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Gallimard
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"Avec mon ami le guide de haute montagne Daniel du Lac, je suis parti de Menton au bord de la Méditerranée pour traverser les Alpes à ski, jusqu'à Trieste, en passant par l'Italie, la Suisse, l'Autriche et la Slovénie. De 2018 à 2021, à la fin de l'hiver, nous nous élevions dans la neige. Le ciel était vierge, le monde sans contours, seul l'effort décomptait les jours. Je croyais m'aventurer dans la beauté, je me diluais dans une substance. Dans le Blanc tout s'annule - espoirs et regrets. Pourquoi ai-je tant aimé errer dans la pureté ?"
S. T. -
"Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre."
Sylvain Tesson. -
"- Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J'y retourne cet hiver, je t'emmène.
- Qui est-ce ?
- La panthère des neiges. Une ombre magique !
- Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.
- C'est ce qu'elle fait croire."
Sylvain Tesson, invité par le photographe animalier Vincent Munier, parcourt le Tibet oriental. Il apprend l'art de l'affût dans l'hiver et le silence. L'espoir et la tension affleurent. Et si la bête ne se montrait pas ?
Prix Renaudot -
"Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu." -
L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : "C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point."
Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées.
Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement.
Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux.
Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées.
Pierre Hancisse interprète avec beaucoup de finesse ce beau récit de voyage imprégné d'une infinie poésie. -
Devant les coups du sort il n'y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se démène et l'on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s'abandonne à vivre. C'est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers, artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan, en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit.
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"En Sibérie, dans les glens écossais, les criques de l'Égée ou les montagnes de Géorgie, les héros de ces quinze nouvelles ne devraient jamais oublier que les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances. Rien ne sert à l'homme de trop s'agiter dans la toile de l'existence, car la vie, même quand elle ne commence pas très bien, finit toujours mal. Et puis une mauvaise chute vaut mieux qu'une fin insignifiante."
Sylvain Tesson. -
En Sibérie, dans le Dorset anglais ou au coeur des montagnes de Géorgie, les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances : les héros de ces nouvelles ne devraient jamais l'oublier.
Cinq nouvelles, cinq gifles étourdissantes et toniques, cinq invitations à méditer sur l'homme et la nature. -
"Au fil des ans, les deux frères durcis par l'altitude avaient commencé à redouter l'approche du 24 décembre. Fêter la naissance du stoïcien crucifié par une bombance heurtait leur protestantisme. Et ces airs ravis des convives qui vous plantaient des couteaux dans le dos sitôt la porte fermée...
Ce soir, ils aspiraient à l'air sec, au vin clair, à la nuit pure. Ils allaient vivre un réveillon digne de Zarathoustra, sur la corde raide, pendus au câble d'acier.
La cabine du téléphérique serait le lumignon de leur rêve, accroché au plafond de la nuit."
Des quatre coins du globe, les héros agités de ces nouvelles invitent à des voyages lointains ou intérieurs. -
Tracts de Crise (N°23) - Que ferons-nous de cette épreuve ?
Sylvain Tesson
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 30 Mars 2020
- 9782072910524
« La mondialisation devait être heureuse. Elle est une dame au camélia : infectée.»
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Moscou-Paris en side-car : une folle épopée de 4 000 km sur les traces de Napoléon...
Octobre 1812, Napoléon entre dans Moscou. Les Russes ont mis le feu à la ville, bientôt elle sera réduite à un tas de cendres. L'Empereur tergiverse, se décide à rebrousser chemin. Il donne le coup d'envoi de la Retraite de Russie, une page d'Histoire passée à la légende pour la somme de ses souffrances et de ses actes héroïques.
Deux cents ans plus tard, Sylvain Tesson, accompagné de quatre amis, décide de répéter l'itinéraire de la Retraite. Juchés sur des side-cars russes de marque Oural, ils rallieront Paris depuis Moscou, guidés par les récits des spectres de 1812. Quatre mille kilomètres à la mémoire des soldats de la Grande Armée. Une équipée sauvage pour saluer les fantômes de l'Histoire, à travers les plaines blanches.
Cette édition du récit de Sylvain Tesson est illustrée de près de 100 photographies inédites rapportées par Thomas Goisque et immortalisant les moments-clés du périple.