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L'histoire " très horrifique " du Crédit a voyagé, un bar congolais des plus crasseux, nous est ici contée par l'un de ses clients les plus assidus, Verre Cassé, à qui le patron a confié le soin d'en faire le geste en immortalisant dans un cahier de fortune les prouesses étonnantes de la troupe d'éclopés fantastiques qui le fréquentent. Dans cette farce métaphysique où le sublime se mêle au grotesque, Alain Mabanckou nous donne à voir grâce à la langue rythmée et au talent d'ironiste qui le distinguent dans la jeune génération d'écrivains africains, loin des tableaux ethniques de circonstance, un portrait vivant et savoureux d'une autre réalité africaine.
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En attendant le vote des bêtes sauvages
Ahmadou Kourouma
- Seuil
- Cadre rouge
- 25 Août 2013
- 9782021066746
PRIX DU LIVRE INTER 1999
Le président Koyaga est un maître chasseur... et un dictateur de la pire espèce. Au cours d'une cérémonie purificatoire en six veillées, un griot des chasseurs et son répondeur lui racontent sa propre vie, toute sa vie, sans omettre les parts d'ombre et de sang. Koyaga est né dans la tribu des hommes nus. Il a fait la guerre d'Indochine. Puis il a pris la tête de la République du Golfe en usant de la sorcellerie et de l'assassinat. Accompagné de son âme damnée Maclédio, qui a vu en lui son homme de destin, il a parcouru l'Afrique de la guerre froide, prenant des leçons auprès de ses collègues en despotisme. On n'aura guère de peine à reconnaître au passage Houphouët-Boigny, Sékou Touré, Bokassa, Mobutu... pour ne parler que des non-vivants. De retour chez lui, grâce aux pouvoirs merveilleux que lui confèrent la météorite de sa maman et le Coran de son marabout, il triomphe de tous ses ennemis, déjoue tous les complots. Jusqu'au jour de la dernière conjuration où, s'étant fait passer pour mort, il perd la trace de la maman et du marabout...
Avec un humour ravageur et une singulière puissance d'évocation, le récit mêle hommes et bêtes sauvages dans une lutte féroce, allie le conte à la chronique historique et renverse nombre d'idées reçues sur les relations étroites qu'entretiennent la magie et la politique mondiale.
Ahmadou Kourouma est né en 1927 en Côte d'Ivoire et mort en 2003 à Lyon. Il a reçu le prix du Livre Inter 1999 pour En attendant le vote des bêtes sauvages et le prix Renaudot 2000 pour Allah n'est pas obligé. -
Sur une place de Marrakech, un conteur relate l'histoire d'Ahmed, un homme au destin aussi troublant que fabuleux. Élevé dans le mensonge pour sauver l'honneur de son père, Ahmed n'a de masculin que le nom. Un sexe et une condition imposés qu'il finit par revendiquer : à vingt ans, il pousse le zèle jusqu'à s'unir à une fille délaissée, bientôt complice de sa vertigineuse descente aux enfers...
Écrivain d'origine marocaine mondialement connu, Tahar Ben Jelloun est né à Fez en 1944. Il a écrit des romans, des essais et des recueils de poésie. Il a obtenu le prix Goncourt pour La Nuit sacrée en 1987 et le prix international IMPAC en 2004 pour Cette aveuglante absence de lumière, également en Points.
« Une aventure qui semble sortie tout droit des Mille et Une Nuits. »
J. M. G Le Clézio -
Dans un pays ravagé par la guerre, deux enfants (des jumeaux) abandonnés à eux-mêmes font seuls l'apprentissage de la vie, de l'écriture et de la cruauté. Premier roman d'une émigrée hongroise installée en Suisse, Le Grand Cahier est également le premier volet d'une trilogie qui comprend La Preuve et Le Troisième Mensonge. L'oeuvre d'Agota Kristof est aujourd'hui traduite dans une quinzaine de pays.
