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Gallimard
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Rétro-chaos est le récit de vie de Daniel Cordier qui serait demeuré s'il n'avait pas eu le temps de publier Alias Caracalla. Au début des années 2000, il subit une lourde opération. Il profite de sa convalescence pour dresser un bilan. C'est toute son existence qu'il retrace alors, depuis son enfance entre parents divorcés et "séquestration" en pension jusqu'à l'écriture d'Alias Caracalla. Mêlant avec sa spontanéité habituelle anecdotes inédites et réflexions rétrospectives, il raconte la genèse de son engagement à l'extrême droite et la façon dont il s'en déprit sous l'influence de la France libre et de la Résistance. Il évoque non seulement Jean Moulin, son patron vénéré, mais également la très jeune équipe du secrétariat clandestin aux prises avec le dénuement et la peur. Il revient sur ses rapports compliqués avec son autre "grand homme", Jean Dubuffet, au temps où il était un acteur majeur du marché de l'art contemporain. Il explique enfin, de manière détaillée et concrète, comment il se fit historien au fil de sa monumentale biographie de Jean Moulin et comment il reprit possession de son passé en travaillant à Alias Caracalla. Au terme de ce livre, il se demande s'il a vécu "une vie pour rien". Au lecteur de trancher.
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Amateur d'art : Alias Caracalla 1946-1977
Daniel Cordier
- Gallimard
- Témoins
- 25 Janvier 2024
- 9782073015204
Daniel Cordier a eu plusieurs vies. Alias Caracalla se poursuit donc après la guerre. L'ancien secrétaire de Jean Moulin se tourne vers l'art. Il commence une collection avec des oeuvres de De Staël ou Hartung, puis ouvre des galeries à Paris, New York et Francfort, où il expose Dubuffet, Rauschenberg et la fine fleur des surréalistes. Il voyage aussi et nous fait vivre deux séjours mouvementés dans l'Union soviétique des débuts de la déstalinisation. Sur un dernier coup d'éclat, il ferme sa galerie parisienne et se lance dans deux tours du monde pour écrire une histoire universelle de l'art avec Stéphane Hessel. Mû par un besoin d'engagement et d'action toujours aussi présent, il envisage de reprendre les armes pour défendre la République contre les factieux de l'Algérie française, et mêle expositions provocatrices et militantisme pour l'art contemporain jusqu'à se trouver enrôlé dans la création du Centre Beaubourg.
Des pages inédites et illustrées de la vie de Daniel Cordier, fidèle à lui-même : combatif, passionné, sincère et drôle. -
Tôkyô-Bohème : Au fil des rencontres (1970-2024)
Philippe Pons
- Gallimard
- Témoins
- 5 Septembre 2024
- 9782073056559
Philippe Pons est correspondant du Monde au Japon depuis 1976. C'est à partir de son expérience personnelle qu'il fait revivre le Tôkyô des plaisirs et des jours, de l'érotisme et de l'esthétisme. Nous suivons cette visite au fil de l'évocation des angles morts du Tôkyô prospère, d'incursions dans le "sous-bois social" des trappes de la ville où bivouaque une humanité blessée et de quelques figures noctambules. Vagabondages à travers les cinq dernières décennies, en croisant souvenirs, histoire sociale et réflexions rêveuses, l'auteur esquisse un "Tôkyô de l'envers", facette négligée de cette ville comme l'est la doublure d'un vêtement. "Envers" qui n'est pas plus vrai que l'"endroit" mais permet d'entrevoir une société polymorphe avec ses fissures, ses malaises, ses détresses comme son imaginaire et ses petits bonheurs. Une entrée par une porte dérobée dans l'histoire d'un Tôkyô qui échappe au discours sur une "âme japonaise" supposée aussi impénétrable qu'ineffable, sorte d'allégorie de l'altérité saisie dans ce journal de bord non daté, scandé de touches affectives pour les êtres et les lieux auxquels l'auteur est lié depuis un demi-siècle.
