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PUF
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D'écrivain comblé et adulé, il était devenu un exilé se plaignant auprès de Romain Rolland de ne plus recevoir de courrier. Admirant profondément Montaigne mais aussi Nietzsche, Dostoïevski et Freud, Stefan Zweig souffrait d'être si peu semblable à ses modèles. C'est dans la petite ville brésilienne de Petropolis, qu'il lit passionnément Montaigne pour y trouver la voie de sa liberté intérieure, la force d'assumer son ultime décision. Il lui consacre son dernier essai avant de se donner la mort, qui reprend la question fondamentale de Montaigne : comment vivre libre dans la tourmente de l'histoire ? Un livre capital, qui peut être considéré comme l'adieu d'un humaniste du XXe siècle, vaincu par le désespoir. Préface d'André Comte-Sponville.
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Pourquoi une idée - un concept ou une image - provoque-t-elle la contraction des muscles du visage, secoue le corps et transforme le flux respiratoire en sons bruyants et saccadés ? L'individu rit sans savoir pourquoi il rit, et ne s'en inquiète guère. C'est que l'homme aime tant à rire qu'il n'y a rien qu'il ne parvienne à rendre comique. Ainsi, la méthode employée par Bergson ne consiste pas tant à définir le comique qu'à déterminer ses «?procédés de fabrication?». Alors que son objet peut sembler mineur et frivole, cet essai n'est rien de moins qu'un essai sur le fonctionnement de l'imagination humaine, collective et sociale. Nul besoin de connaître la pensée de Bergson pour apprécier ce petit livre à la trajectoire singulière, écrit dans une langue claire et élégante qui en fait un véritable chef-d'oeuvre. Préface de Camille Riquier
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La Poétique de l'espace explore, à travers les images littéraires, la dimension imaginaire de notre relation à l'espace, en se focalisant sur les espaces du bonheur intime. Le « philosophe-poète » que fût Gaston Bachelard entend ainsi aider ses lecteurs à mieux habiter le monde, grâce aux puissances de l'imagination et, plus précisément, de la rêverie. Aussi l'ouvrage propose-t-il tout d'abord une suite de variations poético-philosophiques sur le thème fondamental de la Maison, de celle de l'être humain aux « maisons animales » comme la coquille ou le nid, en passant par ces « maisons des choses » que sont les tiroirs, les armoires et les coffres. Il ouvre de la sorte une ample réflexion sur l'art d'habiter le monde, impliquant une dialectique de la miniature et de l'immensité, puis du dedans et du dehors, qui s'achève par une méditation des images de la plénitude heureuse, condensant les enjeux anthropologiques, métaphysiques et éthiques de cette oeuvre sans précédent.
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Le droit de rêver : Édition établie par Jean-Philippe Pierron
Gaston Bachelard
- PUF
- Quadrige
- 20 Mars 2024
- 9782130814290
Florilège d'écrits publiés sur une période de plus de vingt ans, Le Droit de rêver, édité à titre posthume en 1970, donne à découvrir ou à redécouvrir la philosophie de Gaston Bachelard à travers de courts textes inspirés d'oeuvres plastiques (Monet, Chagall, Flocon...) ou littéraires (Poe, Éluard, Paulhan...) qui interrogent la dimension sensible de nos existences. Ainsi y trouvera-t-on des réflexions inspirées sur la rêverie solitaire ou radiodiffusée, sur le rêve nocturne et la méditation, à la croisée des savoirs les plus variés (physique, métaphysique, psychologie, anthropologie...). Augmentée d'un dossier critique, cette nouvelle édition précise les sources textuelles et iconographiques des oeuvres commentées. Elle réinscrit cette pensée dans le tissu des amitiés et des engagements d'un philosophe résolu à se faire le contemporain des créations culturelles les plus avancées de son époque. Au-delà de leur stimulante variété, ces écrits nous conduisent au coeur d'une philosophie de l'imagination attachée à promouvoir une esthétique subversive, aux enjeux éthiques et politiques insoupçonnés.
