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Sciences sociales / Société
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Société aliénée et société saine : Du capitalisme au socialisme humaniste
Erich Fromm
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût des idées
- 15 Janvier 2025
- 9782251920672
Dans cet ouvrage, Erich Fromm analyse la condition de l'homme moderne dans une société dont le principal souci est la production économique, au lieu d'être le développement de la créativité humaine. L'homme moderne, déclare le docteur Fromm, est étranger au monde qu'il a créé, à son semblable, aux choses qu'il utilise et qu'il consomme, à son gouvernement, enfin à lui-même. Sa personnalité est «conditionnée». Permettre aux tendances actuelles de se développer sans frein aurait pour résultat d'engendrer une société malsaine d'individus totalement aliénés.
Que pouvons-nous faire? Entre le dirigisme capitaliste et la dictature totalitaire, il existe une troisième voie créer une société saine dans laquelle personne n'est un moyen pour les fins d'autrui, dans laquelle l'homme est le «centre», et où toutes les activités économiques et politiques sont subordonnées au but de sa croissance. Non seulement Fromm présente ici une nouvelle psychanalyse humaniste, mais il nous montre les diverses possibilités de changement social qui peuvent nous écarter du chemin du robotisme et nous conduire à la santé mentale en tant qu'individus responsables et créatifs dans une société saine. -
L'Amérique et ses prophètes : La République perdue ?
Greil Marcus
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût de l'Histoire
- 18 Octobre 2024
- 9782251920474
Au lendemain du 11 septembre 2001, le New York Times titrait sa une : « Les États-Unis attaqués ». Il avait compris combien, plus qu'ailleurs, l'Amérique pouvait être mise en péril à travers ses symboles. La nation américaine : une invention qui pouvait être détruite comme elle avait été construite. C'est un essai sur l'Amérique qu'écrit ici Greil Marcus, une Amérique édifiée sur l'idée d'un pacte avec elle-même suivant le vieux modèle du peuple élu et de son alliance avec Dieu. Lincoln, Martin Luther King Jr, Philip Roth, Dos Passos ou David Lynch : dans son glissement du politique vers la littérature, le cinéma ou la musique, Greil Marcus nous fait revivre le pacte américain, cette promesse impossible à tenir. « Un livre puissant, déconcertant, dérangeant. [...] Le passé ne passe pas bien, nous avertit Marcus. Il nous hante. Tendez l'oreille : il y a des momies dans les archives, des squelettes dans les placards, des Indiens dans les armoires, des fantômes dans le grenier, et des secrets écrits à l'encre invisible au dos des grands textes fondateurs - mais il n'y a pas de monstres sous votre lit. » - Village Voice
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Un été de culture G pour toute la vie
Florence Braunstein, Jean-François Pépin
- Les Belles Lettres éditions
- 5 Mai 2023
- 9782251918877
Depuis quarante ans, les livres de Florence Braunstein et Jean- François Pépin sont des sillons creusés dans l'histoire du temps, des émotions gravées au coeur de leurs lecteurs, une invitation à partager cette culture générale dont nul ne doit être exclu.
Un été de culture G pour toute la vie invite à l'empathie pour l'exceptionnelle et ancestrale capacité des hommes à produire de la culture sous toutes ses formes.
Par la science, les mythes et la poésie, vous découvrirez comment nous avons apprivoisé l'Univers et la Terre. Vous comprendrez la naissance des villes, l'invention des langues, le choix de nos systèmes politiques et de nos économies. Vous vous lancerez sur les pas des explorateurs, vous ressourcerez en remontant les fleuves saints et contemplerez les cités sacrées.
Puis, vous plongerez dans l'Histoire : souverains, reines de légendes, conflits et guerres. Enfin, vous entrerez dans les bibliothèques, les salons et cafés, visiterez les musées. Chemin faisant, vous traquerez l'art du portrait, celui du romancier et du peintre. Puis vous vous délasserez de mangas et de comics, et vous irez danser et chanter au rythme du ragtime ou de la cantopop. À la fin de ce tour de l'histoire de l'humanité, vous aurez assez de culture générale pour inventer votre âme. -
L'année 1913 est l'apogée du XXe siècle tout juste né : tout semble encore possible, ouvert et, en même temps, la lueur du déclin est déjà perceptible. Pour les peintres, les écrivains, les musiciens, il est évident que l'humanité a déjà perdu son innocence. À Paris comme à Londres, à Vienne comme à Berlin ou encore à Trieste ou Venise, les artistes agissent comme si il n'y avait pas de lendemain. Proust s'engage dans la recherche du temps perdu ; dans le hall d'un hôtel, Rilke et Freud débattent de la beauté et de la fugacité et, pendant que Stravinsky célèbre le sacre du printemps, à Munich, un barbouilleur de tableaux autrichien nommé Adolf Hitler vend des vues urbaines pittoresques. Duchamp fixe une roue de bicyclette sur un tabouret et Matisse apporte à Picasso un bouquet de fleurs. Armstrong apprend à jouer de la trompette. La petite boutique de chapeaux de Coco Chanel se développe et, en décembre, Malevitch peint un carré noir.
