Quand les livres ont-ils été inventés ? Comment ont-ils traversé les siècles pour se frayer une place dans nos librairies, nos bibliothèques, sur nos étagères ? Irene Vallejo nous convie à un long voyage, des champs de bataille d'Alexandre le Grand à la Villa des Papyrus après l'éruption du Vésuve, des palais de la sulfureuse Cléopâtre au supplice de la philosophe Hypatie, des camps de concentration à la bibliothèque de Sarajevo en pleine guerre des Balkans, mais aussi dans les somptueuses collections de manuscrits enluminés d'Oxford et dans le trésor des mots où les poètes de toutes les nations se trouvent réunis. Grâce à son formidable talent de conteuse, Irene Vallejo nous fait découvrir cette route parsemée d'inventions révolutionnaires et de tragédies dont les livres sont toujours ressortis plus forts et plus pérennes. L'Infini dans un roseau est une ode à cet immense pouvoir des livres et à tous ceux qui, depuis des générations, en sont conscients et permettent la transmission du savoir et des récits. Conteurs, scribes, enlumineurs, traducteurs, vendeurs ambulants, moines, espions, rebelles, aventuriers, lecteurs ! Autant de personnes dont l'histoire a rarement gardé la trace mais qui sont les véritables sauveurs de livres, les vrais héros de cette aventure millénaire.
Dans son récit haletant, Zweig accompagne l'archiduchesse d'Autriche de Schnbrunn jusqu'à la montée à l'échafaud en passant par une existence faite d'inconscience et de frivolité. L'auteur entrelace le destin individuel d'une reine et le cours de l'histoire au moment où la Révolution française rend caducs les principes sur lesquels reposait l'Ancien Régime et où fait irruption l'idée de souveraineté populaire. Avec la reine, c'est une époque synonyme d'incrédulité, de charlatanisme, de corruption et d'injustice qui meurt, sanctionnant la rupture entre deux modes de gouvernement des hommes. Observateur lucide et souvent cruel des êtres qui s'agitent sur la scène de l'histoire, Zweig, passé maître dans l'art des portraits et des tableaux contrastés, privilégie les lieux qui sont autant d'étapes dans la marche en avant d'un temps qui s'accélère, comme mu par d'irrésistibles forces élémentaires. Si l'on excepte le fidèle Fersen et les amies proches, il n'est que la haute figure de Marie-Thérèse, maternelle, perspicace donneuse de conseils, mais Cassandre impuissante, à bénéficier d'une aura positive, écho d'un monde définitivement perdu. « Caractère ordinaire », Marie-Antoinette fait preuve face aux humiliations que lui impose la Terreur d'une dignité exemplaire, celle, paradoxale, d'« une vaincue de l'histoire ».
Les Cosaques, achevé en 1862, constitue l'oeuvre la plus audacieuse de Tolstoï, celle où s'exprime avec le plus de violence sa nature charnelle et où surgit en pleine lumière le visage païen de sa personnalité complexe. Ce roman teinté d'autobiographie nous livre le souvenir vivace d'une expérience intime, celle d'un jeune citadin écoeuré par les frasques de sa vie mondaine qui découvre brusquement la vie paisible et simple des Cosaques. Dans sa quête du bonheur, Olénine, tout comme Tolstoï dans ses jeunes années, essaye de se dépouiller de tout l'acquis de son éducation pour devenir semblable à ceux qui l'entourent. Au milieu d'une nature partout présente et révérée, la vie du village est cadencée par les récoltes, la chasse, le bétail et les heures passées à l'ombre du verger. Certes les abreks, montagnards inféodés, rôdent non loin, mais ils ne sont considérés que comme une distraction de plus pour juger de la bravoure des jeunes Cosaques. Les officiers russes, à l'instar d'Olénine, peinent à s'intégrer à ces hommes frustes dont ils admirent pourtant l'insouciance. Le héros du roman, émerveillé par cette vie nouvelle, n'en finira pas moins par fuir, déjà oublié par ceux-là mêmes en qui il portait toutes ses espérances.
« En ma qualité d'Autrichien, de Juif, d'écrivain, d'humaniste et de pacifiste, je me suis toujours trouvé présent là où les secousses sismiques se produisent avec le plus de violences (...) Né en 1881 dans un grand et puissant empire (...), il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon OEuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison (...). Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne.»
