La méchanceté est un art à la condition d'être drôle et inspirée. Préfacé par un maître du genre, Philippe Alexandre, cet ouvrage offre le florilège le plus complet et jubilatoire qui soit des traits d'esprit, saillies, épigrammes et autres " vacheries " qui ont jalonné l'histoire littéraire, mondaine et politique de l'Antiquité à nos jours. Certaines époques et certains milieux se sont particulièrement illustrés dans cet exercice vivifiant : les cercles littéraires des XVIe et XVIIe siècles, les salons et la cour de France au siècle des Lumières, le monde politique et la société mondaine de la IIIe République, l'Angleterre postvictorienne, la grande période hollywoodienne de l'entre-deux-guerres... Autant de moments où la liberté d'esprit et une lucidité aiguisée se sont exprimées sans crainte de démystifier et tourner en ridicule les figures installées du conformisme intellectuel et de l'académisme pontifiant. Parmi les experts en la matière, on trouve de grands hommes d'État. Clemenceau, l'un des plus féroces, disant à propos du président de la République, Félix Faure, qui venait de mourir : " En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui. " Churchill, tout aussi impitoyable, au sujet de son successeur Clement Attlee : " Un taxi vide approche du 10 Downing Street, Clement Attlee en descend... " De célèbres dramaturges ou comédiens firent eux aussi profession de rosseries en tout genre. Ainsi Sacha Guitry, commentant en ces termes l'élection à l'Académie française de l'un de ses confrères : " Ses livres sont désormais d'un ennui immortel. " Ou Tristan Bernard, disant d'une actrice en vogue : " Pour se faire un nom, elle a dû souvent dire oui. " Le répertoire rassemblé et présenté par François Xavier Testu fourmille de mots de la même veine, de formules souvent hilarantes et toujours assassines, qui constituent autant de trouvailles irrésistibles. On les lira avec la même délectation qui a animé les meilleurs esprits de leur temps.
À l'occasion du centième anniversaire de la naissance d'Albert Camus, en novembre 2013, " Bouquins " réédite le premier et seul dictionnaire qui lui soit consacré, aujourd'hui considéré comme l'ouvrage de référence.
Romancier, dramaturge, essayiste, journaliste, Albert Camus (1913-1960) a été le plus jeune lauréat français du prix Nobel de littérature. Aucun de ses compatriotes, au XXe siècle, n'a obtenu une audience aussi universelle. Ses éditoriaux de Combat en avaient fait le plus brillant porte-parole des hommes nouveaux issus de la Résistance. Au même moment, L'Étranger et Caligula lui donnaient l'aura d'un moderniste. Les écrits qui ont suivi ont fait l'objet de malentendus. L'Homme révolté a été surtout lu à travers le prisme d'une controverse de guerre froide. Les engagements du démocrate ont été disqualifiés comme insuffisamment radicaux. Son opposition à l'indépendance de l'Algérie lui a enfin aliéné une large fraction de l'opinion intellectuelle. Pourtant la fidélité des lecteurs, en France et plus encore hors de France, a eu raison de la condescendance des doctes. L'histoire est passée et le temps des procès est révolu. L'on dispose aujourd'hui d'oeuvres complètes. Le Premier Homme et les textes que Camus n'avait pas confiés à des éditeurs sont désormais accessibles aux lecteurs. Dans ce dictionnaire, chaque oeuvre éditée (roman, nouvelle, pièce de théâtre, recueil d'essais, et les principaux articles) fait l'objet d'un article, accompagné d'un état des traductions et d'une bibliographie donnant une large part aux travaux étrangers. Une place importante a été accordée aux engagements du citoyen. Figurent également les grands thèmes de l'oeuvre, de même que les notions qui sous-tendent la pensée de l'auteur et les principaux personnages des fictions. En amont de ces écrits ont droit à des entrées les auteurs classiques et modernes avec lesquels Camus a entretenu un commerce de lecteur ; en aval, les auteurs qui l'ont commenté. Des entrées sur les interlocuteurs et intercesseurs de Camus, ses amis algérois, les intellectuels avec lesquels il a dialogué, sur les principaux périodiques, les journaux et revues, auxquels il a collaboré. En annexe figurent une bio-chronologie de l'auteur et une bibliographie internationale des écrits sur son oeuvre.
