Henri Bergson
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Pourquoi rions-nous de voir quelqu'un trébucher ? Pour quelles raisons Molière continue-t-il de nous amuser ? Comment expliquer qu'un jeu de mots ou un trait d'esprit prêtent à sourire ? Dans Le Rire, qu'il publie en 1900, Bergson apporte à ces questions des réponses décisives. S'appuyant sur des exemples quotidiens et de nombreuses références littéraires, il décrypte les formes du comique pour y déceler un ressort commun : l'« interférence de deux séries », c'est-à-dire la présence simultanée de deux éléments distincts ou incompatibles. Au passage, il ne manque pas d'analyser le rôle social ambivalent d'un réflexe qui tout à la fois manifeste l'élan vital et brime les comportements hors normes. Si cette oeuvre, qui doit beaucoup à une tradition classique, méconnaît les manifestations transgressives, sombres, ludiques ou absurdes, du rire, elle n'en demeure pas moins capitale pour qui veut comprendre le « propre de l'homme ».
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Publié en 1934, La Pensée et le Mouvant est la dernière oeuvre de Bergson. Réunissant des articles et des conférences qu'il donna de 1903 à 1923, ce recueil est l'occasion pour l'auteur de L'Évolution créatrice de redéfinir sa démarche : la réalité, pour être pensée, doit être saisie dans la durée. Mais cette nouvelle manière de philosopher ne saurait s'élaborer à l'écart du discours scientifique. Science et philosophie sont appelées à collaborer. Ensemble, elles façonnent une vision neuve de l'univers, dans laquelle le vécu n'est pas isolé de notre corps, des autres espèces vivantes et de la matière physique.
C'est pourquoi Bergson entend lutter contre l'imprécision de certains discours philosophiques, souvent à l'origine d'idées générales, interchangeables ou même fausses. Sa philosophie ? Une recherche guidée par une pensée intuitive. Quelle en est la méthode ? Quelles réponses apporte-t-elle ?
Autant de points qui permettent de découvrir ou de redécouvrir l'originalité de la pensée de Bergson. -
Publié en 1896, Matière et mémoire est le livre qui imposa Bergson comme un philosophe de premier plan. Il y aborde une question philosophique essentielle, celle des relations du corps et de l'esprit.
Par le choix de sa méthode, il fait dialoguer d'une manière singulière la métaphysique et la psychologie, l'analyse des concepts et les apports de la science, alors en plein renouvellement. Pour lui, pas de connaissance de l'esprit sans connaissance de la mémoire et de ses défaillances, que psychologues et neurologues ont commencé à appréhender ; pas de connaissance du corps sans une interrogation sur la matière, qui doit rencontrer celle des physiciens.
Si Bergson, en soutenant que la vie mentale ne se réduit pas à la vie cérébrale, s'inscrit dans le débat intellectuel de son temps, la portée générale de l'ouvrage invite à réexaminer des questions qui, plus d'un siècle plus tard, sont toujours les nôtres.
Illustration de couverture : Virginie Berthemet © Flammarion -
Les deux sources de la morale et de la religion
Henri Bergson
- Flammarion
- GF Philosophie
- 11 Janvier 2012
- 9782081280809
Comment les sociétés se forment-elles ? Pourquoi s'affrontent-elles ? Ces conflits peuvent-ils être évités ? Morale et religion visent-elles seulement à rendre possible la vie en société, ou permettent-elles à l'espèce humaine de dépasser sa condition naturelle et de trouver une issue à la violence ? Telles sont quelques-unes des questions au coeur des Deux Sources de la morale et de la religion (1932), la somme de philosophie morale et politique de Bergson, qui fut aussi son dernier grand livre.
Dans ce texte hanté par le spectre de la guerre et par le développement de la technique, mais aussi guidé par une méditation sur le mysticisme chrétien, Bergson articule l'étude de la société à sa philosophie de la vie.
Mettant sa doctrine à l'épreuve, il s'efforce de formuler des principes d'action pour des hommes devenus conscients de la nécessité d'affronter leur destin commun. Et tandis que « l'humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu'elle a faits », il nous rappelle que son avenir dépend d'elle.