Avec brio et sensibilité, Florian Illies dresse le portrait fascinant d'une année exceptionnelle. -
Notre-Dame, un affaire d'état
Didier Rykner
- Les Belles Lettres éditions
- 20 Octobre 2023
- 9782251919256
Le 15 avril 2019, sous les yeux sidérés du monde entier, Notre-Dame de Paris brûlait. Si cet incendie est indiscutablement d'origine accidentelle, toutes les conditions pour qu'il survienne et prenne les dimensions que l'on connaît étaient réunies : un entretien insuffisant du monument, des économies effectuées aux dépens de la sécurité, un système anti-incendie peu performant et un chantier de restauration qui constituait un facteur de risques supplémentaires. À travers le récit des faits, Didier Rykner s'intéresse à tous les aspects de ce drame. Comment a-t-il été possible et quelles en sont les causes probables ? Pourquoi a-t-il suscité autant de polémiques (les dons des grands mécènes, les délais, la reconstruction de la flèche, la loi d'exception, la pollution au plomb...), dont certaines (la question des abords ou les fouilles archéologiques) sont toujours d'actualité ? Didier Rykner montre que le chantier de restauration se déroule malgré tout dans de bonnes conditions, avec un espoir de pouvoir entrer bientôt dans un édifice qui ne sera pas « plus beau » qu'avant, mais qui sera dans un état de conservation beaucoup plus satisfaisant, dont on aimerait qu'il soit aussi celui des autres monuments historiques. Quelles leçons le ministère de la Culture et l'État ont tiré - ou pas - de cette catastrophe patrimoniale afin d'éviter que d'autres se produisent ?
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Arnhem, cité de rentiers, Wiesbaden, cité de retraités, Düsseldorf, cité des banquiers La liste est longue de villes saisies à un moment historique ou au cours d'une période essentielle de leur histoire : La Mecque, Sparte, Londres et surtout Venise au temps des Guelfes et des Gibelins.
Avec La Ville, Weber excelle dans l'art de la typologie. Il y définit toute une gamme de villes « idéaltypiques », selon qu'on les considère sous l'angle juridique, économique, politique. Et il le fait avec d'autant plus d'aisance que son étonnante érudition lui permet d'interpeller les villes babyloniennes, juives, hindoues, islamiques, chinoises ou russes au même titre que celles de l'Antiquité grecque ou romaine et celles du Moyen Âge.
En retraçant l'histoire des conjurations et des corporations, Weber souligne l'originalité de l'histoire européenne : la seule à avoir produit la commune dans son plein développement. Du même coup, il évoque le rôle moteur du christianisme, les transformations du rapport entre la ville et la campagne, la nature essentiellement politique des luttes que se livrent les divers ordres sociaux, la lente montée de la bourgeoisie. Le passage du capitalisme foncier impliquant l'esclavage dans l'Antiquité au capitalisme marchand du Moyen Âge n'est jamais qu'une longue série d'étapes d'un processus menant au capitalisme moderne et à l'Etat moderne.
La Ville, dit Weber, se développe selon la logique propre à chaque civilisation, mais il existe en même temps une loi interne au champ politique, qui limite le nombre de compromis possibles pour faire cohabiter dans une même cité des couches sociales qui se distinguent et que leurs intérêts opposent. Les rapports de souveraineté et de luttes pour la domination entre villes et Etats sont au coeur de la réflexion wébérienne. Aussi, ces analyses gardent-elles une actualité manifeste en un temps où les métropoles s'agrandissent et en un temps où, avec cet accroissement spatial, démographique et économique, l'acuité des problèmes sociaux, environnementaux et politiques se fait plus vive.
