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Auteur du très bel essai de critique littéraire Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard, qui enseigne dans une grande université américaine, se propose dans son nouvel ouvrage, La Violence et le Sacré, de remonter jusqu'aux origines de tout l'édifice culturel et social qui est au centre de notre civilisation.
L'enquête s'appuie à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes, sociologiques, ethnologiques, psychanalytiques, qui ont tenté de donner une explication globale des premiers rites et des premières institutions culturelles et sociales. Freud en particulier est pris vivement à partie, ou plutôt ses successeurs, peu clairvoyants au sujet de certaines intuitions de Totem et tabou. René Girard, après avoir critiqué les insuffisances de la théorie du complexe d'oedipe, met l'accent sur le rôle de la " violence fondatrice " et sur celui de la " victime émissaire ", négligés jusqu'à présent par tous les chercheurs, et pourtant fondamentaux.
S'inscrivant dans le courant de la révision, devenue nécessaire, du freudisme, tenant compte de Lévi-Strauss et du meilleur structuralisme souvent déformé par les épigones, appelé à soulever de multiples discussions, l'essai audacieux et percutant de René Girard ressortit aussi bien au domaine des sciences humaines qu'à celui de la littérature. Une vaste culture ethnologique, des références de premier ordre et toujours incontestables permettent à l'auteur de construire une théorie nouvelle du sacré, et de donner une interprétation convaincante de nombreux thèmes mythiques et rituels (la fête, les jumeaux, les frères ennemis, l'inceste, l'ambivalence du modèle, le double, le masque, etc.) dont la signification profonde n'apparaît ici avec tant d'évidence que parce qu'ils sont étudiés, pour la première fois, dans leur unité circulaire.
Enfin, le plus grand mérite de René Girard est peut-être dans la clarté et dans l'élégance de son exposé. Libéré de toutes les obscurités tenant aux jargons initiatiques, voici un livre d'une grande importance scientifique qui est aussi une belle oeuvre littéraire.ebook (ePub) 10.99 €Mensonge romantique et vérité romanesque
René Girard
- Grasset
- essai français
- 1 Février 1977
- 9782246040798
Don Quichotte ne désire pas spontanément ; il imite Amadis de Gaule, le médiateur de ses désirs. Dans le monde moderne, le médiateur n'est plus légendaire mais réel ; le disciple désire le même objet que son modèle, il se voit donc perpétuellement contrecarré par celui-ci et, loin de le vénérer comme Don Quichotte vénérait Amadis, il dénonce en lui un rival injuste ou même un persécuteur diabolique. L'homme moderne prise l'autonomie mais c'est toujours auprès d'un médiateur qu'il cherche à se la procurer, par une contradiction dont il n'a presque jamais conscience.
La littérature romantique répudie toute imitation et fait un dogme de l'originalité ; le médiateur reste dissimulé. La présence de ce médiateur, par contre, est inlassablement dénoncée dans les chefs-d'oeuvre romanesques. C'est de la médiation que relèvent ce que Stendhal appelle vanité et ce que Jules de Gaultier, chez Flaubert, appelle bovarysme. C'est la médiation qui régit le mécanisme de la haine chez Dostoïevski, de la jalousie et du snobisme chez Proust, c'est elle, enfin, qui permet d'interpréter le masochisme et le sadisme. Les conséquences de la médiation s'aggravent à mesure que le médiateur se rapproche du sujet désirant et ce rapprochement engendre une dialectique qui éclaire aussi bien les analogies et les différences entre les grandes oeuvres romanesques que l'évolution historique vers les formes totalitaires de la sensibilité individuelle et collective.
La réflexion de l'auteur s'élargit donc en une méditation sur les problèmes de notre temps. C'est dans l'univers de la médiation que triomphent l'angoisse, la concurrence frénétique et les valeurs de prestige. Percevoir l'universelle médiation, c'est dépasser les psychanalyses et l'idée marxiste d'aliénation vers la vision dostoïevskienne qui situe la véritable liberté dans l'alternative entre médiateur divin et médiateur humain. C'est lire l'échec de la révolte prométhéenne non seulement dans les oeuvres littéraires mais dans un monde qui se laisse définir non pas par le " matérialisme " ou par " l'éloignement des dieux " mais par un sacré corrompu et " souterrain " qui empoisonne les sources de la vie.
