La relation médicale a une finalité claire, qui est la guérison du malade en se fondant sur la science médicale. Mais en adhérant trop rapidement à cet énoncé, médecins et patients ont le sentiment de délaisser une part importante de ce dont la consultation est réellement le théâtre : deux personnes intimement impliquées dans une rencontre dont l'aspect proprement médical est à bien des égards le prétexte. Cette rencontre est le lien d'interactions complexes dont cet ouvrage propose une élucidation.
Que se passe-t-il lorsque le médecin reçoit une personne qui souffre ou qui vient demander un conseil ou un certificat médical ? Sur quoi fait-il reposer sa réflexion et son acte ? Quelles sont ses pensées ? Comment voit-il le malade ? Comment se confronte-t-il, avec lui, à un avenir parfois menaçant ? Comment trouve-t-il la force d'accomplir son geste médical ? Comment un homme ordinaire devient-il médecin, qu'apprend-il qui le légitime dans ce monde particulier de la consultation médicale ?
La médecine antique nous semble balbutiante et périmée. Elle peut se lire comme un début, une avancée glorieuse mais réversible à laquelle la médecine moderne aurait d'une certaine façon mis un terme. Pourtant, plus qu'un moment daté elle est un commencement, où la médecine de l'Occident est instituée. Hippocrate représente un accès à la genèse archivée mais vivante du geste médical.
Michel Foucault a fait de la médecine l'un de ses objets d'étude majeur. Un examen attentif de l'ensemble de l'oeuvre montre qu'il a retracé une généalogie du pouvoir médical sous toutes ses formes et qu'il a élaboré une histoire critique de la médicalisation de la société. Ses analyses éclairent la place de la médecine au coeur de notre société. La lecture proposée ici prend appui sur la référence foucaldienne à la pratique médicale pour confronter l'exercice de la médecine et celui de la philosophie.
Ce livre est davantage qu'un état des lieux historique et biographique. Il explore la manière dont La Mettrie a pris part au combat idéologique des Lumières et ajouté, avec une interprétation du monde mécaniste, matérialiste et athée, un épisode nouveau à la longue conquête de la rationalité dans laquelle sont associés dès l'origine la philosophie et la médecine.
Médecine et philosophie n'ont cessé de mêler leur histoire, depuis l'Antiquité, autour d'un objet commun : l'homme, une liaison qui se poursuit encore vingt-cinq siècles plus tard. Ainsi, comment penser une éthique et une philosophie médicales aujourd'hui sans en interroger l'histoire ? Ce livre restitue six années de séminaires au sein du Collège international de philosophie faisant dialoguer philosophes, médecins et soignants, psychologues, historiens ou encore sociologues. Plusieurs thématiques y sont abordées : les relations humaines au sein du monde médical ou encore la quête d'une santé parfaite.
La vieillesse s'est imposée avec une sorte d'évidence énigmatique à l'observation des hommes dès les premiers temps de la Grèce, d'abord dans une anthropologie enrichie par la science naissante et le premier discours médical, avant que la philosophie y découvre une sorte de poste avancé de l'existence, où se croisent la vie, la mort et le temps. De cette rencontre du chant du cygne et de l'oiseau de Minerve naîtra, avec le stoïcisme romain, une éthique de l'existence ultime.
L'éthique médicale est tenue à juste titre pour la première des éthiques et elle l'est chronologiquement, avec le Serment d'Hippocrate. La philosophie grecque, à travers une série d'éthiques premières, de la vie, de la mort, de l'art, de l'humanité, constitue une sorte de comité d'éthique intemporel. C'est l'exploration de ce legs antique qui est ici proposée.
L'aptitude du vivant à se régénérer reste un sujet d'étonnement et d'investigation, depuis l'élaboration d'une conception scientifique de la régénération au XVIIIe siècle, avec les découvertes majeures sur les polypes des deux naturalistes Tremblay et Réaumur qui bousculent les représentations du vivant. Si les bras des polypes se reconstituent, ne pourrait-il en être de même pour d'autres créatures vivantes ? Jusqu'où les êtres sont-ils capables de régénération ? Pourrait-on mettre en oeuvre une chirurgie de la régénération ?
A La Réunion, la crise du chikungunya souligne la défaillance du savoir médical et nous plonge dans l'univers oublié de l'ignorance. Elle a excédé de beaucoup les limites du champ sanitaire. Lorsque la rumeur de la cité, la culture du malheur et les nouveaux périls du monde les mettent en cause, la médecine et la philosophie ont à se retrouver autour de la rationalité.
Haut lieu de la confrontation aux peurs et aux espoirs de la modernité, l'hôpital se présente comme un objet philosophique par excellence, tour à tour examiné ici comme une instance de mise en oeuvre du savoir et du pouvoir de la médecine, comme révélateur idéologique et politique, ou comme univers à la fois sacré et consacré du soin.
La médecine est chez Spinoza un véritable modèle pour la pensée : son éthique constitue une thérapeutique du Corps et de l'Esprit, et le matérialisme médical joue un rôle décisif dans la constitution de sa philosophie de la nature. On comprend mieux alors comment la médecine permet de définir l'activité philosophique en tant que processus thérapeutique et comment le spinozisme est une invitation à prendre soin de sa vie afin d'accéder à la béatitude ou à la grande santé de l'âme.