Max Weber (1864-1920), économiste allemand, père de la sociologie contemporaine. Né dans une riche famille de la bourgeoise protestante allemande, M. Weber entame des études en Droit et accède au poste de professeur d'Histoire de droit romain et de droit commercial à Berlin (1893) puis à Fribourg (1894). Souffrant de dépression nerveuse, il visite l'Italie et le sud de la France, et c'est à la suite de ce voyage qu'il réoriente ses recherches vers la sociologie dont il fonde en 1909, avec G. Tnnies et G. Simmel, la Société allemande de sociologie. Les années 1915-1919 sont pour Weber une grande période d'activité intellectuelle avec la publication de ses travaux sur la sociologie comparative des religions mondiales. Il meurt peu après avoir obtenu la première chaire de sociologie à Munich. Mal connue en France, la pensée wébérienne s'appuie le processus de rationalisation de la modernité occidentale par de nombreux exemples historiques.
Philippe Fritsch a été Professeur de Sociologie à l'Université Lyon 2 et Directeur d'une équipe de recherche associée au CNRS. De L'Education des adultes (1971) à Être Vétérinaire (2011), ses travaux et publications ont également fait place à des intérêts d'ordre épistémologique et de circulation internationale des idées, donc à la traduction de textes de Simmel, Weber et Dirk Kaesler. -
Comment en est-on arrivé là ? Comment l'extrême droite a-t-elle pu arriver aux portes du pouvoir, ou s'y trouver déjà, dans toute l'Europe ? Telle est, dans sa terrible simplicité, la question stratégique, que pose le philosophe Ernst Bloch quand, à Zurich, en exil, il publie en 1935 Héritage de ce temps. Comment les forces de progrès qui portaient les espérances de l'utopie, ont-elles pu se laisser ainsi écraser par les idéologies totalitaires, réactionnaires, conservatrices ? Comment cet échec, ce désastre, qu'il faudrait expliquer, peut-il laisser, malgré tout, un héritage ? Telle est l'ambition d'une oeuvre paradoxale et critique, au sens plein du terme, qui tente de faire dans la culture de l'époque le partage entre le sain et le corrompu et qui entend recueillir son héritage « sous bénéfice d'inventaire ».
En vue de cet examen, Ernst Bloch invente le concept de non-contemporanéité. « Tous ne sont pas présents dans le même temps... Des temps plus anciens que ceux d'aujourd'hui continuent à vivre dans des conditions plus anciennes. »
La question de l'héritage devient celle de la contre-attaque. -
L'utilité de l'inutile : manifeste
Nuccio Ordine, Abraham Flexner
- Les Belles Lettres éditions
- 7 Juillet 2014
- 9782251900339
Ces dernières années les humanités ont été, d'un commun accord à l'échelle mondiale, marginalisées, écartées non seulement des programmes scolaires, mais par-dessus-tout considérées comme quantité négligeable par les états ainsi que par les organismes privés aptes à les financer. Leur argument ? Pourquoi donner de l'argent à des domaines inutiles, c'est-à-dire ne produisant pas un profit immédiat ? A quoi bon, particulièrement dans un contexte de crise économique, gaspiller des ressources en soutenant des savoirs qui n'apporteront pas un retour sur investissement immédiat ?
Nuccio Ordine offre un plaidoyer bref et brillant pour les humanités. -
Petit manuel d'auto-défense à l'usage des volontaires : les humanités humanitaires
Joël Glasman
- Les Belles Lettres éditions
- 6 Octobre 2023
- 9782251919164
L'action humanitaire implique des choix difficiles. Doit-on accepter les conditions d'accès imposées par les djihadistes ? Faut-il quitter les camps de réfugiés lorsque l'aide y est détournée ? Peut-on accepter les dons de n'importe quelle entreprise privée ? Les organisations humanitaires doivent-elles faire de la lutte contre le réchauffement climatique leur priorité ? Ce premier manuel d'humanités humanitaires offre un temps de réflexion. De l'histoire de l'action humanitaire à l'anthropologie de la santé mondiale en passant par la sociologie des massacres, ce manuel propose un aperçu des recherches les plus utiles pour penser en situation d'urgence. Une introduction aux sciences humaines et sociales pour celles et ceux qui aident les autres à sauver leur vie et leur dignité.