Journaliste au Monde, dont il est depuis de longues années le correspondant à Tôkyô, Philippe Pons est l'auteur aux Éditions Gallimard de D'Edo à Tôkyô (1988), Misère et crime au Japon du XVIIe siècle à nos jours (1999), Macao : Un éclat d'éternité (1999), Corée du Nord : un État-guérilla en mutation (2016) et Le corps tatoué au Japon (2018). -
Des Juifs trahis par leur France : 1939-1944
Annette Becker
- Gallimard
- Témoins
- 29 Février 2024
- 9782073049711
"Otto Freundlich, peintre célèbre, interné comme Allemand par la Troisième République, caché sous Vichy en zone sud, rattrapé, déporté en 1943 à Sobibor. Mon grand-oncle Pierre Ignace, "notable" raflé le 12 décembre 1941, interné à Compiègne, déporté à Auschwitz-Birkenau par le convoi n°1 du 27 mars 1942. Cinquante-quatre Juifs étrangers victimes de la dernière rafle en France, à Reillanne en mai 1944.
Un livre triptyque pour dire les dernières années et les derniers jours de ces êtres dans la chasse à mort dont ils ont été les victimes. Histoires et géographies éclatées, vies si différentes, même fin, à l'issue d'arrachements multiples. Vies réapparues en mots d'amour, mots de supplications, derniers mots avant la séparation et la mort, objets intimes. Donner le plus de détails et de traces possible sur le parcours des bourreaux, des complices, des sauveteurs, tel Varian Fry, des amis de toujours, des écrivains comme René Char, des peintres comme Picasso, tant d'autres.
Avec ma voix d'historienne des souffrances et des cultures du désastre et un "je" d'héritière de la Catastrophe qui a atteint ma famille." -
Héros, traître, meurtrier, hérétique, martyr, fou, noble sauvage, agent de l'impérialisme yankee, défenseur des droits des Métis et des Indiens, père de la province du Manitoba et même l'un des fondateurs de la Confédération canadienne. Louis Riel était un chef du peuple métis - groupe ethnique d'origine autochtone et européenne - qui a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien. Le premier (1869-1870) aboutit à la création de la province du Manitoba dans l'Ouest canadien et le second (1885) mène à un affrontement militaire, seule guerre ayant eu lieu jusqu'à ce jour sur le sol canadien. Ce conflit, encouragé par sir John Macdonald, Premier ministre du Canada, en plus de coûter la vie à Louis Riel, valut aux Indiens leur enfermement - aux conséquences encore aujourd'hui tragiques - dans des réserves pendant plus de soixante ans. Aucun autre personnage de l'histoire canadienne n'a suscité autant d'écrits que Louis Riel. Fruit de cinquante années de recherches, l'ouvrage de Jean Meyer consacre la vie de cet homme que J. M. G. Le Clézio nomme "le visionnaire" dans sa préface, celui qui voulait faire du Canada un espace de communion pour les nations.
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Anna-Eva Bergman : vies lumineuses
Thomas Schlesser
- Gallimard
- Témoins de l'art
- 10 Novembre 2022
- 9782072986246
Elle a longtemps échappé aux radars de l'histoire de l'art. On découvre aujourd'hui avec Anna-Eva Bergman (1909-1987) une peintre d'importance majeure qui a investi dans son oeuvre une ambition sacrée, presque mystique. Sa vie, racontée pour la première fois grâce à une enquête au coeur de ses archives, est extraordinaire : une enfance norvégienne sous le signe de la peur ; une jeunesse bohème et aventureuse à travers l'Europe ; des démêlés avec l'Allemagne nazie ; une lutte acharnée avec une santé défaillante ; trois mariages, dont deux avec le même homme - Hans Hartung - à 28 ans de distance ; une carrière de journaliste ; une fin tragique dans la dépression.Mais, surtout, Anna-Eva Bergman, c'est une vie dédiée à la création, loin des modes. Elle est aujourd'hui l'objet d'un engouement spectaculaire et sa cote s'envole. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Peu reconnue dans son pays d'origine, défendue par quelques rares alliés en France et en Europe, elle fera une honorable carrière, mais en sourdine, dans l'ombre de Hartung. Elle a beau croiser la route de Picasso, Soulages ou Rothko, elle demeure marginale. Caractérisés par l'emploi de feuilles d'or et d'argent, ses tableaux sont des évocations hiératiques et simplifiées, radicales, des grandes forces structurantes de l'univers - les éléments, les minéraux, le temps... Elle a laissé une masse considérable de documents qui permet de comprendre enfin cette femme, dans la complexité de son être et dans le drame de son existence.
