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Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur est un recueil de neuf nouvelles, écrites par Maurice Leblanc, qui constituent les premières aventures d'Arsène Lupin. La première nouvelle du recueil, L'Arrestation d'Arsène Lupin, est publiée en juillet 1905 dans le journal Je sais tout. Il s'agit de la première nouvelle mettant en oeuvre Arsène Lupin. Celle-ci ayant rencontré un réel succès, Maurice Leblanc est encouragé à écrire la suite par son éditeur. Or, comme l'auteur est perplexe sur la façon poursuivre les aventures d'un héros qui vient d'être coffré, l'éditeur l'enjoint de le faire évader. La saga du gentleman-cambrioleur est née. Plusieurs nouvelles paraissent dans Je sais tout, à intervalles irréguliers, jusqu'en 1907, avant d'être regroupées en volume. Extrait : Au fond, je bénissais Arsène Lupin. N'était-ce pas lui qui nous rapprochait ? N'était-ce pas grâce à lui que j'avais le droit de m'abandonner aux plus beaux rêves ? Rêves d'amour et rêves moins chimériques, pourquoi ne pas le confesser ? Les Andrézy sont de bonne souche poitevine, mais leur blason est quelque peu dédoré, et il ne me paraît pas indigne d'un gentilhomme de songer à rendre à son nom le lustre perdu. Et ces rêves, je le sentais, n'offusquaient point Nelly. Ses yeux souriants m'autorisaient à les faire. La douceur de sa voix me disait d'espérer. Et jusqu'au dernier moment, accoudés au bastingage, nous restâmes l'un près de l'autre, tandis que la ligne des côtes américaines voguait au-devant de nous. On avait interrompu les perquisitions. On attendait. Depuis les premières jusqu'à l'entrepont où grouillaient les émigrants, on attendait la minute suprême où s'expliquerait enfin l'insoluble énigme. Qui était Arsène Lupin ? Sous quel nom, sous quel masque se cachait le fameux Arsène Lupin ?
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Après le noir 813, Maurice Leblanc revint aux nouvelles plus légères, dans le style de celles de son premier recueil, Arsène Lupin gentleman cambrioleur. Elles ont paru dans Je sais tout à partir d'avril 1911. Les trois dernières nouvelles, lors de leur publication initiale, ne portaient pas le sur-titre Les Confidences d'Arsène Lupin. On y retrouve le Lupin des débuts, charmeur, à qui tout réussit, dans les situations perdues. Les Jeux du soleil, publication initiale in Je sais tout n° 75, 15 avril 1911, sous le titre Les Confidences d'Arsène Lupin : Les Jeux du soleil -- L'Anneau nuptial, publication initiale in Je sais tout n° 76, 15 mai 1911, sous le titre Les Confidences d'Arsène Lupin : L'Anneau nuptial -- Le Signe de l'ombre, publication initiale in Je sais tout n° 77, 15 juin 1911, sous le titre Les Confidences d'Arsène Lupin : Le Signe de l'ombre -- Le Piège infernal, publication initiale in Je sais tout n° 78, 15 juillet 1911, sous le titre Les Confidences d'Arsène Lupin : Le Piège infernal -- L'Écharpe de soie rouge, publication initiale in Je sais tout n° 79, 15 août 1911, sous le titre Les Confidences d'Arsène Lupin : L'Écharpe de soie rouge -- La Mort qui rôde, publication initiale in Je sais tout n° 80, 15 septembre 1911, sous le titre Les Confidences d'Arsène Lupin : La Mort qui rôde -- Le Mariage d'Arsène Lupin, publication initiale in Je sais tout n° 94, 15 novembre 1912 -- Le Fétu de paille, publication initiale in Je sais tout n° 96, 15 janvier 1913 -- Édith au cou de cygne, publication initiale in Je sais tout n° 97, 15 février 1913 -- Extrait : Sans en dire davantage, Lupin m'entraîna de nouveau, redescendit et, une fois dans la rue, tourna sur la droite, ce qui nous fit passer devant mon appartement. Quatre numéros plus loin, il s'arrêtait en face du 92, petite maison basse dont le rez-de-chaussée était occupé par un marchand de vins qui, justement, fumait sur le pas de sa porte, auprès du couloir d'entrée. Lupin s'informa si M. Dulâtre se trouvait chez lui. - M. Dulâtre est parti, répondit le marchand... voilà peut-être une demi-heure... Il semblait très agité, et il a pris une automobile, ce qui n'est pas son habitude.