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La séduction : une passion française
Robert Muchembled
- Les Belles Lettres éditions
- 3 Février 2023
- 9782251918594
En France, le jeu de séduction réciproque galant développé à la Cour dès le règne de François Ier définit l'homme comme séducteur, actif, au contraire de la femme séduisante, passive, créant lentement pour les privilégiés une illusion d'harmonie relative entre les sexes. Paris, reine du monde érotisée, produit en contrepoint les conditions nouvelles d'une séduction féminine capitale, longtemps diabolisée sous les traits de la femme fatale opposée à l'épouse chaste et obéissante, avant de s'apaiser, depuis les années folles, à travers le mythe de la Parisienne au charme exceptionnel.
Les XIXe et XXe siècles connaissent pourtant subrepticement un retour en arrière misogyne, issu d'une réactivation laïque de l'antiféminisme, car pour les bourgeois triomphants le seul rôle féminin décent est, éternellement, celui de conjointe et de mère. À notre époque, le vieux modèle paternaliste fondé sur la primauté multiséculaire du mariage hétérosexuel a volé en éclats. Les femmes affirment de plus en plus leur part de séduction, au point d'engendrer un grand malaise parmi les nouvelles générations masculines, qui n'en possèdent plus le privilège.
Utilisant des productions marquantes - oeuvres littéraires, films, bandes dessinées -, pour repérer les théories et les pratiques, Robert Muchembled convie lectrices/lecteurs à une délectable plongée dans le passé, à la découverte des extraordinaires métamorphoses de la séduction amoureuse : une grande passion française constitutive de l'identité nationale, engagée depuis les années 1970 dans une nouvelle mutation décisive sous le souffle des aspirations libératrices de la féminité. -
Culture ou mise en condition ? et autres essais
Hans Magnus Enzensberger
- Les Belles Lettres éditions
- Le Goût des idées
- 4 Août 2017
- 9782251903965
Essayiste et poète, H.M. Enzensberger, l'un des jeunes écrivains allemands les mieux doués de l'après-guerre, analyse ici en les démystifiant divers éléments de la vie culturelle de notre temps, muée depuis peu en une véritable « industrie de la culture ». Avec une intelligence et un humour peu communs il démonte les mécanismes d'un grand quotidien bourgeois, ceux du célèbre Spiegel, des actualités filmées, des livres de poche, des organisations touristiques autant d'outils destinés, consciemment ou non, à façonner les esprits, à les pré-fabriquer ou à les abrutir.
Quelques études littéraires pénétrantes (sur Bll, Grass, Johnson et divers poètes) complètent ce recueil, ainsi qu'un essai sur l' « avant-garde » politique et littéraire, aussi méchant que sain et lucide.
Mais H.M. Enzensberger ne se contente pas de dénoncer les maladies culturelles de notre temps, il propose des solutions, il éclaire déjà les voies possibles de l'avenir. -
Le coran et le croissant ; les tribulations d'un islamologue en France
Olivier Hanne
- Éditions Piranha
- BANCS D'ESSAIS
- 8 Avril 2021
- 9782371191853
L'islamologue se trouve dans un champ de mines. D'un côté, grincement de dents : pas de doute, le Coran fait bien partie de notre histoire et il faut inclure ses savoirs historiques dans une réflexion commune. De l'autre : encore faut-il que les musulmans intégristes mais aussi les traditionnalistes l'acceptent et se soumettent à la loi commune de la république.Olivier Hanne raconte sa spécialité et son métier, qui d'expert en voie de disparition est revenu au coeur des connaissances décisives depuis les attentats de 2015. Il raconte ses rapports houleux avec les salafistes et autres croyants antirépublicains, et ses moments possibles avec la communauté musulmane. Il affronte le terrorisme islamique et défend ses convictions à l'épreuve des tragédies qui ensanglantent la France.
Olivier Hanne est agrégé et docteur en Histoire. Islamologue, il est chercheur-associé à l'université d'Aix-Marseille et enseigne dans l'institution militaire.Auteur de nombreux essais, il a publié notamment chez Belin, L'Alcoran. Comment l'Europe a découvert le Coran(2019), et chez Bruno Giovangelli, Islam et radicalisation dans le monde du travail, avec Thierry Pouchol (2015). -
Évadés : récits de prisonniers de guerre
Philippe Lejeune
- Éditions du Mauconduit
- 4 Mars 2022
- 9791090566415
Pourquoi un prisonnier de guerre est-il fier de raconter l'histoire de son évasion ? Parce qu'il échappe au sort collectif et retrouve une destinée individuelle. Parce qu'il refuse la passivité et retrouve l'action (pas forcément la liberté, certes, s'il a échoué, mais dans les deux cas, il a agi). Parce qu'il est le héros d'une aventure personnelle au milieu de la folie collective. Mais aussi parce qu'il devient un exemple d'héroïsme militaire sans attenter à la vie de personne. C'est une des rares circonstances de la vie où la transgression est un mérite.
