Quelles sont les valeurs de mémoire révérées par le culte moderne des monuments? A quoi s'opposent-elles? En quoi s'opposent-elles? Quelle mémoire préserver? Aloïs Riegel (1858-1905), l'un des plus célèbres historiens de l'art de fin du dix-neuvième siècle, répond à ces questions. La modernité du culte des valeurs de mémoire réside dans l'acceptation de leur nécessaire conflictualité et ses implications : fin d'un sens commun, avènement d'un nouveau partage du sensible sous le règne du quelconque, absolue nouveauté d'une esthétique de la mémoire qui signe une démocratisation radicale du goût.
Il a élaboré en quarante ans une oeuvre considérable dont une centaine de films, certains difficiles à voir, d'autres invisibles. Une oeuvre irritante et fascinante qui comporte des réussites magistrales qui justifient de placer son auteur au rang des quelques cinéastes qui comptent dans l'histoire de l'art du cinéma. Voici un parcours zigzaguant à travers cette oeuvre allant des films des années 60 aux plus récentes créations.
L'image ne constitue pas seulement un objet de pensée chez Benjamin, mais vaut comme élément dans lequel se déploie sa pensée, à l'instar de la fulguration visuelle dans laquelle se donne l'image dialectique. Les textes ici réunis articulent les dimensions esthétique et politique de l'image, dans les champs du cinéma, de la photographie, ou encore de l'architecture, comme une manière d'interroger les ressources spécifiques des images techniques.
Depuis le début du XIXe et surtout au XXe siècle, les échanges musicaux entre la France et le Brésil ont connu un développement ponctué par des coups de coeur : des compositeurs, des styles, des rythmes ont laissé des empreintes profondes de part et d'autre. Les auteurs explorent les composantes de la "brésilité" et de l'ouverture au monde de l'autre côté de l'Atlantique à l'aune des influences et confluences réciproques et sous plusieurs angles : historiques, éducatifs, cognitifs.
Plus de cinquante ans après sa sortie, Blowup reste un film dont l'audience et le pouvoir de fascination l'emportent sur les autres chefs-d'oeuvre d'Antonioni. Voici une relecture inédite de ce film par une analyse approfondie de son déroulement narratif en rapport avec ses agencements visuels et sonores. Une approche qui permettra de rendre sensible le spectateur à la pluralité de formes et de sens qui en fondent l'essence artistique.
On trouvera dans cet essai des commentaires d'images tournant les sangs dans certains films de Brian de Palma. Le désir analytique de l'auteur est ici le suivant : établir les prérogatives d'une perception des images filmiques, en essarter une occurrence
On parle volontiers en danse et en philosophie de construction et de déconstruction : écrire et chorégraphier, c'est en un sens construire. Ce livre a pour ambition de préciser l'idée de construction et de la confronter à l'élaboration concrète de la pensée et de la danse, à travers l'analyse d'expériences singulières, notamment de chorégraphes contemporains. Le philosophe trouve dans la danse"matière à penser" une expérience de la pensée aussi bien familière qu'étrangère étrangement familière.
L'Europe est un terrain d'expériences. L'Europe n'est pas neuve ; seules ses institutions, parlementaires ou administratives sont des inventions récentes. Loin de la recherche d'une identité ou âme européenne, ces chroniques radiophoniques ici rassemblées ont cherché à tisser des références historiques avec l'actualité multiple. Telle est l'Europe des idées : de la matière d'idées sans dessein d'ensemble, de la multiplicité d'idées sans contradictions simples.
Dans quelle mesure la pédagogie de Robert Kaddouch interpelle-t-elle la philosophie française contemporaine ? Ce recueil résulte d'une rencontre inédite entre un pédagogue reconnu internationalement dans le domaine de la musique, de l'éducation et de la pédagogie de la création et des philosophes « de métier ». La philosophie française pourrait bien avoir trouvé dans l'oeuvre de Robert Kaddouch son pendant pédagogique. Que nous apprend un tel rapprochement, d'une part sur la pensée de Robert Kaddouch, mais aussi sur celles de ces penseurs français ? Quelles perspectives ce rapprochement ouvre-t-il ?
L''ouvrage est ainsi une approche par la voie musicale d''un univers qui s''avère être un véritable entrelacs des arts. Il est aussi fondé sur le constat que la poésie chinoise en révèle des aspects essentiels à une compréhension fine de la pensée musicale et du geste artistique. Dès lors, un tiers d''illustrations et un tiers de texte théorique et technique, trame tissée d''explicitations directes et brodée d''évocations métaphoriques dans une divulgation sans épuisement du sens, ont paru un dosage à la fois naturel et propice à la vulgarisation.
« Comment attirer et séduire le public ? » : telle est la question clé à laquelle a essayé de répondre, dans ses traités, le créateur du théâtre Nô, Zeami (1363 ?- 1443 ?). Sa pensée a laissé l'empreinte dans la postérité de concepts tels que le kata, une forme anonyme et pré-personnelle, ou le ma, l'esthétique du dépouillement, qui constituent les caractéristiques essentielles de la culture japonaise, qui ont imprégné tous ses arts. À l'opposé de la vision occidentale, cette recherche met en lumière celle des arts traditionnels japonais, qui propose une voie pour accéder à un champ plus vaste et plus profond de la conscience.
Cherchant de véritables passages entre Walter Benjamin et Pier Paolo Pasolini, cet ouvrage fait entrer les deux oeuvres dans un profond rapport de résonance, tout en respectant la singularité de chacune. C'est essentiellement à partir de la question du langage que s'est révélé le nouage le plus profond entre les deux oeuvres, les résonnances les plus marquantes qui se feront ensuite jour, qu'il s'agisse de la question du cinéma, de celle de l'origine, ou encore de l'histoire elle-même.