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Arsène Lupin contre Herlock Sholmès est un recueil de deux histoires écrites par Maurice Leblanc, sur les aventures opposant Arsène Lupin et Herlock Sholmès. Il fait suite à Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur, notamment à la dernière nouvelle, Herlock Sholmes arrive trop tard. Dans La Lampe juive, le baron d'Imblevalle, à qui on a volé une lampe contenant un bijou précieux, fait appel à Herlock Sholmès pour la retrouver. Lupin envoie une lettre au détective, le priant de ne pas intervenir. Sholmès n'en tient aucun compte et se rend à Paris avec Wilson. Il réussit finalement à retrouver la lampe juive mais découvre que son enquête a eu le résultat inverse de celui escompté. Elle a en effet perturbé les plans de Lupin qui voulait en réalité aider la famille du baron.La sortie d'Arsène Lupin contre Herlock Sholmès mécontente Conan Doyle, furieux de voir son détective Sherlock Holmes (« Herlock Sholmès ») et son faire-valoir Watson (« Wilson ») ridiculisés par des personnages parodiques créés par Maurice Leblanc. Extrait : Chaque fois que j'entreprends de raconter quelqu'une des innombrables aventures dont se compose la vie d'Arsène Lupin, j'éprouve une véritable confusion, tellement il me semble que la plus banale de ces aventures est connue de tous ceux qui vont me lire. De fait, il n'est pas un geste de notre « voleur national », comme on l'a si joliment appelé, qui n'ait été signalé de la façon la plus retentissante, pas un exploit que l'on n'ait étudié sous toutes ses faces, pas un acte qui n'ait été commenté avec cette abondance de détails que l'on réserve d'ordinaire au récit des actions héroïques.
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L'aiguille creuse est le deuxième secret de la reine Marie-Antoinette et de Cagliostro (fortune des rois de France). Le Mystère de l'Aiguille creuse renferme un secret que les rois de France se transmettaient et dont Arsène Lupin s'est rendu maître. La fameuse aiguille contient le plus fabuleux trésor jamais imaginé, il rassemble les dots des reines, perles, rubis, saphirs et diamants... la fortune des rois de France. - C'est Jean Daval qui m'a réveillé. Je dormais mal d'ailleurs, avec des éclairs de lucidité où j'avais l'impression d'entendre des pas, quand tout à coup, en ouvrant les yeux, je l'aperçus au pied de mon lit, sa bougie à la main, et tout habillé comme il l'est actuellement, car il travaillait souvent très tard dans la nuit. Il semblait fort agité, et il me dit à voix basse : « Il y a des gens dans le salon. » En effet, je perçus du bruit. Je me levai et j'entrebâillai doucement la porte de ce boudoir. Au même instant, cette autre porte qui donne sur le grand salon était poussée, et un homme apparaissait qui bondit sur moi et m'étourdit d'un coup de poing à la tempe. Je vous raconte cela sans aucun détail, monsieur le juge d'instruction, pour cette raison que je ne me souviens que des faits principaux et que ces faits se sont passés avec une extraordinaire rapidité.
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Arsène Lupin, jeune amant de Clarisse d'Étigues, sauve une certaine Joséphine Balsamo que le père et le cousin de Clarisse ont tenté de tuer sur ordre de leur maître chanteur, Beaumagnan. Beaumagnan et ses amis étaient des royalistes engagés. Joséphine Pellegrini-Balsamo était comtesse de Cagliostro, née à Palerme le 29 juillet 1788 d'une liaison de Joseph Balsamo et de Joséphine de la Pagerie. Âgée de quelque 106 ans mais en paraissant 30, elle serait une espionne, traîtresse, voleuse et meurtrière, qui aurait profité du secret de longue vie et de jeunesse de Cagliostro. Extrait : Le plan de Raoul, -- laissons dans l'ombre le nom d'Arsène Lupin puisque, à cette époque, ignorant sa destinée, lui-même le tenait en quelque mépris -- le plan de Raoul était fort simple. Parmi les arbres du verger, à gauche du château, et s'appuyant contre le mur d'enceinte dont elle formait jadis l'un des bastions, il y avait une tour tronquée, très basse, recouverte d'un toit et qui disparaissait sous des vagues de lierre. Or, Raoul ne doutait point que la réunion de quatre heures n'eût lieu dans la grande salle intérieure où le baron recevait ses fermiers. Et Raoul avait remarqué qu'une ouverture, ancienne fenêtre ou prise d'air, donnait sur la campagne. Escalade facile pour un garçon aussi adroit ! Sortant du château et rampant sous le lierre, il se hissa, grâce aux énormes racines, jusqu'à l'ouverture pratiquée dans l'épaisse muraille, et qui était assez profonde pour qu'il pût s'y étendre tout de son long. Ainsi, placé à cinq mètres du sol, la tête masquée par du feuillage, il ne pouvait être vu, et voyait toute la salle, grande pièce meublée d'une vingtaine de chaises, d'une table et d'un large banc d'église. Quarante minutes plus tard, le baron y pénétrait avec un de ses amis, Raoul ne s'était pas trompé dans ses prévisions.