Pour la première fois chez " Bouquins ", les oeuvres complètes du plus grand des historiens romains, accompagnées de nouvelles traductions.Né en Gaule Narbonnaise, le plus grand des historiens romains a vécu entre la seconde moitié du Ier et le début du IIe siècle. Une période sombre durant laquelle se succèdent à la tête de l'Empire des souverains fous et sanguinaires, comme Tibère, Caligula et Néron, et des empereurs plus respectueux de la morale et du peuple, tels Vespasien, Titus et Domitien.
Historien, Tacite l'est à part entière. Il s'appuie sur des informations vérifiées, évitant les deux écueils principaux qui menacent la relation exacte des faits : la flatterie et la haine du pouvoir. C'est aussi un portraitiste admirable de précision et de vitalité, un moraliste au patriotisme intransigeant qui dénonce les turpitudes des empereurs comme celles de la plèbe, un conteur dont les évocations de la Rome antique restent inégalées.
Tacite s'est mis tardivement à la composition littéraire, vouant d'abord son talent à l'art oratoire. L'oraison funèbre qu'il consacre à son beau-père,
La Vie de Julius Agricola, est un véritable manifeste politique contre le régime. Dans le
Dialogue des orateurs, il traite des problèmes de fond et de forme liés à l'exercice de l'éloquence. Ces premières oeuvres et la suivante,
De la Germanie, ont pour trait commun une analyse riche et documentée de l'histoire de son temps ; les trois livres sont présentés ici dans de nouvelles traductions de Catherine Salles. Suivront
Les Histoires et
Les Annales, sommes fondamentales dans lesquelles transparaissent les deux préoccupations majeures de l'auteur : la dégénérescence du pouvoir impérial et la menace étrangère aux frontières.
Cette édition des oeuvres complètes de Tacite témoigne de la vigueur et de la puissance stylistiques d'un écrivain que Racine et de Gaulle, notamment, considéraient comme un de leurs maîtres.
Si Péguy reste perçu comme l'exemple même de l'homme engagé, un modèle d'austère vertu républicaine, la lecture de son oeuvre révèle un personnage bien plus complexe et tourmenté, à la fois tragique et comique, au style puissant et catégorique. Tout chez lui relève de la mystique, non seulement le judaïsme et le christianisme, qui lui sont particulièrement chers, mais aussi l'amour de la République, de la monarchie et de la patrie. De l'affaire Dreyfus, qui l'accompagna toute sa vie, il conserva un seul impératif, applicable à tout : que " la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance ". C'est pourquoi, à une époque où la politique offre une image plus que jamais dégradée, il est urgent de découvrir ou de retrouver l'oeuvre de cet intransigeant. Lire Péguy et ses étonnants Cahiers de la quinzaine, c'est s'abreuver à la source de toute politique, quel qu'en soit l'horizon ; c'est retrouver l'exigence d'un sens dans un monde lui-même en quête de repères. Les principaux essais de Péguy, réunis ici pour la première fois dans un volume cohérent par Alexandre de Vitry sous le patronage d'Antoine Compagnon, tissent une longue analyse de ce monde annonciateur du nôtre et de ce qu'il est déjà en train de trahir : le génie littéraire, l'héroïsme, la sainteté et toutes les formes de la grandeur. Les cibles de l'écrivain se succèdent sous son regard perçant, depuis Taine et Renan jusqu'à l'argent-roi, en passant par les défaitistes en tout genre, les hérauts de la " nouvelle Sorbonne ", les cléricaux de toutes les Églises. Intervenant sur " les sujets les plus brûlants de l'actualité sociale et culturelle et en général sur les conditions du vivre-ensemble ", Péguy demeure " incontestablement parmi nous ", comme le souligne Antoine Compagnon dans sa préface.