Explorant les fonds de l'Association pour l'autobiographie et le Patrimoine Autobiographique (APA) concernant la Seconde Guerre mondiale, j'ai été fasciné par la récurrence de ce micro-genre littéraire : les récits d'évasion de prisonniers de guerre. Ce sont des thrillers. Et le plus souvent des contes de fées : on rentre sain et sauf à la maison. Ce qui fut si difficile à vivre devient agréable à raconter. « Pendant les veillées d'hiver, nous sollicitions notre père afin qu'il nous raconte son évasion, ce qu'il faisait aisément, avec modestie, écrit Étienne Gallien en présentant le récit de son père. C'était le mythe familial qui alimentait notre imaginaire, notre père avait une "histoire" qui le singularisait ».
On trouvera ici une anthologie représentative, tirée de sept récits d'évasion, avec, in fine, un inventaire rapide traçant une vue cavalière à travers le fonds de l'APA. -
Un désir d'humain ; les "love doll" au Japon
Agnès Giard
- Les Belles Lettres éditions
- Collection Japon
- 1 Septembre 2016
- 9782251901893
Il existe au Japon une industrie de « love doll », des poupées grandeur nature conçues pour servir de « partenaires de substitution ». Curieusement, ces produits sexuels haut de gamme se présentent sous la forme fantomatique de jeunes filles aux regards vides et aux corps incomplets... Est-il seulement possible de les « utiliser » ? Confrontant les humains à la question de la solitude, ces ersatz moulés dans les postures d'une attente sans fin fournissent un modèle représentatif de ce qui est considéré comme excitant et attirant dans la société actuelle.
Les firmes qui s'en disputent le marché les présentent non pas comme des « produits à vendre » mais comme des « filles à marier ». Lorsque le client ne peut ou ne veut plus garder sa poupée, celle-ci bénéficie de funérailles bouddhiques. A priori, ces love doll sont si ressemblantes qu'elles pourraient bien faire illusion. Ont-elles un coeur ? Une âme ? Les Japonais investissent actuellement des millions dans la recherche en robotique et s'intéressent tout particulièrement aux moyens de simuler la conscience. Or ces poupées constituent un véritable laboratoire pour la recherche en vie artificielle. Elles servent de modèles à des prototypes d'androïdes et influencent les recherches de pointe en matière d'anthropomorphisme. Le sujet de ce livre dépasse donc l'anecdotique. Il s'agit d'une enquête au coeur d'un système en train d'accoucher de formes de vies psychiques nouvelles. Les simulacres japonais devraient envahir le monde et cela d'autant plus rapidement que ces objets proposent quelque chose de plus qu'un aspect réaliste. Quoi ?
Anthropologue, chercheuse rattachée au Sophiapol, créatrice du blog Les 400 Culs, Agnès Giard est l'auteure de quatre livres consacrés à la culture japonaise, culture qu'elle interroge sous un angle particulier : comment se construisent les affects ? Depuis 1997, elle se rend régulièrement au Japon pour enquêter sur la façon dont les désirs s'y manifestent et suivant quelle logique.
