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PUF
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Que savons-nous des liens qui se nouent entre le soin et l'amour ? Le soin doit-il reposer sur l'amour, ou doit-il au contraire s'en garder, voire s'en méfier ? Lorsqu'il s'agit de s'engager dans une relation de care, les affects qui traversent nos liens aux autres apparaissent toutefois comme proprement vitaux. Car si les premiers soins consistent à accueillir la vie, les liens affectifs qui s'y déploient recèlent en eux-mêmes les ferments de ce qui caractérise une vie humaine. Selon les derniers travaux de l'anthropologie évolutionniste, ce sont bien les attachements accompagnant l'accueil des nouveaux-nés qui auraient ouvert notre humanité à ses spécificités psycho-physiques, sociales et symboliques. Ainsi, interroger le soin à partir de l'amour permet de le penser depuis la sphère privée où elle surgit jusqu'à ses prolongements politiques. La question de l'amour participe donc de conceptions et de pratiques qui relèvent des sphères de l'intime, du culturel, du politique et du technique. C'est à rendre certains de ces enjeux visibles que prennent part les différentes contributions ici réunies.
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Le vivable et l'invivable
Judith Butler, Frédéric Worms
- PUF
- Questions de soin
- 12 Mai 2021
- 9782130827467
Dans les épreuves et les violences du monde contemporain. l'invivable est la pointe extrême de la souffrance, de l'injustice, et du soin qui peut et doit y répondre. Mais qu'est-ce qui est invivable ? Puisqu'il exige immédiatement une action et un soin, comment s'en prémunir et le réparer? Judith Butler critique les normes qui rendent des vies « précaires » et « invivables » (depuis Trouble dans le genre), mais sans pour autant la lier à une philosophie de « la vie » ou du « soin ». Frédéric Worms, de son côté revendique un « vitalisme critique », pour lequel tout ce qui cause la mort relève de la vie, mais d'une manière différenciée selon les vivants, de sorte que « l'invivable » qui tue quelque chose en nous, reste littéralement vital et révèle la spécificité des vivants humains. Mais tous les deux voient dans la différence entre le vivable et l'invivable le fondement critique pour une pratique contemporaine du soin. Pour l'un et pour l'autre, le soin complet rendra la vie humaine vivable, « plus que vivante ». Il faut s'appuyer pour cela sur les pratiques concrètes des humains confrontés à l'invivable, les réfugiés dans le monde contemporain, les témoins et les écrivains des violations du passé. Ce sont eux qui nous apprennent et nous transmettent ce qui dans l'invivable est insoutenable, mais aussi indubitable, et ce qui permet d'y résister. Un dialogue transcrit et traduit d'une séance tenue à l'Ecole normale supérieure.
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Autour de Canguilhem : vie, médecine et soin
Céline Lefève
- PUF
- Questions de soin
- 24 Avril 2024
- 9782130835967
Georges Canguilhem est aujourd'hui une référence incontournable des débats philosophiques et éthiques sur la santé et la médecine. Une raison en est le geste radical qu'il a déployé dès sa thèse sur le normal et le patho-logique : remémorer à la médecine son origine et sa finalité individuelles trop souvent oubliées. Elle naît de l'appel à l'aide d'un malade qu'elle doit considérer dans sa globalité, sa singularité et son pouvoir de donner sens et valeur à sa vie. L'essai de Céline Lefève ressaisit l'unité de sa pensée qui articule une philosophie de la vie, décrite comme une activité normative en lutte contre ce qui la limite ; une épistémologie de la médecine, définie comme un art utilisant les sciences (sans s'y réduire) ; et une éthique de la clinique, fondée sur l'attention du médecin au malade (et non à sa seule maladie). À l'heure où la médecine s'exerce au croisement de normes scientifiques et organisationnelles orientées vers la standardisation, la voir d'abord comme un soutien aux normes individuelles de vie du malade offre une ressource critique centrale à l'éthique du soin médical et, au-delà, à une politique du soin. Les lectures de Canguilhem proposées par des philosophes et des médecins (Lazare Benaroyo, Martin Dumont, Jean-Christophe Mino, Di-dier Sicard, Charles Wolfe et Frédéric Worms) confirment ensuite l'actualité de sa philosophie.