Illustration de couverture : Virginie Berthemet © Flammarion -
Le premier article d'Einstein sur la théorie de la relativité date de 1905, mais ce n'est que dans les années 1920 que la relativité connaît une immense vogue publique et fait l'objet d'exégèses sans fin. Dans ce contexte, Bergson, alors le maître du temps philosophique, publie en 1922 Durée et simultanéité, avec pour sous-titre À propos de la théorie d'Einstein. Il y développe une évaluation critique de l'impact de la relativité einsteinienne du point de vue de sa propre conception du temps, ou plutôt de la « durée ».
L'ouvrage déclenche d'assez vives polémiques entre Bergson et les physiciens, et les philosophes qui s'intéressent à la question prennent prudemment leurs distances. On accuse Bergson d'avoir échoué à comprendre la physique du temps relativiste. Pourtant, par-delà ses méprises, l'ouvrage déploie nombre de réflexions qui méritent une attention particulière dans une perspective non seulement métaphysique, mais aussi épistémologique. Car, comme l'écrit Bergson, « une fois admise la théorie de la relativité en tant que théorie physique, tout n'est pas fini. Il reste à déterminer la signification philosophique des concepts qu'elle introduit ». -
Essai sur les données immédiates de la conscience
Henri Bergson
- Flammarion
- GF
- 5 Juin 2013
- 9782081312982
« Je me proposai, pour ma thèse de doctorat, d'étudier les concepts fondamentaux de la mécanique. C'est ainsi que je fus conduit à m'occuper de l'idée de temps. Je m'aperçus, non sans surprise, qu'il n'est jamais question de durée proprement dite en mécanique, ni même en physique, et que le "temps" dont on y parle est tout autre chose. Je me demandai alors où est la durée réelle, et ce qu'elle pouvait bien être, et pourquoi notre mathématique n'a pas de prise sur elle. De ces réflexions est sorti l'Essai sur les données immédiates de la conscience où j'essaie de pratiquer une introspection absolument directe et de saisir la durée pure » (Bergson, lettre à G. Papini, 21 octobre 1903).
À la croisée de la psychologie et de la métaphysique, le premier ouvrage de Bergson, paru en 1889, contient en germe l'ensemble de sa philosophie. En nous invitant à nous déprendre de nos cadres de pensée figés, il y montre que le temps n'est pas une réalité physique, mais une dimension de la conscience vivante, et, tissant un lien entre philosophie de la conscience et théorie de l'action, il aborde à nouveaux frais la question de la liberté.
Édition établie sous la direction de Paul-Antoine Miquel
Présentation, notes, chronologie et bibliographie par Emmanuel Picavet
Annexe sur « Bergson et l'invention de la durée » par Sébastien Miravète -
Nous considérons souvent le possible comme ce qui précède le réel. Or, selon Bergson, le possible n'existe pas avant le réel, mais après lui. Le futur reste imprévisible car le réel est toujours plus inattendu que le possible. L'admettre, c'est se donner l'occasion d'être plus joyeux et plus forts. Plus joyeux, parce que la réalité n'est pas donnée à l'avance, mais à créer. Plus forts, parce que nous participons à cette oeuvre de création qui nous dépasse : nous redevenons, enfin, créateurs de nous-mêmes.
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Essai sur les données immédiates de la conscience, chapitre 2
Henri Bergson
- Flammarion
- GF
- 5 Juin 2013
- 9782081312876
Les penseurs, jusqu'ici, n'ont fait que concevoir le temps ; il faut désormais le vivre : tel semble être le mot d'ordre de Bergson dans le chapitre 2 de l'Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), son premier ouvrage, où il entend « saisir la durée pure ».
Notre manière ordinaire de représenter le temps est empreinte de concepts issus des mathématiques et de la physique : partant de ce constat, Bergson entame dans ce chapitre, qui est aussi une porte d'entrée à l'ensemble de sa philosophie, une réflexion sur les nombres, les horloges, les mouvements et leurs vitesses, et souligne l'impossibilité de penser adéquatement le temps par ces biais. À la représentation déformée que nous avons forgée du temps, il oppose le temps vécu de la conscience humaine, qui est le seul réel, et qu'il nous invite à ressaisir par l'introspection.
