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C'est sur un paquebot trop confortable, en route pour l'Amérique du Sud, que Stefan Zweig eut l'idée de cette odyssée biographique. Il songea aux conditions épouvantables des voyages d'autrefois, au parfum de mort salée qui flottait sur les bougres et les héros, à leur solitude. Il songea à Magellan, qui entreprit, le 20 septembre 1519, à 39 ans, le premier voyage autour du monde. Un destin exceptionnel...
Sept ans de campagne militaire en Inde n'avaient rapporté à Magellan le Portugais qu'indifférence dans sa patrie. Il convainc alors le roi d'Espagne, Charles-Quint, d'un projet fou ; " Il existe un passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien. Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai et je ferai le tour de la terre en allant de l'est à l'ouest " (C'était compter sans l'océan Pacifique, inconnu à l'époque..). Jalousies espagnoles, erreurs cartographiques, rivalités, mutineries, désertions de ses seconds pendant la traversée, froids polaires, faim et maladies, rien ne viendra à bout de la détermination de Magellan, qui trouvera à l'extrême sud du continent américain le détroit qui porte aujourd'hui son nom.
Partie de Séville avec cinq cotres et 265 hommes, l'expédition reviendra trois ans plus tard, réduite à 18 hommes sur un raffiot. Epuisée, glorieuse. Sans Magellan qui trouva une mort absurde lors d'une rixe avec des sauvages aux Philippines, son exploit accompli.
Dans ce formidable roman d'aventures, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'" une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables ". -
Après ses vies de Magellan, de Marie Stuart ou de Fouché, faut-il rappeler le génie de biographe de Stefan Zweig ? Marie-Antoinette (1933) rétablit la courbe et la vérité d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. L'auteur a fait le ménage dans la documentation, puisant dans la correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, et dans les papiers de Fersen, grand amour de la reine.
Qui était Marie-Antoinette faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage ! Quelle histoire ! Le monde enchanté et dispendieux de Trianon, la maternité, le début de l'impopularité, l'affaire du collier, la Révolution qui la prit pour cible, la fuite à Varennes, la Conciergerie, l'échafaud...
Zweig s'est penché sur Marie-Antoinette en psychologue. Il ne la divinise pas : elle « n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire ». Il analyse la chimie d'une âme bouleversé par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. « A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin ».
Davantage qu'un livre d'histoire : un roman vrai. -
Reine d'Ecosse à la mort de son père, en 1542, alors qu'elle n'a que six jours et reine de France à dix sept ans, après son mariage avec François II, Marie Stuart est une des figures les plus romanesques de l'histoire.
Veuve en 1560, elle rentre en Ecosse et épouse Lord Darnley, avec qui elle ne s'entend bientôt plus. Elle devient la maîtresse de Bothwell - une liaison qui entraînera sa perte. Lorsque Bothwell assassine Darnley, l'horreur causée dans le pays par ce forfait est si grande que Bothwell est exilé : Marie Stuart doit se réfugier auprès de sa rivale Elisabeth Ier, reine d'Angleterre. Celle-ci la gardera captive vingt ans, jusqu'au jour où, tombant dans le piège d'une conspiration contre la vie d'Elisabeth, la malheureuse Marie est condamnée à mort.
Parée de mille grâces par les uns, peinte comme une criminelle par les autres, chacun reconnaît en Marie Stuart une victime, dont l'énergie dans l'épreuve et la fierté devant la mort furent admirables. Il fallait un esprit libre et l'immense talent de Stefan Zweig pour faire revivre en toute justice la femme et la reine si cruellement unies par le destin.
Sans négliger aucun des témoignages ni des travaux qui l'ont précédé, éclairant en grand psychologue les caractères des personnages de ce drame, reconstituant avec une minutieuse exactitude cette époque pleine de bruit et de fureur, Stefan Zweig a réussi pour Marie Stuart à concilier rigueur de scientifique et passion de l'artiste. -
Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Homme de l'ombre, disciple de Machiavel, Fouché aura survécu à tous les changements de régime sans jamais se départir de cette « absence de conviction » qui fascina Balzac autant que Stefan Zweig.
