Il est courant et aisé d'appeler à l'insurrection. Il est habituel de céder aux provocations. Il est plus rare de réfléchir et d'organiser une révolution.
Ce livre est une étude comparative, narrative et exploratoire des crises et des changements sélectifs survenus au cours de nombreuses décennies dans sept nations modernes : la Finlande, le Japon, le Chili, l'Indonésie, l'Allemagne, l'Australie et les États-Unis.
Les comparaisons historiques obligent, en effet, à poser des questions peu susceptibles de ressortir à l'étude d'un seul cas : pourquoi un certain type d'événement a-t-il produit un résultat singulier dans un pays et un très différent dans un autre ?
L'étude s'organise en trois paires de chapitres, chacune portant sur un type différent de crise nationale. La première paire concerne des crises dans deux pays (la Finlande en 1940 et le Japon des années 1850) qui ont éclaté lors d'un bouleversement soudain provoqué par un choc extérieur au pays. La deuxième paire concerne également des crises qui ont éclaté soudainement, mais en raison d'explosions internes (le Chili en 1973 et l'Indonésie en 1965). La dernière paire décrit des crises qui n'ont pas éclaté d'un coup, mais se sont déployées progressivement (en Allemagne après 1945 et en Australie dans les années 1970), notamment en raison de tensions déclenchées par la Seconde Guerre mondiale.
L'objectif exploratoire de Jared Diamond est de déterminer une douzaine de facteurs, hypothèses ou variables, destinés à être testés ultérieurement par des études quantitatives. Chemin faisant, la question est posée de savoir si les nations ont besoin de crises pour entreprendre de grands changements, et si les dirigeants produisent des effets décisifs sur l'histoire.
Tout en respectant la volonté première de ne pas discuter d'une actualité trop proche qui, faute de distance et perspective, rendrait le propos rapidement obsolète, un Après-propos, propre à l'édition française, esquisse, en l'état des données au printemps 2020, une réflexion sur la pandémie de la Covid-19.
Cet ouvrage présente les fondements de l'accusation contre Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russis, auteur du crime d'agression contre l'Ukraine et des crimes de guerre et contre l'humanité commis par les forces russes dont il est le chef suprême.
Robert Badinter est ancien ministre de la Justice et président du Conseil constitutionnel.
Bruno Cotte, membre de l'Institut, est président honoraire de la chambre criminelle de la Cour de cassation et ancien président de chambre de première instance à la Cour pénale internationale.
Alain Pellet est ancien président de la Commission du droit international des Nations unies et président de l'Institut de droit international.
Luttes pour le logement au Pays basque
Luttes de la terre en Loire-Atlantique
Luttes féministes à Grenoble
Luttes de l'énergie sur le littoral breton
Luttes contre les violences policières dans les banlieues parisiennes
Luttes contre l'extrême droite à Lyon
Luttes anticolonialistes en Guadeloupe
Où et pourquoi se mobilise-t-on aujourd'hui en France ? Il existe, dans certains territoires, une tradition de lutte spécifique qui s'est ancrée localement et se perpétue. Du littoral breton aux banlieues parisiennes, de la campagne basque aux universités lyonnaises en passant par l'archipel guadeloupéen, le journaliste Romain Jeanticou est allé à la rencontre de celles et ceux qui mènent ces combats. Dans les potagers de Notre-Dame-des-Landes, Paul, le doyen de la ZAD, raconte une vie de luttes bottes aux pieds en Loire-Atlantique. À Grenoble, Anne, jeune militante féministe, renouvelle les combats du tout premier planning familial du pays. À travers sept territoires et des dizaines de récits intimes et politiques, l'auteur dresse un tableau vivant de l'évolution du militantisme. On y entend les désillusions, la violence et le poids de l'engagement sur les existences, mais aussi le coeur vibrant et joyeux de la lutte.
Romain Jeanticou est grand reporter au magazine Télérama, où il couvre depuis 2017 les luttes politiques et sociales.
Jean-Michel Cosnuau, après une carrière de publicitaire, s’installe en Russie en 1996. Il ouvre une vingtaine de clubs, bars restaurants, dont le dernier le KM19 est situé à deux pas de la Loubianka, le siège du redouté FSB (renseignement intérieur, ex-KGB).
