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Arts et spectacles
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Le génie et les ténèbres : Léonard de Vinci et Michel-Ange
Roberto Mercadini
- Les Belles Lettres éditions
- 3 Mars 2023
- 9782251918679
Léonard de Vinci et Michel-Ange sont nés pour être rivaux. Rien ne les a opposés davantage que leurs tempéraments. Au point qu'ils figurent deux pôles artistiques extrêmes, deux façons radicalement différentes de vivre, à cette époque fabuleuse de la Renaissance qui marqua l'histoire de la civilisation occidentale comme une charnière. Avec brio et rigueur, Le génie et les ténèbres nous plonge au coeur de leur rivalité légendaire en ces temps obscurs, exaltants et tragiques. Quand ils se rencontrent, à Florence, au tout début du XVIe siècle, Michel-Ange a vingt-six ans et Léonard quarante-neuf. Michel-Ange est capricieux, perfectionniste, aussi pieux qu'il est négligé dans ses manières, mais déterminé à se frayer un chemin à coups de burin. Léonard de Vinci est un hédoniste aux contours plus nuancés, aussi élégant qu'un dandy, mais qui ne respecte aucune échéance, s'intéresse autant aux sciences qu'aux arts, et devient même, parmi les multiples métiers qu'il exerce pour gagner sa vie, musicien de cour.
Avec son talent de conteur d'exception, Roberto Mercadini redonne vie aux hommes plus encore qu'aux artistes et ressuscite à merveille leur monde disparu : les troubles et les splendeurs de cités légendaires, quantité d'oeuvres sublimes, une foule de personnages historiques hauts en couleur, peintres, sculpteurs, architectes, papes, condottieres, comtesses guerrières et moines rebelles.
À la Renaissance, comme dans les vies de Léonard et de Michel-Ange, rien ne sépare la lumière des ombres : le génie solaire des gestes parfaits de l'artiste cohabite toujours avec les ténèbres de ses obsessions. Au fil de leur somptueux et inquiétant récit, ces vies extraordinaires dressent en creux le portrait d'une époque qui ne l'est pas moins. -
Histoire des artistes vivants : Etudes d'après nature
Théophile Silvestre
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 19 Avril 2024
- 9782252047569
Déplorant, après beaucoup d'autres, que les grands artistes des siècles passés n'aient pas bénéficié de témoignages contemporains fiables, le critique d'art Théophile Silvestre (1823-1876) voulut prévenir cette lacune en se lançant, en 1852, dans la rédaction de portraits d'artistes de son temps. Adoptant une démarche d'historien, lequel « doit s'attacher à tout voir, à tout entendre par lui-même, et se sentir, avant de prendre la plume, aussi loyal qu'indépendant », Silvestre est allé ainsi à la rencontre des peintres et des sculpteurs, les interrogeant lui-même, essayant de « pénétrer, du même coup d'oeil, l'âme de l'homme et l'oeuvre de l'artiste », inséparables à ses yeux.
Réunis et publiés en 1856 sous le titre d'Histoire des artistes vivants, français et étrangers. Études d'après nature, ses textes sont consacrés à dix grands noms de l'époque : Ingres, Corot, Delacroix, Courbet, Préault, Rude, Diaz, Barye, Decamps et Chenavard, auxquels fut ajouté l'année suivante celui d'Horace Vernet. L'ouvrage eut un succès immédiat et durable, puisqu'il fut réédité à plusieurs reprises au cours du XIXe siècle, et en 1926 par Élie Faure.
Ce qui a frappé les contemporains de Silvestre continue de faire notre admiration : la nouveauté de la démarche - faire entrer la sphère de l'intime dans le champ public -, la qualité remarquable de l'analyse des oeuvres, le ton parfois virulent mais libre, servi par une écriture particulièrement élégante. Loin des froides biographies, cet ouvrage restitue aux artistes toute leur épaisseur humaine, avec ce qu'elle peut recouvrir de petitesses et de grandeur. -
Bach n'a pas écrit d'opéra : c'est ce que regrettent les amateurs de ce génie absolu. Mais y a-t-il vraiment lieu de s'en plaindre ?