Elève chez les Oratoriens, il devint sous la Révolution un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi et participa activement au massacre des Lyonnais royalistes. Ambassadeur du Directoire à Dresde, il cambriola son ambassade. Ministre de la Police, à l'abri derrière ses fiches et ses mouchards, il tint tête à Talleyrand et à Bonaparte. Signataire du premier manifeste sur l'égalité, il meurt richissime, duc d'Otrante et sénateur.
Joseph Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Il n'y a pas de personnalité plus décriée que cet homme politique au sang froid. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière subjective, une figure cachée et essentielle de l'Histoire française. -
Dans Brûlant secret, qui donne son titre à ce recueil de nouvelles (1938), un homme et une femme vivent une idylle contrariée par le fils de cette dernière. On saura aussi ce que découvre un dandy désoeuvré à la recherche de lui-même (la Nuit fantastique). Zweig se fait analyste des consciences et peintre d'un monde qui a sombré.
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Zweig explore l'existence d'Erasme, les rapports secrets de son physique et de son génie, le combat inégal de l'humanisme serein et pacifiste contre le fanatisme révolutionnaire de Luther.
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Ce recueil de six nouvelles (1935) illustre le génie de l'observation de Zweig, son sens magistral de la psychologie. Zweig voulait "résumer le destin d'un individu dans un minimum d'espace et donner dans une nouvelle la substance d'un livre".
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C'est l'histoire d'un amour contrarié par les circonstances de la vie : un jeune homme pauvre tombe amoureux de la femme de son riche employeur, qui est également son bienfaiteur. Elle l'aime aussi. Il est envoyé pour plusieurs années en Amérique Latine pour une mission de confiance ; elle lui promet de se donner à lui quand il reviendra. Mais ce retour ne cessera d'être différé : la guerre de 1914-18 éclate, empêchant toute traversée de l'Atlantique pour les ressortissants des pays ennemis de l'Angleterre ; le jeune homme finit par se marier et fonder une famille. Les retrouvailles n'ont finalement lieu que neuf ans plus tard et elles ont un goût amer. Le lecteur est pris par cette histoire d'amour impossible, émouvante, qui rappelle par bien des aspects la fin de L'Education sentimentale. Une belle réflexion sur l'usure des sentiments et l'impossibilité de faire revivre le passé.
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La Pitié dangereuse (1939) est l'unique roman de Zweig. C'est l'histoire d'un jeune officier de cavalerie ému par la paralysie d'une jeune femme. Par pitié, il multiplie ses visites, alors qu'Edith a de plus en plus de mal à cacher l'amour que lui inspire le beau soldat.
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Quatre personnages se croisent : Leonore Franck, veuve du célèbre écrivain Karl Amadeus Franck, leur fils Friedrich, Bürstein, le biographe du maître et une mystérieuse femme qui s'avère être l'amour d'enfance du grand écrivain, celle à qui il a écrit des dizaines de pièces enflammées et dédié une pièce de théâtre que tout le monde croyait jusqu'alors perdue. Or cette femme détient les lettres et le manuscrit...
Tout le génie de Zweig est de glisser du vaudeville classique à la pièce métaphysique sur la création. Depuis la mort de l'écrivain, sa veuve, ainsi que le biographe, ont maquillé la réalité. Or quand Bürstein se repent, la légende de l'écrivain s'effondre, mais pour donner naissance à la véritable histoire d'une vie et d'un amour passionné.
Légendes d'une vie est consacrée aux relations d'une famille et de l'oeuvre que laisse un grand homme disparu. A-t-elle le droit de tout publier? Doit-elle censurer, couper, rectifier ? -
Betsy et son mari, couple de jeunes retraités, mènent une existence solitaire et tranquille jusqu'au jour où emménagent leurs nouveaux voisins, les Limpley. John Charleston Limpley est un homme débordant d'enthousiasme, bavard et expansif, qui attire immédiatement la sympathie. Cette vitalité se révèle pourtant vite épuisante, y compris pour sa propre femme. Pour la réconforter, Betsy lui offre un chiot, Ponto. Limpley se prend d'une passion dévorante pour l'animal. Les rôles s'inversent et Ponto devient le maître, habitué à voir ses moindres caprices satisfaits. Betsy ne supporte pas cette tyrannie, et ses relations avec les Limpley se refroidissent. C'est alors que Mrs. Limpley tombe enceinte. Limpley oublie son chien et, toujours dans la démesure, se consacre tout entier à sa femme et à sa fille. Ponto, délaissé, ne comprend pas cette indifférence et éprouve bientôt une rancoeur grandissante à l'égard de son maître et de l'enfant...
