Le numéro 142 de Les écrits passera à l'histoire comme le premier de deux volumes soulignant les 60 ans de la revue. Intitulés « Passage de témoins », chacun des volumes rassemblent vingt duos d'écrivains jeunes et moins jeunes témoignant de l'éternelle jeunesse d'une littérature qui a atteint, à l'instar de la revue, une grande maturité et un plein épanouissement à travers plus d'un demi-siècle d'épreuves et d'expériences qui n'ont cessé de la renforcer. Un passage de poètes, de romanciers et d'essayistes saisi au moment où le « bâton à message » que représente la parole-témoin passe de main en main ou de bouche en bouche pour assurer la transmission de la voix et du regard que la littérature consacre depuis toujours à notre monde et à son histoire.
Lieu d'invention, laboratoire où s'élaborent une pensée originale et la recherche d'un langage inédit, La lettre aérienne rassemble douze essais de Nicole Brossard écrits entre 1975 et 1985. Ces textes témoignent de la quête individuelle de l'écrivaine, ancrée dans l'histoire, dans l'affirmation de la modernité québécoise et l'émergence d'une culture affranchie de la norme patriarcale. Vingt-cinq ans après l'édition originale, l'ouvrage nous incite toujours à explorer de nouveaux territoires, en marge des petites et grandes dominations. La réédition de La lettre aérienne trouve ainsi écho dans la révolte de ceux et celles qui refusent la pensée unique.
«L'écriture est une conscience formellement à l'oeuvre dans le territoire imaginaire. Là où les mots font images, là où les images prennent corps en mots, tout peut arriver comme une fièvre soudaine, comme une stratégie prémonitoire pour ne pas perdre la raison, ou encore comme une évidence inaliénable.» - N. B.
Deux femmes. Une chambre. Hôtel Rafale. Une ville armée jusqu'aux dents. Plus tard, Rimouski, le fleuve tranquille, la naissance d'un projet entre une femme de lettres, une photographe et l'océanographe Occident DesRives. La mer. Ivresse du récit. Puis, la réalité vaille, les questions se multiplient, secouent les certitudes. Un temps double s'installe, couple mystérieux du réel et du virtuel. Qui de l'image ou des mots nous initiera désormais à la vérité des lieux, à la passion forte du futur?
Nicole Brossard présente, dans Temps qui installe les miroirs, des poèmes où le réel, le poème et la pensée bondissent l'un vers l'autre d'un même scintillement, d'une même vitalité. Chaque mot est ici un centre actif de tension propice à des collisions de sens et à des résonnances qui créent leurs propres lieux d'étonnement et d'acquiescement. Peurs, certitudes et moi de souplesse dialoguent et font peau neuve d'une nouvelle présence au monde.
Poèmes accompagnés d'oeuvres de Martha Townsend
Par ailleurs, un tiré-à-part de l'embossage et du poème centraux, numéroté et signé par l'auteure et l'artiste, est disponible au Noroît.
Pour célébrer ses 50 ans de création littéraire; Nicole Brossard pose un regard singulier sur la traduction; ses résonances vibratoires; en explorant diverses approches du texte traduit. Libre; beau et puissant; Et me voici soudain en train de refaire le monde éclate les catégories; formes et registres. Pris dans un tourbillon entre langues et sens; qui traduit invente son monde. Exercice de liberté; de folie; et quête de vérités; la traduction est tout ça à la fois.
C'est à l'invitation de Nicole Brossard que Louky Bersianik, Louise Cotnoir, Louise Dupré, Gail Scott et France Théoret se réunissent, tous les deux mois, autour de thèmes et d'enjeux de la pensée et de l'écriture féministe. Elles publieront, ensemble, un livre composé d'essais et de fictions. Nous sommes en 1988.
Les femmes de La théorie, un dimanche, chacune par le biais de son oeuvre à elle, mais ici toutes ensemble, ont marqué la littérature des femmes et la pensée féministe. La théorie, un dimanche est un incontournable, un classique.
Martine Delvaux / extraits de la préface