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Nicolas Fargues
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Nicolas Fargues a animé un atelier d'écriture sept mois durant à la prison de la Santé, à Paris. À cette occasion, il raconte de son point de vue d'écrivain, et de l'intérieur, la prison, la vie quotidienne des prisonniers. « Les centaines de notes de choses vues, vécues et entendues rassemblées ici, écrit Nicolas Fargues dans sa préface, sont autant d'empreintes immédiates et chronologiquement restituées de toutes les fois que j'ai cherché à mettre des mots sur les menus et plus lourds détails de cette expérience. »
L'écrivain entreprend de mettre des mots sur ces rencontres, restitue avec sensibilité des paroles inattendues, des échanges, des conversations, brosse des portraits, et n'hésite pas - souvent avec humour - à reconnaître ses frayeurs, tout ce par quoi il se sent dominé. Sans voyeurisme, Nicolas Fargues avec ce journal de prison livre un regard absolument sincère sur les marges de notre société, empreint de sympathie et d'auto-dérision. Jusqu'à interroger sa propre situation sociale et personnelle. « Petite délinquance de tous les jours, de la violence de quartier. Ces loups urbains, je les ai approchés dans les conditions les plus sécurisées qui soient : par la prison, c'est-à-dire par là où ils n'ont plus besoin de se faire passer pour autres qu'eux-mêmes. Et c'est avec une fierté naïve que j'ai cherché, et parfois réussi, à me faire accepter d'eux pour tenter de dompter ma peur. Et, surtout, pour faire un livre de toutes ces paroles et de tous ces faits et gestes que je leur ai volés. On est le mauvais garçon qu'on peut. » -
C'est dans la trentaine que la vie m'a sauté à la figure. J'ai alors cessé de me prendre pour le roi du monde et je suis devenu un adulte comme les autres, qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il est. J'ai attendu la trentaine pour ne plus avoir à me demander à quoi cela pouvait bien ressembler, la souffrance et le souci, la trentaine pour me mettre, comme tout le monde, à la recherche du bonheur. Qu'est-ce qui s'est passé? Je n'ai pas connu de guerre, ni la perte d'un proche, ni de maladie grave, rien. Rien qu'une banale histoire de séparation et de rencontre.
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Ma punition, c'était cette case si fade et si datée dans la nouvelle terminologie de nos espèces : Assignée femme.
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Tu as trente ans et tes aventures se suivent et se ressemblent. L'amour, tu commences chaque fois par t'en faire un film toute seule. Puis tu le portes à bout de bras jusqu'à ce que les masques tombent, surtout celui que tu t'es collé toi-même sur les yeux. Alors, imagine : entre ta petite vie sans histoire à Paris et une rencontre incertaine à l'autre bout du monde, toi, tu ferais quoi ? Ne me dis pas : « J'irais parce que je n'aurais rien à perdre. » Et si cette fois, justement, tu avais tout à y perdre ?
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Diégo-Suarez, Madagascar. Une baie sur l'Océan indien, du soleil, des vestiges coloniaux, des filles, des ONG. Des Blancs en fin de course dont le monde blanc ne veut plus. Des voyageurs qui débarquent. Si ce roman a un but, c'est de bien faire comprendre au lecteur occidental que, considéré depuis tous les «bouts du monde» de la planète, l'Occident, c'est le bout du monde.
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«Mon père me criait de remonter mon jean au-dessus de mes fesses, de cesser d'écouter des chansons vulgaires sur mon iPod, de rapprocher mes coudes à table et de ne pas faire la tête chaque fois qu'il voulait m'emmener au musée. Il ajoutait toujours : Plus tard, tu comprendras que c'est pour ton bien que je te disais ça, tu verras.»
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«Pas facile, à 55 ans, de se mettre à la littérature. Surtout par un si beau soleil dehors. Et votre fille qui annonce qu'elle amène une copine italienne pour les vacances. Sans compter les voisins d'en face qui, dès que vous vous décidez enfin à prendre la plume face à l'océan, voudraient vous faire comprendre que, tout ce qu'ils demandent, c'est une vue sur la mer eux aussi.»
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«Jeune premier plus si jeune ayant connu succès public au cinéma cherche rôle aux côtés actrice célèbre. Présence signe particulier mais demande être jugé sur pièce. Metteurs en scène franco-français s'abstenir.»
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J'enseigne la sociologie à l'université et j'ai 44 ans. Je viens de publier une étude violemment critique sur la culture et les moeurs françaises et je n'accorde plus d'importance à grand-chose dans la vie. Sauf, peut-être, aux femmes et aux voyages. Je dis peut-être parce que ce n'est pas aimer les femmes que de jouer avec leurs sentiments à des fins exclusivement prédatrices. Quant aux voyages, si c'est par haine de mon propre pays que j'y consens, je n'en vois pas l'intérêt non plus.