Illustration : Virginie Berthemet © Flammarion -
Bien rares, en France, sont les savants, les écrivains, les artistes et même les artisans qui s'absorbent dans la matérialité de ce qu'ils font, qui ne cherchent pas à extraire - fût-ce avec maladresse, fût-ce avec quelque naïveté - la philosophie de leur science, de leur art ou de leur métier. Le besoin de philosopher est universel : il tend à porter toute discussion, même d'affaires, sur le terrain des idées et des principes. Il traduit probablement l'aspiration la plus profonde de l'âme française, qui va tout droit à ce qui est général et, par là, à ce qui est généreux. En ce sens, l'esprit français ne fait qu'un avec l'esprit philosophique.
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Bergson a connu une carrière à la fois brillante et traditionnelle : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, il devient professeur de lycée et soutient sa thèse, Essai sur les données immédiates de la conscience, en 1889. Maître de conférence à l'École normale supérieure en 1898, il est élu deux plus tard au Collège de France où ses cours vont attirer un auditoire considérable. En 1907, après la parution de L'Évolution Créatrice, sa réputation devient une gloire mondiale ; on parle de bergsonisme comme on a pu parler de cartésianisme ou de kantisme, plusieurs ouvrages d'importance lui sont consacrés, et la hauteur de sa pensée comme le brio de son écriture lui velent d'être élu à l'Académie française en 1914 et de recevoir en 1928 le prix Nobel de littérature.
À partir de la découverte de la durée, un nouveau spiritualisme philosophique se met en place dans son oeuvre, appuyé sur l'étude critique des sciences, mais aussi lié à une conscience animée d'un élan vital, et l'intuition va devenir un thème majeur de la doctrine de Bergson qui s'attache à fonder un pragmatisme moderne et une doctrine d'élévation de l'âme. Et cependant sa philosophie suscite des hostilités : son spiritualisme lui vaut d'être taxé d'irrationalisme, sa philosophie de la vie est critiquée par les catholiques, et sa conception du temps par Einstein. Après sa mort, il arrive qu'on voit en Bergson un philosophe académique dont il convient de se détourner, et sa pensée, pour une part passée dans le domaine commun, perd sa force incisive : c'est précisément elle qu'il convient de retrouver pour une lecture renouvelée de son oeuvre.
Cet ouvrage réunit :
L'Énergie spirituelle
Durée et simultanéité
Les Deux Sources de la morale et de la religion
La Pensée et le Mouvant
Édition de Jean-Louis Vieillard-Baron, en collaboration avec Alain Panero. -
Bergson a connu une carrière à la fois brillante et traditionnelle : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, il devient professeur de lycée et soutient sa thèse, Essai sur les données immédiates de la conscience, en 1889. Maître de conférence à l'École normale supérieure en 1898, il est élu deux plus tard au Collège de France où ses cours vont attirer un auditoire considérable. En 1907, après la parution de L'Évolution Créatrice, sa réputation devient une gloire mondiale ; on parle de bergsonisme comme on a pu parler de cartésianisme ou de kantisme, plusieurs ouvrages d'importance lui sont consacrés, et la hauteur de sa pensée comme le brio de son écriture lui velent d'être élu à l'Académie française en 1914 et de recevoir en 1928 le prix Nobel de littérature. À partir de la découverte de la durée, un nouveau spiritualisme philosophique se met en place dans son oeuvre, appuyé sur l'étude critique des sciences, mais aussi lié à une conscience animée d'un élan vital, et l'intuition va devenir un thème majeur de la doctrine de Bergson qui s'attache à fonder un pragmatisme moderne et une doctrine d'élévation de l'âme. Et cependant sa philosophie suscite des hostilités : son spiritualisme lui vaut d'être taxé d'irrationalisme, sa philosophie de la vie est critiquée par les catholiques, et sa conception du temps par Einstein. Après sa mort, il arrive qu'on voit en Bergson un philosophe académique dont il convient de se détourner, et sa pensée, pour une part passée dans le domaine commun, perd sa force incisive : c'est précisément elle qu'il convient de retrouver pour une lecture renouvelée de son oeuvre.Cet ouvrage réunit : Lucrèce (extraits) - Essais sur les données immédiates de la conscience - Matière et mémoire - Le Rire - L'Évolution Créatrice