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Strip-tease : tout sur ma vie, tout sur mon art
Orlan
- Gallimard
- Témoins de l'art
- 3 Juin 2021
- 9782072941399
ORLAN est une artiste française féministe reconnue dans le monde entier. Photographie, vidéo, sculpture, performance : ses oeuvres embrassent de multiples disciplines et questionnent le corps, l'hybridation, IJDN, les biotechnologies, l'intelligence artificielle, la robotique.
ORLAN a pratiqué très tôt la performance, dans la rue, dès 1964, à l'âge de dix-sept ans, et son Baiser de l'artiste l'a rendue célèbre en 1977. À partir de 1990, elle entreprend de remettre en question les critères de beauté imposés par la société dans une série d'' opérations chirurgicales-performances ' qui l'ont fait connaître du grand public et dont certaines ont été diffusées en direct par satellite à New York, Toronto et au Centre Pompidou à Paris.
ORLAN écrit chaque nuit depuis l'adolescence et nous la découvrons écrivaine dans cette autobiographie où elle dit tout sur son parcours personnel, depuis sa naissance à Saint-Étienne dans un milieu ouvrier, ses amours, ses déboires, ses traumatismes et sa vie d'artiste sur la scène française et internationale dont elle a côtoyé les figures les plus importantes.
Cette étonnante confession révèle la vie d'une femme engagée et exceptionnelle, qui ne ressemble à personne - une des artistes les plus importantes de notre époque. -
Bernar Venet : toute une vie pour l'art
Catherine Francblin
- Gallimard
- Témoins de l'art
- 14 Avril 2022
- 9782072821615
Bernar Venet est un artiste français célèbre dans le monde entier, en particulier pour ses gigantesques sculptures d'acier installées dans l'espace public.
Né en 1941 à Saint-Auban dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans une famille modeste, son histoire est celle d'un jeune garçon très tôt passionné par l'art qui, petit à petit, se hisse au sommet de son métier, tout d'abord à Nice où il entre en contact avec les artistes comme Ben ou César, puis aux États-Unis où il arrive en 1966 et où il deviendra l'un des inventeurs de l'art conceptuel.
Catherine Francblin a eu accès aux archives de l'artiste conservées dans sa Fondation du Muy dans le Var, et en particulier aux innombrables lettres que Bernard, devenu Bernar, a adressées à sa mère tout au long de sa vie et dans lesquelles il décrit les développements de sa carrière, ses rencontres avec de nombreux artistes majeurs, de Marcel Duchamp à Andy Warhol et Robert Rauschenberg.
En se fondant sur de très nombreuses sources et sur ses entretiens avec l'artiste, l'autrice met en évidence et explique les différents tournants dans l'art et la vie d'un homme qui, nourrissant l'ambition de se surpasser sans cesse, se réinvente en permanence - créant des sculptures capables d'atteindre soixante mètres de hauteur et des dizaines de tonnes. -
Sonya Orfalian, réfugiée d'Arménie en Libye puis à Rome, s'est donné pour mission de recueillir, tout au long du siècle, les souvenirs des rescapés des massacres de masse des années 1915-1922, qu'ils ont vécus eux-mêmes quand ils étaient enfants.Ces « voix brisées », dit-elle, aucun micro, aucune caméra ne les a jamais données à entendre ou à voir. Des voix d'une autre époque, fragmentées, qui relatent chacune à leur manière des violences inouïes, des fuites rocambolesques, des survies miraculeuses. Un livre poignant et nécessaire.Ces témoignages sont encadrés par la présentation de Gérard Chaliand, la mise en contexte historique d'Yves Ternon et le parallèle avec la Shoah de Joël Kotek
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Quelques-unes... femmes de l'art contemporain en France
Anne Martin-Fugier
- Gallimard
- Témoins de l'art
- 25 Mars 2021
- 9782072857997
Après ses livres d'entretiens sur le monde de l'art contemporain qui ont connu un grand succès (Galeristes en 2010, Collectionneurs en 2012, Artistes en 2014), Anne Martin-Fugier a interrogé quinze femmes actrices de l'art contemporain en France durant les cinquante dernières années. Elle n'a pas choisi des artistes, mais des « témoins », journalistes, galeristes, directrices d'institutions publiques et privées qui, partout en France, participent à la diffusion de l'art contemporain avec leur énergie et leur sensibilité. Leurs trajectoires et leurs récits constituent un panorama du monde culturel d'aujourd'hui.
