil au souffle du vent. Et il prit aussi la baguette à l'aide de laquelle il charme les yeux des hommes, ou il les réveille, quand il le veut. Tenant cette baguette dans ses mains, le puissant Tueur d'Argos, s'envolant vers la Piériè, tomba de l'Aithèr sur la mer et s'élança, rasant les flots, semblable à la mouette qui, autour des larges golfes de la mer indomptée, chasse les poissons et plonge ses ailes robustes dans l'écume salée. Semblable à cet oiseau, Hermès rasait les flots innombrables.
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A dix-huit ans, désoeuvré, s'ennuyant à mourir dans la douceur dont sa mère l'entourait, il entra chez un marchand de toile, à titre de commis. Il gagnait soixante francs par mois. Il était d'un esprit inquiet qui lui rendait l'oisiveté insupportable. Il se trouvait plus calme, mieux portant, dans ce labeur de brute, dans ce travail d'employé qui le courbait tout le jour sur des factures, sur d'énormes additions dont il épelait patiemment chaque chiffre. Le soir, brisé, la tête vide, il goûtait des voluptés infinies au fond de l'hébétement qui le prenait. Il dut se quereller avec sa mère pour entrer chez le marchand de toile ; elle voulait le garder toujours auprès d'elle, entre deux couvertures, loin des accidents de la vie.
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L'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, aujourd'hui plus communément appelée Manon Lescaut, est un roman-mémoires de l'abbé Prévost faisant partie des Mémoires et Aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde (7 volumes, rédigés de 1728 à 1731). Le livre étant jugé scandaleux à deux reprises (1733 et 1735), saisi et condamné à être brûlé, l'auteur publie en 1753, une nouvelle édition de Manon Lescaut revue, corrigée et augmentée d'un épisode important. Les qualités humaines du roman séduisirent rapidement le public et en feront sa célébrité. Extrait : -~Ne vous ai-je pas promis, me dit-elle, que je trouverais des ressources ? Je l'aimais avec trop de simplicité pour m'alarmer facilement. Un jour que j'étais sorti l'après-midi, et que je l'avais avertie que je serais dehors plus longtemps qu'à l'ordinaire, je fus étonné qu'à mon retour on me fît attendre deux ou trois minutes à la porte. Nous n'étions servis que par une petite bonne qui était à peu près de notre âge. Étant venue m'ouvrir je lui demandai pourquoi elle avait tardé si longtemps. Elle me répondit, d'un air embarrassé, qu'elle ne m'avait point entendu frapper. Je n'avais frappé qu'une fois ; je lui dis : -~Mais, si vous ne m'avez pas entendu, pourquoi êtes-vous donc venue m'ouvrir ? Cette question la déconcerta si fort, que, n'ayant point assez de présence d'esprit pour y répondre, elle se mit à pleurer en m'assurant que ce n'était point sa faute, et que madame lui avait défendu d'ouvrir la porte jusqu'à ce que M.~de~B... fût sorti par l'autre escalier qui répondait au cabinet.
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Tragédie : La magicienne Médée a fait mourir le roi de Thessalie qui avait lésé son mari Jason. Le couple s'est réfugié auprès du roi de Corinthe, Créon. Le nouveau roi de Thessalie exige les coupables. Créon se contentera de bannir Médée, Jason épousera sa fille Créuse, qui l'aime. Médée prépare sa vengeance. À la demande de Jason, Créon ne bannira pas leurs enfants...
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Un crime - le meurtre d'un homme ayant écrit de son propre sang les lettres «Monis», un policier-enquêteur et pour finir, un coupable. Classique - mieux - historique, puisque ce roman policier date de la fin du Second Empire, mais aussi un polar, un vrai. Méchinet, agent de sûreté et fin limier, reprend tranquillement, patiemment, l'enquête de zéro pour dénouer l'énigme: débonnaire, attentif aux conseils de sa femme, frondeur à l'encontre des autorités supérieures, il avance patiemment et infailliblement jusqu'au coupable. Extrait : Une fois, je le vis rentrer habillé à la dernière mode, la boutonnière endimanchée de cinq ou six décorations ; le surlendemain, je l'aperçus dans l'escalier vêtu d'une blouse sordide et coiffé d'un haillon de drap qui lui donnait une mine sinistre. Et ce n'est pas tout. Par une belle après-midiemph{,}comme il sortait, je vis sa femme l'accompagner jusqu'au seuil de leur appartement, et là l'embrasser avec passion, en disant : - Je t'en supplie, Méchinet, sois prudent, songe à ta petite femme ! Sois prudent !... Pourquoi ?... À quel propos ? Qu'est-ce que cela signifiait ?... La femme était donc complice !...
