Filtrer
Rayons
Éditeurs
Langues
Formats
Guilleragues
-
Lettres portugaises
Gabriel De Guilleragues, Gabriel De Guilleragues
- Bibebook
- 14 Mars 2013
- 9782824703909
J'eusse été trop heureuse, si nous avions passé notre vie ensemble : mais puisqu'il fallait qu'une absence cruelle nous séparât, il me semble que je dois être bien aise de n'avoir pas été infidèle, et je ne voudrais pas pour toutes les choses du monde, avoir commis une action si noire : Quoi ? vous avez connu le fond de mon coeur, et de ma tendresse, et vous avez pu vous résoudre à me laisser pour jamais, et à m'exposer aux frayeurs, que je dois avoir, que vous ne vous souvenez plus de moi, que pour me sacrifier à une nouvelle Passion ? Je vois bien que je vous aime, comme une folle : cependant je ne me plains point de toute la violence des mouvements de mon coeur, je m'accoutume à ses persécutions, et je ne pourrais vivre sans un plaisir, que je découvre, et dont je jouis en vous aimant au milieu de mille douleurs : mais je suis sans cesse persécutée avec un extrême désagrément par la haine, et par le dégoût que j'ai pour toutes choses ; ma famille, mes amis et ce Couvent me sont insupportables ; tout ce que je suis obligée de voir, et tout ce qu'il faut que je fasse de toute nécessité, m'est odieux : je suis si jalouse de ma Passion, qu'il me semble que toutes mes actions, et que tous mes devoirs vous regardent : Oui, je fais quelque scrupule, si je n'emploie tous les moments de ma vie pour vous ; que ferais-je, hélas ! sans tant de haine, et sans tant d'amour, qui remplissent mon coeur ?
-
Lettres de la religieuse portugaise
Guilleragues G D.
- République des Lettres
- 2 Novembre 2023
- 9782824900896
Depuis son couvent de Beja, une jeune religieuse franciscaine portugaise, Mariana Alcoforado, adresse entre décembre 1667 et juin 1668 cinq lettres d'amour débordantes de passion et de désespoir à un officier français, le marquis de Chamilly, qui l'a séduite puis abandonnée. Exprimant tous les stades successifs d'un amour ardent et d'une élévation spirituelle par lesquels passe la narratrice, ces lettres entrent en possession du comte Gabriel de Guilleragues, directeur de la "Gazette de France", qui les traduit en français sous le titre de "Lettres portugaises" et les fait publier en janvier 1669 chez le libraire Barbin, sans nom d'auteur. Tenues pour d'authentiques lettres écrites par Mariana à son amant, elles connaissent un immense succès et contribuent à faire avancer la carrière de Guilleragues qui est nommé Secrétaire du roi puis Ambassadeur en Turquie. Trois siècles plus tard, des chercheurs ont pu établir avec certitude que les lettres d'amour aussi lyriques que passionnées de la religieuse portugaise sont en réalité une oeuvre de fiction, un roman épistolaire écrit par Guilleragues lui-même, même si certains auteurs contemporains se disent aujourd'hui encore convaincus de leur authenticité.