" Les mots et les concepts, écrivait Nietzsche en 1879, nous induisent continuellement à penser les choses plus simples qu'elles ne sont. " Conscients de cette mise en garde et du danger qu'il y a à prendre les mots pour des choses, les auteurs de ce Dictionnaire ont suivi un fil d'Ariane dans le labyrinthe de la pensée nietzschéenne : toute interprétation doit être elle-même interprétée, toute valeur doit à son tour être évaluée, avec ce sens de la nuance et cet " art de bien lire " recommandés par le philosophe-philologue, qui était aussi artiste et médecin. Ce Dictionnaire Nietzsche, le premier d'une telle ampleur, fait pénétrer le lecteur dans le monde de la volonté de puissance, du surhumain et de l'éternel retour, dans l'univers de la tragédie et du gai savoir, dans la généalogie " humaine, trop humaine " des passions, des croyances, des idéaux et de la vérité elle-même. Il évoque aussi les adversaires et les alliés, les livres et les lieux, les arts et les sciences qui ont inspiré Nietzsche, reconstituant de proche en proche sa vie et son oeuvre. Ce Dictionnaire témoigne de l'inépuisable créativité du philosophe, esprit libre et solitaire, critique sans concession du passé et du présent, penseur intempestif d'une philosophie de l'avenir dont les remèdes, parfois radicaux mais le plus souvent extrêmement subtils, n'ont pas fini de nous solliciter et de mettre à l'épreuve nos manières de penser. Plus de trente spécialistes de Nietzsche, français et internationaux, ont contribué à ce Dictionnaire qui non seulement cristallise l'état présent des recherches mais indique aussi des directions pour leur évolution future. Accessible à différents niveaux, il s'adresse à tout lecteur curieux, qu'il soit familier ou non de Nietzsche et de la philosophie, en lui offrant des points de repère et des analyses approfondies pour découvrir l'une des pensées les plus déterminantes de l'époque moderne et contemporaine.
Imprécateur et pamphlétaire " par amour ", selon sa formule, Léon Bloy est l'écrivain de l'excès, de la démesure, de l'engagement total. Il consacra son oeuvre et sa vie à la défense des pauvres, à la dignité de l'homme, à l'amour de Dieu, à la figure du Christ et à l'esprit des Évangiles. " Pèlerin de l'Absolu ", le catholique Bloy se fait mendiant pour gagner la liberté de tout dire et traquer la bêtise, dont l'illustration parfaite à ses yeux est " le bourgeois, cet homme qui ne fait aucun usage de la faculté de penser ". Il s'en prend, au nom de cet Absolu, aux politiques, aux écrivains, aux journalistes, aux athées, ainsi qu'aux chrétiens eux-mêmes, qu'il met en cause avec une violence magistrale. L'auteur des Méditations d'un solitaire en 1916 et des Propos d'un entrepreneur de démolitions a bâti une oeuvre immense, où se déploient une impressionnante philosophie de l'histoire et une réflexion sur la fin des temps. Mais il était difficile jusque là de se faire une idée complète d'un écrivain si singulier. En réunissant la quasi-totalité de ses essais et de ses pamphlets, des plus célèbres, comme l'Exégèse des lieux communs et Belluaires et Porchers, aux plus rares, Celle qui pleure, Le Révélateur du Globe et l'inachevé Dans les ténèbres, en passant par Le Salut par les Juifs, ce livre constitue le plus considérable volume d'écrits de Léon Bloy jamais publié. Un siècle après sa mort, l'oeuvre de celui qui ne voyait pas qu'il fût possible d'écrire autrement qu'" au seuil de l'Apocalypse " est ainsi de nouveau disponible et enfin présentée dans sa véritable cohérence.
Barcelone est d'abord un rêve de ville. Mais elle est bien plus qu'un paradis sur mer : c'est une ville frondeuse, excentrique, électrique, un appel permanent à la liberté. Cet ouvrage explore les multiples facettes de Barcelone, capitale catalane et européenne, joyau médiéval et haut lieu du modernisme, ville d'art, de fête, d'architecture flamboyante, de littérature, de gastronomie, ville sensuelle, colorée, bouillonnante. Après une passionnante plongée dans l'histoire de la cité, il nous invite à découvrir Barcelone à travers ses rues, où passent les ombres de ses grands hommes et de passants anonymes. Des écrivains, des historiens, des géographes, des urbanistes, des artistes revisitent leurs souvenirs, nous emmènent du parapet du parc Güell aux ruelles du Gòtic, du Raval, de Gràcia, de l'Eixample. Ils nous offrent mille histoires délicieuses, inquiétantes, sidérantes, au fil d'une promenade légère et passionnée, à l'image de la ville qui l'a inspirée. Les balades personnelles se mêlent ici aux enquêtes érudites pour mieux restituer la singularité multiple et mouvante de Barcelone, telle que Gaudí l'a illustrée à sa manière.