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En 1924, Arsène Lupin tombe dans un piège organisé par Joséphine Balsamo avant sa mort. Il rencontre enfin son fils Jean, désormais appelé Félicien Charles, qui se trouve tout d'abord accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, puis opposé à son père sous l'influence d'anciens complices de la comtesse de Cagliostro. Extrait : - Or, vous m'avez déclaré que, vers minuit trois quarts, comme vous étiez à prendre l'air à votre fenêtre, vous avez vu quelqu'un qui ramait sur l'étang et qui est venu atterrir au bout du passage. Ce quelqu'un a rapproché la barque de votre propriété et l'y a attachée à son poteau habituel. C'était la vôtre dont il s'était servi. Vous avez reconnu le promeneur, n'est-ce pas ? - Oui. Il y avait quelques nuages qui se sont écartés. La lune l'a frappé en plein visage. Alors, il s'est jeté dans la partie obscure. C'était M. Félicien Charles. Il est resté dans le passage un assez long moment. - Ensuite ? - Ensuite, je ne sais pas. Je me suis couché et endormi.
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Raoul d'Avenac, alias Arsène Lupin, rentre tard un soir du théâtre, dans une de ses garçonnières. À sa surprise, l'appartement est tout éclairé et une jolie jeune femme blonde est là, appuyée sur un guéridon et qui semble l'attendre. Raoul pense à une bonne fortune mais la « gracieuse vision » ne veut pas qu'il la touche. En réalité, elle est épouvantée et c'est pour chercher refuge qu'elle s'est introduite chez lui. Dans le même temps, une vieille connaissance, le brigadier Théodore Béchoux, appelle Lupin par téléphone de la région normande où il est en convalescence, pour lui demander de l'aide dans une affaire compliquée près du Havre, à Radicatel, une localité qui n'est visiblement pas inconnue de la belle visiteuse. Extrait : - Alors fais-moi visiter le parc. Et surtout pas un mot durant cette visite. Tu as un grand tort, vois-tu, Béchoux, tu es trop bavard. Prends exemple sur ton vieil ami Lupin, toujours si discret, réservé dans ses propos, et qui ne jacasse pas à tort et à travers, comme une pie. On ne réfléchit bien que quand on se tait et qu'on se trouve en face de ses pensées, sans être importuné par des considérations oiseuses d'un hurluberlu qui enfile les mots les uns aux autres comme des grains de chapelet. » Béchoux songea bien que ce discours s'adressait à lui et qu'il était l'hurluberlu qui jacassait comme une pie. Cependant, comme ils s'en allaient bras dessus, bras dessous, en vieux camarades qu'unissent une solide amitié et une naturelle estime, il demanda la permission de poser une question dernière, une seule question.
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L'Agence Barnett et Cie est un recueil de 8 nouvelles de Maurice Leblanc et mettant en scène Arsène Lupin. Deux nouvelles (Les Gouttes qui tombent et Les Douze Africaines de Béchoux) paraissent dans Lectures pour Tous en octobre et novembre 1927. Le hasard fait des miracles est publié dans le même mensuel en janvier 1928. Puis, le recueil complet paraît chez Pierre Lafitte en février 1928. Extrait : Valérie eut un frisson de gêne et rougit. Vraiment, M. Barnett suscitait en elle une inquiétude confuse, qui n'était point sans analogie avec les sentiments qu'on éprouve en face d'un cambrioleur. Elle pensait aussi... mon Dieu, oui... elle pensait qu'elle avait peut-être affaire à un amoureux, qui aurait choisi cette manière originale de s'introduire chez elle. Mais comment savoir ? Et, dans tous les cas, comment réagir ? Elle était intimidée et dominée, confiante en même temps, et toute disposée à se soumettre, quoi qu'il en pût advenir. Et ainsi, quand le détective l'interrogea sur les causes qui l'avaient poussée à demander le concours de l'agence Barnett, elle parla sans détours et sans préambule, comme il exigeait qu'elle parlât. L'explication ne fut pas longue : M. Barnett semblait pressé.