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Contrairement à ce que le titre a souvent pu laisser penser, il ne s'agit pas d'un livre sur les enfants surdoués. On y trouvera par contre une recherche autour de l'interrogation : pourquoi tant d'adultes doués, qui réussissent dans la vie, souffrent-ils de se sentir étrangers à eux-mêmes, intérieurement vides ? Depuis la première parution de ce livre en 1979, les réponses d'Alice Miller à cette question ont aidé de nombreux lecteurs à trouver un accès à leur propre histoire et à découvrir que la partie précieuse de leur Soi leur était restée cachée jusqu'alors (leur « drame »). Ses lecteurs sont encouragés à chercher les raisons de leur souffrance actuelle dans leur histoire, l'histoire du petit enfant qui ne devait vivre que pour les besoins de ses parents en ignorant ou niant ses propres besoins. Au lieu de payer plus tard avec des dépressions et de nombreuses maladies corporelles pour cette auto-mutilation, l'adulte peut s'en libérer en trouvant l'empathie pour l'enfant qu'il a été et pour sa souffrance muette. Aussitôt qu'il assume sa vérité, bloquée si longtemps dans son corps, il peut commencer à regagner, pas à pas, sa vitalité, la vie authentique qu'il n'avait pas osé vivre.La perception par l'auteur du vécu réel de l'enfant n'est plus en lien avec celle de la psychanalyse, à laquelle Alice Miller reproche de rester dans la vieille tradition qui accuse les enfants et protège les parents, autant dans la théorie que dans la pratique où les rapports des traumatismes réels sont interprétés comme fantasmes.
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De la division du travail social ; les règles de la méthode sociologique ; les formes élémentaires de la vie religieuse ; le suicide
Emile Durkheim
- PUF
- Quadrige Grands Classiques
- 25 Septembre 2024
- 9782130869511
L'ambition des Grands classiques est de réunir en un volume l'essentiel de l'oeuvre d'un auteur dans une charte élégante et dans un format facilement manipulable. De la division du travail social (1893) o Les règles de la méthode sociologique (1895) Le suicide (1997) o Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912) L'ordre chronologique des oeuvres a été privilégié pour préserver la cohérence de l'ensemble et mettre en lumière l'évolution de la pensée de l'auteur.
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Recueil d'articles dont la première édition a été publiée en 1972 dans la collection Bibliothèque française contemporaine. L'Engagement rationaliste suit l'intégralité de la trajectoire de Gaston Bachelard. Composé, titré et préfacé par Georges Canguilhem, ce recueil s'ouvre avec un manifeste épistémologique révolutionnaire (« Le surrationalisme ») rédigé en soutien au Front populaire, et s'achève avec l'éloge de Jean Cavaillès, l'ami chef de la Résistance assassiné par les nazis, manifestant ainsi le caractère engagé de l'épistémologie. Cet engagement consiste en premier lieu à suivre la science dans ses progrès : « il faut que le rationaliste soit de son temps, et j'appelle de son temps, du temps scientifique, de la science du temps que nous vivons actuellement ». Un tel rationalisme révise ses connaissances, ses méthodes et jusqu'à ses principes. Il ne lutte pas seulement contre le sens commun, mais aussi contre des normes de scientificité héritées du passé. Cette posture résolument progressiste résonne avec d'autres positions avant-gardistes. La présente édition, présentée et commentée par Vincent Bontems, précise l'origine des textes, restitue leur contexte, et identifie la source des citations et des concepts, afin d'éclairer le sens des engagements de la pensée et de l'existence de Bachelard.
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Sexe, genre et sexualités : introduction à la philosophie féministe
Elsa Dorlin
- PUF
- Quadrige
- 5 Avril 2023
- 9782130842576
Le présent volume porte sur les philosophies féministes de ces cinquante dernières années, dont la richesse et l'engagement en font l'un des champs les plus novateurs de la recherche philosophique actuelle : le féminisme marxiste, le féminisme « post-moderne » et la théorie queer, l'épistémologie, l'éthique féministes, l'histoire et la philosophie féministes des sciences, le black feminism et l'intersectionnalité. L'ensemble de ces pensées constitue un vaste corpus riche d'outils critiques pour réfléchir à nouveaux frais sur de nombreux enjeux de la philosophie mais aussi pour éclairer les débats contemporains sur le genre et la sexualité, la matérialité des rapports de pouvoir comme leur articulation et leur représentation dans la modernité, les violences sexuelles et le sexisme.
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Ce volume rassemble les principales études consacrées par Étienne Balibar à la philosophie de Spinoza, dans son rapport intrinsèque à la politique. Partant de la thèse que Spinoza avait reprise de Tacite (la « crainte des masses »), il aboutit à une interprétation renouvelée des modes de communication et des genres de vie, que résume la triple explication du Nom divin : Dieu c'est la Loi, Dieu c'est l'Homme, Dieu c'est la Nature. Pour accomplir cette transition, il faut parcourir plusieurs espaces théoriques : la construction de la démocratie comme limite des régimes étatiques, où s'exprime la puissance de l'être en commun ; l'ontologie du transindividuel, qui affirme le primat de la relation sur l'être isolé ; enfin la constitution du sujet comme une conscience recherchant l'intelligence des affections de son propre corps. Cette enquête permet alors d'approfondir la conception de l'anthropologie philosophique que l'auteur défend dans le cadre du débat contemporain sur l'actualité du spinozisme.