Lorsque, en 1941, réfugié au Brésil, Stefan Zweig rédige Le monde d'hier, il a déjà décidé de mettre fin à ses jours. « Parlez, ô vous, mes souvenirs et rendez au moins un reflet de ma vie avant qu'elle ne sombre dans les ténèbres.»
Chroniqueur de l'«Âge d'or» de l'Europe, il évoque avec bonheur sa vie de bourgeois privilégié, celle de ceux qui furent ses amis: Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke, Romain Rolland, Paul Valéry... Mais, analyste de l'échec d'une civilisation, il s'accuse d'avoir, peu soucieux des réalités sociales et économiques, assisté, aveugle, à la montée des périls.
Le monde d'hier: le chef-d'oeuvre de Stefan Zweig et l'un des plus grands livres-témoignages de notre époque.
Ami de Freud, d'Arthur Schnitzler et Richard Strauss Stefan Zweig (Vienne 1881- Petropolis 1942) fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive de la capitale autrichienne avant de quitter son pays natal en 1934 sous la pression fasciste. Réfugié à Londres il y poursuit une OEuvre de biographe (Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La pitié dangereuse, La confusion des sentiments). C'est au Brésil qu'il se suicide en 1942, au lendemain du jour où il avai expédié le manuscrit du Monde d'hier à son éditeur.
La lettre écarlate, c'est la marque au fer rouge qui désigne la femme adultère dans l'Amérique au puritanisme obsessionnel de l'époque coloniale. Trois personnages : Hester qui vit avec une dignité admirable sa faute et sa solitude. Arthur Dimmesdale, le jeune pasteur dont les élans mystiques soulèvent à Boston l'enthousiasme des fidèles mais qui, ensorcelé par Hester, ne parvient ni à dominer ni à vivre sa sensualité. Chillingworth, le mari, qui pendant des années tourmentera en silence le pasteur jusqu'à la folie et à la mort. Le premier des grands romans américains, ce livre est la clef d'une sensibilité nationale toujours partagée entre la tentation du scandale et le démon de la culpabilité. Henry James considérait La Lettre écarlate comme le plus beau roman de la littérature américaine.
Nathaniel Hawthorne (1804-1864) est célèbre pour ses récits décrivant la société américaine à ses débuts. Publié en 1850, le livre fut un best-seller dès sa sortie. Héritier du romantisme noir, mettant en scène des personnages et des situations complexes et symboliques à la fois, Hawthorne est l'un des grands écrivains de son temps et toujours populaire aujourd'hui.
Depuis quarante ans, les livres de Florence Braunstein et Jean- François Pépin sont des sillons creusés dans l'histoire du temps, des émotions gravées au coeur de leurs lecteurs, une invitation à partager cette culture générale dont nul ne doit être exclu.
Un été de culture G pour toute la vie invite à l'empathie pour l'exceptionnelle et ancestrale capacité des hommes à produire de la culture sous toutes ses formes.
Par la science, les mythes et la poésie, vous découvrirez comment nous avons apprivoisé l'Univers et la Terre. Vous comprendrez la naissance des villes, l'invention des langues, le choix de nos systèmes politiques et de nos économies. Vous vous lancerez sur les pas des explorateurs, vous ressourcerez en remontant les fleuves saints et contemplerez les cités sacrées.
Puis, vous plongerez dans l'Histoire : souverains, reines de légendes, conflits et guerres. Enfin, vous entrerez dans les bibliothèques, les salons et cafés, visiterez les musées. Chemin faisant, vous traquerez l'art du portrait, celui du romancier et du peintre. Puis vous vous délasserez de mangas et de comics, et vous irez danser et chanter au rythme du ragtime ou de la cantopop. À la fin de ce tour de l'histoire de l'humanité, vous aurez assez de culture générale pour inventer votre âme.
Porté aux nues par les plus grands - d'Octavio Paz à Roman Jakobson et António Tabucchi -, Pessoa compte aujourd'hui, avec un Rilke, un Joyce ou un Kafka, comme l'un des sommets de la culture européenne de ce siècle.