Pendant un demi-siècle, Alexandre Vialatte a cultivé l'art de la chronique. Ses oeuvres constituent une sorte d'encyclopédie des activités humaines vues au travers du kaléidoscope d'un observateur malicieux qui sait résumer d'une sentence, lapidaire et drôle, le fond de son propos. Nourri de textes inédits, ce recueil témoigne des différentes formes journalistiques pratiquées par Alexandre Vialatte, des années 1920 à sa mort en 1971. Il apprend son métier en collaborant à La Revue rhénane, en même temps qu'il s'initie à l'Allemagne, découvre Goethe et Kafka, et suit de près l'actualité du pays. Dans Le Petit Dauphinois, comme dans l'Almanach des quatre saisons, autre florilège de sa fantaisie, Vialatte s'en donne à coeur joie, avec la plume d'un poète, l'imagination d'un conteur, l'humour d'un savant désabusé. Les chroniques cinématographiques parues dans Bel Amour du foyer constituent un volet inattendu de son oeuvre de journaliste. Vialatte s'amuse à y distiller ses conseils et ses opinions sur des films dont il raconte l'histoire à sa manière, toujours singulière et décalée. Il a aussi tenu pendant près de dix ans une chronique dans Le Spectacle du monde, constituée de promenades littéraires plus que de véritables critiques. Là comme ailleurs, il exprime ses goûts, ses admirations avec une intelligence savoureuse, une virtuosité et une liberté de ton qui n'ont cessé d'enchanter ses innombrables lecteurs et lui valent d'occuper aujourd'hui une place prépondérante dans notre histoire littéraire.
La vie et l'oeuvre de Germaine de Staël se situent sous le double signe de l'empire du coeur et du pouvoir de la raison, à la jointure de la philosophie des Lumières et du romantisme naissant. Toutes deux convergent vers une passion raisonnée, celle de la liberté. C'est à la conquérir que Mme de Staël a employé une énergie débordante, une intelligence acérée et un immense talent d'expression. Elle n'a cessé de travailler, en faveur des peuples et des individus, à l'avènement de toutes les libertés, publiques et individuelles, notamment celles des femmes. Combat incessant dont elle fut l'une des pionnières en France et dans l'Europe éclairée, au point d'apparaître comme la principale " rivale " de Napoléon. Depuis la publication en 1820 de ses OEuvres complètes, en partie tronquées, ses ouvrages n'ont plus été regroupés dans un ensemble cohérent et accessible au grand public. Publiés entre 1796 et 1817, ils témoignent de l'engagement de leur auteur dans des débats dont les termes demeurent actuels : comment l'homme peut-il trouver les voies du bonheur au sein de la société ? Existet- il un équilibre entre violence et justice, entre expression de la volonté populaire et gouvernement des meilleurs ? Jusqu'où peut conduire une révolution ? La réflexion philosophique et l'analyse de situations concrètes se mêlent ici à un art de la description et du portrait qui laisse transparaître le bouillonnement des sentiments. Ce volume contient : De l'influence des passions sur le bonheur - Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution - Considérations sur la Révolution française - Dix années d'exil.
Entre 1899 et 1906, Marcel Proust consacre l'essentiel de son temps à l'étude des textes de John Ruskin (1819-1900). Ce penseur britannique, à la fois critique d'art et réformiste social, a laissé une oeuvre monumentale dont le jeune écrivain va nourrir ses réflexions sur la place de l'art dans la vie, la symbolique de l'architecture gothique, la prédominance de la sensation sur la réflexion ou les mécanismes de la mémoire involontaire. Enthousiasmé par ces découvertes, Proust publie de nombreux articles sur Ruskin et traduit deux de ses livres: La Bible d'Amiens et Sésame et les Lys. Le premier est une célébration historique et littéraire de l'une des plus belles cathédrales de France. Le second réunit deux conférences de Ruskin, l'une sur la nécessité fondatrice de la lecture, dont il déplore la désaffection chez les Anglais; l'autre sur la place de la femme dans une société en pleine mutation, entre tradition et industrialisation. Plus encore qu'une traduction, le travail minutieux de Proust, accompagné d'une annotation abondante, procède d'une véritable confrontation avec la pensée originale de Ruskin. Proust élabore par là son univers en développant ses propres idées sur l'art, la lecture et le style. La présente édition réunit pour la première fois l'ensemble des textes que Ruskin lui inspira. Enrichis de commentaires, ils mettent en évidence les liens avec sa grande oeuvre à venir, À la recherche du temps perdu, dont ils constituent en quelque sorte la genèse. C'est ainsi qu'à travers Ruskin on assiste à l'invention de Proust par lui-même.