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1830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome II. Deuxième volume de l'édition Furne 1842. Lors d'une soirée , l'avoué Derville surprend une conversation entre la vicomtesse de Grandlieu et sa fille éprise d'un prétendant sans fortune. Afin de prévenir celle-ci d'une mauvaise aventure, l'avoué Derville raconte une histoire de jeunesse où, simple clerc, il fut témoin d'une transaction entre Gobseck, usurier hors du commun, et la comtesse de Restaud... Jean-Esther Gobseck est un virtuose dans son domaine, il pratique l'usure comme on pratique un art. Dans ce portrait d'un de ses plus puissants personnages, Balzac écrit, là, son premier chef d'oeuvre.
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Ce recueil est un des plus beaux fleurons de la poésie romantique. On pourrait disserter pendant des heures, mais le plus simple est de le lire...
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Double assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue dans l'édition originale) est une nouvelle d'Edgar Allan Poe, parue en avril 1841 dans le Graham's Magazine, traduite en français d'abord par Isabelle Meunier puis, en 1856, par Charles Baudelaire dans le recueil Histoires extraordinaires. C'est la première apparition du détective inventé par Poe, le Chevalier Dupin qui doit faire face à une histoire de meurtre incompréhensible pour la police. Extrait : « La chambre était dans le plus étrange désordre ; les meubles brisés et éparpillés dans tous les sens. Il n'y avait qu'un lit, les matelas en avaient été arrachés et jetés au milieu du parquet. Sur une chaise, on trouva un rasoir mouillé de sang ; dans l'âtre, trois longues et fortes boucles de cheveux gris, qui semblaient avoir été violemment arrachées avec leurs racines. Sur le parquet gisaient quatre napoléons, une boucle d'oreille ornée d'une topaze, trois grandes cuillers d'argent, trois plus petites en métal d'Alger, et deux sacs contenant environ quatre mille francs en or. Dans un coin, les tiroirs d'une commode étaient ouverts et avaient sans doute été mis au pillage, bien qu'on y ait trouvé plusieurs articles intacts. Un petit coffret de fer fut trouvé sous la literie (non pas sous le bois de lit) ; il était ouvert, avec la clef de la serrure. Il ne contenait que quelques vieilles lettres et d'autres papiers sans importance.
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En 1672, Guillaume d'Orange prend le pouvoir en Hollande, profitant du massacre par le peuple des frères Jean et Corneille de Witt accusés de tractations secrètes avec la France. Pendant ce temps, loin des tumultes de la politique, le jeune Cornélius van Baerle (filleul de Corneille de Witt), se livre à sa passion des tulipes en essayant de créer une tulipe noire, dont la découverte sera récompensée par un prix de la société horticole de Harlem. Le voyant sur le point d'aboutir, son voisin Boxtel, par jalousie et par cupidité, le dénonce comme complice de Corneille de Witt. Extrait : - Oui, car il sera fort ou il sera faible. S'il est fort (car si étranger qu'il soit à ce qui nous arrive ; car, quoique enseveli à Dordrecht, quoique distrait, que c'est miracle ! il saura, un jour ou l'autre, ce qui nous arrive), s'il est fort, il se vantera de nous ; s'il est faible, il aura peur de notre intimité ; s'il est fort, il criera le secret ; s'il est faible, il le laissera prendre. Dans l'un et l'autre cas, Corneille, il est donc perdu et nous aussi. Ainsi donc, mon frère, fuyons vite, s'il en est encore temps.
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La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome XI (sic, erreur pour le tome III). Onzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Il fit son début en 1819. Le premier tableau qu'il présenta au Jury pour l'Exposition du Louvre représentait une noce de village, assez péniblement copiée d'après le tableau de Greuze. On refusa la toile. Quand Fougères apprit la fatale décision, il ne tomba point dans ces fureurs ou dans ces accès d'amour-propre épileptique auxquels s'adonnent les esprits superbes, et qui se terminent quelquefois par des cartels envoyés au directeur ou au secrétaire du Musée, par des menaces d'assassinat. Fougères reprit tranquillement sa toile, l'enveloppa de son mouchoir, la rapporta dans son atelier en se jurant à lui-même de devenir un grand peintre. Il plaça sa toile sur son chevalet, et alla chez son ancien Maître, un homme d'un immense talent, chez Schinner, artiste doux et patient comme il était, et dont le succès avait été complet au dernier Salon : il le pria de venir critiquer l'oeuvre rejetée.