Lucien Rebatet est l'auteur d'un livre " maudit " qui fut le best-seller de l'Occupation, Les Décombres : six cents pages de violence et de colère, où il s'en prend à tous ceux qu'il tient pour responsables de la décomposition du pays. Rebatet fut un antisémite et un anticommuniste parmi les plus virulents. Mais il fut aussi antiparlementaire, antibourgeois, anticatholique. Bref, un intellectuel fasciste typique, qui partagea les rages et les phobies de toute une génération d'écrivains, sur laquelle ce Dossier fournit un document historique édifiant. Le texte des Décombres est ici livré au public dans son intégralité pour la première fois depuis 1942, accompagné d'un important appareil critique qui permet de le lire " en connaissance de cause ". L'autre intérêt de cette édition est un inédit de Rebatet qui constitue la suite des Décombres. Écrit en prison, à Clairvaux, ce récit des illusions perdues et des haines intactes nous plonge dans l'univers halluciné des partisans les plus acharnés de la collaboration. Peu courageux devant la justice qui le condamna à mort avant qu'on ne le graciât, sous la pression, entre autres, de Camus ou encore de Mauriac - qu'il avait injurié -, Rebatet n'est jamais sorti de son statut de paria. Il échoua à se faire reconnaître comme le grand écrivain qu'il aspirait à devenir. Mais l'ensemble de son oeuvre - dont Une histoire de la musique, qui figure déjà au catalogue " Bouquins " -, jusqu'à ses écrits les plus ignobles, témoigne d'une qualité d'écriture qui fut saluée, y compris par certains de ses adversaires les plus résolus. Fallait-il s'interdire de republier ses textes les plus sulfureux ? On peut croire que les rééditer ou les révéler, avec les éclaircissements indispensables, contribuera à les démythifier, tout en rappelant que le talent n'est pas incompatible avec la faute morale, voire le crime pénal. Pascal Ory
Par sa durée, son ampleur et sa violence, la Seconde Guerre mondiale n'a épargné aucun peuple ni aucun continent. L'ambition de cette Encyclopédie est de restituer à ce conflit ses dimensions non pas seulement européennes mais véritablement planétaires. OEuvre d'une équipe internationale de cent soixante-quatre historiens, ce volume permet de rassembler et de confronter les connaissances les plus complètes à ce jour sur un des affrontements les plus meurtriers qu'ait connus le XXe siècle. Les auteurs s'intéressent d'abord à ceux, hommes et femmes, civils et militaires, célèbres et anonymes, qui ont été les acteurs ou les victimes de cette guerre totale. Ils analysent leurs réactions et leur comportement, leurs espoirs, leurs peurs, leurs désillusions, leur courage, parfois leur héroïsme. Et les traumatismes de tous ordres qu'ils ont subis dans un monde où l'horreur et la barbarie ont atteint des degrés inégalés. Une large place est également faite aux dirigeants politiques et chefs militaires qui ont pensé, planifié et conduit ce conflit, comme aux innombrables protagonistes qui ont agi dans l'ombre au sein des services secrets ou des forces armées. Les principaux théâtres d'opérations, des conquêtes du IIIe Reich à la bataille de l'Atlantique, des combats sur les fronts de l'Est ou du Pacifique aux bombardements nucléaires d'août 1945, sont étudiés dans leurs particularités et leur interdépendance. L'ouvrage apporte aussi des éclairages précis et passionnants sur les aspects idéologiques, diplomatiques, stratégiques, économiques, sociaux et culturels d'une conflagration qui a bouleversé les structures et les consciences, les rapports entre les nations ainsi que l'identité de chacune d'entre elles. Il permet ainsi de vivre cette guerre au plus près de sa vérité immédiate, de mieux en comprendre les étapes et les enjeux, comme d'en éprouver toute la complexité.
Dans ce texte inédit, Marc Fumaroli invite le lecteur à se promener dans la langue française comme dans un cabinet de curiosités.
Qu'est-ce qu'une métaphore ? Venu du grec ancien, le terme désigne le transfert purement mental d'un mot, ou d'une expression, de son sens premier, ou propre, à un sens second, ou figuré. Ces glissements de sens ressemblent à de vraies métamorphoses : le feu de cheminée se change le moment venu en feu de la passion, ou en feu de la conversation, ou en feu de l'éloquence, aussi naturellement que la baguette de la fée change à minuit le carrosse de Cendrillon en citrouille. La feuille d'arbre se change en feuille de papier, et la feuille de papier en page de journal imprimé. De ce pouvoir métamorphique du transport métaphorique, le langage reçoit son côté joueur, poétique et même sorcier. Les poètes et les grands écrivains s'en jouent avec art ; mais tout un chacun, dans son usage quotidien et quasi machinal, soit en parlant, soit en lisant, a affaire abondamment à cette propriété du langage, le plus souvent sans même s'en rendre compte. Notre langue, poète à notre place, a mémorisé, accumulé et augmenté au cours des siècles son propre trésor de métaphores, par transmission orale le plus souvent. Ce livre veut donner une idée aussi complète que possible de la présence si ancienne de cette figure dans la langue française. L'auteur a choisi de ranger ces très nombreuses fleurs par lieux (le corps, la ferme, le château, la chasse, la guerre, la marine, etc.), au lieu de les soumettre à un ordre alphabétique qui les aurait écrasées, invitant ainsi le lecteur à un voyage à travers une France quasi disparue, mais dont subsistent des mots qui se laissent humer comme le flacon de Baudelaire, d'où jaillit toute vive une âme qui revient.