Son premier livre, L'Imaginaire érotique au Japon, est traduit en japonais aux éditions Kawade shobô. Moins d'un mois après sa sortie, il fait partie des best-sellers de livres étrangers. En 2008, Agnès Giard publie un Dictionnaire de l'amour et du plaisir au Japon, suivi d'un livre de design (Les Objets du désir au Japon), puis d'une anthologie : Les Histoires d'amour au Japon. Des mythes fondateurs aux fables contemporaines. -
L'expérience culturelle ; catégories, caractéristiques et conditions des pratiques en régime d'abondance culturelle
Hervé Glévarec
- Le Bord de l'eau
- Documents
- 9 Novembre 2022
- 9782356879325
« J'ai tout appris par la littérature. » Voilà bien une affirmation qui suppose de considérer les usages de la culture sur les plans de son expérience et de ses effets mais qui mérite aussi d'être évaluée quant à la question du savoir. Conséquence de la diffusion et de la densité de l'offre culturelle qui caractérisent les sociétés contemporaines, le rapport aux oeuvres culturelles s'est progressivement transformé en un rapport expérientiel. L'expérience culturelle est à la fois sous-étudiée, éclipsée par la critique des fonctions sociales de la culture, et sous-évaluée comme paradigme du rapport contemporain à la culture, rapport moins déférent, moins distancié et moins institutionnel. Écoute quotidienne de la musique, visionnage vespéral des séries, lecture immersive, évasive ou édifiante, sociabilité amicale de la sortie au cinéma, pratique familiale de la visite muséale, visites patrimoniales en vacances, moments festivaliers, etc. sont autant d'expériences culturelles retirées de la fréquentation des oeuvres culturelles par les individus. Au point de donner lieu à ce qu'on peut appeler un « paradigme de l'expérience » dans la culture. Adossé à une enquête de terrain auprès de Français, l'ouvrage examine les dimensions de cette expérience en termes d'attachement, d'intérêt et de savoir. Il traite des conditions et de la différenciation sociale des expériences culturelles, mais aussi de leurs effets sur la connaissance et la transformation de soi et du rapport au monde. Que ce soit en mode mineur de la pratique quotidienne ou en mode majeur de la pratique rare et intense, l'expérience permise par la multiplication de l'offre culturelle et des dispositifs qui n'ont plus le Lieu culturel (avec une majuscule) comme leur lieu de réalisation privilégié (espace dédié, rendez-vous fixe, présence d'autrui, format prédéfini), est l'objet de cet ouvrage.
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La France, État-nation, est hantée par la peur que la reconnaissance de la diversité ne remette en cause son unité nationale. Les particularités individuelles peuvent s'exprimer librement dans la sphère privée, mais paraissent ne pas avoir leur place dans l'espace public comme l'ont révélé les affaires du burkini, de la burqa ou le refus de reconnaître à la langue corse un statut officiel. Pourtant les différences linguistiques, culturelles et religieuses ne sont pas nécessairement un facteur de fragilisation. Dans certains pays, au premier rang desquels le Canada, elles sont même promues au rang de symbole national. Leur préservation est devenue le ciment de la cohésion du pays. « Unis par la diversité », ils affichent avec fierté leurs différences comme un étendard et un témoignage de leur capacité à vivre ensemble dans un respect mutuel.
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Près d'une femme sur cinq en Europe n'a pas d'enfant à quarante ans. De plus en plus souvent, c'est un choix. Paradoxalement, le désir d'enfant n'a jamais été autant affiché. Pour tenter de comprendre cette nouvelle donne anthropologique, Laurence Santantonios a rencontré une quarantaine de femmes qui ont choisi de ne pas être mères. À leurs témoignages, elle mêle allègrement sa propre trajectoire de vie et son expérience de la maternité.
Dans ce texte vivant et documenté, ponctué d'entretiens et de textes d'écrivaines, l'auteure aborde les questions sans tabou et s'insurge contre les stéréotypes. En confrontant son expérience à celle des femmes qu'elle interroge, elle place le lecteur et la lectrice au coeur même du mystère de ce choix : avoir ou ne pas avoir d'enfant.
Libre à elles, un éloge de la différence, une incitation à la liberté de penser et de se comporter
Près d'une femme sur cinq en Europe n'a pas d'enfant à quarante ans. De plus en plus souvent, c'est un choix. Paradoxalement, le désir d'enfant n'a jamais été autant affiché. Pour tenter de comprendre cette nouvelle donne anthropologique, Laurence Santantonios a rencontré une quarantaine de femmes qui ont choisi de ne pas être mères. À leurs témoignages, elle mêle allègrement sa propre trajectoire de vie et son expérience de la maternité.
Dans ce texte vivant et documenté, ponctué d'entretiens et de textes d'écrivaines, l'auteure aborde les questions sans tabou et s'insurge contre les stéréotypes. En confrontant son expérience à celle des femmes qu'elle interroge, elle place le lecteur et la lectrice au coeur même du mystère de ce choix : avoir ou ne pas avoir d'enfant.