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Gestes du soin
Nicolas Castoldi, Martin Dumont, Bénédicte Lombart
- PUF
- Questions de soin
- 18 Octobre 2023
- 9782130855569
Dans ce livre sont réunis des textes d'infirmiers décrivant chacun, avec la plus grande précision possible, un geste de soin, propre à la profession infirmière - ou dans sa dimension propre aux infirmiers quand il est commun avec d'autres soignants. Qu'est-ce que poser une sonde, faire un pansement délicat, faire la toilette d'un patient ; mais encore écouter, ou accueillir quelqu'un dans un service à l'hôpital ? À ces facettes essentielles mais bien souvent cachées du soin viennent s'ajouter des témoignages de patients montrant ce que c'est que de recevoir les gestes du soin. Une introduction et deux brefs essais s'efforcent de dessiner la portée philosophique de ces textes à la fois entièrement singuliers et traçant des lignes de force courant de l'un à l'autre.
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Cet ouvrage explore la complexité et la richesse de l'événement de la naissance, la diversité des approches sociales et culturelles, la force des enjeux qui en découlent, qu'ils soient psychiques ou politiques. Comment se déroule une naissance, quels soins l'entourent, la précèdent, la prolongent, l'accompagnent ? Quels sont ceux et celles, parents, soignants, figures médicales ou symboliques, mythologiques ou magiques, qui participent à la naissance ou à la renaissance d'un individu ? Autour du paradigme de la naissance, se croisent d'anciennes questions et de véritables défis contemporains autour de la conception et de la fabrication des enfants. Que nous apprennent ceux qui accueillent les nouveau-nés et secondent leurs parents, mais aussi ceux qui entendent dans la souffrance d'un adolescent ou d'un adulte la douleur d'une impossible naissance à soi ?
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Visite à l'ehpad ; poétique de l'attention
Nathalie Zaccaï-Reyners
- PUF
- Questions de soin
- 18 Janvier 2023
- 9782130835868
À partir de l'expérience de Mariette, sa grand-mère, et du portrait cinématographique réalisé par son frère, le réalisateur Christophe Reyners, Nathalie Zaccaï-Reyners, sociologue, entreprend un parcours réflexif sur les ressorts du soin apporté à nos aînés et les conditions de leur accueil en institution. S'appuyant sur différents travaux de sciences sociales et humaines, mais aussi de philosophie morale et politique, visitant des expériences extraordinaires et innovantes, discutant les fondements des politiques publiques de ces vingt dernières années, ce parcours interroge les conditions de possibilités d'un accueil souhaitable, tant pour les personnels engagés dans le soutien aux personnes âgées que pour le maintien d'un environnement vivant pour ces derniers comme pour leurs proches.
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Souffrance et douleur
Claire Marin, Nathalie Zaccaï-Reyners
- PUF
- Questions de soin
- 24 Janvier 2023
- 9782130807124
Cet ouvrage propose une nouvelle édition d'un texte du philosophe Paul Ricoeur, intitulé « La souffrance n'est pas la douleur », qui fut à l'origine une conférence prononcée lors d'un congrès de psychanalyse. Il est suivi des échos qu'il a suscités chez des lecteurs philosophes, sociologues ou médecins. Ces lectures mettent en évidence la richesse de ce texte datant de 1992 et la force de ces lignes directrices qui permettent d'interroger à nouveau frais la relation à l'homme souffrant, que ce soit dans le cadre d'une relation médicale ou dans la perspective d'une anthropologie philosophique. Quelle « compréhension du souffrir » est possible et comment la repenser dans le cadre d'une réflexion sur l'éthique médicale et plus généralement sur les enjeux du soin aujourd'hui ? Ce texte dont la profondeur et la pertinence nous offrent des points d'analyse précieux est plus que jamais nécessaire.