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Les livres Alpha, Bêta, Gamma et Delta de la Métaphysique forment un ensemble cohérent consacré à la « philosophie première », qu'Aristote définit comme « la science de ce qui est en tant qu'il est ». Les livres Epsilon et Petit alpha, qui sont les deux livres les plus brefs du recueil qu'est la Métaphysique, proposent deux développements à cette enquête sur la philosophie première. Petit alpha décrit la philosophie comme contemplation de la vérité et connaissance des causes et principes. Epsilon, pour sa part, revient sur la science de ce qui est en tant qu'il est, pour en distinguer la connaissance de ce qui est « par accident ». C'est l'occasion pour Aristote de prononcer l'une des phrases les plus fameuses de son oeuvre, en désignant la philosophie comme une science des choses divines, une science « théologique ».
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Définir, après les avoir identifiés, les termes juridiques de la langue française, tel est l'objet de ce Vocabulaire juridique. S'appuyant sur un premier travail réalisé par Henri Capitant en 1936, Gérard Cornu a développé « une oeuvre nouvelle par ses entrées, sa méthode, ses auteurs... L'éminente vocation du Vocabulaire juridique est de saisir, dans les définitions, les catégories du droit. » Plus qu'une série de définitions de termes et d'expressions, ce Vocabulaire est un outil de consultation et de recherche indispensable aux juristes, mais aussi un instrument de culture générale nécessaire à la compréhension de notre société, dans laquelle le rôle du droit ne cesse de croître. Depuis sa première édition en 1987, son succès ne s'est jamais démenti. Il s'explique non seulement par la pertinence des définitions, mais aussi par les mises à jour régulières, car le droit est une discipline vivante. Une liste explicative des maximes et adages de droit français, dont certains en latin, complète l'ouvrage.
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Dictionnaire philosophique
André Comte-Sponville
- PUF
- Dictionnaires Quadrige
- 18 Août 2021
- 9782130804369
« J'aime les définitions. J'y vois davantage qu'un jeu ou qu'un exercice intellectuel : une exigence de la pensée. Pour ne pas se perdre dans la forêt des mots et des idées. Pour trouver son chemin, toujours singulier, vers l'universel. La philosophie a son vocabulaire propre : certains mots qui n'appartiennent qu'à elle, d'autres, plus nombreux, qu'elle emprunte au langage ordinaire, auxquels elle donne un sens plus précis ou plus profond. Cela fait une partie de sa difficulté comme de sa force. Un jargon ? Seulement pour ceux qui ne le connaissent pas ou qui s'en servent mal. Voltaire, à qui j'emprunte mon titre, a su montrer que la clarté, contre la folie des hommes, était plus efficace qu'un discours sibyllin ou abscons. Comment combattre l'obscurantisme par l'obscurité ? La peur, par le terrorisme ? La bêtise, par le snobisme ? Mieux vaut s'adresser à tous, pour aider chacun à penser. La philosophie n'appartient à personne. Qu'elle demande des efforts, du travail, de la réflexion, c'est une évidence. Mais elle ne vaut que par le plaisir qu'elle offre : celui de penser mieux, pour vivre mieux. C'est à quoi ces 2 267 définitions voudraient contribuer." Nouvelle édition intégralement revue et augmentée de 613 nouvelles entrées.
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Ce volume contient la Préface intégrale de la seconde édition de la Critique de la raison pure, des extraits de la première Critique et quelques passages des Prolégomènes, court texte très éclairant qui permet d'entrer plus facilement dans l'oeuvre kantienne. Il est également proposé un plan de l'ouvrage et un vocabulaire particulièrement utile.
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Essai sur le don : forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques
Marcel Mauss
- PUF
- Quadrige
- 23 Août 2023
- 9782130855866
Texte phare des sciences sociales, l'Essai sur le don, publié en 1925, a immé-diatement suscité de nombreux commentaires. Ouvrant la sociologie durkhei-mienne à l'analyse ethnographique, il inscrit les sociétés du Pacifique, du potlatch amérindien à la kula mélanésienne, en dialogue avec la culture occidentale. Dans sa présentation, Florence Weber le situe dans l'histoire scientifique et poli-tique du xxe siècle, et propose au lecteur d'explorer l'archipel méconnu de ce que l'on appelle les « prestations sans marché ». Parce qu'elle place les notes savantes en fin de texte, cette édition, que re-commandait Marcel Mauss, simplifie considérablement la lecture.