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De l'Histoire à l'histoire
Daniel Cordier, Paulin Ismard
- Gallimard
- Témoins
- 30 Mai 2013
- 9782072492952
"L'écriture d'Alias Caracalla a correspondu à l'automne de ma vie. La chance a permis que je publie ces Mémoires de mon vivant. Raconter son existence, c'est la juger. Du point de vue des hommes, il est bien des manières de réussir ou de rater sa vie. Du point de vue de Dieu, comment le savoir avant la fin ?
Je demeure persuadé d'une chose : mon engagement dans la France Libre et, quarante ans plus tard, les trente années que j'ai consacrées à l'écriture de cette histoire sont les deux périodes de mon passé que je recommencerais à l'identique si j'en avais la possibilité.
Entre ces deux périodes, j'ai dédié l'essentiel de mon temps à la passion de l'art contemporain. Aujourd'hui, je crois qu'en dehors des joies qu'il procure l'art n'est pas autre chose qu'un plaisir égoïste, incapable de répondre aux cris de millions d'esclaves et des peuples opprimés.
Une vie n'est que ce qu'elle fut. Lorsqu'on découvre la vérité, il est trop tard pour recommencer..."
Daniel Cordier -
L'étrange victoire ; de la défense de la République à la libération de la France
Jean-louis Crémieux-brilhac
- Gallimard
- Témoins
- 1 Avril 2016
- 9782072658228
Jean-Louis Crémieux-Brilhac a été principalement l'auteur de deux grands livres : Les Français de l'an 40 (1990) dont le sujet est celui de Marc Bloch dans L'étrange défaite et La France Libre (1996 et 2014), qui constituent l'improbable sortie par le haut du désastre national.
De ces deux épisodes, Crémieux-Brilhac a été, avant de s'en faire l'historien, l'acteur et le témoin. D'où le titre que l'on a cru pouvoir donner au récit qu'il s'était décidé à en faire, de l'intérieur, à quatre-vingt-seize ans, quand la mort est venue le prendre au printemps 2015.
De famille très républicaine, et précocement engagé dans la lutte contre le fascisme, J.-L. Crémieux-Brilhac a vécu comme un choc personnel l'effondrement de la France. Prisonnier en Allemagne, il s'en évade pour rejoindre, dans des conditions épiques, l'Union soviétique encore alliée d'Hitler et s'y voit incarcéré jusqu'en juin 1941. Il rejoint alors de Gaulle pour devenir secrétaire à la propagande et, à ce titre, acteur central de la France Libre.
Au récit posthume de cette aventure, qui est autant celle d'une génération que celle de la France, on a joint deux séries d'annexes qui lui donnent tout son sens. D'une part trois articles de l'auteur sur les sujets qui lui tenaient le plus à coeur : La France Libre et les Juifs, Vichy et les Juifs, de Gaulle et Mendès France, les deux fidélités politiques de son existence. D'autre part les trois hommages prononcés lors de ses funérailles : l'hommage familial de son fils Michel, l'hommage historien de Jean-Pierre Azéma, l'hommage national enfin prononcé dans la cour des Invalides par François Hollande, président de la République. -
Daesh, paroles de déserteurs
Thomas Dandois, François-xavier Trégan
- Gallimard
- Témoins
- 8 Février 2018
- 9782072701818
Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration entre François-Xavier Trégan, doctorant chercheur en Syrie dans les années 1990 puis reporter correspondant au Yémen dans les années 2000 et Thomas Dandois, grand reporter et réalisateur de documentaires depuis 20 ans. À la faveur de rencontres avec différents intermédiaires, ils ont pu nouer contact avec les membres de la cellule d'exfiltration des déserteurs de l'État islamique. Lors de nombreux voyages en Turquie et en Europe entre l'automne 2015 et l'été 2017, ils ont accumulé des dizaines d'heures d'entretiens avec des hommes, des adolescents et des enfants dont la parole demeure extrêmement rare. Avec ce matériau, ils ont réalisé plusieurs documentaires audiovisuels diffusés sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte. Mais face à l'impossibilité de restituer ainsi l'intégralité et les milles nuances de cette matière documentaire, ils ont choisi de se lancer dans la rédaction d'un livre, Daesh, paroles de déserteurs, afin d'offrir à la connaissance du plus grand nombre ces documents de première main.