En rassemblant pour la première fois les oeuvres complètes de Rivarol ainsi que la majeure partie des textes de Chamfort et de Vauvenargues, ce volume permet de redécouvrir le génie littéraire de trois écrivains ayant en commun une parfaite liberté d'esprit alliée à un art consommé de l'insolence. Auteur d'une oeuvre singulière entre toutes, penseur et prosateur d'exception, Rivarol (1753-1801), " le Français par excellence ", selon Voltaire, fut le témoin de la fin d'un monde et le peintre implacable de la politique et de ses moeurs. Du Discours sur l'universalité de la langue française au très ironique Almanach de nos grands hommes, du Traité de la connaissance au Journal politique national et aux Tableaux de la révolution, on trouvera ici ses ouvrages les plus provocateurs, ses canulars, ses pamphlets et ses recueils d'aphorismes comme ses traités philosophiques. Au XVIIIe siècle, deux autres jeunes réfractaires, Vauvenargues (1715-1747) et Chamfort (1741-1794), portèrent l'art de l'insolence à son paroxysme. L'essentiel de leurs oeuvres - discours, poèmes, lettres, dialogues philosophiques -, devenues introuvables, est ici exhumé par Maxence Caron dans une édition qui les situe à leur juste place dans notre histoire littéraire et intellectuelle. Cet ensemble inédit et sans équivalent révèle un autre siècle des Lumières, à rebours de tous les conformismes, illustré par trois auteurs qui combattirent les préjugés de leur époque et incarnèrent, selon la formule de Chantal Delsol, " la grâce de la langue française la plus pure ".
Renan voyait en Lucien de Samosate " la première apparition de cette forme du génie humain dont Voltaire a été la complète incarnation ". Provocateur et démystificateur, cet avocat et intellectuel grec vécut au IIe siècle dans un Empire au sommet de sa puissance dont il sut mieux qu'un autre dépeindre et railler les vices et les vertus. Ses textes empruntent à la comédie et à la satire leur ton enjoué et leur saveur toute particulière. Lucien sait parler de tout et de rien, un peu à la manière de Montaigne. D'une réflexion sur l'art, il passe à un essai sur la manière d'écrire l'histoire, sur la vie en société, les affaires politiques ou l'éducation sportive, au gré d'une inspiration primesautière, fantaisiste et toujours inattendue. Ses écrits offrent le large éventail d'une comédie humaine vive, incisive, parfois grinçante, où l'on côtoie les figures et caractères les plus divers : atrabilaires et misanthropes (Timon), charlatans et faux devins (Pérégrinos, Alexandre), parvenus incultes (Le Bibliomane ignorant), dames de petite vertu (Dialogues des courtisanes) et la riche galerie des maîtres de philosophie dont les actions comme les moeurs démentent la doctrine en croyant faire fi de la nature et de la vérité... En dépit d'une certaine gravité, le rire affleure toujours chez Lucien, qui manifeste un goût immodéré pour le bon sens et la raison face aux folies des hommes et à leurs illusions. Son oeuvre, publiée ici dans son intégralité, nous entraîne dans un extraordinaire périple au coeur de la culture grecque, qui a traversé les siècles sans rien perdre de sa grâce, de sa légèreté, ni de son inépuisable vitalité.
Cet ouvrage, qui offre autant de récits enchanteurs que de découvertes littéraires, rassemble les récits, poèmes et contes de Noël des plus grands écrivains de tous les temps et de tous les pays, aussi bien français qu'allemands, anglais, américains, scandinaves, russes, espagnols ou italiens. Source d'inspiration inaltérable depuis le Moyen Âge, cette littérature d'abord inscrite dans la plus haute tradition chrétienne connaît à l'époque romantique une résurrection spectaculaire qui a touché, ému et émerveillé depuis lors des lecteurs de toutes générations. Certains récits sont devenus très célèbres, comme le Chant de Noël de Dickens, Les Trois Messes basses de Daudet ou La Petite Fille aux allumettes d'Andersen. Mais d'autres, trop méconnus, méritaient d'être exhumés : de petits chefs-d'oeuvre ciselés par l'émotion tels que Fleur-de-Blé de Camille Lemonnier, Les Sabots du petit Wolff de François Coppée ou La Noël de Marthe d'Anatole Le Braz. C'est l'âme enfouie de Noël que nous dévoilent les auteurs médiévaux, comme celui de La Chasse sauvage, Orderic Vital, ou le conteur anonyme de Sire Gauvain et le Chevalier vert, relayés au XIXe siècle par Hoffmann, Gogol, Erckmann-Chatrian ou Selma Lagerlf. Tous célèbrent à leur manière l'éternité de l'enfance et sa magie particulière à travers ses joies, ses drames et ses bonheurs. Version abrégée.