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La Chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher) est une nouvelle fantastique écrite par Edgar Allan Poe. Elle fut publiée pour la première fois en septembre 1839 dans la revue littéraire Burton's Gentleman's Magazine. Cette nouvelle figure parmi les textes des Nouvelles histoires extraordinaires. Elle a été traduite en français, comme la plupart de ses contes, par Charles Baudelaire et est considérée comme l'une de ses nouvelles les plus célèbres. Extrait : Pendant toute une journée d'automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j'avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, - mais, au premier coup d'oeil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d'insupportable tristesse pénétra mon âme. Je dis insupportable, car cette tristesse n'était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l'essence poétique fait presque une volupté, et dont l'âme est généralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur. Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu'à voir la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, - les murs qui avaient froid, - les fenêtres semblables à des yeux distraits, - quelques bouquets de joncs vigoureux, - quelques troncs d'arbres blancs et dépéris, - j'éprouvais cet entier affaissement d'âme qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu'à l'arrière-rêverie du mangeur d'opium, - à son navrant retour à la vie journalière, - à l'horrible et lente retraite du voile. C'était une glace au coeur, un abattement, un malaise, - une irrémédiable tristesse de pensée qu'aucun aiguillon de l'imagination ne pouvait raviver ni pousser au grand. Qu'était donc, - je m'arrêtai pour y penser, - qu'était donc ce je ne sais quoi qui m'énervait ainsi en contemplant la Maison Usher ?
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Jacques le fataliste et son maître est un roman de Denis Diderot dont l'écriture s'étend de 1765 jusqu'à la mort de ce dernier en 1784. L'oeuvre paraît initialement en feuilleton dans la Correspondance littéraire de Melchior Grimm entre 1778 et 1780. Jacques, qui voyage en compagnie de son maître, possède une personnalité plus complexe que celle d'un valet de comédie : il est bavard mais aussi quelque peu philosophe (« une espèce de philosophe ») et c'est à son fatalisme qu'il doit son surnom. Pour combler l'ennui, il promet à son maître de lui raconter la suite de ses aventures amoureuses. Mais ce récit est sans cesse interrompu soit par son maître, soit par des interventions ou incidents extérieurs, soit par des « histoires » autonomes venant se substituer au récit initial, soit par des discussions entre le narrateur et le lecteur. Extrait : Jacques s'échappe des mains de son maître, entre dans la chambre de ces coupe-jarrets, un pistolet armé dans chaque main. « Vite, qu'on se couche, leur dit-il, le premier qui remue je lui brûle la cervelle... » Jacques avait l'air et le ton si vrais, que ces coquins, qui prisaient autant la vie que d'honnêtes gens, se lèvent de table sans souffler mot, se déshabillent et se couchent. Son maître, incertain sur la manière dont cette aventure finirait, l'attendait en tremblant. Jacques rentra chargé des dépouilles de ces gens ; il s'en était emparé pour qu'ils ne fussent pas tentés de se relever ; il avait éteint leur lumière et fermé à double tour leur porte, dont il tenait la clef avec un de ses pistolets.
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L'écriture du Nez débute en 1832 et s'achève en 1835. La nouvelle est d'abord refusée comme « sale et triviale » par L'Observateur moscovite, avant d'être publiée, en 1836, par la revue littéraire Le Contemporain, avec une présentation d'Alexandre Pouchkine. Dans ses OEuvres complètes, parues en 1843, Gogol la placera, avec Le Manteau, Le Portrait, Le Journal d'un fou et La Perspective Nevski, dans le recueil intitulé Les Nouvelles de Pétersbourg.