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Quel sera le sort de Fama, authentique prince malinké, aux temps de l'indépendance et du parti unique ? L'ancien et le nouveau s'affrontent en un duel tout à la fois tragique et dérisoire tandis que passe l'histoire, avec son cortège de joies et de souffrances.
Au-delà de la fable politique, Ahmadou Kourouma restitue comme nul autre toute la profondeur de la vie africaine, mêlant le quotidien et le mythe dans une langue réinventée au plus près de la condition humaine. Dès sa parution en 1970, ce livre s'est imposé comme un des grands classiques de la littéraure africaine. -
Chaïdana et les siens sont le jouet d'une violence sans fin : le Guide Providentiel fait régner sur le peuple de Katamalanasie sa dictature absurde et sanglante. Dans ce pays maudit, les vivants ont à peine le droit de vivre et les morts refusent de mourir. Les guerres, les croyances et les amours se succèdent, déroulant la fable visionnaire d'un monde bien réel.
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Dans un pays en guerre, deux jumeaux se séparent. L'un d'eux franchit la rontière, laissant l'autre désemparé, privé d'une partie de lui-même. Lucas semble voiloir se consacrer au bien. Quand Claus revient, trente ans plus tard, Lucas a disparu. Seule preuve de leur existence commune : la Grand Cahier.
Agota Kristof (1935-2011), née en Hongrie, est l'auteur de "la trilogie des jumeaux" (Le Grand Cahier, La Preuve et Le Troisième Mensonge) traduite dans le monde entier.
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Citoyen exemplaire, Dadou est directeur d'une école de Kinshasa. Une terrible accusation l'aspire dans une tornade dévastatrice : sa femme et ses enfants sont tués, sa vie saccagée. Il réussit à s'échapper des lugubres geôles zaïroises et s'enfuit de l'autre côté de la rivière. Vidé de son âme, il découvre une succession de mondes désolés, rongés par la même corruption que son propre pays, les mêmes dérives politiques et guerrières.
Sony Labou Tansi est né en 1947 au Congo où il a vécu jusqu'à sa mort en 1995. Romancier, poète et dramaturge, il est l'auteur d'une douzaine de pièces de théâtre et de six romans, dont La Vie et demie et Les Sept Solitudes de Lorsa Lopez, disponibles en Points. -
Dans la maison où il est né, au Maroc, le père a sa chambre, le frère aîné la sienne. Lui dort avec sa mère et ses soeurs. Cocon familial chaleureux et sensuel. Les enfants savent tout des amours de leurs parents. Mais, par pudeur, on n'en parle pas.
Il est adolescent lorsque son grand frère l'emmène à Tanger. Premier voyage qui lui révèle la vraie nature de ses désirs. Il se prend de passion pour cet aîné qu'il vénère et qui, tombant amoureux d'une femme, l'abandonne à son désespoir.
Il a vingt ans. Il débarque à Genève pour poursuivre ses brillantes études. Il a tant rêvé d'Europe, de livres, de cinéma, de liberté ! C'est la solitude qu'il découvre, loin des siens. Il est séduisant, il en joue. Dès lors, comment échapper à l'image d'objet sexuel que lui renvoient les hommes qu'il rencontre, y compris ceux qui veulent son bien ?
Abdellah Taïa a écrit l'itinéraire d'un enfant de notre siècle, en recherche d'équilibre entre la tradition marocaine et la culture occidentale, entre le désarroi et l'ambition de réussir. Il brave les hypocrisies, à la fois cru et délicat, naïf et malin, drôle et émouvant.
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Au début des années 1880, Aimé Victor Olivier, que les Peuls appelleront Yémé et qui deviendra le vicomte de Sanderval, fonde le projet de conquérir à titre personnel le Fouta Djalon et d'y faire passer une ligne de chemin de fer. On a presque tout oublié de lui aujourd'hui : il fut pourtant un précurseur de la colonisation de l'Afrique de l'Ouest, ses aventures faisaient le régal des gazettes de l'époque. Au cours de ses cinq voyages successifs, Sanderval parvient à gagner la confiance de l'almâmi, le chef suprême de ce royaume théocratique qu'était le pays peul, qui lui donne le plateau de Kahel et l'autorise à battre monnaie à son effigie.
