Filtrer
Prix
emmanuel carrere
-
«À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère); Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai.» Emmanuel Carrère.
-
« Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. D'imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu'il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d'autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m'a touché de si près et touche, je crois, chacun d'entre nous. »
Emmanuel Carrère interprète son propre texte lui insuflant un surcroit d'intensité dramatique. -
« Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C'est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d'aventures. C'est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. »Prix RenaudotPrix de la langue françaisePrix des prix
-
Le Royaume raconte l'histoire des débuts de la chrétienté, vers la fin du Ier siècle après Jésus Christ. Il raconte comment deux hommes, essentiellement, Paul et Luc, ont transformé une petite secte juive refermée autour de son prédicateur crucifié sous l'empereur Tibère et qu'elle affirmait être le messie, en une religion qui en trois siècles a miné l'Empire romain puis conquis le monde et concerne aujourd'hui encore le quart de l'humanité.
Cette histoire, portée par Emmanuel Carrère, devient une fresque où se recrée le monde méditerranéen d'alors, agité de soubresauts politiques et religieux intenses sous le couvercle trompeur de la pax romana. C'est une évocation tumultueuse, pleine de rebondissements et de péripéties, de personnages hauts en couleur.
Mais Le Royaume c'est aussi, habilement tissée dans la trame historique, une méditation sur ce que c'est que le christianisme, en quoi il nous interroge encore aujourd'hui, en quoi il nous concerne, croyants ou incroyants, comment l'invraisemblable renversement des valeurs qu'il propose (les premiers seront les derniers, etc.) a pu connaître ce succès puis cette postérité. Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que cette réflexion est constamment menée dans le respect et une certaine forme d'amitié pour les acteurs de cette étonnante histoire, acteurs passés, acteurs présents, et que cela lui donne une dimension profondément humaine.
Respect, amitié qu'Emmanuel Carrère dit aussi éprouver pour celui qu'il a été, lui, il y a quelque temps. Car, comme toujours dans chacun de ses livres, depuis L'Adversaire, l'engagement de l'auteur dans ce qu'il raconte est entier. Pendant trois ans, il y a 25 ans, Emmanuel Carrère a été un chrétien fervent, catholique pratiquant, on pourrait presque dire : avec excès. Il raconte aussi, en arrière-plan de la grande Histoire, son histoire à lui, les tourments qu'il traversait alors et comment la religion fut un temps un havre, ou une fuite. Et si, aujourd'hui, il n'est plus croyant, il garde la volonté d'interroger cette croyance, d'enquêter sur ce qu'il fut, ne s'épargnant pas, ne cachant rien de qui il est, avec cette brutale franchise, cette totale absence d'autocensure qu'on lui connaît.
Il faut aussi évoquer la manière si particulière qu'a Emmanuel Carrère d'écrire cette histoire. D'abord l'abondance et la qualité de la documentation qui en font un livre où on apprend des choses, beaucoup de choses. Ensuite, cette tonalité si particulière qui, s'appuyant sur la fluidité d'une écriture certaine, passe dans un même mouvement de la familiarité à la gravité, ne se prive d'aucun ressort ni d'aucun registre, pouvant ainsi mêler la réflexion sur le point de vue de Luc au souvenir d'une vidéo porno, l'évocation de la crise mystique qu'a connu l'auteur et les problèmes de gardes de ses enfants (avec, il faut dire, une baby-sitter américaine familière de Philip K. Dick...).
Le Royaume est un livre ample, drôle et grave, mouvementé et intérieur, érudit et trivial, total.
Prix LiRE : Meilleur livre de l'année 2014 -
C'est l'histoire d'un livre sur le yoga et la dépression. La méditation et le terrorisme. L'aspiration à l'unité et le trouble bipolaire. Des choses qui n'ont pas l'air d'aller ensemble, et pourtant : elles vont ensemble.
-
Dès le début de cette histoire, une menace plane sur son petit héros : nous le sentons, nous le savons, tout comme lui le sait, l'a toujours su. Pourtant, quoi de plus ordinaire qu'une classe de neige? Mais celle-ci, à partir d'un incident apparemment mineur (son père qui l'a amené en voiture repart en emportant les affaires de l'enfant) va tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d'où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l'instrument, nous savons que quelque chose est en marche, qui ne s'arrêtera pas.