Durant dix ans s’y presse une foule d’espions, d’oligarques, d’hommes politiques français attirés par la Russie. Alors que ses affaires sont florissantes, Jean-Michel Cosnuau est victime d’un Kompromat et accusé d’espionnage par l’un des hommes les plus puissants du FSB, Oleg Feoktistov, proche de l’oligarque Igor Setchine, compagnon de route historique de Vladimir Poutine.
Le Français raconte dans ce livre cette « barbouzerie d’État », il y décrit son quotidien et les rouages d’un régime inique et corrompu. Après une cavale homérique via la Biélorussie, et un exil au Maroc, Jean-Michel Cosnuau sera arrêté à Marrakech et livré par les autorités locales à la Russie. Ses ennuis ne cesseront qu’après un procès à Moscou en 2019. Un document haletant, témoignage rare d’un homme pourchassé par les services secrets russes.
Jean-Michel Cosnuau vit en Géorgie. Il est l’auteur de Froid devant (Robert Laffont, 2015).
Antoine Izambard est journaliste au sein du magazine Challenges.
« Il ne s'agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s'agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd'hui et avant tout, c'est notre manque d'imagination. L'art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n'avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison. » En répondant aux questions brûlantes d'actualité de Carole Guilbaud, Aurélien Barrau remet le politique et le social au coeur de l'écologie. Il nous aiguillonne vers un renouveau démocratique, où la liberté la plus fondamentale est d'abord celle du pouvoir vivre. Dans la lignée de la revue Apulée, engagée dans la défense indéfectible des libertés et attachée aux voix du monde, Les Apuléennes proposent des entretiens, essais, articles et analyses en résonance directe avec les enjeux et les perspectives actuels.
Que faire pour changer notre société? Exemples et propositions d'hier et d'aujourd'hui pour repenser travail, propriété et démocratie.
Il n'y a pas d'alternative, nous a-t-on répété, depuis des décennies. Bien sûr que si... Bien sûr que nous pouvons imaginer autre chose que cette société fondée sur la compétition, l'évaluation et la rentabilité ; autre chose que ce système qui nous dépossède de nos ressources et de nos choix, de notre travail et de la démocratie même ; autre chose que cette violence sociale, politique et environnementale, saccageant le vivant au point de forger une urgence dramatique inouïe. Ce livre est non seulement porteur d'espoirs mais de projets concrets, fondés sur la solidarité, la coopération et la démocratie vraie. Ludivine Bantigny puise aux expériences du passé et du présent, s'appuie sur une longue histoire des luttes et des réalisations libératrices. Évidemment, il n'y a là ni baguette magique, ni solutions toutes faites. Mais cet ouvrage dessine des perspectives émancipatrices tangibles et renoue ainsi avec des propositions stratégiques pour un avenir enviable et un monde désirable.
Injustifiable au regard du droit international, la guerre que mène Poutine contre l'Ukraine constitue la plus grande remise en question de l'ordre mondial depuis 1945.
À la tête des juristes, universitaires et chercheurs français qui, à la suite de l'ancien Premier Ministre britannique Gordon Brown et du juriste Philippe Sands, appellent à la création d'un tribunal spécial pour juger les crimes d'agression contre l'Ukraine, Mathilde Philip-Gay raconte le combat actuellement mené pour juger les responsables du crime d'agression contre l'Ukraine.
Mais pourquoi juger le chef d'État russe alors que George Bush ne l'a pas été pour la guerre en Irak ? Quelle sanction risque-t-il vraiment ? Vladimir Poutine peut-il être jugé par une juridiction internationale, en Ukraine, à La Haye ? Échappera-t-il au jugement par l'amnistie ou par une autre solution politique ?
Mathilde Philip-Gay montre qu'en laissant faire les dictateurs, c'est toute la crédibilité, l'efficacité et la légitimité du système juridique international qui se trouvent anéanties. Ne pas punir cette nouvelle agression, c'est préparer les conflits mondiaux de demain ; accepter qu'il n'y ait alors plus aucun recours juridique, c'est céder à la « loi de la guerre ». Il faut donc reposer les grands principes du droit international afin de juger ceux qui ont décidé de l'invasion de l'Ukraine, et, en premier lieu, Poutine.