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Le Formidable Événement est un roman de science-fiction de Maurice Leblanc. Dans les premières années du XXe siècle, un soulèvement géologique soudain et de grande ampleur fait remonter le sol de la Manche, permettant du coup de passer d'Angleterre en France à pied sec. Les humeurs tectoniques ont fait apparaître une terre sans nation, sans loi... Extrait : Autour d'eux, il y avait peu de monde, l'affolement ayant porté davantage sur les voyageurs de première classe. Mais, hormis les deux fiancés, tous ceux qui avaient persisté trahissaient, par quelque signe, leur inquiétude secrète ou leur effroi. À droite, c'étaient deux vieux, très vieux pasteurs, qu'un troisième plus jeune accompagnait. Ces trois-là restaient impassibles, frères de ces héros qui chantaient des hymnes au naufrage du Titanic. Pourtant leurs mains étaient jointes comme pour la prière. À droite se tenait le couple français dont Simon Dubosc avait surpris les paroles douloureuses. Le père et la mère, serrés l'un contre l'autre, interrogeaient l'horizon avec des yeux de fièvre. Quatre garçons, les aînés, tous quatre forts, solides, les joues rouges de santé, allaient et venaient, en quête de renseignements qu'ils rapportaient aussitôt. Assise aux pieds de ses parents, une petite fille pleurait, sans rien dire. La mère nourrissait le sixième enfant qui, de temps en temps, se retournait vers Isabel et lui souriait.
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Victor Hautin, « Inspecteur Victor » de la Brigade mondaine, fils d'un ancien procureur toulousain, a passé une bonne partie de sa carrière aux colonies. Il est apprécié de sa hiérarchie en dépit d'un esprit assez indépendant, d'une humeur capricieuse, et d'une manière de procéder un peu trop fantaisiste. De plus, incorrigible suborneur de femmes mariées et de filles à marier, il a vu sa promotion pour le poste d'inspecteur de la Sûreté compromise par des scandales. Aujourd'hui, plus calme et plus sage, sa renommée va bientôt atteindre le public au cours d'une affaire retentissante. Ses antécédents, sa perspicacité, sa ténacité et sa facilité au déguisement auraient pu faire penser à un des avatars de Lupin si ce récit ne l'amenait à lutter contre le célèbre aventurier qui justement recommence à faire parler de lui dans l'est du pays. Extrait : On découvrit bien l'endroit où la femme avait franchi la haie pour gagner la ruelle parallèle à la route. Et l'on découvrit aussi les empreintes laissées par les montants de l'échelle au-dessous du premier étage. Mais l'échelle, qui devait être en fer, pliante et portative, demeura introuvable. Et l'on ne sut pas comment les deux complices s'étaient rejoints et comment ils avaient quitté la région. Tout au plus put-on établir qu'une automobile avait stationné, à partir de minuit, trois cents mètres plus loin, le long du Haras de La Celle-Saint-Cloud, et qu'elle s'était remise en marche à une heure et quart, évidemment pour retourner à Paris par Bougival et les bords de la Seine. Le chien du père Lescot fut retrouvé dans sa niche, mort, empoisonné. Aucune trace de pas sur le gravier du jardin.