Ce roman impitoyablement écrit raconte l'un des pires malheur qui puisse arriver à un enfant, un malheur, né autant de son imagination que du monde qui l'entoure, et contre lequel il sera totalement démuni car il touche le coeur de ce qui fait sa faiblesse, sa vulnérabilité et le prive de toute issue, de tout recours.
Prix Femina 1995 -
Au début de l'été 1816 - un été pourri -, le hasard réunit au bord du lac de Genève Lord Byron, son médecin Polidori, Percy Bysshe Shelley et sa femme Mary. Pour divertir la compagnie, Byron proposa que chacun écrivît un récit terrifiant. Ce pari, une série de conversations nocturnes et un cauchemar inspirèrent à Mary Shelley son roman Frankenstein.
Cette anecdote d'histoire littéraire, et un jeu de société dont les règles se trouvent exposées à la page 130, forment le point de départ de Bravoure. Pour connaître le point d'arrivée, le mieux est encore de retourner le livre et de commencer à la première page. -
Le mari d'Agnès, un matin, rase sa moustache, sans le lui dire, pour la surprendre. Mais elle ne remarque rien et prend à témoin ses amis, son entourage, appuyée par des photos, pour montrer à son mari qu'il a coupé une moustache qui n'a jamais existé. A partir de ce canular innocent, le monde se dérègle et monte la folie. Ayant vidé la poubelle sur le trottoir, il trouva vite le sac qu'on plaçait dans la salle de bains, en retira des cotons-tiges, un vieux tube de dentifrice, un autre de tonique pour la peau, des lames de rasoir usagées. Et les poils étaient là. Pas tout à fait comme il l'avait espéré : nombreux, mais dispersés, alors qu'il imaginait une touffe bien compacte, quelque chose comme une moustache tenant toute seule. Il en ramassa le plus possible, qu'il recueillit dans le creux de sa main, puis remonta. Il entra sans bruit dans la chambre, la main tendue en coupelle devant lui et, s'asseyant sur le lit à côté d'Agnès apparemment endormie, alluma la lampe de chevet. Elle gémit doucement puis, comme il lui secouait l'épaule, cligna des yeux, grimaça en voyant la main ouverte devant son visage.
-Et ça, dit-il rudement, qu'est-ce que c'est ? -
Frédérique décide de ne plus rien décider, d'abandonner à la roulette la conduite de sa propre vie : ce qu'elle fera, où elle ira, si elle sera riche ou pauvre, flambeuse de haut vol ou clocharde, et dans quel ordre. Les enjeux montent, elle coupe des ponts, elle s'enivre d'irrévocable. Elle se met sans relâche au pied du mur en espérant, après l'avoir sauté, être enfin délivrée, hors d'atteinte.
-
Ce livre de plus de 500 pages réunit la plupart des articles écrits par Emmanuel Carrère depuis 25 ans dans la presse (du Nouvel Observateur à La Règle du jeu, en passant par Les Inrockuptibles ou XXI). Ces textes couvrent les sujets les plus divers : de l'amour à la politique, de la littérature au cinéma, de la société et des faits divers à l'intime. On y lit l'amorce de préoccupations qui donneront plus tard lieu à des livres, on y vit avec l'auteur, ses doutes, ses échecs (par exemple une calamiteuse interview de Catherine Deneuve...), ses réussites, ses enthousiasmes, de Truman Capote à Sébastien Japrisot, du mathématicien anglais Alan Turing à Luke Rinehart. On s'y plonge dans de grands reportages sur la Roumanie, sur une junkie américaine, sur la Russie, sur le forum de Davos. On y lit aussi des préfaces à Moll Flanders de Defoe, à l'intégrale des nouvelles de Philippe K. Dick ou encore à Epépé, de Ferenc Karinthy. Et même, pendant neuf chroniques écrites pour un magazine italien, il est envoyé spécial dans le coeur des hommes et, plus particulièrement, dans le sien. Bref un panorama quasi complet des talents d'Emmanuel Carrère : Analyste, chroniqueur, commentateur, aventurier, satiriste, critique et avant tout écrivain.