Ce premier volume des proses publiées de son vivant par l'auteur réunit, parmi d'autres, certains des textes dont le style provocateur lui valut d'être remercié par les rédacteurs des journaux où ils furent publiés. Pessoa y soutenait « le contradictoire comme thérapeutique de libération », allant jusqu'à prétendre qu'« une créature de nerfs modernes, d'intelligence sans niveaux et de sensibilité éraillée a l'obligation cérébrale de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois dans la même journée ».
Pour Pessoa, écrire, c'est comme fabriquer une bombe : il entoure sa dynamite d'une enveloppe de raisonnement, il lui met une traînée de poudre d'humour. Au lecteur d'allumer la mèche !
Laissons-nous les portes de notre civilisation ouvertes aux barbares, en oubliant nos racines grecques et romaines ? Ou bien sommes-nous les barbares, lorsque nous utilisons bêtement notre passé pour justifier le pire de notre civilisation ? Les exemples de ce que l'on peut appeler la mauvaise réception de l'Antiquité sont légion. Dans ce Livre noir, l'irrévérencieux et savant Giusto Traina en dresse l'histoire incorrecte. Il sélectionne les cas les plus intéressants voire les plus curieux, de 1900 à nos jours. On croisera ce psychiatre militaire américain inspiré par les poèmes homériques ; on évoquera le débat sans merci entre Martin Bernal et ses détracteurs ; on dressera le bêtisier de la démocratie dans la Grèce antique ; on suivra l'usage et l'abus du mythe d'Antigone, de Hegel à Agamben ; on comprendra les controverses sur les statues antiques ; on déchiffrera le conflit idéologique entre la Grèce et la Macédoine du Nord sur l'identité d'Alexandre le Grand ; on s'amusera du kitsch gréco-romain de Las Vegas ou d'une France qui n'en finit pas de se réclamer de ses ancêtres les Gaulois... Ce panorama passionné et jubilatoire de l'usage toxique de l'Antiquité aidera chacun à comprendre, enfin, ce qui est vivant et ce qui est mort dans notre rapport aux Grecs et aux Romains.
Léonard de Vinci et Michel-Ange sont nés pour être rivaux. Rien ne les a opposés davantage que leurs tempéraments. Au point qu'ils figurent deux pôles artistiques extrêmes, deux façons radicalement différentes de vivre, à cette époque fabuleuse de la Renaissance qui marqua l'histoire de la civilisation occidentale comme une charnière. Avec brio et rigueur, Le génie et les ténèbres nous plonge au coeur de leur rivalité légendaire en ces temps obscurs, exaltants et tragiques. Quand ils se rencontrent, à Florence, au tout début du XVIe siècle, Michel-Ange a vingt-six ans et Léonard quarante-neuf. Michel-Ange est capricieux, perfectionniste, aussi pieux qu'il est négligé dans ses manières, mais déterminé à se frayer un chemin à coups de burin. Léonard de Vinci est un hédoniste aux contours plus nuancés, aussi élégant qu'un dandy, mais qui ne respecte aucune échéance, s'intéresse autant aux sciences qu'aux arts, et devient même, parmi les multiples métiers qu'il exerce pour gagner sa vie, musicien de cour.
Avec son talent de conteur d'exception, Roberto Mercadini redonne vie aux hommes plus encore qu'aux artistes et ressuscite à merveille leur monde disparu : les troubles et les splendeurs de cités légendaires, quantité d'oeuvres sublimes, une foule de personnages historiques hauts en couleur, peintres, sculpteurs, architectes, papes, condottieres, comtesses guerrières et moines rebelles.
À la Renaissance, comme dans les vies de Léonard et de Michel-Ange, rien ne sépare la lumière des ombres : le génie solaire des gestes parfaits de l'artiste cohabite toujours avec les ténèbres de ses obsessions. Au fil de leur somptueux et inquiétant récit, ces vies extraordinaires dressent en creux le portrait d'une époque qui ne l'est pas moins.
Jane Austen, Charlotte et Emily Brontë, Katherine Mansfield et Dorothy Richardson osèrent tour à tour entrer en un jardin interdit, afin de cueillir à l'arbre de la connaissance les fruits étranges et brillants de l'art.