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Les possibilités en matière de prédiction génétique, ouvertes par les technologies biomédicales, suscitent à la fois espoir et inquiétude. Elles soulèvent également d'importants enjeux subjectifs car elles interrogent profondément notre rapport à l'origine et notre conception du possible. François Ansermet s'appuie à la fois sur les questions cliniques suscitées par l'usage de la prédiction génétique et sur des références littéraires et mythologiques pour interroger les bouleversements produits et ouvrir une réflexion sur l'impact de ces avancées biotechnologiques. Ce que révèle la clinique, c'est que l'origine peut sans cesse être rejouée dans les tourbillons du devenir. L'enfant ne cesse de s'inventer à travers ses propres réponses, singulières et inattendues. Entre le passé et le futur, la béance du présent offre à chaque sujet la possibilité d'un acte qui l'amène au-delà de ce qui avait été prédit. L'enfant, par ses choix, résiste à ce qui le détermine : son devenir reste imprévisible. Mais du mythe de l'oracle aux cas les plus contemporains de prédiction génétique, l'enfant à naître, dès lors qu'une société prétend le « prédire », nous oblige à une vigilance critique sur le statut des possibles aujourd'hui.
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Pourrait-on endurer le pire, si l'on n'attendait le meilleur ? C'est l'interrogation qui relie ces quatre études qui ont pour objet la douleur physique, la douleur morale, la douleur de vieillir, enfin le rapport entre la douleur et l'art. Une telle attente ne sait pas ce qu'elle attend. Le plus souvent, elle s'ignore elle-même. Elle est non un sentiment particulier mais une forme universelle du temps humain. Cette forme, cependant, resterait vide, si l'on ne pouvait identifier plus précisément les contraires du pire. Ils ont ici pour noms parole, mémoire, musique et amour. Envisagés comme des dimensions du soin dû à l'homme souffrant, ils répondent diversement à son appel.
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Cette plongée au coeur de la pratique médicale permet de traiter de la matière brute de l'expérience du clinicien, aux prises avec une réalité critique dans laquelle il doit agir. Tension vers la créativité quand elle stimule l'intelligence pratique, l'incertitude peut aussi précipiter la pratique dans l'excès technique standardisé. Refusant la dichotomie stérile entre science et art, cet ouvrage décrit la clinique comme un ensemble de gestes et de paroles ajustés à une situation singulière, expression d'un savoir-y-faire qui incorpore l'éthique comme tact. Le traitement du corps est indissociable de l'accueil de la parole, la confiance inséparable de l'absence de garantie, l'autonomie du patient insécable de la liberté du médecin.
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Le soin en premiere ligne
Frédéric Worms, Jean-christophe Mino, Martin Dumont
- PUF
- Questions de soin
- 13 Janvier 2021
- 9782130827429
Alors que le monde est secoué par les effets dévastateurs d'une pandémie, la question du soin est plus que jamais au coeur des enjeux de notre société. Les auteurs et interlocuteurs de la collection « Questions de soin » prennent la parole et proposent ici leur contribution à cette réflexion, comme autant de jalons pour l'avenir. Au-delà de l'intervention, sur le moment, il faut en effet reprendre et s'appuyer sur le temps de la recherche, de la pratique, de l'enseignement à tous niveaux, du débat public sur le long terme, qui sera aussi celui de cet événement hors-normes.
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Voix du soin en contexte traumatique
Françoise Davoine
- PUF
- Questions de soin
- 1 Septembre 2021
- 9782130830665
Des témoignages recueillis auprès de soignants durant la pandémie évoquent les principes de la « psychothérapie de l'avant » pratiquée par de futurs analystes de la folie et des traumas mobilisés dans les hôpitaux militaires de la Grande Guerre (1914-1918). De cette orientation de la psychanalyse largement ignorée en France, Françoise Davoine saisit l'occasion de retracer les principes au fil d'une enquête sur ses traces dans l'histoire de la discipline. À plusieurs reprises, en effet, Freud a affirmé l'existence d'un inconscient non refoulé, fait d'images sensorielles intenses s'imposant dans une temporalité au présent. Cet inconscient dissocié et sa thérapie sont décrits dans les oeuvres d'écrivains au retour de la guerre comme dans les pratiques rituelles des culture animistes. Cette approche à la fois « nouvelle » et très ancienne consistant à entrelacer des mots, dans le transfert, aux images sensorielles intempestives, est une constante dans le soin psychique de la folie et des traumas depuis l'Antiquité.