-
Une nuit, un scénariste de Hollywood imagina en rêve la plus gracieuse et originale des histoires. Du début à la fin, il en suivit la progression dramatique imparable, les péripéties, l'agencement ingénieux et naturel. Dans un demi-sommeil, il griffonna quelques mots qui, peut-être, lui permettraient de reconstituer la merveille, le lendemain. Au matin, il trouva sur son bloc le résumé lapidaire de ce qui lui avait paru si neuf - et qui l'était, n'en doutons pas : Boy meets girl. On pourrait résumer ainsi L'Amie du jaguar : un garçon rencontre une fille. Son sujet choisi, l'auteur a tâché d'organiser cette rencontre et de raconter ce qui en résulte selon la capricieuse nécessité qui, dans son rêve, avait émerveillé le scénariste. Ainsi est-il question, dans ce roman, des rites funéraires en usage dans la colonie française de Surabaya (Indonésie), d'un jeu appelé le loto chantant, des rapports entre les sentiments exprimés dans une lettre et le bureau de poste choisi pour l'expédier, de stations prolongées dans des ascenseurs, de parenthèses, d'un ou plusieurs crimes atroces dissimulés dans un manuel de graphologie, de grimaces, de quatorze karatékas, d'un trafic de zombies entre Biarritz et Surabaya, d'amour surtout et de fabulations. Cette liste, bien entendu, n'est pas exhaustive.
-
V13 : c'est le nom de code du procès des attentats terroristes qui, le vendredi 13 novembre 2015, ont causé 130 morts au Stade de France, sur des terrasses de l'est parisien, dans la salle de concert du Bataclan.
14 accusés, 1 800 parties civiles, 350 avocats, un dossier haut de 53 mètres : ce procès hors norme a duré neuf mois, de septembre 2021 à juin 2022. Je l'ai suivi, du premier au dernier jour, pour l'hebdomadaire L'Obs.
Expérience éprouvante, souvent bouleversante, fascinante même quand elle était ennuyeuse.
Une traversée.
Emmanuel Carrère interprète lui-même son propre texte lui conférant un accent de vérité bouleversant. -
«La folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de rien d'autre. Après L'Adversaire, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper. J'ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête. L'enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l'automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C'est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j'ai suivi des chemins hasardeux. Ils m'ont entraîné jusqu'à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu'il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l'horreur me rattrapaient. Elles m'ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J'ai écrit pour la femme que j'aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et nos amours. C'est de cela qu'il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s'y prend pour nous répondre.»
-
L'uchronie, c'est l'histoire qui aurait pu se passer si elle s'était passée autrement.
Si le nez de Cléopâtre avait été plus court, si Napoléon avait vaincu à Waterloo, si l'inconnue croisée hier dans l'autobus avait répondu à votre sourire.
Bifurcations. Réalités alternatives. Mondes parallèles où nous aurions pu vivre et peut-être vivons, sans le savoir, d'autres vies.
Ce livre est paru pour la première fois en 1986 aux éditions P.O.L sous le titre Le Détroit de Behring. -
La visite guidée de l'enfer que nous propose Hervé Clerc est « une merveille d'érudition souriante », écrit dans sa préface Emmanuel Carrère.« Vous apprendrez beaucoup en lisant ce livre, ajoute-t-il. Pas seulement sur le ciel et l'enfer, dont peut-être vous vous souciez peu, mais aussi sur vous-même. Car Hervé Clerc y pose des questions si importantes, et sous un angle si original, qu'en vous amenant à vous les poser, vous, à vous demander si vous êtes d'accord ou non avec lui, il vous éclaire sur vos orientations les plus intimes ». Dans un style vif et original, l'auteur fait dialoguer religion et philosophie, Orient et Occident, les idées et les faits pour percer quelques-uns des secrets de l'enfer, cette forteresse vide. Ce faisant, il évoque les grandes questions qui agitent le coeur de l'homme : le bien, le mal, l'amour, la solitude, le sens de l'art et celui de la vie.