Loin d'être une époque solennelle et froide, le Grand Siècle se révèle, d'un bout à l'autre, comme ardemment érotique. Sans doute moins connu que le libertinage du siècle suivant, cet érotisme prend des formes multiples, parfois surprenantes, en s'affirmant comme une sorte d'antidote à tous les pouvoirs, moraux, politiques et religieux. La veine populaire s'exprime de façon explosive et hilarante dans les facéties, les " chansons folâtres ", les " contes à rire ", puis, sous la Fronde, les violentes mazarinades, tandis que les " chansons de cour " brocardent sans pitié les amours des courtisans. On voit à cette même époque surgir les premiers grands textes érotiques de notre littérature : les Confessions de Bouchard, L'École des filles, Le Bordel des Muses de Le Petit. Les écrits d'ecclésiastiques montrent que l'Église elle-même n'échappe pas à ces hantises. Objets de scandale, le saphisme et l'homosexualité masculine sont présents aussi bien dans l'oeuvre des poètes que dans les anecdotes relatées par les chroniqueurs ou les rapports de police. Certaines obsessions, en particulier la scatologie, sont perçues et exaltées comme autant d'hérésies. Les multiples amours de Louis XIV témoignent que ce souverain, loin d'être une exception, exprimait parfaitement les goûts de son siècle tout enivré d'amour et de sensualité. Nombre de textes ici rassemblés sont peu connus, sinon ignorés, et certains n'avaient même jamais été réédités. Ils sortent ainsi du purgatoire sans rien perdre de leur verve trouble et sulfureuse.
Poète préféré des Français, Arthur Rimbaud est aussi l'un de ceux sur lesquels on a le plus écrit. On ne compte plus les livres, brochures, articles qui ont été consacrés depuis la finn du XIXe siècle à cet " esprit impétueux ", selon la formule de son ami Paul Verlaine. Mais dans ce flot ininterrompu de commentaires, controverses et interprétations que sa vie et son oeuvre n'ont cessé de susciter, il n'existait à ce jour aucun ouvrage de cette ampleur. Une somme dont l'ambition est d'explorer le mythe rimbaldien sous tous ses aspects, de faire le tri entre vérités et légendes au sujet d'un homme dont le génie, la traversée fulgurante demeurent à bien des égards énigmatiques et ne cessent de nous fasciner. Ce Dictionnaire permet d'approcher au plus près le poète dans sa vie intime comme dans ses écrits (y compris dans ses devoirs d'écolier et sa correspondance), d'en savoir davantage sur les personnes qui l'ont accompagné, les auteurs qui l'ont influencé, les lieux qui ont jalonné son itinéraire d'errances et d'aventures. Il propose aussi des angles inédits et parfois insolites tels que l'influence de Rimbaud sur la chanson française, le rock ou la bande dessinée, qui témoignent de son rayonnement à travers le temps et les modes. Placé sous la direction de l'un des spécialistes rimbaldiens les plus réputés, Jean-Baptiste Baronian, qui s'est appuyé sur le concours de trente-six collaborateurs, cet ouvrage foisonnant de portraits et d'anecdotes fait le tour le plus exhaustif de l'univers du poète.
Avoir l'abricot en folie, S'astiquer les cuivres façon grand hôtel, Faire partie de la bande à Ripolin, Mettre une fausse barbe... Autant de métaphores, artisanales, animalières, florales, militaires ou religieuses, qui font, de manière détournée mais toujours évocatrice, toute la sensualité du vocabulaire érotique. Les mots peuvent être à double sens et laisser planer une équivoque souvent savoureuse. L'auteur de ce Bouquin des mots du sexe montre à la fois la pérennité et l'évolution à travers les âges de certaines de ces images. Ainsi, le célèbre café du pauvre d'Alphonse Boudard rejoint ce que le XVe siècle appelait les pauvretés - les parties dites honteuses. Au XVIe siècle, la pauvreté de Dieu, c'était le sexe de l'homme ou de la femme. Au siècle suivant, faire la pauvreté, c'était coïter. Tous les styles sont ici représentés, du plus sophistiqué (le manche de corail, le rubis cabochon) au plus argotique (tutoyer le pontife) en passant par des formulations plus mystérieuses encore (prendre les chemins de Fatima, faire le coup du macaron, soutirer une femme au caramel). On ne saurait mieux démontrer la diversité et l'originalité de ces " mots du sexe ", souvent méconnus, toujours drôles, étonnants, aussi inépuisables que l'imagination même des hommes.