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Le Rationalisme appliqué, publié en 1949, suit des ouvrages connus du grand public : Le Nouvel Esprit scientifique (1934), La Formation de l'esprit scientifique (1938) et La Philosophie du non (1940). C'est un livre de maturité. Bachelard y concentre les thèses essentielles de sa philosophie des sciences. Mais leur portée ne se limite pas à éclairer les sources, les méthodes et les résultats des sciences jusque dans les régions spécialisées du savoir. Elles touchent l'histoire des sciences, la cité scientifique, les systèmes philosophiques, l'école, l'éducation, la culture, jusqu'à la destination de l'homme. En effet, la réflexion bachelardienne sur le rationalisme appliqué dépasse la seule épistémologie pour proposer une leçon de vie en écho à celle issue de sa réflexion sur l'imagination poétique.
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Essais moraux, politiques et littéraires : Et autres essais
David Hume, Jean-Pierre Cléro
- PUF
- Quadrige
- 23 Octobre 2024
- 9782130866039
Par leur diversité, la profondeur de la réflexion et l'élégance du style, ces essais servent parfaitement le dessein de Hume : celui d'élaborer une philosophie pratique, étroitement liée à la vie commune. Quelques titres de ces essais : La Délicatesse de goût et la délicatesse de passion, De la liberté de la presse, De l'impudence et de la modestie, De l'amour et du mariage, De l'étude de l'histoire, De l'indépendance du Parlement...
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Quoi que nous pensions, nous continuons d'appartenir à notre siècle par les croyances et par le fait de ne plus croire - ou de ne pas donner notre confiance au monde. Cette foi pourtant vitale semble nous être aujourd'hui interdite. Dans une époque désorientée, nous ne pourrons peut-être sauver que le désir de croire?: rien ne nous dit que nous retrouverons la croyance. Cette impuissance annonce un temps de dangereuse crédulité. Il nous faut donc tout réapprendre. C'est à cette tâche que la philosophie doit s'atteler en prenant le contrepied de sa tendance lourde?: en se mettant en quête de croire aussi résolument qu'elle avait cherché à savoir. C'est à ce prix que la traversée du nihilisme est possible.
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« Ce livre repose sur un double postulat : l'un est que Platon est principalement un philosophe ; l'autre est que, à ce titre, il a ou essaie d'avoir une doctrine. [...] De ce double postulat découle le plan de ce livre : un exposé de l'oeuvre, comportant d'une part une distribution systématique des idées (dont on ne méconnaît pas l'enchevêtrement réel), et, d'autre part, une histoire de ces mêmes idées, c'est-à-dire que, dans chacun des domaines sur lesquels, une fois dissociés, on les aura groupées, on cherchera à dessiner la courbe probable de leur évolution. » (Léon Robin)
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Tombé presque par hasard sur l'année 1938, un philosophe inquiet du présent est allé de surprise en surprise. Au-delà de ce qui est bien connu (les accords de Munich et la supposée «faiblesse des démocraties »), il a découvert des faits, mais aussi une langue, une logique et des obsessions étrangement parallèles à ce que nous vivons aujourd'hui. L'abandon de la politique du Front populaire, une demande insatiable d'autorité, les appels de plus en plus incantatoires à la démocratie contre la montée des nationalismes, une immense fatigue à l'égard du droit et de la justice : l'auteur a trouvé dans ce passé une image de notre présent. Récidive ne raconte pas l'histoire de l'avant-guerre. Il n'entonne pas non plus le couplet attendu du « retour des années 30 ». Les événements ne se répètent pas, mais il arrive que la manière de les interpréter traverse la différence des temps. En ce sens, les défaites anciennes de la démocratie peuvent nous renseigner sur les nôtres. Récidive est le récit d'un trouble : pourquoi 1938 nous éclaire-t-elle tant sur le présent ?
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Philosophie de Péguy ou les mémoires d'un imbécile
Camille Riquier
- PUF
- Quadrige
- 22 Mai 2024
- 9782130794554
L'ambition de ce livre est de fournir à la philosophie de Péguy l'« appareil » capable de manifester le plus fidèlement possible le « profond ordre intérieur » qui tient ensemble la multitude de textes qui a jailli génialement de sa plume. Loin de pointer les contradictions d'un homme, il s'agit de suivre la continuité et la cohérence d'un chemin, par-delà toutes les ruptures apparentes, qui se déroule selon un drame chrétien. L'état d'innocence, d'abord, la pureté de son combat socialiste et une jeunesse saisie par l'événement de l'Affaire Dreyfus et tenue par la venue imminente de la cité harmonieuse. La chute, ensuite, avec l'histoire de la décomposition du dreyfusisme et l'enfer du monde moderne. Le salut, enfin, avec le retour de la foi catholique et les nouvelles ressources que lui prodigue la vertu d'espérance.