Mathilde Philip-Gay est professeure des universités en droit public à l'Université Jean Moulin Lyon 3, vice-Présidente chargée d'« Égalité, laïcité et lutte contre toutes les discriminations ».
« L'Ukraine est vue de Moscou comme la pièce essentielle d'un dispositif de protection à contrôler ou, au mieux, à neutraliser.»
Arpentant les contrées d'Europe médiane et orientale depuis une trentaine d'années, le géographe et diplomate Michel Foucher, spécialiste des frontières géopolitiques, analyse le confit russo-ukrainien en mettant au jour la cartographie mentale - historique, politique, territoriale et identitaire - du duel qui oppose les deux nations suite à l'agression fratricide lancée par Vladimir Poutine. Cette cartographie entre Baltique et mer Noire, étendue par ses causes et ses effets à l'Europe entière, porte l'empreinte d'une confrontation entre un passé qui ne veut pas passer - celui de la Russie, comme puissance autocratique et impériale - à un futur qui ne semble devoir naître que dans la résistance et la souffrance, celui de l'Ukraine comme État-nation souverain « inclinant vers le monde euroatlantique » (Havel). Un duel qui affecte gravement l'état du monde et dont le déroulement et l'issue nous concernent tous.
D'importation récente en France, le « wokisme » ne cesse d'étendre son emprise, en particulier à l'Université et dans le monde culturel. Partant de louables intentions de lutte contre les discriminations, il engendre des pratiques parfois problématiques. Il flirte alors avec des tentations totalitaires qui rappellent un passé stalinien mal connu des nombreux jeunes tentés par cette mouvance perçue comme progressiste. Or ils en ignorent les risques pour les valeurs démocratiques fondamentales : l'universalisme, la rationalité scientifique, la liberté d'expression, la laïcité. C'est pourquoi la critique du wokisme ne relève pas d'une pensée conservatrice ou réactionnaire mais de la défense du modèle républicain.
Exemples à l'appui, Nathalie Heinich éclaire ce phénomène et donne des clés pour en comprendre les fondements. Et elle appelle à la vigilance contre certaines dérives du wokisme vers un totalitarisme militant, un « totalitarisme d'atmosphère », non étatique certes mais néanmoins puissant.
Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, est membre de l'Observatoire des idéologies identitaires. Outre ses nombreux ouvrages de recherche, elle a publié deux textes d'intervention : Ce que le militantisme fait à la recherche (Gallimard, « Tracts », 2021), et Oser l'universalisme. Contre le communautarisme (Le Bord de l'eau, 2021).
« Je l'avoue, c'est un bien curieux mot que ce "nous". Et si j'ai grand-peine à me convaincre qu'une telle unité soit possible, je ne me résous pas à l'idée que tout n'aura pas été tenté. Aussi, faut-il commencer par ce qui l'empêche. »
C'est peu dire que le terrain est miné : un État-nation bâti sur l'esclavage et la colonisation, des organisations politiques fidèles au pacte national-racial, un chauvinisme de gauche qui a progressivement éteint l'internationalisme ouvrier, une société civile indifférente aux ravages de l'impérialisme, et la profonde « asymétrie des affects » entre petits-Blancs et sujets postcoloniaux. Telles sont quelques manifestations de « l'État racial intégral » disséqué dans la première partie de ce livre. La seconde partie propose une réflexion stratégique sur son dépassement car, on l'a vu encore récemment, l'État racial intégral comporte des brèches, colmatées faute d'avoir été consciemment élargies. C'est là qu'il faut « enfoncer le clou et aller à la recherche de l'intérêt commun », construire une politique décoloniale, inventer une dignité blanche concurrente de celle de l'extrême droite, défendre l'autonomie indigène et accepter de se salir les mains en ferraillant contre le consensus raciste. Alors, contre le bloc bourgeois occidental ébranlé par les crises qu'il a lui-même provoquées, pourra se nouer l'alliance inédite des beaufs et des barbares.
« Plongés dans ce continent mental de la Pandémie, qui entrave la critique et qui tue le réveil des aspirations démocratiques, nos esprits sont comme occupés. »
La conviction qui nous anime en prenant aujourd'hui la parole, c'est que plutôt que de se taire par peur d'ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l'espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l'omerta n'est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l'avenir du vivant.