De son point de vue personnel et subjectif, à la fois sérieux, drôle et inattendu, l'auteur nous apprend tout ce qu'il faut savoir sur " les écrivains et leurs mondes ". Ne craignant pas de railler certaines idoles, il parle magnifiquement des écrivains qu'il admire et qui ne sont pas nécessairement situés à leur juste hauteur. Il affirme ses goûts et ses détestations avec une liberté de ton et une vivacité d'écriture saluées par la critique et le public. Dans l'un de ses premiers livres, La Guerre du cliché, Dantzig évoque un de ses thèmes de prédilection et un élément essentiel de son esthétique : la place du cliché en littérature et ses dangers, sous la forme d'un dialogue qui porte la marque d'Oscar Wilde. Dans un essai inédit, Ma république idéale, il développe une longue réflexion, à sa manière, mordante, vive et spirituelle, sur la situation de la création contemporaine et les périls que la tentation du populisme, sous prétexte de réalisme, fait peser sur la littérature et la fiction, ces fragiles et magnifiques garants de notre liberté de pensée.
Ce volume réunit trois romans Renaissance d'Alexandre Dumas et/ou de son atelier. Ils forment le pendant de la trilogie composée de La Reine Margot, La Dame de Monsoreau et Les Quarante-Cinq, qui met en scène la fin des Valois.
Ces trois romans (Ascanio, Les Deux Diane et L'Horoscope, inachevé, qui se déroulent respectivement sous François Ier, Henri II et François II) font partager au lecteur la fascination pour la Renaissance éprouvée par Dumas et par les romantiques. André Maurois affirmait que Dumas, pourvu de la même énergie physique que les hommes de la Renaissance, se sentait plus proche d'eux que des bourgeois de la Restauration. Alors, écrit en effet l'écrivain, " toutes les sensations étaient franches et se traduisaient franchement, la joie par le rire, la douleur par les larmes ". C'est d'abord cette extraordinaire vigueur du jeune XVIe siècle qui est livrée à notre admiration : que ce soit celle de l'orfèvre et sculpteur florentin Benvenuto Cellini, figure sublimée de l'Artiste (Ascanio), ou celle du Chevalier par excellence qu'est Gabriel de Montgommery (Les Deux Diane). Cependant, ce côté lumineux possède sa contrepartie sombre, hantée par les guerres de Religion. Extrême raffinement et infinie sauvagerie, dépravation et courage, beauté surhumaine et monstrueuse laideur, propres à inspirer admiration, horreur ou dégoût, tels sont les traits communs aux trois opus de ce volume. Par ailleurs, cette édition permet de lever un coin du voile recouvrant la paternité de Dumas dans les romans signés de son nom et écrits en collaboration. Pour Ascanio et Les Deux Diane, le collaborateur n'est pas l'habituel Auguste Maquet, mais Paul Meurice, qui appartint au cercle de Victor Hugo. C'est d'ailleurs dans la maison Victor-Hugo, place des Vosges à Paris, qu'est conservé, sous le titre L'Hôtel de Nesle, son manuscrit préparatoire d'Ascanio - nous en reproduisons quelques chapitres en annexe. Toutes les versions manuscrites de Maquet semblant avoir été détruites, ce manuscrit est une rareté qui constitue un document nécessaire, sinon suffisant, pour qui veut mesurer la part de Dumas dans les romans issus de son atelier d'écriture.Exclusivement dans la version numérique : le dictionnaire des personnages
Le Dictionnaire des personnages recense, par époque et par ordre alphabétique, les figures que Dumas a mises en scène dans ces " Romans de la Renaissance " : héros fictifs, ou héros historiques auxquels l'écrivain prête des actions fictives qui s'entremêlent à celles consignées par l'Histoire. Là où le roman l'emporte sur l'Histoire, la fiction sur la réalité, le Dictionnaire permet d'identifier l'écart et d'apprécier l'art du romancier.
