Filtrer
Langues
Accessibilité
-
La nuit ukrainienne : Une histoire intime de la révolution
Marci Shore
- Gallimard
- La Suite des Temps
- 12 Septembre 2024
- 9782073069863
Historienne américaine spécialiste de la mémoire du XXe siècle en Europe de l'Est, Marci Shore raconte le destin de l'Ukraine depuis les guerres soviéto-polonaises du début des années 1920, en passant par la Seconde Guerre mondiale, l'incorporation à l'URSS, la chute du Mur, jusqu'au point culminant qu'est la révolution de Maïdan de février 2014, à laquelle succédera la guerre civile dans le Donbas, prélude au conflit actuel.
L'originalité de cet ouvrage - initialement paru aux Yale University Press fin 2017 et dont l'actualité renouvelée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 nous vaut un nouvel avant-propos - vient de ce récit suivant le fil des différents témoins, acteurs de cette révolution : russophones, ukrainophones, Polonais, catholiques, orthodoxes, juifs, dont le principal, Jurko Prokhasko, est un uniate de Galicie, cas rare de patriote ukrainien à la fois dénué de nationalisme exclusif et tourné vers l'Europe et les valeurs libérales. En écrivaine engagée, Marci Shore entend laver Maïdan des accusations de fascisme, de racisme, d'ultranationalisme, d'antisémitisme encore tenaces aujourd'hui et montrer cette Ukraine éprise de liberté. -
Terres de sang ; l'Europe entre Hitler et Staline
Timothy Snyder
- Gallimard
- Folio histoire
- 3 Janvier 2019
- 9782072765605
"Voici l'histoire d'un meurtre politique de masse."
C'est par ces mots que Timothy Snyder entame le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont été tués par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne. Tous l'ont été dans un même territoire, que l'auteur appelle les "terres de sang" et qui s'étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l'Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes.
Plus de la moitié d'entre eux sont morts de faim, du fait de deux des plus grands massacres de l'histoire : les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l'affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerre soviétiques, au début des années 1940. Ils ont précédé l'Holocauste et, selon Timothy Snyder, aident à le comprendre.
Timothy Snyder en offre pour la première fois une synthèse si puissante qu'un nouveau chapitre de l'histoire de l'Europe paraît s'ouvrir avec lui. -
La route pour la servitude : Russie, Europe, Amérique
Timothy Snyder
- Gallimard
- La Suite des Temps
- 26 Octobre 2023
- 9782073040022
Avec la fin de la guerre froide, la victoire de la démocratie libérale semblait définitive. Les observateurs se précipitèrent pour proclamer la fin de l'histoire, confiants dans un avenir pacifique et mondialisé. Cette foi était malvenue car l'autoritarisme était déjà de retour en Russie, à travers les idées fascistes que Vladimir Poutine s'employait à utiliser pour justifier le règne du plus fort.
Au cours des années 2010, le phénomène s'est propagé d'est en ouest, de la guerre russe en Ukraine à la cyberguerre contre l'Europe et les États-Unis. La Russie s'est partout fait des alliés parmi les nationalistes et les radicaux, et sa volonté de dissoudre les institutions, les États et les valeurs occidentales a trouvé un écho au sein même de l'Occident. La montée du populisme, le Brexit et l'élection de Donald Trump étaient tous des objectifs russes, et leur réalisation a révélé la vulnérabilité des sociétés occidentales.
Timothy Snyder réussit ici non seulement à exposer la véritable nature de la menace faite à la démocratie et au droit, mais également à en faire comprendre l'enjeu, pour nous enjoindre de voir, et peut-être de renouveler, les vertus politiques fondamentales offertes par la tradition et exigées par l'avenir. En révélant les choix difficiles qui s'offrent à nous - entre égalité et oligarchie, individualité et totalité, vérité et mensonge -, l'auteur restaure notre compréhension de la base de notre mode de vie, offrant en éclaireur une voie à suivre en cette période de terrible incertitude. -
Eric Hobsbawm est né l'année de la révolution d'Octobre et s'est réclamé du marxisme toute sa vie. La période qu'il analyse et le communisme qui en constitua une dimension essentielle sont donc liés à son existence. Bien que le XXe siècle soit achevé, son interprétation reste un enjeu politique décisif. Et le fait que l'ordre en place provoque son lot de révoltes presque partout dans le monde interdit de reléguer au rang de contes poussiéreux les chapitres d'un temps qui a vu des peuples renverser l'irréversible. Leurs espérances furent parfois déçues, détruites, décapitées (cette chose-ci est connue), mais aussi parfois récompensées (cette chose-là est moins évoquée).