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En 1933, Stefan Zweig et sa deuxième femme, Lotte, quittent l'Autriche annexée par l'Allemagne nazie pour l'Angleterre. En 1941, ils arrivent aux Etats-Unis où ils sont accueillis en héros de l'humanisme et de la paix. Les Zweig vont parcourir le continent nord et sud-américain, de New York au Brésil. Ce livre réunit leurs lettres écrites pendant ces années d'exil à leur famille restée en Europe et à leurs amis, célèbres pour beaucoup, comme Somerset Maugham, H. G. Wells et Romain Rolland. Ils évoquent la ferveur avec laquelle les Américains les accueillent, s'inquiètent et s'enquièrent de la situation politique de l'autre côté de l'Atlantique, racontent leur vie quotidienne d'exilés. Si l'espoir de voir le fascisme vaincu les anime jusqu'à leurs derniers jours, on découvre aussi la lassitude et la tristesse de Stefan Zweig. Loin de son pays, impuissant face à la maladie de celle qu'il aime, l'écrivain ne supporte plus de vivre et annonce son suicide dans une dernière lettre : « Nous avons énormément aimé ce pays, mais ça a toujours été une vie provisoire, loin de chez nous, de nos amis, et pour moi, à soixante ans, l'idée de devoir attendre encore des années, en des temps si terribles, est devenue insoutenable. »
Cette correspondance à deux voix est un document littéraire exceptionnel : elle a permis de lire les derniers mots de Stefan Zweig, mais aussi de découvrir les « lettres d'une inconnue », celles de Lotte, femme exceptionnelle, aussi courageuse que discrète, qui a joué dans la vie de Zweig un rôle jusque-là insoupçonné. Ce voyage dans le passé, témoignage poignant d'un amour qui a uni le couple jusque dans la mort, a révélé de la manière la plus intime l'un des plus grands écrivains européens du XXe siècle. -
Les trois nouvelles de ce recueil procèdent de l'inspiration mystique, qu'elle provienne de la tradition juive ("le Chandelier enterré", "Rachel contre Dieu") ou des légendes hindoues ("Virata"). Zweig, conteur, historien et penseur a écrit une apologie de l'humilité.
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1798, la campagne d'Egypte. Bonaparte séduit Pauline Fourès, femme d'un lieutenant de son armée. Devenu Premier Consul, il délaisse cette pauvre conquête à la veille de marcher sur l'Italie. Le mari bafoué tente de provoquer un scandale... D'un drame conjugal et vrai, vite étouffé par Fouché, le ministre de la Police, Zweig tire une réflexion magnifique sur les abus du pouvoir personnel.
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Une évocation du poète Emile Verhaeren, une étude sur la direction d'orchestre d'Arturo Toscanini, un « Adieu à Rilke », des notes sur Ulysse de Joyce, une analyse du génie de Rimbaud, des lectures de Dante, Renan et Sainte-Beuve, une évocation de l'actrice et poétesse Marceline Desbordes-Valmore... Tels sont les morceaux, au sens musical du terme, composant ce recueil. Profondeur, élégance et culture gouvernent ces pages, qui sont autant d'exercices d'admiration. Nous entretenant de ses maîtres, Zweig nous parle aussi de lui, de sa morale, de son esthétique. Il nous convainc que la littérature et, plus généralement, l'art ne sont qu'un long dialogue, qu'un partage par-delà la vie et la mort avec des présences fraternelles
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Les grandes vies ; Fouché, Marie-Antoinette ; Marie Stuart, Magellan
Stefan Zweig
- Grasset
- Bibliothèque
- 14 Octobre 2009
- 9782246802013
Magellan (1480-1521) entreprit en 1519 le premier voyage autour du monde. Il trouva une mort absurde aux Philippines, son exploit accompli. Dans cette formidable biographie, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'« une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis ». Marie Stuart (1542-1587) reine d'Ecosse puis de France, doit en 1560 se réfugier auprès d'Elisabeth I d'Angleterre après une liaison malheureuse. Celle-ci la gardera captive vingt ans avant de la condamner à mort. Il fallait l'immense talent de Stefan Zweig pour faire revivre la femme et la reine, parée de mille grâces par les uns, peinte comme une criminelle par les autres. Qui était Marie-Antoinette (1755-1793)? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, jusqu'au lit de la guillotine. Zweig analyse une âme bouleversée par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même. Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Elève chez les Oratoriens, il devint un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi. Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière, une figure essentielle de l'Histoire.