Telle est la question que pose Gilles Cantagrel, rappelant l'extraordinaire essor des ouvrages lyriques, des institutions et des théâtres de l'époque de Bach, qui les connaissait, et ne s'y est pas attaché : un ou deux opéras de plus dans ce foisonnement de pièces dramatiques et musicales, où se mêlent intrigues amoureuses, conflits armés et hasards des destinées, avec la complicité de divinités mythologiques ? Gilles Cantagrel répond : usant parfaitement du langage de son temps, Bach en a transcendé le genre avec les deux Passions que nous connaissons de lui, opéras sacrés à la dimension métaphysique. -
Devant les productions artistiques du monde indien, le spectateur occidental hésite bien souvent entre fascination et incompréhension. Dérouté par une iconographie qui lui échappe et un sentiment d'exubérance, il estime qu'il ne dispose pas des codes nécessaires pour l'apprécier. L'objectif de cet ouvrage est de donner des clés de lecture afin de faciliter l'appréhension globale de cette production iconographique et architecturale.
Grâce à ses 150 illustrations en couleurs et aux nombreuses sources textuelles citées, l'ouvrage de Vincent Lefèvre permet d'entrer au coeur du génie de l'art indien, de comprendre comment celui-ci est conçu, produit et appréhendé, d'analyser ses relations avec les productions artistiques d'autres régions du monde et de décrire ses réalisations. Au fil des pages se dessine un art non de l'explicite mais de la suggestion, qui convoque à chaque instant l'imagination du spectateur. -
Poussin, le peintre et le poète
Alain Mérot
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 7 Octobre 2022
- 9782252046937
Les textes d'Alain Mérot réunis dans ce volume permettent d'éclairer d'une lumière nouvelle l'oeuvre de Nicolas Poussin (1594-1665), notamment par l'analyse du processus qui l'a conduit à accorder au cours de sa vie une place grandissante au paysage. Car en effet, s'il reste aux yeux de la postérité un peintre d'histoire, représentant des actions puisées dans les grands textes de l'Antiquité ou de la tradition biblique, Poussin a instauré une relation de plus en plus étroite avec la nature, par la conquête méthodique de l'espace dans lequel l'histoire se raconte et peut déployer toutes ses harmoniques. Certes, le paysage est un espace de narration, mais aussi de poésie où les différents éléments - chemins, arbres, rochers, fleuves ou « fabriques » - sont autant de repères et de rappels destinés à amplifier l'action. Comme le poète polit ses vers et ses rimes, le peintre ordonne le ciel et l'eau, les collines et les arbres, jouant avec les lignes et les couleurs, avec les rythmes et les sonorités. Ainsi que le conclut Alain Mérot, « Il ne faut jamais perdre de vue ce caractère musical qui est commun aux belles peintures et aux beaux vers. "Bien lire" le tableau, c'est aussi savoir l'écouter ».
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De Caligari à Hitler ; une histoire psychologique du cinéma allemand
Siegfried Kracauer
- Les Belles Lettres éditions
- 18 Octobre 2019
- 9782252044780
De Caligari à Hitler : ce titre célèbre caractérise en un significatif raccourci la période la plus riche de l'histoire du septième art allemand. En 1919, Le Cabinet du Dr Caligari ouvrait, en effet, l'ère de l'« écran démoniaque » et en 1933 Hitler brisait net le sonore. Entre ces deux dates, l'expressionnisme témoigna des tourments de l'âme germanique tandis que le réalisme analysait une société en crise. Rarement le cinéma fut plus profondément enraciné dans la vie culturelle, politique et sociale d'un peuple. Siegfried Kracauer devint en 1920 le critique cinématographique de la Frankfurter Zeitung et il y demeura jusqu'en 1933. C'est dire qu'il a suivi pas à pas le développement du cinéma dans son pays. Théoricien de l'esthétique, historien, philosophe, il entreprend d'étudier la propagande et les films nazis lorsqu'il arrive aux États-Unis, ce qui le conduit à remonter le courant et à écrire une étude psychologique fouillée qu'il publie en 1947 : From Caligari to Hitler. Ce texte, le premier qui utilise en cette matière les conquêtes du marxisme liées à celles de la psychanalyse, montre que le septième art, mieux que tout autre moyen d'expression, révèle dans sa vérité complexe la mentalité d'une nation. Immédiatement, ce livre monumental s'imposa comme un classique.