-
Never stop moving
Patrick Germain-Thomas, Peter Goss, Emmanuel Carrère
- EDITIONS DE L'ATTRIBUT
- 23 Mars 2018
- 9782916002576
« Peter Goss est un sorcier. Il a une connaissance presque infinie du corps humain en général et de chacun de nos corps en particulier - à nous qui suivons son enseignement. Il est un maître attentif et exigeant. » Emmanuel Carrère Tel que l'exprime Emmanuel Carrère dans sa préface, Peter Goss est un maître, l'un des grands pédagogues actuels de la danse et du yoga. Ce livre raconte son histoire, de son enfance et de sa jeunesse sud-africaines marquées par l'apartheid au swinging London des années 1960, jusqu'à ses années parisiennes où il est devenu chorégraphe. Son parcours artistique croise de grandes figures de la danse - classique, jazz ou contemporaine - mais aussi de la culture hippie et du showbiz. Mosaïque d'un artiste qui s'est toujours tenu à distance des modes et des influences du milieu professionnel. Ce livre nous parle de pédagogie, de la bonne distance à tenir entre l'enseignant et l'élève, de la façon d'éprouver son corps et ses mouvements, du savant dosage à déployer entre rigueur et liberté. Il est à mettre entre les mains de tous ceux qui sont engagés dans l'éducation et dans la transmission, au-delà du monde de la danse.
-
Préfacé par Emmanuel Carrère, écrit dans une langue magnifique, un roman de guerre qui ne ressemble à aucun autre et un portrait saisissant de l'inconscient en temps de guerre.
" Pendant une guerre, on rêve de guerre, et Emil Szittya a cherché à savoir sous quelle forme la guerre s'insinuait dans le sommeil des gens. Il a noté ce qu'on lui racontait aussi fidèlement que possible, en comptant sur l'éloquence de la transcription brute. Le résultat est saisissant, à la fois d'une grande unité de style et d'une grande variété de tonalités et d'affects. Il n'y a pas d'interprétation, mais chaque rêve est précédé par une brève présentation du rêveur, et ces 82 vignettes ne sont pas ce que le livre offre de moins précieux. Il y a quelque chose de Perec dans ces vies déroulées en quelques lignes. On y reconnaît le ton d'un véritable écrivain. " Emmanuel Carrère
Sorti en 1963, devenu introuvable, 82 rêves pendant la guerre 1939-1945 est enfin réédité. Emil Szittya y fait le récit des rêves de Français ordinaires, de miliciens, de Juifs pourchassés ou de soldats allemands pendant l'Occupation.
En dévoilant la part la plus intime des hommes et femmes pendant cette nuit de six longues années, il signe une oeuvre littéraire et historique de premier plan. Un portrait saisissant de l'inconscient en temps de guerre. -
Un écrivain aux aguets ; oeuvres choisies
Pierre Pachet
- Fayard/Pauvert
- Littérature française
- 22 Janvier 2020
- 9782720216701
"Depuis Autobiographie de mon père, j'étais fasciné par ses livres, par cette voix sourde et obstinée, par cette façon de regarder sans ciller tout ce qui compose une expérience humaine. Toute son oeuvre est un exercice d'intranquillité et de vigilance."
Emmanuel Carrère (extrait de la préface)
Ce volume contient :
Autobiographie de mon père
Le Grand âge
Bêtise de l'intelligence
Conversations à Jassy
L'oeuvre des jours
Adieu
L'Amour dans le temps
Devant ma mère
Sans amour
Préface d'Emmanuel Carrère
Postface de Martin Rueff
Notices d'introduction de Yaël Pachet
Écrivain, essayiste, traducteur et critique littéraire, Pierre Pachet (1937-2016) s'est intéressé aussi bien au sommeil, à la littérature de l'Est, de Kafka à Soljenitsyne, qu'à l'Histoire et à la politique. Mais au-delà d'un apparent éclectisme, il a surtout laissé une oeuvre littéraire de premier plan. Le choix proposé dans ce volume, orienté vers l'écriture de l'intime, à l'écoute de personnes aimées et proches mais aussi des laissés pour compte de la vie moderne, permet de mieux saisir l'individu Pierre Pachet : un grand écrivain contemporain aux aguets, sensible au « devoir que l'on a d'être celui que l'on est ». -
Les gens normaux n'existent pas ; chroniques de 21 jours
Alexandra Alévêque
- Robert Laffont
- 2 Février 2017
- 9782221199145
" Ils sont là près de nous, nous partageons le même monde, mais qui s'intéresse vraiment aux ouvriers, aux acteurs porno, aux religieuses, aux illettrés ou aux infirmières ? Pour dire les choses comme elles sont et parce que j'ai pu le vérifi er sur le terrain, la majorité s'en fout complètement. Tous ceux que nous avons côtoyés pour les besoins de ces documentaires sont des titres dans les journaux, une population qu'on nomme mais ne montre pas. Ces hommes et ces femmes ne sont que chair à titraille, des êtres souvent méconnus. " En racontant ici ses souvenirs de tournage - elle est l'auteur de la série documentaire 21 Jours -, Alexandra Alévêque propose une photographie de notre société d'une grande justesse. Avec réalisme et humour, elle dresse le portrait de ces Français dont elle a partagé le quotidien durant quatre ans. Sexe, travail, foi, santé ou éducation : autant de thèmes abordés par ces personnalités ordinaires qui n'ont pourtant rien de banal.