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Des hommes peu ordinaires ; Dietrich bonhoeffer et Hans Von Dohnanyi, résistants à Hitler dans l'Eglise et dans l'Etat
Elisabeth Sifton, Fritz Stern
- Gallimard
- Témoins
- 6 Novembre 2014
- 9782072553455
Pendant les douze années qu'a duré le IIIe Reich, rares furent ceux qui osèrent se dresser contre la tyrannie, et plus rares encore ceux qui le firent au nom du caractère sacré de la loi et de la foi. Ce livre traite de deux de ces hommes qui, dès le début, firent tout pour s'opposer à Hitler, puis montèrent une conspiration pour le renverser. L'un, Dohnanyi, avocat, est presque inconnu ; l'autre, son beau-frère, Bonhoeffer, pasteur et théologien, jouit d'une grande célébrité.
Le 5 avril 1943, la Gestapo les arrêta tous les deux. Après deux ans passés en prison dans les pires conditions, ils furent exécutés en avril 1945, quelques semaines seulement avant le suicide de Hitler et la capitulation de l'Allemagne.
Bonhoeffer fait partie des dix martyrs immortalisés sur le portail de l'abbaye de Westminster. Dohnanyi est enregistré à Yad Vashem comme "juste parmi les nations". Pour eux, comme pour beaucoup de ceux qui se sont dressés contre Hitler, l'indignation devant les atrocités à l'égard des Juifs fut la motivation principale. Résister durant l'époque la plus sombre qu'ait connue l'Allemagne fut un drame plus grand, plus profond et plus complexe que ce qui est généralement admis.
Elisabeth Sifton et Fritz Stern s'efforcent ici au moins d'en approcher la réalité. -
Désastres afghans ; carnets de route (1963-2014 )
Bernard Dupaigne
- Gallimard
- Témoins
- 29 Octobre 2015
- 9782072627156
Décembre 1979 : les troupes soviétiques entrent en Afghanistan, d'où elles ne se retireront qu'en 1989, au terme d'une décennie de guérilla. Septembre 1996 : les talibans prennent Kaboul et instaurent un régime islamique. Octobre 2001 : intervention américaine et internationale à la suite des attentats de septembre. Un état de guerre de plus de trente ans, avec son lot de destructions et de séquelles humaines et sociales.
Ethnologue au musée de l'Homme, Bernard Dupaigne arpente l'Afghanistan depuis plus de cinquante ans. Il a connu le pays avant l'occupation soviétique, pendant et après. Il a vu les talibans de près. Il a suivi la guerre des Américains et celle des Français. Et il a tenu des carnets de voyage. Il y raconte, au jour le jour, ses rencontres et les aventures, souvent cocasses, parfois dramatiques, qui lui sont arrivées.
Au-delà des anecdotes qui permettent de saisir sur le vif les réalités afghanes, ce témoignage exceptionnel apporte une terrible leçon. Des milliards de dollars déversés sur l'Afghanistan depuis des décennies, des immenses efforts consentis, il ne reste rien : ni industries ni ressources. L'agriculture n'a pas progressé. L'insécurité est partout, la corruption omniprésente, comme le commerce de l'opium. Les jeunes n'ont pas d'avenir et ne rêvent que de s'exiler.