L'histoire cachée de Gabriel Attal, Édouard Philippe, Bernard Arnault, Arnaud Lagardère, Xavier Niel et Emmanuel Macron.
Crépuscule s'inscrit dans la tradition littéraire française des réquisitoires politiques. Sous la plume enflammée d'un jeune homme formé pour intégrer les élites mais croyant encore en la République, il dénonce et expose les preuves d'une captation de la démocratie par des oligarques puissants, en faveur d'intérêts de caste. Et comment le président Emmanuel Macron en fut à la fois la créature et l'instrument
Le publier est un acte citoyen.
Emmanuel Pierrat s'appuie sur de nombreux exemples d'actualité pour analyser la place envahissante de la sphère privée dans la vie politique et l'exigence de transparence toujours plus grande à laquelle sont soumis nos représentants. Les scandales à répétition, alimentés par les réseaux sociaux, relayés par les médias traditionnels, paralysent de plus en plus le débat public.
L'auteur s'inquiète de cette emprise grandissante de la morale qui empiète sur les libertés individuelles. La "dictature de la transparence" ne risque-t-elle pas de mettre notre démocratie en danger ?
Comment construire un ordre international commun dans un monde marqué par des perspectives historiques divergentes, des conflits violents, la prolifération des technologies et l'extrémisme idéologique ? C'est le défi ultime du xxie siècle, auquel Henry Kissinger tente ici de répondre.
Son constat de départ est qu'il n'a jamais existé de véritable « ordre mondial ». Tout au long de l'histoire, chaque civilisation, se considérant comme le centre du monde et regardant ses principes comme universellement pertinents, a défini sa propre conception de l'ordre. Aujourd'hui, ces diverses conceptions entrent en confrontation, et il n'existe pas de consensus entre les principaux acteurs sur les règles d'action et leurs limites, ni sur le but ultime poursuivi. La conséquence en est une forte montée des tensions.
S'appuyant sur sa longue expérience, Kissinger raconte de l'intérieur plusieurs épisodes cruciaux de l'histoire mondiale - les délibérations internes à l'administration Nixon lors de la guerre du Vietnam, les relations entre Reagan et Gorbatchev pendant la glasnost - et offre une analyse fascinante d'événements plus récents - les négociations nucléaires avec l'Iran, les printemps arabes, les tensions avec la Russie en Ukraine, l'apparition de Daech...
Limpide et provocant, mêlant analyse historique et prospective géopolitique, cet ouvrage unique ne pouvait être écrit que par un homme ayant consacré sa vie à la politique et à la diplomatie.
Henry Kissinger a été secrétaire d'État sous Richard Nixon et Gerald Ford et a conseillé de nombreux autres présidents américains en matière de politique étrangère. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1973, son dernier ouvrage paru en France est De la Chine (Fayard, 2012).
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Odile Demange.
« Un Kissinger du meilleur cru. » Hillary Clinton dans le Washington Post
« La conclusion de Kissinger mérite d'être lue et comprise par tous les candidats à l'élection présidentielle de 2016. L'ordre du monde en dépend. » Lionel Barber, Financial Times
« Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. »
Qu'est-ce qu'une nation ?
Cette question que Renan posait à la Sorbonne en 1882 reste aujourd'hui d'une actualité brûlante. Dans ce
petit texte d'une modernité insoupçonnée, souvent cité et rarement lu, Renan donne une leçon magistrale sur ce concept fondamental de l'histoire politique européenne.
Depuis le 24 février 2022, 6 heures du matin, on ne voit plus le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, qu'en pantalon de treillis, tee-shirt et veste kaki. Malgré les tentatives d'assassinat, il reste à Bankova, le siège de la présidence en plein coeur de Kyiv, la capitale ukrainienne. Le décor pompeux de l'édifice est devenu surréaliste : des sacs de sable obstruent les fenêtres, les gardes du corps ont troqué leurs costumes pour des gilets pare-balles.
Mal rasé et assis sur les marches du hall d'entrée, le président Zelensky donne des interviews à la presse internationale. C'est là que celui qui dirige le pays depuis 2019 s'est métamorphosé en chef de guerre, incarnation de l'héroïsme et de la résistance de tout un peuple, qui lutte à la vie à la mort pour sa liberté.