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Les Trois Yeux est un roman d'anticipation de Maurice Leblanc, paru d'abord en deux livraisons mensuelles dans Je sais tout, numéros 164 (15 juillet 1919) et 167 (15 octobre 1919). Puis édité pour la première fois en un volume in-12 chez Laffite en 1920. Victorien Beaugrand (le narrateur) séjourne chez son oncle Noël Dorgeroux à Meudon, en attendant sa nomination comme professeur à Grenoble. Il y entretient une idylle avec Bérangère, la filleule de cet oncle. Dorgeroux, chercheur solitaire qui travaille dans le secret au fond d'un hangar de son enclos, va le mettre au courant d'une découverte fantastique qui l'a bouleversé. Un pan de mur mystérieux que le chercheur dissimule habituellement sous un voile noir fait apparaître, une fois activé, un oeil immense mais stylisé (une sorte de « triangle avec des côtés courbes ») , à l'intérieur duquel deux yeux expressifs semblent bouger et vivre. Puis une fantasmagorie se développe. Les deux hommes se rendent compte bientôt qu'à chaque fois, elle projette le « film » d'un événement du passé dont ils ont eu connaissance au cours de leur existence ; et, peu après, ils s'aperçoivent que ces deux yeux sont en réalité le regard de l'acteur principal de l'événement qui va suivre. Extrait : Un geste de mon oncle me prévint. Je tressaillis. L'aube se levait à la surface grise. J'aperçus, d'abord, une vapeur qui tourbillonnait autour d'un point central, vers lequel se précipitaient toutes les volutes et où elles s'engouffraient en roulant sur elles-mêmes. Puis, ce point s'élargit en un cercle de plus en plus grand, tendu d'un voile de brume légère qui se dissipa peu à peu, laissant apparaître une image confuse et flottante, comme ces fantômes qu'évoquent, dans leurs séances, spirites et médiums. Il y eut alors une certaine hésitation. Le fantôme luttait contre l'ombre éparse, et s'efforçait vers la vie et la lumière. Certains traits acquirent de la vigueur. Il se forma des contours et des reliefs et, enfin, un flot de clarté sortit du fantôme lui-même et en fit une image éblouissante, qui semblait inondée de soleil. C'était une figure de femme.
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Selon le fils de l'auteur, Claude Leblanc, «De Minuit à sept Heures était un Arsène Lupin jusqu'à ce que d'obscures raisons éditoriales en décident autrement». Il a été délupinisé. Extrait : Coupant à travers la plaine, il se dirigea vers l'isba isolée. Il l'atteignit. Elle était inhabitée, en ruines. Une cour la précédait, et, dans cette cour, un puits. Il alla à ce puits, se pencha et tâtonna, le long de la paroi intérieure. Ses doigts rencontrèrent le manche d'une pioche qui se trouvait accrochée là et dont il s'empara. Puis il se retourna, faisant face au point central entre les deux corps de l'isba. Il fit six longues enjambées. Il s'arrêta, rejeta la neige du sol et, avec la pioche, creusa. Il creusa assez longtemps et enfin eut une exclamation de joie. Le fer de la pioche avait sonné sur du métal. Redoublant d'efforts, il dégagea un petit coffret d'acier rouillé qu'il sortit du trou. Sans hésiter, il força le couvercle avec sa pioche.
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Le ton de ce roman est assez différent des trois premiers : on a affaire à un Arsène Lupin complexe, inquiétant, dont l'objectif n'est ni plus ni moins que de dominer l'Europe. 813 contient aussi un nombre assez grand de morts très violentes, et un ennemi redoutable, invisible et particulièrement inquiétant. Extrait : - écoute, Kesselbach, je vais te faire une proposition. Si riche, si gros monsieur que tu sois, il n'y a pas entre toi et moi tant de différence. Le fils du chaudronnier d'Augsbourg et Arsène Lupin, prince des cambrioleurs, peuvent s'accorder sans honte ni pour l'un ni pour l'autre. Moi, je vole en appartement ; toi, tu voles en Bourse. Tout ça, c'est kif-kif. Donc, voilà, Kesselbach. Associons-nous pour cette affaire. J'ai besoin de toi puisque je l'ignore. Tu as besoin de moi parce que, tout seul, tu n'en sortiras pas. Barbareux est un niais. Moi, je suis Lupin. Ça colle ? Un silence. Lupin insista, d'une voix qui tremblait : - Réponds, Kesselbach, ça colle ? Si oui, en quarante-huit heures, je te le retrouve, ton Pierre Leduc. Car il s'agit bien de lui, hein ? C'est ça, l'affaire ? Mais réponds donc ! Qu'est-ce que c'est que cet individu ? Pourquoi le cherches-tu ? Que sais-tu de lui ? Je veux savoir.