Cette relation des multiples visages d'un désastre est aussi la chronique d'un échec de la "communauté internationale" que ses responsables de toute nature gagneraient à méditer. -
Dénis de mémoire ; de Guy Moquet aux "négationnismes"
Pierre Daix
- Gallimard
- Témoins
- 27 Avril 2012
- 9782072022722
L'attitude du parti communiste, du pacte germano-soviétique à l'invasion de l'URSS, en juin 1941, demeure un sujet de controverse à cause de mensonges accumulés par le PC sur son activité durant la première année de l'Occupation. Pierre Daix montre que les avancées des études historiques sur le sujet rouvrent bien des blessures restées à vif, et qui touchent à la mémoire des étudiants communistes, tel Claude Lalet, organisateur de la première manifestation contre l'occupant nazi, le 8 novembre 1940, et à celle des combattants de l'Organisation spéciale, l'OS, dont il faisait partie.
Prolongeant sa réflexion sur les dénis de la mémoire et leurs rapports avec l'histoire, l'auteur analyse ce qu'il appelle 'les deux négationnismes' : celui qui nia la terreur communiste - des procès de Moscou aux crimes des Khmers rouges - et celui qui nie encore aujourd'hui l'extermination des Juifs par les nazis. 'L'intérêt renouvelé pour l'ensemble de ces problèmes, écrit-il, ajouté à une plus rigoureuse exploitation des archives disponibles et au recul par rapport au XXe siècle montrent que nous entrons dans une nouvelle période, enfin libérée des "enjeux mémoriels" de générations qui disparaissent. -
Mauthausen, créé comme camp de concentration pour 'irrécupérables' dès l'annexion de l'Autriche par Hitler, servit d'abord à exterminer des Tsiganes, des Juifs, des antifascistes autrichiens. Les nazis y envoyèrent fin 1939 des milliers d'officiers polonais ; après la défaite de la France, autant de républicains espagnols, encore plus de prisonniers soviétiques, des résistants tchécoslovaques, enfin de grands convois de Français en 1943 et surtout 1944. À partir de 1943, Mauthausen travaillant pour l'industrie de guerre, ses kommandos s'étendirent sur toute l'Autriche jusqu'en Croatie. En six ans, on y dénombra plus de 150 000 morts.
Arrivé en mars 1944, Pierre Daix connut d'abord la célèbre carrière du camp, puis, parlant allemand, entra dans l'administration et l'organisation de résistance dont il retrace ici le développement et rend hommage à ses créateurs, les Espagnols, dont il avait rassemblé les témoignages dans Triangle bleu en 1969. Il la montre aux prises avec les drames de la fin du camp : l'arrivée des évacués d'Auschwitz, l'évasion collective des Soviétiques du sinistre "block 20", pour en venir au chaos d'une libération impréparée par les Alliés qui coûta des centaines de morts en trop. Il confie à l'Europe le soin d'en tirer les leçons. -
À la suite des attentats parisiens de 2015, une nouvelle catégorie de détenus a fait son apparition en nombre dans les prisons françaises : le djihadiste, soldat de Daesh.
À la différence des enquêtes de police et des instructions judiciaires, qui cherchent à rassembler des faits et établir des preuves, ce livre s'intéresse aux idéaux et fantasmes avec lesquels ces combattants justifient leur engagement dans un parcours où se mélangent l'idéalisme le plus utopique et les pires violences.
Pour écouter les paroles de ces détenus d'un genre particulier, il est nécessaire de se détacher provisoirement de tout jugement moral. Au fil de ses entretiens, Guillaume Monod, pédopsychiatre, a constaté que le rapport des djihadistes à la religion n'est pas tant théologique ou politique que mythologique, car l'État islamique incarne un mythe qui plonge ses racines aussi bien dans la géopolitique contemporaine que dans l'histoire millénaire de l'islam.
Deux questions parcourent cet ouvrage : Qu'est-ce qui pousse ces jeunes Français à partir, au péril de leur vie, pour un pays dont ils ignorent tout, à commencer par la langue ? Quelles ressources peut-on mobiliser face aux recruteurs d'une cause qui valorise aussi bien la fraternité et l'altruisme que les exécutions sommaires et les attentats-suicides ?
Guillaume Monod est psychiatre, docteur en philosophie ; il travaille dans une maison d'arrêt en région parisienne. -
La temesguida ; une enfance dans la guerre d'Algérie
Aïssa Touati
- Gallimard
- Témoins
- 27 Mai 2013
- 9782072492914
"Nous survivons au jour le jour, sans savoir si nous avons un passé, ni un avenir, sans penser au destin de l'Algérie. Nous sommes attachés au sol, préoccupés surtout de ce que nous mangerons demain. Mais nous n'avons pas de maîtres.