De ce personnage haut en couleurs, Tierno Monénembo nous offre une foisonnante biographie romancée. L'épopée solitaire d'un homme, Olivier de Sanderval, qui voulut se tailler un royaume au nez et à la barbe de l'administration française... et des Anglais.
Tierno Monénembo, né en Guinée, a choisi l'exil dès 1969. Il a publié de nombreux romans au Seuil, depuis Les Crapauds-brousse qui l'a révélé en 1979, jusqu'à L'Aîné des orphelins (2000) et, plus récemment, Peuls (2004).
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Aujourd'hui recommence la course imbécile. Se lever à cinq heures, prendre le bus, pointer, percer toujours le même trou dans la même pièce. Et gagner juste assez d'argent pour manger, habiter quelque part, être en mesure de recommencer la course, demain.
Pour que demain soit différent, il faudrait qu'apparaisse enfin Line, la femme idéale dont rêve Sandor Lester depuis qu'il a quitté son pays natal. Alors, il y aurait un avenir possible dans lequel Sandor deviendrait écrivain sous le nom de Tobias Horvath.
Mais, ce jour-là, ce n'est pas l'avenir qui monte dans le bus. C'est Line, la vraie Line surgie du passé, de ce temps où Tobias Horvath n'était pas un pseudonyme mais un enfant bien réel et qui croyait encore au futur...
Avec la simplicité et la précision qu'on lui connaît, Agota Kristof raconte " l'histoire d'un grand amour impossible " en même temps qu'elle se livre à une réflexion aiguë sur le passage du temps et les injustices du monde contemporain.
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Beyrouth, quartier de Marsad, 1964. Simone, la fille cadette de Chakib Khattar, un notable chrétien issu d'une lignée d'industriels du marbre, est enlevée par Hamid Chahine, bras droit de son père à l'usine. Ce rapt amoureux tombe au plus mal pour Chakib, obsédé par la transmission de son patrimoine et qui, face à l'incapacité ou à l'indifférence de ses héritiers légitimes, a fait de Hamid plus que son homme de confiance : une sorte de fils spirituel. Mais l'enlèvement tourne court, après que les deux amants ont tenté de se marier clandestinement. Contraint de chasser Hamid, Khattar voit progressivement se transformer le monde autour de lui. Durant les années suivantes, le Liban s'enfonce dans la guerre, entre 1975 et la fin des années 1980. Isolé, abandonné par les siens, le dernier seigneur de Marsad est désormais au cœur des convulsions d'un pays livré aux milices et au chaos.
Le vent de l'Histoire anime cette fresque romanesque, qui est aussi une fable sur la vanité de la puissance et du pouvoir.
Charif Majdalani est né au Liban en 1960. Depuis 1993, il enseigne les lettres françaises à l'université Saint-Joseph de Beyrouth. Il est l'auteur d' Histoire de la grande maison (Seuil, 2005), Caravansérail (Seuil, 2007) et Nos si brèves années de gloire (Seuil, 2011).
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Désobéissant à Samory, empereur de tout le pays mandingue, le roi de Soba, Djigui Keïta, n'a pas rasé sa ville à l'arrivée des troupes coloniales - sûr que la magie des ancêtres, la protection d'Allah et la muraille édifiée à la hâte suffiraient à repousser les "Nazaréens". Ceux-ci prennent donc Soba sans coup férir. Mais tandis que les griots chantent la gloire de Djigui Keïta et de ses cent vingt années de règne, le roi déchu s'enfonce dans une collaboration de plus en plus meurtrière avec l'occupant.