Telle est la vérité à laquelle le romancier lui-même ne parvient qu'à travers l'enfer de la médiation. Il lui faut unir l'introspection et l'observation pour créer un Don Quichotte, un Raskolnikov ou un Charlus ; il lui faut donc reconnaître un prochain et un semblable dans le médiateur fascinant ; c'est dire qu'il lui faut mourir à l'orgueil romantique. L'écrivain meurt dans son oeuvre pour renaître romancier de même que le héros voit se dissiper ses illusions au moment de la mort. Marcel Proust, dans Le Temps retrouvé, dégage une signification éthique et esthétique commune à toutes les grandes conclusions romanesques.ebook (ePub) 7.49 €« Je ne voudrais pas qu'on prenne ce livre pour un simple essai d'esthétique. Cette jouissance m'est étrangère. L'art ne m'intéresse en effet que dans la mesure où il intensifie l'angoisse de l'époque. Ainsi seulement, il accomplit sa fonction qui est de révéler.
« Le présent ouvrage rassemble huit essais, qui s'échelonnent du début des années 1950 à la fin des années 1980. Les cinq premiers témoignent des questions qui étaient les miennes au moment où je quittai l'Europe, lecteur passionné de Saint-John Perse et de Malraux. Les autres articles suivent le fil de mes réflexions sur l'histoire du roman bientôt achevée, et qui n'allait faire qu'un pour moi avec celle du désir. L'hypothèse mimétique apparaît dans ma critique de Valéry, auquel je préfère très vite Stendhal. Déterminante dans ces années de formation, la question du "pseudo-narcissisme" oriente alors ma critique de l'illusion d'autonomie, que des articles plus tardifs sur Freud et Proust, puis sur Nietzsche et Wagner, continueront de creuser. Ces études figurent avant le texte d'une conférence sur Wagner donnée en 1983... »RG
Ces brillants « exercices d'admiration traversés par la recherche de la vérité », tels que René Girard les qualifie, donnent à lire l'évolution des questionnements de l'écrivain-anthropologue, de la genèse de sa théorie mimétique aux plus récentes formulations de sa pensée apocalyptique, depuis toujours contenue dans sa conception du désir. Voici enfin l'édition définitive de cet ouvrage essentiel, paru initialement en 2008, augmenté d'une préface inédite de Benoît Chantre et Trevor Cribben Merrill.ebook (ePub) 14.99 €De Shakespeare, René Girard nous propose une lecture neuve inspirée de la théorie dont il est le père : la théorie "mimétique" - ou théorie de la triangularité du désir. Mais, loin d'appliquer à Shakespeare les principes du mimétisme, il s'attache à montrer que Shakespeare était un "miméticien" avant la lettre et que toute la théorie mimétique était contenue, dès les premières pièces, dans son oeuvre théâtrale. Au-delà de Shakespeare, René Girard nous interroge sur nous-mêmes, sur la dimension tragique de nos désirs, et nous propose un tableau à la fois sombre et plein d'espérance de l'humanité de toujours et de l'humanité d'aujourd'hui. Par ailleurs, il fait oeuvre de polémiste et s'attaque à la critique littéraire contemporaine ; mais son livre est moins un retour à la tradition que l'apparition d'un classicisme critique "nouvelle manière" face à un modernisme exténué.
ebook (ePub) 15.99 €Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris
René Girard
- Fayard
- Divers Histoire
- 6 Décembre 1979
- 9782213660264
Dès la fin du xviiie siècle les Auvergnats étaient nombreux à Paris et leur nombre n'a cessé de s'accroître jusqu'à nos jours. Ils ont exercé toutes sortes d'humbles et durs métiers : ferrailleurs, frotteurs de parquets, laitiers, porteurs d'eau. Mais peu à peu ils ont trouvé leur voie : celle du petit commerce où leur travail et leur sens de l'économie pouvaient faire merveille. Leur domaine d'élection a été le commerce des "vins et charbons" ; le "bougnat" auvergnat est devenu un personnage essentiel de la vie des quartiers de Paris. Leurs ambitions se sont naturellement accrues ; ils ont investi tout le secteur de la "Limonade" ; c'est à eux que Paris doit ces cafés grands et petits, ces brasseries, ces restaurants qui font partie de son charme incomparable.
Les Auvergnats de Paris n'oubliaient pas le pays natal où ils comptaient bien se retirer un jour. Ils se sont organisés en amicales, ont créé leurs propres journaux et ont maintenu le folklore auvergnat : les bourrées dansées au son de la cabrette dans les bals-musettes. Leurs enfants continuent souvent l'activité paternelle, mais on les retrouve aussi dans les professions libérales ou à la tête de grandes entreprises. Avec eux, l'épopée auvergnate, celle des montagnards qui sont partis conquérir Paris, se continue sous nos yeux.Roger Girard, fils de bougnats devenus buralistes, est professeur agrégé d'Histoire.ebook (ePub) 8.49 €Un article a été ajouté à votre panier.