L'Ère des extrêmes nous rappelle que l'humanité ne fut pas toujours impuissante et désarmée quand elle voulut changer de destin. Lorsque Hobsbawm publia ce livre, ce genre d'observation n'allait plus de soi. Mais vingt-cinq ans plus tard, les lampions de la célébration définitive de la démocratie libérale sont éteints. Et l'histoire qui resurgit ne se résume pas à un imaginaire désenchanté.
Cette somme mêle l'étude des révolutions politiques, culturelles et des bouleversements sociaux du XXe siècle, celle des deux guerres mondiales, mais aussi des innovations artistiques et scientifiques.
Traduit en trente langues et largement célébré, L'Ère des extrêmes rencontra un accueil plus difficile en France, où les grandes maisons d'édition refusèrent de publier des analyses trop marquées selon elles par l'attachement de l'auteur à la cause révolutionnaire.
« Dans les toutes premières lignes de son ouvrage, Eric Hobsbawm écrit : "En cette fin de XXe siècle, la plupart des jeunes femmes et des jeunes hommes grandissent dans une espèce de présent permanent, dépourvu de tout lien organique avec le passé public qui a pourtant façonné les temps actuels."
Rien de tel que ce livre superbe, si riche de faits lumineusement rapprochés, bouillonnant d'idées, pour éclairer le lecteur sur l'histoire, toute proche et pourtant mal connue, qui a modelé ce monde désorienté et l'incite à sortir de ce "présent permanent" sans perspectives, à inventer, avec d'autres, son propre avenir. »
Claude Julien « Le siècle des extrêmes. Une histoire qui a modelé notre monde désorienté », Le Monde diplomatique, mars 1995.
-
De l'attentat manqué contre Hitler, le 20 juillet 1944, à la capitulation du 8 mai 1945, l'Allemagne tombe peu à peu dans la folie meurtrière et la destruction. C'est un pays tout entier qui se transforme en immense charnier. Les morts – civils tués sous les bombardements alliés, rescapés des camps victimes des " marches de la mort ", soldats sacrifiés dans des batailles perdues d'avance... – se comptent par milliers. Malgré tout, la guerre dure, le régime tient. La Wehrmacht continue d'envoyer des soldats combattre sur le front.
Pourquoi la guerre a-t-elle duré si longtemps ? Comment expliquer l'incroyable résistance du régime nazi au milieu des décombres ? C'est pour répondre à ces questions que le grand historien britannique Ian Kershaw a entrepris ce vaste récit des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. L'obstination fanatique du Führer, l'emprise du parti nazi sur la population, la peur viscérale de l'armée Rouge, mais aussi les choix stratégiques et militaires des Alliés sont quelques-unes des hypothèses explorées dans ce livre, qui est aussi une réflexion brillante sur les rouages du régime nazi au moment de son agonie.
Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat.
Ian Kershaw est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Sheffield. Il est l'auteur d'une monumentale biographie de Hitler (Flammarion, 2000 et 2001) et a publié au Seuil : Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde (2009, " Points Histoire ", 2012).
-
Terre noire ; l'Holocauste, et pourquoi il peut se répéter
Timothy Snyder
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 22 Septembre 2016
- 9782072619922
Pour Hitler, l'extermination des "races inférieures", à commencer par la "vermine juive" pour continuer par les Slaves, était étroitement liée à l'indispensable conquête du Lebensraum, "espace vital", mais aussi "habitat" et "niche écologique" pour la race nordique-germanique. La seule écologie saine consistait à éliminer l'ennemi politique, la seule politique saine à en purifier la terre.
D'où ce livre original et puissant, qui reprend dans toute son ampleur la genèse et le déroulement de l'extermination des Juifs. Celle-ci ne pouvait se réaliser que si l'Allemagne détruisait d'autres États. Au début, Staline l'a aidé dans cette entreprise, puis l'invasion de l'Union soviétique a créé les conditions autorisant le meurtre de millions de personnes.