" Ces ouvrages n'ont jamais été réédités depuis plus de cinquante ans. Leur parution constitue un événement pour tous ceux qui apprécient ce grand historien et philosophe, souligne dans sa préface le cardinal Poupard, longtemps confident de Lucien Jerphagnon. Ce sera pour beaucoup une révélation importante et inattendue sur l'engagement spirituel de l'auteur, comme sur l'histoire contrastée de la première partie de sa vie où s'enracine son parcours d'historien de la philosophie antique. "L'Au-delà de tout regroupe les ouvrages que Lucien Jerphagnon écrivit entre 1955 et 1962, dont le tout premier, Le Mal et l'Existence. Ils reflètent ses interrogations métaphysiques sur ces grands thèmes philosophiques qui ne cesseront de nourrir ses travaux et ses réflexions: la liberté, la foi, la question du mal, l'immanence et la transcendance, l'émerveillement d'être au monde, le bonheur, le sens du divin. Ordonné prêtre en juin 1950, Lucien Jerphagnon enseigne alors au grand séminaire de Meaux, et c'est tout naturellement qu'il s'intéresse à Pascal auquel il consacre trois livres, dont Pascal et la souffrance et Le Caractère de Pascal. Contre la suprématie de la philosophie thomiste qui s'exerce encore au sein de l'Église, il démontre, à la lumière de la pensée de Pascal, que tout ne se résume pas au dogme scolastique ni à la raison, et témoigne déjà de sa liberté d'esprit. Ses innombrables lecteurs et admirateurs retrouveront ici la sensibilité, l'humanité profonde, l'originalité de style de l'une des grandes figures intellectuelles de l'époque contemporaine, qui fut aussi l'une des plus attachantes. Ils découvriront dans le même temps un pan méconnu de son cheminement personnel, essentiel à la compréhension de l'ensemble de son oeuvre et de ce qui fait son unité.
Ce volume permet de revivre treize procès parmi les plus retentissants du XXe siècle à travers les sténographies des audiences, publiées en de larges extraits, où se succèdent débats, réquisitoires et plaidoiries des avocats. L'originalité du travail de Stéphanie de Saint Marc est d'établir un cheminement et de dégager des correspondances entre ces différentes affaires judiciaires qui racontent cinquante années de vie française, des débuts de la Première Guerre mondiale au conflit algérien. Le livre s'ouvre avec le procès d'Henriette Caillaux en 1914 et se clôt par celui des Barricades en 1960. D'Alexandre Stavisky à Victor Kravchenko, le lecteur se trouve plongé au coeur des enjeux politiques et idéologiques de périodes marquées par la vigueur des extrémismes : les années 1930, Vichy et la décolonisation. Un épisode particulièrement saisissant est le procès de Pierre Mendès France, qui, sous l'Occupation, se défend devant le tribunal militaire de Clermont-Ferrand de l'accusation de désertion portée contre lui - des déclarations restées jusqu'à aujourd'hui inédites. Outre ses perspectives historiques et politiques, cet ouvrage nous éclaire également sur la dramaturgie du procès et sur le statut singulier de l'accusé face à ses juges. De futurs condamnés à mort comme Pierre Laval ou le docteur Petiot, des criminelles aux motivations insondables telles les soeurs Papin ou Violette Nozière sont ici confrontés à la vérité de leurs actes au cours d'épreuves judiciaires restées mémorables.
" Pour comprendre la psychanalyse, écrivait Freud en 1922, le mieux est encore de s'attacher à sa genèse et à son développement. " C'est ce principe d'un dialogue constant entre les origines de la découverte freudienne et son évolution que les auteurs de ce Dictionnaire ont adopté. Leur but est de permettre aux lecteurs d'aujourd'hui de découvrir ou de parcourir l'oeuvre de Freud en suivant la manière dont elle s'est forgée et développée. Ce Dictionnaire, le premier du genre, revient sur les sources de la psychanalyse de Freud, tout en montrant comment son invention s'inscrit à la croisée de plusieurs traditions. Il s'attache aussi à envisager l'entreprise freudienne en fonction de son héritage et de sa postérité. Il évoque enfin ses échanges avec tous les domaines de réflexion et de création qu'elle n'a cessé de côtoyer (philosophie, littérature, anthropologie, histoire). Ainsi, ce Dictionnaire témoigne de la vitalité d'une oeuvre qui demeure parmi les plus considérables de l'histoire de la pensée. Soixante-quinze spécialistes de Freud, internationaux et français, associés à des universitaires issus du domaine de la psychanalyse autant que des champs multiples des sciences humaines, explorent l'univers freudien selon une approche renouvelée et diversifiée. Ils offrent autant de points de repère et d'analyses approfondies qui permettent d'en avoir une vision d'ensemble et de le rendre accessible au plus grand nombre.
" Le tombeur de ministères ", " le Tigre ", " le premier flic de France ", " le Père la Victoire "... Que de qualificatifs pour un seul homme ! Il est vrai que la carrière politique de Georges Clemenceau fut longue et a traversé les grands moments de l'histoire de France et de l'Europe. Commencée sous le Second Empire, elle s'est achevée quelques jours avant les prémices du premier grand choc économique du XXe siècle : la crise de 1929. Captif dans Paris assiégé en 1870, maire de Montmartre au début de la Commune, puis député, sénateur avant de devenir ministre de l'Intérieur et président du Conseil par deux fois, Georges Clemenceau n'a pas été un homme politique comme les autres. Passionnément aimé et admiré par les uns, violemment contesté et haï par les autres, souvent solitaire, il n'a cessé de lutter pour construire la république dont il rêvait. Toujours en mouvement, refusant la médiocrité, Clemenceau préférait la rébellion à la compromission. Insolent et frondeur, il le fut tout autant dans sa vie privée. Ses aventures amoureuses furent nombreuses - il épousa une Américaine puis divorça -, ses amitiés et ses inimitiés longues et fidèles. Animé de passions multiples, il fut tour à tour journaliste, critique dramatique, écrivain, esthète, mécène, collectionneur, jardinier... Ce Dictionnaire révèle les innombrables facettes d'un personnage à la destinée hors du commun. Il permet aussi de mieux comprendre l'action d'un homme d'État qui occupe une place de premier plan dans l'histoire de notre pays.