Sous l'épopée tragique et dérisoire d'un peuple livré à la colonisation, perce la satire des Etats africains modernes livrés à leurs démons, et un réquisitoire aussi drôle que violent contre ces conformismes qui mènent parfois aux pires compromissions.
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C'est à Venise que le héros de Petru Dumitriu, Archange, est immortalisé par le divin Titien. Il devient l'Homme aux yeux gris et son regard reflète le mystère amer de l'éternel errant sur les routes du monde.
Son périple commence à Tolède, où ses parents, parce que juifs, sont condamnés au bûcher. Contraint à la fuite, il suit avec sa bien-aimée Juana une troupe de mercenaires à travers l'Europe du XVIe siècle, déchirée par les guerres, enfiévrée par les idées de la Réforme et tenaillée par l'Inquisition. De l'Espagne aux Flandres, Venise et ses masques mortels, Malte et ses galères, où il connaît le calvaire de la chiourme, les contrées étranges de l'Orient, les rudes neiges de la Moscovie, le royaume trouble du Danemark, Archange est de tous les combats, de toutes les passions. Tour à tour esclave et confident des grands, il mène ses mille vies exacerbées jusqu'au terme de son destin douloureux et solitaire d'apatride. L'amour, la haine, la trahison, l'amitié, la cruauté et la pitié, Archange et son auteur nous entraînent dans tous les transports de l'âme et les vertiges de l'Histoire. Un roman d'action et de méditation, une épopée haletante, portée par un extraordinaire souffle romanesque.
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Prostituée, initiatrice, sorcière, Messaouda est un personnage de légende. Elle fait l'unanimité des désirs, et chacun la vénère comme une sainte. Dans un monde hanté par ses terreurs, elle incarne la liberté et la vie. Après sa mort, Driss répudiera son épouse, abandonnera ses enfants, s'en ira à la recherche de sexes pubères ou incrédules. Il ne tardera pas à trouver des matrices ouvertes à ses obsessions. Quant à son fils - le narrateur -, il apprendra l'atroce vérité sur la médiocrité de son père qui fut mêlé aux événements sanglants de la colonisation.
L'extraordinaire violence de ce récit jaillit des souvenirs, des rêves et des fantasmes d'un jeune Maghrébin. Messaouda dit l'angoisse terrible d'une solitude, parmi d'autres solitudes. C'est le roman d'un peuple oublié, tapi à l'ombre d'une histoire silencieuse. -
Iven Zohar est perdu. Radia, sa femme, l'attire et le fuit, dans un monde de lumières et d'ombres, peuplé de créatures menaçantes. Iven Zohar erre malgré lui dans ce monde inconnu, dont les métamorphoses sont aussi inquiétantes que le nouveau visage de son épouse. Radia n'est plus vraiment Radia. Une lueur de cruauté semble éclairer parfois son regard bienveillant. Mais comment lui résister ?
Né en Algérie, Mohammed Dib (1920-2003) est le premier écrivain maghrébin à recevoir, en 1994, le Grand Prix de la Francophonie. Il est notamment l'auteur de La Grande Maison, Le Métier à tisser et Un été africain, disponibles en Points.
" Mohammed Dib est l'un des écrivains qui ont su, à partir de leur identité nationale, s'élever vers une certaine idée de l'universalité. "
Louis Aragon
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Voici trois ans que l'Algérie a conquis son indépendance. Le préfet Waëd, idéaliste déterminé, entreprend de forger l'Algérie de ses rêves : un pays où règnent l'Ordre et le Progrès. Les fellahs et les maquisards, menés par le charismatique Madjar, nourrissent, eux, des rêves de partage et de fraternité. Au nom de la paix, Waëd va réprimer ces " agitateurs ", dans une lutte démente et fratricide.
Né en Algérie en 1920, Mohammed Dib a été instituteur puis journaliste avant de se consacrer à l'écriture de poèmes et de romans. Sont également disponibles en Points La Grande Maison, L'Incendie et Un été africain. Il est décédé en 2003.