Libre à elles, un éloge de la différence, une incitation à la liberté de penser et de se comporter. -
Norber Elias
Claire Pagès
- Les Belles Lettres éditions
- Figures du savoir
- 14 Septembre 2017
- 9782251905433
Norbert Elias (1897-1990), sociologue juif allemand, lecteur de Freud, a produit une oeuvre atypique. Sa théorie du « processus de civilisation » - largement reconnue - propose une sociogenèse de la modernité qui articule le développement historique des sociétés et le réglage social de la vie affective. L'originalité d'Elias est d'affirmer l'historicité de l'affectivité : la monopolisation progressive de la violence physique par l'État a induit une transformation lente de l'économie psychique et porté les individus socialisés à adopter des formes d'autocontrainte. Cette histoire processuelle connaît pourtant des stases et des reflux, et même des phases de « décivilisation ». Pour les comprendre, Elias prend en compte la singularité des situations historiques ainsi que la multiplicité des causes façonnant les moeurs des nations. Aussi confie-t-il à la collaboration des disciplines (de la sociologie avec l'histoire ainsi qu'avec la psychologie) la tâche de saisir l'ensemble des faits humains qui concourent à la constitution de la modernité.
Après avoir cerné la pensée d'Elias et les objections qu'elle suscite, le présent ouvrage montre qu'elle offre un appui précieux pour qui travaille à diagnostiquer les pathologies sociales contemporaines, dérivant de la constitution des hommes en « individus ». -
Le mouvement posthumaniste, autre nom et radicalisation du transhumanisme, qui projette un homme dépassant sa condition corporelle par son hybridation aux machines, va bien avec notre temps. Ses partisans le conjuguent au futur : ils nous annoncent ce que l'avenir sera, sans s'embarrasser du moindre conditionnel hypothétique. Par leur assurance prophétique, ils veulent nous aspirer dans la spirale du temps technologique, renforçant ainsi la tyrannie du mode de vie que nous imposent déjà jour après jour les entrepreneurs du numérique, les rois du silicium. Ce livre s'en prend d'abord aux deux arguments-phares du posthumanisme, celui de la liberté de « s'augmenter », de poursuivre le projet d'un homme émancipé de ses faiblesses naturelles, et celui des bienfaits de l'amélioration par les techniques. Il réfute sur leur propre terrain les fausses évidences sur lesquelles ces deux argumentaires reposent. Mais surtout, il élargit le débat à la question de l'emprise technologique sur nos sociétés, mettant en évidence le rôle de complice objective que joue à cet égard ce que l'auteur appelle la « Petite éthique », à savoir l'éthique libérale des droits individuels. Ainsi, le posthumanisme nous lance un défi démocratique : celui de se réapproprier notre avenir, c'est-à-dire de faire en sorte qu'il se conjugue non plus au futur obligé, mais au conditionnel politique.
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Internet contre Internh@te ; plaidoyer pour le respect ; 50 propositions pour détoxer les réseaux sociaux
Philippe Coen
- Le Bord de l'eau
- Pour mieux comprendre
- 26 Juin 2019
- 9782356876799
Comment détoxer Internhate d'Internet ? Comment fabriquer l'antidote du poison numérique ? Peut-on extraire le mauvais buzz des réseaux sociaux ?
Plus que jamais, les réseaux sociaux sont devenus le terreau de souffrances, d'incitation à la haine, de complotisme et de radicalisation qui font peser une lourde menace sur la paix sociale et la démocratie.
A l'heure de la culture du selfie et des messages de quelque 140 caractères, comment prévenir les lynchages, les moqueries, les insultes, les déferlements de haine ou de menaces qui pullulent en ligne ?
L'auteur propose d'en découdre avec Internhate, pour identifier des possibilités de déconstruction de la haine. Avec son plaidoyer, Philippe Coen prône une philosophie du respect et de la non-violence. En intentant un procès à Internhate, il propose 50 propositions de « signal-éthique » pour construire du respect et de l'automodération. -
Notre Maladie : Leçons de liberté depuis un lit d'hôpital américain
Timothy Snyder, Olivier Salvatori
- Les Belles Lettres éditions
- 19 Mars 2021
- 9782251915005
« L'Amérique est censée incarner la liberté. Pourtant, la maladie et la peur nous ont rendus moins libres. Être libre, c'est devenir soi-même, se déplacer dans le monde en suivant ses valeurs et ses désirs. Chacun d'entre nous possède un droit au bonheur et à laisser une trace. La liberté s'arrête lorsque nous sommes trop malades pour envisager le bonheur et trop faibles pour nous lancer à sa poursuite. Le mot liberté devient hypocrite quand il est prononcé par ceux-là mêmes qui créent les conditions de notre maladie et de notre impuissance. Dès lors que notre gouvernement fédéral et notre médecine commerciale ruinent notre santé, ils nous ôtent la liberté. » T. S.