Contre qui pourrions-nous nous révolter ? Contre la pauvreté ? Mais nous ignorons ce qu'est la richesse. Et puis ce n'est pas le Coran qui incite à la révolte. Nous nous sentons sous la protection de la Temesguida, vers laquelle nous élevons notre regard pour deviner l'avenir. Nous ne savons qu'une chose : la nature est plus puissante que nous." -
Pour la première fois dans la France contemporaine, quatre cents candidates et candidats issus de l'immigration, surtout nord-africaine, se sont présentés aux élections législatives en juin 2012, principalement dans des circonscriptions populaires. Gilles Kepel, aidé par l'Institut Montaigne, a zigzagué l'Hexagone entre janvier 2013 et janvier 2014 pour en rencontrer une centaine.
Pourquoi et comment ont-ils choisi d'entrer en politique afin d'incarner la souveraineté du peuple français? Avec pour matériau le Journal de ces voyages et le verbatim de ces entretiens, Passion française saisit un état de crise sociale et politique sans précédent, qui voit les polémiques sur l'identité française et l'islam, sur l'exclusion et le rejet du système battre leur plein, tandis que le Front national rafle la mise, y compris, au-delà du paradoxe, dans certaines cités.
Gilles Kepel polarise son récit sur deux régions emblématiques : Marseille et ses quartiers nord, Roubaix, la ville la plus pauvre de France, l'une et l'autre héritières d'une riche culture ouvrière. Dans les deux cas, il observe la prégnance des marqueurs de l'islam dans le tissu social et les aspirations démocratiques de la jeune génération.
Passion française peut dès lors se poser en diptyque avec Passion arabe : l'interpénétration de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient avec nos banlieues pose, outre la question de l'islam de France, celle de l'identité que se cherche notre République dans les bouleversements du monde. -
Fusillé vivant ; l'histoire fabuleuse de Francois Waterlot
Odette Herdy-hémery
- Gallimard
- Témoins
- 20 Septembre 2012
- 9782072472701
Le 7 septembre 1914, sept réservistes appartenant au 327e régiment d'infanterie sont fusillés « pour l'exemple » sur ordre du général Boutegourd. L'un d'eux, François Waterlot, 27 ans, n'est pas touché mais feint de s'écrouler. Placé à une extrémité de la rangée, il est de nouveau épargné par le coup de grâce, commencé de l'autre côté. Laissé pour mort, le « fusillé » se relève et rejoint son régiment où, après avoir été gracié, il reprend le combat. Il périt au front le 10 juin 1915.
Les historiens qui travaillent sur les fusillés de la Première Guerre mondiale ne mentionnent aucun autre cas de survivant d'une exécution. Unique à ce titre, l'histoire de Waterlot l'est aussi par les récits qu'il fait de son « aventure ». Infatigable épistolier, il écrit 250 lettres entre le 8 août 1914 et sa mort, l'année suivante. D'un trait à la fois concis et précis, il relate dans quatre d'entre elles l'exécution dont il a été à la fois acteur... et témoin.