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Penser le temps peut aider à mieux vivre, à condition de se défaire des métaphores qui assimilent la durée à un flux ininterrompu ou à une continuité mélodique. Contre Bergson, Bachelard soutient que la durée, loin d'être un tissu indéchirable, une enveloppe qui nous berce ou qui nous porte, a un caractère essentiellement composite. Elle se forme sur la base discontinue des actes de l'esprit. Pour vérifier cette thèse, Bachelard aborde tour à tour la psychologie de la mémoire et de l'action volontaire, les formes de la causalité en physique, l'observation des phénomènes quantiques, l'esthétique musicale et poétique, les compositions temporelles du sentiment, de la pensée abstraite et de la vie morale. Il en dégage cette leçon générale : durer, c'est ordonner de loin en loin des instants actifs ; c'est composer des rythmes. L'approfondissement métaphysique de cette idée conduit Bachelard à dégager ce qu'il tient pour le noyau « dialectique » de l'expérience temporelle, et plus généralement de la vie de l'esprit : l'oscillation entre activité et repos, être et néant. Le projet de « rythmanalyse » sur lequel débouche cette étonnante enquête suggère que le secret philosophique du repos est dans une existence bien rythmée. De nombreuses applications permettent d'en vérifier l'idée : de l'homéopathie à la chronobiologie, en passant par le travail poétique des ambivalences sentimentales ou l'analyse de « l'état lyrique ». Accompagnée d'une présentation, de notes explicatives, d'une table analytique, d'un index et d'une bibliographie, cette édition permettra à chacun de prendre la mesure de l'originalité et de l'audace d'un essai de philosophie expérimentale qui n'a rien perdu de son actualité depuis sa première publication en 1936.
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Les textes présents dans ce volume sont tous issus de la Critique du jugement, classés par ordre croissant de difficulté. Ainsi, la première partie propose des textes d'un caractère descriptif, ou analytique, sélectionnés dans les passages les plus riches d'exemples, et qui n'exigeaient que peu d'explication. Cette partie se veut plus abordable que la seconde, qui rassemble des textes plus abstraits où se trouvent énoncés les problèmes du jugement esthétique et les solutions que permet la philosophie transcendantale : déduction du jugement de goût, résolution de l'antinomie, référence finale au suprasensible. Un plan de la troisième critique et un vocabulaire très utile et éclairant accompagnent ces extraits.
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Dans ce cours prononcé en 1904-1905, créé quinze ans plus tôt, et édité par Maurice Halbwachs et Marcel Mauss en 1938, Émile Durkheim décrypte l'histoire de l'enseignement secondaire en France depuis ses origines. Cette édition critique inédite va dans le sens de la clarification et de l'homogénéisation de l'oeuvre de Durkheim, entre ses cours, conférences, articles, notices, contributions diverses, ouvrages, préfaces, thématiques, etc., trop souvent faussement éparpillés ou cloisonnés. Il existe bel et bien une véritable sociologie de l'éducation de Durkheim, par ses orientations et ses délimitations, elle-même en lien direct avec une sociologie générale. La portée de ce texte de « sociologie pédagogique » (Halbwachs) est moins pédagogique, historique, ou politique, que scientifique.
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« Saisir la pensée scientifique contemporaine dans sa dialectique et en montrer ainsi la nouveauté essentielle, tel est le but philosophique de ce petit livre. » Cette phrase de Gaston Bachelard donne l'ambition du projet. En prenant pour modèle la révolution axiomatique des géométries non-euclidiennes, Bachelard démontre dans cet ouvrage publié pour la première fois en 1934 la nouveauté des théories physiques contemporaines - théorie de la relativité restreinte et générale et mécanique quantique. Celles-ci ont modifié les bases du savoir et rompu avec les représentations classiques. Bachelard en induit la nécessité de réviser en profondeur nos conceptions métaphysiques et les images qui s'y rattachent. Il analyse ainsi comment la relativité einsteinienne transforme les notions de temps et d'espace et la microphysique périme la notion de « chose ». À la lumière de ses analyses, la méthode scientifique apparaît comme « non-cartésienne », c'est-à-dire qu'elle ne s'appuie plus sur un fondement absolu et des idées simples mais consiste, au contraire, à réviser constamment ses hypothèses pour mieux épouser la complexité des phénomènes.