Alors que le débat sur l'" identité nationale " continue de diviser la classe politique, ce Dictionnaire, d'une ampleur sans précédent, permet de rétablir certaines vérités et devrait faire débat à son tour.
Qui de plus français que le couturier et mécène Pierre Cardin ou le premier vainqueur du Tour de France cycliste, Maurice Garin ? Sauf que l'un et l'autre sont nés Italiens. À l'inverse, combien de Français savent que le prix Nobel de littérature de l'an 2000 a été attribué à un citoyen français - naturalisé depuis trois ans - Gao Xingjian, né à Ganzhou soixante ans plus tôt ? Ce que la plupart de nos compatriotes savent, en revanche, c'est que la renommée de la France doit beaucoup à Frédéric Chopin, Marie Curie, Pablo Picasso, Le Corbusier, Samuel Beckett ou Charles Aznavour. Et ceux qui s'intéressent au destin politique de ce pays ont sans doute remarqué, sans remonter plus haut que la Révolution française, que ladite Révolution n'aurait pas tout à fait été la même sans le modéré Necker ou le radical Marat - deux Suisses -, la IIIe République sans Gambetta ou Weygand, la Résistance sans Boris Vildé, du premier réseau, celui du Musée de l'homme, ou le groupe Manouchian et ses fusillés stigmatisés sur l'Affiche rouge " parce qu'à prononcer leurs noms sont difficiles "... Pour mieux connaître cet apport exceptionnel des étrangers à l'histoire de notre pays, il manquait un ouvrage comme celui-ci. Il sera, à coup sûr, pour ses lecteurs une source éclairante et vivifiante de surprises, de découvertes, d'émotions. La période choisie commence en 1789, avec la proclamation solennelle et inédite de la nation française comme principe de souveraineté, et va jusqu'à nos jours, avec Stéphane Hessel ou Marjane Satrapi. La notion d'" étranger " est prise ici au sens juridique du terme, pour éviter toute subjectivité : être né de statut étranger, en France ou hors de nos frontières, qu'on le soit resté ensuite (comme Pablo Picasso), qu'on ait obtenu sa naturalisation (comme Yves Montand), qu'on l'ait abandonnée (comme Igor Stravinsky) ou qu'on ait failli la perdre (comme Serge Gainsbourg). Les naturalisés de naissance, comme Georges Perec, ne figurent donc pas dans ce dictionnaire, non plus que les ressortissants des colonies ou des départements d'outre-mer. Tous les secteurs d'activités sont représentés, de la littérature (Émile Zola) au sport (Raymond Kopa) en passant par le monde de l'entreprise (Carlos Ghosn) et de la création sous toutes ses formes. Les notices communautaires permettent de redonner toute leur place aux obscurs et aux sans-grade, qui jouèrent leur rôle dans l'édification de l'économie comme de la culture françaises, des mineurs polonais aux maçons portugais, des musiciens de bal musette aux chanteurs de raï. L'ouvrage, qui comprend 1 186 articles (1 112 notices individuelles, 22 notices collectives, 52 notices communautaires), est précédé d'une préface de Pascal Ory, son maître d'oeuvre.
Pourquoi cette nouvelle édition du Dictionnaire de la bêtise et du Livre des bizarres ? Parce que la bêtise ne s'arrête jamais et que des idiots se révèlent chaque jour, comme les génies - mais pas dans les mêmes proportions. Il faut en outre un certain temps pour les détecter, les regarder agir, les classer. Dans les précédentes éditions, il n'y avait ainsi aucun article concernant Sartre, Beauvoir, Aragon ou Claudel : rien sur les étrangetés ou absurdités réjouissantes qu'ils ont eux-mêmes proférées ni sur celles énoncées à leur propos. Le Dictionnaire de la bêtise complété est un véritable sottisier, mais son ambition est bien plus grande. On y trouvera des textes simplement amusants, mais aussi et surtout des affi rmations péremptoires, parfois odieuses, trahissant haine du modernisme, racisme, antisémitisme, xénophobie... Cette bêtise-là, dimension éternelle de l'esprit humain, a ce mérite de révéler, peut-être mieux que les textes dits " intelligents ", ce que sont les mentalités d'une époque. Corollaire du Dictionnaire de la bêtise, Le Livre des bizarres rappelle que nombre de grands esprits ont d'abord souvent passé pour des farfelus : Socrate et son démon, Rousseau vêtu en Arménien, Einstein lui-même, qui essayait parfois de vivre sans chaussettes... Là aussi, il fallait nourrir, mettre à jour, étendre aux maîtres du monde les plus récents : le président Jimmy Carter qui remplaçait nuitamment dans les couloirs de la Maison-Blanche les portraits de ses prédécesseurs par le sien, tel dictateur du Turkménistan qui interdisait à son peuple d'être malade et qui avait supprimé la tuberculose par décret... Sans parler des dirigeants iraniens qui obligent les championnes de ping-pong à porter le tchador dans les compétitions internationales, et de beaucoup de bizarreries fondamentalistes dans nos propres religions occidentales. Le sujet n'est pas clos !
