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jean emmanuel ducoin
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Devançant l'appel, à seize ans à peine, il a rejoint de son plein gré la boue des tranchées. Il s'appelait Jaurès. Louis Jaurès. Voulait-il, par son geste, laver son nom des accusations d'antipatriotisme si souvent adressées à son père ? Voire sauver l'idée même du pacifisme, en la dissociant par son courage de l'idée de lâcheté ?
Quelques mois avant l'armistice de 1918, Louis est mort en faisant face, seul, à une patrouille ennemie, pour couvrir la retraite de ses compagnons.
Courageux, Louis Jaurès le fut.
Seulement, qui s'en souvient ?
Sans doute fallait-il qu'un romancier s'empare de ce paradoxe : le fils d'un des plus grands pacifistes de tous les temps volontaire pour aller se battre, et mort en héros ignoré de tous. Même un siècle plus tard, sans doute fallait-il, pour qu'il ne reste pas vain, tenter de comprendre le sens de son incroyable sacrifice.Jean-Emmanuel Ducoin, journaliste et écrivain, est notamment l'auteur de Go Lance ! (roman, Fayard, prix Jules-Rimet 2013). -
Table des matières
De quoi est-il le nom ?
De quoi est-il l’origine ?
De quoi est-il le diagnostic ?
De quoi est-il l’accusation ?
De quoi est-il le programme ?
De quoi est-il le produit ?
De quoi est-il le signe ?
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En 1999, Lance Armstrong disait : "Je suis un survivant et chaque jour qui passe est un jour gagné." Et ajoutait à propos du dopage : "Vous croyez qu'après avoir vu la mort en face je serais assez fou pour jouer avec mon sang ?" Mais quinze ans plus tard, en janvier 2013, il déclarait : "C'est l'histoire d'un gars qui se sentait invincible, qui entendait qu'il l'était et qui le croyait profondément. Je n'aime pas ce gars. J'ai eu une vie mouvementée. Ce n'est pas une excuse. Je suis profondément désolé pour ce que j'ai fait." Quinze ans de mythe se transforment subitement en quinze ans de mensonges. Mais qui est Lance Armstrong ? Rejeton d'un géniteur dont il refuse la filiation, adopté par un beau-père violent dont il n'a hérité que le nom de famille, fils unique et chéri de sa mère, Linda, surprotectrice et omniprésente, sportif précoce venu au vélo non par passion mais par esprit d'entreprise, cherchant le leadership et la victoire, quelle que soit la méthode et quel qu'en soit le prix, champion hors norme capable de mettre tout un sport sous sa coupe... Il est tout cela, bien sûr. Mais l'ex-septuple vainqueur du Tour de France reste avant tout un Texan, fidèle au personnage qu'il s'est composé en tentant de nous vendre l'histoire édifiante, quasi hollywoodienne, d'un rescapé du cancer des testicules, des poumons et du cerveau, revenu dans les pelotons plus fort qu'auparavant, comme transfiguré par la maladie et la victoire sur la mort. Lance Armstrong se voyait en énième incarnation du rêve américain, winner au pays des winners. Son parcours s'achève en cauchemar.