" Le romancier nous tient grâce à son écriture qui allie la légende, l'apologue et le roman d'action. "
La Croix
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"Je m'appelle Azad Shero Selim. Je suis le petit-fils de Selim Malay. Mon grand-père avait beaucoup d'humour. Il disait qu'il était né kurde, sur une terre libre. Puis les Ottomans sont arrivés et ils ont dit à mon grand-père : Tu es ottoman, et il est devenu ottoman. À la chute de l'Empire ottoman, il est devenu turc. Les Turcs sont partis, il est redevenu kurde dans le royaume de Cheikh Mahmoud, le roi des Kurdes. Puis les Anglais sont arrivés, alors mon grand-père est devenu sujet de Sa Gracieuse Majesté, il a même appris quelques mots d'anglais.
Les Anglais ont inventé l'Irak, mon grand-père est devenu irakien, mais il n'a jamais compris l'énigme de ce nouveau mot : Irak, et jusqu'à son dernier souffle, il n'a jamais été fier d'être irakien ; son fils, mon père, Shero Selim Malay, non plus.
Mais moi, Azad, j'étais encore un gamin."
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Mere du printemps (l'oum-er-bia) (la)
Driss Chraïbi
- Seuil
- Cadre rouge
- 25 Septembre 2015
- 9782021295139
Surgie du désert, une armée de cavaliers arabes suit le cours de l'Oum-er-Bia. En cette année 681, la religion musulmane est une parole naissante : le légendaire général Oqba ibn Nafi rêve de déployer l'étendard du Prophète sur les terres d'Afrique du Nord. De l'autre côté des montagnes, la communauté berbère des Aït Yafelman attend, désemparée, l'arrivée du nouveau Dieu...
Driss Chraïbi (1926-2007) est né à Mazagan, sur la côte Atlantique du Maroc. Driss Chraïbi est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands écrivains marocains de langue française et a reçu de nombreux prix littéraires. Ses romans Une Enquête au pays et Naissance à l'aube sont disponibles en Points.
" Driss Chraïbi, l'un des grands écrivains marocains d'expression française. "
Le Figaro
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Incognito est l'extraordinaire récit d'une aventure intérieure, dans les tourbillons de l'histoire : une histoire roumaine - une histoire humaine.
Petru Dumitriu nous entraîne aux côtés de Sébastien Ionesco sur les rives enchanteresses du Danube, puis dans les horreurs de la guerre et les passions révolutionnaires... Sur les marches du pouvoir, refusant le mensonge et l'imposture, Sébastien choisit le suicide social et politique pour mieux se retrouver : après une désespérante dégringolade jusqu'au fond des prisons et des camps de rééducation, il découvre la foi et le courage de résister.
Incognito retrace le parcours initiatique d'un saint sans Église, sans credo, sans auréole, perdu dans la foule muette des opprimés et signe la victoire de l'homme sur la terreur totalitaire, sur le mal et la souffrance : un vibrant message d'espoir.
Petru Dumitriu est né en Roumanie en 1924 et mort à Metz en 2002. Écrivain déjà célèbre dans son pays, il choisit la liberté en 1960. Il est l'auteur d'une œuvre très importante, écrite en roumain, en français et en allemand : romans, théâtre, essais, traduits dans de nombreux pays. En 2005, les Éditions du Seuil ont republié L'Homme aux yeux gris.
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Il etait une fois un vieux couple heureux
Mohammed Khaïr-eddine
- Seuil
- Cadre rouge
- 25 Juillet 2016
- 9782021335927
Il était une fois, effectivement, un vieux couple heureux. Des Berbères de la montagne marocaine, soumis au rythme doux de la vie villageoise, à l'observation des saisons et des couleurs du ciel.
Le vieil homme, revenu d'un passé agité, passe ses journées à calligraphier en langue tifinagh, héritée des anciens Touaregs, un long poème à la gloire d'un saint. Sa poésie sera chantée à la radio, diffusée en cassettes, imprimée et reconnue.