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Lorsque Zweig rédige ces lettres entre 1920 et 1931, sur le plan littéraire, c'est la consécration. Sur le plan personnel, c'est l'époque de la maturité. On y trouve exprimées les satisfactions de l'homme à qui tout réussit, et la lassitude et la souffrance de celui à qui la vie semble échapper, qui accepte douloureusement ce qu'il considère comme un passage non maîtrisé d'une jeunesse non vécue à une vieillesse subie.
Parmi les interlocuteurs de Zweig dans ces années-là, on trouve les plus grands esprits de l'époque - Romain Rolland, à qui le lie une amitié fidèle, Maxim Gorki, Sigmund Freud - mais aussi des hommes moins connus qui dessinent à eux tous le portrait d'une époque : éditeurs, peintres, musiciens, jeunes gens voulant entrer en littérature, hommes de lettres européens
L'ouvrage nous permet de suivre l'évolution de la pensée politique d'un homme impliqué dans son temps, d'une clairvoyance et d'une hauteur de vue rares : à ses nombreux correspondants, Zweig parle de construction européenne, des risques et des conflits liés à l'engagement des intellectuels, de son rapport au judaïsme, de sa position complexe sur les Etats-Unis et la Russie soviétique - qui le fascine et le choque à la fois -, de sa peur de l'antisémitisme, de pacifisme, mais aussi de problèmes monétaires ou économiques. On voit ici un homme de convictions aux prises avec un monde où la haine de l'autre et l'instabilité se font toujours menaçantes. Le discours, très élaboré, souvent passionné, parfois violent, est fait d'interrogations et de réévaluations perpétuelles.
Dans ces lettres, Stefan Zweig s'affirme comme un esprit indépendant, très éloigné de cette image de " pape " de la littérature autrichienne qu'on a souvent voulu lui attribuer. -
Correspondance Tome 3 ; 1932-1942
Stefan Zweig
- Grasset
- Littérature Etrangère
- 29 Octobre 2008
- 9782246801948
Le troisième tome français de la Correspondance de Stefan Zweig couvre les dix dernières années de sa vie. Plus encore que dans les deux volumes précédents, la vie personnelle et la production littéraire de Zweig apparaissent indissociables du contexte politico-historique. Dès 1932, Zweig envisage l'exil. En 1942, il décide de mettre fin à ses jours. Les lettres rédigées entre ces deux dates sont expédiées de divers endroit du globe: l'Autriche, bien sûr, dans un premier temps, puis la France et l'Angleterre, enfin les Etats-Unis et le Brésil. Au quotidien, Zweig commente les événements qui ébranlent le monde. Les amitiés françaises sont moins fondamentales qu'elles ne l'ont été. Certains des interlocuteurs de la décennie précédente cèdent la place à de nouveaux : l'amitié avec Romain Rolland, si déterminante jusqu'alors, est peu à peu troublée ; Zweig renonce à travailler avec Strauss. L'exil l'éloigne de certains de ses amis, et d'autres meurent. En revanche, si Zweig se sépare de sa femme, il continue à entretenir avec elle une correspondance nourrie ; de même, Felix Braun et Ben Huebsch restent parmi les principaux destinataires de ses lettres. Dans le même temps, de nouveaux correspondants apparaissent, tel l'éditeur brésilien Abrahao Koogan. Sur le plan littéraire, la dernière décennie de la vie de Zweig est marquée essentiellement par la rédaction de grands monuments dans lesquels l'histoire joue un rôle majeur : Les biographies de Marie-Antoinette et Marie Stuart, mais aussi Le Monde d'hier, qui constitue le pendant de cette correspondance : dans les lettres comme dans ces "mémoires", Zweig exprime son désarroi d'héritier des Lumières et d'homme tourné avec nostalgie vers un dix-neuvième siècle dont il ne reste plus grand chose. La lassitude et la souffrance, déjà présentes dans les années précédentes, font place à un état de dépression constant. La venue de la vieillesse comme l'évolution de l'histoire mondiale l'affectent toujours davantage. Durant toute cette période, Zweig s'élève contre le nazisme et tâche d'user de sa notoriété et de ses contacts pour venir en aide autant que possible à ceux qui ne cessent de le solliciter. Farouchement suspicieux envers toute forme d'engagement dans l'action politique au sens propre du terme et envers toute prise de position radicale (comme en témoigne son différend avec Klaus Mann), Zweig ne parvient plus à trouver dans son existence ce qui pourrait lui faire supporter la souffrance.