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Soin et bioéthique ; réinventer la clinique
Lazare Banaroyo
- PUF
- Questions de soin
- 19 Mai 2021
- 9782130827443
Cet ouvrage cherche à retisser les liens unissant éthique et médecine, distendus par l'avènement de la bioéthique. Si cette nouvelle figure de la responsabilité éthique, à l'allure d'une déontologie défensive, assure une protection de la dignité des patients des risques de dérives, elle tend cependant à compromettre le primat de l'engagement moral du médecin face à l'appel à l'aide mobilisant un soin relationnel, nourri par un dialogue interhumain de confiance, sans lequel le fondement éthique de l'activité clinique serait dénué de tout point d'appui authentique. Comment dès lors repenser une clinique portée par une éthique qui articule ces deux figures du soin irréductibles l'une à l'autre et pourtant indissociables dans la pratique de la médecine ? Pour relever ce défi, cet ouvrage, puisant aux sources des pensées de Paul Ricoeur et d'Emmanuel Lévinas, propose une philosophie du soin animée par une éthique de l'hospitalité et de la disponibilité, qui intègre ces deux figures paradoxales du soin en les articulant dans le cadre de l'exercice d'une sagesse pratique.
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Soigner et tenir dans la pandémie
Céline Lefève, Jean-christophe Mino
- PUF
- Questions de soin
- 15 Juin 2022
- 9782130834151
Depuis le printemps 2020, il nous a fallu tenir ensemble face à la pandémie. Cela a été l'occasion d'éprouver nos valeurs et nos priorités. Plutôt que faire la guerre au virus, soigner et prendre soin sont ressortis comme faisant partie des choses les plus « essentielles » dans nos vies individuelles et collectives. Pour autant, le soin, rudement mis à l'épreuve, n'a pas encore été suffisamment reconnu, pensé et revalorisé. A partir de ce constat, cet ouvrage issu d'expériences variées - y compris de patients - et mobilisant des disciplines différentes (médecine, sciences humaines et sociales, philosophie) éclaire ce à quoi nous tenons dans le soin à l'aune de cette épreuve collective.
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Pendant douze ans, Todd Meyers a partagé le quotidien d'une femme, aux États-Unis, souffrant de plusieurs maladies chroniques. À partir de cette enquête ethnographique, il montre avec finesse et profondeur comment maladie chronique et vie quotidienne en viennent à s'entrelacer au point de se confondre. L'auteur n'adopte pas ici la perspective du médecin ou du chercheur en santé publique, mais celle de l'anthropologue qui s'attache à décrire l'expérience vécue d'une femme et à faire le récit de cette vie singulière. Il observe la manière dont la maladie chronique s'installe dans son foyer, bouleverse les relations de soin au sein de la famille et crée des situations de précarité économique et sociale auxquelles les services de santé répondent difficilement. Todd Meyers offre un regard original sur le concept médical émergent de comorbidité, en décrivant la manière dont la personne malade donne sens à ses maladies, ses traitements, au temps et à son existence marquée par l'incertitude. Il propose enfin une réflexion émouvante sur la relation de l'anthropologue à son objet d'étude, une femme de chair et de souffrance.
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Cet ouvrage analyse tous les enjeux politiques du soin, au-delà de ce qu'on appelle la politique de soin : chaque dimension du soin (secours et soutien, travail et pouvoir, solidarité, souci) appelle en fait une politique qui traverse toutes les dimensions de nos sociétés et de nos vies. Il ne faut donc pas réduire le soin au seul secours et se demander si « la politique » doit le prendre en charge de façon minimale ou maximale, suscitant les spectres idéologiques du chacun pour soi ou de « l'assistanat ». Il faut au contraire analyser soigneusement les différents aspects du soin, et montrer qu'à chacun d'eux correspond une tâche politique précise. Ainsi, le secours appelle une prise en charge matérielle et sociale immédiate, tandis que le soutien subjectif appelle la construction de cadres ; le pouvoir médical appelle des limites, le travail social une reconnaissance ; la solidarité n'est pas seulement prestation mais aussi liberté et égalité ; le soin est enfin souci du monde, naturel et humain. Ce livre bref, synthétique, vise à ouvrir un nouvel espace de travail théorique et pratique pour le moment présent.