Ils ont arrêté Ravachol, Landru et Mata Hari, démantelé la "bande à Bonnot", et leurs récits ont inspiré des personnages aussi mythiques que le comte de Monte-Cristo, Arsène Lupin, Fantômas ou Maigret. Qu'il s'agisse de vol, de crime, de moeurs ou de pouvoir, les "policiers-écrivains" nous ont laissé des textes passionnants. Policiers, ils ont découvert des corps, traqué des assassins, livré des coupables à la justice de leur temps. Écrivains, ils ont consigné leurs enquêtes, leurs intuitions, leurs idées. À l'âge de la retraite, ils ont publié, raconté, revécu les moments forts d'une carrière, non sans se donner le plaisir de régler au passage quelques comptes. En eux se révèlent des narrateurs efficaces qui ont le sens de l'image et du raccourci saisissant. De l'ancien préfet de police craint et respecté au petit inspecteur des moeurs qui se sait l'objet du mépris public, ces Souvenirs de police condensent un siècle et demi d'affaires criminelles et politiques.
Devenue l'une des capitales européennes les plus prisées par les touristes, Berlin est une mégapole à la fois provinciale et cosmopolite, flegmatique et passionnée. Une capitale " pauvre mais sexy ", où l'intensité de la vie culturelle se conjugue à la quiétude de la vie quotidienne. Malgré le poids de son héritage historique, Berlin se distingue par un climat de légèreté et de liberté d'autant plus frappant qu'il accompagne et nourrit d'incessantes mutations. Vingt-cinq ans après l'effondrement du Mur, cette ville-laboratoire, vaste comme huit fois Paris mais cinq fois moins peuplée, cache sous ses airs placides une effervescence qui attire les créateurs comme les noctambules du monde entier. La première partie de l'ouvrage relate près de huit siècles d'une histoire aussi opulente que tumultueuse qui fit de Berlin la véritable capitale du XXe siècle. Une succession de " promenades " invite ensuite à découvrir les multiples facettes de la " ville rêvée des anges " magnifiée par Wim Wenders et Peter Handke à travers son patrimoine cinématographique, sa richesse musicale (le temple de la musique classique devenu aussi le paradis mondial de la techno) ou sa dimension architecturale qui permet, selon la formule de David Sanson, de " relire le passé afin de le relier au futur ". Dans l'anthologie littéraire, riche de plusieurs textes inédits, se font entendre les voix des innombrables écrivains, allemands et étrangers, qui continuent de trouver dans Berlin une de leurs meilleures sources d'inspiration. Enfin, un dictionnaire de près de quatre cents entrées offre un portrait éclaté de la ville à travers ses lieux et figures les plus emblématiques. L'ouvrage a été conçu par une équipe d'historiens, architectes, géographes, écrivains et journalistes, sous la direction de David Sanson, qui réussissent autant à aiguiser notre curiosité qu'à nous communiquer leur passion.
Pour la première fois, un dictionnaire raconte et explore l'intégralité des Amériques - du Sud, centrale et du Nord - en montrant ce qui fait à la fois leur unité et leur grande diversité. Du Labrador à la Patagonie, de Valparaiso à Montréal, du Machu Picchu à Hollywood, des Mayas et des Amérindiens aux Noirs et aux Latinos, de George Washington à Martin Luther King et Barack Obama, de Juan Perón à Fidel Castro... Conçu en deux tomes (de l'époque précolombienne à 1830 et de 1830 à nos jours) par une équipe de 140 chercheurs français et étrangers, cet ouvrage d'une ampleur sans équivalent parcourt l'ensemble de ce continent séparé par la géographie mais uni par une même expérience d'adaptation à un environnement inconnu et souvent hostile, les luttes pour l'indépendance, des institutions semblables et un socle de valeurs communes. Il traite aussi bien des questions archéologiques et politiques que des sujets économiques et culturels. Il aborde ainsi tous les grands thèmes qui permettent de saisir l'évolution de ces civilisations successives rattachées à un même espace : empire aztèque, conquêtes coloniales, Eldorado, esclavage, Jésuites, Mayflower, guerre de Sécession, rêve américain, mouvements révolutionnaires, prohibition, ségrégation, favelas... On voit ici comment le Nouveau Monde a engendré un monde nouveau : Amérique rouge, blanche, noire et jaune ; Amérique riche et Amérique pauvre ; Amérique de tous les possibles et de tous les mélanges où se dessine, d'un bout à l'autre, du Chili au Canada, le visage d'une mondialisation à vocation réellement universelle.
Longtemps, les hommes ont défini la maternité à leur manière : succédant aux prêtres, les philosophes, les médecins, les politiques ont prescrit des règles de conduite aux " filles d'Ève ". Les femmes n'avaient pas leur mot à dire, à l'exception des mieux nanties ou des plus combatives. Progressivement, l'instruction des filles s'est généralisée, les femmes ont osé revendiquer leurs droits. Puis, grâce aux progrès scientifiques, elles ont pu limiter leur fécondité, devenir mères selon leur volonté et non plus selon leur " nature ". Et en gagnant leur vie, en accédant à l'espace public, elles ont pris la parole de plus en plus librement. Que disent les femmes, qu'écrivent-elles sur la maternité, sur la relation entre mère et enfant ? En leur donnant ici la parole, en mettant en valeur leurs dits et leurs écrits, présentés dans leur contexte historique et social, cet ouvrage, qui inclut une anthologie littéraire - du XVIIe siècle à nos jours -, offre une histoire passionnante et originale. D'une grande diversité (lettres, billets d'abandon, conseils de nourrices, traités d'éducation, poèmes, journaux, romans, autofictions, écrits pour la jeunesse, bandes dessinées, blogs...), les textes proposés émanent d'écrivaines célèbres ou d'anonymes. En abordant des thèmes aussi divers que le déni de grossesse, les nouvelles configurations familiales, la transmission maternelle ou la conciliation maternité-travail, ils illustrent des évolutions de la société contemporaine et les nouvelles façons d'être mère.