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L'Éclat d'obus est un roman de Maurice Leblanc, dont l'action se déroule durant la Première Guerre mondiale. L'intrigue du roman suit les pérégrinations d'un personnage à la fois en quête de son épouse et du meurtrier de son père. Arsène Lupin apparaît en médecin vers le milieu du récit. Extrait : - Vous la reconnaîtriez, Paul ? - Si je la reconnaîtrais ? Entre mille et mille femmes. Et fût-elle transformée par l'âge, je retrouverais sous les rides de la vieille femme, le visage même de la jeune femme qui assassina mon père, une fin d'après-midi du mois de septembre. Ne pas la reconnaître ! Mais la couleur même de sa robe, je l'ai notée ! N'est-ce pas incroyable ? une robe grise avec un fichu de dentelle noire autour des épaules, et là, au corsage, en guise de broche, un lourd camée encadré d'un serpent d'or dont les yeux étaient faits de rubis. Vous voyez, Élisabeth, que je n'ai pas oublié ce que je n'oublierai jamais. Il se tut. Élisabeth pleurait. Comme son mari, ce passé l'enveloppait d'horreur et d'amertume. Il l'attira contre lui et la baisa au front.
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Extrait : - Vous ! s'écria-t-il en reculant, vous ici, Suzanne ! Une jolie créature se tenait devant lui, souriante à la fois et honteuse, en une attitude de provocation et de crainte, les mains jointes et les bras offerts de nouveau, de beaux bras savoureux et blancs qui émergeaient de sa chemisette de fine batiste. Ses cheveux blonds se séparaient en deux bandeaux ondulés et lâches dont les boucles indociles jouaient à l'aventure. Elle avait des yeux gris, très longs, avec des cils noirs qui les voilaient à demi, et ses petites dents riaient au bord de ses lèvres rouges, si rouges qu'on eût dit, bien à tort, qu'elles étaient peintes.
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La Femme aux deux sourires est un roman de Maurice Leblanc, paru dans Le Journal en 46 feuilletons, du 6 juin au 20 août 1932, puis publié pour la première fois chez Laffite en volume in-12, en juillet 1933. L'inspecteur principal Gorgeret est sur la piste de Clara la Blonde, fichée comme la maîtresse du grand Paul, sur la trace duquel elle est susceptible de mettre les policiers qui l'ont prise en filature. Jolie, tournure élégante, cheveux blonds ondulés, yeux bleus, entre 20 et 25 ans, voilà un signalement qui ne pourra pas laisser indifférent un certain monsieur Raoul. Par une chance extraordinaire, cette demoiselle vient sonner à son domicile. Par erreur puisqu'elle voulait voir l'habitant de l'étage au-dessus, le marquis Jean d'Erlemont. Extrait : Les gens du village essayèrent vainement de le faire parler : leur curiosité fut déjouée. Il montait la garde âprement. Tout au plus remarqua-t-on que, à diverses reprises, peut-être une fois par an, et à des époques différentes, un monsieur arrivait le soir en automobile, couchait au château, et repartait le lendemain dans la nuit. Le propriétaire, sans doute, qui venait s'entretenir avec Lebardon. Mais aucune certitude. On n'en sut pas davantage de ce côté. Onze ans plus tard, le gendarme Lebardon mourait. Sa femme demeura seule dans la tour d'entrée. Aussi peu bavarde que son mari, elle ne dit rien de ce qui se passait dans le château. Mais s'y passait-il quelque chose ? Et quatre ans encore s'écoulèrent.
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La dent d'Hercule Petitgris, suivi de Un gentleman. Extrait : - Nous commencerons par vous, monsieur. Vous êtes né à Dolincourt, Eure-et-Loir, d'un paysan laborieux, qui s'est saigné aux quatre veines pour vous donner une éducation convenable. Je dois dire que vous l'en avez amplement récompensé par votre travail. Études sérieuses, conduite parfaite, attentions délicates pour votre père, en tout vous vous êtes montré bon fils et irréprochable élève. La mobilisation vous surprend simple soldat aux chasseurs à pied. Quatre ans plus tard, vous étiez adjudant et croix de guerre avec cinq citations. Vous contractez un engagement. À la fin de 1920, on vous trouve à Verdun. Toujours excellente tenue. Vos notes vous signalent comme capable de faire un bon officier, et vous songez même à passer votre examen. Or, vers la mi-novembre de cette année, coup de théâtre. Un soir, dans un dancing de troisième ordre, après avoir fait déboucher dix bouteilles de champagne, la tête perdue, au cours d'une discussion sans motif, vous dégainez. On vous arrête. On vous mène au poste. On vous fouille. Vous étiez porteur de cent mille francs en billets de banque. D'où teniez-vous cet argent ? Vous n'avez jamais pu l'expliquer.