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L'art religieux du XIIIe siècle en France : étude sur l'iconographie du Moyen âge et sur ses sources d'inspiration
Emile Male, Roland Recht
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 11 Juin 2021
- 9782252045619
La parution de L'Art religieux du XIIIe siècle, en 1898, a constitué un tournant décisif à la fois dans l'histoire de l'art et dans les études médiévales. Émile Mâle (1862-1954) y proposait en effet une méthode alors très nouvelle, fondée sur la mise en relation du langage des formes avec leurs sources d'inspiration. Partant de l'idée que le christianisme du Moyen Âge a conçu l'art comme une « prédication muette », c'est-à-dire comme une traduction des vérités de la foi, il entreprend de mettre systématiquement en rapport l'iconographie et les grands textes (scripturaires, exégétiques, théologiques, hagiographiques, etc.) qui lui ont servi de programme. Émile Mâle construit lui-même son ouvrage sur un modèle médiéval, le Speculum Majus de Vincent de Beauvais (+ 1264), sorte d'encyclopédie du savoir de l'époque commandée par Saint Louis. Il en reprend la division en quatre « Miroirs » (Miroirs de la nature, de la science, de l'histoire, de la morale), confrontant leurs thématiques avec les sculptures de Chartres ou d'Amiens, les vitraux de Bourges ou du Mans, ou encore les livres enluminés. Écrit avec talent, fourmillant d'informations, l'ouvrage constitue une magnifique synthèse de l'art du XIIIe siècle en France.
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Traité de l'habitat : le Mayamata, morceaux choisis
Bruno Dagens
- Les Belles Lettres éditions
- 15 Avril 2022
- 9782251917627
« Celui qui fait une construction du début à la fin en retire un supplément de bonheur, de plaisir et de bien-être. »
Ce traité sanskrit d'architecture, rédigé par un auteur inconnu résidant dans l'Inde méridionale, est l'un des textes les plus complets au sujet des bâtiments et des agglomérations de l'Inde classique, notamment en pays tamoul et malayalam. Combinaison de considérations techniques, pratiques et religieuses, le Mayamata indique comment choisir le site d'une construction suivant la classe sociale de ses futurs occupants, quel plan et quelle orientation adopter pour une maison d'habitation, un palais ou un temple garantissant le bien-être de ses résidents, quelles techniques constructives il convient d'utiliser dans chacun de ces cas. Il détaille la cérémonie à réaliser lors de la pose de la première pierre ou lors de la prise de possession du bâtiment, décrit le mobilier, le linga (représentation phallique symbolique de ´Siva) et la façon de figurer les dieux dans les édifices.
La présente édition illustrée, aux allures de carnet d'architecte, reprend des extraits de la traduction du Mayamata, revue pour l'occasion par Bruno Dagens, avec un appareil de notes allégé et une nouvelle introduction resituant ce traité des points de vue historique, géographie, mais aussi par rapport à l'ensemble de la tradition indienne classique d'écrits sur l'architecture et l'art d'habiter. -
Considéré comme un classique par les historiens de l'art, le Léonard de Vinci de Kenneth Clark fut publié en 1939. Certes, d'autres points de vue ont depuis été développés à propos de cet artiste hors normes, mais l'ouvrage n'a rien perdu de son intérêt ni de son originalité. Avec une passion communicative, Clark présente la vie et l'oeuvre de Léonard de Vinci (1452-1519) selon une approche chronologique, de ses débuts dans l'atelier de Verrocchio à Florence jusqu'à ses dernières années en France, en passant par ses longs séjours à la cour des Sforza à Milan. Plus que ses recherches scientifiques, c'est son génie pictural qui est ici analysé et décrypté de façon lumineuse, ainsi que son apport unique dans l'histoire de l'art.
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Les peintres italiens de la Renaissance
Bernard Berenson
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 14 Avril 2017
- 9782252040850
Légendaire connaisseur de la peinture italienne, Bernard Berenson (1865-1959) a bâti son autorité et sa fortune sur le seul pouvoir de son oeil, capable de reconnaître entre mille une copie d'un original ou de reconstituer l'oeuvre de tel maître italien oublié.
Entre 1894 et 1907, Berenson réécrit rien moins que l'histoire de la peinture de la Renaissance, dans quatre petits livres abordant la Péninsule par régions. Leur succès fut tel qu'en 1930 on les publia en un volume unique, Les peintres italiens de la Renaissance.
Magistralement traduit par l'historien de l'art Louis Gillet, cet ouvrage restitue la vision très passionnelle de Berenson, pour lequel la Renaissance est le miroir de notre propre jeunesse et possède l'éclat de « ces années où, à nous-mêmes et à autrui, nous apparûmes pleins de promesses ».