Un corpus exceptionnel : la première anthologie de textes autobiographiques de femmes du XVIIIe siècle.
Ce volume embrasse tout le siècle des Lumières, du journal de voyage de Rosalba Carriera, jeune peintre à Paris pendant la Régence, aux souvenirs de Victoire Monnard, petite employée sous la Révolution, en passant par le journal de Germaine de Staël ou les Mémoires particuliers de Manon (ou Jeanne-Marie) Roland. Une artiste italienne en France, une actrice anglaise célèbre en visite à la cour de Versailles, une Française inconnue, fille d'artisan, établie en Suisse, côtoient une religieuse limousine dans sa province ou la princesse de Parme mariée à l'héritier du trône autrichien. Toutes ont livré par écrit leurs pensées, leurs sentiments, leurs craintes, leurs joies, leurs espoirs, comme un envers de la " grande histoire ". Leurs textes sont très divers dans leur forme, leur contenu, leur longueur mais témoignent du développement d'une véritable culture de l'écriture personnelle. Lieux de repli sur soi ou d'élan vers l'autre, de confiance ou d'aveu, ces souvenirs, Mémoires et journaux mettent en évidence les réalités de la vie au XVIIIe siècle. Écrire, pour ces femmes attachantes, pleines d'esprit, généreuses, qui s'affirment tout en doutant d'elles-mêmes, a été le moyen de conquérir un espace, au moins symbolique, à soi, un espace où livrer des maximes valables pour tous, mais aussi où enchâsser les confidences les plus secrètes, un espace où être elles-mêmes. Précédé d'une longue introduction, rassemblant une majorité de textes inédits ou indisponibles dans le commerce, ce volume révèle un pan inconnu de l'histoire des mentalités et permet d'aborder aussi bien les débuts de l'écriture de l'intime que l'émergence de la littérature féminine moderne. Textes de : Rosalba Carriera (1675-1757) - Marguerite-Jeanne de Staal-Delaunay (1684-1750) - Suzanne Necker (1737-1794) - Françoise-Radegonde Le Noir (1739-1791) - Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1763) - Félicité de Genlis (1746-1830) - Jeanne-Marie Roland (1754-1793) - Mary Robinson (1758-1800) - Charlotte-Nicole Coquebert de Montbret (1760-1832) - Adélaïde de Castellane (1761-1805) - Germaine de Staël (1766-1817) - Marie-Aimée Steck-Guichelin (1776-1821) - Victoire Monnard (1777-1869).
Pour la première fois, un dictionnaire raconte et explore l'intégralité des Amériques - du Sud, centrale et du Nord - en montrant ce qui fait à la fois leur unité et leur grande diversité. Du Labrador à la Patagonie, de Valparaiso à Montréal, du Machu Picchu à Hollywood, des Mayas et des Amérindiens aux Noirs et aux Latinos, de George Washington à Martin Luther King et Barack Obama, de Juan Perón à Fidel Castro... Conçu en deux tomes (de l'époque précolombienne à 1830 et de 1830 à nos jours) par une équipe de 140 chercheurs français et étrangers, cet ouvrage d'une ampleur sans équivalent parcourt l'ensemble de ce continent séparé par la géographie mais uni par une même expérience d'adaptation à un environnement inconnu et souvent hostile, les luttes pour l'indépendance, des institutions semblables et un socle de valeurs communes. Il traite aussi bien des questions archéologiques et politiques que des sujets économiques et culturels. Il aborde ainsi tous les grands thèmes qui permettent de saisir l'évolution de ces civilisations successives rattachées à un même espace : empire aztèque, conquêtes coloniales, Eldorado, esclavage, Jésuites, Mayflower, guerre de Sécession, rêve américain, mouvements révolutionnaires, prohibition, ségrégation, favelas... On voit ici comment le Nouveau Monde a engendré un monde nouveau : Amérique rouge, blanche, noire et jaune ; Amérique riche et Amérique pauvre ; Amérique de tous les possibles et de tous les mélanges où se dessine, d'un bout à l'autre, du Chili au Canada, le visage d'une mondialisation à vocation réellement universelle.
Versailles : depuis que Louis XIV a, au XVIIe siècle, transformé ce petit bourg en une cité florissante, ce nom rayonne dans le monde entier comme le lieu de l'excellence du savoir-faire et de l'art de vivre français. Ici s'est exprimé le génie créateur d'architectes, de peintres et de décorateurs qui, de Louis Le Vau à Mansart et de Charles Le Brun à André Le Nôtre, ont su relayer et accompagner l'imagination et le souci de prestige des souverains qui s'y sont succédé. Mais l'histoire de Versailles ne se résume pas à la centaine d'années qui ont fait sa gloire. Relais de chasse de Louis XIII à l'origine avant de devenir la résidence de plaisance du Roi-Soleil, le château a connu une renaissance au XIXe siècle sous l'impulsion de Louis-Philippe comme " musée dédié à toutes les gloires de la France ", puis comme palais national. À travers lui, c'est donc toute l'histoire française que l'on traverse, de l'Ancien Régime à nos jours. Ce premier dictionnaire encyclopédique offre aux lecteurs un guide sans équivalent pour accéder, par tous les moyens possibles, à un site qui continue de fasciner chaque année des millions de visiteurs. Il permet de tout connaître des hommes et des femmes qui l'ont habité, des événements qui s'y sont déroulés, du cérémonial qui rythmait la vie quotidienne, de l'effervescence artistique dont Versailles fut le foyer. Les auteurs de l'ouvrage, Mathieu da Vinha et Raphaël Masson, à la tête d'une équipe scientifique de haut niveau, font ainsi revivre dans le moindre détail et avec la plus grande précision ce qui fut un lieu de pouvoir et d'intrigues, mais aussi de goût et d'intelligence. En témoigne l'anthologie littéraire savoureuse qu'ils nous offrent dans la dernière partie du volume, où Versailles revit sous la plume acerbe de Saint-Simon ou celle, plus lyrique, de Chateaubriand et de Victor Hugo, entre autres. Cet ouvrage a été avant tout conçu comme une promenade ou un périple dans le dédale enchanteur d'un château mythique.