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Penser le soin avec Simone Weil
Martin Dumont, Nathalie Zaccaï-Reyners
- PUF
- Questions de soin
- 21 Mars 2018
- 9782130804444
« L'amour de Dieu et le malheur » de Simone Weil pose de manière tranchante la question du soin qui peut être apporté aux êtres humains dans le malheur, interrogeant la possibilité de l'amour qui se dessinerait néanmoins dans la plus profonde détresse. Et ce alors même que le malheur semble interdire toute capacité à aimer encore, jusqu'à susciter le dégoût. Que peut encore le soin dans ces situations extrêmes ? Touche-t-il ici ses limites ? Encore faut-il apprendre à percevoir le malheur lui-même, qui sait si bien se rendre invisible et dont nous détournons volontiers le regard ; Simone Weil nous y enjoint. Prenant appui sur leur expérience propre, des médecins, philosophes, sociologues et écrivains proposent une réception du texte de Simone Weil à la coloration à chaque fois spécifique, participant à un approfondissement des questions les plus contemporaines et les plus urgentes pour penser le soin. C'est également un apport essentiel et pourtant peu connu de la pensée de Simone Weil qui est ici exploré.
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La violence des tensions liées à la situation, malcommode pour le médecin et sidérante pour le patient, d'une annonce de maladie, marque bien souvent le véritable début de la maladie pour le patient et fragilise la relation médicale. Elle est d'autant plus choquante que ce sont ici les mots, qu'on oppose habituellement à la violence, qui ont des effets délétères. Cela explique que la maladie puisse être mal annoncée, ajoutant au mal déjà présent. Il s'agit alors de rappeler que le langage a bien une origine éthique : on parle à autrui dans la perspective d'une sollicitude pour lui. Annoncer demande de renouer sans cesse avec cette origine et exige un engagement à chaque fois renouvelé du médecin, qui doit lui-même être soutenu dans cette épreuve.
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Soin du corps, soin de soi
Jean-christophe Mino
- PUF
- Questions de soin
- 1 Septembre 2018
- 9782130811565
Le corps, centre névralgique de notre vitalité, conditionne l'ensemble de notre vécu. De fait, qu'est-ce que la maladie, si ce n'est l'entrave de notre puissance d'agir, une atteinte directe à notre « corporéité » ? En parallèle de l'approche classique sur le traitement médical, l'ouvrage développe une nouvelle théorie, s'appuyant sur de nombreuses recherches scientifiques, autour des bienfaits de l'activité physique adaptée, afin de lutter contre les pathologies et les conséquences du vieillissement. Bien plus qu'une simple méthode pour réparer un « corps machine », l'activité physique adaptée permet de saisir la santé comme l'expérience d'un « corps vivant », à la fois individuelle et singulière. Ainsi par-delà ses vertus thérapeutiques, le programme d'APA offre aux patients la possibilité de retrouver le sentiment d'unité et de complétude, abîmé par la maladie.
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La mort et le soin, autour de Vladimit Jankélévitch
Elodie Lemoine, Jean-Philippe Pierron
- PUF
- Questions de soin
- 4 Mai 2016
- 9782130785590
En 1966, Vladimir Jankélévitch a proposé d'examiner l'indomptable sujet de la mort, en tentant d'en proposer une approche restituant les éléments d'une pensée avant, pendant et après la mort. Les soins palliatifs, en tant qu'ils accompagnent toujours singulièrement des existences en fin de vie, doivent composer quotidiennement avec l'incertitude devant laquelle nous installe la question mortelle. Aidés des enjeux développés par le philosophe, les différents textes présents dans cet ouvrage proposent chacun à leur façon, un regard sur cette question délicate de la fin de vie, quand il s'agit de l'interroger, de la penser et surtout de l'accompagner.
