Au début des années 60, l'Etat français conduit par le général de Gaulle s'engage, « au nom de l'histoire et de la géographie », dans une politique de rapprochement avec l'Etat soviétique, lui-même soucieux à ce moment de s'ouvrir à ('Occident. C'est le début de la détente, période originale, complexe, qui met un terme à l'ère relativement linéaire de la guerre froide ; l'Etat français fait alors figure de précurseur. Poursuivie sous la présidence de Georges Pompidou, la détente bilatérale, encadrée par des rencontres au sommet et des concertations politiques régulières, se concrétise : à l'accroissement sensible des échanges commerciaux répondent le développement de la coopération économique et scientifique et l'essor des relations culturelles. Pourtant, en dépit de ses succès, la détente franco-soviétique n'a pu se délivrer d'un certain nombre d'appréhensions réciproques et s'est essoufflée, vite dépassée par l'entente américano-soviétique et le rapprochement germano-soviétique, dans l'indifférence de l'opinion française. Peut-on analyser et expliquer ce phénomène ambigu ?
Débutée en janvier 1814, la campagne de France conduit, dès la fin du mois de mars, les troupes impériales russes alors à la tête des armées alliées victorieuses, à entrer dans Paris, devant une population médusée et apeurée. Pour la première fois de son histoire, Paris est occupé et le restera durant six semaines. Si la campagne de France a produit une riche historiographie sur le plan militaire, les études ayant trait à l'occupation de 1814 ont été plus éparses. Archives militaires, diplomatiques, sources publiques et privées à l'appui, les meilleurs spécialistes du sujet dressent dans cet ouvrage un tableau sociétal, culturel et mémoriel de cette occupation. Ils entendent notamment en saisir les causes et les modalités, mais aussi, à travers les perceptions et les représentations nées de la confrontation franco-russe dans les imaginaires politique, littéraire et artistique, mettre en avant la mémoire collective qu'elle a suscitée en France comme en Russie.