La destinée de Louis XIV, devenu roi de France à l'âge de cinq ans, se confond avec l'histoire de ses soixante-douze années de règne. Lieutenant de Dieu, premier des gentilshommes, père de ses sujets, ce monarque à la longévité sans équivalent a incarné, à la fois en tant qu'homme et en tant que figure symbolique, l'État et le royaume dont il fut le maître absolu. Tout gravitait autour de cette personnalité complexe, lumineuse pour certains, tyrannique pour d'autres, dont la connaissance offre autant de clés pour comprendre l'organisation politique et le fonctionnement de la société de son temps. Soucieux d'éviter tout parti pris et de sortir des approches traditionnelles consistant à juger ou à célébrer l'homme d'État, le maître d'oeuvre de ce premier dictionnaire consacré à Louis XIV, Lucien Bély, et l'équipe de chercheurs renommés rassemblée autour de lui ont adopté une démarche rigoureuse, fondée sur les découvertes les plus récentes. Ils nous font entrer dans l'intimité du souverain, mieux connaître sa pratique du pouvoir, ses réalisations les plus marquantes, mais aussi ses échecs et les excès dont il fut responsable dans une période de durcissement du système monarchique. Sans cesse observée de son vivant par ses proches ou ses serviteurs, la personne du roi est ici examinée et racontée à travers sa vie quotidienne, ses moeurs et ses habitudes, comme ses amours, ses amitiés, sa famille et ce petit monde singulier qu'était la cour de France. L'ouvrage offre aussi un tableau riche et original de la société très diverse du Grand Siècle, non seulement celle des princes et des privilèges, mais aussi celle des hommes et des femmes les plus modestes et anonymes qui ont joué un rôle dans les coulisses de ce règne. Trois cents ans après la naissance de Louis XIV, il fallait une entreprise de cette ampleur et un travail aussi magistral pour resituer pleinement ce souverain d'exception dans sa seule vérité historique.
" L'Égypte est la mère du monde ", affirment non sans fierté les Égyptiens, conscients d'être nés dans l'un des plus vieux pays de l'humanité. Mais cette maternité-là a largement dépassé les frontières de la vallée du Nil. Depuis des millénaires, l'Égypte irrigue notre mémoire collective et nourrit l'imaginaire occidental. L'originalité de cet ouvrage conçu sous la direction de Florence Quentin par les meilleurs spécialistes français et étrangers est de nous montrer toute l'ampleur de cet héritage qui n'a cessé d'influencer les civilisations ultérieures jusqu'à nos jours. Sphinx, pyramides, trésors, tombes fastueuses, momies, écriture, figures de Toutankhamon, de Ramsès ou de Cléopâtre agissent comme autant d'évocations envoûtantes. Le mystère qui recouvre cet univers est encore à décrypter. Il a hanté les alchimistes de la Renaissance, les francs-maçons, les philosophes et poètes allemands, fasciné Voltaire, Mozart, Bonaparte, Freud, Hergé et nombre de cinéastes. Il a aussi inspiré d'autres cultures, d'autres religions qui se sont épanouies à son contact. Phéniciens, Hébreux, Grecs, Romains, l'Occident judéo-chrétien comme l'Orient musulman ont puisé une partie de leur génie dans ce vivier culturel et spirituel devenu indissociable de notre patrimoine universel. Au-delà de l'actualité, l'Égypte continue d'exercer sur nous une attraction puissante et vivifiante, tant il est vrai que chacun porte en lui " son " Égypte, secrète et parfois irrationnelle, et cherche du côté de cette terre originelle une réponse à ses rêves d'éternité.
Aucune guerre, sans doute, n'a aussi massivement affecté les Français dans leur vie personnelle que celle de 14-18. Ce livre exhume tout un pan méconnu de notre histoire nationale en nous montrant comment des millions de nos compatriotes ont vécu et ressenti ces cinq années de combats à travers leurs correspondances. Alors que le conflit les contraint à vivre à distance, sous la menace omniprésente de la mort, la plupart des couples ont poursuivi leur vie intime par le biais de leurs seuls échanges épistolaires. Quelles formes prend une telle relation quand elle se limite à l'écrit durant une aussi longue période ? Que devient le quotidien conjugal quand il est à ce point bouleversé par l'éloignement et la séparation ? Comment s'expriment alors le sentiment amoureux et le désir sexuel ? Clémentine Vidal-Naquet a rassemblé dans ce volume neuf types de correspondances, souvent inédites, qui répondent à toutes ces questions en offrant autant d'exemples vivants, concrets et immédiats. Les couples choisis, célèbres (Philippe Pétain et sa compagne, Jacques et Isabelle Rivière, le député Abel Ferry et sa conjointe) ou anonymes, présentent une grande diversité sociale. Écrivains, commerçants, paysans, homme politique, chef militaire, tous racontent à leur manière la guerre telle qu'elle se passe pour les hommes mobilisés sur le front. En faisant une large place à la parole des femmes et à leurs témoignages, à un moment où elles sont contraintes d'assumer seules la gestion de leur foyer, ce livre rend un juste hommage au rôle primordial qu'elles ont tenu dans cette épreuve. En dépassant le seul cadre militaire et guerrier, l'ouvrage de Clémentine Vidal-Naquet nous plonge au coeur d'une histoire collective qui a bouleversé l'existence de tout un peuple. Il permet aussi de mieux comprendre la dimension tragique de ce conflit qui n'épargna pratiquement aucune famille française et continue, cent ans plus tard, de hanter notre mémoire commune.Version abrégée.