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Deux nouvelles de Maurice Lebalnc : L'homme à la peau de bique suivi de Le cabochon d'émeraude. Extrait : L'automobile en effet -- une limousine -- gisait, retournée, démolie, tordue, informe. Près d'elle, le cadavre de la femme. Mais ce qu'il y avait de plus affreux, spectacle ignoble et stupéfiant, c'est que la tête de cette femme était écrasée, aplatie, invisible, sous un bloc de pierre énorme, posé là on ne pouvait savoir par quelle force prodigieuse. Quant à l'homme à la peau de bique, on ne le trouva point. On ne le trouva point sur le lieu de l'accident. On ne le trouva point non plus aux environs. En outre, des ouvriers qui descendaient la côte de Morgues déclarèrent qu'ils n'avaient rencontré personne. Donc, l'homme s'était sauvé dans les bois.
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Ces contes ont paru dans Le Gil Blas entre 1892 et 1897, sauf L'ami de la logique, paru dans La Revue franco-américaine, en juin 1895. Extrait : Coignard se taisait. L'insuccès de sa première démarche l'empêchait de recourir à la justice. Il supportait tous les affronts, taciturne. Puis une fois, ils se rencontrèrent dans un chemin creux. Et le vieux François comprit, au regard du paysan, que l'heure de la revanche ne tarderait pas. Il frissonna, non de peur, mais d'une joie profonde. Il savait le plan qui germait en l'âme de son ennemi. Il en put noter les progrès ininterrompus. Il vit l'idée grandir, se nourrir d'arguments, croître comme un épi vigoureux. Un geste, un coup d'oeil lui indiquaient le degré de maturité. Et il l'aida, lui, l'idée vengeresse, cette fille de la haine qu'il avait engendrée, il l'aida par de nouvelles ruses, jusqu'à la changer en projet irrévocable. Alors il attendit. Comme d'un spectacle passionnant, il fut témoin des angoisses où se débattait l'infortuné. Il savoura les luttes suprêmes, les remords anticipés, les défaillances, les insomnies, puis la victoire décisive de la haine. L'heure sonna.
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Cette saynète fut jouée du 15 septembre au 15 octobre 1911 au music-hall « La Cigale », alors en vogue. Elle était précédée d'une revue de Wilned, Elle l'a le sourire, qui faisait référence aux mésaventures survenues à la fin août à La Joconde, volée au Louvre. La presse de l'époque fut chaleureuse à l'égard d'Une aventure d'Arsène Lupin. Extrait : Il éteint l'électricité et chacun entre chez soi. La scène reste vide, un moment, illuminée par un magnifique clair de lune qui pénètre par le vitrage. Soudain, un léger bruit, en haut. Un des carreaux se soulève et l'on voit une grosse corde qui descend peu à peu, se balance et dont l'extrémité s'arrête à deux mètres du parquet. Et tout de suite une ombre se laisse glisser de haut en bas.
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La Demeure mystérieuse est un roman policier de Maurice Leblanc, paru en 37 feuilletons quotidiens dans Le Journal du 25 juin au 31 juillet 1928, puis en volume chez Pierre Lafitte en juillet 1929. Il met en scène le gentleman-cambrioleur Arsène Lupin et fait suite à L'Agence Barnett et Cie, dont on retrouve un personnage phare, le brigadier Béchoux. À Paris, en 1907, un enlèvement est commis à l'Opéra durant un défilé de haute couture: la belle chanteuse Régine Aubry est conduite par deux individus dans une maison non-identifiée où on la dépouille de son corselet de diamants. Puis elle est relâchée, sans sa parure évidemment au grand dam du diamantaire véreux Van Houben qui avait conçu la robe. Extrait : L'auto fila rapidement. Régine ôta son voile et reconnut la place du Trocadéro. Si près qu'elle fût de son appartement (elle habitait à l'entrée de l'avenue Henri-Martin), il lui fallut un effort prodigieux pour s'y rendre. Ses jambes fléchissaient sous elle, son coeur battait à lui faire mal. Il lui semblait à tout instant qu'elle allait tournoyer et s'abattre comme une masse. Mais, au moment où ses forces l'abandonnaient, elle avisa quelqu'un qui venait en courant à sa rencontre, et elle se laissa tomber dans les bras de Jean d'Enneris, qui l'assit sur un banc de l'avenue déserte. « Je vous attendais, dit-il, très doucement. J'étais certain qu'on vous reconduirait près de votre maison, dès que les diamants seraient volés. Pourquoi vous eût-on gardée ? C'eût été trop périlleux. Reposez-vous quelques minutes... et puis ne pleurez plus. »