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En famille comme à huit mille kilomètres, un homme est toujours tout seul au monde : voilà ce que je n'aurais pas imaginé démontrer si je n'étais, pour ma part, né à ce point soucieux du confort des autres. Ou moins craintif de leur déplaire, je ne sais jamais.
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« Ici, la galère, la vraie, tu fais avec. Les galères de transport, de job et de dot, les galères d'un peu tout et n'importe quoi, tu fais avec. Ton avenir aussi boîteux que la qualité du courant fourni par la compagnie nationale d'électricité, tu fais aussi avec. En Europe, les bonnes âmes nous plaignent : mais comment pouvez-vous accepter de vivre dans des conditions pareilles ? »
En quinze récits et portraits à la première personne, Nicolas Fargues propose une formidable radiographie intime, personnelle, de la culture et de la société camerounaise, jusqu'à la satire féroce du « néocolonialisme deux points zéro », selon son expression. Attache le coeur signifie au Cameroun quelque chose comme « Serre les dents ». Hommes et femmes, jeunes et vieux, Noirs et Blancs, locaux, expatriés et diasporiques... Leur point commun est un attachement blessé au Cameroun, pays où la pudeur des gens ne donne pas une idée juste de l'enfer dans lequel souvent ils vivent.
Mais pour Nicolas Fargues, ce livre est aussi un rendez-vous avec lui-même, son travail d'écriture et sa langue d'écrivain : « C'est avec des instantanés semblables à ceux-ci que j'ai commencé à écrire pour de bon, il y a 20 ans, explique-t-il. J'ai voulu retrouver ainsi mon élan littéraire originel, où c'est le registre verbal et le rythme vocal d'un personnage qui lui donnaient corps, et non le récit. » -
L'antihéros de cette histoire est un jeune écrivain, mari apparemment fidèle et père de famille modèle, qui essaie d'explorer ses mauvais côtés, ses mauvaises tendances, sans rien se cacher. Quelqu'un que les gens croient gentil et qui, en fait, est très très mauvais. Alors, il pense qu'en essayant de bien regarder en face tous ses défauts, sans oublier bien sûr de s'y adonner au passage, ça le rendra meilleur. Encore mieux, comme il n'est pas dénué de complaisance, il va même jusqu'à se dire que, puisqu'il a la chance de pouvoir prendre conscience de ses travers, c'est qu'il n'est pas si mauvais que ça, au fond. Parce qu'il est sûr que les hommes pensent comme lui mais n'en parlent à personne, avec une ambition sans doute démesurée et une obstination qui évoquerait presque l'énergie du désespoir, il se met en tête d'avouer ce qu'aucun, croit-il, n'osa jamais avouer. Tout cela sur fond de télévision française commerciale avec ses stars dérisoires, et une échappée un peu ratée vers une Amérique du Nord décevante. Étude de moeurs tout autant que chronique intimiste, on peut avancer que One Man Show parle sans détour de la lâcheté de la plupart des hommes envers les femmes et la vie.
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En s'embarquant pour l'Indonésie à l'aventure, afin d'éviter les tentations étriquées - la littérature, entre autres - propres aux jeunes Parisiens suffisants de son espèce, Alex se doutait quand même un peu qu'il ramènerait de son séjour un petit roman parisien à écrire, un roman plus ou moins étriqué, plus ou moins suffisant avec, comme dans tout petit premier roman bien parisien qui se respecte, des impressions démagogiques de voyage, des coups de gueule manichéens, une métaphysique convenue, de jolies filles rencontrées par hasard plus ou moins séduites, ainsi qu'une bonne surenchère bien française d'auto-dénigrement hypocrite.
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Paris, fin 1999 : Doisneau, webfrime et ndombolo. Dans cette histoire de rencontres, les personnages incarnent de gros sujets de réflexion comme le choc des générations, des cultures, de l'avenir et de la mémoire, et davantage encore pour qui voudra. Car ce roman est ambitieux. Si tant est qu'en 1999, de la Porte de Montreuil à Saint-Germain-des-Prés, de simples rencontres aient pu revêtir un caractère universel. Si tant est qu'aujourd'hui, ce roman soit en droit d'attendre de son ambition qu'elle change le monde.
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Cher legor,
Tout est trop calme ce matin au Mojo. Es-tu certain que ce séjour aux antipodes me remettra les pieds sur terre?
Nicolas
Écoute Nicolas,
Tu devrais te décider à écrire et oublier Leonor. À trop tirer sur ta libido, tu rebondis vers le rien. Tu n'es pas parti en Nouvelle-Zélande pour geindre. Fais-moi rêver, mec.
legor