Neville Rowley est conservateur des peintures et des sculptures italiennes des XIVe et XVe siècles à la Gemäldegalerie et au Bode-Museum de Berlin. Il a publié de nombreuses études, notamment sur la peinture florentine du Quattrocento. -
Pour un regard moderne, ce qui distingue Vermeer de ses contemporains, Metsu, Ter Borch ou De Hooch, est l'aura de mystère qui se dégage de ses tableaux. Ce sentiment trop bien partagé a fait fleurir une vaste littérature, qui n'est pas toujours exempte de lieux communs.
Cette qualité poétique, singulière et incontestable, fait précisément l'objet de ce livre. Mais elle n'est pas envisagée ici comme une dimension ineffable : ainsi que le suggère Daniel arasse, Vermeer a au contraire très délibérément construit le mystère de sa peinture.
À travers une analyse rapprochée des oeuvres, de leur structure et de leur contenu, l'auteur montre comment la « scène d'intérieur » devient chez Vermeer une peinture de l'intimité, un « dedans du dedans », une sphère réservée et inaccessible au coeur même du monde privé. C'est cette intimité, dans son impénétrable visibilité, que peint le « sphinx de Delft ».
Notre conception de Vermeer se trouve ainsi complètement renouvelée : on perçoit que la poétique propre de ses oeuvres est inséparable de son ambition de peintre. Pour l'historien, cette ambition n'est pas sans relation avec le catholicisme de Vermeer, avec sa foi dans la puissance de l'image peinte à incorporer une mystérieuse présence. -
Il court, il court le Bauhaus
Tom Wolfe
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût des idées
- 8 Septembre 2017
- 9782251904306
Mon premier est un gratte-ciel. Mon deuxième est un grand ensemble. Mon troisième est une banque, ou une école, ou un bureau de poste. Mon tout se trouve à New York, Sarcelles, Rotterdam ou la Défense.
C'est...le style international, à qui nous devons cubes de béton, façades en verre fumé et ces intérieurs beige-noir-blanc cassé à quoi semble se réduire l'architecture moderne.
Comment en est-on arrivé là? Pour Tom Wolfe, tout commence en Allemagne, aux lendemains de la Première guerre mondiale, avec le Bauhaus, qui regroupe les jeunes Turcs de la nouvelle architecture sous la direction de Walter Gropius. Leur devise: anéantir l'architecture bourgeoise. Marxistes, ils rêvent de balayer les décombres de la vieille Europe décadente, baroque et néo-classique, pour y édifier un monde rigoureux et abstrait, célébrant les noces de l'Art et de la Technologie.
Chassés par la montée du nazisme, ils se réfugient aux États-Unis. Et c'est alors que se produit le miracle: subjuguée, la classe dirigeante américaine confia à un groupe de théoriciens le soin de définir son art officiel. Entre-temps, Le Corbusier en France et le groupe de Stijl en Hollande occupaient le terrain, propageant des idées analogues qui, formant un nouvel académisme, devaient inspirer le travail de trois générations d'architectes, d'un bout à l'autre de la planète.
Oui, il court, il court le Bauhaus. Et nul ne sait où s'arrêtera l'invasion de ce style international, abstrait et incolore.
Parce que la beauté est inséparable d'un certain art de vivre, Tom Wolfe s'attaque avec une férocité tonique à cette nouvelle scolastique, dénonçant ses dévots, ses clercs et ses dieux. -
Couvrant soixante-huit années, la Correspondance de Michel-Ange est un document unique. Seul témoignage autobiographique conservé du Maître, elle conduit au coeur de la vie quotidienne de l'Italie du XVIe siècle et raconte le destin exceptionnel de cet artisan qui atteint au statut d'artiste de génie.
À travers les lettres adressées aux membres de sa famille, à ses commanditaires ou ses banquiers, à ses entrepreneurs ou à ses aides, se dessine le portrait tout en humanité d'un Michel-Ange dépouillé des atours « célestes » que lui ont valu ses oeuvres et sa notoriété. Autant que ses faiblesses, elles révèlent la fermeté de son tempérament, sa générosité, sa noblesse parfois dans les démêlés quotidiens, surtout sa fière conscience d'être un artiste sans égal.
