L'histoire de la rencontre du nazisme et de l'antijudaïsme arabe. Le 28 novembre 1941, lors d'un tête-à-tête scellant une coopération déjà bien engagée, Hitler recevait le grand mufti de Jérusalem, alors en exil à Berlin. Ce que l'on sait moins, c'est qu'au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'idéologie nazie fut diffusée à travers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient grâce à une puissante machine de propagande. Ce livre retrace l'histoire des idées, des institutions et des hommes engagés dans cet effort, à partir d'archives inédites ou jusque-là sous-utilisées, notamment des documents sonores retranscrits par les services secrets américains au Caire. L'ouvrage met en lumière la collaboration politique et idéologique entre les responsables du régime nazi et les Arabes pronazis, dont l'ancien chef du gouvernement irakien déposé par l'armée britannique en 1941, Kilani, et le grand mufti de Jérusalem, Amin el-Husseini. Initiés à la théorie du complot antisémite, ces derniers travaillèrent main dans la main avec les nazis à la conception d'une propagande spécifique au monde arabe. Parallèlement, et alors que le combat faisait rage sur le front nord-africain, l'Afrika Korps largua plus de trois millions de tracts sur l'Égypte, la Palestine, l'Irak, la Syrie. En outre y étaient diffusées des milliers d'heures d'émissions de radio en arabe sur ondes courtes, d'octobre 1939 à février-mars 1945. La plupart du temps, dans ces régions où le niveau de l'analphabétisme demeurait élevé, ces messages étaient écoutés en groupe, dans des cafés et autres lieux publics. L'antisémitisme radical, qui appelait à l'extermination de tous les Juifs, dans une région où résidaient 700 000 d'entre eux, demeurait un élément central de cette propagande. Devant la puissance de l'antisémitisme et l'antisionisme d'origine arabe, les États-Unis et la Grande-Bretagne prirent peur et conclurent qu'il fallait mettre en sourdine la « défense des Juifs » et la « question sioniste ». En 1944, la crainte de l'opinion arabe conduisit les dirigeants anglo-saxons à abandonner à leur sort le million de Juifs d'Europe, notamment en Hongrie, que l'on aurait pu encore sauver. Ce livre, extrêmement documenté, est avant tout un travail d'historien, qui rend compte avec rigueur de l'existence d'un antijudaïsme spécifique au monde arabe bien avant la naissance de l'État d'Israël.
« Connais ton ennemi » reste l'adage le plus important dans la lutte contre le terrorisme.Si l'État islamique est présenté le plus souvent, dans les journaux occidentaux, comme un gang de criminels enchaînant les victoires, l'experte en terrorisme Loretta Napoleoni nous rappelle que l'ambition première de l'organisation est d'édifier une nation, en recréant l'ancien califat de Bagdad version XXIe siècle.Largement financé par l'étranger, l'État islamique utilise toutes les technologies modernes de communication pour recruter, collecter des fonds et séduire. Car son but est d'asseoir sa souveraineté et de créer une adhésion autour de son projet, à la différence d'Al-Qaïda et des talibans qui exploitent les populations locales et font régner la terreur. Grâce aux réseaux sociaux, 12 000 djihadistes, dont 2 200 Européens, ont rejoint ses rangs.Cette enquête est un document clé pour la compréhension de la nébuleuse État islamique engagée dans une guerre de conquête. L'EI n'est pas un réseau terroriste de plus, mais un ennemi puissant en phase avec le désordre mondial actuel, et « ignorer ces faits est plus que trompeur et superficiel, c'est dangereux ».