Ce livre s'efforce d'analyser le tournant sartrien, s'effectuant en plusieurs étapes; de la phénoménologie vers le matérialisme, et de l'existentialisme phénoménologique vers l'existentialo-marxisme qui caractérise la Critique de la Raison dialectique. Ce tournant est analysé par l'auteur à partir de l'évolution philosophique du concept de "praxis", dans l'oeuvre philosophique sartrienne.
Depuis 1963, les régimes baathistes ont tenté de façonner un cinéma à leur image. Ce projet a néanmoins été contesté par des cinéastes qui ont investi cet art en contournant les contraintes fluctuantes imposées par un système de production supervisé par l'Etat. Paradoxalement, dès les années 70, le cinéma financé par le secteur public devient un espace d'expression critique. Cet ouvrage propose une incursion au coeur des films pour saisir ce qu'ils nous disent de l'ordre politique en Syrie jusque dans les années 2000.
Le présent ouvrage apporte une contribution à la pratique plastique de l'art de la performance, qui pourrait se définir comme un art travaillant les normes de la représentation. À partir de cette pratique, il s'agira d'imposer dans le champ de l'art une figure travestie et dansante, interrogeant les normes du genre et du désir.
Cet essai est la réflexion d'une sage-femme qui, depuis trente ans, a accompagné des femmes pendant leur grossesse et après la naissance de leur enfant, écoutant leur questionnement sur l'arrivée au monde d'un enfant désormais « désiré ». La révolution dans la procréation et la transformation de la famille concerne chacun d'entre nous. Faut-il redouter que les forces aveugles de la nature ou du destin soient remplacées par la rigueur glaciale et anonyme de la technoscience et de son « expertise » ?
La lumière transcende son entité qui est de "rendre les objets visibles". Mais quelle est cette expérience artistique et quelle est cette lumière qui peut rendre visible l'invisible, quand selon Karl Theodor Dreyer : "Communiquer ses propres émotions est envisageable par l'abstraction car elle permet de transcender l'objectivité" ? Cet ouvrage analyse l'esthétique de la lumière de quatre films d'Europe du Nord regroupés autour des mêmes thématiques : Stalker, Europa, Trois couleurs bleu et l'Homme sans passé.
La figure de Rosa Luxemburg a souvent été placée au centre des dilemmes "révolution ou réforme sociale" et "socialisme ou barbarie", tout comme une partie importante de sa contribution politique a été développée entre les deux pôles de la révolution des conseils et la critique de l'expérience révolutionnaire bolchevique. Il reste toujours à développer ses apports au regard de thématiques toujours contemporaines (Classes et Crise) qui relancent l'actualité de la pensée et de la pratique de Rosa Luxemburg.
La notion de genre est mise en regard du concept de sexe, dont on défend la pertinence politique et d'égalité comme horizon d'une émancipation, d'un bien vivre-ensemble. De nombreux champs sont couverts, de la philosophie politique aux arts contemporains en passant par la théorie littéraire ou la muséologie. Les rapports entre sexe et genre sont remis en perspective historique des anciens Grecs à la pensée politique contemporaine. Parole est ici donnée à Geneviève Fraisse, ainsi qu'à de jeunes talents.
Cet essai aborde la théorie de l'inconscient élaborée par Deleuze et Guattari en 1972 dans L'Anti-Oedipe. Il met en évidence le rôle central de la pulsion de mort dans ce livre emblématique des « philosophies du désir » des années 70. A la lumière de textes psychanalytiques et philosophiques, le projet deleuzo-guattarien est ici présenté dans toute sa cohérence, avec les principales transformations conceptuelles qu'il mobilise.
Lou Andreas-Salomé et Catherine Pozzi n'ont guère eu le droit de cité dans l'histoire de la philosophie et leur destin d'intellectuelles s'est souvent vu occulté par leur proximité avec de grandes figures dans l'ombre desquelles leur oeuvre aura grandi. Nietzsche, Rilke ou Freud pour l'une, qui aura pâti tout autant que joui de son statut d'égérie, Paul Valéry pour l'autre, qui en aura été l'amante ombrageuse. Cet ouvrage propose une lecture philosophique de ces deux femmes pour saisir au plus près leurs ambivalences.
La revendication d'une rationalité purement africaine par les milieux scientifiques ou universitaires africains, depuis des décennies, dérive de la minorisation de l'Afrique. Cette étude s'interroge sur le sens et la signification de la notion d'africanité attachée à sa philosophie. Elle tente de répondre à la question de l'identité africaine de cette philosophie et partant de celle du philosophe africain, telle qu'elle se donne à lire dans la Revue philosophique de Kinshasa.