Adelin Charles Fiorato fut professeur et directeur d'équipe de recherche à l'université de Paris III (Sorbonne Nouvelle), au département études italiennes. Ses travaux critiques et ses traductions portent sur la nouvelle, la biographie, le tragique, l'utopie, et analysent les rapports entre culture et société à la Renaissance. -
Cicerone ; guide du plaisir esthétique dans les oeuvres d'art d'Italie
Jacob Burckhardt
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 9 Mars 2018
- 9782252041314
Compagnon de tout amateur d'art désireux de visiter l'Italie, le Cicerone de Jacob Burckhardt (Bâle, 1818-1897) a connu une immense notoriété au XIXe siècle. Un succès dû non seulement à la précision avec laquelle l'auteur a recensé et décrit les oeuvres d'art, mais aussi à l'objectif qu'il s'était donné : initier le lecteur à la beauté en lui apprenant à s'en emparer et à en jouir, en lui apportant, au-delà des éléments historiques, de quoi alimenter sa réflexion et former sa sensibilité. Les analyses proposées par Burckhardt, d'une rare pertinence et d'une totale liberté, donnent la mesure de l'étonnante capacité de compréhension de l'un des plus grands esprits de son siècle. Historien mais aussi philosophe, pénétré de Platon et de Hegel, admirateur de Winckelmann, il a proposé une approche nouvelle des oeuvres d'art, les considérant enfin pour elles-mêmes et non comme les seuls produits d'une culture ou d'une civilisation - démarche qu'il a illustrée ensuite dans ses célèbres ouvrages sur la Renaissance en Italie. Paru en 1855, le Cicerone original de Burckhardt n'a jamais été, à ce jour, traduit et édité en France. Seule existe une traduction, inégale et parfois fautive, parue en 1885, établie d'après une édition corrigée - et déformée - par divers spécialistes. Cette publication restitue donc pour la première fois, dans une traduction nouvelle, l'intégralité du texte tel que Burckhardt l'a conçu.
Jean-Louis Poirier, professeur, spécialiste de philosophie antique et auteur de diverses contributions en histoire de la philosophie ou en sciences humaines, est passionné de culture italienne (Ne plus ultra, Dante et le dernier voyage d'Ulysse, 2016). La poursuite obstinée d'une interrogation philosophique et l'amour de l'Italie le destinaient naturellement à faire connaître le Cicerone en France. -
Le livre des peintres
Karel Van mander
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 20 Février 2017
- 9782252040577
Parti pour l'Italie en 1573, le jeune peintre flamand Karel van Mander y découvre les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari, et bientôt lui vient l'idée d'entreprendre un travail équivalent sur les artistes originaires des anciens Pays-Bas espagnols, des Provinces-Unies et de l'Allemagne. De retour dans son pays, il rédige patiemment, en se documentant avec soin, ses Vies des peintres des Pays-Bas et de l'Allemagne. Finalement publiées à Haarlem en 1604, elles vaudront à l'auteur une renommée bien plus grande que sa peinture comme ce fut le cas pour Vasari.
À l'exemple de celui-ci, Van Mander a composé son ouvrage en deux parties : une longue évocation des maîtres du passé, suivie d'une présentation de l'oeuvre de ses contemporains. On y trouvera donc les biographies de certains peintres aujourd'hui oubliés, tandis que d'autres ont éclairé leur époque de leur génie, tels les Van Eyck, Hugo van der Goes, Durer, Bosch, Holbein ou Bruegel. Car Van Mander entend démontrer que les peintres du Nord, remarquables dès le XVe siècle par leur technique innovante, leur maîtrise du paysage ou du portrait, n'ont fait que revivifier leur art au contact des antiquités et des maîtres modernes d'Italie. L'ouvrage se veut ainsi une réponse fière à un Vasari affirmant la suprématie de la Renaissance italienne sur les autres écoles européennes.