Leurs oeuvres offrent, telle la grenade, sous une écorce parfois âpre, une chair douce et succulente emprisonnant en grains transparents la quintessence même de la vie ensoleillée, la substance sublimée de l'expérience.
Les essais réunis en ce recueil attestent qu'outre une grande romancière, Virginia Woolf fut aussi la plus brillante des pamphlétaires et la lectrice idéale de toutes celles qui cherchèrent un autre phrasé plus androgyne que féminin.
Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros. (I, 1-4)
L'amertume, la folie, la haine, le mépris, les dénigrements qui se donnent libre cours dans Mystères ne doivent pas nous faire oublier que Hamsun était d'abord et avant tout un amoureux de la nature, un solitaire, un poète du désespoir. Il est capable de nous faire rire aux moments les plus inattendus - parfois même au beau milieu d'une scène d'amour passionnée - et pas toujours pour de bonnes raisons. Il peut, en un clin d'oeil, retourner une situation. De fait, il paraît souvent vouloir se libérer, s'extraire de sa propre peau. Mais si incisif que soit son humour, si mordantes que soient ses récriminations, cela ne nous empêche pas d'avoir le sentiment, la certitude, que c'est là un homme qui aime, un homme qui aime l'amour, et qui est condamné à ne jamais rencontrer une âme accordée à la sienne. Hamsun est vraiment ce que l'on pourrait appeler un aristocrate de l'esprit.
Je juge qu'il peut être vrai que la fortune soit l'arbitre de la moitié de nos actions, mais aussi qu'elle nous en laisse, à nous, gouverner l'autre moitié ou à peu près.
Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses publiées du vivant de Pessoa telles qu'elles avaient été présentées au public français dès 1987 par José Blanco, l'un des meilleurs spécialistes du grand auteur portugais.
On y retrouvera la critique d'un esprit éminemment libre face aux hypocrisies et aux bigoteries de l'ordre social, et l'on verra derechef avec quel humour ses réflexions poussées souvent jusqu'aux paradoxes les plus subtils distillent un sain antidote aux mystifications des idéologies de toutes natures.
« Est-ce que, moi, la petite fille de l'epicerie de la rue
du Clos-des-Parts a Yvetot, immergee enfant et adolescente dans une langue parlee populaire, un monde populaire,je vais ecrire, prendre mes modeles, dans la langue litteraire acquise, apprise, la langue que j'enseigne puisque je suis devenue professeur de lettres ? Est-ce que, sans me poser de questions, je vais ecrire dans la langue litteraire
ou je suis entree par effraction, la langue de l'ennemi comme disait Jean Genet, entendez l'ennemi de ma classe sociale ? Comment puis-je ecrire, moi, en quelque sorte immigree de l'interieur ? Depuis le debut, j'ai ete prise dans une tension, un dechirement meme, entre la langue litteraire, celle que j'ai etudiee, aimee, et la langue d'origine, la langue de la maison, de mes parents, la langue
des domines, celle dont j'aurai honte plus tard, mais
qui restera toujours en moi-meme. Tout au fond,
la question est : comment, en ecrivant, ne pas trahir
le monde dont je suis issue ? »
Annie Ernaux
Pour cette nouvelle edition augmentee de Retour a Yvetot, Annie Ernaux a souhaite ecrire une preface et completer le cahier hors- texte avec plusieurs documents inedits de sa vie a Yvetot : redaction ecrite en classe de sixieme, livret scolaire, photos de jeunesse, lettres a son amie Marie-Claude, extraits de son Journal lors de l'ecriture et de l'envoi de son premier roman aux editions du Seuil, en 1963.
Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l'histoire. Des conquérants normands de l'Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l'Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin. Le chevalier apparaît d'abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l'étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l'errance et une mort précoce. Elle nous fait revivre l'aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu'étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques.
La Philosophie éternelle date de 1945, treize ans après le Meilleur des Mondes. Au désespoir, Huxley n'oppose pas seulement l'érudition et l'humour ; ce grand voyageur, qui fit le tour du monde en sceptique et expérimenta les drogues en documentaliste, s'est défendu du pessimisme par ces deux formes de l'intelligence à l'affût d'elle-même que sont l'ironie et le savoir.