En mars 2004, à Paris, s'est tenue une Commission d'Enquête Citoyenne sur l'implication de l'Etat français dans le génocide au Rwanda. Elle a eu et continue d'avoir pour cliché la démonstration ou l'infirmation de complicités françaises dans le génocide des Batutsi. Il reste à rappeler les mots qui ont rendu le génocide possible, à tenter de lire et de comprendre les mots des rescapés, à dénoncer et retenir les mots des politiques. Un ouvrage, entre l'histoire et l'écriture, entre culture et politique, une réflexion autour de faits, au temps des commémorations.
Si l'on considère le vaste champ du design comme un lieu propice aux contestations et aux élaborations d'utopies contradictoires, on peut supposer que ce dernier participe à la définition politique du territoire. Ainsi fait de société, le design implique l'individu au coeur de la relation qu'il entretient avec la collectivité. Le citoyen pris à parti, encouragé à la participation, devient acteur de son environnement.
Aujourd'hui, le designer tente de résoudre l'équation de la construction artificielle raisonnable du monde sans exploitation déraisonnée des ressources naturelles. L'éco-conception veut inventer des relations inédites, positives et tangibles pour l'Homme avec le moins d'effets néfastes pour la nature. Émerge ainsi une nouvelle figure du designer où responsabilité, éthique et créativité sont les ferments de nouveaux paradigmes de conception.
Les Cahiers Simondon fêtent leur cinquième anniversaire, en cette année 2013 où se tiendra la Décade internationale « Simondon et l'invention du futur » (Cerisy-la-salle). C'est pourquoi nous avons voulu revenir au « duo franco-italien » qui a marqué la naissance même, voici déjà plus de dix ans, du mouvement réellement collectif - et devenu, depuis, international - de redécouverte de l'oeuvre de Simondon.
Poursuivant la démarche initiée dans le premier volume (Temps, récit et transmission chez W. Benjamin et P. P. Pasolini), le présent ouvrage s'attache à dégager les voies par lesquelles les deux pôles du dispositif Benjamin/Pasolini peuvent en venir à véritablement consoner. Consacrée à Pier Paolo Pasolini, la réflexion vise ici à établir que s'il n'est sans doute pas possible de parler d'une " philosophie de l'histoire " pasolinienne, en revanche, par bien des dimensions, l'oeuvre du poète/cinéaste/théoricien italien se donne comme une histoire en acte.
Les textes proposés ici ouvrent deux grandes questions : celle de la contemporanéité et donc du Présent de l'écriture du philosophe, celle du nouage entre foyer du sens, cinéma et philosophie. Benjamin rappelle que le Présent, à partir duquel doivent s'écrire l'histoire et la connaissance, est dépendant de l'appareil dominant : le cinéma, au XXème siècle, la photographie au XIXème. La seconde question doit être abordée à partir de la pensée de Claude Lefort, qui décrit la démocratie moderne comme ce moment de la désintrication des pôles de la Loi, du Pouvoir et du Savoir.
L'objet de cet ouvrage est de mieux percevoir les mécanismes inhérents à une écriture authentiquement polytonale en offrant au lecteur un panorama exceptionnellement riche d'enseignements et tout à fait inédit de ce procédé compositionnel : terminologie réactualisée, nouvelles approches analytiques, étude des fondements historiques et théoriques et des diverses manifestations de l'écriture polytonale chez des compositeurs aussi différents que peuvent l'être Bach, Liszt, Debussy, Busoni, Ravel...Š
Ces trois essais écrits par l'historien et théoricien de l'art Alois Riegl entre 1900 et 1901 démontrent la puissance de son analyse formelle. Il parvient magistralement à décrire et rendre compréhensibles aussi bien les productions mineures que les chefs-d'oeuvre de l'art et à établir une logique historique à partir de ce qui semble y échapper, comme les oeuvres novatrices, isolées, retardatrices ou anachroniques. Cette édition bilingue permet de saisir au plus près le style et les concepts riegliens.
Rarement considérée pour elle-même, la camera obscura est annexée à la photographie et au cinéma. Cette thèse l'aborde en tant qu'appareil, se différenciant d'un simple dispositif. Quel est le monde de la camera obscura, comment pose-t-elle le problème de l'articulation entre réel et représentation ? Quelle pensée génère-t-elle, quels concepts implique-t-elle ? Nous avons tenté ici d'en déterminer la spatialité et la temporalité et, plus généralement, de comprendre sa philosophie.
Ce livre offre un parcours stimulant à travers l'oeuvre de Chris marker. De ses premiers écrits, jusqu'à ses récentes expositions, Chris Marker a été et demeure un témoin inquiet, rieur, désemparé et enthousiaste de plus d'un demi siècle d'histoire qu'il a su comme peu d'artistes faire résonner dans son propre "présent".
Resnais a toujours refusé d'adapter des romans mais n'a travaillé durant de nombreuses années qu'avec des écrivains avant tout romanciers. Premier de ses films à avoir été écrit par un dramaturge de formation, Providence (1977) met pourtant en scène un vieil écrivain malade et alcoolique qui imagine les scènes horrifiques et comiques d'un ultime roman dont les héros sont ses proches. Réhabilitant la notion de "cinéma littéraire" tout en faisant éclater le cadre réducteur de l'adaptation, cet ouvrage explore les liens plus intimes existant entre les livres et les films.
La ligne cousue forme à elle seule un tracé dans le temps de l'oeuvre. Ce qui fait temps dans la ligne, c'est peut-être l'alternance de ses plains et de ses vides. Chaque dessin est une couture d'éclats et de césures, de cernes et de jours. Le lecteur est invité à donner lui-même figures à ces intervalles, à les emplir de présences et d'absences.