Maître de conférences honoraire en histoire de l'art à l'université de Paris Sorbonne, principalement spécialiste de l'art espagnol des XVIe-XIXe siècles, Véronique Gerard Powell s'intéresse également à l'histoire du collectionnisme et à une plus grande divulgation des sources littéraires de l'histoire de l'art moderne (G. Vasari, Vies des artistes, 2007). -
Peintre, auteur de chroniques de voyages et d'un célèbre roman, Dominique, Eugène Fromentin (1820-1876) signe avec Les Maîtres d'autrefois son grand livre de critique d'art, lequel a connu de nombreuses rééditions après sa première publication en 1876. L'ouvrage est rédigé immédiatement après un séjour de plusieurs semaines en Belgique et aux Pays-Bas. Fruit de notes abondantes, c'est un récit de voyage centré sur la peinture, considérée d'un point de vue historique et technique, sans exclure l'exposé des sentiments qu'elle éveille ni la description des sujets qu'elle représente : les pages lumineuses consacrées à Rubens constituent à cet égard un magnifique exemple. Un autre point essentiel de la méthode de Fromentin est l'importance qu'il accorde à l'analyse stylistique. Peintre lui-même, il excelle à cet exercice, présenté comme une sorte de conversation picturale adressée aux artistes, ce qui lui permet de traduire une vision spontanée, de soulever des idées et d'exprimer ses opinions. Ainsi ce texte n'est-il pas qu'une simple revue critique de l'art du passé, mais aussi une réflexion passionnée sur l'art français de son époque, exprimée avec vivacité et élégance.
Patrick Tudoret, écrivain, dramaturge, producteur d'émissions culturelles, docteur en science politique de l'université Paris I Sorbonne, a publié une quinzaine d'ouvrages, dont plusieurs ont été récompensés par des prix littéraires. Il est notamment l'auteur de L'homme qui fuyait le Nobel (Grasset, 2015) et d'une biographie d'Eugène Fromentin (Les Belles Lettres, 2018). -
L'Alhambra : à la croisées des histoires
Edhem Eldem
- Les Belles Lettres éditions
- 6 Mai 2021
- 9782251915418
L'Alhambra, ensemble palatial fondé aux XIIIe et XIVe siècles par les souverains arabes de Grenade, est resté dans l'ombre pendant plusieurs siècles après la fin de la Reconquista. Les Espagnols furent les premiers à « redécouvrir » l'Alhambra au XVIIIe siècle, alors que ses visiteurs étrangers en firent l'une des premières destinations touristiques du XIXe siècle. Beaucoup ont laissé de précieuses traces de leur passage : des écrits, des photographies et, surtout, des commentaires dans le livre des visiteurs de l'Alhambra, tenu depuis 1829. L'historien Edhem Eldem a analysé ce document fascinant pour proposer une vision tout à fait nouvelle de l'Alhambra et de ce qu'il représentait. De Chateaubriand à Owen Jones et de Washington Irving à Jean-Léon Gérôme, les Occidentaux ont bâti une image de l'Andalousie toute empreinte de romantisme et d'orientalisme. Mais l'engouement occidental ne doit pas faire oublier les visiteurs « orientaux » du monument : des Maghrébins, nombreux mais peu loquaces ; des diplomates et voyageurs ottomans, parfois plus orientalistes que les Européens ; des Arabes du Machrek, de plus en plus influencés par le nationalisme arabe prôné par la Naha, la « renaissance arabe ». Autant de regards croisés que le registre des visiteurs, la presse de l'époque, les mémoires et les récits de voyage ont permis à l'auteur de reconstituer pour en tirer une histoire culturelle des rapports entre Orient et Occident, Nord et Sud, islam et chrétienté, centre et périphérie.
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Déjà jadis ou du mouvement Dada à l'espace abstrait
Georges Ribemont-Dessaignes
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût des idées
- 21 Novembre 2016
- 9782251902555
« Déjà jadis... » c'est le temps qui passe, ce que l'auteur regarde par-dessus son épaule, derrière lui, qui paraît encore si proche et pourtant si lointain. L'auteur a assisté au grand tournant de l'art au début du XXe siècle et il a été de toutes ses aventures. il s'en fait ici le grand reporter pour en avoir été à la fois l'acteur et le spectateur un demi siècle durant ; il le fait avec la verve et l'humour que l'on peut attendre du co-fondateur, avec Éluard et Tzara du « Coeur à barbe ». « Il y eut Dada tel qu'on le fit sans le savoir, a-t-il écrit. Et dada tel qu'il apparaît dans l'histoire. Pour moi il arriva à point nommé parce que j'avais compris, à la suite des révolutions successives du XXe siècle, qu'il me fallait faire table rase de toutes les valeurs et de tout absolu, et jouer avec l'antiréalité des choses dont l'art ou la pensée se nourrissaient : c'est ainsi que naît vraiment la poésie. » Ce témoignage de première main sur une époque qui fascine encore aujourd'hui marque cette histoire d'une pierre blanche.