L'ancien comédien et animateur télé n'était pourtant pas destiné à ce rôle. Qui est cet homme arrivé en politique par effraction et sur les épaules duquel repose une partie du destin de l'Europe ? Tous deux sur le terrain, les auteurs nous livrent une enquête au plus près de ce personnage hors du commun.
Tel est le chemin éternel de l'humanisme : comment l'homme a cherché à se construire, à grandir, entrelacé avec ses comparses, pour grandir le tout, et non seulement lui-même, pour donner droit de cité à l'éthique, et ni plus ni moins aux hommes. Quand la civilisation n'est pas soin, elle n'est rien.
Cynthia Fleury
Soigner, la chose est ingrate, laborieuse, elle prend du temps, ce temps qui est confisqué, ce temps qui n'est plus habité par les humanités. Ici se déploie une tentative de soigner l'incurie du monde, de poser au coeur du soin, de la santé, et plus généralement, dans nos relations avec les autres, l'exigence de rendre la vulnérabilité capacitaire et de porter l'existence de tous comme un enjeu propre, dans toutes les circonstances de la vie.
Cynthia Fleury expose une vision humaniste de la vulnérabilité, inséparable de la puissance régénératrice des individus ; elle conduit à une réflexion sur l'hôpital comme institution, sur les pratiques du monde soignant et sur les espaces de formation et d'échanges qui y sont liés, où les humanités doivent prendre racine et promouvoir une vie sociale et politique fondée sur l'attention créatrice de chacun à chacun.
Non, en politique, les extrêmes ne se rejoignent pas. Ce livre démontre pourquoi.
"Quand Sissa proposa au roi Belkib une partie d'échecs bien particulière, ce dernier était loin de se douter des conséquences. Sissa demanda au souverain de déposer un grain de riz sur la première case, deux sur la deuxième, et de doubler ainsi la quantité de grains à chaque case. Lorsqu'il déclara se contenter du total de grains de riz sur la soixante-quatrième et dernière case, cela parut bien peu au roi, qui ne put pourtant jamais récompenser Sissa, comprenant trop tard que la quantité était en fait... astronomique. »
Si cette légende indienne dit combien les grands nombres nous dépassent, ce livre, conçu comme une balade à travers les concepts mathématiques, est une invitation à débusquer les facilités dans lesquelles nous tombons trop souvent en matière d'interprétation des chiffres et qui perturbent notre lecture du monde. Du biais de confirmation (cette tendance à sélectionner uniquement les informations qui renforcent des croyances en nous) au biais des numérateurs (un pourcentage de 0,01 % nous apparaît comme négligeable alors que 1 cas pour 10 000, mathématiquement identique, va nous inquiéter), en passant par la confusion entre cause et corrélation et autres pièges...
Comment ne pas s'indigner à l'égard d'un slogan gouvernemental martelé en pleine crise covid : « On peut débattre de tout. Sauf des chiffres » ; à l'égard aussi du manque de scrupules dans l'utilisation des chiffres à des fins politiques, économiques et sociales ? Et si l'important était d'adopter une attitude mathématique, une voie d'attention à la complexité, à la nuance, au raisonnement pour qualifier avant de quantifier ? Les mathématiques sont un bien commun à partager, pour comprendre ce qui se joue dans le monde et mieux intervenir dans le débat public.
Comment les réflexions d'Arendt sur la condition humaine peuvent-elles nous aider à comprendre la société dans laquelle nous vivons ?
Hannah Arendt est l'une des plus importantes philosophes du XXe siècle. Elle a analysé les événements de son époque : les totalitarismes, la crise des droits de l'homme, le phénomène du mal absolu ou encore la société de masse moderne. Ses réflexions politiques ont été déterminantes et contribuent aujourd'hui encore à penser le monde dans lequel nous vivons.