L'École de Francfort a dû affronter les tourments et le réel apocalyptique des totalitarismes. La théorie critique foisonne de penseurs en marge de cette école (Ernst Bloch, Georg Lukács, Walter Benjamin) ou de représentants officiels (Max Horkheimer, Theodor Adorno). Leurs philosophies de l'histoire s'inscrivent dans un rapport conflictuel -dialectique vis-à-vis des Lumières, de Hegel et de Marx. Le questionnement du sens et de la fin de l'histoire en ce début du XXIe siècle prolonge cet héritage.
Comment s'élabore le processus créateur ? Pour le regardeur, si l'oeuvre visuelle conserve son potentiel énigmatique, il en va de même pour les modalités de sa création. Quel parcours, quelles étapes ont conduit l'artiste jusqu'à l'oeuvre qu'il considère comme achevée et qu'il offre alors au regard du public ? Ce que l'on sait au travers de témoignages et de réflexions à ce sujet de la part d'auteurs et d'artistes, c'est qu'entre l'intention du créateur et le résultat obtenu, un cheminement complexe a été suivi. L'oeuvre réalisée, dans une certaine mesure, est autre que l'intention qui l'a engendrée. Que s'est-il passé dans cet entre-deux ? Créer c'est prendre en compte l'apparition, en cours de réalisation, de l'imprévu, de l'accident, du contingent, du hasard. Comment ce surgissement de l'incontrôlé influe-t-il sur l'élaboration de l'oeuvre ? Comment l'artiste réagit-il ? Qu'en fait-il ? Ces quelques textes sur le hasard apportent des éléments de réponse à ces questions, montrant toute la complexité du travail conduisant à l'oeuvre aboutie.
Une superstition s'attache à l'argent. Est-il une réalité générale ? On se demande si l'argent est une réalité générale ou : y a-t-il seulement des monnaies et des aspects particuliers de l'argent ? On tend souvent à présenter la société comme un ensemble de strates. L'économie constitue-t-elle une couche d'une société constituée en strates ? Est-elle la base de la société ? L'auteure de cet ouvrage n'est pas économiste. Les idées soutenues ici se sont imposées à elle à la suite d'expériences pédagogiques et personnelles. Il s'adresse à tout lecteur capable d'en tirer profit.
Haruki Murakami passionne de nombreux lecteurs dans le monde entier. Au-delà des différences de langues et de cultures, on le lit pour le plaisir, sans nécessairement s'interroger sur cette reconnaissance unanime. En Europe, on croit parfois l'expliquer par la psychanalyse, ou bien on convoque des genres (la science-fiction, le fantastique, le réalisme poétique), ou encore on allègue un goût enfantin de la magie. Ces interprétations toutes faites laissent échapper l'originalité d'une oeuvre puissante, constamment renouvelée. Cette oeuvre est une par sa fidélité à sa veine romanesque, et multiple par des histoires et des personnages étranges, banals ou surprenants qui emportent l'adhésion du lecteur. Murakami parvient à installer une vraisemblance défiant la raison, multiplie les paradoxes et joue de l'éclectisme. Cet art du grand romancier, qui paraît spontané, repose sur une architecture audacieuse et maîtrisée. C'est l'enjeu de cet essai que d'essayer d'approcher sa logique, sa densité mythique et, surtout, son exubérance de rythmes et d'intensités.
À la manière de Sartre, qui renonce à la question de l'essence de la littérature et lui préfère celle de son utilité, Deleuze interroge, non l'essence de l'art, mais son usage pour le philosophe. Selon Deleuze, l'art est nécessaire au philosophe pour penser sa propre condition. En effet, pour échapper à la représentation qui dénature et assujettit la pensée, la philosophie exige un détour par l'art qui transforme à la fois l'exercice de la pensée et les conditions de l'expérience. L'usage de l'art, c'est ce que fait l'art. L'art capte des forces (il rend visibles des forces invisibles) et transforme, à la fois, l'artiste et le corps social (il bouleverse les manières de sentir et de penser). Cette nouvelle manière de penser et d'user de l'art déborde le cadre habituel des études esthétiques. Il s'agit ici d'établir une périodisation de la question de l'art dans l'oeuvre de Deleuze, en fonction des problèmes qu'il pose. On retiendra trois périodes qui sont trois philosophies de l'art : la première accorde la priorité à la littérature ; la deuxième opère le passage du littéraire au sémiotique, en mettant en lumière le rôle politique de l'art ; et la troisième élabore une sémiotique de l'image, à partir de la peinture et du cinéma.