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Le bon sens ou l'esprit français
Henri Bergson
- Fayard/Mille et une nuits
- La Petite Collection
- 17 Octobre 2012
- 9782755505153
Le 30 juillet 1895, Bergson prononce en Sorbonne un discours destiné aux lauréats du Concours général devant Raymond Poincaré, alors ministre de l'Instruction publique. Bergson est à cette date le philosophe le plus révéré en France et à l'étranger et achève Matière et Mémoire, son deuxième opus majeur après l'Essai sur les Données immédiates de la Conscience (1889). Son discours porte sur « le bon sens » ; dans une langue claire et dégagée de tout jargon, il propose une réflexion sur l'éducation, thématique qui irrigue toute son oeuvre. Bergson reconstruit cette notion, le « bon sens » serait la faculté d'orientation à l'oeuvre dans la pratique humaine quotidienne. Bien plus encore qu'une synthèse de la pensée et de l'action, il est une sorte de « puissance », qui précède toute pensée et toute action. Toute éducation a pour finalité d'intensifier au maximum cette puissance, de sorte que l'individu puisse être un créateur de et dans son existence, et qu'il échappe à la mécanique des habitudes qui anéantissent en le figeant l'esprit humain. L'instruction, c'est l'apprentissage de la liberté, de l'émancipation de toutes les conventions qui séparent les individus d'eux-mêmes et des autres. C'est paradoxalement chez les Anciens qu'on trouve les moyens d'une telle émancipation et les ressources nécessaires pour que rayonne cet élan vital qui est création de soi par soi. Ces textes méconnus, y compris des lecteurs de Bergson, sont une excellente porte d'entrée dans le bergsonisme, philosophie de l'élan vital.Edition établie par Cyril Morana.
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La pensée et le mouvant ; introduction
Henri Bergson, Caterina Zanfi
- Les Carnets DDB
- Carnets DDB
- 22 Janvier 2020
- 9782220097022
La Pensée et le mouvant est le dernier livre publié par Bergson de son vivant, en 1934. Rassemblant des articles ou conférences (de 1903 à 1923) et introduit par deux essais alors inédits, ce volume constitue, selon son auteur, une « initiation à la vraie méthode philosophique » : celle qui permet de retourner vers la durée mouvante des concepts que le langage avait immobilisés.Cette édition présente et commente, pour la première fois de façon séparée, les deux parties de l'introduction, qui traitent de la philosophie de l'histoire et du rapport entre la métaphysique et la science, mais aussi des concepts d'intuition et de mysticisme. Elles constituent donc en soi une excellente entrée dans la pensée de Bergson.
Caterina Zanfi est chargée de recherche au CNRS et présidente de la Société des amis de Bergson. Elle a publié, entre autres : Bergson, la tecnica, la guerra (2009) et Bergson et la philosophie allemande (2013). Elle a édité le tome VII des Annales bergsoniennes sur Bergson, l'Allemagne, la guerre de 1914 (2014). -
Extrait : "Le point de départ de notre travail a été l'analyse qu'on trouvera dans le troisième chapitre de ce livre. Nous montrons dans ce chapitre, sur l'exemple précis du souvenir, que le même phénomène de l'esprit intéresse en même temps une multitude de plans de conscience différents qui marquent tous les intermédiaires entre le rêve et l'action (...)"
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Essai sur les données immédiates de la conscience
Henri Bergson, Ligaran
- Ligaran
- 6 Février 2015
- 9782335028713
Extrait : "Nous nous exprimons nécessairement par des mots, et nous pensons le plus souvent dans l'espace. En d'autres termes, le langage exige que nous établissions entre nos idées les mêmes distinctions nettes et précises, la même discontinuité qu'entre les objets matériels. Cette assimilation est utile dans la vie pratique, et nécessaire dans la plupart des sciences."