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Ce roman parut en feuilleton dans Le Journal, de septembre à novembre 1912. Le volume sortira en librairie dans la foulée. Maurice Leblanc s'est inspiré dans ce roman du célèbre scandale de Panamá (1892-1893). Il emprunte par ailleurs à la nouvelle La Lettre volée d'Edgar Allan Poe l'idée consistant à mettre très en évidence l'objet que l'on veut cacher. Au cours d'un cambriolage chez le député Daubrecq, un crime est commis et deux complices d'Arsène Lupin sont arrêtés par la police. L'un est coupable du crime, l'autre innocent mais les deux seront condamnés à mort. Lupin va s'employer à délivrer la victime de l'erreur judiciaire. Extrait : Vaucheray donna son nom. Gilbert refusa de donner le sien, sous prétexte qu'il ne parlerait qu'en présence d'un avocat. Mais comme on l'accusait du crime il dénonça Vaucheray, lequel se défendit en l'attaquant, et tous deux péroraient à la fois, avec le désir évident d'accaparer l'attention du commissaire. Lorsque celui-ci se retourna vers Lupin pour invoquer son témoignage, il constata que l'inconnu n'était plus là. Sans aucune défiance, il dit à l'un des agents : - Prévenez donc ce monsieur que je désire lui poser quelques questions. On chercha le monsieur. Quelqu'un l'avait vu sur le perron allumant une cigarette. On sut alors qu'il avait offert des cigarettes à un groupe de soldats, et qu'il s'était éloigné vers le lac, en disant qu'on l'appelât en cas de besoin. On l'appela, personne ne répondit.
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Ce roman paraît en feuilleton dans Le Journal à partir de juin 1919, mais l'auteur y travaillait depuis début 1918. Le volume sort en librairie en octobre 1919. À noter qu'en 1922, il sortira en deux volumes : Véronique et La Pierre miraculeuse. Il relate les aventures de Véronique d'Hergemont, à la recherche de son père et de son fils, déclarés morts en 1902. Extrait : Au bout d'un instant, l'émotion croissante des soeurs Archignat fit comprendre à Véronique que l'on approchait du Grand-Chêne, et elle l'aperçut en effet, plus gros que les autres, élevé sur un piédestal de terre et de racines, et séparé d'eux par des intervalles plus grands. Il lui fut impossible de ne pas penser que plusieurs hommes pouvaient se dissimuler derrière ce tronc massif, et qu'il s'en dissimulait peut-être. Malgré leur effroi, les soeurs avaient accéléré l'allure, et elles ne regardèrent pas l'arbre fatal. On s'en éloigna. Véronique respira plus librement. Tout danger était passé, et elle allait railler les soeurs Archignat, lorsque l'une d'elles, Clémence, tournoya sur elle-même et s'abattit avec un gémissement. En même temps quelque chose tomba à terre, quelque chose qui l'avait frappée dans le dos. C'était une hache, une hache de pierre.
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Alors qu'il flâne dans les rues de Paris, Arsène Lupin se met subitement à suivre un homme filant une touriste anglaise aux cheveux blonds et aux yeux bleus... Plus tard installé dans une pâtisserie du boulevard Haussmann, il remarque à une table une demoiselle aux cheveux blonds et aux yeux verts... Il ne se doute alors pas des nombreuses péripéties qui l'attendent. Et une nouvelle fiancée en perspective... Extrait : Un spectacle imprévu le frappa : la demoiselle aux yeux verts causait sur le trottoir avec le bellâtre qui, une demi-heure auparavant, suivait l'Anglaise comme un amoureux timide ou jaloux. Conversation animée, fiévreuse de part et d'autre, et qui ressemblait plutôt à une discussion. Il était visible que la jeune fille cherchait à passer, et que le bellâtre l'en empêchait, et c'était si visible que Raoul fut sur le point, contre toute convenance, de s'interposer. Il n'en eut pas le temps. Un taxi s'arrêtait devant la pâtisserie. Un monsieur en descendit qui, voyant la scène du trottoir, accourut, leva sa canne et, d'un coup de volée, fit sauter le chapeau du bellâtre pommadé. Stupéfait, celui-ci recula, puis se précipita, sans souci des personnes qui s'attroupaient. - Mais vous êtes fou ! vous êtes fou ! proférait-il.