Sous notre blafard ciel contemporain, dans un monde qui a vendu son âme au ricanement, un professeur de lycée qui a apprivoisé ses désillusions trouve peu à peu la forme de sa propre résistance à cette dégringolade spirituelle. Sébastien Lapaque transcende la mélancolie et la lucidité du constat pour nous offrir une épiphanie douce, et son roman le plus lumineux, le plus intimement universel.
Qu'il s'agisse de l'écrire ou de le boire, Sébastien Lapaque est pionnier dans l'art d'aimer et de partager le vin naturel. Assemblage équilibré de savoirs et de poésie, d'écologie et d'amitié, à la croisée de son contre-journal, de ses "théories" et de son "Petit Lapaque des vins de copains", voici "On aura tout bu". Somme de portraits de "gentilles bouteilles" et de vignerons, de promenades gustatives et d'apprentissage sur le motif, ce livre dresse un état des lieux de ces vins "nouvelle vague", libres et indépendants, avec ceux qui le font et ceux qui le célèbrent.
Aujourd'hui va mourir un trentenaire insouciant, égotiste, intelligent et vide, miroir fidèle de notre époque sans grandeur. Dans l'ombre, une vengeance familiale l'a désigné. Dès la première page d'un compte à rebours inexorable, Sébastien Lapaque tutoie sa victime pour mieux nous dire combien nous ressemble cet enfant du siècle, qui savoure sans conscience ses quelques mesures d'éternité.
Après la carte postale, Rio et Alger, Sébastien Lapaque poursuit avec Théorie de la bulle carrée la mise en partage de son usage du monde, cette fois en posant son regard gourmand et amical sur le travail exceptionnel du virtuose incontesté du champagne nature : Anselme Selosse. Plus qu'un vigneron, un philosophe. Plus qu'une théorie, une philosophie pratique.
Érudites et délicieuses, les "théories" de Lapaque, comme une collection pirate et complice au sein du catalogue Actes Sud.
"S'égarer dans une ville comme on s'égare dans une forêt demande toute une éducation". Sébastien Lapaque reprend à son compte l'injonction de Walter Benjamin et l'applique à Rio de Janeiro, qu'il aime comme une tendre amie, comme une impossible amante. À travers une promenade qui est aussi une rêverie, il nous en donne l'écume, où se concentre tout le sel, qui laisse la trace la plus prégnante, amertume et minéralité. Plus que d'histoire, de géographie ou même de musique, sa Théorie de Rio de Janeiro est une leçon de vie, un guide pour apprendre à se perdre, absolument.
Après nous avoir convertis à la carte postale, après nous avoir délicieusement perdus dans Rio de Janeiro, Sébastien Lapaque nous entraîne dans les rues d'Alger l'indomptable, pour un hymne amical aux rencontres de hasard (qui fait bien les choses), aux antihéros de l'histoire (qui ne passe pas) et aux espoirs têtus.
Je t'aime je t'aime je t'aime... en disparaissant du jour au lendemain, Helena ne laisse pas d'autre indice à Zé que ces mots griffonnés à la hâte, qui le balayent comme une tornade. Alors il quitte Bélem, le coeur de l'Amazonie, et débarque à Rio, ne croyant qu'aux bonnes ondes et aux sentiments magiques pour le mettre sur la piste de son âme soeur, versant lumineux de sa propre mélancolie. A la recherche d'Helena, Zé trouve et embrasse le Brésil. Un pays comme une étreinte. Et comme une initiation à tous les possibles chuchotés par l'Histoire et promis par le Sud du monde.
Qui sinon Sébastien Lapaque pour exalter l'usage de la carte postale comme geste poétique autant que comme art de vivre et d'être au monde ! Sa Théorie offre une brillante et irrésistible promenade sensible dans l'esprit, l'histoire et la pratique de correspondances électives dont le charme agit toujours sur notre ère électro-numérique.
En prolongement de son journal de l'année 2009 (Au hasard et souvent), Sébastien Lapaque poursuit son oeuvre de salubrité intellectuelle publique en tenant ici la chronique littéraire et politique des années 2010 à 2012. Dans un constant aller-retour entre le réel et les livres, Autrement et encore, faux journal d'un vrai écrivain, est un viatique contre les attaques de la médiocrité ambiante et les laideurs collatérales du capitalisme triomphant.