Les territoires où l'État était détruit devenaient des zones de ténèbres où presque tous les Juifs mouraient. Si certains ont pu néanmoins survivre, c'est grâce à des institutions ressemblant à des États et à quelques rares Justes qui ont aidé des Juifs sans le secours de quiconque au péril de leur vie.
En conclusion, l'auteur débouche sur les perspectives d'un renouvellement possible, et même probable, des massacres de masse. La planète change. Avec la fin de la révolution verte, le réchauffement climatique, la pénurie d'eau et d'hydrocarbures, l'avenir laisse prévoir des situations qui rendraient à nouveau plausibles les visions hitlériennes de la vie, de l'espace et du temps.
Terre noire, traduction littérale de Black Earth, désigne précisément les riches terres à blé d'Ukraine convoitées par Hitler. Le titre résonne aussi d'un sens plus général, comme une métaphore de ce qui nous attend. Comprendre alors les mécanismes de l'Holocauste est peut-être le moyen et la chance, la dernière, de préserver l'humanité. -
L'heure qu'il est ; les horloges, la mesure du temps et la formation du monde moderne
David Landes
- Les Belles Lettres éditions
- 21 Août 2017
- 9782251905372
L'heure qu'il est constitue le premier essai d'une histoire générale de la mesure du temps et de son influence décisive sur la formation de la civilisation moderne. Histoire culturelle tout d'abord : pourquoi l'horloge mécanique a-t-elle été inventée en Europe et pas en Chine ? Histoire des sciences et des techniques ensuite : comment est-on passé des garde-temps primitifs aux chronomètres de haute précision ? Puis histoire économique et sociale : qui a fait ces instruments ? Comment ? Qui s'en est servi et pourquoi ? Vaste enquête qui mobilise les domaines les plus variés : religion et folklore, mathématiques et mécanique, astronomie et navigation, agriculture et industrie. Vaste odyssée, qui entraîne le lecteur des cours du Grand Khan à celles du Saint Empire germanique, des observatoires prétélescopiques de la Renaissance aux sociétés savantes de l'Ancien Régime. Vaste aventure, qui passe des routes interminables et mortelles des galions de Manille aux combats chronométriques aussi farouches que silencieux des observatoires de Kew, de Genève ou de Neuchâtel. Quel chemin, de l'atelier encombré de l'artisan du Jura suisse aux usines aux mille fenêtres du Massachussetts ou de l'Illinois et aux sweatshops horlogers de l'Asie du Sud-Est ! On comprend l'ivresse intellectuelle de l'auteur, David Landes : « Tomber sur un aspect majeur du développement de la société, de l'économie et de la civilisation modernes et constater que, pour l'essentiel, la carte du pays n'a pas été faite, c'est un coup de veine assez rare... »
-
Le culte des chefs : charisme et pouvoir à l'âge des révolutions
David a. Bell
- Fayard
- Divers Histoire
- 16 Février 2022
- 9782213720074
En Europe comme en Amérique, l'expérience révolutionnaire mena souvent au pouvoir suprême de chefs militaires charismatiques. Pascal Paoli, George Washington, Napoléon Bonaparte, Toussaint Louverture, Simon Bolívar suscitèrent tous en leur temps l'enthousiasme des populations, au point de s'imposer à la tête de leurs pays.
En faisant résonner ces destins hors du commun, David A. Bell révèle combien sont liées histoire de la démocratie et histoire du charisme politique. Car c'est bien à l'âge des révolutions qu'émergea ce nouveau modèle de chef à la fois admiré et aimé, dont le pouvoir finit pourtant par fouler au pied la démocratie qu'il devait défendre.
Renouvelant notre compréhension du mouvement révolutionnaire qui transforma le monde atlantique à la fin du xviiie siècle et au début du xixe, cet essai invite aussi à observer autrement la vie politique de nos sociétés contemporaines, loin d'être affranchies de la figure du chef charismatique.