En suivant sa biographie, cet ouvrage analyse son oeuvre, des Origines du totalitarisme, livre publié en 1951, à La Vie de l'Esprit (1978). Une excellente façon de comprendre la pensée politique d'Arendt.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les Européens qui assistent médusés au retour de la guerre interétatique sur leur continent. En effet, depuis 1945, les Européens de l'ouest sont sortis de l'Histoire grâce aux Etats-Unis. Poutine, qui se comporte comme les Etats l'ont fait pendant des siècles, leur prouve qu'ils doivent aujourd'hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le `'moment occidental'' arrive à son terme, et l'on voit apparaître un monde de grandes puissances qui ont à définir un équilibre fondé sur les rapports de force, similaire à celui que connaissait l'Europe jusqu'en 1914. Or, les Etats appelés à coexister aujourd'hui n'ont ni langage ni tradition ni vision du monde en commun... Tout est donc à réinventer.
Gérard Araud propose ici de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais aussi l'explication des choix diplomatiques et leurs conséquences.
Ce livre, audacieux dans sa forme, dresse des parallèles entre histoire et actualité :
La guerre de succession d'Espagne et le conflit israélo-palestinien lui permettent d'interroger la meilleure manière de terminer une guerre.
La paix d'Amiens de 1803 et le Brexit illustrent l'art de conclure des traités.
Le Congrès de Vienne éclaire la distinction entre politique étrangère et diplomatie.
La dépêche d'Ems de 1870 interroge la pression des opinions publiques indignées à l'heure des réseaux sociaux.
L'Entente cordiale évoque l'idée d'équilibre des puissances incarnée aujourd'hui par les Etats-Unis.
La Première Guerre mondiale montre comment les alliances comme l'OTAN peuvent dévier de leurs causes initiales.
Le Traité de Versailles permet de comprendre que la « question allemande » est aussi une « question française ».
Le désastre de mai 1940 se pose comme matrice de la relation de la France aux Etats-Unis.
L'expédition de Suez de 1956, leçon sur la militarisation d'une politique étrangère, informe l'engagement de la France au Mali.
Enfin, le refus français l'invasion de l'Irak en 2003 démontre que la stature d'un pays ne se résume pas à son PIB ou sa force de frappe.
Cet essai brillant, manifeste du réalisme en politique étrangère, se dévore comme un livre d'histoire.
Un spectre hante la Russie poutinienne : celui de Joseph Staline.
Lorsqu'il a agressé l'Ukraine, Vladimir Poutine a évoqué la « Grande Guerre patriotique » ainsi que l'on désigne à Moscou l'affrontement militaire avec l'Allemagne entre 1941 et 1945, se posant en défenseur de la patrie assiégée par un ennemi aussi vague qu'insaisissable qui mêle l« Occident décadent » au nazisme.
Au-delà de l'imposture du parallèle historique entre l'attaque de l'URSS par la Wehrmacht et l'invasion du territoire ukrainien par l'armée russe, en se prévalant de l'exemple de son sinistre prédécesseur, Vladimir Poutine dévoile son vrai visage : celui d'un dirigeant incompétent, sanguinaire et ivre de pouvoir.
Homme de mensonges, convaincu par sa propre propagande aussi absurde qu'inconstante, Vladimir Poutine par ses actes et dans ses discours manipule les mémoires et insulte les héros morts au combat contre les vrais nazis tout en laissant commettre crime de guerre sur crime de guerre.
Il était temps de rétablir la vérité à laide des faits historiques qui, eux, ne mentent pas.
« Personne d'autre que le citoyen libre n'a qualité pour juger de l'emploi qu'il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître. Ainsi la loi ne peut-elle permettre à l'État de restreindre abusivement la liberté d'aller et venir, de manifester, de faire connaître une opinion, de s'informer, de penser pour finir. » François Sureau
Lorsque Chateaubriand déclare que « sans la liberté il n'y a rien dans le monde », ce n'est pas seulement un propos de littérateur. Il exprime cette vérité trop souvent oubliée que « sans la liberté », il n'y a pas de société politique, seulement le néant de ces individus isolés auquel l'État, porté à l'autoritarisme et à l'ordre moral, a cessé d'appartenir. Tel est bien le danger de la démocratie moderne que François Sureau s'emploie ici à désigner tant dans nos moeurs sociales que dans notre vie politique et, sans concession, à la lumière
de nos responsabilités individuelles et collectives. L'homme est voué à la liberté ; il lui revient continûment, avec « patience et souffle », d'en reformuler le projet politique et de n'y rien céder.