Libre mais inquiète, la poésie de Gilles Latour révèle une appréhension devant la dégradation de l'environnement physique, social et politique. Ses Débris du sillage, mots emportés dans les remous d'un vécu, flottent entre mémoire affective et anticipation de l'avenir, dans un ton tour à tour lyrique, ironique et philosophique.
Ma colombe me roucoule sa mélancolie, que je lui remette la délicieuse souffrance d'un coup de tournevis ; et toujours à la même adresse, où l'on forge des épées.
Gilles Latour, titulaire d'une maîtrise en langue et littérature françaises, a publié trois recueils aux Editions L'Interligne, dont Mots qu'elle a faits terre, en 2015, finaliste au prix Trillium, au Prix littéraire Le Droit et au Prix du livre d'Ottawa.
Des averses soudaines d'épingles de sûreté
Interrompent leurs coïts spontanés
Et elle profite des accidents de terrain
Pour étaler ses veines sur le gazon
Révolutionnaire où il devient de plus en plus
Difficile de respirer
Elle suscite d'impitoyables espoirs
En érigeant une usine d'emballage au bout du quai
Le chef de gare la serre dans ses bras comme un lac immense qui se vide de ses poissons
Et sur le coup de midi, quand elle arrache la page du calendrier
Le petit Gitan qui porte sa guitare
Comme un arc-en-ciel
En a le coeur brisé
Reflet esthétique d'une aventure langagière, Mon univers est un lapsus, de Gilles Latour, repose sur la perception d'un univers - social et culturel, voire cosmique -, en mouvance constante, soumis à des forces essentiellement aléatoires qui déterminent des répercussions, tant chez les individus que dans les collectivités : conflagrations psychologiques, mutations des structures affectives, intimes et linguistiques, catastrophes dites naturelles.