" La porte s'ouvrit : la divinité parut, éblouissante de beauté et de satisfaction. On eût dit un rayon argenté sortant d'un nuage d'azur ", rapporte un témoin. Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, de Talleyrand et de Sagan, n'était pas seulement une superbe fleur de la plus haute aristocratie, elle était spirituelle, lucide et dotée d'un fort tempérament. Du monde qu'elle a connu et parfois enchanté, elle tint la chronique quarante ans durant, du début du premier Empire au milieu du second, dressant le portrait des têtes couronnées et des principaux hommes d'État de son temps, rapportant les échos de la cour et du gouvernement, s'immisçant dans la politique, jugeant les écrivains et les artistes, de Londres à Vienne et Saint-Pétersbourg, de Berlin à Rome, et surtout à Paris où elle résida une grande partie de sa vie. Elle avait lié en effet son sort à celui de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, dont le tsar Alexandre lui fit épouser le neveu. Elle devint, à partir du congrès de Vienne où elle l'accompagna avec éclat, la maîtresse de sa maison et de sa personne, et toujours sa confidente. Mais la reine des salons était aussi, au fin fond de la Silésie, une femme qui reçevait chez elle le roi de Prusse et régnait sur des dizaines de paroisses, des centaines de paysans et des milliers d'hectares. Écrits dans un style à son image, à la fois simple, séduisant et parfois mordant, ses Souvenirs, rédigés en 1822 et qui vont de sa petite enfance à son mariage en 1809, puis sa Chronique, qui court au jour le jour de 1831 à sa mort en 1862, constituent un ensemble d'un charme incomparable et d'une immense valeur qui méritait aujourd'hui d'être remis en pleine lumière.
Pour la première fois, un dictionnaire explore tous les aspects de cette institution et société militaire d'exception.
Singulière à plus d'un titre, la Légion étrangère occupe une place à part dans l'armée française depuis sa création en 1831. Longtemps objet de la curiosité inquiète du public ou de l'hostilité de certains pays pourvoyeurs d'engagés volontaires, elle a réussi à surmonter toutes les crises menaçant son existence. Le halo de mystères qui l'entourait à l'origine a laissé le champ libre à un imaginaire que la presse, la littérature et le cinéma ont largement contribué à diffuser jusqu'à nos jours. Si l'histoire occupe la première place de ce volume, elle n'est pas pour autant confinée aux seuls récits des combats, batailles et conflits au cours desquels les volontaires des régiments étrangers se sont illustrés : les travaux les plus récents permettent d'éclairer le lecteur sur la sociologie de cette société masculine et de mieux cerner le profil complexe du légionnaire. Les grandes figures, mieux connues aujourd'hui grâce aux biographies qui leur ont été consacrées, côtoient la foule " des hommes sans nom ", ces " héros subalternes " et anonymes aux destins contrastés. Les articles consacrés aux maladies et aux pathologies, aux plaisirs (l'alcool, les femmes, le bordel militaire de campagne), à l'acculturation apportent des éclairages inattendus, nouveaux à plus d'un titre, sur la vie quotidienne du légionnaire au temps des colonies. Le lecteur est plongé dans ce microcosme, le plus souvent imaginé et imaginaire depuis la fin du XIXe siècle. Nul ne s'étonnera de la place dédiée à la littérature (souvenirs ou mémoires, journaux et romans), à la presse, aux représentations en général (la chanson, le théâtre, l'opérette) et au cinéma en particulier. La ligne de partage entre le mythe littéraire et la réalité rapidement franchie, le lecteur est invité à déchirer le voile et à mieux connaître cette société jugée impénétrable. L'engouement marqué du public pour la littérature de guerre ou sur la guerre, qui a conduit les chercheurs à en comprendre les ressorts et à dégager les lignes de force d'une culture militaire originale, justifie pleinement la place tenue par les articles consacrés à la mémoire et aux traditions. Les aspects les plus neufs relèvent de l'histoire des relations internationales, plus exactement des relations franco-allemandes marquées par des crises et des tensions qui ont jalonné le premier XXe siècle (1900-1962). Le dictionnaire est précédé d'un texte - " Étrangers au service de la France " - sur la " préhistoire " de la Légion étrangère et comprend, outre une chronologie comparée, une bibliographie inédite, les premières discographie et filmographie sur la Légion, des cartes, plans et croquis, ainsi que des tableaux accompagnant divers documents et planches d'insignes. Une courte anthologie fait de surcroît découvrir l'âme sensible qui se cache derrière le légionnaire anonyme. Le public dispose désormais d'un outil de travail inégalé à ce jour.