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George Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant, romancière, auteur dramatique, critique littéraire française, journaliste, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains prolifiques avec plus de soixante-dix romans à son actif, cinquante volumes d'oeuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques. À l'image de son arrière grand-mère par alliance qu'elle admire, Madame Dupin (Louise de Fontaine 1706-1799), George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice. George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 18294, et dont elle lance aussi la mode. Extrait : Clopinet raconta tout ce qui s'était passé. -- Eh bien ! répondit François, j'aime autant qu'il n'ait pas eu le temps de te faire souffrir, car c'est un méchant homme, et je sais qu'il a fait mourir des apprentis à force de les maltraiter et de les priver de nourriture. Notre père ne veut pas croire ce que je lui dis, et il a persuadé notre mère que j'en voulais à cet homme-là et ne disais point la vérité. Tu sais qu'elle craint beaucoup le père et veut tout ce qu'il veut. Elle a beaucoup pleuré hier et n'a pas soupé ; mais ce matin elle l'a écouté, et tous deux s'imaginent que ton chagrin est passé comme le leur, que tu es déjà habitué à ton patron. Il n'y a pas moyen de leur faire penser le contraire, et, si tu reviens chez nous, tu es bien sûr que le père te corrigera et te reconduira lui-même ce soir à Dives, où le tailleur, qui ne demeure nulle part, doit, à ce qu'il a dit, passer deux jours. La mère ne pourra pas te défendre, elle ne fera que pleurer.
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Pierre Loti raconte ici son enfance. Enfance pleine de tendresse, d'amitié et de mystère. Enfance de petit garçon songeur, vivant dans un mondé d'irréalités sur lequel l'éducation n'a point dé prise, formant sans cesse mille rêvés grandioses et impossibles, mais au travers desquels, déjà, une double vocation s'éveille... Extrait : Ce que je craignais de voir arriver par là n'avait encore aucune forme précise ; plus tard seulement, mes visions d'enfant prirent figure. Mais la peur n'en était pas moins réelle et m'immobilisait là, les yeux très ouverts, auprès de ce feu qui n'éclairait plus, - quand tout à coup, du côté opposé, par une autre porte, ma mère entra... Oh ! alors je me jetai sur elle ; je me cachai la tête, je m'abîmai dans sa robe : c'était la protection suprême, l'asile où rien n'atteignait plus, le nid des nids où l'on oubliait tout...
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1832. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842 Hippolyte Schinner, jeune artiste peintre, fait une chute dans son atelier. Il se réveille entouré de ses deux voisines, madame de Rouville et sa fille, Adélaïde. Devenu habitué de leur maison, Hippolyte découvre leur vie de misère et rencontre d'étonnants personnages qui, tous les soirs, viennent perdre de l'argent au jeu. Un soir, Hippolyte oublie sa bourse. Adélaïde dit ne pas l'avoir trouvé, il doute de la moralité de ses deux voisines... Cette nouvelle de Balzac est une peinture de personnages vivant en huis-clos, pour lesquels le temps semble s'être arrêté, mais également la peinture délicate d'un amour naissant, avec ses moments de joie, et de doute. Extrait : En disant cette phrase, empreinte de l'adorable stupidité que donnent à l'âme les premiers troubles de l'amour vrai, Hippolyte regardait la jeune fille. Adélaïde allumait la lampe à double courant d'air, afin de faire disparaître une chandelle contenue dans un grand martinet de cuivre et ornée de quelques cannelures saillantes par un coulage extraordinaire. Elle salua légèrement, alla mettre le martinet dans l'antichambre, revint placer la lampe sur la cheminée et s'assit près de sa mère, un peu en arrière du peintre, afin de pouvoir le regarder à son aise en paraissant très-occupée du début de la lampe dont la lumière, saisie par l'humidité d'un verre terni, pétillait en se débattant avec une mèche noire et mal coupée. En voyant la grande glace qui ornait la cheminée, Hippolyte y jeta promptement les yeux pour admirer Adélaïde. La petite ruse de la jeune fille ne servit donc qu'à les embarrasser tous deux. En causant avec madame Leseigneur, car Hippolyte lui donna ce nom à tout hasard, il examina le salon, mais décemment et à la dérobée. Le foyer était si plein de cendres que l'on voyait à peine les figures égyptiennes des chenets en fer. Deux tisons essayaient de se rejoindre devant une bûche de terre, enterrée aussi soigneusement que peut l'être le trésor d'un avare. Un vieux tapis d'Aubusson, bien raccommodé, bien passé, usé comme l'habit d'un invalide, ne couvrait pas tout le carreau dont la froideur était à peine amortie.