-
" Le personnel de cabine ouvrit les portes pour que nous puissions descendre par une échelle en métal poussée par une demi-douzaine de pauvres bougres. Le froid s'abattit sur nous brutalement, comme si nous venions de plonger dans un trou d'eau sur la banquise. Il fallait marcher environ cent mètres jusqu'au hangar, et un vent vicieux faisait encore chuter le mercure. Chaque respiration était comme un coup de pic à glace. Tous mes poils du nez avaient gelé. J'avais été con de ne pas m'enfiler ma rasade d'antigel comme tout le monde. Le hangar n'était pas chauffé, mais nous protégeait du vent, ce qui était déjà beaucoup. À cette température, chaque degré compte. Nos contacts nous attendaient, hilares de nous voir marcher comme des pingouins, engoncés dans nos vêtements. -; Vous avez de la chance, ça s'est réchauffé, hier il faisait moins cinquante-quatre. Je ne pus même pas esquisser un sourire, ma mâchoire était paralysée. " En 1996, Jean-Michel Cosnuau part vivre à Moscou et découvre l'ébullition d'une Russie en pleine reconstruction. Le début d'une vie festive et périlleuse, au cours de laquelle il devient le loup blanc des nuits moscovites, apprend tout du banditisme ambiant et de la corruption, de l'éternelle folie des Russes, en côtoyant nombre d'individus étranges. Vingt années d'excès, d'amitiés et de trahisons, de rencontres amoureuses, spirituelles ou éthyliques, qu'il nous raconte avec un mélange de fatalisme et d'humour jubilatoire.Une ode à la liberté qui se lit comme un roman noir. " Il faudrait un Scorsese pour raconter cette aventure-là. " Emmanuel Carrère
-
Les conquérants d'un nouveau monde ; essai sur le cinéma americain
Michel Ciment
- Gallimard
- Folio essais
- 11 Avril 2015
- 9782072565915
Publiée à l'orée des années 1980, la première édition de cet ouvrage se distinguait déjà. La présence massive des films américains sur les écrans du monde entier, leurs liens avec l'argent et la publicité, leur fonction idéologique, leur popularité aussi avaient longtemps entraîné, de la part de nombreux critiques, une position de défense et de suspicion. S'arrêtant sur l'impact que ce cinéma avait eu sur la formation des grands réalisateurs européens, Michel Ciment dévoilait les ingrédients du succès : la préoccupation constante d'un rapport avec les spectateurs, une attention de chaque instant à la direction d'acteurs, un équilibre enfin entre la plastique et la dynamique, entre le cadre et le montage - conjointement donc, le mouvement et l'image. Il s'attachait à certains thèmes : l'influence des Viennois (von Stroheim, von Sternberg, Wilder) ; la notion d''auteur' ; le western.
Aujourd'hui, dans ces 37 essais, il élargit plus encore la réflexion, s'arrêtant au système hollywoodien. Même pris dans la tourmente de l'Histoire, celui-ci n'a cessé de faire naître tant de chefs-d'oeuvre qu'on ne peut que s'interroger sur cette fabuleuse moisson. Face aux contraintes du système, les réalisateurs ont déployé ruse, ténacité, courage pour véritablement devenir les conquérants d'un nouveau monde, les bâtisseurs d'une industrie qui permit à leur art de s'épanouir.