Intrigant, excitant, contrasté : tel apparaît le Japon au regard étranger. Telle est aussi son esthétique. Elle s'étend entre le kitsch et le zen, le grotesque et le minimal, et décline toutes sortes de formes et de valeurs. La peinture à l'encre ravit par ses taches évanescentes, le kawaii par sa joyeuse provocation. Le monde est conquis, au-delà du succès des mangas. Récemment, au Petit Palais, les oiseaux de Jakuchû ont impressionné, et le mot kawaii est entré au Petit Robert. Ce livre à la fois personnel, historique et philosophique propose une méditation sur l'esthétique japonaise en « mode flottant », conçue comme un jeu complexe et nuancé entre tradition résistante et désir d'invention.
Pour E. Armand, une chose est sûre : si la sexualité est brimée, l'individu est aliéné, la liberté est bafouée et la société détraquée. Penseur anarchiste individualiste, il offre une analyse pointilleuse de l'aliénation sexuelle. Avant-gardiste, il défend un droit à la jouissance pour tous, critiquant les préjugés et la morale dominante à contresens de l'émancipation des individus, hommes comme femmes : la jalousie, le propriétarisme en amour, le couple monogame... Comment y remédier ? L'amour libre est la clé d'un modèle de société plus libre et égalitaire, en un mot : anarchiste et construite sur l'entraide sexuelle et relationnelle, la « camaraderie amoureuse ».
Dans la 1ère partie, le cheminement intellectuel qui aboutit à la formulation et à la mise en oeuvre d'un projet de recherche a été précisé et développé, tandis que les principes du raisonnement logique ont été rappelés. En outre, la recherche documentaire sur Internet a été traitée un peu plus en détail pour que son intérêt et ses limites, voire ses risques, soient mieux mesurés. La seconde partie est consacrée aux problèmes de normalisation et plus spécialement à la rédaction bibliographique.
Cet ouvrage porte son regard sur certains mouvements d'outre-Atlantique : monochronisme, hyperréalisme, expressionnisme abstrait, pop art, sans omettre Malévitch et Yves Klein. Les paradoxes dominants sont ceux du "mouvement immobile", de l' « intérieur-extérieur », de la « surface-profondeur », du « cadre hors-cadre », de la « mort de l'art » soulevée par A. Danto. La « mort de l'art » est l'institution du communisme utopique en termes esthétiques, réalisée par un dernier paradoxe selon l'essor du capitalisme financier et industriel.
L'esprit de René Girard, esprit de pionnier, d'aventurier, est celui d'un cow-boy qui ne se déplace jamais sans sa Bible sous le bras. À la Bible sont empruntés les plus beaux titres de ses livres. Cet ouvrage met en valeur les jalons d'un itinéraire qui reflète, du passé le plus lointain à l'actualité la plus récente, l'épopée tragique de l'espèce humaine. Sans jamais oublier la possibilité et l'espérance de son salut.
Cet essai aborde un thème encore non traité dans une perspective méthodologique. En général, le concept de crise est accompagné soit d'un adjectif ou d'une préposition, en ce que toute crise est toujours crise de... Mais on n'étudie pas le concept de crise en soi. D'où l'originalité et la nouveauté de cette réflexion. Ce texte succinct suggère un cadre théorique critique pour l'analyse d'une crise quelconque, à partir de la méthode dialectique.
Ce livre cherche à montrer comment l'eau, à la fois réalité et symbole, nourrit la pensée de Platon. Quelle est l'origine de cette thématique et quelles en sont les finalités ? À travers ces interrogations, il s'agit de mettre en lumière la fonction de cette matière particulière dont les aspects sont déclinés de manière originale dans l'ensemble de son oeuvre.
L'auteur nous fait redécouvrir les premiers philosophes à avoir abordé la question du "je", du "moi", du "sujet" (Descartes, Husserl, Nietzsche), ce que Paul Ricoeur appelle le "cogito blessé ou brisé". Selon lui, c'est en s'éloignant d'une réflexivité immédiate sur soi, en faisant le détour par les médiations, que l'on peut espérer mieux se connaître soi-même. Cette étude est donc essentiellement un procès du cogito cartésien.
Cet ouvrage propose une lecture philosophique du phénomène de la mondialisation et de la crise identitaire actuelle basée principalement sur la phénoménologie de la vie instaurée par Michel Henry (1922-2002). Devant les contradictions et les paradoxes divers vécus au coeur de la mondialisation, un essai phénoménologique nous mène à rechercher le commencement originaire perdu en retournant aux fondements de la subjectivité et de la communauté vivantes où la culture, la technique, l'économie et la politique vivantes demeurent connectées dans leur rapport originaire à l'univers vivant.