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Picasso dit ; Picasso sur la place
Helene Parmelin
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût des idées
- 8 Septembre 2017
- 9782251904351
« J'écris ce livre au petit bonheur la chance des réflexions, des souvenirs et des présents. Les nécessités de la vérité font que je m'y fais continuellement apparaître, et dans la position d'interlocuteur.
Tant pis. C'est ce qui me permet d'écrire ce livre, et de dire non pas ce qu'est Picasso: mais comment il m'apparaît non pas ce que je sais: mais ce que je vois non pas ce que j'imagine qu'il met dans sa peinture: mais ce que l'on peut déduire de sa position vis-à-vis de la peinture à partir de la façon qu'il a de vivre avec elle. » Hélène Parmelin (extrait de l'autopréface)
Journaliste, romancière, critique d'art, Hélène Parmelin (1915-1998) est née à Nancy dans une famille de juifs russes révolutionnaires. Elle rejoint le Parti communiste en 1944, occupe d'importantes fonctions à L'Humanité et devient la compagne du peintre Edouard Pignon l'un des rares intimes de Picasso. Avec Pignon, elle fera de très fréquents séjours chez le créateur des Demoiselles d'Avignon dont elle devient à son tour l'amie et à qui elle consacrera plusieurs livres qui sont autant de témoignages irremplaçables nous montrant Picasso « sur le vif ». Signataire du « Manifeste des 121 », elle condamnera l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'URSS en 1968 et finit avec Pignon par quitter le Parti communiste en 1980. -
Louis David, son école et son temps
Etienne-Jean Delecluze
- Klincksieck
- Les mondes de l'art
- 8 Mars 2019
- 9782252042540
Entré à seize ans dans l'atelier de David, Étienne-Jean Delécluze (1781-1863) nous offre avec ce livre de souvenirs un document exceptionnel sur l'enseignement du maître et sur sa personnalité. L'aventure commence en 1797, au lendemain de la Révolution : le peintre y a pris part, a mis son art au service des nouveaux idéaux, puis bientôt il se ralliera à Bonaparte. C'est donc en témoin direct que Delécluze assiste à cette évolution idéologique, qu'il commente jusqu'à l'exil de David en 1815 à Bruxelles. L'ouvrage, paru en 1855, est passionnant aussi en raison de la multitude de détails vécus : notations sur les pittoresques « rapins » du Louvre, évocation des doutes personnels de David ou de sa manière bienveillante de guider ses élèves - il en eut près de cinq cents - sans jamais les brider. De ses classes sortiront ainsi de grands artistes comme Gros, Girodet ou Ingres, dont la carrière est ici retracée. Ayant renoncé à peindre pour devenir chroniqueur, Delécluze témoigne ainsi brillamment de l'extraordinaire effervescence du monde des arts au début du XIXe siècle, qui passe du néoclassicisme à ce que l'on a nommé le romantisme.
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Le parfait Wagnérien et autres écrits sur Wagner
Shaw/Liebert
- Les Belles Lettres éditions
- 18 Février 2022
- 9782251917344
Hormis Pygmalion, dans sa version cinématographique My Fair Lady, l'oeuvre de Bernard Shaw est aujourd'hui presque complètement inconnue du public français. Parmi les mélomanes, rares sont ceux qui ont lu le Parfait wagnérien ou qui en connaissent même l'existence ; plus rares encore ceux qui savent que ce célèbre essai était le fruit d'une familiarité professionnelle avec la musique.
C'est en effet comme critique musical, et rapidement l'un des plus talentueux d'Europe, que Shaw est entré dans la carrière journalistique et littéraire. Pendant près d'une vingtaine d'années (de 1876 à 1894), il a tenu avec un brio croissant une chronique musicale régulière dans la presse londonienne ; et même lorsqu'il cessa cette activité, il n'en continua pas moins à publier, de temps à autre, des articles marquants.
