La revue XYZ renoue avec la tradition des nouvelles d'une page. L'expérience avait déjà été tentée avec succès à trois reprises, dans les numéros 11, 28 et 61. Pour cette récente mouture de micronouvelles, plus de cinquante auteurs ont répondu à l'appel dont Raymond Bock, Guillaume Corbeil, Louise Dupré, Hans-Jürgen Greif, William S. Messier, Suzanne Myre, Monique Proulx et Larry Tremblay, pour ne nommer qu'eux. Dans sa rubrique « Voies nouvelles », Hugues Corriveau signe son deuxième survol annuel des recueils québécois Par son caractère exhaustif, le panorama permet d'observer des tendances, heureuses ou malheureuses, et de mettre en valeur des livres réussis inexplicablement passés sous le radar.
De Washington Irving, Edgar Poe et Henry James à Annie Proulx, Jhumpa Lahiri et Yiyun Li en passant par Fitzgerald, Faulkner, Updike et Carver, la nouvelle états-unienne a su se mettre au monde d'abord, liant influences des pays européens d'origine et apprentissages d'Amérique, continent neuf ; puis se réinventer sans cesse, pour cause de nouveaux arrivants et d'usages littéraires renouvelés. À travers âges et réinventions, la nouvelle étatsunienne est restée fort populaire selon les deux sens du terme, à la fois estimée et vendeuse. De Benjamin Franklin à nos jours, tout un réseau éditorial de journaux, revues et magazines assure sa diffusion et encourage à la lire, tout un réseau de prix et de récompenses encourage les nouvellistes à écrire.
Réaliste ou gothique, policière ou SF, minimaliste ou postmoderniste, la nouvelle états-unienne utilise toutes les pratiques d'écriture, fédérant même le reportage, la chronique ou l'essai, porosité des genres brefs. D'autres noms ? Hawthorne, Hammett, Highsmith, Paley, Moody, Oates...
« Alors, ayant longuement marché afin de mieux réfléchir, car la marche, surtout en hiver par temps froid et sec, le tonifiait, fournissait comme un rythme nécessaire qui stimulait ses pensées, les ordonnait ; ayant ensuite longuement tourné en rectangle, forcément, autour de la table de ping-pong [...], il finit par aller s'asseoir à son bureau. Pour continuer à réfléchir, sans doute. Ou à tourner en rond, peut-être. Devant lui, papier, stylos et clavier qu'il regardait ou fixait, allez savoir, sans doute sans trop les voir, allez donc savoir.
Le fantasme. À vrai dire, le sujet dont il devait faire une nouvelle, un poème ou un essai - un texte, disons - le fascinait et l'embêtait tout à la fois, sans qu'il puisse bien distinguer entre fascination et embarras. Il lui semblait même, pour être parfaitement honnête, que ce dernier, l'embarras, y était pour une bonne part dans l'attraction exercée par le sujet proposé. Où, quand, comment commence le fantasme ? Quand est-ce que je (qui est un autre, ça rassure de le savoir, merci Arthur) fantasme ? »