« La matière de la Philosophia Perennis, c'est la nature de la réalité éternelle, spirituelle (...). Dans l'étude de la Philosophia Perennis, on peut commencer soit par le bas, par la pratique et la morale ; soit par le haut, par la considération des vérités métaphysiques ; soit enfin par le milieu, au point focal où l'esprit et la matière, l'action et la pensée, ont leur lieu de rencontre dans la psychologie humaine. » Aldous Huxley
Quelles sont les vertus « ordinaires » de nos vies, celles qui passent souvent inaperçues à notre manière d'être sensibles surtout à des gestes marquants ? Carlo Ossola nous les rappelle, vertus pour soi et pour les autres, vertus minimes et communes qui fondent et mesurent l'homme et la société.
Douze de ces qualités quotidiennes, Les vertus communes, ont paru aux Belles Lettres en 2019. Dans les détresses publiques de ces dernières années, poursuivant sa réflexion, il lui a paru nécessaire de mieux distinguer les exercices qui servent à nous former et les conduites à adopter avec les autres ; entre le corps de la société et notre corps subsistent des lacis qui peuvent nous fortifier ou nous étouffer : la vie simple est la manière directe de dégager le « propre » de notre agir.
Rome et le monde romain comme on ne vous les a pas racontés, et comme les manuels ne peuvent pas les raconter. Depuis Romulus jusqu'à la chute de l'empire, ce livre secoue nos certitudes et tend parfois un miroir à nos préoccupations contemporaines, parlant de fake news et de politique-spectacle, d'accès à la citoyenneté entre asile généralisé et fermeture, d'images paradoxales de l'Urbs, de génocides étalés avec complaisance à côté de quelques discours humanitaires, d'une hostilité prétendue au progrès scientifique, de représentations du limes construites en fait au XIXe siècle, d'une extraordinaire et bien réelle capacité à gérer de terribles défaites (parlera-t-on de résilience ?), de l'escamotage des langues de l'empire autres que le latin et le grec, du moins jusqu'aux prêcheurs chrétiens, de l'importance des prodiges et de la multiplicité des cultes locaux, ou encore des « invasions barbares » et du foisonnement des hypothèses sur la chute de l'empire... L'érudition et la familiarité s'associent en un récit passionnant et décapant.
Voici par Golda Meir (1898-1978) l'émouvant récit de sa vie. Pour la première fois, nous comprenons comment il se fait que cette femme extraordinaire, née en Russie et élevée aux États-Unis, est devenue Premier ministre d'Israël et l'un des géants politiques de son temps, sans jamais perdre rien de la chaleur ni de la simplicité qu'on se plaît à lui reconnaître. Dans cette autobiographie, elle évoque les terreurs qui ont assombri son enfance, son adolescence tumultueuse, son mariage et son émigration vers la Palestine dans les années 1920, et la façon dont, sioniste et socialiste convaincue, elle s'est lancée dans la fantastique aventure qui devait aboutir à la création de l'État d'Israël. Elle décrit comment elle a mené sa carrière politique comme ministre du Travail (1949-1956), ministre des Affaires étrangères (1956-1966) et enfin Premier ministre d'Israël (1969-1974), tout en continuant à tenir son rôle d'épouse et de mère. Cette autobiographie reflète aussi, bien sûr, l'histoire d'Israël même - et de sa lutte pour survivre - tout cela aboutissant à ce qui fut, pour Golda Meir, la période la plus désespérée : les jours terribles de la guerre du Kippour de 1973. Golda Meir apporte d'innombrables révélations, non seulement sur ceux de ses compatriotes avec qui elle a étroitement collaboré, comme Ben Gourion, Moshe Dayan, mais aussi sur les grands chefs d'État qu'elle a connus : Kennedy, Nixon, Kissinger, de Gaulle et Willy Brandt. Proclamant le droit d'Israël à l'existence, elle n'esquive aucun problème : elle évoque aussi bien l'histoire du mandat britannique que les relations avec les pays arabes ou la question palestinienne. Elle parle droit et clair avec l'autorité de quelqu'un qui a assumé les responsabilités majeures. Les mémoires de Golda Meir sont aussi vibrants de sensibilité, de franchise et de chaleur humaine que l'a été toute son existence.