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En médecine, la technique est souvent opposée à la relation, en particulier en réanimation et soins intensifs. Cet ouvrage montre que les termes de cette opposition doivent être reposés grâce à une analyse de l'approche du malade au sein d'une unité de soins intensifs. Celle-ci est caractérisée au quotidien par la manière d'agencer un ensemble de tâches : attitude générale, disponibilité, manière de se comporter, de mener l'examen clinique et les examens complémentaires, d'interroger et d'écouter, d'être attentif (ou non) à leur expérience, de répondre et expliquer (ou non), de prendre en compte leur point de vue, d'organiser les décisions, d'éviter de nuire, de prescrire certains traitements, de mettre en oeuvre les gestes sur le corps etc. Ainsi, l'orientation des pratiques techniques à l'égard des patients apparaît comme le fruit d'un véritable travail visant à personnaliser (ou non) les soins. Ces pratiques ne s'inscrivent pas dans le registre d'être « bon » ou « gentil », elles s'ancrent dans l'exercice même du métier et sont constitutives de la professionnalité. Bien différentes d'un supplément d'âme, elles permettent de réaliser l'équilibre qui caractérise l'activité soignante entre objectivation, activisme et compassion.
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La relation maternelle constitue une norme vitale d'existence. Aucun animal, surtout parmi les animaux supérieurs, ne peut vivre sans relation sécurisante. La théorie de l'attachement et la psychanalyse généralisent les données éthologiques à l'humain : le développement de la subjectivité humaine est intimement lié à l'adaptation des soins aux rythmes corporels et à la subjectivité du nourrisson. C'est pourquoi le soin adapté constitue une norme vitale et morale d'existence pour l'homme.Nous sommes habitués à assimiler la relation maternelle à la catégorie de « mère » et à penser la « mère » à partir de la distinction sociale du paternel masculin et du maternel féminin. Pourtant, l'expansion de la vie et de la subjectivité humaine requiert moins du féminin que du maternel, c'est-à-dire moins un objet spécifique qu'une relation de soin adaptée. Déconstruire la catégorie sociale de « mère » doit donc nous conduire à placer au centre la relationnalité d'une vie qui, ne possédant pas d'être substantiel, dépend vitalement des relations. Déconstruire la « mère » constitue le maternel en objet central de la vie et de la pensée.
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L'analyse philosophique d'un chef d'oeuvre d'Akira Kurosawa, Barberousse (1965), qui conte la formation clinique d'un jeune médecin, montre que l'essence de la médecine réside dans le soin, celui-ci comprenant tout autant la compréhension et l'accompagnement des malades que la lutte contre les maladies. Barberousse rappelle aussi que le soin demande d'écouter les récits de vie des malades et de porter attention, selon les termes du philosophe Georges Canguilhem, à la subjectivité de leur expérience vécue. Dès lors, c'est plus largement l'apport de la narration et de la fiction cinématographiques à la formation et à la réflexion éthique de nos futurs médecins et professionnels de santé qui est démontré. L'ouvrage plaide pour une rénovation de la formation médicale dans laquelle cinéma et philosophie s'allieraient pour interroger les pratiques et les relations médicales et pour mieux cerner les fins, les valeurs et les difficultés du soin. Cinéma et philosophie peuvent aider les soignants à imaginer l'histoire et la vie des malades, à les regarder non seulement comme des patients mais aussi comme des sujets psychiques, politiques et sociaux et, dans cette rencontre, à s'exercer à se projeter eux-mêmes en situation de malades.
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L'expérience de la maladie nous confronte aux limites du langage. Que peut-on dire de l'expérience de la maladie, de son accompagnement et de son soin ? Fruit d'une journée d'étude consacrée aux récits de maladie, entre philosophie, littérature et médecine, cet ouvrage réunit des chercheurs, soignants et patients. Il s'agit ici de questionner le rapport au « dire » de la maladie, en croisant les savoirs et les expériences. Que peut-on dire de la maladie ? La maladie peut-elle-même se dire ? En partant des difficultés qui conditionnent l'accès à la parole dans la maladie, les récits qui s'en dégagent questionnent, en miroir, ce que la maladie fait au langage, et ce que la parole peut faire dans la traversée de la maladie.