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Chine 2020 : l'illusion d'une prospérité sans fin
Jean-Pierre Fiquet
- Manitoba Les Belles Lettres
- 2 Mai 2019
- 9782376150688
La globalisation est-elle une catastrophe ? est-elle une chance ? Il n'y a pas de réponses à ces questions. Il existe, en revanche, une certitude : la globalisation est devenue inéluctable, depuis l'effondrement du prix des transports terrestres, maritimes et aériens. En une trentaine d'années, l'Asie a changé de visage et il en sera sans doute de même pour l'Afrique au cours des décennies à venir. La seule question devient donc celle-ci : comment gérer cette inéluctable globalisation ? L'Occident avait mis plus de trois cents ans à mettre au point un modèle qu'il croyait sans rival jusqu'au moment où la Chine a mis au point son nouveau système de gouvernement en moins de trente ans. Les deux systèmes peuvent-ils coexister ? L'un d'entre eux sera-t-il appelé à exercer sa suprématie ? Comment gérerons-nous le choc géographique ? Notre époque n'aura-t-elle été qu'une parenthèse enchantée ? Le but de cet ouvrage est de donner quelques idées sur la manière dont fonctionne le modèle chinois et de comprendre les difficultés de son interaction dans un monde qui n'a pas été créé à son image. Et il apportera à ses lecteurs les clefs indispensables pour comprendre, au-delà des clichés, les négociations entre la Chine et les USA.
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La guerre des générations aura-t-elle lieu ?
Frédéric Monlouis-Félicité
- Les Belles Lettres éditions
- Manitoba / Entreprises et société
- 7 Octobre 2022
- 9782376150909
La crise du Covid-19 a donné corps à l'idée d'une génération sacrifiée au bénéfice des plus âgés. Pour discutable qu'elle soit, cette opinion a trouvé en France un terrain propice. Victime de la paresse réformatrice des gouvernements successifs, la jeunesse pourrait-elle faire sécession ?
Cette question n'est pas purement rhétorique : elle a d'ores et déjà des effets tangibles. Les jeunes se détournent des formes classiques de participation politique. Aux élections locales de 2021, près de neuf jeunes sur dix ne sont pas allés voter. Ce record d'abstention montre que le suffrage universel est en réalité de moins en moins... universel.
Mais il n'y a pas de fatalité à ce qu'une population vieillissante surdétermine les grandes orientations du pays. Pour Frédéric Monlouis-Félicité, il est temps d'accorder aux jeunes, qui ont par nature plus de droits sur l'avenir, l'attention qu'ils méritent. La guerre des générations n'est pas inéluctable pour autant qu'une politique de la jeunesse soit assumée. Éducation, enseignement supérieur, emploi, logement... il y a urgence. Ces politiques doivent être repensées pour permettre aux jeunes de se construire un destin aussi heureux que les générations précédentes. Mais il faut aussi changer les règles du jeu en conférant un poids supérieur au vote des jeunes électeurs. Le vote générationnel est une réponse inédite à la crise démocratique et permet de mobiliser une jeunesse qui ne demande qu'à retrouver le goût de l'avenir. -
La tyrannie des modes de vie ; sur le paradoxe moral de notre temps
Mark Hunyadi
- Le Bord de l'eau
- Documents
- 15 Janvier 2015
- 9782356877765
Les modes de vie sont ce qui nous affectent le plus, et pourtant ils sont hors de notre contrôle. Il y a là un paradoxe : nous, individus réputés libres et démocratiques, sommes dans les fers des modes de vie. Ceux-ci nous imposent en effet des attentes de comportement durables (avoir un travail, être consommateur, s'intégrer au monde technologique, au monde administratif, au monde économique,...) auxquels nous devons globalement nous adapter. Ce paradoxe démocratique est renforcé par un paradoxe éthique : c'est au moment où l'on assiste à une véritable inflation éthique, par la multiplication des comités, chartes, conseils, règlements, labels éthiques en tout genre, tous censés protéger les droits individuels, que le modes de vie de plus en plus contraignants étendent comme jamais leur emprise sur les individus. Ce qui veut dire que toute ce idispositif éthique sert, en réalité, à blanchir le système et les modes de vie qui en découlent, qui peuvent ainsi étendre leur emprise en étant éthiquement pasteurisés. Notre éthique ne sert donc pas à critiquer le système ni les modes de vie, mais à les accompagner dans leur marche triomphale. Enrayer cette marche est le défi éthique et politique majeur de notre temps.