Les religions révélées peuvent-elles admettre en leur sein les questionnements des philosophes, ces esprits libres qui placent la recherche de la vérité avant les préjugés et les conformismes ? Selon Souleymane Bachir Diagne, cette présence est non seulement possible mais souhaitable, et l'islam ne fait pas exception puisqu'il a connu durant son histoire, au plus haut point, cette ouverture de pensée : voilà ce que souligne, avec force, cet essai limpide. C'est en repérant, dès la mort de Mohammed, la présence de certaines questions d'ordre philosophique liées à sa succession, que l'auteur rappelle la place qu'a occupée la philosophie tout au long des siècles, à la fois par les contacts avec d'autres pensées au fil des siècles (Plotin, Platon, Aristote, Nietzsche, Bergson...), et à travers des penseurs essentiels comme Avicenne, Averroès, Ghazali. Il mène aussi une réflexion personnelle sur le mouvement d'ouverture de l'islam, dans ses dimensions contemporaines et ses aspects politiques futurs. Penser le Coran à l'intérieur du mouvement de la vie lui apparaît comme une nécessité. Alors que s'intensifient les risques de conflit et les tentations de repli, Souleymane Bachir Diagne donne, avec cet ouvrage, une leçon d'espérance et de raison..
Penseur de la réforme de l'islam, c'est en inscrivant sa réflexion dans la philosophie moderne et contemporaine (Descartes, Nietzsche, Bergson...) et en la confrontant aux révolutions scientifiques que Muhammad Iqbal (1877-1938) a posé la nécessité de penser les conditions d'une modernité des sociétés musulmanes. Il y a de ces « modernismes » passagers, qui essaient d'adapter une tradition séculaire à la mode d'un jour. Ceux-ci se créent dans un présent immédiat, auquel ils ont donc du mal à survivre. Il y en a d'autres qui commencent avec un grand détour, un retour aux sources, afin de découvrir comment être vraiment fidèle à celles-ci dans une situation historique inédite. La pensée d'Iqbal est de cette dernière trempe, en fait une réalisation rare et puissante du genre. En traçant son itinéraire, il parvient à mettre dans un échange mutuel fructueux des penseurs et des textes fort éloignés les uns des autres : Nietzsche et Bergson, Halladj et Rûmî, ceux-là et d'autres encore pris dans une relecture du Coran. On a donc encore besoin de lire Iqbal, chacun à sa façon. Par exemple, nous - lecteurs hier de Bergson, aujourd'hui de Heidegger - qui cherchons une compréhension du temps vécu, de l'historicité, au-delà de la fixation objective, spatialisée du temps cosmique, nous aurons intérêt à revoir cela à la lumière de la relecture que fait Iqbal de la conception coranique de «destinée». De même, lecteurs de Nietzsche, nous profiterons de la réception iqbalienne du surhomme, dans la foulée de l'«homme parfait» de la tradition soufie. Charles Taylor.
In the atmosphere of suspicion and anger that characterizes our time, it is a joy to hear the voice of Iqbal, both passionate and serene. It is the voice of a soul that is deeply anchored in the Quranic Revelation, and precisely for that reason, open to all the other voices, seeking in them the path of his own fidelity. It is the voice of a man who has left behind all identitarian rigidity, who has « broken all the idols of tribe and caste » to address himself to all human beings. But an unhappy accident has meant that this voice was buried, both in the general forgetting of Islamic modernism and in the very country that he named before its existence, Pakistan, whose multiple rigidities - political, religious, military - constitute a continual refutation of the very essence of his thought. But we all need to hear him again, citizens of the West, Muslims, and those from his native India, where a form of Hindu chauvinism rages in our times, in a way that exceeds his worst fears. Souleymane Bachir Diagne has done all of us an immense favor in making this voice heard once again, clear and convincing. Charles Taylor
L'islam est-il une religion différente des autres, arc-boutée sur un texte provenant
directement de Dieu, une théologie éminemment politique qui tolère la violence ? Ou bien l'opinion dominante est-elle tout simplement devenue islamophobe, incapable de voir dans cette tradition religieuse la rationalité, la spiritualité et la liberté de penser et de pratiquer qui s'y trouvent ?
Opposés sur presque tous ces points, Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne discutent les extraits du Coran qu'ils connaissent tous deux en arabe, l'histoire de l'expansion de l'islam et son entrée dans la modernité. Ils n'éludent aucune question, de l'islamisme à la place des femmes, en passant par la question du djihad et le rapport aux autres religions.
Un débat au sommet, érudit et vivant, sur le sujet le plus polémique de notre époque.
Deux penseurs entrent en dialogue. Pour relever ensemble un même pari. Afin de dire symphoniquement le pourquoi et le comment de l'embrasement de la violence religieuse à l'échelle planétaire. Qu'en est-il du christianisme et de l'islam, de leurs théologi