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En 1648, il y a bien longtemps que les quatre amis ne se sont pas revus. La Fronde menace: d'Artagnan et Porthos sont, sur le conseil de Rochefort (qui n'en est pas moins frondeur) recrutés par le cardinal Mazarin, tandis qu'Aramis et Athos rejoignent les rangs des rebelles. Les deux premiers tentent vainement d'empêcher l'évasion du duc de Beaufort, à laquelle participent les deux derniers. Ceci ne les empêche pas de se jurer une amitié éternelle. Ils se retrouvent dans des camps opposés pendant la guerre civile anglaise. Extrait : Les barricades avaient été poussées jusqu'auprès du Palais-Royal. De la rue des Bons-Enfants à celle de la Ferronnerie, de la rue Saint-Thomas-du-Louvre au Pont-Neuf, de la rue Richelieu à la porte Saint-Honoré, il y avait plus de dix mille hommes armés, dont les plus avancés criaient des défis aux sentinelles impassibles du régiment des gardes placées en vedettes tout autour du Palais-Royal, dont les grilles étaient refermées derrière elles, précaution qui rendait leur situation précaire. Au milieu de tout cela circulaient, par bandes de cent, de cent cinquante, de deux cents, des hommes hâves, livides, déguenillés, portant des espèces d'étendards où étaient écrits ces mots : Voyez la misère du peuple ! Partout où passaient ces gens, des cris frénétiques se faisaient entendre ; et il y avait tant de bandes semblables, que l'on criait partout.
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George Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant, romancière, auteur dramatique, critique littéraire française, journaliste, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains prolifiques avec plus de soixante-dix romans à son actif, cinquante volumes d'oeuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques. À l'image de son arrière grand-mère par alliance qu'elle admire, Madame Dupin (Louise de Fontaine 1706-1799), George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice. George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 18294, et dont elle lance aussi la mode. Extrait : J'interrogeai minutieusement l'abbé. À très peu de détails près, sa vision avait été semblable à la mienne. Je fis un grand effort sur moi-même pour ne pas lui laisser pressentir la similitude de nos aventures. Je le savais trop babillard pour m'en garder inviolablement le secret, et je redoutais les sarcasmes de madame d'Ionis plus que tous les démons de la nuit : aussi fis-je très bonne contenance devant toutes les questions de l'abbé, assurant que rien n'avait troublé mon sommeil ; et, quand vint le moment de rentrer, à onze heures du soir, dans cette fatale chambre, je promis fort gaiement à la douairière de garder bonne note de mes songes et pris congé de la compagnie d'un air vaillant et enjoué.
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Assassin ! Assassin ! répéta-t-il comme si la réitération de l'accusation pouvait obscurcir le sens du mot. Le son de sa propre voix le fit frissonner et, pourtant, il souhaitait presque que l'écho l'entendît et réveillât de ses rêves la cité endormie. Il sentait un désir d'arrêter le passant de hasard et de tout lui dire.
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Madame Ranievskaïa revient d'un long voyage passé à Paris où elle a dilapidé son argent. De retour à la Cerisaie, elle devrait vendre la propriété, mais les souvenirs de bonheurs passés, l'empêche de s'y résoudre... «La Cerisaie» est la dernière pièce de théâtre écrite par Tchekhov.
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Farce en un acte. Un vaudeville qui connut son succès.
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Les célèbres fables que tous, petits et grands, se doivent d'avoir lues.
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En 1848, Karl Marx et Friedrich Engels veulent rendre publics les principes du communisme, dans un manifeste qui exprimerait clairement ceux-ci : c'est le Manifeste du Parti communiste. A cette époque en effet le communisme en Europe est craint par tous mais est aussi très vivement critiqué. C'est pour ces raisons majeures, pour éviter les erreurs ou les a priori sur le communisme, que Marx et Engels et bon nombre de communistes de nationalités diverses se réunissent en 1848 à Londres et rédigent ce manifeste, qui fixe à la fois les grands principes du communisme mais aussi ses projets. Ce texte n'est pas l'oeuvre d'un homme isolé mais une commande de la Ligue des communistes. Karl Marx a rédigé le texte final sur la base de textes et discussions préparatoires au sein de la Ligue des communistes, et notamment sur la base d'une contribution de son ami Friedrich Engels. Le slogan final - « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » - avait été adopté par la Ligue des communistes plusieurs mois auparavant. Il est d'abord paru anonymement, puis a été réédité plus tard avec mention de Karl Marx et Friedrich Engels comme auteurs, sous le titre Manifeste communiste.