Patrick Dalroy, un jeune Irlandais à la force physique peu commune, rentré au pays après une campagne légendaire contre les Turcs, apprend de la bouche de son meilleur ami, que le tyran du Comté s'apprête, sous l'influence hautement maléfique d'un fanatique musulman, à fermer toutes les vieilles auberges du pays.
On devine la suite : le roman est tissé d'exploits et d'aventures dignes du chevalier à la Triste Figure. Nos amis sont bien décidés à rétablir la loi de la dive bouteille dans leur pays menacé par l'Infidèle de mourir de soif. Le tempérament de Chesterton peut alors se déployer dans tout son éclat, renouant avec la plus belle tradition picaresque anglaise, celle des Sterne, Fielding et autres Smollett.
Livre prophétique, L'Auberge volante, écrit Pierre Boutang, « pourra éveiller et instruire ceux qui, en l'Occident européen, songent encore à relever certains défis, et restent fidèles à leur héritage ».
« Il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard pour prendre soin de son âme. » Lettre à Ménécée
Magistralement illustrée, cette traduction nouvelle, tranchante, étrangère à toute tentation de compromis, rassemble les écrits les plus fondamentaux d'Épicure, mais dans la présentation qui convient à une sagesse : accessibles à tous, proches et utiles, permettant d'avoir toujours auprès de soi le précieux ouvrage comme un nécessaire de philosophie.
Au lecteur de vérifier, en lisant et relisant, que la sagesse épicurienne - toujours intelligente - consiste à ne jamais séparer, à aucun prix, plaisir et liberté.
Il vivait aux fins fonds du futur, le pronom « je », disparu, était remplacé par le pronom « nous ». Dans un monde dépourvu d'amour, il osa aimer la jeune femme de son choix. Dans un monde ayant perdu toute trace de civilisation, il eut le courage de chercher et de trouver la science. Il fut condamné à mort car il avait commis le péché impardonnable : il s'était distingué de la masse sans esprit. Il était homme.
Hymne (Anthem) fut d'abord publié en Angleterre en 1938, puis réécrit pour l'édition américaine en 1946. Ayn Rand, comme le fera plus tard George Orwell dans 1984, décrit un des futurs possibles de notre civilisation. Une vision terrifiante, l'interdiction de se distinguer de son voisin, de penser par soi-même ou d'être original. Les hommes vivent et dorment dans des bâtiments géants où ils ne sont jamais seuls. L'idée de progrès a disparu ainsi que la liberté.
Jean de Bosschère, dont l'oeuvre atteste à la fois la connaissance profonde et l'amour de la Nature, est un des maîtres dans l'art de découvrir et de décrire le mystère des choses animales et végétales.
Voici la haie vive : monde secret, fourmillant d'êtres dont elle est le refuge, l'abri, le garde-manger. Le naturaliste l'observe, il l'espionne, pourrait-on dire, dès l'aurore, guettant les premiers bruits du réveil, cris, chants qui se mêlent dans un tout harmonieux. Voici le pic, chasseur de vers et de larves, voici les derniers attardés, la chouette et l'effraie...
Les saisons passent sur la haie. La Voie Lactée printanière est une longue et lumineuse traînée de fleurs. Les insectes peu à peu fourmillent : hanneton, cantharide, grillon. Voici les parfums : églantine, muguet, sureau, tilleul ; les parures : liseron, chèvrefeuille, clématite.
Les chenilles apparaissent, mais aussi les papillons. Comme il a amoureusement décrit la fleur, l'oiseau, le scarabée et l'escargot, Jean de Bosschère s'attarde aux merveilles du vanesse, du paon de jour, du machaon. La haie offre ses bouquets : violette, campanule, digitale ; elle est faite d'arbres aussi : charme, érable, cornouiller. La nuit, c'est le règne de la belette et de la chauve-souris.
L'automne transforme la haie en buisson ardent. Les fruits de l'églantier, de l'alisier, du fusain bonnet-de-prêtre revêtent les branches d'écarlate.
Une à une, toutes les plantes sont décrites avec leurs habitats, leurs moeurs, leurs vices et leurs vertus. Tous les oiseaux, tous les insectes et le comportement particulier de chaque espèce ; aucun être végétal ou animal n'est oublié, et des dessins aussi gracieux qu'exacts illustrent ces pages où la poésie ne le cède qu'à la science.