Professeur à l'université de Princeton (USA), David A. Bell est spécialiste de la France des xviiie et xixe siècles. Il a publié de nombreux ouvrages dont The Cult of the Nation in France: Inventing Nationalism, 1680-1800 (Harvard University Press, 2001) ou encore The First Total War: Napoleon's Europe and the Birth of Warfare As We Know It (Houghton Mifflin, 2007 ; trad. fr. Champ Vallon, 2010), qui font aujourd'hui référence. -
Edouard VII a toujours nourri une passion pour la France. Amant des plus célèbres actrices, courtisanes et danseuses parisiennes, il parlait un français plus parfait encore que son anglais, et fut le premier invité sur la tour Eiffel, malgré l'interdiction officielle de la couronne anglaise. Ses atouts de séduction à la française sont à l'origine de la prouesse diplomatique qui scella l'Entente cordiale.Un roi typiquement anglais ? Pas du tout ! Avec un humour inimitable, Stephen Clarke, auteur du best-seller God save la France, montre qu'avant de devenir roi, c'est en France que « Dirty Bertie » a tout appris de la vie ! « Une réjouissante comédie historique. » Daily Mail
-
Tout le monde sait qui a perdu la bataille de Waterloo. Même les Français doivent bien admettre que, le 18 juin 1815 au soir, sa Grande Armée en lambeaux, Napoléon Ier a capitulé. Il avait misé sur une grande confrontation avec ses ennemis et il a tout perdu. Personne ne peut le contester sérieusement. Enfin, presque...
Avec un humour très british, Stephen Clarke, subtil observateur des particularités hexagonales, auteur du best-seller God save la France, interroge ces frondeurs d'hier et d'aujourd'hui qui refusent toujours d'admettre l'évidence. Analysant Waterloo du point de vue des grognards, des romanciers, des historiens et même des hommes politiques contemporains, il montre que, pour les Français, comme le dit Dominique de Villepin, la défaite française « brille d'une aura victorieuse ». Comment expliquer que deux siècles après, Waterloo fasse encore débat ? Déni ? Excès de patriotisme ? Anomalie spécifiquement française ?
Publié à l'occasion du 200e anniversaire de la bataille de Waterloo, ce livre aussi brillant que spirituel tente d'y répondre. -
Le salaire de la destruction
Adam Tooze
- Les Belles Lettres éditions
- Histoire
- 10 Avril 2020
- 9782251912875
Certains livres sont appelés à demeurer sans équivalent, dépassant tout ce que l'on a pu lire sur un sujet. Le Salaire de la destruction, une histoire économique du IIIe Reich, est l'un d'eux, tant pour le nombre d'idées reçues qu'il balaye que pour les conclusions inédites et l'approche globale qu'il propose. La catastrophe de 1939-1945 est-elle née de la puissance implacable de l'Allemagne nazie ou bien a-t-elle été précipitée par ses faiblesses économiques? Captivant, unanimement reconnu, fruit des recherches d'un historien au sommet de son art, cet ouvrage capital donne un poids nouveau et central à l'économie dans la politique de conquête mondiale élaborée par Hitler. Diplômé de King's College (Cambridge) et de la London School of Economics, Adam Tooze enseigne l'histoire de l'Allemagne à Yale. Il a déjà publié Statistics and the German State, 1900-1945: The Making of Modern Economic Knowledge (Cambridge University Press, 2001).
-
Il y a deux manières de renouveler l'Histoire : poser de nouvelles questions sur des sujets apparemment rebattus et trouver de nouveaux documents ou de nouveaux témoins.
Dans ce livre magistral, Anne Applebaum accomplit les deux.
S'interrogeant sur le « Haut Stalinisme » (1944-1956), soit les douze années de soviétisation de l'ancien Lebensraum nazi (en se concentrant essentiellement sur trois pays emblématiques : Allemagne, Hongrie et Pologne), l'auteur renverse complètement le point de vue : non plus l'Est vu par l'Ouest mais l'Est vu par l'Est. Les sources archivistiques et orales inédites - lectures dans au moins cinq langues, entretiens, voyages, témoignages personnels - enrichissent considérablement les réponses aux questions que l'observateur contemporain de l'Europe de l'Est se pose face aux échecs ou aux revers de la démocratisation des nouvelles nations émancipées du joug soviétique depuis 1989.
Rideau de fer prend exactement la suite chronologique de l'ouvrage de Timothy Snyder, Terres de sang, consacré au nazisme et au stalinisme de 1933 à 1945 : il raconte, comme cela n'avait jamais été fait, la manière dont ces « terres de sang » ont été soviétisées (réparations économiques, nettoyages ethniques systématiques que l'on associe rarement à cette période de l'Histoire, récupération partielle de l'appareil policier hérité du nazisme, etc.).
Ce grand livre a été unanimement salué comme un des chefs-d'oeuvre de l'Histoire récente.