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Entre la Vienne fin de siècle et la catastrophe de la Première Guerre mondiale, qui coïncide avec la disparition de l'empire austro-hongrois, Stefan Zweig, dix-neuf ans en 1900, dévore les premières années du siècle nouveau avec un appétit frénétique.
A peine sa thèse de philosophie achevée, il échappe aux devoirs de sociabilité que lui impose une famille de la grande bourgeoisie viennoise pour se vouer à l'écriture et voyager, de Vienne à Paris, de Londres à la Belgique, du Tyrol aux Etats-Unis, de l'Italie à l'Inde. Il rencontre de grands contemporains tels Rilke, Hesse, Schnitzler, Buber, Hofmannsthal ou Romain Rolland auxquels il écrira les lettres rassemblées pour la première fois dans ce volume. Il parvient à faire jouer son théâtre sur les plus grandes scènes, publie des chroniques littéraires dans les revues prestigieuses et met à profit sa familiarité presque instinctive avec les rouages du monde éditorial pour imposer en Allemagne le succès de son " cher maître " Emile Verhaeren.
Il faut l'expérience de la guerre pour qu'il découvre le lien qui le rattache à l'Autriche et comprenne les contradictions qui opposent son identité juive et son patriotisme. Il mesure alors aussi les limites de ses amitiés d'écrivain cosmopolite.
Ces lettres passionnantes, dont certaines furent écrites en français, dévoilent ainsi au jour le jour les mondes de Stefan Zweig, la bourgeoisie juive viennoise, les réseaux lettrés européens, les revues et maisons d'édition autrichiennes et allemandes, les itinéraires de l'errance distinguée et les terribles " années d'apprentissage " de la guerre. -
Lettres d'Amérique
Stefan Zweig, Lotte Zweig
- Grasset
- Littérature Etrangère
- 7 Novembre 2012
- 9782246787440
Au matin du 23 février 1942, près de Rio de Janeiro, on retrouve les corps enlacés de Stefan et Lotte Zweig, suicidés. Fuyant le nazisme, ils avait quitté l'Autriche pour s'exiler en Angleterre dès 1933. Puis, en 1941, l'auteur d'Amok est invité en Amérique, où il est reçu en héraut de l'humanisme et de la paix. Les Zweig vont parcourir tout le continent nord et sud-américain, de New York au Brésil, terre d'asile rêvée, d'où ils envoient à leurs amis et surtout à leur famille restée en Europe de nombreuses lettres, demeurées pour la plupart inédites jusqu'à aujoud'hui. On y entend l'espoir inlassable qui les animera jusqu'au bout - jusque dans leur dernière demeure de Petropolis où, rattrapés par les fantômes de l'Europe en proie à la barbarie, ils mettront fin à leurs jours.
Cette correspondance à deux voix est un document littéraire exceptionnel à plus d'un titre : pour la première fois, nous lisons pour ainsi dire les derniers mots de Stefan Zweig, et nous découvrons les "lettres d'une inconnue", celles de Lotte, une femme exceptionnelle aussi courageuse que discrète, qui joua dans la vie de Zweig un rôle qu'on ne soupçonnait pas. Ce "voyage dans le passé, témoignage poignant d'un amour qui unira le couple jusque dans la mort, révèle sous un jour méconnu et passionnant l'un des plus grands écrivains du vingtième siècle.