Éloïse Mozzani nous offre une plongée inédite au coeur de nos régions françaises, à la découverte des légendes et mystères qui ont modelé leur identité. Le mot " légende " vient de " ce qui doit être lu ", en référence à la vie et aux faits des saints que l'on lisait jadis lors des offices religieux. Les premières légendes remontent à l'époque de l'évangélisation de la Gaule, lorsque les hommes d'Église tentent de détourner le peuple du paganisme et de le convertir à la nouvelle foi. Ils multiplient les récits de saints qui accomplissent des miracles pour prouver la vérité de leur religion. Au cours des siècles, leurs prodiges - traces laissées sur un rocher, fontaines devenues sacrées par leur jaillissement magique, pierres levées, ruines ou encore ponts édifiés en une nuit - marquent durablement le territoire français. Ces légendes sont peuplées de fées, dames blanches, lutins, lavandières nocturnes, géants (dont le fameux Gargantua popularisé par Rabelais) ou animaux surnaturels qui hantent grottes, cavernes, sources, bois ou mégalithes. Cet ouvrage, qui explore notre mémoire collective la plus ancienne, poursuit l'oeuvre des folkloristes du XIXe siècle qui ont collecté et mis par écrit les légendes longtemps transmises oralement. Il met en lumière des lieux mythiques et parfois oubliés dont le seul nom, enchanteur et poétique - la Pierre qui Vire, la Grotte aux Fées, le Bois des Dames, le Pas de Saint-Martin... -, continue de nous faire rêver.
Le Grand-Guignol est à la fois un lieu et un genre. Genre théâtral qui a touché un public averti de 1897 à 1962, le Grand-Guignol n'a rien du spectacle de marionnettes. Théâtre d'horreur et d'épouvante où se jouent " tous nos cauchemars de sadisme et de perversion " (Anaïs Nin), le Grand-Guignol, situé impasse Chaptal à Pigalle, désigne aussi le lieu où furent montés les pièces comiques et les drames terrifiants appartenant à ce répertoire. Genre méconnu et disparu, le Grand-Guignol mettait en scène toutes les peurs et les interrogations de l'époque : peur de la folie, peur des maladies contagieuses, peur du progrès, peur de l'étranger... A chaque thème traité sur le mode dramatique correspondait une comédie.
Conçu et présenté par Malek Chebel, l'un des meilleurs spécialistes du monde arabe, voici la somme littéraire la plus complète sur l'art d'aimer arabe, où le désir d'érotisme et la sensualité tiennent la plus grande place.
L'érotisme arabe est le fruit d'une tradition millénaire qui a pris son essor bien avant l'arrivée de l'islam. Malek Chebel a rassemblé dans cet ouvrage un florilège des meilleurs textes issus de cette veine littéraire méconnue.Le Kama-sutra arabe, en premier lieu. Conçu comme un manuel de savoir-vivre amoureux et d'éducation sexuelle, il traite des questions relatives à l'art de la séduction, de la jouissance et de la sensualité. Cet hymne à l'amour physique sous toutes ses formes, sans complexe ni tabou, est ici illustré par le traité de psychologie amoureuse d'Ibn Hazm l'Andalou, Le Collier de la colombe, par le torride Jardin parfumé de Nafzaoui, et par Les Cimes du savoir dans le domaine de la copulation de Sheikh Suyûti, théologien et auteur d'une dizaine de traités d'érotologie. Le lecteur pourra aussi s'initier à la poésie épistolaire qui a marqué la culture arabe classique, une poésie métaphorique qui use du langage comme d'une arme subversive, la littérature devenant ainsi le meilleur paravent pour parler librement de sexe et d'érotisme. Deux auteurs parmi les plus importants à cet égard ont été repris intégralement dans ce volume : Jahiz, à travers son épître Éloge des éphèbes et des courtisanes, et Ibn Fûlayta avec son Instruction de l'amant en vue de la fréquentation intime de l'aimé(e), traduit pour la première fois en français pour la présente édition et qui relève de l'érotologie pure. Malek Chebel clôt cet ensemble par un " Dictionnaire culturel de l'érotisme arabe ", dans lequel s'expriment en toute liberté la diversité amoureuse comme l'audace d'une tradition aux antipodes de tout intégrisme.