Les portraits de visiteurs, étudiants américains ou amis revenant de l'étranger, ou de héros locaux promis à la désuétude, tel le forgeron africain, agrémentent le rythme austère des journées, scandées par la cérémonie du thé ou la préparation des plats ancestraux, dont un délicieux couscous aux jeunes pousses de navet.
Tout en maugréant contre la "modernité fanfaronne" et ceux qu'il appelle les "parvenus", le vieil homme entreprend un nouveau poème sur le thème de l'arc-en-ciel.
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(...) Edgar Fall était étudiant en Union soviétique. Mais il n'y a plus d'Union soviétique. Traduire en russe des romans-photos porno, tout en rêvant de traduire en français le roman inachevé de Pouchkine, voilà qui ne suffit pas vraiment à nourrir son homme. Aussi Edgar accepte-t-il de quitter sa mansarde parisienne pour suivre Urbain Mango, lui-même ex-étudiant en ex-Union soviétique, dans sa peu recommandable Odyssée : il s'agit d'effectuer des repérages en Afrique de l'Ouest pour le compte de Périple Magazine, un journal de voyages spécialisé dans les visites de l'enfer et organisateur patenté d'une véritable Bourse aux frissons. Mais y a-t-il encore une Afrique ?
Arrivé à ex-Atlantis, ex-Lomé, ex-capitale de l'ex-Togo à demi submergée par les flots et totalement investie par des milices sans foi ni loi. Edgar tente de renouer le fil avec le passé, avec son passé, dans cette ville presque disparue. Tout s'éclaire et tout s'obscurcit. Le drame familial se mêle à la tragédie du continent tandis que s'agitent les clowns fantomatiques de la "mondialisation".
Pourtant, sous l'amas des ruines, des morts et des souvenirs, sans doute existe-t-il un continent à construire : il y faudra de la patience, de l'imagination, une science jubilatoire de la langue... et une sacrée dose d'humour !
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Oran, 1961-1962. Meurtrie par le barbelé, la violence et la haine, la ville, qu'on surnommait " la Radieuse ", est le théâtre d'affrontements sanglants entre l'armée française, l'OAS et le FLN. Bouclages des quartiers, attentats, assassinats, enlèvements, plasticages et arrestations se succèdent à un rythme effrayant.
Un jeune garçon, Lahouari Belguendouz, est le témoin de cette tragédie qui touche aussi sa famille et celles de ses camarades. À travers ses peurs et ses souvenirs, nous vivons la réalité d'un quotidien où la guerre ne dévore, heureusement, pas tout. Entre la vie et la mort, lui reviennent ainsi en mémoire les rues, les jeux et les cinémas de l'enfance, les lieux familiers, des images anciennes et le visage des personnes aimées.
Abdelkader Djemaï est né à Oran. Il est notamment l'auteur de Camping, Gare du Nord, Le Nez sur la vitre, Un moment d'oubli, Zorah sur la terrasse et de La dernière nuit de l'Émir parus au Seuil.
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Quand Soltane et Mina se sont mariés, ils avaient respectivement quinze et treize ans. Mina n'avait pris le temps ni de faire connaissance avec son corps ni d'évaluer l'ampleur de ses rêves. Soltane n'avait pas eu le loisir de jouer son enfance, de faire le tri de ses souvenirs. Quant à la terre, elle ne produisait plus que des cailloux. Aussi Soltane a-t-il quitté la campagne pour les dangereuses promesses de la ville, tandis que son épouse éprouvait sans les comprendre les heurts de la tradition et du jeu morbide des adultes.
A travers l'histoire d'un couple sans expériences, c'est l'échec d'un pays qui est ici raconté. Un pays où tout être humain se voit réduit à l'image conforme de la bassesse domestique ou de la routine policière, sous le soleil de plomb des habitudes.