Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Sren Kierkegaard, fondateur de l'Existentialisme. "Comme Hegel reste le maître de la dialectique intellectuelle dans les temps modernes, Kierkegaard est avec Nietzsche le maître de la dialectique existentielle. Il nous enseigne l'art des contraires dans la vie. Et si l'esprit est non pas toujours ni surtout synthèse, mais lutte entre des contraires maintenus dans leur pureté, et en même temps effort pour penser ce qui les dépasse et réside au-dessus d'eux, s'il est conçu comme le monologue devant la réalité qui l'excite, l'attire et ne lui répond pas, la pensée de Kierkegaard est une de celles où s'est manifesté le mieux le caractère de l'Esprit." Jean Wahl.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Sren Kierkegaard. Dans la tradition du "Banquet" de Platon, cinq hommes se réunissent un soir d'été dans une forêt près de Copenhague pour y discourir sur l'amour, l'érotisme, la séduction, les femmes et la jouissance de la vie. Condition préalable avant de prendre la parole, chaque convive doit "se trouver dans cet état où l'on parle beaucoup et malgré soi, sans pour cela que la cohésion du discours de la pensée soit constamment interrompue par des hoquets", le principe étant que "nulle vérité ne devait être proclamée sinon celle qui est in vino". Intense réflexion sur la conscience et l'existence, "In vino veritas" est l'un des textes essentiels du stade esthétique de Kierkegaard. Comme dans son "Journal du séducteur", la jouissance y est présentée comme le but suprême de l'existence.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Sren Kierkegaard. Dans "Le Journal du séducteur", Kierkegaard présente un type d'esthéticien, Johannes, pour lequel le beau, le plaisir raffiné, la jouissance sont le but de l'existence, mais qui incarne en outre une certaine conception de l'érotisme d'une perversité toute particulière. Au-delà de la sensualité et du désir triomphant d'un Don Juan, Johannes est un imposteur qui maîtrise l'art véritable de la séduction, fait avant tout de finesse, de tactique amoureuse, de manipulation et de perfidie. Ce qui fait sa force, c'est la parole, c'est-à-dire le mensonge, car on ne séduit une femme qu'avec les armes dont elle dispose elle aussi. Machiavélique, il mûrit sournoisement ses desseins. Hypocrite, il s'insinue dans le coeur et les pensées d'une femme pour jouir de sa fourberie et, in fine, de sa réflexion sur la jouissance.
In vino veritas fut écrit en 1844. Il s'agit d'un récit qui rapporte dans la tradition du banquet platonicien les discours de cinq convives sur l'amour, exprimant les obsessions de Kierkegaard lui-même. Dans une langue animée d'un souffle poétique profond, In vino veritas symbolise la première étape que l'homme parcourt sur le chemin de la vie intérieure. Chaque partie de l'oeuvre dépeint l'attitude singulière de l'homme en face de la vie et des ses problèmes, le degré d'intériorité et de sérieux. Si le texte est présenté comme étant écrit par plusieurs, c'est pour insister sur la complexité de la vie, son infinie richesse et la variété des réponses humaines aux questions qu'elle suscite. Selon Kierkegaard, le stade religieux ne sera atteint qu'après avoir parcouru les étapes de l'esthétique, et c'est cela que propose In vino veritas par l'intermédiaire de ses cinq esthéticiens insatisfaits de leur vie.