Wagner et les interprètes wagnériens de son temps constituant le massif central de ses écrits sur la musique, ceux qui en traitent ont été ici rassemblés. Mais cette anthologie ne devrait pas intéresser seulement les wagnériens. Comme, dans les articles de Shaw, Wagner voisine souvent avec d'autres compositeurs précédents ou contemporains ; et que ses principaux interprètes outre-Manche, tant à l'opéra qu'au concert, venaient principalement de l'étranger et s'illustraient aussi dans d'autres répertoires, c'est une large part de la création et de la vie musicales européennes dans la seconde moitié du XIXe siècle qui s'y trouvent évoquée par un critique d'une indépendance de jugement et d'une verve incomparables. -
Jacques Offenbach ou le secret du Second Empire
Siegfried Kracauer
- Klincksieck
- 23 Mai 2018
- 9782252041536
La biographie d'Offenbach est avant tout celle d'une époque : telle est la conviction qui sous-tend le propos de Siegfried Kracauer dans un ouvrage devenu classique depuis sa première parution en 1937. Protagoniste de ces pages admirables, autant que le musicien et son cercle, autant que l'opérette elle-même, forme clef d'une nouvelle sensibilité et phénomène culturel unique : la société du Second Empire dans son ensemble, avec sa noblesse divisée, son aristocratie financière, sa population d'artistes, de bohémiens, de journalistes et de lorettes, l'émergence des masses, l'importance prise par les salons, théâtres, cafés et passages, la célébration mercantile des expositions universelles. Sur ce fond, vient se détacher la personnalité d'Offenbach, personnage humoral et contradictoire, dont Kracauer analyse, en même temps que les espoirs et les triomphes, la conscience malheureuse d'intellectuel en exil : reflet de bien d'autres anxiétés que l'histoire ne devait que trop vérifier. Précédant les textes et les projets de Walter Benjamin, Jacques Offenbach ou le secret du Second Empire fut l'un des premiers ouvrages à explorer la typologie du flâneur et de l'homme des boulevards, amorçant une réflexion dont nous n'avons pas fini d'épuiser les richesses.
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« J'ai fréquenté Fritz Lang durant de nombreuses années. J'ai vu et revu la plupart de ses films. Le texte qui va suivre ne s'adresse pas à un public de cinéphiles. Les rapports souvent orageux avec Fritz Lang sont ici rapportés avec exactitude. Les rapports souterrains entre la vie de Fritz Lang et les personnages de ses films font partie de mon interprétation personnelle. Les critiques que j'ai pu lire à propos de son oeuvre, nombreuses, se recoupent ici et là et pourtant diffèrent sur bien des points. Aucun ne détient la vérité absolue. Je laisse de côté ceux qui, revoyant certains films, sont revenus sur leurs premières impressions. Leur enthousiasme a disparu. Certains considèrent l'oeuvre américaine du cinéaste comme un pis-aller dû à un exil forcé. Les quelques propositions que j'avance concernant les deux Tigre n'engagent que moi et peuvent aussi bien être refusées. Les lettres que Fritz Lang m'avait adressées, figurant en fin de volume, sont suffisamment parlantes pour que je m'abstienne de les commenter. Enfin, reconnaissons que cet homme n'a pas cédé un pouce en rapport avec ce qu'il voulait exprimer ; plus souvent qu'on ne l'imagine avec des budgets dérisoires. Il s'en est accommodé en tirant le meilleur parti possible, restant lui-même. Ce fut à la fois sa force et son anémie. » Alfred Eibel
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De Monet à Picasso ; fondements d'une esthetique et mutation de la peinture moderne
Max Raphaël
- Klincksieck
- L'Esprit et les Formes
- 17 Mai 2019
- 9782252042786
Faisant suite et complément à ses essais déjà traduits sous le titre Questions d'art, les études sur la peinture française qui composent De Monet à Picasso sont en réalité le premier ouvrage théorique à avoir été publié en 1913 par Max Raphael (1889-1952). Ce tenant d'une théorie matérialiste de l'art, au regard infatigablement fixé sur la matière des oeuvres, tente d'y faire parler les formes et d'y esquisser une « science empirique de l'art ». Marquant une manière de dépassement définitif du subjectivisme impressionniste, il décrit ainsi à la veille de la Première Guerre mondiale la mutation de la peinture moderne. Et cela, après avoir découvert Cézanne puis rencontré, à Paris, Rodin, Matisse ainsi que Picasso, ce dernier l'ayant occupé toute sa vie. À la fois pionnier et critique de la modernité, Max Raphael y remet également en perspective l'histoire de l'art traditionnelle non sans tenter une audacieuse refondation de l'esthétique. C'est assez dire la lacune que vient combler la traduction de ce livre qui apparait aujourd'hui comme une féconde et radicale percée philosophique au sein de la psychologie de la création. Et de nous permettre de mieux apprécier l'importance, dans le panorama si riche de la réflexion sur l'art en Allemagne, de l'oeuvre considérable de son auteur surgie à l'époque difficile de la République de Weimar puis déracinée par le nazisme.