Odette Hardy-Hémery ne se contente pas de retracer heure par heure cette singulière histoire ni de resituer la biographie de chacune des victimes, qui seront toutes réhabilités en 1926. En en déroulant le fil, c'est la Grande Guerre elle-même qu'elle fait resurgir sous nos yeux, avec ses problématiques classiques ou nouvelles, à commencer par celles des « fusillés pour l'exemple » - qu'elle pose en termes inédits -, de la solidarité silencieuse mais sans faille des combattants et de l'impunité du commandement. -
Paris-Montpellier : P.C.-P.S.U. (1945-1963)
Emmanuel Le Roy Ladurie
- Gallimard
- Témoins
- 1 Octobre 2016
- 9782072042959
Pétainiste à douze ans, stalinien à vingt, P.S.U. à trente, historien et professeur d'université à quarante ans, Emmanuel Le Roy Ladurie a voulu dans ce livre écrire le Notre après-guerre d'une génération née vers 1925-1930. On pardonnera à l'ouvrage sa cruauté à l'endroit de certains ; elle s'adresse d'abord à l'auteur. Porter en soi, comme un jardin secret, la Normandie catholique et royale des années 1930 ; affronter, abasourdi, en 1945 jusqu'à en être désintégré, les khâgnes rouges des lycées parisiens et banlieusards, issues de la Libération ; être piégé en 1948-1949 par le dogmatisme du Kominform ; émerger, avec le rapport Khroutchev et Budapest (1956) vers une gauche ouverte, éventuellement utopique, celle du P.S.U., plus naïve et souriante que celle qui gouverne aujourd'hui ; considérer cette émersion à la fin des fins comme un nouveau rite de passage, telle est, en l'occurrence, la trame d'une autobiographie. D'autres 'chaînons' mettent en cause la persistance d'une école historique, celle des Annales à laquelle se rattache comme chercheur Emmanuel Le Roy Ladurie.
Ces souvenirs personnels de l'auteur de Montaillou, village occitan offrent aussi, à leur manière, la vision nostalgique, parfois déçue, d'un certain Languedoc, et plus encore de Montpellier, cité fascinante, insaisissable, difficile, aux marges d'une géographie spirituelle. -
Prisonniers de la liberté ; l'odyssée des 218 évadés par l'U.R.S.S.
Jean-louis Crémieux-brilhac
- Gallimard
- Témoins
- 10 Septembre 2013
- 9782072279850
Ce sont les aventures et les mésaventures des deux cent dix-huit militaires français qui, prisonniers de guerre en Allemagne en juin 1940, s'en évadèrent vers l'U.R.S.S. que nous raconte ici l'un des derniers survivants, Jean-Louis Crémieux-Brilhac.
Un épisode minime, mais singulier de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Singulier par le choix de l'Union soviétique pour destination, même momentanée, et par le petit nombre de ceux qui le firent. Singulier par l'expérience qu'ils eurent de l'U.R.S.S. où ils ne connurent pas un jour de liberté quand ils croyaient avoir échappé à la captivité. Singulier par les formidables performances d'énergie, d'endurance individuelle ou d'astuce de certaines évasions, puis par les péripéties d'une équipée collective qui faillit plus d'une fois lui être fatale. Singulier par la reconstitution d'une communauté française au coeur de la Russie profonde, en proie à une extraordinaire confusion d'illusions et de divisions, mais acharnée dans l'insoumission. Singulier par le destin des trente-deux sympathisants qui se mirent au service de l'Union soviétique. Singulier, enfin, par le cheminement qui, en l'espace d'un an, transforma un groupe de Français comme les autres, désireux, pour la plupart, de rentrer au pays, en une cohorte de volontaires convaincus d'une mission et dont, pour certains, les hauts faits ou le sacrifice finirent par s'inscrire au livre d'or de la France Libre. -
Voyage avec l'ami ; mort et vie de Giulano Benassi
Francesco Berti arnoaldi
- Gallimard
- Témoins
- 7 Février 2014
- 9782072500169
Ce livre poignant est à la fois un témoignage historique sur l'entrée en Résistance de deux lycéens italiens élevés dans le fascisme, le roman d'une éducation sentimentale, morale et civique, et une réflexion sur la fidélité due à la mémoire d'un ami mort en héros.
Giuliano Benassi s'est engagé dans la Résistance en 1943. De deux ans plus jeune, Francesco Berti Arnoaldi a pris le maquis en 1944. Arrêté, torturé, déporté, le premier a été abattu quelques jours avant la chute du Reich. Il a fallu plus de quarante ans au second pour pouvoir entreprendre le Voyage avec l'ami disparu, sur les traces de son martyre.
Giuliano s'est sauvé et est mort pour que tous aient des raisons de vivre en hommes. C'est pour cela qu'à Giuliano et à ceux qui, comme lui, sont morts pour les autres en résistant, honneur doit être rendu de l'unique manière qui compte : en les faisant connaître pour que les autres, les libérés, se rappellent toujours de quels sacrifices est né ce don qui paraît si naturel, vivre libre.