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Littérature
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Le livre :
« Il n'a jamais été plus facile de faire rire qu'aujourd'hui. Toutefois, les enjeux sont si élevés et les risques si grands que notre rire ne peut plus être aussi franc et assuré que par le passé. Jamais la nature précaire, instable et `'nerveuse'' du rire n'a été aussi manifeste. Quand on considère le type de comique actuellement en vogue, il est permis de penser que notre époque ajoute une nouvelle dimension au mot fameux de Molière sur le rire et la création de la comédie : `'C'est une étrange entreprise que de faire rire les honnêtes gens.'' »
René Girard se souvenait ainsi, en 1972, de son premier essai remisé parmi ses « very important papers ». Ce dactylogramme de 78 pages a été retrouvé par Martha Girard et Benoît Chantre. On y découvre la méditation d'un Français exilé en plein maccarthysme. Quand il n'est pas compris comme sensé et insensé, mécanique et vivant, celui dont on se moque fait du rire un poison mondain. Mais « le véritable sourire, le sourire `'lumineux'', nie l'isolement du rire ; il cherche à nouer des liens, il est geste d'accueil et de reconnaissance. Il n'exprime peut-être qu'une invitation à rire ensemble. »
Une méditation majeure enfin révélée au public. -
« Je ne voudrais pas qu'on prenne ce livre pour un simple essai d'esthétique. Cette jouissance m'est étrangère. L'art ne m'intéresse en effet que dans la mesure où il intensifie l'angoisse de l'époque. Ainsi seulement, il accomplit sa fonction qui est de révéler.
« Le présent ouvrage rassemble huit essais, qui s'échelonnent du début des années 1950 à la fin des années 1980. Les cinq premiers témoignent des questions qui étaient les miennes au moment où je quittai l'Europe, lecteur passionné de Saint-John Perse et de Malraux. Les autres articles suivent le fil de mes réflexions sur l'histoire du roman bientôt achevée, et qui n'allait faire qu'un pour moi avec celle du désir. L'hypothèse mimétique apparaît dans ma critique de Valéry, auquel je préfère très vite Stendhal. Déterminante dans ces années de formation, la question du "pseudo-narcissisme" oriente alors ma critique de l'illusion d'autonomie, que des articles plus tardifs sur Freud et Proust, puis sur Nietzsche et Wagner, continueront de creuser. Ces études figurent avant le texte d'une conférence sur Wagner donnée en 1983... »RG
Ces brillants « exercices d'admiration traversés par la recherche de la vérité », tels que René Girard les qualifie, donnent à lire l'évolution des questionnements de l'écrivain-anthropologue, de la genèse de sa théorie mimétique aux plus récentes formulations de sa pensée apocalyptique, depuis toujours contenue dans sa conception du désir. Voici enfin l'édition définitive de cet ouvrage essentiel, paru initialement en 2008, augmenté d'une préface inédite de Benoît Chantre et Trevor Cribben Merrill. -
De Shakespeare, René Girard nous propose une lecture neuve inspirée de la théorie dont il est le père : la théorie "mimétique" - ou théorie de la triangularité du désir. Mais, loin d'appliquer à Shakespeare les principes du mimétisme, il s'attache à montrer que Shakespeare était un "miméticien" avant la lettre et que toute la théorie mimétique était contenue, dès les premières pièces, dans son oeuvre théâtrale. Au-delà de Shakespeare, René Girard nous interroge sur nous-mêmes, sur la dimension tragique de nos désirs, et nous propose un tableau à la fois sombre et plein d'espérance de l'humanité de toujours et de l'humanité d'aujourd'hui. Par ailleurs, il fait oeuvre de polémiste et s'attaque à la critique littéraire contemporaine ; mais son livre est moins un retour à la tradition que l'apparition d'un classicisme critique "nouvelle manière" face à un modernisme exténué.
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Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris
René Girard
- Fayard
- Divers Histoire
- 6 Décembre 1979
- 9782213660264
Dès la fin du xviiie siècle les Auvergnats étaient nombreux à Paris et leur nombre n'a cessé de s'accroître jusqu'à nos jours. Ils ont exercé toutes sortes d'humbles et durs métiers : ferrailleurs, frotteurs de parquets, laitiers, porteurs d'eau. Mais peu à peu ils ont trouvé leur voie : celle du petit commerce où leur travail et leur sens de l'économie pouvaient faire merveille. Leur domaine d'élection a été le commerce des "vins et charbons" ; le "bougnat" auvergnat est devenu un personnage essentiel de la vie des quartiers de Paris. Leurs ambitions se sont naturellement accrues ; ils ont investi tout le secteur de la "Limonade" ; c'est à eux que Paris doit ces cafés grands et petits, ces brasseries, ces restaurants qui font partie de son charme incomparable.
Les Auvergnats de Paris n'oubliaient pas le pays natal où ils comptaient bien se retirer un jour. Ils se sont organisés en amicales, ont créé leurs propres journaux et ont maintenu le folklore auvergnat : les bourrées dansées au son de la cabrette dans les bals-musettes. Leurs enfants continuent souvent l'activité paternelle, mais on les retrouve aussi dans les professions libérales ou à la tête de grandes entreprises. Avec eux, l'épopée auvergnate, celle des montagnards qui sont partis conquérir Paris, se continue sous nos yeux.Roger Girard, fils de bougnats devenus buralistes, est professeur agrégé d'Histoire.